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OUVRAGE

La compression bi-étagée dans la pratique


| 1 octobre 2013 | La Rpf n° 1019

Dans Les Bases du Froid dont la 5e édition vient de paraître, Francis Cabeza développe les applications
frigorifiques en compression bi-étagée avec ses différents cycles thermodynamiques.

Figure 1 - Cycle théorique.© Didafrio 1 - COMPRESSION BI-ÉTAGÉE

Lorsque les besoins d'une installation frigorifique exigent un taux de compression important, on préfère utiliser deux
étages de compression.
C'est le cas, par exemple, d'un tunnel de congélation. Cette application frigorifique nécessite une température
d'évaporation de - 30 à - 40 °C, pour une température de condensation de 25 à 40 °C.
Imaginons qu'on réalise ce type d'installation avec du R507 et un étage de compression ; on obtient alors le cycle
théorique ci-après :

Observations
Le segment (1, 2) caractérise la compression adiabatique et le segment (1, 2') la compression réelle.
Taux de compression τ = 10,27
Rendement volumétrique ηv = 0,49
Rendement indiqué ηi = 0,49
Température de fin de compression θfc = 114 °C

La température de fin de compression est proche des limites : l'huile risque d'être trop fluide ; dans ce cas, la
lubrification est nulle et le compresseur sera détérioré.

Quelle serait la taille du compresseur à pistons pour une puissance frigorifique (Φo) de 20 kW ?

Débit masse :

Volume aspiré :
Volume balayé :

Cela signifie que, pour assurer les besoins frigorifiques du tunnel, il faut prévoir un compresseur de 153,9 m3/h de
volume balayé, ce qui paraît énorme.

Puissance à l'arbre du compresseur :

Ceci donne un coefficient de performance frigorifique de 20/19,6 = 1,02, ce qui est sans intérêt.
La recherche d'un compresseur pour cette application s'avérerait infructueuse car les conditions de fonctionnement
sortent des limites autorisées par les fabricants. Le compresseur chaufferait trop.
Pour répondre aux besoins du client (la réalisation d'un tunnel de congélation), il est nécessaire de faire appel à la
technique de la compression bi-étagée.
Des cylindres BP aspirent à la pression d'aspiration Pa de 1,65 bar et refoulent à la pression intermédiaire Pi.
D'autres cylindres HP aspirent à la Pi et refoulent à la pression de refoulement Pr de 16,95 bar (figure 2).

Figure 2 - Compression bi-étagée.© Didafrio

Deux configurations sont possibles :

1. les cylindres HP et BP font partie du même compresseur (compresseur compound),


2. la compression se fait avec deux compresseurs : le compresseur, BP (ou booster) et le compresseur HP.
La réalisation de ce type de circuit commence par le partage de la compression sur deux compresseurs, de telle
sorte que leurs taux de compression soient identiques (1). Ainsi, on aura :

et la pression intermédiaire aura une valeur de :

Pour que le système fonctionne, il faudra aussi prévoir le refroidissement des vapeurs refoulées par l'étage BP
pour limiter la température de refoulement de l'étage HP.
Dans le cas d'un tunnel de congélation, il est moins coûteux d'utiliser un compresseur bi-étagé, c'est-à-dire un
compresseur compound. Le schéma frigorifique peut être celui de la figure ci-dessous.
Le cycle frigorifique est représenté ci-après :

Figure 3 - Compresseur compound.© Didafrio


Figure 4 - Cycle compound (les répères correspondent aux points indiqués sur le circuit qui précède ce diagramme).©
Didafrio

Les cylindres de l'étage HP aspirent des vapeurs à la température de 5 °C ; au refoulement, la température restera
inférieure à 54 °C et, en fin de compression, elle ne dépassera pas 64 °C. Ceci permet un fonctionnement sans
risque.

Les nouvelles conditions de fonctionnement sont :

Taux de compression τ1 = τ2 = 3,2


Rendement volumétrique ηv1 = ηv2 = 0,84
Rendement indiqué ηi1 = ηi2 = 0,84
Température de fin de compression θfc = 54 °C
Volume balayé de l'étage BP :
Le volume aspiré pour une puissance frigorifique de 20 kW reste le même que celui déjà calculé, Vabp = 75, 432
m3/h.

