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COURS MASTER IMPA

Génie de l’environnement :
Cycle, Qualité, et traitements des eaux

Module M17
Génie analytique environnemental-Procédés propres-
(Semestre 3)
(2023 / 2024)

Département de chimie Pr. L. BENNANI

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SOMMAIRE
Page
Introduction………………………………………………………………………4
Chapitre I : HYDROLOGIE ; CYCLE DE L’EAU………………........5
I-1- Répartition de l’eau sur terre……………………………………………........5
I-1-1- Eau et ses différents réservoirs……………………………………………...6
I-1-2- Moteur du cycle hydrologie………………………………………………….7
I-2- Précipitations atmosphériques…………………………………………………8
I-3- Interception……………………………………………………………………...9
I-4- Evapotranspiration……………………………………………………………...9
I-5- Circulation de l’eau souterraine……………………………………………….10
I-6- Infiltration et écoulements……………………………………………………...11
I-7- Bassin versant…………………………………………………………………...11

Chapitre II : COMPOSITION ET QUALITES DES EAUX………….13


II-1- Structure et propriétés de la molécule d’eau…………………………………13
II-2- Qualités des eaux……………………………………………………………….14
II-3- Origine des eaux………………………………………………………………..15
II-4- Principaux constituants des eaux usées……………………………………….15
II-4-1- Constituants physiques et propriétés physiques …………………………...15
II-4-2- Constituants chimiques et paramètres chimiques mesurés ……………….17
II-4-2-1- Constituants chimiques des eaux usées …………………………………..17
II-4-2-2- Paramètres chimiques mesurés des eaux usées ………………………….18
II-4-3- Constituants biologiques …………………………………………………….20
II-5- Charge polluante ……………………………………………………………….21
II-6- Normes pour une eau de consommation………………………………………21

Chapitre III : TRAITEMENT DES EAUX USEES………………….…..22


III-1- Principe du traitement des eaux usées ……………………………………….23
III-1-1- Différentes phases de traitement -terminologie- …………………………..23
III-1-2- Prétraitement ………………………………………………………………..25

2
III-1-3-Traitement primaire (physique) ………………………………………………25
III-1-4- Traitement secondaire (biologique)…………………………………………..26
III-1-4-1- Traitement biologiques aérobie …………………………………………….28
III-1-4-2- Traitement biologiques anaérobie ………………………………………….30
III-2- Procédés de traitement par cultures libres……………………………………...31
III-3- Procédés de traitement par cultures fixées……………………………………...31
III-4- Procédés de traitement par cultures mixtes ……………………………………32
III-5- Traitement de la pollution azotée………………………………………………..32
III-6- Traitement de la pollution phosphorée………………………………………….34
III-6-1- Principe du traitement biologique du phosphore ……………………………34
III-6-2- Principe du traitement physico-chimique du phosphore ……………………34
III-7- Traitement tertiaire ………………………………………………………………34

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INTRODUCTION
En étudiant les sources et le devenir des substances chimiques, d’origine naturelle et liées à
l’activité humaine, ainsi que leurs réactions dans l’atmosphère et les écosystèmes, la chimie
environnementale peut aider à mieux comprendre comment elles affectent la nature et à
proposer des solutions pour en maîtriser les effets.

Il existe de nombreuses définitions de la chimie environnementale. Pour certains, il s’agit


seulement de la chimie des processus naturels de la Terre, dans l’air, l’eau et le sol. Plus
communément, cela concerne principalement les aspects chimiques de problèmes que
l’humanité a créés dans l’environnement naturel. Une partie de ces infractions à la chimie
naturelle de notre planète est le résultat de l’activité de notre vie de tous les jours. De plus, à
travers les produits qu’ils créent, et les procédés par lesquels ils les fabriquent, les chimistes
ont eu un impact significatif sur la chimie de l’environnement.

La chimie a joué un rôle majeur dans les progrès de la société en rendant nos vies plus
longues, plus saines, plus confortables, et plus agréables. Les effets des produits chimiques
sont universels et dans de nombreux cas très positifs. Sans la chimie il n’y aurait pas de
produits pharmaceutiques, pas d’ordinateur, pas d’automobile, pas de télévision, pas de DVD,
pas de lampes, pas de fibres synthétiques. Cependant, à côté de toutes les avancées positives
apportées par la chimie, de fortes quantités de substances toxiques et corrosives ont été
produites et dispersées dans l’environnement. Historiquement, les chimistes n’ont pas, dans
l’ensemble, pris suffisamment garde aux conséquences de leurs activités.

Mais ce n’est pas seulement l’industrie chimique, ou même l’industrie dans son ensemble,
qui a émis des substances dans l’air, l’eau et le sol, qui est source de problèmes. La très forte
augmentation de la population et l’importante concentration humaine depuis la révolution
industrielle a saturé notre atmosphère en dioxyde de carbone et en composés toxiques, nos
eaux avec des résidus, et notre sol avec des déchets. Nous avons dépassé les capacités
naturelles de la planète à faire face aux déchets, et dans de nombreux cas nous n’en mesurons
pas les conséquences.

La citation d’Einstein qui ouvre ce cours fait référence à l’aube de l’âge nucléaire et des
menaces concomitantes de la guerre atomique. Aujourd’hui, les paroles d’Einstein sont tout
aussi appropriées à propos des effets sur la Terre, de notre consommation des ressources et de
la production de déchets. L’impact environnemental humain (I) peut être considéré comme
fonction de la population (P), de l’affluence (A), et de la technologie (T).

I=PxAxT

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CHAPITRE I : HYDROLOGIE - CYCLE DE L’EAU

Figure I-1- Cycle de l’eau.

I-1- Répartition de l’eau sur terre :

Le cycle hydrologique est un concept qui englobe l’ensemble des phénomènes liés aux
mouvements, pertes et renouvellements de l’eau sous toutes ses formes à la surface de la
planète.

Ce cycle se divise en trois étapes principales : une phase superficielle, une phase
souterraine et une phase atmosphérique qui sont principalement associées respectivement au
ruissellement de surface, aux circulations dans les aquifères et aux phénomènes
d’évapotranspiration et précipitations. Le temps de transfert à travers ces différentes
composantes pouvant être très différents.

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Cette définition implique que les mécaniques régissant le cycle hydrologique ne
surviennent pas seulement les uns après les autres, mais sont concomitants. Ainsi, le cycle
hydrologique est un mouvement continu de l’eau à travers les différents réservoirs terrestres.

Le cycle de l’eau est donc sujet à des processus complexes et variés parmi lesquels nous
citerons les précipitations atmosphériques, l’interception par la canopée, l’évapotranspiration
(constituée de l’évaporation et de la transpiration des végétaux), le ruissellement, les
écoulements souterrains, l’infiltration et les écoulements de surface au sein d’une unité
hydrologique : le bassin versant. Ces différents mécanismes sont rendus possibles par un
élément moteur, le Soleil.

I-1-1- Eau et ses différents réservoirs :

L’eau est presque aussi ancienne que notre planète et depuis sa formation son volume est
resté globalement stable. Ainsi, depuis le début, c’est toujours cette eau originelle qui circule
entre les principaux réservoirs : la mer, les continents et l’atmosphère. Cette eau, suivant les
conditions de pression et de température, peut se trouver sous trois états : solide (neige et
glace), liquide (eau pure ou chargée en solutés), gazeux (vapeur d’eau). Le passage d’une
forme à l’autre (changement de phase) s’accompagne d’échanges thermodynamiques avec le
milieu.

• L’eau salée et l’eau douce :

Les océans occupent une superficie à peu près égale à 70% de la surface du globe et
représente 97% de la masse totale de la biosphère. Cette eau salée n’est cependant pas
directement utilisable pour les besoins de l’homme, mais constitue un puissant régulateur
thermodynamique. Cela explique en grand partie les différents climats sur terre et en
particulier la répartition des précipitations à l’échelle locale et globale.

L’eau douce ne représente que 3% de l’eau totale sur la planète. Les trois quarts de cette
eau douce se présentent sous forme de glace piégée dans les calottes glaciaires ou les glaciers
continentaux. L’eau douce libre est piégée à 98,5% dans les aquifères souterrains.

Ainsi, 97% de l’eau est présente sous forme d’eau salée et moins de 1% représente de l’eau
douce. Cette proportion d’eau douce constitue une ressource ne nécessitant que peu de
traitements, avec une accessibilité plus ou moins aisée, une eau superficielle étant plus
facilement accessible qu’une eau souterraine, dans ce dernier cas, des installations sont
nécessaires sous forme de puits notamment.

