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Journal d’Economie, de Management, d’Environnement et de Droit (JEMED)

ISSN 2605-6461 Vol 3. N° 3, novembre 2020

Entreprises et Environnement. Quel impact de la délocalisation sur les


pays en développement ? Cas du Maroc
Business and Environment. What impact of offshoring on developing
countries? Case of Morocco
Soumaya OUTELLOU1, Omar TAOUAB2, Noureddine ABDELBAKI3

1
Université Ibn Tofail Kenitra, Maroc
out.soumaya@gmail.com
2
Enseignant chercheur à l’Université Ibn Tofail
Kenitra, Maroc
taouabomar@yahoo.fr
3
Enseignant chercheur à l’Université Ibn Tofail
Kenitra, Maroc
nourabdelbaki@gmail.com
ABSTRACT: The new growth strategy adopted by Morocco has encouraged the establishment of
numerous foreign players in order to position the country as a destination for foreign investors. And
if the prospects for economic development in Morocco are attractive, the main problem posed by
the relocation of companies is its impact on sustainable development. So the goal of this work is to
wonder about the impacts of offshoring on developing countries? In other words, how do offshoring
companies influence the environment of the host country like Morocco? We will use the data from a
study by Renault Tanger as an offshoring plant as part of its social responsibility. The analysis of
these data allowed us to present results and to draw up the logics of the participation of offshoring
in sustainable development.
KEYWORDS: offshoring; company; Environment; Sustainable development
RESUME: La nouvelle stratégie de croissance adoptée par le Maroc a favorisé la mise en place de
nombreux acteurs étrangers afin de positionner le pays comme une destination pour les
investisseurs étrangers. Et si les perspectives du développement économique au Maroc sont
attirantes, la principale problématique que pose la délocalisation des entreprises est son impact sur
le développement durable. Ainsi, le but de ce travail est de s’interroger sur les impacts de la
délocalisation sur les pays en développement ? Autrement dit, comment les entreprises offshoring
influencent sur l’environnement du pays d’accueil comme le Maroc ? Nous allons exploiter les
données d’une étude faite par Renault Tanger comme usine offshoring dans le cadre de sa
responsabilité sociale. L'analyse de ces données nous a permis de présenter des résultats et de
dresser les logiques de la participation de la délocalisation au développement durable.
MOTS-CLEFS: Délocalisation ; Entreprise ; Environnement ; Développement durable.

Introduction
La mondialisation, l’internationalisation et le progrès technique sont des phénomènes qui se
propagent et envahissent le monde actuel d’une façon rapide et précipitée, ce qui a donné naissance
à de nouveaux termes et un changement du rythme d’évolution aux niveaux des domaines
technologiques, sociaux et économiques.
A l’heure que cet environnement est en perpétuel basculement, on ne parle plus d’un marché d’une
entreprise qui est celui de son pays, mais plutôt d’un territoire où elle pourra réaliser de la valeur et
tirer du profit, que ce soit au niveau national de l’entreprise ou à l’étranger, tout en respectant les
normes environnementales internationales.

