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Imagologie

Pratique au cœur de la littérature comparée


Imagologie (latin « imago » = image)
 étude savante des images que nous avons de nous-mêmes et des autres en
tant que nations / peuples / cultures (soi même et l’autre = reliés)

 La littérature comparée regarde tjs au-dessus des frontières, frontières aussi


linguistiques.
Prédécesseur (de ce champ d’étude)
Jean-Marie Carré
- Voyageurs et écrivains français en Égypte, 1933 : représentation de l’Égypte dans
la littérature de voyage française (analyse des textes d’écrivains français vis-à-vis
de l’image qu’ils donnent de l’Egypte)

- Les écrivains français et le mirage allemand (1800-1940), 1947 (qlqch qui change par
rapport au 1er titre) : Carré a une volonté de donner une certaine importance à la
littérature comparée (apport à donner dans la société) = Opposition entre une
réalité et l’image donnée dans les références littéraires

Avant-propos au Que sais-je ? sur La littérature comparée de François Guyard :

 Réciprocité et importance du regard (plutôt que de la réalité càd du caractère


national de tel ou tel pays)

 « Utilité » de la littérature comparée

 Images typiques d’une nation (approche « imago-typique », aujourd’hui on dirait


« stéréotype »)

≠ entre stéréotype et image :

- Stéréotype : stéréo = ls canaux et un seul pour la diffusion // type = caractère


que l’on peut reprendre et reproduire  donc le stéréotype est qlqch de
préexistant que l’on réutilise / qlqch que l’on peut reprendre et replacer dans tel
ou tel contexte.

- Image : qlqch de plus éphémère, peut apparaître une fois et pas être forcément
reprise  elle n’a qu’une seule occurrence (notion large)
Cela change au début des années 80  Manfred S. Fisher (comparatiste allemand) produit
une étude théorique intitulée : Images nationales comme objet de l’histoire littéraire
comparée. Sur la naissance de l’imagologie comparatiste, 1981
Il retrace l’histoire de l’imagologie pour souligner qu’une image est autre chose qu’un
stéréotype et qu’il faut aussi s’attacher à étudier des images qui sont plus fluctuantes. Ce qui
est nv dans l’approche de Fisher c’est qu’il y a un lien entre l’image qu’on a de l’autre
et l’image que l’on a de soi, il nomme :
- « auto-image » l’image qu’on a de soi-même
- « hétéro-image » l’image que l’on a de l’autre en tant que nation/peuple
Avec l’idée que l’on va attribuer à l’autre essentiellement des caractéristiques que l’on
voit en opposition avec des caractéristiques propres  donc si l’autre nation a des
caractéristiques qui correspondent aux notre on ne va pas les voir.
Cette idée de Fisher vient de Oliver Brachfeld qui a publié un article sur l’imagologie
ethnique », publiée dans Revue de psychologie des peuples, 1962 : sa thèse est la
suivante : les images des autres sont construites en façon de l’image qu’on a de soi
même (on est dans la psychologie des groupes).
Pour distinguer cette nvlle approche qui essaie de comprendre pq on a tel ou tel
image de l’autre, Fisher introduit les adjectifs :
- « imagotypique » : un texte qui dirait par ex : « les Français sont comme ça, dans
telle situation il font ça »  on décrit l’autre avec des images préconçues càd des
images que l’on estime typique d’une nation/d’un peuple

- « imagologique »: un texte qui dirait par ex : « je suis un voyageur français, je voyage


en Égypte pcq j’aime ceci, cela … »  donc avoir une conscience de ce qu’on met
de soi dans la rechercher et la représentation de l’autre

On a donc 2 périodes :
Première période (Carré, François Guyard 1951) :
L’approche imagotypique : utilisations des images considérés comme typique d’une
nation/d’un peuple
Deuxième période (Manfred S. Fisher 1981)
L’approche imagologique : utilisation critique et distanciée des images considérées
comme typiques d’une nation/d’un peuple
Méthode (Fisher) :
 Enregistrer et analyser les images d’un peuple.
 Chercher les origines et conditions d’apparition de ces images.
 Chercher dans l’ « hétéro-image » l’ « auto-image ».
Les études qui pratiquent cela ne s’appuie pas que sur des textes littéraires : aussi
paralittérature qui est + stéréotypée.
Principes de fondamentaux :
- Toute image est une construction
- Interdépendance entre l’ « hétéro-image » et l’ « auto-image » (=dépendance
réciproque)
 On ne peut vérifier si une image est fausse / Les images que nous avons d’un autre
peuple dit plus de nous-même que de ce peuple

« l’image ‘littéraire’ est donc envisagée (par l’imagologie) comme un ensemble d’idées sur
l’étranger prises dans un processus de littérarisation (= transformation littéraire) mais aussi
de socialisation » (= l’image est modifiée par le fait social) Pierre Brunel, Précis de
littérature comparée, 1989
« les images de l’étranger font partie intégrante d’une image de soi-même qu’elles servent
à structurer et à élaborer ». (Alain Montandon, « Les caractères nationaux dans la littérature
française », CAIEF, 2002).