• L’eau souterraine :

L’eau souterraine joue un rôle d’autant plus important que, dans une grande partie du
globe, les populations s’alimentent presque exclusivement en eau par l’intermédiaire de puits.
On doit cependant garder à l’esprit que plus de la moitié de l’eau souterraine se trouve à plus
de 800 m de profondeur et que son captage demeure en conséquence très difficile et
économiquement peu rentable.

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• L’eau superficielle :

Cette eau superficielle correspond principalement aux écoulements dans les fleuves et
rivières et les réserves d’eau des lacs pour moitié, à l’eau contenue dans les sols pour un quart
et enfin à l’eau contenue dans l’atmosphère et la biosphère. Les eaux continentales de surface
sont, à l’inverse des eaux souterraines, facilement accessible, mais sont donc susceptibles
d’être plus facilement polluées malgré l’effort fait depuis une vingtaine d’années pour en
améliorer la qualité.

I-1-2- Moteur du cycle hydrologie :

Le cycle hydrologie est gouverné par les changements de phase de l’eau. Ces changements
de phase et en particulier la vaporisation de l’eau liquide ou la fonte de l’eau solide,
impliquent un apport substantiel de chaleur. Cette chaleur provient exclusivement du soleil.

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I-2-Précipitations atmosphériques :

Sous le terme précipitations atmosphériques sont rassemblées toutes les eaux météoriques
qui tombent à la surface de la Terre que ce soit sous forme liquide (bruine, pluie, averse) ou
sous forme solide (neige, grésil, grêle), mais aussi les précipitations déposées ou occultes
(rosée, gelée blanche, grive,…). Les précipitations atmosphériques sont dues à un changement
de température ou de pression qui induit la transformation de la vapeur d’eau en eau liquide.

Il existe principalement trois grands types de précipitations :

➢ Les précipitations convectives résultent d’ascension rapide des masses d’air dans
l’atmosphère. Ces précipitations, en général orageuses, de courte durée (moins
d’une heure), de forte intensité et de faible extension spatiale, sont associées aux
cumulus et cumulonimbus, à développement verticale important pouvant aller
jusqu’à 6 km d’altitude, ces précipitations peuvent conduire à des événements
hydrologiques désastreux.

➢ Les précipitations frontales sont associées aux surfaces de contact entre les masses
d’air de température, de gradient thermique vertical, d’humidité et de vitesse de
déplacement différents, que l’on nomme fronts. Les fronts froids créent ainsi des
précipitations souvent brève, peu étendues et intenses alors que les fronts chauds
génèrent en général des précipitations longues, étendues, mais peu intenses. Ces

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précipitations sont associées aux nuages à développements horizontaux tels que les
stratus et les stratocumulus.

➢ Les précipitations orographiques sont liées à la présence d’une barrière


topographique particulière et ne sont pas, par conséquent, spatialement mobiles.
Les caractéristiques des précipitations orographiques dépendent de l’altitude, de la
pente et de son orientation, mais aussi de la distance qui séparent l’origine de la
masse d’air chaud du lieu de soulèvement. En général, elles présentent une intensité
et une fréquence assez régulières.

I-3-Interception

Parmi les éléments de perte qui interviennent lors de l’estimation d’un bilan hydrologique
d’un bassin versant, une partie non négligeable de l’eau des précipitations n’atteint pas le sol.
En effet, cette eau peut être interceptée par des obstacles au cours du trajet vertical mais aussi
horizontal de l’eau et en particulier par la végétation. Une partie de cette eau est directement
évaporée à partir de la plante ou absorbée par celle-ci. Une autre partie atteint le sol à travers
l’écran végétal par égouttage de la végétation. Une troisième partie circule le long des
branches et ruisselle ensuite sur les troncs avant d’atteindre le sol. On définit ainsi
l’interception I comme la fraction de l’eau qui n’atteint jamais le sol à savoir :

I = Pi – (Ps + Pt)
Avec :
I : Interception (mm) ;
Pi : Pluie incidente (mm) ;
Ps : Pluie, atteignant le sol, drainée au travers du couvert végétal (mm) ;
Pt : Pluie atteignant le sol par transfert le long des branches et des troncs (mm) ;
Les deux termes Ps et Pt constituent donc une pluie différée, mais pas une perte du point de
vue hydrologique.

Le rôle hydrologique de l’interception est multiple. D’une part l’eau qui ruisselle sur la
végétation assure le lessivage des dépôts secs qui ont pu s’y produire et les entraine dans le
sol : c’est un des mécanismes qui expliquent les pluies acides. D’autre part, le transit de l’eau
à travers la conopée en assure une distribution différente au niveau du sol, ce qui peut
modifier les conditions d’infiltration. Enfin et surtout, l’interception est à l’origine d’une
évaporation qui s’ajoute parfois de manière notable à l’évapotranspiration du bassin versant.

I-4- Evapotranspiration :

La notion d’évapotranspiration regroupe l’évaporation directe de l’eau du sol et la


transpiration par les plantes. Notons toutefois que sur un sol présentant une couverture
végétale, même partielle, les échanges par transpiration sont quantitativement plus importants
que les échanges par évaporation directe.

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A l’échelle de la planète, l’évapotranspiration correspond aux deux tiers des précipitations
alors que sous climat tempéré, elle correspond à la moitié environ des précipitations.

L’évaporation des surfaces d’eau libre ou des sols nus est fonction de deux principaux
facteurs : la vitesse du vent et la pression de vapeur d’eau dans l’air situé au-dessus de la
surface. En effet, la présence de vents permet la circulation et donc un renouvellement de l’air
situé au-dessus de la surface et plus la différence entre la pression de vapeur saturante sera
grande, plus l’évaporation sera importante. Ainsi, sous des conditions de température et de
pression données, l’évaporation est possible jusqu’à une limite supérieure qui n’est autre que
la pression de vapeur saturante, celle-ci croit avec la température.

L’évaporation à partir d’une surface d’eau libre dépend de sa profondeur, de son étendue
spatiale et de sa salinité tandis que l’évaporation à partir des sols nus dépend en particulier de
la teneur en eau et de sa capillarité.

I-5-Circulation de l’eau souterraine :

Les eaux souterraines constituent le réservoir d’eau douce le plus important au niveau
mondiale. Leur protection est une nécessité à la fois pour ses usages et pour sa valeur
environnementale et patrimoniale.

L’image que l’on se fait des eaux souterraines est souvent fausse. En effet, on croit que
l’eau s’écoule par des cours d’eau souterrains ou qu’elle se rassemble dans des lacs
souterrains. L’eau souterraine n’est pas seulement confinée à quelques canaux ou dépressions
de la même façon que l’eau de surface se concentre dans des cours d’eau et des lacs. Au
contraire, elle est presque omniprésente dans le sous-sol. On la trouve dans les interstices des
particules de roches et de sol, ou dans les crevasses et fissures des roches.

Les différents états de l’eau dans le sol :

Au sein d’un milieu poreux, l’eau peut se déplacer sous l’action de plusieurs forces et on
distingue classiquement l’eau dite « libre » de l’eau dite « liée ».

L’eau libre est située en dehors du champ d’attraction des particules solides du milieu
poreux. Les molécules d’eau se déplacent sous l’action de la gravimétrie ou bien sous l’action
de gradient de pression, de température ou de concentration.

En dessous d’une distance de l’ordre du micromètre (10-6 m), l’eau est dite « liée » c'est-à-
dire attachée à la surface des grains par des forces d’attraction moléculaire décroissantes avec
la distance. Cette eau liée est constituée d’une eau adsorbée qui ne peut se déplacer et d’une
eau pelliculaire qui elle est moins fortement liée et qui peut en particulier être le cas échéant
captée par les plantes. Elle ne peut en effet être extraite que par l’application d’une force de
succion supérieure à la force d’adhésion entre l’eau et le sol. Plus le taux d’humidité du sol
(pourcentage du volume total d’un bloc de sol occupé par l’eau) diminue, plus les forces
d’adhésion entre le sol et l’eau résiduelle sont importantes ; on parle de forces de succion du
sol. Le taux d’humidité correspondant au volume maximal d’eau qu’un sol peut retenir après
ressuyage (écoulement de l’eau gravitaire) est appelé par les agronomes capacité au champ.

