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Université d’Oran 2

Faculté des sciences sociales


Département de psychologie et d’orthophonie
Module :Thérapie familiale systémique
3ème année psycho-clinique
Pr : KH .Kebdani

La clinique systémique

Les thérapies systémiques, sont nées des travaux de l’école de PALO ALTO par un groupe de
chercheurs réunis à partir des années cinquante autour de Grégory Bateson dans une petite
ville de Californie nommée PALO ALTO.

Ils avaient pour référence commune d’appréhender les situations à partir d’une démarche
systémique.

Leurs travaux se sont orientés selon trois grandes directions :

1/ Une théorie de la communication ,2 / une méthodologie du changement et 3/ une pratique


thérapeutique (qui a surtout été développé au sein du Mental research Institut, fondé à PALO
ALTO en 1959 par psychiatre Don Jackson).

La démarche systémique n’a pas été « inventée », par G.Bateson, il a simplement eu le génie
de s’en servir pour appréhender les relations humaines, apportant ainsi un point de vue
novateur dans un domaine ou prévalaient jusque-là le primat de l’individu sur le groupe et des
approches essentiellement analytiques.

Dans l’approche systémique, la communication interpersonnelle est regardée comme « un


système » et étudiée à partir des principes généraux qui régissent tous les systèmes.

Ainsi, selon le principe de « totalité », un groupe d’individus est appréhendé comme une
globalité obéissant à une logique spécifique et non comme l’addition des membres qui le
composent.

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Selon le principe de ‘l’interaction », les individus agissent réciproquement les uns sur les
autres et s’interinfluencent sans qu’il y ait un « responsable » et une « victime » dans ce qui se
passe.

Un système fonctionne également selon le principe « d’homéostasie », qui l’amène, chaque


fois que le contexte dans lequel il se trouve change, à s’autoréguler de façon à ce que son
fonctionnement reste stable.

Enfin, le principe « d’équifinalité » met l’accent sur le fait que l’étude des systèmes relève
plus de leur structure actuelle que de leur histoire.

La thérapie systémique s’est surtout développé dans le champ des thérapies familiales, mais
elle est également opéré une percée importante dans les thérapies de couple et les thérapies
individuelles, dans le cadre des thérapies brèves.

Les principes de base :

La thérapie systémique met l’accent sur les phénomènes de communication avec l’hypothèse
que tout trouble peut être ramené à une perturbation dans les communications
interpersonnelles, ce point de vue entraine un certain nombre de principes :

 Il postule le primat de l’interaction sur la perspective individuelle et intrapsychique,


autrement dit, un individu étant toujours en communication avec d’autres (les
membres de sa famille, notamment), ce n’est pas lui qui est « malade », mais le
système de communication dans lequel il est inséré.
 La célèbre théorie de la « double contrainte » ou « double bind », étudiée par les
membres de PALO ALTO, en donne illustration particulièrement parlante.

Elle définit une situation dans laquelle un individu participe à une relation intense
( par exemple, un enfant et sa mère) dans laquelle il est vital pour lui de percevoir avec
justesse les messages qui lui sont transmis ; or l’enfant se trouve confronté à deux
messages maternels différent dont l’un nie l’autre ( par exemple ; « tu dois être
toujours à l’écoute de mes désirs pour répondre à l’image l’enfant idéal que j’ai besoin
d’avoir »/ Tu dois être autonome pour ne pas entraver ma vie et alléger le poids que la
responsabilité de ton éducation fait peser sur moi »).

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L’enfant n’a pas la possibilité de « métacommuniquer », c'est-à-dire, qu’il n’a aucun
moyen de discuter sa perception des messages « la mère ne supporterait pas que soit
remise en question son image de bonne mère dévouée ».
L’enfant serait taxé « d’ingratitude » et ne supporterait pas le rejet latent induit par
cette étiquette ».
Selon les auteurs, ce type de situation, si elle perdure, peut engendrer des troubles
profonds et se retrouve, notamment dans les cas de schizophrénie.

 Le « comment » prime le « pourquoi », autrement dit, pour obtenir un changement, il


est inutile de rechercher les causes passés des troubles constatés, il est plus utile de
comprendre ce qui, actuellement, les entretient.

