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Analyse Commentée de l'AUPSRVE
Analyse Commentée de l'AUPSRVE
Le 17 octobre 1993, quatorze (14) pays de la zone franc dont le Mali, ont signé à Port-
Louis (Ile Maurice), le traité relatif à l'Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique.
Ce traité a mis en place une organisation dénommée Organisation pour l'Harmonisation
en Afrique du Droit des Affaires (OHADA).
L'article premier du traité précise l'objectif visé par ses signataires. Il s'agit pour les
Etats membres de l'organisation, d'élaborer et d'apporter des règles communes simples,
modernes et adaptées à leur situation économique.
C'est pour atteindre cet objectif que l'OHADA a conçu déjà de nombreux actes
uniformes, dont celui consacré aux procédures simplifiées de recouvrement et voies
d'exécution.
Pour la présentation, nous suivrons tout simplement le cheminement des auteurs de
l'acte uniforme, en exposant dans une première partie, les procédures simplifiées de
recouvrement, et dans une deuxième partie, les voies d'exécution.
PREMIERE PARTIE :
LES PROCEDURES SIMPLIFIEES DE RECOUVREMENT.
I/ - Conditions.
La procédure est ouverte à toute personne titulaire d'une créance certaine, liquide et
exigible, selon les dispositions de l'article 1er de l'acte uniforme.
L'article 2 ajoute que la créance doit avoir une cause contractuelle ou résulter d'un
engagement fondé sur l'émission ou l'acceptation de tout effet de commerce ou d'un chèque
dont la provision s'est révélée inexistante ou insuffisante.
Il est à noter que l'acte uniforme ne fixe pas de plafond quant au montant de la créance.
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Décret N° 94-226 – RM du 28 juin 1994 portant Code de Procédure Civile Commerciale et Sociale.
II/ - Procédure.
Elle commence par une requête adressée à la juridiction compétente, qui est celle du
domicile du débiteur ou du lieu où il demeure effectivement.
La requête est déposée ou adressée au greffe de la juridiction. Elle doit contenir les
mentions énumérées à l'article 4 de l'acte uniforme. Elle doit également être appuyée par des
documents justificatifs, en originaux ou en copies certifiées conformes.
Le Président de la juridiction saisie peut accueillir favorablement la requête, si les
conditions exigées par loi sont remplies. Il prend à cet effet une ordonnance portant injonction
de payer pour la somme qu'il fixe.
Si le juge rejette en tout ou en partie la requête, sa décision est sans recours pour le
créancier, qui peut toujours engager une instance normale en réclamation de sommes.
La décision portant injonction de payer doit être signifiée au débiteur, dans les
conditions fixées à l'article 7 de l'acte uniforme.
Elle est non avenue si cette signification n'intervient pas dans les trois (3) mois de sa
date.
L'exploit de signification de la décision portant injonction de payer doit contenir les
mentions obligatoires énumérées par l'article 8 de l'acte uniforme.
Le recours ouvert contre l'ordonnance d'injonction de payer est l'opposition. Elle est
formée dans les quinze (15) jours qui suivent la signification de la décision, par acte
extrajudiciaire. Le délai peut être augmenté éventuellement par des délais de distance.
En l'absence de signification à la personne du débiteur, celui-ci pourra exercer son
recours jusqu'à l'expiration du délai de quinze jours suivant le premier acte signifié à
personne, ou à défaut, suivant la première mesure d'exécution ayant pour effet de rendre
indisponible en tout ou en partie les biens du débiteur (article 10).
L'opposant doit signifier son recours à toutes les parties et au Greffe de la juridiction qui
a rendu l'ordonnance d'injonction de payer ; il lui appartient enfin, d'assigner le créancier
devant la juridiction compétente.
Avant de statuer, celle-ci tente une conciliation des parties. En cas de conciliation, un
procès-verbal est établi.
Si la tentative de conciliation échoue, la juridiction saisie statue sur la demande en
recouvrement, par une décision qui aura les effets d'une décision contradictoire, même en
l'absence de l'opposant (art.12).
La décision rendue sur opposition est susceptible d'appel dans les conditions du droit
national de chaque Etat, dans un délai de trente (30) jours (art.15).
Enfin, en l'absence d'opposition dans le délai requis ou en cas de désistement du
débiteur qui a formé opposition, le créancier peut demander l'apposition de la formule
exécutoire sur l'ordonnance d'injonction de payer, qui produit alors tous les effets d'un
jugement contradictoire. Elle ne sera plus susceptible d'appel après l'apposition de la formule
exécutoire.
La demande aux fins d'apposition de la formule exécutoire est adressée au Greffe, soit
par écrit soit verbalement par le créancier.
L'ordonnance d'injonction de payer est non avenue si la demande d'apposition de la
formule exécutoire n'est pas faite dans les deux (2) mois suivant l'expiration du délai
d'opposition ou de désistement du débiteur.
Un registre des injonctions de payer est ouvert au Greffe de chaque juridiction.
I - L'autorité judiciaire.
L'acte uniforme fait intervenir le juge, soit pour autoriser une saisie conservatoire, soit
pour délivrer un titre exécutoire, ou encore pour statuer sur les différents incidents de saisie.
Sur le plan de la compétence d'attribution, ce juge peut être le Président du Tribunal de
Première Instance ou le Président du Tribunal de Commerce. Généralement, c'est la formation
des référés qui est la plus sollicitée.
Enfin, il convient de signaler que l'acte uniforme n'instaure pas, comme dans la
législation française, un juge de l'exécution.
