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Séance 3 – Année universitaire 2021/22

PST002 Introduction à la psychologie clinique

Séance 3

La méthode clinique, spécificités et outils utilisés

La méthode clinique :

a. Psychologie clinique et clinique médicale


b. Spécificités

La méthode d’observation :

1. Définition de l’observation
2. Les lieux d’observation
3. Les fonctions de l’observation
4. Les différents types d’observation
a. L’observation directe
b. L’observation indirecte
5. L’observateur
6. Le matériel
7. Le traitement de l’information

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LA METHODE CLINIQUE

a. Psychologie clinique et clinique médicale

Au cours d'une consultation ou de l'examen d'un individu, un « signe » ou un ensemble de signes


positifs ou négatifs, peut représenter la manifestation objective d'une pathologie.

Un signe clinique ou signe médical est l'interprétation objective de l'observation d'un sujet, par un
« clinicien ».

Le signe clinique est donc une observation significative (qui a du sens) recueillie au cours de l'examen
clinique. L'analyse (ou l'interprétation) des signes cliniques permet de poser, écarter, confirmer,
infirmer, étayer ou orienter un diagnostic clinique.

• Signe positif et signe négatif : Un signe clinique est dit positif si c'est sa présence qui a une
signification. Un signe clinique est dit négatif si c'est son absence qui a une signification.
• Signe clinique et variantes physiologiques : Les variantes de la normale ou variantes
physiologiques si elles peuvent être observées n'en sont pas pour autant des signes cliniques
car elles n'apportent pas d'information significative. Au contraire, ce sont les "variantes
anormales" qui observées et recueillies sont des signes cliniques, certaines d'entre elles
pouvant être dues à un état pathologique.
• Signe clinique et symptôme : Un signe clinique est appelé symptôme lorsqu'il est en rapport
avec un état pathologique. C'est au cours de l'interprétation des signes cliniques que le
médecin déterminera si tel ou tel signe peut avoir valeur de symptôme. La description
subjective faite par le patient d'une manifestation pathologique ou pas est appelée la "plainte
du patient" pouvant motiver la consultation médicale.
• Signe clinique et syndrome : Lorsque la présence simultanée de plusieurs signes cliniques
distincts les uns des autres a une signification, ces signes cliniques peuvent être organisés en
syndrome.
• Signe clinique général : Un signe clinique général concerne l'individu dans sa globalité.
• Signe clinique constant et inconstant : Un signe clinique est dit constant lorsqu'il est toujours
retrouvé au cours d'une pathologie donnée. Son absence infirme donc le diagnostic de cette
pathologie. Un signe clinique est dit inconstant lorsqu'il peut être ou ne pas être retrouvé au
cours d'une pathologie donnée. Son absence n'infirme donc pas le diagnostic de cette
pathologie.
• Signe clinique spécifique et non spécifique : Un signe clinique est dit spécifique lorsqu'il
permettra d'orienter le diagnostic vers une ou un groupe de pathologies dont certaines
expressions cliniques présentent des points communs ou difficilement différentiables. Un
signe clinique est dit non spécifique lorsqu'il peut être l'expression clinique de plusieurs
maladies différentes.
• Signe pathognomonique : Un signe clinique est dit pathognomonique lorsque sa présence
permet à coup sûr de poser le diagnostic clinique d'une pathologie. Le signe
pathognomonique est le signe le plus spécifique qui soit.

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Le tableau clinique d'une maladie est le "portrait type" des signes cliniques habituellement recueillis
au cours de l'examen clinique d'un patient atteint de cette maladie. Par extension le tableau clinique
peut aussi définir l'ensemble des signes cliniques recueillis auprès du patient, une partie de
l'interprétation consistant à déterminer de quel tableau clinique de maladie ce tableau se rapproche.

b. Spécificités

On retrouve les trois outils du psychologue clinicien : observation, psychométrie, entretien clinique,
outils qui vont lui permettre de préciser l’anamnèse, de clarifier la demande du patient, et lui
permettre d’entrevoir des solutions et de faire une proposition thérapeutique.
Nous allons donc commencer par la méthode d’observation.

