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IAS 23 Coûts d’emprunt

Principe fondamental :
Les coûts d’emprunt qui sont directement attribuables à l’acquisition, la construction ou la production
d’un actif qualifié font partie du coût de cet actif. Les autres coûts d’emprunt sont comptabilisés en
charges. De tels coûts d’emprunt sont incorporés comme composante du coût de l’actif lorsqu’il est
probable qu’ils généreront des avantages économiques futurs pour l’entité et que les coûts peuvent être
évalués de façon fiable.

Les entités ne sont pas tenues d’appliquer la présente norme aux coûts d’emprunt directement
attribuables à l’acquisition, la construction ou la production : (a) d’un actif qualifié évalué à la juste
valeur, par exemple un actif biologique qui entre dans le champ d’application d’IAS 41 Agriculture ; ou
(b) de stocks qui sont fabriqués ou autrement produits en grandes quantités, de façon répétitive.

Définitions :
Les coûts d’emprunt sont les intérêts et autres coûts qu’une entité engage dans le cadre d’un emprunt
de fonds. Ils peuvent inclure les charges d’intérêts calculées à l’aide de la méthode du taux d’intérêt
effectif décrite dans IFRS 9 ; les intérêts afférents aux obligations locatives comptabilisés selon IFRS
16 Contrats de location et les différences de change résultant des emprunts en monnaie étrangère, dans
la mesure où elles sont assimilées à un ajustement des coûts d’intérêt.

Un actif qualifié est un actif qui exige une longue période de préparation avant de pouvoir être utilisé
ou vendu. Les actifs financiers et les stocks qui sont fabriqués ou autrement produits sur une courte
période ne sont pas des actifs qualifiés. Les actifs qui sont prêts à l’emploi ou à la vente au moment de
leur acquisition ne sont pas des actifs qualifiés.

Le taux d’intérêt effectif est le taux qui actualise les sorties ou entrées de trésorerie futures estimées
sur la durée de vie attendue d’un actif financier ou d’un passif financier de manière à obtenir exactement
la valeur comptable brute de l’actif financier ou le coût amorti du passif financier.

Exemple :

Une société B a émis 1000 obligations au 01/01/N dont les caractéristiques sont les suivantes :

- Nominal : 1 000 000


- Valeur d’émission : 980 000
- Frais d’émission à la charge de la société B : 10 000
- Maturité : 4 ans
- Prime de remboursement : 100 000
- Intérêt : 3 % payable annuellement
- Remboursement in fine.

Le taux d’intérêt effectif est t tel que :

980 000 – 10000 = 30000/(1+t) + 30000/(1+t)2 + 30000/(1+t)3 + (30000+1100000)/(1+t)4

t = 6,149

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Les charges financières au titre de l’exercice N sont 970 000 * 6,149% = 59 651 dont 30 000 des intérêts
et le reste l’amortissement des frais d’émission et prime de remboursement de l’emprunt.

________________ 31/12/N _________________

Charges financières 59 651

Banque 30 000

Emprunt 29 651

Coûts d’emprunt incorporables dans le coût d’un actif :


Les coûts d’emprunt qui sont directement attribuables à l’acquisition, la construction ou la production
d’un actif qualifié correspondent aux coûts d’emprunt qui auraient pu être évités si la dépense relative à
l’actif qualifié n’avait pas été faite.

a- cas des emprunts spécifiques :

Le montant des charges d’emprunt à immobiliser doit être égal aux charges d’emprunt réelles, encourues
sur cet emprunt au cours de l’exercice, diminuées de tout revenu obtenu du placement temporaire de ces
emprunts.

b- cas des emprunts non spécifiques :

Le montant des charges d’emprunt à immobiliser doit être déterminé en appliquant un taux de
capitalisation aux dépenses relatives au bien. Ce taux de capitalisation doit être la moyenne pondérée
des coûts d’emprunt applicables à tous les emprunts de l’entité en cours au titre de la période, autres que
les emprunts contractés spécifiquement dans le but d’obtenir le bien concerné.
Dans le cas des emprunts non spécifiques, le montant des charges d’emprunt à capitaliser doit être
déterminé en appliquant le taux de capitalisation aux dépenses moyennes relatives au bien.

Les dépenses moyennes correspondent aux décaissements effectifs pondérés par le temps écoulé au
cours de l’exercice. Ces dépenses incluent les charges d’emprunt antérieurement incorporées et sont
réduites des paiements en avancement et des subventions encaissées relatives au bien. Lorsqu’on
applique le taux au montant des dépenses moyennes, on retient le taux de capitalisation annuel puisque
c’est le montant des dépenses pondérées qui tient compte du temps écoulé.

c- cas d’un bien financé à la fois par un emprunt spécifique et des emprunts non spécifiques :

Il est fait application des règles applicables aux emprunts spécifiques puis pour le surplus des dépenses
moyennes par rapport au montant de l’encours de l’emprunt spécifique, il est fait application des règles
de capitalisation applicables aux emprunts non spécifiques.

d- butoir général des charges d’emprunt capitalisables :

Le montant des charges d’emprunt immobilisées au cours d’une période donnée ne doit pas excéder le
montant total des charges d’emprunt supportées au cours de cette même période.