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D’où la possibilité pour l’ensemble des pays surtout ceux en voie de développement comme le
Maroc, d’extérioriser et d’exposer ses nombreux avantages compétitifs afin de devenir un centre
d’attraction pour les investisseurs et poursuivre l’évolution économique mondiale.
Parmi ces possibilités apparentes ces dernières décennies, on parle de l’offshoring, ou encore la
délocalisation. D’où l’importance de cette problématique qu’on peut présenter en une question
principale et d’autres subsidiaires :
Question principale : quels sont les impacts de la délocalisation sur les pays en développement (cas
du Maroc) ? Autrement dit, comment les entreprises offshoring influencent sur l’environnement du
pays d’accueil comme le Maroc ?
De cette principale interrogation découlent un ensemble de questions subsidiaires :
- Comment peut-on définir ce phénomène de la délocalisation ?
- Quelles sont ses différentes formes et ses apports ?
- Quels sont les différents paramètres et stratégies suivies par les entrepreneurs des offshoring
pour s’investir au Maroc et au même temps réaliser un développement durable ?
Afin d’évaluer l’impact de la délocalisation au Maroc (question principale), nous allons essayer de
porter les éléments de réponses aux questions secondaires.
La réponse à toutes ces questions se déroulera en quatre points. Le premier est consacré à la
recension des écrits et à la définition des concepts clés de l'étude. Le second présente la
méthodologie et met l'emphase sur l'utilité de cette étude. Quant au troisième point, il présente les
résultats de l'étude. Le quatrième point expose la discussion.
1. Revue de littérature
Aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à
délocaliser leurs activités dans un environnement où elles peuvent en tirer profit.
Le débat sur la délocalisation et son influence sur l’économie des pays d’accueil a été le sujet de
plusieurs analyses théorique et empirique qui ont donné lieu à l’importance des implications en
termes économiques notamment dans les pays en développement. Cette revue de littérature
comprend des éléments de réponses aux deux questions subsidiaires notamment, la définition du
concept de la délocalisation, ses différentes formes et les approches économiques avancées.
1.1. Définition du concept délocalisation
1.1.1. Définition
Il s’agit d’un transfert par une société d'activité de production de capitaux et d’emplois (et/ou de
transformation) dans un lieu du monde différent de consommation des produits, offrant pour elle un
avantage compétitif (des coûts plus bas, un pôle de compétence technologique, de l’infrastructure
plus développée ou encore d’un environnement plus adapté) (voir schéma ci-dessous). Une autre
définition présentée par l'économiste Philippe Villemus (2005), au sens précis du terme, la
délocalisation, quels que soient les produits ou services concernés, consiste à transférer une activité
productive, jusque-là "internalisée" (traitée en interne) ou sous-traitée, dans un autre lieu, à
l'étranger de préférence, pour vendre ensuite ces produits dans le pays d'origine. Autrement dit, les
produits sont fabriqués dans un lieu différent de celui où ils sont consommés1.

1
Philippe Villemus, Délocalisations, aurons-nous encore des emplois demain ? Paris, Éditions du Seuil, septembre
2005.

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Schéma 1 : Champ des délocalisations

Source : Revue d’économie industrielle, n° 124/4éme trimestre 20082


1.1.2. Types et formes de délocalisation
Il existe deux types de délocalisation: horizontale et verticale.
La délocalisation horizontale qui s’effectue d’un pays développé vers un autre pays développé.
« Les entreprises multinationales horizontales sont des entreprises à plusieurs établissements, dont
la production du pays d'origine et du pays d'accueil est similaire, ce qui leur permet d'économiser
sur les frais d'exportation. Ces entreprises se retrouvent généralement dans des situations où les
pays d'accueil sont de taille comparable (afin d'éviter un entretien coûteux de capacités sur des
marchés limités), présentent les mêmes atouts, et entraînent des coûts positifs pour les échanges
internationaux »3.
La délocalisation verticale qui s’effectue du nord vers le sud4. D'après la définition donnée par
Drumet (2004), on peut constater que la délocalisation verticale est reliée à la théorie de la
décomposition internationale du processus de production (DIPp)5, qui reflète « une logique
d'extension de la division internationale du travail à l'ensemble des pays selon la hiérarchisation
mondiale des avantages comparatifs6».
Quant aux formes d’une délocalisation, elles sont différentes, selon la nature des opérations
réalisées. On distingue alors les dérivées de l’offshoring7 :
- Le Nearshoring : lorsqu’un pays délocalise ses activités vers un autre pays proche
géographiquement.

2
Jean-Pierre Chanteau, « Quantification et analyse stratégique des délocalisations : une étude empirique sur données
d’entreprises », Université Grenoble 2, Laboratoire LEPII-CNRS
3
Revue économique de l’OCDE, supra note 4 à la p.38.
4
http://tpedelocalisation1es.e-monsite.com/pages/qu-est-ce-que-la-delocalisation/2-les-differents-types-de-
delocalisations.html Site consulté le 6 mars 2020
5
Revue de l 'OFCE (mars 2002), à la p.119. : [http://www.caim.info/revue-de-l-ofce-2002-5.htm.] Site consulté le 6
mars 2020.
6
Philippe Moati et El Mouhoub Mouhoud, « Décomposition internationale des processus productifs, polarisations et
division cognitive du travail », décembre 2005, p.2.: [http://seminaire.samizdaLnet /1MG/pdf/
El_Mouhoub_Mouhoud_2.pdf.] Site consulté le 6 mars 2020.
7
Okiabokah Bardhol Bristia, Mémoire online, « Stratégie de délocalisation au Maroc », Mémoire de fin d’étude, Ecole
Française de Commerce International, 2008.

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Exemple : la délocalisation des entreprises françaises vers le Maroc.


