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La Compression Bi-Étagée Dans La Pratique - Archives
La Compression Bi-Étagée Dans La Pratique - Archives
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ARCHIVE
OUVRAGE
Dans Les Bases du Froid dont la 5e édition vient de paraître, Francis Cabeza développe les applications
frigorifiques en compression bi-étagée avec ses différents cycles thermodynamiques.
Lorsque les besoins d'une installation frigorifique exigent un taux de compression important, on préfère utiliser deux
étages de compression.
C'est le cas, par exemple, d'un tunnel de congélation. Cette application frigorifique nécessite une température
d'évaporation de - 30 à - 40 °C, pour une température de condensation de 25 à 40 °C.
Imaginons qu'on réalise ce type d'installation avec du R507 et un étage de compression ; on obtient alors le cycle
théorique ci-après :
Observations
Le segment (1, 2) caractérise la compression adiabatique et le segment (1, 2') la compression réelle.
Taux de compression τ = 10,27
Rendement volumétrique ηv = 0,49
Rendement indiqué ηi = 0,49
Température de fin de compression θfc = 114 °C
La température de fin de compression est proche des limites : l'huile risque d'être trop fluide ; dans ce cas, la
lubrification est nulle et le compresseur sera détérioré.
Quelle serait la taille du compresseur à pistons pour une puissance frigorifique (Φo) de 20 kW ?
Débit masse :
Volume aspiré :
Volume balayé :
Cela signifie que, pour assurer les besoins frigorifiques du tunnel, il faut prévoir un compresseur de 153,9 m3/h de
volume balayé, ce qui paraît énorme.
Ceci donne un coefficient de performance frigorifique de 20/19,6 = 1,02, ce qui est sans intérêt.
La recherche d'un compresseur pour cette application s'avérerait infructueuse car les conditions de fonctionnement
sortent des limites autorisées par les fabricants. Le compresseur chaufferait trop.
Pour répondre aux besoins du client (la réalisation d'un tunnel de congélation), il est nécessaire de faire appel à la
technique de la compression bi-étagée.
Des cylindres BP aspirent à la pression d'aspiration Pa de 1,65 bar et refoulent à la pression intermédiaire Pi.
D'autres cylindres HP aspirent à la Pi et refoulent à la pression de refoulement Pr de 16,95 bar (figure 2).
Pour que le système fonctionne, il faudra aussi prévoir le refroidissement des vapeurs refoulées par l'étage BP
pour limiter la température de refoulement de l'étage HP.
Dans le cas d'un tunnel de congélation, il est moins coûteux d'utiliser un compresseur bi-étagé, c'est-à-dire un
compresseur compound. Le schéma frigorifique peut être celui de la figure ci-dessous.
Le cycle frigorifique est représenté ci-après :
Les cylindres de l'étage HP aspirent des vapeurs à la température de 5 °C ; au refoulement, la température restera
inférieure à 54 °C et, en fin de compression, elle ne dépassera pas 64 °C. Ceci permet un fonctionnement sans
risque.
Volume aspiré HP :
Vahp = qmhp . v''3 = 0,2057 x 0,0388 = 7,98 x 10-3 m3/s
soit : Vahp = 28,7 m3/h
Volume balayé HP :
Caractéristiques du compresseur compound :
Vb = Vbbp + Vbhp = 89,8 + 34,2 = 124 m3/h
On se souvient que la compression mono-étagée nécessitait un compresseur de volume balayé égal à 153,9 m3/h.
Remarque
Le compresseur à simple étage s'utilise pour des taux de compression inférieurs à 8. Le compresseur à double étage
permet le fonctionnement avec un taux de compression global supérieur à 7, tout en réalisant des économies d'énergie.
Dans certaines applications frigorifiques (basse température), le taux de compression est trop élevé pour
fonctionner avec un rendement volumétrique acceptable, et la consommation d'énergie devient excessive.
Aussi, dans ce cas de figure, la température de refoulement dépasse allègrement les tolérances (voir l'exemple des
pages précédentes).
Pour apporter une réponse à ce problème, on utilise la compression étagée. Ceci peut se faire avec un seul
compresseur (installation compound), ou avec deux compresseurs (installation booster).
Un compresseur BP (appelé aussi booster) refoule dans une bouteille intermédiaire. Le refoulement se fait dans le
liquide, ce qui entraîne une montée de vapeurs saturantes bien plus froides que celles refoulées.
Les vapeurs désurchauffées à la pression intermédiaire Pi sont aspirées et comprimées par le compresseur HP.
Ceci permet l'obtention d'une température de refoulement normale.
