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Plan

INTRODUCTION

I. Contexte d’émergence de la pensée de Putnam


1. Cadre spatio-temporelle dans l’histoire de la philosophie
2. Soubassements de la pensée Putnamienne
II. La théorie de la référence de Putnam : Entre déterminants conceptuels et
déterminants réels
1. L’externalisme (1975 et au-delà)
2. L’internalisme (1981 et au-delà)
3. Quelques unités pour la théorie de la référence
III. Epistémologie Putnamienne entre objectivité scientifique et relativité
épistémologique

CONCLUSION

INTRODUCTION

1
Philosophe américain né à chicago (31 juillet 1926 et mort en mars 2016), Hilary
Whitehall Putnam est l’une des figures centrale de la philosophie occidentale dans
les années 1960, particulièrement dans les domaines de la philosophie de l’esprit et
du langage. Ses travaux influençant beaucoup le langage, il est l’auteur de la célèbre
théorie de la référence ; théorie qui dont le mérite est d’avoir surpassé le les
considérations philosophiques autour de la référence communément admise de
Frege. Notre présent travail qui s’articule justement autour de théorie de la référence
de Putnam traite du problème de la relativité épistémique dans l’œuvre d’Hilary
Putnam. Qu’est-ce donc la référence d’après Putnam ? Comment s’articule sa théorie
de la référence ? Quel est le procédé argumentatif mise en place par Putnam pour
échafauder sa théorie dite de la référence ? Sous quel angle se dégage la catégorie de
la relativité épistémique dans l’œuvre de Putnam ? Autant de question que nous
traiterons dans ce présent travail. Pour réaliser pareille entreprise nous userons de la
méthode herméneutico-analytique. Par cette méthode, nous entendons ici non
seulement une opération intellectuelle qui consiste à décomposer une œuvre, un
texte en ses éléments essentiels, afin d’en saisir les rapports et de donner un schéma
de l’ensemble, mais aussi une interprétation fidèle et critique d’un texte ou d’une
œuvre afin d’en saisir le sens à l’intérieur du corpus d’un auteur, soit dans le débat
interprétatif avec les positions d’autres auteurs, soit à travers l’histoire. Dans cet
exercice, comme nous l’enseigne Gadamer, il faut non seulement respecter les
sources dans l’effort critique des interprétations, mais de tenter d’actualiser le texte
afin que celui-ci résiste aux défis de son propre temps.

I. CONTEXTE D’EMERGENCE DE LA PENSEE DE PUTNAM

Philosophe américain né en 1926 à chicago, Hilary Whitehall Putnam est une figure
de proue de la philosophie occidentale notamment en philosophie de l’esprit, du

2
langage et des sciences. Epistémologue contemporain, il a enrichit le champ de la
philosophie du langage en développant la théorie dit de la référence. Quel est le
cadre spatio-temporel philosophique au sein duquel émerge la théorie putnamienne
de la référence ?

1. Cadre spatio-temporelle de la pensée de Putnam dans l’histoire de


la philosophie.

La théorie de la référence d’Hilary Putnam a émergé dans le contexte de la


philosophie du langage et de la philosophie de l’esprit au cours du XXe siècle.
Confronté à des questions fondamentales sur la nature de la signification et de la
référence des termes linguistiques, ainsi que sur la relation entre le langage et le
monde, Putnam va entreprendre des travaux qui aboutiront à la présente théorie.
Cette théorie dit de la référence développée par Hilary Putnam a été développée
dans ses ouvrages majeurs tels que La signification des concepts, (1975) et Raison, vérité
et histoire, (1981). Dans ces ouvrages susmentionnés, Putnam a proposé une approche
originale de la signification des termes linguistiques en mettant l’accent sur leur
relation avec le monde extérieur. La théorie de la référence de Putnam va susciter
une grande controverse au sein de l’arène des chasseurs de la pensée. Mais avant
tout, signifions que ladite théorie développée par Hilary Putnam à ses
soubassements chez d’aucuns philosophes ayant œuvré dans le champ de la
philosophie du langage. Ceci dit, quels sont les auteurs qui ont influencé la pensée
d’Hilary Putnam ?