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I-6- Infiltration et écoulements :

L’infiltration se définit comme le transfert de l’eau à travers les couches superficielles du


sol, lorsque celui-ci reçoit une averse ou s’il est exposé à une submersion.

L’eau d’infiltration remplit en premier lieu les interstices du sol en surface et pénètre
ensuite dans le sol sous l’action de la gravité et des forces de succion.

Dans un sol homogène, lorsque la surface du sol est submergée, le profil d’infiltration
présente une zone saturée de plusieurs millimètres sous la surface du sol, une zone proche de
la saturation appelé zone de transmission, et une zone d’humidification présentant un front au
gradient d’humidité très élevé. Au cours de l’infiltration, le front progresse en profondeur et
cette zone de transmission s’étale. L’estimation de l’importance du processus d’infiltration
permet de déterminer quelle fraction de la pluie va participer au ruissellement de surface et
quelle fraction va alimenter les écoulements souterrains et donc aussi participer à la recharge
des nappes souterraines.

Si l’on compare l’intensité de la pluie et la capacité d’infiltration d’un sol, il existe deux
possibilités :

• Tant que l’intensité de la pluie est inférieure à la capacité d’infiltration, l’eau


s’infiltre aussi vite qu’elle est fournie. Le régime d’infiltration est dans ce cas
déterminé par le régime d’alimentation. Le temps nécessaire pour égaler la
capacité d’infiltration est variable et dépend principalement des conditions
antécédentes d’humidité du sol et de l’averse.

• Lorsque l’intensité des précipitations est supérieure à la capacité d’infiltration du


sol, l’excédent d’eau s’accumule en surface ou dans les dépressions formant des
flaques, ou s’écoule suivant la topographie. Dans ce cas, on atteint le seuil de
submersion (ou temps de submersion) et on parle d’infiltration à capacité.

I-7- Bassin versant :

Le bassin versant est l’unité de base du cycle hydrologique puisqu’il constitue un système
théoriquement et hydrologiquement clos. Toute goutte d’eau qui pénètre à l’intérieur de ce
système via les précipitations doit donc en ressortir par son exutoire ou par
évapotranspiration.

Le bassin versant hydrologique est défini comme la totalité de la surface topographique


drainée en amont d’un point donné d’un cours d’eau. Il est entièrement caractérisé par son
exutoire, à partir duquel nous pouvons tracer le point de départ et d’arrivée de la ligne de
partage des eaux qui le délimite.

La forme du bassin versant et ses caractéristiques morphologiques vont influencer la


réponse hydrologique du bassin. Par exemple, une forme allongée favorise, pour une pluie

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donnée, un étalement de la crue, ceci en raison de temps d’acheminement de l’eau à l’exutoire
plus longs. A l’opposé, une forme plutôt ronde favorisera une crue rapide et intense du fait de
la concentration des écoulements à l’exutoire sur une période de temps courte.

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CHAPITRE II : COMPOSITION ET QUALITES DES EAUX

II-1-Structure et propriétés de la molécule d’eau :

Une molécule d’eau peut être représentée en trois dimensions sous la forme d’un tétraèdre
déformé. Les deux liaisons présentes dans la molécule, H–O–H, forment un angle de 104.5°
(au lieu de 109.5° dans un tétraèdre). La longueur de cette liaison O–H est de 0.096 nm (1 nm
= 10–9 m). Dans l’eau sous forme liquide, l’angle H–O–H est un peu plus grand, et la liaison
O–H un peu plus longue (0.10 nm) (figure II-1). La molécule d’eau se comporte comme un
dipôle. Le pôle oxygène, avec deux paires d’électrons libres, est charge négativement, tandis
que les deux atomes d’hydrogène représentent la charge positive du dipôle. Cette distribution
en charge inégale permet la formation d’associations entre molécules d’eau grâce à des
liaisons-hydrogène. L’énergie des liaisons H est de 10 à 50 fois plus faible que celles des
liaisons covalentes O–H. Dans la glace, ces associations sont souvent suffisamment fortes
pour que puisse se former une structure organisée entre molécules d’eau. Dans les eaux, une
partie de cette structure est conservée.

Les liaisons-hydrogène, et en partie le désordre tétraédrique, font que l’eau (en


comparaison avec d’autres liquides qui ne présentent pas de liaisons-hydrogène) possède des
propriétés particulières (tableau II-1). Les liaisons-hydrogène sont détruites lors de
l’évaporation.

La densité de l’eau est maximum vers 4 °C (figure II-1). C’est pourquoi l’eau se stratifie
différemment en hiver et en été.

Figure II-1 : Structure (a) de la molécule d’eau et (b) de l’eau avec les liaisons-hydrogène.

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Tableau II- 1 : Propriétés physiques de l’eau.

II-2- Qualités des eaux :

L’eau joue un rôle fondamental dans les différents équilibres ayant lieu sur Terre. Ceci est
dû à trois propriétés fondamentales :

• En tant que solvant, l’eau contribue fortement à la dissolution et à la présence de


composés minéraux dans la phase liquide en équilibre avec le substrat.
• En tant que réactif, l’eau intervient dans de nombreuses réactions chimiques avec
d’autres composées chimiques.
• En tant que vecteur, sous forme liquide, l’eau contribue au transport des composés
chimiques dissous dans l’eau, ainsi que sous forme de colloïdes ou particules.

La qualité de l’eau est un paramètre important qui touche à tous les aspects du bien être des
écosystèmes et de l’homme, tels que la santé d’une communauté, les denrées alimentaires à
produire, les activités économiques, la santé des écosystèmes et la biodiversité.

La qualité de l’eau est son aptitude à déterminer par ses caractéristiques physiques,
chimiques, biotiques ou organoleptiques, à servir à un usage défini ou à permettre le
fonctionnement d’un milieu aquatique.

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II-3-Origines des eaux usées :

Les eaux usées proviennent de trois origines à savoir :

• Les eaux usées domestiques qui se classent en deux familles :


-les eaux vannes ou eaux noires, issus des WC qui ont une forte teneur en azote organique et
ammoniacal, très riche en germes qui peuvent être pathogènes.
-les eaux usées ménagères ou eaux grises, issues des autres activités domestiques (cuisine,
salle de bain, lavage,…).

• Les eaux usées industrielles : En principe ces eaux ne devraient pas être admise dans
le réseau. La qualité des effluents dépend du type d’activité (industrie, service,…). Les rejets
doivent faire l’objet d’une autorisation et d’une convention (concentrations et débit
maximums) : industries agro-alimentaires, établissements hospitaliers, ateliers de traitement
de surface, blanchisseries industrielles, abattoirs…

• Les eaux de ruissellement : ces eaux résultent du ruissellement de la pluie sur les
surfaces imperméables. Leur charge est liée à la dégradation des revêtements de surface, la
pollution issue des véhicules à moteurs, la pollution atmosphérique, les débris végétaux, les
excréments d’animaux, les produits de lutte contre le verglas, les déchets divers, l’érosion des
zones perméables et des chantiers.

II-4- Principaux constituants des eaux usées :

On se propose de classer les différents constituants des eaux usées en trois catégories en
fonction de leur nature.

II-4-1- Constituants physiques et propriétés physiques :

Il s’agit essentiellement de la teneur en matières en suspensions et des propriétés physique


facilement observables permettant d’identifier, voire de quantifier, une pollution ou une
nuisance consécutive à une pollution (couleur, odeur, température,…)

Le paramètre physique le plus important à connaitre est la quantité totale de matière


contenue dans les eaux usées. Cette quantité est exprimée en unité de masse par unité de
volume et est composée de différentes fractions : les matières flottantes, les matières
décantables, les matières colloïdales et les matières solubles (dissoutes).

Globalement, les composés présents dans les eaux usées vont pouvoir se trouver dans deux
types d’état : soit sous forme de matières solides (matières en suspension sous forme de
particules de taille plus ou moins importante) soit sous forme solubles (ionique ou
moléculaire).

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✓ Les matières sèches (MS) :

La teneur en matières sèches (MS) inclut à la fois les matières en suspension et les sels
dissous. C’est le résidu sec appelé parfois « extrait sec ».

Les MS correspondent au résidu sec à 105°C et représentent alors l’ensemble des matières
(sels, matières organiques et minérales) présentent dans l’échantillon.

Le résidu sec correspond à la quantité de matières sèches restant au fond d’une capsule
après évaporation totale de l’échantillon à une température donnée.