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Début de l’incorporation dans le coût d’un actif
Les entités doivent commencer à incorporer les coûts d’emprunt dans le coût d’un actif qualifié à la date
de commencement. La date de commencement pour l’incorporation dans le coût de l’actif est la date à
laquelle l’entité remplit pour la première fois toutes les conditions suivantes :

(a) elle engage des dépenses pour l’actif ;

(b) elle engage des coûts d’emprunt ; et

(c) elle entreprend des activités indispensables à la préparation de l’actif préalablement à son utilisation
ou à sa vente prévue.

Les activités nécessaires pour préparer l’actif pour son utilisation ou sa vente prévue vont au-delà de la
construction physique de cet actif. Elles comprennent les travaux techniques et administratifs préalables
au début de la construction physique, tels que les activités associées à l’obtention des autorisations
préalables au début de la construction physique. Toutefois, de telles activités ne comprennent pas le fait
de détenir un actif lorsqu’il n’y a ni production ni développement modifiant l’état de cet actif.Par
exemple, les coûts d’emprunt engagés pendant la phase d’aménagement d’un terrain sont incorporés
dans le coût d’un actif dans la période au cours de laquelle les activités relatives à ce développement
sont menées. Toutefois, les coûts d’emprunt engagés lorsque le terrain acquis à des fins de construction
est détenu sans s’accompagner d’un aménagement ne sont pas incorporables.

Suspension de l’incorporation dans le coût d’un actif


Les entités doivent suspendre l’incorporation des coûts d’emprunt pendant les périodes longues au cours
desquelles elles interrompent le développement actif d’un actif qualifié.

Une entité peut engager des coûts d’emprunt pendant une longue période au cours de laquelle elle
interrompt les activités nécessaires à la préparation d’un actif préalablement à son utilisation ou à sa
vente prévue. De tels coûts correspondent au coût de la détention d’actifs partiellement achevés et ne
satisfont pas aux critères d’incorporation dans le coût d’un actif. Toutefois, normalement, une entité
n’interrompt pas l’incorporation des coûts d’emprunt dans le coût d’un actif :

- pendant une période au cours de laquelle elle exécute des travaux techniques et administratifs
importants.
- lorsqu’un délai temporaire est une étape nécessaire au processus de préparation de l’actif à son
utilisation ou à sa vente prévue. À titre d’exemple, l’incorporation dans le coût d’un actif se
poursuit pendant la longue période au cours de laquelle le niveau élevé des eaux retarde la
construction d’un pont, si ce niveau élevé est habituel pendant la période de construction dans
la région géographique concernée.

Arrêt de l’incorporation dans le coût d’un actif


Les entités doivent mettre fin à l’incorporation des coûts d’emprunt lorsque les activités indispensables
à la préparation de l’actif préalablement à son utilisation ou à sa vente prévue sont pratiquement toutes
terminées.

Un actif est en général prêt pour son utilisation ou sa vente prévue lorsque sa construction physique est
achevée, même si des travaux administratifs de routine peuvent se poursuivre. Si seules des
modifications mineures, telles que la décoration d’une propriété selon les spécifications de l’acheteur

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ou de l’utilisateur, restent à apporter, cela indique que les activités sont pratiquement toutes terminées.
Lorsqu’une entité termine la construction d’un actif qualifié par parties et que chacune des parties
constitutives est utilisable pendant que la construction se poursuit sur d’autres parties, elle doit cesser
d’incorporer les coûts d’emprunt dans le coût de cette partie lorsqu’elle termine pratiquement toutes les
activités indispensables à la préparation de cette partie préalablement à son utilisation ou à sa vente
prévue.

Un complexe immobilier comprenant plusieurs immeubles, dont chacun peut être utilisé
individuellement, est un exemple d’actif qualifié pour lequel chaque partie est en mesure d’être utilisée
pendant que la construction se poursuit sur d’autres parties. À titre d’exemple d’actif qualifié nécessitant
d’être achevé avant qu’une partie ne puisse être utilisée, on citera un établissement industriel mettant en
œuvre plusieurs processus de manière consécutive en différents points de cet établissement à l’intérieur
du même site, par exemple une aciérie.

Dépréciation de l’actif qualifié :


Lorsque la valeur comptable ou le coût final attendu de l’actif qualifié est supérieur à sa valeur
recouvrable ou sa valeur nette de réalisation, cette valeur comptable est dépréciée ou sortie du bilan
selon les dispositions d’autres normes. Dans certaines circonstances, le montant de la dépréciation ou
de la sortie est repris selon ces autres normes.