2. Soubassements de la pensée Putnamienne

La théorie de la référence d’Hilary Putnam découle tout d’abord d’une influence


directe qu’est l’approfondissement fait par l’auteur de ses travaux antérieurs sur le
réalisme interne et externe ainsi que par sa critique du scepticisme sémantique.
Aussi, l’on reconnait dans l’œuvre d’Hilary Putnam, une influence des travaux de
moult philosophes entre autre, Ludwig Wittgenstein, Willard Van Orman Quine et
Saul Kripke.

3
II. La théorie de la référence de Putnam : Entre déterminants conceptuels et
déterminants réels.

L’une des questions philosophiques récurrentes du XXe siècle à en croire Raphael


EHRSAM, est : « de savoir quels éléments il est nécessaire de faire intervenir afin
d’expliquer le pouvoir – et la façon- qu’ont certaines expressions de faire référence à
quelque chose1 ». Une question voisine poursuit EHRSAM, se pose d’ailleurs de
façon analogue à propos de la capacité qu’à l’esprit humain de se représenter certains
objets réels ou de penser à ces objets. La grande question qui découle dans ce
contexte est de savoir quels sont les facteurs qui font de ma pensée, une pensée de tel
objet. En ce sens nous remarquons que le problème de la référence rejoint étroitement
celui de l’intentionnalité2. C’est en effet dans cet optique que Putnam affirmera :
« certains philosophes (le plus célèbre était Brentano) ont attribué à l’esprit un
pouvoir, l’"intentionnalité", qui lui permet précisément de faire référence3 ».

Putnam développera principalement deux thèses au sujet de l’intentionnalité


linguistique, thèse qui semblent dessiner des directions divergentes mais qui feront
bel et bien le lit de sa théorie de la référence. Dans son article « La signification de
‘‘signification’’ » (1975), où se trouve développé la première des doubles thèses
susmentionnées, Putnam pose le problème très général et très redoutable de la
relation entre la référence et le sens d’une expression. De quoi s’agit-il plus
précisément ?

Dans ledit article « La signification de ‘‘signification’’ », Hilary Putnam énonce l’idée


selon laquelle :

« Une explication convenable de la référence opérée par certains termes (les


noms d’espèces naturelles, tels que or, eau, etc.), aussi bien qu’une explication
satisfaisante du contenu des états mentaux correspondants (par exemple le de
la croyance selon laquelle tel ou tel objet est en or), doivent faire intervenir le
rapport des termes et des états mentaux au monde tel qu’il existe
indépendamment de notre langage et de nos descriptions 4».
1
Raphael Ehrsam, « La théorie de la référence de Putnam. Entre déterminants conceptuels et déterminants
réels »,
2
Le fait pour un état mental de renvoyer à, d’être dirigé vers, selon la formule que l’on favorise.
3
Hilary Putnam, Raison, vérité et histoire, trad. A. Gerschenfeld, 1984, Paris, Minuit, p. 27.
4
Op, cit., Raphael Ehrsam, p. 656.

4
C’est dire que la référence des termes et le contenu des états intentionnels n’est
aucunement fonction du sujet, mais plutôt se détermine au niveau d’un rapport au
monde, que l’on pourrait accorder l’épithète d’un rapport extra linguistique et extra
mental5. Ainsi donc pour Putnam, contrairement à d’autres, l’opération de référence
ne se situe pas dans notre tête, elle se constitue en partie grâce à « l’apport […] du
monde réel6 », de sorte à porter au langage, comme nouveauté épistémologique « les
notions de vérité et de référence extra théoriques 7 ». Cette thèse est celle qui octroya
la paternité, mieux dit, le qualificatif de l’un des pionniers de l’externalisme
sémantique à Putnam.

Au-delà de la première thèse d’Hilary Putnam passée en revu, se supplée une


seconde. Dualisme idéel autour duquel s’articule la théorie de la référence
Putnamienne. Cela dit, la seconde thèse déployée par Putnam s’articule autour du
rejet du « réalisme métaphysique ». Qu’est-ce à dire ?

Le réalisme métaphysique chez Hilary Putnam doit se comprendre comme l’idée


se référant à la croyance en l’existence d’une réalité objective indépendante de nos
perceptions et de nos représentations mentales. Cela implique que les objets du
monde extérieur ont une existence indépendante de notre conscience. Ainsi, en
reprenant la célèbre question « De quels objets le monde est-il fait ? », Putnam par le
rejet du réalisme métaphysique, pense que ladite question n’a de sens que dans une
théorie ou une description8 ». En effet, dans Raison, vérité et histoire, (1981), Putnam
affirme que « l’on ne saurait penser à un objet quelconque, ou identifier un objet par
le moyen du discours et faire référence à cet objet, sans faire un usage d’un certain
réseau conceptuel, sans mobiliser – de façon au moins implicite – toute une famille
ramifiée de croyance théoriques9 ».

