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LIBÉRATION ÉCONOMIE

Arnaque Madoff : après les nantis, les petits


CATHERINE MAUSSION

L’affaire Madoff, arnaque historique de 50 milliards de dollars, va bien au-


delà des fortunes de Palm Beach. Elle a piégé l’épargnant lambda en France.
Une nouvelle que les autorités publiques se sont empressées de minimi -
ser. «Les dommages sont limités et ne concernent pas le grand public», as-
sure le ministre de l’Economie. Les victimes seraient, ajoute Jean-Pierre
Jouyet, nouveau président de l’Autorité des marchés financiers (AMF), «des
investisseurs avisés, professionnels qui disposent de fortunes importantes» .
Le nuage Madoff se serait arrêté au seuil des petites bourses ? Pas si simple.
Qui est vraiment concerné ?
Après avoir assuré qu’aucune banque, en France, n’aurait développé des Si -
cav ou des FCP (fonds commun de placements) investi dans le fonds Madoff,
l’AMF a corrigé le tir : «8 % des quelque 500 millions de pertes possibles
sur les fonds français [Sicav ou FCP, ndlr] toucheraient le grand public.» La
facture va-t-elle vraiment se limiter à 40 millions d’euros ? Il faut savoir
qu’un ménage sur quatre en France détient des valeurs mobilières (actions,
Sicav ou fonds commun de placement…). Elles sont logées sur un compte-
titre ou sur un plan d’épargne en actions (PEA, 7 millions de titulaires). Dans
les seules Sicav et FCP, les ménages ont glissé 169 milliards d’euros.
Le désastre des subprimes, et la contamination à toute la sphère financière, a
mis à jour une chaîne complexe et baignée d’opacité. Idem pour la fraude
Madoff. Colette Neuville, la présidente de l’Adam (Association de défense
des actionnaires minoritaires), évoque à propos des Sicav et des FCP un mé -
canisme de «poupées russes» : «On ne sait rien tant qu’on n’a pas ouvert
toutes les boîtes.» La société de gestion qui pilote la Sicav y loge d’autres
Sicav, elle-même investies en Sicav… Voilà pourquoi, dans une Sicav, il
peut n’y avoir aucun actif étiqueté Madoff. Alors qu’elle en contient.
Comment le piège a fonctionné ?
Encore difficile à décrypter : l’histoire est peuplée d’interrogations. Ce que
l’on sait, c’est qu’on retrouve, dans les Sicav et les FCP français, des doses
fortes ou homéopathiques de deux fonds bourrés d’actifs Madoff : le luxem-
bourgeois Lux Alpha et l’irlandais Thema Fund International. Avait-on de
bonnes raisons de se méfier ? «Un rendement élevé, pointe Colette Neu-
ville, est toujours la marque d’un risque.»
Mort de Bernard Madoff,
l'auteur de la pire escroquerie financière de l’histoire
Il avait été condamné en 2009 à 150 ans de prison pour une arnaque de type pyramide
de Ponzi estimée entre 25 et 63 milliards de dollars.
Par Geoffroy Clavel 14/04/2021 16:01 | Actualisé 14/04/2021 16:19

Madoff à sa sortie du tribunal fédéral de New York en 2009 (Louis Lanzano / AP)
FINANCE - Son nom restera à jamais rattaché à la crise financière de 2008 qui fit s’écrouler
une escroquerie aux proportions monumentales. Bernard Madoff, qui fut le cerveau d’une
fraude de type pyramidale estimée entre 25 et 63 milliards de dollars (selon que l’on compte
ou non les intérêts), est mort à l’âge de 82 ans, a rapporté ce mercredi 14 avril l’agence Asso-
ciated Press.
Bernie Madoff avait été condamné en 2009 à 150 ans de prison, après avoir plaidé coupable
de 11 chefs d’inculpation, notamment pour fraude et blanchiment d’argent.
En février 2020, “Bernie” Madoff avait demandé à être libéré “par compassion”, invoquant
une maladie mortelle des reins. Il purgeait alors sa peine dans une prison fédérale médicali-
sée de Caroline du Nord, selon les données du Bureau fédéral des prisons, qui affichait une
date théorique de remise en liberté en 2139.
Une escroquerie emportée par la crise
Né dans une famille modeste à New York, Bernard Madoff n’avait jamais placé un seul cen-
time des sommes confiées par ses clients, piochant dans les fonds de nouveaux investisseurs
pour rétribuer ou rembourser les plus anciens.
Richissime et longtemps vedette de Wall Street, il menait grand train avec sa famille, avec
avion privé, yacht et résidences de luxe.
Son château de cartes s’était écroulé en décembre 2008 lorsqu’un nombre croissant d’inves-
tisseurs, affolés par la crise financière, avaient demandé à récupérer leur dû.
Deux ans après son arrestation, en décembre 2011, son fils aîné Mark Madoff a été retrouvé
pendu dans son appartement. Un an plus tard, en décembre 2012, Peter Madoff, son
frère, était condamné à 10 ans de prison pour fraude comptable.
Depuis, le nom de Bernard Madoff est devenu synonyme d’escroquerie, les médias n’hési-
tant pas à qualifier de fraude ”à la Madoff” les affaires de détournement de fonds.

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