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Machines à cycles récepteurs

V.1. Généralités
La réfrigération traite le transfert de chaleur d'une région à basse température vers une
région à plus haute température. Si l'objectif de l'appareil qui effectue le transfert de chaleur est
de refroidir la région à basse température. Cette action est réalisée à l’aide d’une machine
frigorifique ou d’un réfrigérateur. Si l'objectif est de chauffer la zone à plus haute température,
l'appareil est appelé pompe à chaleur (PAC). Les appareils de réfrigération fonctionnent le plus
souvent sur un cycle utilisant un fluide frigorigène qui se vaporise dans le cycle, mais la
réfrigération peut également être réalisée par un gaz, comme se fait sur les avions. Dans certains
cas particuliers, des cycles frigorifiques à absorption sont utilisés.
On fait appel à une machine frigorifique telle que le réfrigérateur ou la thermopompe
(PAC) car le phénomène de l’écoulement de la chaleur d’un milieu à basse température vers un
milieu à haute température (phénomène inverse de la 2ème loi de la thermodynamique) n’a
jamais été observé.

Fig. 5.1. Machine frigorifique


(a) Réfrigérateur

(b) Turbopompe (Pompe à chaleur)


La Fig. 5.1. a et b sont 2 machines cycliques qui, à l’aide d’un fluide frigorigène,
extraient une quantité de chaleur qf (qin) d’un milieu à basse température Tf pour rejeter, une
quantité de chaleur qc (qout) dans un milieu à haute température.
Il est possible d'extraire de la chaleur d'un espace froid en faisant fonctionner un cycle
de vapeur, similaire au cycle de Rankine, en sens inverse. Une entrée de travail est requise dans
le fonctionnement d'un tel cycle, comme le montre la Fig. 5.2. Le travail est fourni par un
compresseur qui augmente la pression, et donc la température, par une compression
isentropique dans le cycle idéal. Le fluide de travail (souvent du R134a) pénètre ensuite dans
un condenseur dans lequel la chaleur est extraite, ce qui donne un liquide saturé. La pression
est ensuite réduite dans un processus d'expansion de sorte que le fluide peut être évaporé avec
l'ajout de chaleur de l'espace réfrigéré.

Fig. 5.2. Machine inverse

V.2. Classement des machines frigorifiques selon les applications et les plages
de températures correspondantes

 De l’ambiance à 5÷10 °C : utilisé dans le conditionnement d’air et les applications


alimentaires.
 De +10 °C à -18 °C : utilisé dans la conservation des denrées alimentaires, la production
de la glace et la congélation.
 De -18 °C à -40 °C : domaine de surgélation (conservation des denrées périssables
pendant plusieurs mois).
 Jusqu’à -200 °C : utilisé dans les applications industrielles liées à l’industrie chimique
comme la liquéfaction de l’air et du gaz naturel.
 Sous -200 °C : liquéfaction de l’azote (77 K). Applications industrielles très limitées
(propulsion par fusée à hydrogène et oxygène liquide, aimants à très haute induction,…)

V.3. Cycle inverse de Carnot et cycle frigorifique à compression de vapeur

Rappel
Le cycle inverse de Carnot illustré à la Fig. 5.3.a est le cycle le plus efficace. Il possède
deux inconvénients majeurs lorsque l'on essaie de le mettre en fonctionnement réel.
 Il est déconseillé de comprimer le mélange de liquide-vapeur de l'état 1 à l’état 2.
Ceci demande un compresseur volumétrique (système cylindre-piston), en plus, les
gouttelettes de liquide causeraient des dommages (Fig. 5.3.a). Comme solution, le
cycle de Carnot sera déplacé en dehors de la courbe de saturation pour avoir une
compression des vapeurs sèches (Fig 5.3.b).
 Il est assez coûteux, voire impossible de construire une turbine utilisant dans le
processus d'expansion isentropique de l'état 3 à l’état 4, (Fig. 5.3.a) (aucune perte
autorisée), alors qu’il est plus simple de réduire la pression de manière irréversible
en utilisant un détendeur dans lequel l'enthalpie reste constante (Fig 5.3.b). Même si
ce processus de détente est caractérisé par des pertes, il est considéré comme la partie
idéale du cycle de réfrigération à vapeur.

Fig. 5.3.a. Cycle inverse de Carnot Fig. 5.3.b. Cycle inverse de


Rankine-Hirn
Le cycle inverse de Carnot (Fig. 5.3.a) est constitué essentiellement de :
 1-2. Compression isentropique du fluide réfrigérant dans le compresseur
 2-3. Condensation du fluide réfrigérant avec évacuation de la chaleur absorbée de la
source chaude
 3-4. Détente isentropique du fluide frigorigène à basse pression
 4-1. Vaporisation du fluide frigorigène avec la chaleur extraite de la source froide.