Le résidu fixe, ou résidu sec à 550°C, correspond approximativement à la fraction minérale


des matières sèches. Par différence entre le résidu sec à 105°C et 550°C, on obtient les
matières volatiles (MV) qui permettent d’approcher la fraction organique des matières sèches.

✓ Les matières en suspension (MES) :


Les matières en suspension (MES) dans l’eau peuvent être de nature minérale ou
organique. Quand les eaux usées ou les boues sont peu concentrées, la masse de l’échantillon
ne doit pas prendre en compte la teneur en substance soluble dans l’eau. Deux méthodes de
séparation des matières en suspension peuvent alors être utilisées avant de mesurer les résidus
secs à 105°C et 550°C : la filtration ou la centrifugation.

✓ Les matières volatiles en suspension (MVS) :


Les MES comprennent une fraction minérale et une fraction organique. De même qu’avec
la méthode employée pour déterminer les MS, on détermine les résidus secs à105°C et à
550°C, mais à partir d’un échantillon filtré ou centrifugé. La mesure du résidu sec à 550°C
donne la valeur des MES minérales. Par différence avec la valeur des MES totales, on obtient
la valeur des MVS.

✓ Les autres paramètres physiques :

-La turbidité : la turbidité d’eau est due aux matières en suspension finement divisées.
L’appréciation de l’abondance de ces matières en suspension mesure son degré de turbidité
(inverse limpidité).

-La couleur : historiquement, la couleur ou l’aspect des eaux usées, ainsi que l’odeur, ont
été utilisés pour évaluer leur âge. Les eaux usées fraiches sont généralement d’une couleur
gris brun assez claire. Cependant, au fur et à mesure que le temps de séjour dans le système de
collecte augmente, et que des conditions anaérobies se développent, la couleur des eaux usées
change pour passer du gris au gris sombre et finalement au noir. Quand les eaux usées sont de
couleur noire, elles sont décrites comme septiques.

-La température : la température des eaux usées est générale supérieure à celle des eaux
alimentaires, du fait de l’apport de chaleur par les utilisations domestiques et industrielles. La
chaleur spécifique de l’eau étant bien plus élevée que celle de l’air, les températures des eaux

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usées sont, la majeure partie de l’année, supérieures à celle de l’air, sauf pendant les mois les
plus chauds de l’été.

La température de l’eau est un paramètre essentiel, puisque celle-ci a une influence sur les
équilibres chimiques et les vitesses de réaction, aussi bien chimiques que biologiques. Par
ailleurs, la concentration de saturation en oxygène dissous dans l’eau dépend fortement de la
température. La vie aquatique est donc fortement influencée par des changements de
température.

-Le potentiel d’oxydoréduction = la septicité : il renseigne sur l’état des eaux usées par
rapport à la présence d’oxygène (aérobie, anoxie, anaérobie) et leur degré de septicité. Ce
potentiel est mesuré par un couple d’électrodes constitué d’une électrode inattaquable
(platine, or) et d’une électrode de référence, généralement une électrode au calomel saturé de
KCL. Le potentiel mesuré par rapport à l’électrode au calomel doit ensuite être rapporté à
celui de l’électrode à hydrogène (EH). Les eaux usées fraîches ont un potentiel
d’oxydoréduction de l’ordre de 100 à 150 mV (EH). Un potentiel inférieur ou négatif
caractérise un milieu réducteur (eaux septiques, fermentations putrides, présence de
réducteurs chimiques). Un potentiel supérieur à 300 mV (EH) révèle un milieu oxydant
anormal. La septicité d’un effluant conduit à la formation de sulfures (S2-) et provoque le
dégagement d’hydrogène sulfuré (H2S).

-Le pH : le pH d’une eau est un paramètre important, de même que la température. Il va


jouer sur les équilibres chimiques et biologiques. De plus, il peut y avoir interaction ou
amplification de l’action d’autres polluants. C’est, par exemple, le cas avec l’ion ammonium
(NH4+) dont la toxicité est due à la fraction d’ammoniac (NH3).

-La conductivité : c’est la conductance d’une colonne d’eau comprise entre deux électrodes
métalliques de 1cm2 de surface et séparées l’une de l’autre de 1cm. Elle s’exprime en
Siemens/cm (S/m) ou (μS/cm). C’est un paramètre global mesuré simplement avec une sonde
conductimétrique. Il fournit une indication sur la concentration en sels dissous. Par
comparaison avec la conductivité de l’eau potable, il est ainsi possible de juger rapidement si
des apports importants, en particulier industriels ou de l’eau de pluie, ont lieu dans le réseau
d’assainissement.

II-4-2- Constituants chimiques et paramètres chimiques mesurés :

II-4-2-1- Constituants chimiques des eaux usées :

Ce sont des constituants dont l’impact en termes de pollution est lié essentiellement à des
réactions chimiques ou biochimiques. Les constituants chimiques se classent en deux
catégories :

✓ Les matières organiques : formées des éléments principaux C, H, O, N, P, S. on


distingue les lipides (composés essentiellement de C et H exemple : les huiles, graisses,

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certains savons), les glucides (composés essentiellement de C, H et O exemple : sucres ,
polysaccharides complexes), les protides (composés essentiellement de C, H, O et N), les
huiles et goudrons (d’origine naturelle mais le plus souvent artificielle), les détergents
synthétiques (très riche en phosphore), les pesticides (ils se retrouvent dans le réseau
d’assainissement, car ils sont stables et volatils) et les molécules organiques diverses (sont
éventuellement toxiques et/ou gênantes pour le traitement biologique : aldéhydes, cyanures,
organosoufrés).

✓ Les matières minérales : parmi lesquelles, on distingue :

• Les acides ou les bases d’origine industrielle (textiles, tanneries…).


• Les engrais minéraux comme les nitrates et les phosphates, extrêmement solubles,
responsable de la dystrophisation (eutrophisation d’origine anthropique) du milieu
récepteur.
• Les micropolluants : présent en faible dose dans l’eau usée domestique, mais à des
doses importantes dans certaines eaux usées industrielles, parmi lesquels des
métaux comme Hg, Cd, Cr, Cu, Ni, Pb, Zn, … ou des métalloïdes comme Se, As …

II-4-2-2- Paramètres chimiques mesurés des eaux usées :

On distingue trois types de pollution :

❖ La pollution carbonée : elle est caractérisée essentiellement par la demande en


oxygène qui lui est associée.

La DBO5, demande biochimique en oxygène sur 5 jours, représente la pollution carbonée


biodégradable. Sa détermination implique la mesure de la quantité d’oxygène dissous
consommé par des micro-organismes pour l’oxydation biochimique de la matière organique.

La DBO5 représente la quantité d’oxygène, exprimée en mg O2/L, qui est consommée dans
les conditions de l’essai (incubation de 5jours à 20°C et en obscurité) par des micro-
organismes aérobies lors de la dégradation des composés organiques biodégradables présents
dans l’échantillon.

La demande en oxygène représente le paramètre le plus utilisé pour caractériser la


pollution organique aussi bien, des eaux usées que les eaux de surface.

LA DCO, demande chimique en oxygène représente la totalité de la pollution carbonée


biodégradable et réfractaire à l’activité biologique. Elle représente tout ce qui peut être oxydé,
en particulier certains sels minéraux oxydables (sulfures, sulfites…) et la majeure partie des
composés organiques.

Le principe de mesure de la DCO est le suivant : l’équivalent en oxygène de la matière


organique, qui peut être oxydée, est mesuré en utilisant un oxydant fort en milieu acide. Parmi

18
les oxydants chimiques possibles, le dichromate de potassium est particulièrement adapté car
conduisant à des oxydations plus importantes. La réaction se fait en milieu acide, en présence
d’un catalyseur (Ag2SO4) et sous ébullition à reflux total.

L’analyse est très rapide (2 à 3 h) et bien plus précise que l’analyse de la DBO5. Une
corrélation peut être établie entre la DCO et la DBO5. De plus, par une méthode de
fractionnement adaptée, on peut évaluer la part de DCO biodégradable (rapidement et
lentement) et la part du DCO réfractaire (non biodégradable)

L’autre méthode d’évaluation de la quantité de matières organiques présentes dans l’eau


est la mesure du carbone organique total (COT), plus particulièrement applicable pour des
faibles concentrations en matières organique. Le test est réalisé par injection d’une quantité
connue d’échantillon dans un four à haute température ou dans un environnement oxydant. Le
carbone organique est oxydé en dioxyde de carbone (CO2) en présence d’un catalyseur. Le
CO2 produit est mesuré quantitativement par le biais d’un analyseur infrarouge.