Informations à fournir :
Une entité doit fournir les informations suivantes :

(a) le montant des coûts d’emprunt incorporés dans le coût d’actifs au cours de la période ; et

(b) le taux de capitalisation utilisé pour déterminer le montant des coûts d’emprunt pouvant être
incorporés dans le coût d’actifs.

Applications

Première application :

La société B a engagé la construction d’un immeuble le 01/01/N.


La construction est achevée le 31/12/N+1.
Les dépenses engagées s’élèvent à :

01/01/N dépenses payées 500.000 D


28/02/N dépenses payées 240.000 D
01/03/N dépenses payées 600.000 D
30/09/N dépenses payées 400.000 D
31/12/N dépenses payées 300.000 D
30/06/N+1 dépenses payées 500.000 D
31/12/N+1 dépenses payées 200.000 D

Pour le financement de la construction, la société B a obtenu le 01/01/N un emprunt de


1.500.000 D à 10 %, remboursable à partir du 31/12/N par amortissement constant sur 5 ans.

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Les autres emprunts s’élèvent à :
- découvert moyen de 1.020.000 D ayant entraîné des intérêts pour un montant de 140.000 D
en N+1.
- comptes courants associés rémunérés à 12% alimentés à partir du 31/03/N+1 bloqués pendant
5 ans pour un montant de 1.000.000 D
Calculez les intérêts capitalisables pour les années N et N+1.

Deuxième application:

Une entreprise construit en faisant appel à une entreprise de bâtiment un immeuble administratif
moyennant un emprunt spécifique de 1.000.000 D au taux de 10% l’an. L’emprunt est
remboursable par annuité constante en 4 ans, la première échéance correspond au 31/12/N.

Les frais d’émission de l’emprunt s’élèvent à 50.000 D.


Une partie de l’emprunt a été placée au cours de l’année N, produisant 25.000 D de revenu.
La construction a débuté le 01/01/N et s’est achevée le 30/09/N+1.

Les montants des décaissements s’élèvent à :


- 800.000 D le 01/01/N
- 200.000 D le 02/01/N+1
- 900.000 D le 31/03/N+1
- 400.000 D le 01/05/N+1
1- Constater les charges d’emprunt capitalisées pour l’année N et N+1 en argumentant votre
réponse.

2- En supposant que l’entreprise a aussi utilisé deux emprunts non spécifiques contractés selon
les modalités suivantes :
• Emprunt A : contracté le 01/01/N+1 pour 500.000 D remboursable par amortissement
constant sur 5 ans, t = 8%.
• Emprunt B : contracté le 01/01/N-1 pour 2.000.000 D remboursable par amortissement
constant sur 10 ans, t = 10%

Repasser les écritures comptables affectées par cette nouvelle donnée.

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A RETENIR :

1/ Le traitement des charges d’emprunt admet deux méthodes de prise en compte :


 La règle générale : Prise en compte en charge de l’exercice.
 La règle particulière : Capitalisation obligatoire dans le coût de l’actif
qualifié si les conditions de capitalisation sont remplies.

2/ Le montant des charges capitalisables dans le coût d’un bien pour un exercice
N correspond au :
 Cas d’emprunt spécifique : Charge d’emprunt réelle nette des revenus du placement
provisoire de l’emprunt pour l’exercice N, ajustée à la période de capitalisation relative
à l’exercice.
La charge réelle = le taux effectif de l’emprunt appliqué à l’encours de l’emprunt spécifique
– les revenus de son placement pour l’exercice N.

 Cas d’emprunts non spécifiques : Charge d’emprunt évitable :


- Le taux de capitalisation = le rapport de la moyenne pondérée des charges d’emprunts
sur les encours des emprunts non spécifiques de l’exercice N, ajustée à la période de
capitalisation relative à l’exercice.

- L’assiette de capitalisation = toutes les dépenses relatives au bien engagées depuis le


début de la capitalisation, pondérées par leurs durées de capitalisation sur la période
de pondération de l’exercice N.

 Cas d’un bien financé à la fois par un emprunt spécifique et des emprunts non
spécifiques :

- Il est fait application des règles applicables aux emprunts spécifiques pour les dépenses
moyennes inférieures ou égales à l’encours de cet emprunt.

- Pour le surplus des dépenses moyennes par rapport à l’encours de l’emprunt spécifique
(s’il y a un surplus), il est fait application des règles de capitalisation applicables aux
emprunts non spécifiques.

 Butoir général des charges d’emprunt capitalisables :


Le montant des charges d’emprunt immobilisées au cours d’une période donnée ne doit
pas excéder le montant total des charges d’emprunt supportées au cours de cette même
période.

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