Volume balayé de l'étage HP :


Pour calculer le volume balayé HP, il est nécessaire de connaître le débit masse de l'étage HP. Il peut se déterminer à
partir de la bouteille intermédiaire.
Pour résoudre le problème, on admet que le bilan énergétique de la bouteille est nul,
c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'échange de chaleur avec l'air extérieur ; ceci est facile à
imaginer puisque ce type de bouteille est toujours isolé.
On dit que l'énergie qui entre dans la bouteille est égale à celle qui sort, et on pose :

qmbp . h2 + (qmhp - qmbp) . h5 = qmhp . h3


Il suffit d'utiliser l'algèbre :
qmbp . h2 + qmhp . h5 - qmbp . h5 = qmhp . h3
qmbp . h2 - qmbp . h5 = qmhp . h3 - qmhp . h5
qmbp . (h2 - h5) = qmhp . (h3 - h5)
d'où

Débit masse de l'étage HP :


Le débit masse BP est le même que celui calculé pour le circuit à simple étage, 0,1666 kg/s.

Volume aspiré HP :
Vahp = qmhp . v''3 = 0,2057 x 0,0388 = 7,98 x 10-3 m3/s
soit : Vahp = 28,7 m3/h

Volume balayé HP :
Caractéristiques du compresseur compound :
Vb = Vbbp + Vbhp = 89,8 + 34,2 = 124 m3/h
On se souvient que la compression mono-étagée nécessitait un compresseur de volume balayé égal à 153,9 m3/h.

Puissance théorique pour la compression :


Pth = qmbp (h2 - h1) + qmhp (h4 - h3)
Pth = 0,1666 x (391 - 360) + 0,2057 x (398 - 369)
Pth = 11,13 kW
Soit une puissance à l'arbre du compresseur de :

On se souvient que la solution simple étage exigeait 19,6 kW.

Remarque
Le compresseur à simple étage s'utilise pour des taux de compression inférieurs à 8. Le compresseur à double étage
permet le fonctionnement avec un taux de compression global supérieur à 7, tout en réalisant des économies d'énergie.

2- COMPRESSION BI-ETAGÉE À INJECTION PARTIELLE

Dans certaines applications frigorifiques (basse température), le taux de compression est trop élevé pour
fonctionner avec un rendement volumétrique acceptable, et la consommation d'énergie devient excessive.
Aussi, dans ce cas de figure, la température de refoulement dépasse allègrement les tolérances (voir l'exemple des
pages précédentes).
Pour apporter une réponse à ce problème, on utilise la compression étagée. Ceci peut se faire avec un seul
compresseur (installation compound), ou avec deux compresseurs (installation booster).

Figure 6 : Circuit à injection partielle, schéma de principe.© Didafrio

Un compresseur BP (appelé aussi booster) refoule dans une bouteille intermédiaire. Le refoulement se fait dans le
liquide, ce qui entraîne une montée de vapeurs saturantes bien plus froides que celles refoulées.
Les vapeurs désurchauffées à la pression intermédiaire Pi sont aspirées et comprimées par le compresseur HP.
Ceci permet l'obtention d'une température de refoulement normale.

Le liquide condensé est partiellement injecté dans la bouteille intermédiaire où le liquide est séparé. Le niveau est
contrôlé par le régulateur de niveau agissant sur l'électrovanne d'injection.

Figure 7 - Cycle injection partielle© Didafrio


Le reste du débit est sous-refroidi dans un serpentin immergé dans le liquide de la bouteille, ce qui apporte une
amélioration de la production frigorifique massique du liquide alimentant l'évaporateur.

Le gain de production frigorifique fait diminuer le débit masse du côté BP en conséquence, la taille des tuyauteries
et du compresseur est aussi diminuée, ce qui limite le prix de l'installation.
Sur ces installations, on distingue deux débits massiques du fluide : le débit masse du circuit BP et le débit masse
du circuit HP.
Le débit masse BP (qmbp) correspond au débit comprimé par le compresseur BP. Pour le déterminer, deux
possibilités s'offrent à nous :

a) Nous connaissons la puissance frigorifique :

(voir figure 7)

b) Nous connaissons le volume balayé du compresseur :

avec : Va = Vb . ηv et ηv = 1 - 0,5 τ

se compose du débit masse du compresseur BP, augmenté du débit injecté au point 6


Le débit masse du compresseur HP
(Figure 6). Il peut être déterminé par la relation :

Ce type d'installation offre la possibilité d'alimenter des évaporateurs à la température intermédiaire (Figure 8), le
compresseur HP pouvant fonctionner pendant que le BP est à l'arrêt.