L’intérêt majeur de la mesure du COT est, outre sa reproductibilité et sa précision, la


courte durée d’obtention du résultat (5 minutes environ, contre 2heures pour la DCO et 5
jours pour la DBO5.

❖ La pollution azotée :
L’ammoniaque entraîne la consommation de l’oxygène dissous et par ailleurs, sous sa
forme non ionisée (fonction du pH) il est toxique pour la faune piscicole.

Pour suivre l’évolution de l’azote tout au long d’un traitement, il est nécessaire de
connaître ses différentes formes. Les formes chimiques de l’azote recherchées dans les eaux
usées peuvent être réparties en deux grandes familles : les formes réduites et les formes
oxydées.

Les formes réduites correspondent principalement à l’azote organique, qui provient


notamment des déchets métaboliques (protéines, urée) d’origine humaine, et l’azote
ammoniacal (NH4+) qui est formé par ammonification des composés organiques azotés.

La somme de l’azote organique et ammoniacal peut être évaluée par la mesure de l’azote
Kjeldhal (NTK).

NTK = Norg + N-NH4+

Les résultats sont exprimés en mg de N par litre.

Cette grandeur n’inclut pas les composés oxydés de l’azote qui se trouvent de façon
marginale dans les eaux usées : il s’agit des nitrites (NO2-) et des nitrates (NO3-), produits de
la transformation chimique (oxydation) de l’azote réduit. Le suivi des nitrites est surtout des

19
nitrates, en cours du traitement, permet d’obtenir des informations sur le bon fonctionnement
des procédés de traitement, en particulier de nitrification et dénitrification.

L’ensemble de l’azote sous toutes ses formes (azote organique, azote ammoniacal, nitrites
et nitrates) est appelé l’azote global (NGL) :

NGL = Norg + N-NH4+ + N-NO2- + N-NO3-

Soit NGL = NTK +N-NO2- + N-NO3-

❖ La pollution phosphorée :

Le phosphore est mesuré soit sous forme de phosphore total (Ptot), soit sous forme de
phosphates (PO43-). La recherche des fractions minérales (phosphates issus des produits
lessiviels) et organique (d’origine humaine ou industrielle) permet de juger des conditions de
traitement biologique des effluents et des risques liés à la dystrophisation des eaux
réceptrices.

Parmi les composés minéraux contenant du phosphore, on distingue les phosphates et les
polyphosphates. Les polyphosphates peuvent être divisés en trois catégories : les
polyphosphates à structure linéaire, les métaphosphates à structure cyclique, les
ultraphosphates, qui sont des polyphosphates à chaîne longue et possédant plus de 70% de
P2O5. Enfin, les polyphosphates et les métaphosphates qui s’hydrolysent en orthophosphates,
et participent donc aux phénomènes de dystrophisation des eaux.

Le phosphore sous forme organique, a pour principale origine les composés de type
phosphoprotéines, phospholipides, nucléoprotéines, etc, présents dans toutes matière
organique et qui, après minéralisation par les micro-organismes, sont transformés en
orthophosphates assimilables à nouveau par la végétation et les insecticides phosphatés (esters
de divers alcools avec l’acide orthophosphorique et ses dérivés).

II-4-3- Constituants biologiques :

Les eaux usées transportent de nombreux micro-organismes dont certains sont pathogènes :
bactéries, virus, protozoaires, helminthes. Un micro-organisme est organisme vivant
unicellulaire ou à cellules non différenciées. On regroupe sous ce terme les espèces suivantes :
les algues ; les bactéries ; les virus. Les germes test les plus fréquemment utilisés sont les
coliformes fécaux (formés essentiellement d’Escherichia coli) et parfois des streptocoques
fécaux.

20
II-5- Charge polluante :

Equivalent Habitant (EH) : l’équivalent habitant est une notion théorique, établie sur la
base d’un grand nombre de mesures, qui exprime la charge polluante d’un effluent, quelle que
soit l’origine de la pollution, par habitant et par jour. La charge polluante rejetée par les
ménages, les industries, les artisans exprimée en EH, autrement dit une industrie de 100 EH
pollue autant que 100 personnes.

Un EH correspond à un rejet moyen journalier de 180 l d’effluent présentant une


charge de :

-90g de MES
-60g de DBO5
-135g de DCO
-9,9g d’azote total
-2g de phosphore total

Tableau II-2- : Evaluation du nombre d’équivalent- habitant correspondant à la charge


polluante contenue dans les eaux usées domestiques pour les différents équipements :

21
II-6- Normes pour une eau de consommation :

Pour une eau de consommation, les normes portent sur :

- La qualité biologique : l’eau ne doit pas contenir ni parasite, ni virus, ni pathogène.


- La qualité chimique : les substances chimiques autres que les sels minéraux font l’objet
de normes très sévères. Ces substances sont dites « indésirables » ou « toxiques ». Elles
sont recherchées à l’état de trace (millionième de gramme par litre). Ces normes sont
établies sur la base d’une consommation journalière normale, pendant toute une vie.
- La qualité physique et gustative : l’eau doit être limpide, claire, aérée et ne doit présenter
ni saveur ni odeur désagréable. Cependant, une eau qui ne satisfait pas pleinement à ces
critères ne présente pas forcément de risque pour la santé.

Tableau II-3 : Concentrations limites dans les eaux potables

22
Chapitre III : TRAITEMENT DES EAUX USEES :

Notion de pollution : Les milieux récepteurs des eaux usées domestiques ou industrielles
sont le sol (ou la nappe), les cours d’eau, les lacs et la mer. On définit un composé comme
polluant par rapport à la sensibilité intrinsèque du milieu (désoxygénation, risque de
dystrophisation, toxicité vis-à-vis de la faune, etc.), par rapport aux usages qui lui sont
associés (ressource en eau potable, utilisation industrielle ou agricole de l’eau, loisirs
nautiques, production aquacole, etc.) et enfin par rapport à l’altération de l’écosystème
aquatique.

Dans la notion de pollution, trois aspects importants doivent être retenus :

- Le fait qu’une pollution se traduise par une modification de l’état naturel du milieu
aquatique due à des activités humaines ;
- Le fait que cette modification du milieu aquatique conduise à une dégradation des
possibilités d’usage de l’eau par l’homme ;
- Le fait que cette pollution conduise à une altération d’un écosystème au-delà de l’usage
de l’eau par l’homme, notamment sur la biodiversité et sur la capacité « épuratoire » du
milieu aquatique.

Les facteurs directs ou indirects qui peuvent altérer la qualité de l’eau sont :
• Les activités humaines ou naturelles ;
• La pollution domestique ;
• La pollution agricole soit par le bétail soit industrielle ;
• La pollution naturelle (géologique, microbiologique).

La fréquence d’une pollution peut être :

• Chronique : addition continu de polluant ;


• Occasionnelle : accident, déversement de produits contaminants ;
• Cyclique : en relation avec les saisons et les pluies.

III-1- Principe du traitement des eaux usées :

III-1-1- Différentes phases de traitement – terminologie- :

Le traitement des eaux usées comprend plusieurs étapes de traitement avec une
terminologie spécifique pour décrire le type de traitement (physique, physico-chimique,
biologique), mais aussi la typologie des ouvrages associés à ces traitements. Un dispositif de
traitement complet sera composé d’une filière eau qui permettra de dépolluer l’effluent avant
son rejet dans le milieu naturel et d’une filière boue, plus ou moins complexe, dans laquelle le

23
résidu généré par la dépollution de l’effluent sera traité avant sa valorisation finale. (On ne
traitera dans ce cours que la filière eau).

Figure III-1-Les différentes phases de traitement –terminologie

La filière eau pourra comprendre :

- Un dispositif d’alimentation de la station avec l’effluent à traiter ;


- Un ouvrage de prétraitement ;
- Un traitement primaire, qui consiste à la rétention de la fraction insoluble contenu dans
l’effluent ;
- Un traitement secondaire, qui est toujours constitué d’un traitement biologique ;
- Un traitement tertiaire, positionné après le traitement secondaire biologique et
correspondant à une étape de finition (désinfection des eaux usées traitées ou traitement
poussé du phosphore).