LA METHODE D’OBSERVATION

Claude Bernard écrit dans son introduction à l’étude de la médecine expérimentale :


« L’observateur doit être le photographe des phénomènes, son observation doit représenter
exactement la nature. Il faut observer sans idée préconçue ; l’esprit de l’observateur doit être passif,
c’est à dire : il écoute la nature et écrit sous sa dictée. »

1. Définition

Il y a observation quand on constate des événements qui se présentent à nous spontanément. En


psychologie, l'observation se porte sur le comportement, les conduites et fréquemment l'observateur
est amené à utiliser des instruments d'observation.

L’observation doit s'inscrire dans un cadre où les faits observés puissent être également observés par
quiconque qui le souhaiterait, en d'autres termes, il est nécessaire que le cadre d'observation
permette une observation répétable, donc contrôlable. La psychologie scientifique a comme règle
que les observations soient répétables, c'est-à-dire contrôlable (mais attention, certains faits ne sont
pas répétables : explosion d'une nova, événement politique, crise émotionnelle... donc ce qu'il faut
c'est que les résultats d'observation du même type. Une reproduction exacte est désirable mais pas
toujours réalisable). L'interprétation est inévitable dans l'observation. L'exactitude d'une observation
n'est jamais garantie.

Observer c'est, étymologiquement, se mettre devant. Ainsi, observer quelqu'un c'est le prendre
comme "objet".

L'observation en sciences humaines est une observation de l’homme par I’ homme. Aussi, un certain
nombre de questions se posent non seulement pour celui qui observe mais aussi pour celui qui est
observé.

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L'observation comporte l'observateur, l'observé, le destinataire, leurs places et leurs déplacements,


comme les relations entre eux, envisagés dans l'espace et le temps de leur rencontre. La méthode
d'observation est un travail de décomposition-recomposition de la perception et des rapports
ordinaires, tels qu'ils sont institués dans les modes d'observation construits à des fins scientifiques.

Envisager l'observation comme un processus, c'est la considérer comme un ensemble de


phénomènes auquel on peut assigner une unité, et que l'on peut considérer comme actif et organisé
dans le temps. Une telle conception conduit à sortir de la logique habituelle, pour laquelle
l'observation est morcelée, en étant considérée tantôt comme une méthode, tantôt comme un temps
dans une démarche de recherche, ou encore comme un lot d'informations collectées. Car c'est plutôt
la prise en compte de l'intrication de ces divers aspects qui nous paraît constituer la spécificité d'une
observation construite.

Observer c'est donc repérer certains éléments du réel et en ignorer d'autres.

On comprend qu'observer c'est abstraire, c'est dégager certaines propriétés et en ignorer d'autres,
il faudra donc faire une mise en ordre, une classification. Ainsi, l'on observe dans un but précis, que
ce soit pour mieux connaître, pour contrôler, pour dégager des hypothèses ou simplement "pour
voir". Le processus d'observation s'inscrit également dans un cadre théorique de référence qui est
largement déterminant en ce qui concerne la conception même de l'acte d'observer.

• On peut parler d'observation en tant que méthode clinique. On parle ainsi de méthode
d'observation lorsque l'on fait appel à l'observation du comportement au cours de l'exécution
de tests (méthode utilisée par Piaget lors de ses études sur les comportements de l'enfant).
• On peut parler d'observation en opposition à l'expérimentation. L'observation sera alors une
phase de la recherche visant à se familiariser avec une situation ou un phénomène afin de
faire surgir une hypothèse.
• On pourrait parler de technique d'observation lorsque l'on est chercheur et que l'on recueil
des informations à l'aide d'un ou plusieurs observateurs (ou à l'aide de questionnaire).

On peut parler de l'observation comme d'un résultat : lorsque l'observation est le résultat codé de
l'acte d'observer suivi de l'acte d'interpréter.

2. Les lieux d’observation

On oppose souvent le terrain au laboratoire.


• La psychologie de terrain : récolterait ses données sur les terrains habituels de l'enfant : la
maison, la crèche, l'école ;
• La psychologie de laboratoire : s'effectuerait dans un lieu spécifiquement organisé pour
l'observation.

On pourrait penser que le comportement spontané correspond au terrain, et le comportement


provoqué au laboratoire ; Au terrain correspond l'observation naturaliste, au laboratoire,
l'observation expérimentale. Or ce n'est pas si simple. S'il est difficile de faire des expériences de

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terrain à l'intérieur d'un laboratoire, il est fréquent de faire de l’expérimentation dans un lieu habituel
de vie.