Ces deux thèses de Putnam, à savoir celle de l’externalisme sémantique et celle du


rejet du réalisme métaphysique, qui s’articule tour à tour autour des idées selon
lesquelles ; l’opération de référence ne se situe pas dans notre tête, elle se constitue en partie

5
Cf. idem
6
Hilary Putnam, « la signification de ‘‘signification’’ », 1975, trad. Partielle D. Boucher, in Philosophie de
l’esprit. Problèmes et perspectives, Denis Fisette et Pierre Poirier éd., Paris, Vrin, 2003, p. 41-83.
7
Ibidem, p. 70.
8
Op. cit., Raison, vérité et histoire, p. 61.
9
Op. cit., Raphael Ehrsam, p. 656.

5
grâce à « l’apport […] du monde réel (1) et que les ‘‘objets’’ n’existent pas indépendamment
des cadres conceptuels (2) se retrouve développé par l’auteur au sein d’un même
ouvrage, Raison, vérité et histoire (1981). Ainsi Raphael Ehrsam, sur son illustre article
sur Putnam, s’interrogera en vue de savoir :

Comment Putnam peut-il s’efforcer de tenir ensemble, dans ce même ouvrage,


une perspective dans la lignée de Quine (il n’y a de domaine d’objets de base
que relativement au discours et à ses prédicats élémentaires) et une
perspective dans la lignée de Kripke (la référence peut être directe, la
désignation rigide et sans médiation d’un sens descriptif) ?

Interrogation que nous ferons notre en vue de cerner les jeux et les enjeux de la
pensée de Putnam au sujet de sa théorie de la référence. Nous cernerons ici, ses jeux
et enjeux de sa théorie à partir des deux thèses sus présentées, à partir des catégories
philosophiques de l’externalisme (thèse 1) et de l’internalisme (thèse 2).

1. L’externalisme épistémologique Putnamiene

La première thèse de Putnam qui récuse le fait que la référence soit dépendant des
états mentaux du sujet, suggère une interprétation à triple volets possible, d’après la
grille d’analyse de Raphael Ehrsam. Le premier volet interprétatif ouvre à la lecture
selon laquelle cette thèse s’affirme en contrepied à l’idée et ou aux théories selon
lesquelles, « c’est la signification ( et en particulier le format « descriptif » de la
signification) qui détermine la référence10 » ; le deuxième volet interprétatif quant à
lui « affirme la dépendence de la signification à l’égard du contexte physique du
locuteur, notamment en raison d’une composante causale dans l’établissement de la
référence des termes11 » ; Et enfin, le troisième volet interprétatif ouvre à l’idée selon
laquelle cette première thèse met en lumière le fait que les locuteurs sont également
des agents pourvus de dispositions pratiques12 », c’est-à-dire capable de commerce
avec le monde.

a. Priorité de sens et descriptivisme : Putnam au-delà de Frege.

10
Ibidem p. 657.
11
Idem
12
Idem

6
La question qui importe ici est de savoir : « pourquoi la théorie externaliste de la
référence ? ». En effet, la nécessité de ce volet théorique dans la catégorie de la
référence chez Putnam découle du besoin de mettre en lumière les tares d’une
certaines épistémologie de la référence s’articulant autour des idées ci-après : 1° la
signification des termes fonctionnerait comme un intermédiaire entre le signe et
l’objet ; 2° La meilleure manière qui soit d’expliciter la signification d’un terme telle
que la conçoit la thèse 1 de Putnam, consisterait à associer chaque terme à une
expression descriptive déployant le mode d’identification engagé par ce terme ; 3°
l’opération de référence pourrait être conçue comme un effet interne du cadre
conceptuel et linguistique13.