La filière boue pourra comprendre :


- Un dispositif d’épaississement et de stockage ;
- Dans certain cas, un dispositif de stabilisation biologique par voie anaérobique des
boues ;
- Un dispositif de déshydratation et de stockage ;
- Dans certain cas, un dispositif de séchage, de compostage ou d’incinération des boues.

24
III-1-2- Prétraitement :

Le prétraitement consiste à retenir des déchets grossiers, des sables et des graviers ou des
matières flottantes contenus dans l’effluent et pouvant générer des dysfonctionnements
d’ordre mécanique ou biologique dans les phases ultérieures de traitement. Le prétraitement
peut comprendre un dégrillage grossier situé en amont du poste de relèvement, suivi d’un
dégrillage fin ou tamisage et enfin d’un ouvrage de dessablage et de dégraissage combiné. La
rétention des graisses est obtenue par l’insufflation d’air sous forme de fines bulles qui
favorisent la flottation des graisses, les sables étant retenus par simple décantation gravitaire.

III-1-3-Traitement primaire (physique) :

La pollution présente dans les eaux usées, une fois prétraitées, se compose d’une fraction
de pollution particulaire, d’une fraction de pollution colloïdale et d’une fraction de pollution
soluble qui n’ont pas été retenues par le dégrillage et par le dessablage-dégraissage. La
pollution particulaire pourra être retenue par décantation gravitaire sans réactif. La pollution
colloïdale pourra être retenue par décantation gravitaire avec réactifs (coagulant et floculant).
Enfin, la pollution soluble sera dégradée (transformée) que par voie biologique (intervention
de microorganismes).

L’objectif du traitement primaire est de retenir, par voie de décantation gravitaire, une
partie de la pollution particulaire (DCO, DBO5). Les matières en suspension (MES) ont une
densité légèrement supérieure à celle de l’eau. Cette propriété est utilisée pour retenir les MES
par simple décantation gravitaire dans un ouvrage (circulaire ou rectangulaire) appelé
décanteur primaire. Dans cet ouvrage, l’eau prétraitée séjourne environ 1 à 2 heures et cela
pour une charge hydraulique superficielle de l’ordre de 1,8 m3/m2/h sur le débit de pointe de
temps sec. L’eau décanté est reprise par surverse et dirigée vers le traitement biologique. Les
MES décantées et retenues au fond de l’ouvrage sont raclée, pompée est dirigées vers les
ouvrages de traitement des boues. Les MES ainsi retenues vont constituer les boues primaires.
On parle de décantation ou clarification, lorsqu’on cherche à clarifier un liquide (réduction de
la concentration en MES). On parle de sédimentation ou d’épaississement, lorsqu’on cherche
à former une boue concentrée (augmentation de la concentration en MES). La décantation
primaire a pour principaux objectifs de réduire la charge polluante sur le traitement secondaire
(traitement biologique), de protéger l’étage biologique contre la présence de filasses et de
sables, de protéger un réacteur biologique par culture fixées contre les risques de colmatage,
et de limiter les fluctuations en charges minérales sur le traitement secondaire lors
d’événements pluvieux importants.

Le traitement primaire sans réactif permet de retenir, par simple décantation gravitaire, une
fraction de la pollution particulaire des MES (dans les eaux usées, environ 67% des MES sont
décantables, les 33% restant sont les macrocolloïdes).

25
Aussi, si l’on cherche un rendement de rétention des MES plus élevé, on mettra en œuvre,
au préalable, une injection, dans l’effluent prétraité avant passage dans le décanteur primaire,
de deux réactifs :
- Un coagulant (sel de fer ou d’aluminium) qui aura comme effet principal la
neutralisation des charges électriques des colloïdes. Le coagulent est injecté dans une
cuve, en présence de l’effluent prétraité. La cuve est munie d’un agitateur occasionnant
une forte turbulence pour favoriser le mélange.
- Un floculant anionique (polyélectrolyte ou polymère anionique de charge négative) qui
aura un effet d’agglomérer et de densifier les particules colloïdales et donc augmenter
leur vitesse de chute.

La décantation primaire avec réactifs est appelée décantation primaire physico-chimique.

Sur une eau usée à dominante domestique, les performances obtenues en décantation
physico-chimique (avec réactifs) seront variables, selon le dosage en coagulent (40 à 200
mg/L en chlorure ferrique commercial) et en floculent (0,25 à 1 mg/L en polymère anionique)
et du rapport MES/DBO5 : 80 à 90% des MES, 50 à 55% de la DCO, 55 à 60% de la DBO5,
10 à 20% du NTK et 40 à 60% du Ptot (suivant le dosage en coagulant).

III-1-4- Traitement secondaire (biologique):

Le traitement secondaire ou traitement biologique est rendu indispensable pour


biodégrader (dépolluer-transformer) la fraction soluble carbonée, mais aussi azotée. Cette
étape de traitement intervient soit après le prétraitement (absence du traitement primaire), soit
après le traitement primaire (présence du traitement primaire) dans un ouvrage spécifique
appelé réacteur biologique. Dans cet ouvrage, la pollution (substrat au sens de nourriture pour
les bactéries) est mise en contact avec une masse plus ou moins importante de bactéries,
appelées à se développer (naissance, vie, mort) selon deux types d’habitats :

- Des bactéries agglomérées, sous forme de suspension dans l’eau interstitielle (floc
biologique), pour former la famille des procédés biologiques appelée « cultures libre ».
- Des bactéries agglomérées et accrochées à un support minéral ou organique (biofilm
biologique), pour former la famille des procédés biologiques appelée « cultures
fixées ».

Cette agglomération de bactéries est appelée biomasse. La croissance de cette biomasse


nécessite le respect, dans le réacteur biologique, de certaines conditions physico-chimiques
(oxygène, pH, température, etc.).

Le traitement biologique permet de transformer la matière polluante biodégradable,


contenue dans les eaux usée (prétraitée ou prédécantée), en boue biologique (synthèse
cellulaire) contenant des microorganismes, des sous-produits de dégradations (métabolites),
des déchets inertes (matières minérales) ou réfractaires (matières organiques particulaires non
biodégradables). Cette boue biologique sera retenue, dans l’étage biologique, par un

26
séparateur de phases (décantation ou clarification secondaire, filtration sur support, filtration
par membrane, flottation). La biodégradation peut être réalisée par voie aérobie (présence
d’oxygène dans le milieu réactionnel), ou par voie anaérobie (absence de toute forme
d’oxygène dans le milieu réactionnel). En effet, la classification (type de substrats associés à
des types de bactéries et à un mode nutritionnel) des processus biologiques se fait selon la
présence ou non de l’oxygène.

QUELQUES NOTIONS SUR LES BACTÉRIES

- Mode respiratoire : Selon leur besoin en oxygène, on définit plusieurs classes de


bactéries :
• Les bactéries aérobies : elles ont besoin d’une teneur en O2 voisine de la pression
partielle de l’O2 dans l’atmosphère ;
• Les bactéries anaérobies : l’oxygène leur est toxique. Elles se développent en
milieu très réducteur ;
• Les bactéries aéro-anaérobies facultatives : elles peuvent vivre indifféremment en
présence ou en absence d’oxygène.

- Mode de reproduction : les bactéries sont des organismes asexués et leur reproduction
se fait par division cellulaire. Une cellule, appelée cellule mère, va donner naissance à
deux cellules identiques, appelées cellule filles, qui à leur tour deviennent mères. Il
s’agit d’un mode de reproduction binaire ou par scissiparité. Dans des conditions
optimales, et pour certaines espèces, le temps que met une cellule mère pour générer
deux cellules filles est de l’ordre de 20 min et pour les bactéries hétérotrophes, et de
l’ordre de 15 h pour les bactéries autotrophes-nitrifiantes.

- Composition bactérienne : le principal composant est l’eau, qui représente environ


80 % du poids de la bactérie. L’analyse sur un poids sec donne les résultats suivants :
carbone : 50 %, azote :15 %, hydrogène :10 %, oxygène : 20 %, phosphore : 3 %,
soufre, Mg2+, Mn2+, Zn2+, Cr, Na+, K+. Formule approchée de la matière vivante :
C5H7NO2.