L’efficacité des réfrigérateurs et des thermopompes est exprimée en termes de


coefficients de performance (COP) définis par :

𝑅𝑒𝑓𝑟𝑜𝑖𝑑𝑖𝑠𝑠𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑞𝑖𝑛 𝑞̇ 𝑖𝑛
𝐶𝑂𝑃𝑅 = = = (5.1)
𝑇𝑟𝑎𝑣𝑎𝑖𝑙 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜𝑚𝑚é 𝑊𝑖𝑛 𝑊̇𝑖𝑛

𝐶ℎ𝑎𝑢𝑓𝑓𝑎𝑔𝑒 𝑞𝑜𝑢𝑡 𝑞̇ 𝑜𝑢𝑡


𝐶𝑂𝑃𝑇𝑃 = = = (5.2)
𝑇𝑟𝑎𝑣𝑎𝑖𝑙 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜𝑚𝑚é 𝑊𝑖𝑛 𝑊̇𝑖𝑛

Le coefficient de performance (COP) peut atteindre des valeurs d'environ 5 pour les
pompes à chaleur bien conçues et 4 pour les réfrigérateurs.
Les températures de condensation et d'évaporation, et donc les pressions, sont établies
par la conception particulière de l'unité de réfrigération. Par exemple, dans un réfrigérateur
conçu pour refroidir l'espace de congélation à environ -18°C (0°F), il est nécessaire de
concevoir l'évaporateur pour fonctionner à environ -25 °C pour permettre un transfert de chaleur
efficace entre l'espace et les serpentins de refroidissement. Le réfrigérant se condense en
transférant de la chaleur à l'air maintenu à environ 20 °C ; par conséquent, pour permettre un
transfert de chaleur efficace depuis les serpentins qui transportent le réfrigérant, le réfrigérant
doit être maintenu à une température d'au moins 27 °C.
Le cycle frigorifique à compression de vapeur (Fig. 5.3.b) ou cycle de Rankine-Hirn
inversé, est constitué essentiellement de :
 1-2. Compression isentropique du fluide réfrigérant dans le compresseur
 2-3. Condensation du fluide réfrigérant avec évacuation de la chaleur absorbée de la
source chaude.
 3-4. Détente irréversible du fluide frigorigène sans échange de travail (Fig. 5.4).
 4-1. Vaporisation du fluide frigorigène avec la chaleur extraite de la source froide.
V.3. Analyse énergétique

Fig. 5.4. Cycle inverse de Rankine-Hirn représenté sur (P,H)

Ce qu’il faut retenir :


 Les échanges de chaleur sont isobares.
Condenseur : qc = Δh = h2 – h3
Evaporateur : qF = Δh = h1 – h4 (production frigorifique nette)
 La compression est adiabatique, q12 = 0, W = Wnet= Wc = Δh = h2 – h1
 La détente est isenthalpique, W = 0 et q = 0 : h3 ≈ h4
La capacité frigorifique est définie par 𝑞̇ 𝑓 = 𝑚̇ (ℎ1 − ℎ4 )
Remarque : 1 tonne de froid = 211 kJ/min.
𝑞𝐹 𝑞𝐹 ℎ1 − ℎ4
 Le coefficient de performance du réfrigérateur est 𝐶𝑂𝑃𝑅 = = =
𝑊𝑐 𝑞𝑐 − 𝑞𝐹 ℎ2 − ℎ1

𝐶𝑂𝑃𝑅 𝑇
 Le rendement exergétique 𝜂𝑒𝑥 = = 𝐶𝑂𝑃𝑅 (𝑇𝐶 − 1) < 1
𝐶𝑂𝑃𝑅𝐶𝑎𝑟𝑛𝑜𝑡 𝐹

V.4. Cycle réel vs, Cycle idéal


La Fig. 5.6 représente l’écart entre le cycle de réfrigération à compression de vapeur
idéal et le cycle réel. Cet écart est dû aux irréversibilités qui se manifestent dans le circuit. Les
deux sources principales d’irréversibilités sont :
 Le frottement qui est responsable de la chute de pression au sein des conduits et des
composants
 La transmission de la chaleur
Fig. 5.6. Diagramme (TS) du cycle de réfrigération à compression de vapeur réel

Dans le cycle idéal, le fluide frigorigène sort de l’évaporateur et entre dans le compresseur sous
forme de vapeur saturée. Contrôler l’état de la vapeur (point 7) avec autant de précision est
difficilement réalisable en pratique. De plus, le conduit reliant l’évaporateur au compresseur est
habituellement assez long pour que la chute de pression ainsi que la chaleur perdue au profit du
milieu extérieur soient appréciables. C’est pourquoi :
Dans le cycle réel, le réfrigérant sort de l’évaporateur sous forme de vapeur surchauffée (point
8) de façon à être admis dans le compresseur sous forme de vapeur légèrement surchauffée
(point 1). [Pour rappel : le compresseur est une machine conçue pour comprimer un gaz et non
un mélange liquide-gaz]. Cependant, le volume massique d’une vapeur surchauffée est plus
grand et le travail requis pour le compresseur sera donc aussi plus grand.
Dans le cycle idéal, l’évolution de compression (1-3) est isentropique. Dans le cycle réel, le
frottement intervient, ce qui fait augmenter l’entropie (1-2) [S2 > S3]. Cependant, si le fluide est
refroidi durant la compression, le parcours suivi sera (1-2’). Cette évolution est souhaitable, car
elle réduit le travail consommé par le compresseur (en étant refroidi, le volume massique de la
vapeur diminue et, par conséquent, le travail de compression aussi). Dans le cycle idéal, le
fluide frigorigène sort du condenseur sous forme de liquide saturé à la pression de sortie du
compresseur (point 4). En pratique, le fluide subit une chute de pression en traversant le
condenseur puis en parcourant le conduit qui relie le condenseur au détendeur. Par conséquent,
le fluide est légèrement sous-refroidi (point 5) lorsqu’il entre dans le détendeur et plus froid
lorsqu’il en ressort. Cet effet, est bénéfique puisqu’il permet d’absorber davantage de chaleur
de l’évaporateur.
V.4. Choix du fluide frigorigène

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