Si nous prenons l’exemple du psychologue, ce dernier peut chercher à répondre à des questions
prenant leur source sur le terrain lui-même, dans le cadre de vie de l'enfant (psychologie appliquée).
Le psychologue de laboratoire, lui, fait de la recherche fondamentale et voit la source de ses questions
se rattacher à un cadre théorique. Il organise une situation apte à vérifier ses hypothèses. Pour cela,
il organise son dispositif d'observation dans le lieu le plus apte à recueillir ses données. Quand il s'agit
de jeunes enfants, il est fréquent que le chercheur transporte son dispositif d'observation dans le lieu
de vie familier à l'enfant afin de ne pas perturber celui-ci dans ses réponses.

3. Fonctions de l'observation

L'observation est un processus qui a comme fonction première de recueillir de l'information sur un
objet en fonction d'un objectif. L'observation, scientifiquement parlant, est bien un processus et non
un simple mécanisme (comme la photographie).

Il faut d'abord :

• Un acte d'attention (qui peut avoir différents degrés, pour preuve la richesse du vocabulaire
français : percevoir, apercevoir, entrevoir, regarder, considérer, lorgner, guetter, viser...).
• Un acte intelligent : dans son champ perceptif l'observateur sélectionne un petit nombre
d'informations pertinentes.

L'observation scientifique est un processus orienté par un objectif terminal ou organisateur du


processus d'observation lui-même. Elle fait appel à une mobilisation de l'attention, à une sélection
parmi les stimuli perçus, un recueil des informations sélectionnées et leur codage.

L'observation porte sur des faits quand l'attention est portée sur des comportements, des
caractéristiques de la situation, des interactions. Elle porte sur des représentations lorsqu'elle vise à
recueillir des opinions, d'accorder des significations ou des causes à des façons de percevoir.

• Fonction descriptive : observer pour décrire un phénomène ou une situation.


• Fonction évaluative : observer pour évaluer
• Fonction heuristique (qui sert à la découverte dans la recherche scientifique et
épistémologique (partie de la philosophie qui étudie l’histoire, les méthodes, les principes des
sciences)) : observation invoquée pour faire émerger une hypothèse que l'on contrôlera
ultérieurement.
• Fonction de vérification : observation provoquée, situation provoquée pour vérifier une
hypothèse.

4. Les différents types d’observation

L'observation psychologique devient plus systématique lorsqu'elle donne une importance à la


cohérence des procédures utilisées et aux résultats obtenus. Cela implique d'établir des conditions

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bien définies afin que les observations puissent être répétables permettant ainsi des constatations
générales appuyées sur la totalité des observations et des comparaisons interindividuelles. La
définition précise de ces conditions permet l'exploration la plus objective possible d'un champ
d'observation. L'enquête en est un exemple, les techniques utilisées sont bien définies, par
conséquent, elles sont appliquées de la même façon à tous les sujets ; les résultats ainsi obtenus
peuvent être associés à d'autres résultats fournis par des techniques différentes. La systématisation
de l'exploration d'un champ d'observation peut être en fonction non seulement des conditions dans
lesquelles se déroule l'observation mais aussi en fonction des résultats auxquels s'attend
l'expérimentateur.

On distingue deux formes d’observation, l’observation indirecte et l’observation directe :

Dans l’observation indirecte, l’observateur n’est pas en contact direct avec le sujet observé, il peut
utiliser des questionnaires, des productions d’écrits (dessins, tests…), dans l’observation directe
l’observateur est en situation directe avec le sujet et va recueillir un maximum de données sur le
comportement, le contexte…

Dans l’observation directe on effectue la distinction entre :

• Observation participante passive : l'observateur est intégré au groupe mais de manière


passive.
• Observation participante active : l'observateur a un rôle susceptible de modifier radicalement
certains aspects de la vie du groupe
• Observation clandestine ou observation incognito
La principale critique est qu'une procédure trop rigide déforme l'information recueillie etdétourne
l'observateur de faits importants imprévus dans le protocole ne laissant ainsi peu ou pratiquement
pas de place à la découverte

a. L’observation directe

Qu’est-ce que l’observation directe ? Aller voir sur place, être physiquement présent dans la situation,
la regarder se dérouler en temps réel pour en rendre compte. En un mot : il s’agit de l’observation du
réel et de son compte rendu.

Cette méthode a été utilisée en éthologie :

Le terme éthologie signifie étymologiquement "étude des mœurs". Les premières contributions qu'il
est possible de verser au patrimoine de cette science datent du XVII siècle. Le nom n'est employé
e

qu'en 1854 par le Français Étienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844)).