Le liquide condensé est partiellement injecté dans la bouteille intermédiaire où le liquide est séparé. Le niveau est
contrôlé par le régulateur de niveau agissant sur l'électrovanne d'injection.
Le gain de production frigorifique fait diminuer le débit masse du côté BP en conséquence, la taille des tuyauteries
et du compresseur est aussi diminuée, ce qui limite le prix de l'installation.
Sur ces installations, on distingue deux débits massiques du fluide : le débit masse du circuit BP et le débit masse
du circuit HP.
Le débit masse BP (qmbp) correspond au débit comprimé par le compresseur BP. Pour le déterminer, deux
possibilités s'offrent à nous :
(voir figure 7)
avec : Va = Vb . ηv et ηv = 1 - 0,5 τ
Ce type d'installation offre la possibilité d'alimenter des évaporateurs à la température intermédiaire (Figure 8), le
compresseur HP pouvant fonctionner pendant que le BP est à l'arrêt.
d b bl l l l éd l ll d f d d l
Ce type de circuit est probablement le plus utilisé dans les grosses installations de froid industriel.
Le schéma ci-dessus ne représente pas toute la réalité d'une telle installation ; il a été volontairement réduit au
minimum pour permettre une explication simplifiée.
Le coefficient de performance(2) du circuit à injection totale est supérieur à celui du circuit à injection partielle. Ceci
s'explique pour deux raisons :
- La première est que sa production frigorifique par kg de fluide est plus importante ; l'alimentation de la bouteille
BP se fait avec du liquide sortant directement de la bouteille intermédiaire. Ce liquide est de 5 à 7 °C plus froid que
s'il sortait d'un échangeur intermédiaire ; son enthalpie est donc plus faible et la production frigorifique par kg de
fluide devient plus importante.
- La seconde raison est l'amélioration du débit masse du compresseur ; les vapeurs aspirées sont moins
surchauffées et donc bien plus denses (leur volume massique diminue).
L'appellation injection totale provient du mode d'alimentation de la bouteille intermédiaire ; contrairement à
l'injection partielle, dans ce type de circuit la totalité du débit masse HP est injectée dans la bouteille intermédiaire.
La tuyauterie alimentant la bouteille BP à partir de la bouteille MP fait partie des points délicats de ce type de
circuit. En effet, la pression motrice est faible, car la différence de pression entre les deux bouteilles n'est que de 2 à
3 bar. Aussi, le liquide sortant de la bouteille intermédiaire n'est pas sous-refroidi, c'est-à-dire que la moindre chute
de pression entraînera une évaporation partielle (flash gas).
Le concepteur d'une telle installation prévoit une tuyauterie dont la perte de charge est inférieure à 0,5 °C(3). Ceci
implique l'installation des deux bouteilles à proximité et au même niveau, en fait dans la même salle de machines.
De plus, pour éviter toute évaporation du fluide avant le détendeur (ou régleur), ce qui diminuerait considérablement
son débit, il est impératif de bien isoler thermiquement cette partie du circuit.
D'ailleurs, l'isolation thermique est incontournable pour les bouteilles BP et MP comme pour les tuyauteries
d'aspiration. En plus de l'amélioration incontestable de performance que cela peut apporter, l'isolation est un
excellent moyen pour protéger l'installation de l'oxydation ; toujours construites en acier, ces installations s'oxydent
facilement.
Notez que la réglementation exige la protection des installations frigorifiques contre la corrosion. Ceci est obtenu
par la peinture antirouille et l'utilisation de la bande grasse sur les endroits sensibles. par conséquent, les
installations à risque (catégorie IV et plus de la DESP) sont soumises à des contrôles périodiques.
L'isolation est un bon moyen pour faire durer l'installation.
Les installations à injection totale sont souvent équipées de pompes à fluide frigorigène aspirant dans la bouteille
MP pour alimenter les évaporateurs des chambres froides positives. Ainsi, la même installation permet de satisfaire
à la fois les besoins frigorifiques en basse et en moyenne température, ce qui la rend très intéressante.
Pouvez-nous rappeler votre parcours dans le froid et ce qui vous a conduit à rédiger cet ouvrage ?
Après une expérience de 10 ans comme frigoriste dans le froid commercial puis industriel, j'ai exercé le métier
de formateur à l'Afpa pendant 30 ans. J'ai formé des techniciens en froid commercial pendant 10 ans et en froid
industriel pendant 11 ans, puis j'ai terminé ma carrière à l'Afpa au service « recherche et développement » du
secteur «froid et climatisation».
Bien que retraité, ma motivation est intacte et c'est avec plaisir et curiosité que j'utilise une bonne partie de mon
temps à m'informer de l'évolution du métier de frigoriste et à créer des outils (livres et logiciels) pour la
formation professionelle.