- Besoins nutritifs : les bactéries sont des organismes vivants qui ont besoin de trouver,
dans leur environnement, tous les éléments qui constituent leur structure cellulaire,
c’est-à-dire : C, H, O, N, P. Pour utiliser leur nourriture, les bactéries fabriquent des
enzymes qui vont permettre la dégradation des macromolécules et leur transformation
en molécules plus simples. Il existe deux types d’enzymes :

• Les enzymes exocellulaires, qui sont excrétée en dehors de la cellule et vont


permettre de fractionner les grosses molécules en molécule plus petites capables de passer la
membrane bactérienne ;
• Les enzymes endocellulaires, qui restent à l’intérieur de la cellule et
transforment les petites molécules pour les besoins nutritionnels et énergétiques de la bactérie.
27
Les enzymes étant des molécules biologiques -ce sont des protéines- elles sont sensibles
aux facteurs physico-chimiques (pH, température, salinité, etc.). Au cours de leur croissance,
les bactéries reconnaissent les molécules qui les entourent et produisent les enzymes
spécifiques permettant de les dégrader.

III-1-4-1- Traitement biologiques aérobie :

Le traitement biologique des eaux usées à dominante domestique est principalement


effectué par voie aérobie. Suivant la nature physique de la pollution carbonée, nous assistons
à deux processus biologiques, enclenchés par les bactéries :

- La fraction de la pollution carbonée soluble biodégradable est directement assimilée


par les bactéries par pénétration à travers la membrane et stockage intracellulaire
(absorption). Elle correspond à la pollution carbonée rapidement biodégradable.
- La fraction de la pollution carbonée colloïdale et particulaire sera assimilée par les
bactéries en quatre étapes : l’adsorption (adhérence dans l’environnement extérieur
immédiat de la bactérie), puis la synthèse d’enzymes exocellulaires adaptées, puis la
solubilisation des fractions colloïdales et particulaires par hydrolyse enzymatique et
enfin, la pénétration (absorption) correspondant au stockage intracellulaire. Ces deux
fractions, colloïdale et particulaire, correspondent à la pollution carbonée lentement
biodégradable.

En conclusion, les bactéries assimilent (biodégradent) les pollutions carbonée et azotée,


essentiellement sous forme soluble et les transforment en biomasse (synthèse cellulaire),
c’est-à-dire en solide. Les fractions de pollution particulaire et colloïdale doivent subir une
hydrolyse enzymatique (enzyme exocellulaire) afin d’être solubilisées et absorbées sous
forme de stockage intracellulaire. En d’autre terme, le processus biologique de traitement des
eaux usées « transfère » la pollution sous forme soluble et la concentre sous forme solide
(boues biologique correspondant à la synthèse cellulaire et donc à l’accroissement de la
biomasse).

Le principe des réactions aérobies entretenues dans le réacteur biologique est schématisé
par la figure suivante :

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Figure III-2

Le métabolisme bactérien aérobie : Les bactéries ont besoin d’énergie, qu’elles tirent des
réactions d’oxydoréduction. Ces réactions nécessitent, à la fois, la présence d’un réducteur-
source d’énergie et donneur d’électrons (matières organiques et minérales) – et d’un oxydant-
accepteur d’électrons (oxygène, substances minérales oxydées).

Les mécanismes réactionnels du métabolisme bactérien aérobie sont régis par trois
réactions fondamentales :
• Le catabolisme – production d’énergie :

C7H11NO3 + 7,5 O2 7 CO2 + 4H2O + NH3 + énergie (ATP)

Matières organiques + microorganismes + O2 énergie

Energie sous forme d’ATP adénosine triphosphate.

• L’anabolisme – synthèse de la matière vivante :

5 C7H11NO3 + 8 NH3 +2,5 O2 + énergie 7 C5H7 NO2 + 6 H2O

Matière organiques+ microorganismes + O2 + énergie synthèse de la matière vivante

• L’auto-oxydation – minéralisation de la matière vivante (respiration endogène) :

C5H7 NO2+ 5 O2 5 CO2 + NH3 + 2 H2O + métabolites réfractaires

29
Remarque : Les bactéries ont donc besoin d’eau, de sources d’énergie, de source de carbone,
d’azote, de phosphore et de sels minéraux.

Les sources d’énergie (donneur d’électrons) :

- phototrophe ou photosynthétique (algues…) ;

- oxydation d’une substance minérale (NH4+ : bactéries chimio-lithotrophes) ;

- oxydation d’une substance organique (carbone organique : bactéries chimio-organotrophes).

Les sources de carbone pour la synthèse cellulaire sont :

- le carbone minéral (CO2 ou HCO3-) : bactéries de type autotrophe ;

- le carbone organique : bactéries de type hétérotrophe.

Les bactéries impliquées dans le traitement et la biodégradation de la pollution carbonée


sont les bactéries hétérotrophes (chimio-organotrophes). Elles utilisent à la fois le carbone
organique comme source d’énergie (catabolisme) et comme source de carbone pour la
synthèse cellulaire (anabolisme). Ces bactéries hétérotrophes (pseudomonas) participent à la
biodégradation de la pollution carbonée en milieu aérobie et en milieu anoxique
(dénitrification). Le métabolisme bactérien hétérotrophe induit un temps de génération ou de
duplication très court, de l’ordre de 30 à 60 min.

Les bactéries impliquées dans le traitement et la biodégradation de la pollution azotée sont


les bactéries autotrophes (chimio-lithotrophes). Ces bactéries autotrophes (bactéries
nitrifiantes : Nitrosomonas et Nitrobacter) participent à la biodégradation de la pollution
azotée (nitrification) en milieu aérobie strict. Le métabolisme bactérien autotrophe induit un
temps de génération ou de duplication très long de l’ordre de 15 à 20heures. De plus, ce temps
de génération est fortement influencé par les conditions physico-chimiques du milieu
réactionnel (température, taux d’oxygène, pH, etc.).

Deux autres substances sont nécessaires pour la synthèse cellulaire : l’azote et le


phosphore. Les bactéries vont puiser dans l’effluent à traiter une quantité suffisante d’azote et
de phosphore par assimilation. Les quantités nécessaires sont dans le rapport DBO5/N/P =
100/5/1. Pour biodégrader 100 kg de DBO5, les bactéries ont besoin de 5 kg d’azote (sous
forme de N-NH4+) et 1 kg de phosphore. Dans le cas d’un effluent carencé en N et P (cas des
effluents agro-alimentaire), il y a lieu d’injecter, dans le réacteur biologique, une quantité
suffisante de nutriments (urée, acide phosphorique).

III-1-4-2- Traitement biologique anaérobie :

Le traitement biologique anaérobie est réservé aux effluents agro-alimentaires. En effet,


compte tenu des conditions opératoires (faible cinétique de biodégradation, temps de séjour
hydraulique suffisant), ce type de traitement est particulièrement adapté aux effluents
concentrés (DCO supérieur à 4 g/L), rapidement biodégradables (La DCO biodégradable est
essentiellement sous forme soluble), ce qui correspond aux caractéristiques des effluents agro-

30
alimentaires (brasseries, jus de fruits, laiterie…). Le traitement biologique anaérobie des
effluents est appelé fermentation méthanique ou méthanisation en phase aqueuse. Il constitue
très souvent le premier étage de traitement avant une finition par un procédé biologique
aérobie.

Le métabolisme bactérien anaérobie (méthanisation) se décompose en quatre phases :

- L’hydrolyse : dans un premier temps, les molécules organiques à haut poids molaire
(lipides, glucides et protides) sont hydrolysées par des bactéries hydrolytiques en
monomères de faible masse molaire (acides aminés, acides gras longue chaîne, sucres
simples comme le glucose). L’hydrolyse est la seule étape extracellulaire.
- L’acidogénèse (fermentation) : ces produits hydrolysés sont transformés par des
bactéries acidogènes en acides gras volatils (acides propionique, butyrique et acétique),
en composés neutres (éthanol), en produits gazeux (CO2, H2) et en ammonium. Cette
phase du processus à pour incidence une acidification du milieu réactionnel.
- L’acétogénèse des acides gras : les produits de l’étape d’hydrolyse et de fermentation
sont transformés en acétates, CO2 et H2, par des bactéries acétogènes.
- La méthanogénèse : cette dernière phase, qui correspond à la méthanogénèse, va
conduire à une gazéification par la production de biogaz, sous forme de CO2 et CH4.
Deux voies métaboliques sont impliquées dans la méthanogénèse :
• La méthanogénèse acétotrophe (l’acétate est converti en méthane et dioxyde de
carbone : cette voie représente 70% de méthane produit) ;
• La méthanogénèse hydrogénotrophe (les bactéries hydrogénotrophes réduises le
dioxyde de carbone avec l’hydrogène pour former du méthane et de l’eau : cette
voie représente environ 30% du méthane produit.