La thérapie va donc chercher à agir non seulement sur le fonctionnement individuel


intrapsychique, mais sur le contexte communicationnel dans lequel est pris l’individu
souffrant, contexte qui explique et détermine ses comportements (en amenant, par
exemple, la mère et l’enfant à se distancier l’un de l’autre, par « sacrifice », pour le
bien être de l’autre).
Enfin, l’approche systémique distingue différents niveaux de changement, ce qui lui
permet de conduire une action ciblée et progressive :
 Le premier niveau désigne une modification de certains facteurs à l’intérieur d’un
système qui demeure relativement stable.
 Le deuxième niveau, c’est le système lui-même qui se modifie.
La thérapie systémique vise, bien sûr, le deuxième niveau, néanmoins un « petit
changement », peut entrainer une modification du système entier et il est préférable
souvent d’avancer par petites touches ; ainsi, prescrire à des parents de rester calmes
au lieu de sévir et de hurler face aux provocations de leur fils rebelle peut amener
celui-ci à renoncer à son comportement et permettre aux relations familiales de
s’établir sur de nouvelles bases.

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La démarche thérapeutique :

Reposant sur de tels principes, la démarche thérapeutique ne va pas se centrer sur


l’individu, sa prise de conscience, son évolution...) Mais sur le problème qu’il apporte,
pris dans son contexte relationnel.

1/ La première tache du thérapeute va donc être de définir le problème qui motive


l’entrée en thérapie ainsi que le changement auquel le patient veut aboutir.
2/ Parallèlement, le thérapeute va mettre en lumière toutes les solutions inefficaces,
c'est-à-dire, celles que le patient a déjà tentées spontanément.
3/ Enfin, le thérapeute va en coopération avec son patient, mettre au point une
stratégie de changement permettant d’agir sur le contexte perturbant.

Pour cela, il peut avoir recours à un certain nombre de techniques spécifiques :

Les techniques :

Les techniques de la thérapie systémique prennent souvent forme de prescriptions que


le thérapeute donne à son patient ; elles suivent une règle fondamentale : « ne jamais
entrer en conflit avec le patient, elles utilisent souvent les ressources du paradoxe.
Voici les principales :

1/ Parler le langage du patient, contrairement au thérapeute classique qui cherche à


faire entrer son patient dans son univers technico-clinique, ici, le thérapeute essaie
toujours de déterminer l’approche qui a le plus de chance de séduire le patient et de
s’en servir comme d’un levier d’intervention.

2/ La prescription de rituels thérapeutiques, certaines directives peuvent être


prescrites comme des sortes de « devoirs » à faire à la maison, ou en séances de façon
à aborder une question difficile de façon moins directe.
3/ L’injonction paradoxale, elle a pour but de bloquer la censure logique et les
réflexes habituels du patient, elle peut consister à donner une directive qui comporte
des termes contradictoires (dire à un patient que les dix séances qu’on lui accorde ne
seront certainement pas suffisantes pour le guérir et l’inciter à prendre son temps), ou
bien elle désigne tout ce qui prescrit un comportement apparemment opposé au but
recherché (inciter une boulimique à penser à la nourriture toute la journée).

4/ La prescription du symptôme ; il s’agit d’encourager le patient à accentuer


volontairement des symptômes spontanés ou inconscients, ce qui a pour effet, soit de
bloquer l’apparition du symptôme, soit de créer autour du symptôme une situation
anormale et déconcertante qui empêchera le patient de se réfugier dans ses réflexes de
défense habituels.

5/ Le recadrage ; cette technique essentielle repose sur l’idée que la réalité n’a jamais
que le sens qu’on lui attribue et n’existe pas en dehors de la perception qu’on en a
c'est-à-dire elle consiste à replacer une situation dans un autre cadre ou à l’éclairer
d’une façon nouvelle, de façon à transformer le rapport que le patient peut avoir avec
une situation ou un problème.
Les thérapies systémiques sont des thérapies brèves ; en ne s’attaquant pas directement
au problème apporté par le patient mais à la structure qui l’a engendré.

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