La théorie externaliste de la référence, veut mettre la lumière sur certaines errances au


sujet de la catégorie de la référence. En effet, l’idée attribuée à Frege, à tort ou à
raison, selon laquelle le sens d’une expression constituerait une condition pour que
cette expression fasse référence de façon déterminée à un objet, mérite d’être
clarifiée14. En effet, élaborant la distinction entre les notions de « sens » et de
« référence » dans son article de 1892, Frege pense que ces deux notions tout comme
les expressions « étoiles du matin » et « étoile de mer » peuvent servir à désigner la
même réalité (en l’occurrence, la planète Vénus). Ainsi prend-t-il la peine de
mentionner que dans l’illustration entre « étoile du matin » et « étoile du soir », le
même objet n’est pas visé, pensé ou donné de la même façon, du fait que les deux
expressions n’ont pas le même « sens ». Ainsi les acceptions conférée aux deux
notions dans le corpus Fregien se comprend comme suit : le « sens » est la distinction
dans le mode de l’être-donné du désigné ; par contre la référence (du signe), le fait
que le signe renvoie à tel objet plutôt qu’à tel autre. Ainsi, que l’objet désigné puisse
être pensée de plusieurs façons, qu’il puisse être linguistiquement « donné » de
plusieurs façons, cela ne saurait oblitérer qu’il faut bien qu’il soit donné d’une façon
ou d’une autre pour être donné tout court 15. Cela dit, pour Frege, la donation de
l’objet désigné se fait à travers l’idée selon laquelle c’est la présence d’une visée
descriptive dans l’esprit du locuteur qui permet d’opérer la référence.

13
Ibidem p. 658.
14
Idem
15
Idem

7
b. Contexte physique et « règles d’entrée » du langage.

Putnam dans le cas de certains termes, montre que la référence ne découle pas
uniquement de la signification, ou pas uniquement du contenu de nos états mentaux,
mais qu’elle se trouve déterminé par la réalité extérieure. Son but ici est de prouver
que dans la majorité sinon dans la totalité des cas, pour les noms propres comme
pour les termes d’espèces naturelles, la signification et les états mentaux ne
produisent pas la référence. En effet, Putnam veut mettre en lumière dans son
philosophème depuis l’article de 1975 au texte de 1981, le rôle de l’influence causale
de l’environnement sur les locuteurs pour l’établissement de la référence. Il va le
faire à travers notamment deux expériences de pensée, à savoir celle de la terre
jumelle et celle du cerveau dans la cuve.

De la première expérience, présenté par Putnam dans son article de 1975, où il pose
un hypothèse de l’existence de deux planètes semblable, Terre et Terre Jumelle au
sein desquelles existe un même éléments naturel, nommé l’eau mais dont la
composition chimique n’est point la même, soit H2O sur la Terre et XYZ sur Terre
Jumelle. A cette hypothèse s’ajoute le fait que l’on se situe à une époque où la science
est encore moins développée de sorte que les formules chimiques du même liquide
dit eau dans les deux planètes est ignoré des hommes qui l’habitent. De cette réalité,
l’observation faite, est que, deux individus, l’un habitant de Terre et l’autre habitant
de Terre jumelle, furent-ils dans le même état psychologique et qu’étant donné l’état
de la science de cette époque, ignorant la constitution chimique du liquide « eau », en
dépit de sa différence dans les deux planètes, percevra le liquide eau de manière
identique16. C’est ainsi dire que : « l’extension du terme « eau » (et, en fait, sa
signification, dans l’usage pré-analytique intuitif du terme) n’est pas fonction du seul
état psychologique du locuteur17 ».

Le point essentiel d’une telle expérience de pensée se résume à l’idée selon laquelle,
ce dont on parle, ou ce à quoi l’on pense, n’est pas simplement fonction des
descriptions que nous associons à nos termes ou des images mentales qui sont les
nôtres. En effet, ce à quoi nos énoncés et nos pensées font référence est également

16
Op. cit., Hilary Putnam « la signification de ‘‘signification’’ », p. 54.
17
Op. cit., Hilary Putnam, « La théorie de la référence de Putnam. Entre déterminants conceptuels et
déterminants réels » p. 661.

8
fonction de ce qui nous a (causalement) conduits à formuler ces énoncés ou à avoir
ces pensées.