- Le Backshoring : lorsque les opérations de délocalisation connaissent un échec. Dans ce cas,
les compagnies offshoring retournent vers leurs pays d’origine.
Exemple : les entreprises britanniques connaissent un Backshoring de l’Inde à cause de la mauvaise
qualité des services présentés aux clients de la Bretagne.
- BPO (Business Process Outsourcing) : c’est l’externalisation d’une activité entière d’une
entreprise vers un autre pays. Exemple : la comptabilité, la paye, la gestion des relations clients
(Fedex vers Webhelp).
- La sous-traitance : quand une entreprise fait un transfert de sa production ou une partie des
composants de sa production à une entreprise dite « assujetti ». Lorsqu’une entreprise « donneur
d’ordre » confit une partie ou la totalité de son processus de production à l’entreprise d’accueil,
cette dernière doit exécuter exactement les critères demandés sans porter le nom du produit
fabriqué.
- Joint-venture : appeler aussi Co-entreprise (ou en participation / commune) : c’est une
entreprise (qui garde son statut local) qui passe un accord avec une ou plusieurs entreprises, afin de
réaliser ensemble un but précis, pour une durée bien déterminée. C’est une entité qui est autonome
qui n’a pas une personnalité juridique.
1.2. Approches économiques
1.2.1. Approche microéconomique et sectorielle
Une des approches économiques de délocalisation dans le contexte actuel est l’approche
microéconomique et sectorielle basée sur les compétences. Comme l’évoque Mehta (2006),
d’autres comme Wernerfelt (1984) et Bunyaratavej (2007), ont indiqué l’importance du capital
humain dans les opérations de délocalisation. Pour Coward (2003) et Khan (2003), les firmes qui
cherchent à délocaliser leurs activités doivent avoir un seuil de travailleurs qualifiés. Quant à Khan
(2003) et Kakabadse (2005), ils soulignent que la première vocation d'économie d'échelle est la
délocalisation.
L’approche théorique s’est focalisée sur les déterminants de la délocalisation des entreprises qui
associent les capacités en termes de compétence et d’optimisation de la production.
1.2.2. Approche des agrégées
Selon Dunning (1993) et Lewin (2008), la délocalisation est expliquée aussi par l’agrégation des
capacités de l’entreprise et les avantages de la localisation et d’internationalisation, alors que Hymer
(1960) l’a définie comme une décision par obligation de l’entreprise à s’adapter à
l’internationalisation par des progrès techniques et faire face à toute concurrence. Michèle Rioux
(2002) trouve que cette dernière est jouée par les grandes firmes à différents stades de production.
La délocalisation s’avère donc non comme une expression de mise en œuvre de la concurrence mais
une segmentation du marché caractérisé par des segments et des fragmentations des cycles de
production.
L’approche d’agrégation compte sur l’apparition de nouvelles astuces concurrentiels et les
avantages comparatifs et politiques des nations.
1.3. Développement durable
La première définition du développement durable apparaît en 1987 dans le rapport de Brundtland :
« Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs »8. Deux concepts sont
inhérents à cette notion :

8
Rapport Brundtland : rapport de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement de l'Organisation
des Nations Unies, chapitre 2 « Vers un développement durable », 1987.

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- Le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à
qui il convient d'accorder la plus grande priorité ;
- L’idée des limitations que l'état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la
capacité de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir ».
Lors du sommet de la terre de Rio en 1992, trois grands axes sont apparus autour de la définition
du développement durable :
- Mettre en place des stratégies économiquement variables ;
- Des stratégies socialement responsables ;
- Des stratégies respectueuses de l’environnement.
Les deux définitions ont pris en considération les trois paramètres : économique, social et
environnemental.
Schéma 2 : Les différents piliers entrecroisés du développement durable

Source : Site informatif au sujet de la responsabilité sociétale des entreprises9