La méthodologie peut être transférée :


 Étude de l’imaginaire (= univers symbolique avec des symboles/des images)
 Lien entre société et littérature
« l’image est la représentation d’une réalité culturelle au travers de laquelle l’individu ou le
groupe qui l’ont élaborée (ou qui la partagent ou qui la propagent) révèlent et traduisent
l’espace culturel et idéologique dans lequel ils se situent » (Pierre Brunel, Précis de
littérature comparée, 1989)
 ≠ « transposition » littéraire d’une réalité, mais c’est une expression symbolique
autonome de qlqch d’autre.
 L’étude des images s’intéressent moins à l’objet lui-même qu’à la façon de le
représenter
Pour l’étude de l’image de l’autre comme nation / peuple / culture (trois niveaux d’analyse) :
Mots
On va s’accrocher à des mots fantasmes, mots non traduits et intraduisibles etc. +
regarder comment ces mots sont distribués et quels sont leur fonction dans un texte :
est-ce qu’ils sont valorisés ou dénigrés ? dans un texte narratif comment le locuteur
se porte face à ces objets ?

Relations
Puis on essaie de les mettre en relation : opposition, unités thématiques, éléments
catalyseurs, évaluations dans le contexte, hiérarchie, etc.
Thèmes, séquences, scènes, scénarios (récit symbolique sous-jacent)
Une fois qu’on a regardé les relations on va cristalliser des thèmes, séquences,
scénarios en essayant de trouver des scénarios sous-jacent, un rapport entre les
≠ éléments qui correspond à une sorte de récit symbolique.

À retenir :
Définition de l’imagologie
Discipline a évolué au cours du temps : approche imagotypique vers approche imagologique
Principes de cette approche imagologique : caractère construit de ces images et réciprocité
entre image de soi et image de l’autre.

Présentation d’Antonio Tabucchi


Antonio Tabucchi est né en 1943 et mort en 2012 à l’âge de 68 ans. Il est né dans une
famille de marchand de chevaux. Il fait des études de littérature, il voyage bcp en Europe
dont Paris  c’est ici qu’il découvre la traduction française du premier livre de Fernando
Pessoa qui est l’écrivain portugais le plus important du début du 20e siècle. Cela le fascine,
et c’est à cause de Pessoa qu’il va étudier la littérature du Portugal. De retour en Italie, il fait
des études sur la littérature portugaise  il écrit une thèse sur le surréalisme au Portugal, il
devient professeur de littérature portugaise. Avec son épouse il traduit l’œuvre de Pessoa.
De 1987 à 1990, il dirige l’institut culturel italien à Lisbonne. Il va situer bcp de ses œuvres
(nouvelles) au Portugal et après cette période où il y a vécu il publie des romans où tout se
passe là-bas. Par exemple, un roman historique (1994) Pereira prétend qui se situe dans la
Lisbonne de Saint-Lazard (régime de saint Lazard, dictature qui a tenu le Portugal jusque
dans les années 70) : roman historique mais qui parle aussi de l’actualité de façon indirecte,
c’est pris comme une prise de position de Tabucchi contre Berlusconi, il était caractérisé par
le fait d’avoir une influence médiatique énorme qui jouer en sa faveur d’un point de vue
politique. Tabucchi devient une sorte de symbole de cette opposition à Berlusconi. Un autre
roman Requiem (1992), situé à Lisbonne qu’il a écrit en portugais (n’a pas été traduit en
italien par lui mais a participé à la traduction)  auteur intéressant pour la littérature
comparée puisqu’il écrit en plusieurs langues. Il est membre fondateur du Parlement des
écrivains  il prend la défense d’écrivains militants engagés lorsque c’est nécessaire. Il a
écrit de nombreuses nouvelles, puis des romans cours / Dans une 2ème période qui
commence avec Pereira prétend il se lance dans des romans plus long. Il a un caractère
militant mais qu’il n’affiche pas directement, il essaie de leur faire passer dans ses histoires
 c’est une transposition littéraire délicate. Cette inspiration majeure par le Portugal d’une
certaine manière on la ressent dans Nocturne Indien qui est un livre sur l’Inde  ce qui joue
là-dedans c’est cette forme de mélancolie particulière qui s’appelle la « saudade » : une
mélancolie qui s’exprime particulièrement dans une sorte de musique, chant qui est le
« fado ». Cette « saudade » est une mélancolie associée à un sentiment portugais qui est
très nostalgique  c’est une nostalgie d’un ancien temps où le Portugal était une énorme
nation, un empire colonial très important donc nostalgie de cette splendeur perdue
La femme orientale dans la peinture française du XIXe siècle
Elle a connu la 1er guerre d’Algérie (guerre de colonisation en 1830)
Elle travaille comme une historienne
Assia Djebar, L’amour, la fantasia (1986)

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