L'éthologie est l'étude du comportement des diverses espèces animales. Cette branche zoologique
de la biologie a été créée en 1854 par le naturaliste Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Au niveau
théorique, l'éthologie peut s'apparenter à la biologie du comportement et surtout à la biologie de
l'interaction intra spécifique.

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L'évolution récente de cette discipline biologique est marquée par les études scientifiques de longue
haleine sur les comportements animaux, dont les trois plus notoires ont consacré l'éthologie par le
prix Nobel de biologie de 1973. Ce sont les travaux accomplis surtout dans le deuxième tiers du
XX siècle par l'Allemand Karl von Frisch, l'Autrichien Konrad Lorenz (1903-1989) et le Néerlandais
e

Nikolaas Tinbergen (1907-1988).

Ce domaine sous le nom générique englobe surtout l'étude du comportement animal tel qu'il peut
être observé chez l'animal sauvage en milieu naturel, chez l'animal sauvage en captivité, chez l'animal
domestique en milieu naturel et chez l'animal domestique en captivité.

L'éthologie humaine quitte le champ d'investigation des spécialistes de l'instinct animal pour décrire
le comportement individuel et collectif.

Nombre de psychologues généticiens se sont emparés de cette méthode pour décrire le


comportement des bébés, (Gesell, Piaget, …).

Observation participante

L'observation participante (dite aussi méthode de l'observateur participant ; en anglais, participant-


observer) est une méthode d'étude ethnologique ainsi que sociologique introduite par Bronislaw
Malinowski et John Layard au début du XX siècle.
e

Elle consiste à étudier une société en partageant son mode de vie, en se faisant accepter par ses
membres et en participant aux activités des groupes et à leurs enjeux.

Pour Alain Touraine, il s'agit de "la compréhension de l’autre dans le partage d’une condition
commune". [

L'observation participante constitue une innovation méthodologique de premier ordre, notamment


au regard de certaines pratiques évolutionnistes qui avaient cours à l'époque. Celles-ci pouvaient
notamment se fonder sur des récits de voyages d'explorateurs souvent imprécis et marqués par un
fort ethnocentrisme.

L'étude de terrain existait, elle est apparue avec l'ethnologie, mais l'observateur conservait une
position et un statut extérieurs à la société étudiée. Or, avec l'observation participante, l'ethnologue
s'immerge pleinement dans la vie sociale où il prend un rôle réel, participe aux rites et aux institutions.

Eléments théoriques de l’observation participante (sociologie)

Posant la question du matériau de l’observation, François Simiand donne aux documents la valeur
d’indices : « Les phénomènes sociaux peuvent être saisis par la voie d’une véritable observation, faite
par l’auteur de la recherche, observation immédiate quelquefois, plus souvent d’observations
médiates (c’est-à-dire des effets ou traces du phénomène), mais non plus, en tout cas, par la voie
indirecte, c’est-à-dire par l’intermédiaire de l’auteur du document » . C’est la méthode historique qui
[

est plutôt en cause là. Mais l’auteur pointe du doigt le recueil le plus direct possible des informations
sur l’institution. Ce mode d’appréhension du réel, peu prisé par les chercheurs pour diverses raisons,

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doit se faire avec un minimum de précautions. Plusieurs études peuvent servir de point de départ
pour exposer les solutions aux problèmes rencontrés par l’observation participante.

L’observation participante pourtant obéit à un certain nombre de principes qu’on peut qualifier de
minimums en vue de ne pas perturber le milieu.

« Roethlisberger, après son expérience à la Western Electric, donne quelques conseils à l’observateur
: ne pas laisser supposer qu’il a une autorité, donc s’abstenir de donner ordres ou conseils, ou de
s’imposer dans la conversation ; prendre le moins possible parti, tout en n’ayant pas l’air d’un
opportuniste, ne pas les forcer, ni paraître trop préoccupé de ce qui se fait ; avoir l’air naturel,
respecter les règles du groupe, ne pas se singulariser » . Ne pas faire ceci, ne pas faire cela, telles
[

sont les prescriptions négatives du chercheur dans cet extrait. Ce texte pourtant pose plus nettement
l’étendue de la difficulté de l’observation participante : où se situer par rapport à l’enquêté ? Et
finalement, que reste-t-il du moment qu’on est trop éloigné de l’acteur ? L’aspect inverse serait une
identification trop importante au terrain et générant des effets pervers du type parti pris. La crainte
de Roethlisberger réside notamment dans l’effet Hawthorne . [

Expérience de Hawthorne d’Elton MAYO

Elton Mayo a mené cette expérience en 1930 dans l'usine Western Electric de Cicero, la Hawthorne
Works, près de Chicago.