Afin d’instaurer les principes du développement durable à l’échelle de l’entreprise par les
entrepreneurs, on parle plutôt de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE)10, qui désigne
l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs
activités commerciales et à leurs relations avec les parties prenantes »11.
Selon JOUNOT (2010), la RSE est la clé de réussite du développement économique d’un
pays/d’une entreprise, à condition qu’il faut améliorer les conditions environnementales et sociales.
La synergie de ces trois composantes (économique, environnementale et sociale), permet à
l’entreprise en général (spécialement l’offshoring) de :
- Valoriser son image (à titre d’exemple, en s’efforçant de recruter du personnel dans les
groupes qui sont traditionnellement exclus du marché du travail : les personnes
handicapées…).
- Prendre en compte les besoins des clients de manière plus globale et plus pérenne, tout en
tirant un avantage concurrentiel : la commercialisation d’un produit qui respecte
l’environnement.
D’une autre part, Gouiran (2012) démontre qu’il existe sept indicateurs de la RSE à savoir12 :
- Gouvernance ;
- Indicateurs économiques ;
- Indicateurs sociaux ;
- Indicateurs environnementaux ;
- Indicateurs communicationnels ;
9
RSEpro Information sur la Responsabilité Sociale et Environnement pour une entreprise durable. : [https://rse-
pro.com/piliers-du-developpement-durable-1066] Site consulté le 02 Mars 2020.
10
Jounot Alain, « 100 questions pour comprendre et agir – RSE et Développement Durable », Editions Afnor, 2010.
11
Il existe des parties prenantes internes (Actionnaires, employés et leurs représentants…) et externes (clients,
concurrents, actionnaire, fournisseurs, distributeurs, pouvoirs publics…
12
Gouiran Monique, « Les indicateurs clés de la RSE et du développement durable, l’ISO 26000 au cœur de l’économie
coopérative », Editions Afnor, 2012, p. 9.

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- Volet décisionnel ;
- Volet organisationnel.
Schéma 3: Les indicateurs de la RSE au cœur du développement durable
La qualité de la gouvernance influence la loyauté des pratiques. Ces deux indicateurs de la RSE influencent
la réussite des enjeux économiques, sociaux et environnementaux ainsi que les cinq autres indicateurs de la
RSE

Economiques Sociaux Environnementaux


Le développement de Les relations et les Le respect de
l’entreprise dans son conditions de travail l’environnement
milieu
Sa participation au Le respect des droits de
développement local l’Homme
Le service aux
consommateurs
Ce qui induit : la mise en œuvre des outils nécessaires à la rénovation des mentalités au travail pour l’ensemble
des parties prenantes des organisations et nous renvoie à la stratégie de performance structurelle

Stratégie Stratégie organisationnelle : Stratégie décisionnelle :


communicationnelle : repérer les talents, rénover les Travailler en
écouter, comprendre, organigrammes, faire évoluer les concertation, développer
adhérer ; motiver et emplois vers les enjeux de les aptitudes à prendre
fédérer développement durable, préparer des décisions durables,
l’avenir en renforçant les ressources repérer et développer les
mobilisables et en anticipant sur les talents
futures ressources à mobiliser

Source : Gouiran Monique, « les indicateurs clés de la RSE et du développement durable »13.
2. Méthodologie de recherche
En général, les entreprises étrangères qui appartiennent à des pays développés du Nord cherchent à
maximiser leurs profits tout en adoptant la délocalisation vers des pays du Sud comme le Maroc. Ce
dernier étant donné une partie prenante qui pourrait être affecté directement ou indirectement par les
stratégies de l’entreprise qui applique la délocalisation ; il nous paraît indispensable de se poser la
question sur les logiques et les paramètres des entrepreneurs des offshoring, tout en prenant en
considération la variable environnement et donc maintenir un niveau de développement durable.
Autrement dit, comment les entreprises offshoring influencent sur l’environnement du pays
d’accueil comme le Maroc, tout en maintenant un niveau de développement durable et en
appliquant la politique de la responsabilité sociétale des entreprises ?
A partir de la problématique posée ci-dessus, on évoque les hypothèses suivantes :
Hypothèse 1 : Le paramètre économique est la seule logique pour les entrepreneurs des offshoring ;
Hypothèse 2 : Les paramètres social et économique sont les principales logiques des entrepreneurs
des offshoring ;
Hypothèse 3 : Les paramètres environnemental, social et économique sont les trois paramètres de la
logique des entrepreneurs des offshoring.
Face à la crise écologique et climatique (catastrophes naturelles et industrielles, le réchauffement
climatique, pénuries de l’eau douce, effet de serre…) que connait la planète à nos jours, le
développement durable est une réponse de tous les acteurs économiques, sociaux,….surtout en ce

13
Gouiran Monique, « Les indicateurs clés de la RSE et du développement durable, l’ISO 26000 au cœur de l’économie
coopérative », Editions Afnor, 2012.