Figure 8 - Installation booster à injection partielle.© Didafrio

Il est important, au niveau de l'automatisme, d'interdire le fonctionnement du compresseur BP si le compresseur HP


est en arrêt défaut. De même, le compresseur BP ne doit pas être autorisé à démarrer tant
que la pression dans la bouteille n'est pas descendue à une valeur proche de la Pi de
référence.
Un contrôleur de niveau de sécurité (niveau-haut) est obligatoire sur la bouteille
intermédiaire ; son rôle est de fermer toutes les vannes électromagnétiques et d'arrêter les
compresseurs (HP et BP), si la bouteille risque de déborder.
Pour favoriser le fonctionnement et la maintenance du contrôleur de niveau, il est installé
sur une colonne isolable par deux vannes de la bouteille séparatrice (Figure 9).
Cette colonne permet d'amortir les variations brusques de niveau, dans la bouteille
séparatrice, provoquées par l'évaporation du fluide. Ceci rendrait instable la position du
contact du contrôleur de niveau.
La bouteille intermédiaire, qui comporte toujours une isolation thermique, est équipée
d'une ou deux soupapes de sécurité tarées à la PS (Pression Maximum Admissible).

3 - COMPRESSION BI-ETAGÉE À INJECTION TOTALE

d b bl l l l éd l ll d f d d l
Ce type de circuit est probablement le plus utilisé dans les grosses installations de froid industriel.

Figure 10 - Installation booster à injection totale (principe).© Didafrio

Figure 11 - Cycle à injection totale.© Didafrio

Le schéma ci-dessus ne représente pas toute la réalité d'une telle installation ; il a été volontairement réduit au
minimum pour permettre une explication simplifiée.
Le coefficient de performance(2) du circuit à injection totale est supérieur à celui du circuit à injection partielle. Ceci
s'explique pour deux raisons :
- La première est que sa production frigorifique par kg de fluide est plus importante ; l'alimentation de la bouteille
BP se fait avec du liquide sortant directement de la bouteille intermédiaire. Ce liquide est de 5 à 7 °C plus froid que
s'il sortait d'un échangeur intermédiaire ; son enthalpie est donc plus faible et la production frigorifique par kg de
fluide devient plus importante.
- La seconde raison est l'amélioration du débit masse du compresseur ; les vapeurs aspirées sont moins
surchauffées et donc bien plus denses (leur volume massique diminue).
L'appellation injection totale provient du mode d'alimentation de la bouteille intermédiaire ; contrairement à
l'injection partielle, dans ce type de circuit la totalité du débit masse HP est injectée dans la bouteille intermédiaire.
La tuyauterie alimentant la bouteille BP à partir de la bouteille MP fait partie des points délicats de ce type de
circuit. En effet, la pression motrice est faible, car la différence de pression entre les deux bouteilles n'est que de 2 à
3 bar. Aussi, le liquide sortant de la bouteille intermédiaire n'est pas sous-refroidi, c'est-à-dire que la moindre chute
de pression entraînera une évaporation partielle (flash gas).
Le concepteur d'une telle installation prévoit une tuyauterie dont la perte de charge est inférieure à 0,5 °C(3). Ceci
implique l'installation des deux bouteilles à proximité et au même niveau, en fait dans la même salle de machines.
De plus, pour éviter toute évaporation du fluide avant le détendeur (ou régleur), ce qui diminuerait considérablement
son débit, il est impératif de bien isoler thermiquement cette partie du circuit.
D'ailleurs, l'isolation thermique est incontournable pour les bouteilles BP et MP comme pour les tuyauteries
d'aspiration. En plus de l'amélioration incontestable de performance que cela peut apporter, l'isolation est un
excellent moyen pour protéger l'installation de l'oxydation ; toujours construites en acier, ces installations s'oxydent
facilement.
Notez que la réglementation exige la protection des installations frigorifiques contre la corrosion. Ceci est obtenu
par la peinture antirouille et l'utilisation de la bande grasse sur les endroits sensibles. par conséquent, les
installations à risque (catégorie IV et plus de la DESP) sont soumises à des contrôles périodiques.
L'isolation est un bon moyen pour faire durer l'installation.
Les installations à injection totale sont souvent équipées de pompes à fluide frigorigène aspirant dans la bouteille
MP pour alimenter les évaporateurs des chambres froides positives. Ainsi, la même installation permet de satisfaire
à la fois les besoins frigorifiques en basse et en moyenne température, ce qui la rend très intéressante.

(1) On démontre que, dans ce cas, le coefficient de performance est optimum.