La main d'œuvre ouvrière principalement féminine, assemblait des circuits électriques


destinés à des appareils de radio.

Mayo constitua un groupe test dans un atelier à part afin de vérifier en quoi les modifications des
conditions de travail pouvaient influer sur la productivité du travail des exécutants. Un autre atelier
dans lequel les conditions de travail n'étaient pas modifiées servait de groupe témoin.

Mayo vérifia que l'amélioration des conditions matérielles de travail (l'éclairage, en particulier) faisait
croître la productivité. Mais il s'aperçut que la suppression de ces améliorations (allongement des
horaires, interdiction de parler pendant le travail, etc.) ne faisait pas baisser la productivité.

Mayo et son équipe constatèrent que la productivité des ouvrières dans l'atelier témoin avait,
contre toute attente, tendance à s'accroître sans qu'aucune amélioration des conditions n'ait
pu l'expliquer.

Durant l'expérience, les employés de la Western Electric avaient sympathisé avec les chercheurs de
l'équipe Mayo qui en conclut que l'estime de soi, la cohésion étaient plus importantes pour la
productivité que l'état matériel de l'environnement de travail. La conscience de la participation à une
équipe de travail est déterminante.
Cette découverte du rôle clé des phénomènes affectifs, du besoin d'appartenance et d'estime de soi
contribua beaucoup au développement du mouvement des relations humaines.

Rompant avec l'hypothèse taylorienne de l'intérêt individuel, Mayo affirme que « le désir d'être bien
avec ses collègues de travail...l'emporte facilement sur le simple intérêt individuel ».

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Dans la rue et les quartiers

Ce qu’on appelle « l’ École de Chicago » des décennies 1920-1930, a créé l’idée d’écologie humaine.
Il s’agissait de décrire l’homme dans son environnement. C’est alors que la ville fut considérée comme
un laboratoire . Ainsi, le comportement humain est analysé par rapport au milieu industriel,
[

géographique et urbain (Robert Ezra Park). L’expansion de la ville crée des organisations et des
désorganisations sociales (Ernest W. Burgess). Les communautés sont étudiées selon des processus
identifiés par l’écologie végétale et animale (M. Roderick, D. MacKenzie). Louis Wirth fait de la ville
un phénomène social. La méthode de recueil des informations la plus fréquemment utilisée est la
biographie.

Un auteur est souvent englobé dans ce qui a pris le nom d’École de Chicago : William Foote Whyte. Si
sa thèse fut présentée à Chicago, si son objet d’analyse se situe dans les rues de la ville, il se défendd’y
appartenir (ce serait plutôt l'École de Columbia et on repère une méthode très personnelle : se
[

couler dans l’objet d’analyse, qui en fait « une sorte de marginal de la tradition de Chicago » . Dans
[

un quartier d’immigrants italiens de Boston aux États-Unis, tout en restant l’intellectuel, il participe
directement aux activités des gangs jusqu’à user de leur langage, ou encore il s’insère dans les œuvres
sociales du quartier.

Son intégration au quartier se faisant à un bon rythme, à un moment donné il s’est posé la question
d’une immersion trop prononcée (qui se matérialisait en particulier dans l’usage des injures et de
tournures de langages autres que celles du canon universitaire) au cours d’un incident . La question
[

du langage a son importance. Les traducteurs du livre de Whyte ont été confrontés à ce que, le
chercheur qui a consulté les matériaux bruts de l’étude, Suzie Guth, a qualifié « d’autocensure de
l’auteur, tant de la langue que de certains sujets, comme les filles, le sexe, les aventures féminines » ;
en effet, « Paillardises et mots obscènes, jurons et blasphèmes composent le code de la virilité entre
les gars de la rue et les gars du racket » . Il semble donc que Whyte ait pris aussi du recul vis-à-vis de
[

la communauté universitaire comme pour proposer sa « traduction » du milieu dans lequel il a vécu.