Dans la seconde expérience de pensée émise par Putnam dans Raison, vérité et histoire,
l’auteur montre que « la ressemblance qualitative n’implique pas l’identité
référentielle ». En effet, un cerveau humain maintenu en vie de façon artificielle dans
une cuve, et stimulé en sorte de se trouver dans des états identiques à ceux du
cerveau humain ordinaire ne percevra pas un objet réel de la même manière qu’un
cerveau humain logé dans un corps humain. Ceci est dû au fait que la capacité de
faire référence à quelque chose ne découle pas simplement de la structure interne
d’un état mental, pas plus qu’elle ne découle simplement de la structure linguistique
d’un énoncé. Le cerveau dans une cuve ne peut pas penser aux objets réels, car il n’y
a aucune connexion entre le mot objet tel qu’il l’utilise et les objets réels. (Putnam
prendra l’exemple d’un arbre réel). Ainsi, nous dira Putnam, croire qu’un cerveau
dans une cuve pourrait faire référence aux arbres réels sans jamais se trouver en
situation d’interaction causale avec eux, ce serait développer une « théorie magique
de la référence » pour laquelle il y aurait un lien intrinsèque entre certaines suites de
mots (ou certains épisodes mentaux) et certains objets réels18.

c. Disposition pratiques et « règles de sortie » du langage.

Putnam présente ici, une troisième et dernière expérience de pensée, dans Raison,
vérité et histoire, à travers laquelle il expose un versant supplémentaire de
l’externalisme, et vise à établir le fait que la référence n’est pas indépendante des
dispositions pratiques des locuteurs et penseurs. En effet, selon ce qui en résulte de
ladite expérience de pensée, « ce n’est pas uniquement en tant qu’esprits ou en tant
que sujets parlants que nous sommes capables de faire référence aux choses : c’est en
tant qu’agents, du fait que, pour nous, l’énonciation et l’engagement actif dans
l’environnement ne sont pas choses séparées19 ».

2. L’internalisme (1981 et au-delà)


18
Ibidem, P. 662.
19
Idem

9
L’internalisme de Putnam est une position philosophique qui concerne la nature de
la signification et de la référence des termes linguistiques. Selon Putnam, la
signification d’un terme dépend de son utilisation interne dans un système
conceptuel donné. Putnam soutient que les termes linguistiques tirent leur
signification de leur utilisation dans une communauté linguistique spécifique. Il
rejette l’idée que la signification d’un terme est déterminée uniquement par des
facteurs externes, tels que les propriétés objectives du monde ou les relations
causales entre les mots et les choses.

Selon l’internalisme de Putnam, pour comprendre le sens d’un terme, il faut prendre
en compte le contexte conceptuel dans lequel il est utilisé. Par exemple, le sens du
mot « eau » dépend de la façon dont il est compris dans un système conceptuel
particulier. Dans un contexte où l’eau est comprise comme H2O, le mot « eau » fait
référence à H2O. Mais dans un autre contexte où l’eau est comprise comme XYZ (une
substance différent, le mot « eau » fait référence à XYZ.

Ainsi, l’internalisme affirme que la signification des termes linguistiques dépend de


leur utilisation interne dans un système conceptuel donné, plutôt que d’être
déterminée uniquement par des facteurs externes. En effet, cette théorie de
l’internalisme chez Puitnam, se fonde sur le refus du réalisme métaphysique, qui
voudrait postuler et ou fixer un sens unique, et prédéfini des objets.

3. Quelques unités pour la théorie de la référence

En évaluant les deux perspectives développées par Putnam entre 1975 et 1981, nous
nous questionnons de savoir si l’externalisme de 1975, qui est la théorie selon
laquelle la réalité elle-même détermine la référence des termes d’espèce naturelle est-
il compatible avec l’internalisme de 1981, selon lequel les notions de vérité, d’objet et
de référence n’ont de sens que relativement à des concepts et des théories.

a. Compatibilité entre l’externalisme sémantique et le réalisme


internaliste.

Au-delà de ce qui précède, nous convenons que « l’externalisme sémantique et, en


particulier, la théorie causale de la référence, n’engage celui qui l’adopte ni à