A - Le créancier.
Le droit de saisie appartient à tout créancier, qu'il soit chirographaire, hypothécaire ou
privilégié. C'est ainsi qu'un simple créancier chirographaire peut pratiquer une saisie sur un
bien faisant l'objet d'un gage. La référence entre les deux créanciers – chirographaire et
gagiste – n'interviendra qu'après la vente par rapport à la distribution du produit de cette
vente.
B- Le débiteur.
Tout débiteur peut faire l'objet de poursuite, sauf celui qui bénéficie d'une immunité de
saisie (art. 30).
L'immunité de saisie est une manifestation de l'immunité d'exécution. Les personnes
bénéficiant de cette immunité sont désignées par les lois nationales.
Par rapport à l'Etat, qui bénéficie de la même immunité, l'alinéa 2 de l'article 30 de
l'Acte Uniforme dispose que des dettes certaines, liquides et exigibles des personnes morales
publiques ou des entreprises publiques, quelles qu'en soient la forme et la mission, donnent
lieu à compensation avec les dettes également certaines, liquides et exigibles dont quiconque
sera tenu envers elles, sous réserve de réciprocité.
Si le créancier et le débiteur sont des acteurs importants dans la saisie, au même titre
que l'huissier de justice ou le juge, il faut noter que les règles de l'exécution forcée font
intervenir bien souvent des tiers. Les conditions de cette intervention seront définies dans
l'examen des différentes saisies.
I - Le principe de la saisissabilite.
L'article 50 frappe de saisissabilité les biens du débiteur ; l'article 51 apporte une limite
à ce principe, en disposant que les biens et les droits insaisissables sont définis par chacun des
Etats parties.
II - Réalisation de la saisie.
La procédure peut varier selon que les biens saisis sont ou non entre les mains du
débiteur.
III - La vente.
Elle peut être amiable ou forcée.
B/ - La vente forcée.
Elle se fait aux enchères publiques, après une publicité préalable. La vente forcée
s'effectue dans les conditions précisées par les articles 120 à 129.
Les contestations relatives à la saisie vente sont portées devant la juridiction du lieu de
la saisie.
Celles relatives aux biens saisis, à la propriété, à la saisissabilité ou à la validité de la
saisie vente sont soumises aux conditions des articles 139 suivants.
Enfin, en matière de saisie vente, les créanciers peuvent venir en concours.
III - Le paiement
Le tiers saisi procède au paiement, en l'absence de contestation formée dans le mois qui
suit la dénonciation de la saisie, ou sur présentation de la décision exécutoire de la juridiction
qui a rejeté ladite contestation.
- Les contestations son réglées conformément aux dispositions des articles 169 et
suivants l'acte uniforme.
A/ - La tentative de conciliation.
Les rémunérations ne peuvent faire l'objet d'une saisie conservatoire.
Un titre exécutoire est toujours exigé.
Au préalable, une tentative de conciliation s'impose. Elle est faite sur requête adressée à
la juridiction compétente du domicile du débiteur.
I - LA SAISIE APPREHENSION
Elle suppose toujours l'existence d'un titre exécutoire.
B/ - Appréhension entre les mains d'un tiers en vertu d'un titre exécutoire.
Les articles 224 à 226 sont applicables.
Il - La saisie revendication
A/ - Autorisation de saisie.
Toute personne fondée à requérir la délivrance ou la restitution d'un bien meuble
corporel peut, en attendant sa remise, le rendre indisponible au moyen d'une saisie
revendication.
Une autorisation du juge est nécessaire si le créancier saisissant ne détient pas le titre
exécutoire ou une décision de justice qui n'a pas eu force exécutoire.
La décision qui autorise la saisie désigne le bien qui peut être saisi, ainsi que l'identité
de la personne tenue de la délivrer ou de le restituer.
Elle est opposable à tout détenteur du bien ainsi désigné.
Les opérations de saisie sont réglementées par les articles 230 à 235.
A/ - Le commandement.
A peine de nullité, toute poursuite en vente forcée d'immeubles doit être précédée d'un
commandement.
Le commandement, qui est un acte d'huissier, doit comporter les mentions prescrites à
l'article 254.
II est signifié au débiteur et essentiellement au tiers détenteur de l'immeuble, dans les
conditions déterminées aux articles 245 et 255.
Si l'immeuble est composé d'impenses réalisées par le débiteur sur un terrain dont il
n'est pas propriétaire, mais qui lui a été affecté par une autorité administrative, le
commandement est également notifié à cette autorité et visé par elle.
B/ - La publicité du commandement.
Elle est organisée par les articles 255 et suivants. Son original est visé par le
conservateur des Domaines, et la copie est remise pour la publicité.
C/ - L'audience éventuelle.
Les dires et observations sont jugés après échange de conclusions dans les conditions
prévues aux articles 272 à 275.
IV - LA VENTE.
B/ - L'adjudication.
Elle est prononcée par décision judiciaire ou P.V. du Notaire, conformément aux
dispositions des articles 290 et suivants de l'acte uniforme.
La décision d'adjudication ou le P.V. du Notaire ne peut faire l'objet d'aucun recours,
sauf le recours en annulation prévue par l'article 313.
C/ - La surenchère.
Elle est ouverte à toute personne dans les dix (10) jours qui suivent l'adjudication.
La surenchère doit être du dixième au moins du prix de vente.
La procédure de surenchère est exposée dans les articles 288 et 289.
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