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qui concerne les entreprises offshore et outsourcing qui sont obligées de respecter cette politique
internationale.
Afin de confirmer ou d’infirmer ces hypothèses, notre approche méthodologique repose sur une
démarche hypothético-déductive qui consiste à interpréter les données du modèle de Renault
Tanger. Il s’agit de revoir l’analyse de l’étude empirique menée sur le terrain à partir d’une
publication faite sur le web14 afin de tirer les logiques de ses entrepreneurs vis-à-vis
l’environnement du fait que le secteur industriel est le secteur qui a le plus grand impact sur
l’environnement du Maroc, plus particulièrement la sphère d’automobile.
3. Résultats
Avant de dresser les logiques du Renault Tanger comme usine offshoring et sa participation au
développement durable, il faut rappeler les différents paramètres et stratégies suivis par les
entrepreneurs des offshoring pour s’investir au Maroc et au même temps réaliser un développement
durable.
3.1. Les avantages de la délocalisation
La délocalisation présente des avantages aux entreprises offshoring et aussi au Maroc :
- Avantages pour le Maroc : L’offshoring avec ses différentes formes favorisent :
• La création de nouveaux postes d’emploi, et donc la réduction des taux de chômage très
élevé. Exemple : l’activité des calls-centers offshore Webhelp est en forte croissance au Maroc,
la société devrait recruter à chaque reprise, afin de combler les besoins en personnel
compétents.
• L’évolution de l’économie marocaine : D’après le rapport d « Aujourd’hui le Maroc » dans
son édition du 10 août 2016, tout en se basant sur les données semestrielles de l’Office de
Change, une forte croissance des recettes de secteur offshoring au fil des années15.
• L’apprentissage des expériences professionnelles étrangères : les employés qui travaillent au
sein d’une multinationale ont la possibilité d’apprendre des nouvelles technologies et aussi des
méthodes du travail et un savoir-faire plus avancé.
- Avantages pour les donneurs d’ordre :
• La main d’œuvre au Maroc moins chère et hautement qualifiée. Les entreprises offshoring
peuvent bénéficier des exonérations fiscales totales ou partielles, ainsi qu’aux frais de transport.
• L’entreprise offshoring se concentra plutôt sur les activités stratégiques afin de faire jouer la
concurrence et gagner les plus grandes parts du marché.
Le Maroc possède les meilleures infrastructures en Afrique du Nord (transports routiers,
autoroutiers, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires, en plus des infrastructures énergétiques et des
télécommunications)16. Aussi l’un des qui connaît une stabilité politique et aussi sécuritaire, ce qui
est indispensable pour la survie et la continuité d’exploitation pour les entreprises étrangères, plus
spécialement les offshoring et les multinationales.
3.2. Impact d’usine offshoring et développement durable (cas de Renault Tanger)
Renault Tanger est une usine offshoring ouverte en février 2012, grâce à un partenariat entre le
Royaume du Maroc, Renault et Veolia Environnement. La capacité annuelle de production des
véhicules Renault dépasse 400.000 Véhicules.

14
Ouedraogo Alidou, « Multinational's CSR practices in developing countries : An international perspective »,
Université de Moncton, Canada, 2015.
15
[Offshoring-forte-croissance-des-recettes-du-secteur-82875http://fr.le360.ma/economie/], site consulté le20/03/2020
16
Selon un récent rapport réalisé par le World Economic Forum intitulé « Competitivness 2015 ».