10
souscrire au réalisme métaphysique, ni à accepeter l’idée selon laquelle on pourrait
penser à des objets sans les caractériser conceptuellement 20 ». Cela dit, avec Putnam,
l’influence causale de la réalité est une condition nécessaire, mais non suffisante de la
référence ; et le fait pour lui d’affirmer que le descriptivisme ne saurait lui-même
suffire à constituer une théorie satisfaisante de la référence n’implique pas que la
référence puisse être dépourvue de dimension conceptuelle. Tout en évacuant l’idée
du réalisme métaphysique, Putnam admet que la plupart des noms d’espèces
naturelles contiennent, dans leur signification courante, un prédicat sortal permettant
d’identifier au moins de façon large et vague, le genre de chose auquel appartient
l’objet visé. Certes, les termes d’espèces naturelles parce qu’ils sont globalement
utilisés de façon rigide, présupposent quelque chose comme « essence » et
« structure » invariantes des choses, mais c’est toujours la structure ou l’essence d’un
liquide, d’un métal, d’une espèce vivante, etc., de sorte que l’externalisme est à la
mesure de certains concept, quels qu’ils puissent être21. En d’autres termes comme
l’affirme Raphaël Ehrsam : « le fait d’admettre une composante indexicale dans la
fixation de la référence n’implique pas que l’on puisse jamais être dans l’indexicalité
« pure ». La référence même d’un terme comme « ceci », ou d’une expression comme
« cet X », suppose que l’on mobilise, au moins de façon implicite des concepts que
l’on renvoie avec des locutions indexicale (cet outil-ci ; ce fruit-ci ; ou cette personne-
là) 22».

III. Epistémologie Putnamienne entre objectivité scientifique et relativité


épistémologique.

Notre tâche consiste à ressortir ici, tour à tour la catégorie de l’objectivité scientifique
et bien plus encore celle de la relativité épistémologique dans l’œuvre scientifique
d’Hilary Putnam. En effet, l’épistémologie Putnamienne répond bel et bien au critère
de la science moderne à cause de son caractère fort ouvert. Cette caractéristique
maitresse de la science moderne est chez Putnam perçu premièrement par son rejet
du réalisme métaphysique. Rejet du réalisme métaphysique, suppose rejet de toute

20
Ibidem, P. 671.
21
Ibidem, P. 671-672.
22
Idem

11
catégorie fixe et ou ontologique. Ceci dit, l’objectivité scientifique dans un tel
contexte, comme dans la doxologie de toute la science moderne d’ailleurs, réside
dans l’ouverture des savoirs octroyant de ce fait l’épithète de la « perfectibilité » et ou
la possibilité aux savoirs scientifiques d’être dépassés, mieux dit d’être perfectionés.
Ce qui peut bel et bien justifié l’évolution de la posture épistémique de Putnam entre
1975, l’année où il publie son premier travail sur sa théorie de la référence dans son
article La signification de « signification » et 1984 où il publie Raison, vérité et histoire.

CONCLUSION

Au terme de ce cheminent heuristique, nous avons été amené à lire la catégorie de la


relativité épistémique dans l’œuvre d’Hilary Putnam et principalement dans sa
théorie de la référence. Pour réaliser pareille entreprise, il nous a fallu re-parcourir
les contours et les axes majeurs qui fonde la théorie de la référence d’Hilary Putnam.
Cela dit, ce travail heuristique nous a plongés au cœur de l’externalisme sémantique
et de l’internalisme que sont les deux axes majeurs qui fonde la théorie de la
référence de Putnam. Par externalisme sémantique, nous entendons cette théorie
selon laquelle la signification des termes dépend uniquement des facteurs externes et
ou environnementaux. L’intenalisme quant à lui renvoie à l’idée selon laquelle la
signification d’un terme dépend de son utilisation interne dans un système
conceptuel donné. Au cœur de ces deux axes s’affirme le rejet du réalisme
métaphysique, c’est-à-dire un refus d’admettre l’existence d’une réalité objective
indépendante de nos perceptions et de nos représentations mentales. Telle est l’idée

12
de laquelle découle et s’affirme la relativité épistémologique dans la théorie de la
référence de Putnam.

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BIBLIOGRAPHIE

- Encyclopaedia Universalis, 1988, Paris, S. A.


- André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, 1928,
Paris, PUF.
- Raphael Ehrsam, « La théorie de la référence de Putnam. Entre déterminants
conceptuels et déterminants réels », in Cairn.info, Archive de philosophie,
2016.
- Hilary Putnam, Raison, vérité et histoire, trad. A. Gerschenfeld, Paris, Minuit,
1984.
- Hilary Putnam, « la signification de ‘‘signification’’ », 1975, trad. Partielle D.
Boucher, in Philosophie de l’esprit. Problèmes et perspectives, Denis Fisette et
Pierre Poirier éd., Paris, Vrin, 2003.
- Hilary Putnam, Raison, vérité et histoire, trad. A. Gerschenfeld, 1984, Paris,
Minuit.

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