Whyte relate les différentes phases de confrontation avec son terrain. Il y aborde ce que Madeleine
Grawitz appelle « l’observation-participation » : le degré de participation et le rapport enquêteur-
[

enquêté, la systématisation de l’observation et le traitement premier du matériau collecté. C’est dans


un autre paragraphe (à la rencontre de Cornerville ) qu’il traite de la durée : « (...) j’ai obtenu une
[

bourse de recherche de la Société des chercheurs de Harvard. (...) trois années de ressources pour
traiter un sujet entièrement de mon choix ». On a donc là les principaux éléments qui permettent de
caractériser l’observation participante. Dans le cas de Whyte, il ne s’agit pas de s’identifier mais de
participer aux activités quotidiennes assez longtemps en maintenant une certaine distance avec le
milieu. La grande singularité de cette recherche réside dans la création d'une véritable " équipe de
recherche " dédiée à l'étude de cet environnement et dont les participants directs auront été "
recrutés " dans ce même milieu. « Il contribua donc à développer les qualités d’observateur chez ses
deux interlocuteurs privilégiés. Il nommera plus tard cette démarche “recherche par action
participante” ».

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Pour résumer :

L’observation participante (aussi appelée directe, in situ et in vivo) est une des plus anciennes
méthodes qualitatives, popularisée par les premiers ethnologues et anthropologues. À l’époque les
observateurs se rendaient dans des contrées éloignées et étudiaient les populations locales avec un
biais ethnocentrique. Même aujourd’hui ceci reste le problème principal de cette approche.

En pratique il est particulièrement difficile d’observer de manière réellement neutre ; votre attention
à ce qui se passe autour de vous est déjà structurée par des années de socialisation dans votre milieu
personnel.

Il faut continuellement se poser la question de l’objectivité et des biais ou variables parasites.

En fait, l’observation est une collection de méthodes différentes : observation proprement dite bien
sûr, mais également entrevues individuelles, de groupe, discussions informelles, etc. Aussi,
dans toute observation participante la prise de notes détaillées est absolument cruciale. Il faut noter
non seulement l’information que vous obtenez, mais toujours les conditions dans lesquelles vous
l’avez obtenue (par exemple, individuellement, en groupe, etc.).

L’observation directe est particulièrement efficace dans les études de milieux de travail, et est donc
la méthode par excellence du style « rapport de stage ».

Cette méthode ne fonctionne que si elle est conduite rigoureusement, avec une prise de notes
intensive, sinon un fort biais de confirmation risque de s’installer, et votre recherche équivaudra à
une visite informelle plutôt qu’à un travail scientifique.

Ce qu’il faut observer :

• Les comportements
• Les endroits où les comportements ont lieu
• Les échanges verbaux
• La structure des activités quotidiennes
• L’effet d’événements imprévus

L’observation clandestine ou « observateur inconnu »

L’observateur inconnu s’intègre dans le milieu « fermé » en cachant une partie de son activité.
Ceci pose un certain problème d’éthique, de déontologie.
Cela dit, dans certains cas le statut de chercheur ou d’outsider peut nuire fortement à l’intégration
dans un milieu. Par exemple, un groupe religieux ou politique. Ceci est pratiquement nécessaire
quand le groupe risque de vous exclure.

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Dans d’autres cas le milieu où vous vous intégrez est ouvert, et il n’est tout simplement pas utile de
vous présenter (par exemple, vous étudiez le comportement des gens autour de dealers sur la voie
publique).

L’observation est définie comme « l’action de considérer avec une attention suivie la nature,
l’homme, la société, afin de les mieux connaître. » En psychologie clinique, on a recours à cette
méthode lorsque l’entretien est impossible. Le plus souvent, c’est un complément (observation
sémiologique : posture, tenue vestimentaire, réactions du sujet). L’observation tente également de
regrouper ce qui a été observé.

Cette technique présente trois risques : réification (réduire le sujet à ce que l’on observe),
l’objectivation extrême et l’absence de validité des interprétations qui en sont tirées (puisque le sens
doit être celui mis par le patient).
Dans la psychothérapie d’enfant, l’observation du jeu est un outil essentiel. Toutefois, lorsque le
psychologue prend part au jeu, il s’agit alors d’un équivalent de l’entretien.

b. L’observation indirecte

Les différentes méthodes d'inscription graphique, empruntées aux laboratoires de physiologie, ont
permis il y a bien longtemps déjà, l'enregistrement simultané de différentes réactions physiologiques
(rythmes cardiaques, EEG) permettant ainsi l'étude de co -variations entre les différentes mesures. Il
en est de même pour les appareils photographiques, de cinéma, les magnétophones, les
magnétoscopes, les caméscopes.
De nombreuses observations sur le développement des enfants, sur les interactions mère-enfant, ont
fait l'objet de films. Gesell, psychologue, a largement utilisé des observations continues faites par une
caméra à déclenchement séquentiel pour étudier le comportement de l’enfant.
Nombre d’entretiens et des discussions sont enregistrés.