(2) kW frigorifique produit par kW fourni aux compresseurs.
(3) Cela veut dire que la chute de pression totale dans la tuyauterie ne dépasse pas l'écart de pression
correspondant à une variation de température de saturation du fluide de 0,5 °C (dans notre cas, la pression
correspondant à -5 °C moins la pression correspondant à - 5,5 °C)
Aller + loin
- Cet article est extrait de la 5e édition de Les Bases du Froid de Francis Cabeza aux éditions Didafrio
www.didafrio.com

5 questions à Francis Cabeza auteur du Livre Les bases du Froid

Francis Cabeza auteur du Livre Les bases du Froid

Quels sont les principaux objectifs de cet ouvrage ?


La première édition de ce livre date d'avril 1997. À cette époque, je recevais en formation continue des
personnes en activité qui connaissaient mal les bases du froid et qui agissaient en appliquant des recettes et
méthodes apprises «sur le tas», mais sans la maîtrise nécessaire. J'avais aussi constaté qu'il existait peu de
livres rédigés sous forme de cours s'adressant aux débutants et aux personnes entrant en formation, ou encore
aux personnes désireuses d'apprendre mais n'ayant pas la possibilité de suivre une formation.
Il était donc nécessaire de proposer un ouvrage accessible à tous, respectant une progression pédagogique
efficace, en expliquant l'essentiel, afin de leur permettre de combler leurs lacunes ou de bien commencer dans la
profession.
Tout en pensant à cela et à ma propre expérience d'autodidacte, j'entrepris la réalisation d'un ensemble
d'autoformation composé d'un livre et d'un logiciel.
Depuis, la demande est toujours là car adaptée à l'évolution de la technique, d'où la parution de la 5e édition.
En quoi consistent les mises à jour de cette 5e édition ?
La 4e édition comportait encore trop d'explications utilisant le R22. Il était donc nécessaire de revoir le livre en
utilisant davantage les HFC.
Il était également impérieux de mettre davantage l'accent sur la performance énergétique des installations
frigorifiques, d'où les ajouts sur la régulation de vitesse, la HP flottante, la BP flottante...
Un point m'est apparu indispensable : commencer à familiariser les frigoristes avec l'utilisation des fluides
naturels, ce qui a donné lieu à des explications sur le CO2 et son utilisation en cascade et en transcritique.
Aussi, cette nouvelle édition apporte des explications sur la reconversion des installations utilisant le R22, sur la
lubrification des compresseurs et autres points du livre qui ont fini par enrichir l'ouvrage de 64 nouvelles pages.
A quel public s'adresse-t-il ?
Le livre s'adresse à toute personne désireuse de comprendre le fonctionnement des installations frigorifiques et
leur optimisation en matière de performance frigorifique et énergétique. Il est utilisé par :
- Les techniciens en activité, pour affiner leur esprit d'analyse.
- Les futurs techniciens en formation : BEP ; BAC PRO ; BTS ; MDF ; TIFCC ; TIFI, etc...
Son titre n'est-il pas réducteur par rapport à la richesse de son contenu qui va bien au-delà des bases du froid ?
Effectivement, ce titre «Les Bases du Froid» correspondait bien à la 1re édition (300 pages). Mais la demande de
ses utilisateurs d'une part et l'évolution technique d'autre part ont fait «grossir» ce livre au fil de ses éditions pour
atteindre aujourd'hui 576 pages.
Voilà déjà quelque temps que je me pose la question de le scinder en deux tomes. Néanmoins, le titre «Les
Bases du Froid» me plait car il véhicule l'idée «d'accessible à tous», même si je suis conscient que ce titre attire
moins la curiosité des techniciens qui pourraient trouver des réponses à certaines questions qu'ils se posent sur
le terrain.

Pouvez-nous rappeler votre parcours dans le froid et ce qui vous a conduit à rédiger cet ouvrage ?
Après une expérience de 10 ans comme frigoriste dans le froid commercial puis industriel, j'ai exercé le métier
de formateur à l'Afpa pendant 30 ans. J'ai formé des techniciens en froid commercial pendant 10 ans et en froid
industriel pendant 11 ans, puis j'ai terminé ma carrière à l'Afpa au service « recherche et développement » du
secteur «froid et climatisation».
Bien que retraité, ma motivation est intacte et c'est avec plaisir et curiosité que j'utilise une bonne partie de mon
temps à m'informer de l'évolution du métier de frigoriste et à créer des outils (livres et logiciels) pour la
formation professionelle.

LA COMPRESSION BI-ÉTAGÉE DANS LA PRATIQUE


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