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Parmi les logiques de ce site de production, on trouve l’intégration des questions environnementale
au cours de leurs processus, et la participation au développement durable du pays d’implantation
(Maroc) et de la planète plus généralement.
Le Groupe Renault publie annuellement un rapport RSE, afin de rendre compte de ses actions et ses
résultats en matière de responsabilité sociétale17.
3.2.1. Volet environnemental
Les plans de l’offshoring Renault Tanger pour réduire ses impacts sur l’environnement du
Maroc sont :
- Emission de zéro carbone : Les émissions du gaz de CO2 de l'usine de Tanger seront réduites
de 98%, ce qui correspond à 135 000 tonnes de CO2 par an, tout en optimisant la
consommation d'énergie et utilisant des énergies renouvelables.
- Zéro énergie thermique de CO2 : Tout en réduisant les consommations d’énergie thermique sur
place, et produire au même temps de l’énergie thermique zéro émission.
- Electricité produite à partir des énergies renouvelables : Grâce au développement des énergies
renouvelables au Maroc, l’Office Nationale d’Electricité (ONE) veillera à ce que 100% des
besoins électriques des usines sont satisfaits par des sources telles que le vent éolien,
hydraulique,…etc.
- Zéro déchet « liquide » émis par l’usine : Renault Tanger a planifié de ne pas émettre des
déchets liquides industriels tout en réduisant 70% de l’eau utilisée pour les processus
industriels.
3.2.2. Volet économique
Le choix de Renault du Maroc comme son pays d’implantation repose sur :
- Les salaires au Maroc sont inférieurs : le salaire moyen au Maroc est inférieur dix fois au
salaire moyen en Espagne ;
- Coûts d'exportation compétitifs : environ 577 $ par conteneur, selon les données de la Banque
mondiale, la 6ème plus compétitive au monde ;
- Réduction des coûts budgétaires : le total des impôts payés par les entreprises représente 42%
de leurs bénéfices, le taux le plus compétitif de la région.
3.3.3. Volet social
- Une population jeune et active : Sur une population totale de 32 millions habitants, 64% ont
moins de 34 ans, fournissant 12 millions de personnes actives ;
- Ressources humaines qualifiées : 16 universités et 170 hautes études privées, avec 370 000
étudiants en études supérieures ; combinés public / privé et 40 000 diplômes délivrés par des
universités supérieures, avec 10 000 ingénieurs.
- Grandes capacités linguistiques : Près de 20 millions d'habitants parlent français, et plus de 5
millions parlent espagnol avec un fort niveau d'anglais.
- Les capacités des jeunes et des employés de la direction sont élevées.
- Formations professionnelles adaptées aux besoins du marché de travail.
4. Discussions
Notre étude tente d’analyser l’impact des délocalisations des usines d’offshoring vers le Maroc sur
l’environnement dans un cadre de développement durable. Nous avons en fait cherché la logique
existante entre les flux de délocalisations des processus de production entrants et leur impact sur
l’environnement d’une part, d’identifier la relation entre celle-ci et les facteurs déterminants de la
délocalisation d’autre part. Il s’agit donc d’une relation de double causalité à traiter. Pourquoi le

17
[Rapport-RSE-2015-.pdf https://group.renault.com/wp-content/uploads/2016/07/], site consulté le16/03/2020.

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Maroc comme destination et que gagne ce pays de la délocalisation. Plusieurs constatations issues
de la recherche théorique, et de la situation contemporaine et contraintes de l’économie marocaine.
L’appel à modèle économétrique rigoureux est souhaitable et fera l’objet d’une future recherche.
Toutefois, nous sommes limitées à étudier l’existant dans le but de déterminer la meilleure relation
possible (du point de vue scientifique) qui existerait entre le développement durable, la
délocalisation du processus de production et ses déterminants.
En effet, notre pays est bien positionné comme les pays les plus attirants de l’offshoring en
Afrique : Tunisie, Sénégal… etc. Grâce notamment à une restructuration de plusieurs secteurs
notamment la formation professionnelle, L’engagement de l’Etat et l’accélération des activités
offshores. Notre pays est rapidement devenu un leader dans la délocalisation, les centres d’appels
sont un des exemples les plus éminents. La nouvelle stratégie de la responsabilité des entreprises
recommandée par plusieurs pays selon l’OCDE et l’OIT et l’adoption de cette stratégie par
plusieurs entreprises nationales comme l’OCP et internationales comme Renault, rassure la nation
sur les perspectives dans la cadre de développement durable.
Conclusion
Plusieurs études avancent les avantages de la délocalisation sur le développement économique au
Maroc comme le transfert technologique, qui a un impact positif sur le commerce extérieur, le
développement du capital humain et l’effet positif sur l’investissement domestique.
Toutefois, notre objet de recherche est l’impact sur le développement durable, c’est pourquoi
d’après notre étude de cas de l’offshoring Renault, (Jounot (2010) et Gouiran (2012)), on peut
conclure qu’une offshoring pourrait réussir son projet d’implantation, en tenant compte des
paramètres économiques, sociales et environnementale du pays d’accueil et participer au
développement durable, tout en devenant un membre actif de la responsabilité sociétale.
Références bibliographiques
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• Wernerfelt Strategic Management Journal, Vol. 5, No. 2. (Apr. - Jun., 1984).
Webographie
• http://fr.le360.ma/economie/offshoring-forte-croissance-des-recettes-du-secteur-82875
• http://www.3-0.fr/doc-dd/qu-est-ce-que-le-dd/les-3-piliers-du-developpement-durable
• http://tpedelocalisation1es.e-monsite.com/pages/qu-est-ce-que-la-delocalisation/2-les-
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• https://rei.revues.org/3936#tocto2n3.

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