Une observation indirecte est plus facile à réaliser. L'enregistrement du comportement par
caméscope joue un rôle majeur dans l'étude des interactions par exemple : L'observateur qui utilisait
la méthode du papier-crayon ne pouvait porter simultanément son attention sur plusieurs sujets,
donc plusieurs observateurs devaient être présents. Maintenant, il est possible de repasser
l'enregistrement autant de fois que nécessaire et d’observer le comportement de chaque sujet.
Elle permet aussi l’observation de tous les comportements. En effet, la lecture image par image
permet de voir des phénomènes inobservables à l'œil nu (mimiques par exemple).
L'enregistrement permet de sélectionner des séquences d'images et de vérifier si chaque
comportement a le même sens pour chacun des observateurs. Plusieurs « juges » peuvent observer
et coder les comportements.

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Comme toutes techniques, des limites existent : Les choix du cadrage, la durée de l'enregistrement
doivent être précisés pour éviter de recommencer l’expérience, expérience qui n’est pas toujours
possible de reproduire.
Par ailleurs, ce n'est pas parce qu'il est facile d'observer avec un caméscope, que l'analyse est facile
à réaliser. Une démarche réflexive s’impose au préalable (questions ou hypothèses, choix des
variables à observer,).
De plus, visionner 1 heure d'enregistrement à vitesse réelle équivaut à 1 heure de temps, mais le
visionner à vitesse réduite pour noter les éléments permettant une analyse équivaut à beaucoup plus.
D’autres difficultés apparaissent et pas des moindres : On ne peut pas, en effet, ignorer les problèmes
juridiques et déontologiques de la prise de vue en public.
Les études portant sur le comportement des enfants nécessitent l’autorisation des parents.
De plus, filmer dans des lieux publics tels que les gares, le métro… doit faire l’objet d’une demande
préalable, on ne peut pas filmer sans autorisation.

5. L'observateur

Celui qui observe dégage de la réalité un certain nombre d'informations. Il recueille une quantité
d'éléments qui lui paraissent pertinents. C'est un inventaire du réel, et déjà se pose un problème
majeur celui de découper la réalité en unités pertinentes ! Pour cette raison mais aussi parce qu'il ne
peut tout percevoir, ni tout vouloir observer, l'observateur fait donc un choix; il sélectionne les
informations qu'il aura dégagées en fonction d'un objectif final qu'il se doit de déterminer à l'avance;
cela est nécessaire s'il ne tient pas, lors du dépouillement, à se retrouver face à une masse
d'informations brute dont il ne saura que faire, ou s'il ne veut pas courir le risque que certains
éléments importants passent inaperçus parce que mal ciblés.

L'observation est un processus dans lequel les habitudes, les attentes, la connaissance scientifique et
le savoir-faire de l'observateur jouent un rôle décisif.

6. Le matériel

Les instruments sont, avec les nombres, l’un des critères pour définir une méthode scientifique. Mais
l’instrument reste un moyen de coder l’information recueillie et de la mettre sous une forme plus
facile à l’emploi. Il faut garder à l’esprit que l’instrument n’est donc pas une fin en soi.

La méthode scientifique est caractérisée par l'utilisation d'instruments de mesure et par conséquent
d'une forme de quantification du comportement et/ou de la conduite. La psychologie scientifique
utilise des instruments de mesures que d'autres disciplines scientifiques, telle que la physique,
mettent à la disposition des différentes sciences. En générale, l'instrument de mesure est un moyen
de coder l'information relevée afin de la " traduire " en une forme plus facile à analyser permettant
ainsi d'en dégager des tendances, des règles. Les matériels d'enregistrement, et surtout leur emploi,
peuvent entraîner différentes formes de réactivité. Les techniques utilisées permettent différentes
approches, par exemple "voir sans être vu" ou au contraire diminuer la distance entre observateur et
observé.