La méthanisation d’un effluent concentré et rapidement biodégradable (DCO soluble) est


un procédé biologique se déroulant en absence d’oxygène, et au cours duquel la matière
organique est convertie en biogaz (composé principalement de CH4 et de CO2) et en faibles
quantités de boues biologiques spécifiques. Les avantages de ce type de procédé sont la
production d’un sous-produit valorisable en énergie (biogaz), le faible coût d’exploitation
(absence d’apport en oxygène) et une très faible production de boues biologiques.

III-2- Procédés de traitement par cultures libres :

Les cultures libres : On appelle procédé biologique aérobie de type cultures libres, un
procédé biologique dans lequel on provoque le développement d’une culture bactérienne
dispersée et en suspension, sous forme de flocs au sein du liquide à traiter, tous deux contenus
dans une cuve appelé « réacteur biologique ».

III-3- Procédés de traitement par cultures fixées :

Les cultures fixées : On appelle procédé biologique aérobie de type cultures fixées, un
procédé biologique dans lequel le développement d’une culture bactérienne, accrochée sur un

31
support fixe ou mobile, sous forme de biofilm, est favorisé. Ce biofilm est régulièrement
« arrosé » de bas en haut ou de haut en bas par l’effluent à traiter.

III-4- Procédés de traitement par cultures mixtes :

C’est la combinaison dans un même réacteur d’une culture fixée et d’une culture libre,
pour former une culture mixte. Ce procédé permet, dans un même réacteur, la coexistence de
bactéries sous forme de flocs en suspension et de bactéries fixées sous forme de biofilm sur
un support ou média en matière synthétique (polyéthylène), avec un taux de remplissage
allant jusqu’à 70%. Les supports sont maintenus en mouvement, soit par une aération par
insufflation d’air, soit par une agitation mécanique. Une grille positionnée en sortie du
réacteur, permet de maintenir les supports dans le réacteur biologique. Une séparation de
phase (clarificateur ou flottateur) est nécessaire en aval du réacteur biologique pour retenir le
biofilm, décroché des supports, et la biomasse libre.

III-5- Le traitement de la pollution azotée :

Les deux bactéries, les plus importantes dans le sol, Nitrosomonas, oxyde l’ion ammonium
en nitrite et Nitrobacter oxyde le nitrite en nitrate. Ce processus d’oxydation biologique de
l’ammonium est appelé « nitrification ». La réduction du nitrate est dénommée
« dénitrification ».

Le traitement de l’azote par voie biologique fait intervenir quatre phénomènes :

➢ L’ammonification ou transformation de l’azote organique en azote ammoniacal ;


➢ L’assimilation ou utilisation d’une partie de l’azote ammoniacal et
éventuellement organique pour la synthèse bactérienne ;
➢ La nitrification ou oxydation de l’ammonium ou (azote ammoniacal) en nitrites
puis en nitrates ;
➢ La dénitrification réduction des nitrates en azote gazeux.

L’ammonification est l’étape limitante pour enclencher la nitrification. La nitrification par


voie biologique n’est possible qu’à partir de la forme ammonium. L’azote non ammonifié
constituera la fraction réfractaire, environ 3% d’azote soluble et d’azote particulaire. La
nitrification s’effectue en deux étapes :

• La nitritation ou l’oxydation de l’azote ammoniacal (NH4+) en azote nitreux ou


nitrite (NO2-) par des bactéries autotrophes du genre Nitrosomonas. La transformation
chimique de l’azote ammoniacal s’écrit comme suit :

NH4+ + 1,5 O2 NO2- + H2O + 2 H+

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• La nitratation ou l’oxydation de l’azote nitreux (nitrite) par des bactéries
autotrophes du genre Nitrobacter en azote nitrique ou nitrate (NO3-). L4équation chimique
s’écrit par l’équation suivante :

NO2- + 0,5 O2 NO3-

Les bactéries autotrophes nitrifiantes sont des bactéries aérobies strictes, elles sont
sensibles au pH et à la température du milieu réactionnel. De plus, la réaction de nitrification
consomme de l’alcalinité (les eaux faiblement tamponnées provoquent une baisse de pH
pouvant inhiber la nitrification. Enfin, la grande particularité des bactéries autotrophes
nitrifiante est d’avoir un taux de croissance faible par rapport aux bactéries hétérotrophes (les
temps des bactéries Nitrosomonas, Nitrobacter et pour les bactéries hétérotrophes sont
respectivement de l’ordre de 16 h, 23 h et 30 min). Cette particularité aura une conséquence
importante sur les dimensionnements du réacteur biologique.

La dénitrification est le processus par lequel les bactéries hétérotrophes (de type
Pseudomonas) réduisent l’azote nitrique (nitrate) en azote gazeux (N2).

Dans le processus de dénitrification, l’azote nitrique en l’absence d’oxygène libre (milieu


anoxique) est utilisé comme accepteur d’électrons dans l’oxydation du substrat carboné. Le
donneur d’électron sera, de préférence, le carbone organique présent dans l’effluent à traiter.

Les conditions pour assurer une dénitrification sont la présence, en quantité suffisante, de
carbone organique biodégradable, un milieu anoxique (présence de nitrates et absence
d’oxygène libre) et la présence d’une biomasse hétérotrophe.

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III-6- Traitement de la pollution phosphorée :

Le traitement du phosphore ou déphosphatation dans les stations de traitement des eaux


usées peut être réalisé soit par précipitation physico-chimique du phosphore soluble (l’ion
phosphate ou orthophosphates), soit par couplage d’un traitement biologique du phosphore
associé à une précipitation physico-chimique de finition. Le principe de la déphosphatation
dans l’eau usée consiste à faire passer la forme soluble du phosphore (PO43-) en forme
insoluble inorganique, par précipitation, et contenue dans la boue biologique (traitement
physico-chimique strict), ou par une suraccumulation intracellulaire au-delà des besoins
métaboliques (traitement biologique du phosphore).

III-6-1- Principe du traitement biologique du phosphore :

Le phosphore représente, pour la cellule, le moyen de stocker de l’énergie sous forme de


liaisons P-P. Les accumulateurs classiques de ces liaisons sont les adénosines tri, di et
monophosphates (ATP, ADP et AMP). L’accumulation d’énergie lors des réactions du
métabolisme bactérien se traduit donc par la production d’ATP.

La déphosphatation biologique est liée à l’émergence de population bactériennes possédant


un métabolisme capable d’utiliser les conditions particulières d’une alternance de conditions
anaérobie et aérobie pour stocker de l’énergie, entraînant un accroissement du pourcentage de
phosphore présent dans la biomasse.

III-6-2- Principe du traitement physico-chimique du phosphore :

La précipitation physico-chimique du phosphore est réalisée par l’injection de sels


métalliques, soit en pré-précipitation (au niveau du décanteur primaire), soit en précipitation
dite simultanée (au niveau du traitement secondaire- réacteur biologique) soit, enfin, en post-
précipitation (traitement tertiaire).

Les réactifs les plus couramment utilisés sont les chlorures ferrique (FeCl3), le
chlorosulfate ferrique (FeClSO4), l’aluminate de sodium (Na2OAl2O3) ou les polychlorures
d’alumminium (Al(OH)xCl6-x).

En fonction du rendement recherché sur l’élimination du phosphore soluble, le dosage en


réactif nécessite un surdosage en sels métalliques par rapport à la stœchiométrie. Il s’ensuit la
production d’une masse de boue physico-chimique supplémentaire, qui sera constituée
d’orthophosphates métalliques insolubles et d’hydroxydes métalliques insolubles.

III-7- Traitement tertiaire :

La mise en œuvre d’un traitement tertiaire dans une filière eau aura pour principal objectif
soit une désinfection des eaux usées après traitement par voie biologique, soit un traitement
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du phosphore. Dans les deux cas, ce traitement consiste à réduire considérablement la
concentration en MES dans l’effluent traité, par filtration sur sable ou par décantation
lamellaire physico-chimique. Des travaux ont permis d’évaluer les performances
d’élimination des micropolluants par certains traitements spécifiques : traitement par
oxydation (ozone, chlore, UV), filtration membranaire (ultrafiltration, nanofiltration, osmose
inverse), adsorption sur charbon actif.

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