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Les instruments d'enregistrement physique des observations

Les pionniers de la psychométrie, Wundt et Cattell, pratiquaient déjà l'observation temporelle. Ces
mesures portaient le plus souvent sur la mesure des temps de réactions. Aujourd'hui, cette pratique
est toujours de mise, cependant elle a acquis une précision extraordinaire notamment grâce à
l'avènement de l'électronique et de l'informatique. Les différentes méthodes d'inscription graphique,
empruntées aux laboratoires de physiologie, ont permis il y a bien longtemps déjà, l'enregistrement
simultané de différentes réactions physiologiques (rythmes cardiaques, EEG) permettant ainsi l'étude
de co-variations entre les différentes mesures. Il en est de même pour les appareils photographiques,
de cinéma, les magnétophones, magnétoscopes, également utilisés à des fins instrumentales de
l'observation psychologique. De nombreuses observations sur le développement des enfants, sur les
interactions mère-enfant, ont fait l'objet de films. Gesell a, quant à lui, largement utilisé des
observations continues faites par une caméra à déclenchement séquentiel. Nous pouvons également
parler des entretiens et des discussions enregistrés sur des bandes magnétiques. Ces méthodes
permettent une catégorisation des différents éléments observés, les différentes distributions vont
être effectuées par l'observateur. Ces différentes catégories constituent des instruments de partition
des ensembles d'observations.

7. Le traitement de l'information

Les observations recueillies ne sont généralement pas utilisables dans leurs formes primitives (surtout
si l’observation était complexe : apprentissage sensori-moteur chez l’enfant ou une discussion dans
un groupe). Si l'observation est transmise en un langage commun sans qu'il y ait de règles bien
établies, un protocole d'observation, la comparaison entre individus, groupes, ne peut être établie
faute de lieu commun entre les différents observateurs. C'est pourquoi l'observateur a besoin d'un
langage bien codifié et n'utilisant qu'un nombre restreint de concepts, chacun extrêmement bien
défini et clair.

Ce " langage " doit contenir un ensemble de critères permettant à chacun des observateurs de classer
leurs observations selon des règles bien définies. Le choix des critères se fait en fonction des
hypothèses. L’observateur aura donc besoin d'un langage spécialisé, n’utilisant qu’un nombre limité
de concepts pour que chacun soit défini de façon explicite.

Ce sont des catégories. Pour les construire on doit décider de certains critères permettant de classifier
les observations. Ceci invoque les hypothèses préalables, le choix de certains critères plutôt que
d’autres se fait en fonction d’hypothèses sur la structure sous-jacente aux faits observés (ex : Piaget,
dans le langage et la pensée chez l’enfant. En recueillant les phrases des enfants en huit catégories).

La formulation des observations en un langage quantitatif

Les méthodes quantitatives offrent de nombreuses possibilités, de même, elles posent des problèmes
qui ne sont pas spécifiques à l'observation. Lorsque l'observation devient plus systématique on utilise
davantage des instruments, les résultats des observations sont très souvent

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Séance 3 – Année universitaire 2021/22
PST002 Introduction à la psychologie clinique
traduits sous une forme numérique. Les réserves, les critiques qui ont été soulevées à propos de la
systématisation de l'observation sont souvent associées aux critiques qui émanent de l'observation
psychologique : la précision de la quantification serait incompatible avec l'imprécision inévitable des
observations psychologiques.

Un psychologue peut observer un nombre d'enfants placés devant un matériel ; il est probable que
ces enfants manifestent des comportements différents devant ce matériel, en conséquence, il serait
ambigu de faire un pronostic sur le comportement que pourrait avoir un enfant sur ce matériel.
Cependant, il est tout à fait possible de catégoriser les comportements observés, d'en compter les
effectifs. La quantification a l'avantage de rendre compte de l'incertitude du psychologue. C'est le cas,
par exemple, dans le degré d'accord inter-juges, il ne peut être clairement perçu que s'il est exprimé
sous forme quantitative.

Système de codage :

• Par sélection : le codage se fait à partir d'un système ou d'une grille préétablie.
• De production : l'observateur produit lui-même son système de codage

Pour clarifier ce système de codage, je vous propose un exemple de grille d’observation que je vais mettre
dans « Annonces » ; Vous pourrez ainsi vous entraîner non seulement à construire votre propre grille mais
également à l’expérimenter dans votre entourage.

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