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LA SCINTIGRAPHIE : GAMMA CAMERA

En 1934, la découverte de la radioactivité artificielle par Frédéric et Irène Joliot-Curie,


physiciens et chimistes français, ouvre la voie au développement des radioéléments de courte
durée de vie. Associée à l’utilisation de traceur pour cibler des phénomènes biologiques, initiée
par le chimiste hongrois George de Hevesy, elle pose le principe de l’imagerie fonctionnelle et
moléculaire.

Cette technique d’imagerie diffère de l’imagerie par rayon X dans la mesure où ici le
rayonnement est interne. Contrairement à ses consœurs, cette technique ne peut se faire sans
l’administration (intraveineuse, par voie orale, ou par inhalation) d’un radio pharmaceutique,
i.e. une substance radioactive, à de très faibles doses, encore appelée trace (de l’ordre du pico
molaire, 10-12 moles). On parlera de traceur radioactif ou radiotraceur. Ce dernier est associé
à une molécule d’intérêt qui se fixera (se métabolisera) à une cible spécifique (cellules par
exemple) qu’on cherche à mettre en évidence.

A- Rappels physiques
Toute la matière, ou presque, se retrouve concentrée dans de minuscules noyaux 100000 fois
plus petits que l'atome, mais environ 4000 fois plus lourds que le cortège de leurs électrons. Les
noyaux sont constitués de protons et de neutrons. L'habitude est de regrouper protons et
neutrons sous l’appellation commune de « nucléons ».
La représentation classique d’un noyau est celle d'un assemblage compact de protons et de
neutrons, caractérisé principalement par deux nombres : Z le nombre de protons et N le nombre
de neutrons. Le nombre total de nucléons A est la somme des deux : A=N+Z. Comme les
protons et neutrons ont pratiquement la même masse, A est en proportion de la masse du noyau,
c’est pourquoi on l’appelle nombre de masse, alors que le nombre Z est en proportion de sa

Figure 1: Représentation de l'atome

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charge électrique et c’est lui qui détermine l’élément c’est pourquoi on l’appelle numéro
atomique.

I. REPRESENTATION DES PARTICULES EN PHYSIQUE NUCLEAIRE


En physique nucléaire, chaque particule est écrite avec son symbole chimique. Elles sont
représentées de la manière suivante :

Avec :

Z : numéro atomique (nombre de charges élémentaires (e)). Ce n’est plus le nombre de protons
comme en chimie. Dans le cas où X est un élément chimique, alors Z représente aussi le nombre
de protons dans le noyau.
A : nombre de masse.

Exemples :
− Le carbone est représenté par : 12
6𝐶 , ici Z = 6, donc la charge du noyau est égale à +6e
et le nombre de protons est égal à 6.
− Le positon est représenté par : 0
+1𝑒, ici Z=1, donc la charge du positon est égale à +e,
mais le nombre de protons est égal à 0, car le positon n’est pas un élément chimique et il ne
contient pas de protons.

II. Définitions

NUCLEIDE : Un nucléide est un type de noyau atomique caractérisé par le nombre de protons
et de neutrons qu'il contient.

Isotopes : Noyaux ayant le même nombre de protons mais pas le même nombre de neutrons.

12 13 14
Exemple : 6𝐶 6𝐶 6𝐶

Isobares : Noyaux ayant le même nombre de masse A mais pas le même nombre de protons.

17 17 17
Exemple : 7𝑁 8𝑂 9𝐹

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Isotones : Noyaux ayant le même nombre de neutrons

13 14
Exemple : 6𝐶 7𝑁

Isomères : Noyaux ayant le même nombre de masse et le même numéro atomique, mais pas la
même énergie interne, ils possèdent des énergies internes différentes.

99 99𝑚
Exemple : 43𝑇𝑐 6𝑇𝑐

L’électron-volt : C’est l’énergie acquise par un électron accéléré par une différence de
potentiel de 1 volt. La variation de l’énergie cinétique de l’électron étant égale au produit de la
charge de l’électron par la différence de potentiel, on trouve que :

1 eV = 1,6 x 10-19 Joule

La période physique est la période radioactive.

La période biologique d'un élément chimique est le temps au bout duquel la moitié d’une
quantité ingérée ou inhalée (telle une drogue ou un radioisotope) est éliminée de l’organisme
uniquement par des voies naturelles (sueurs, urines…).

III. La radioactivité

La radioactivité est un phénomène physique de stabilisation de noyaux atomiques instables


(dits radionucléides), au cours duquel, à tout instant, une fraction fixe et caractéristique des
noyaux présents se transforme spontanément en d'autres noyaux (désintégration), en émettant
simultanément des particules matérielles (électron, noyau d'hélium, positon...) et de l'énergie
(cinétique et électromagnétique (photons)).
La radioactivité a été découverte en 1896 par Henri Becquerel qui a découvert que certaines
substances émettent spontanément des rayonnements capables de traverser la matière.

La désintégration radioactive a des propriétés parmi lesquelles :

• Respecte la conservation de la charge électrique Z et du nombre de masse A. Z et A


doivent être conservés après la désintégration.

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• Spontanéité : la désintégration se produit sans aucune intervention extérieure. Elle n’a


besoin d’aucune condition particulière (température, pression, etc)

• Aléatoire : lorsque l’on considère un noyau en particulier, on ne peut pas savoir quand
il va se désintégrer. Dans un échantillon, on ne peut pas savoir quel noyau va se désintégrer.

• Inéluctable : rien ne peut arrêter, ralentir ou accélérer la cadence de désintégration d’un


échantillon radioactif

1. Les types de désintégration


Il existe 3 grands types de désintégration : ,  et 

a. La désintégration alpha (α)


Elle entraîne l'émission d’un rayonnement α (noyau d’hélium ( 42𝐻𝑒)). Les périodes des
désintégrations α sont souvent longues.

𝐴
𝑍𝑋 → 𝐴−4
𝑧−2𝑌 + 4
2𝐻𝑒

Ce type de désintégration se produit pour les noyaux lourds Z>82

Exemple :

238
92𝑈 → 234
90𝑇ℎ + 4
2𝐻𝑒

b. La désintégration 
Elle entraîne l'émission d'un rayonnement β.

Un rayonnement β est soit un électron (e-) soit un positon (e+). De ce fait il y a deux types de
désintégrations β, la désintégration β- et la désintégration β+.

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Les périodes radioactives des désintégrations β sont plus courtes, parfois même très courtes.

La désintégration bêta (β-)


Lorsque dans le noyau il y a un excès de neutrons, alors l’un d’eux se transforme en proton. Il
y a émission d'un électron et d'un antineutrino ( 00𝑣̅ )

𝐴
𝑍𝑋 → 𝐴
𝑧+1𝑌 + 0
−1𝑒 + 𝑣̅

Exemple :

14
6𝐶 → 14
7𝑁 + 0
−1𝑒 + 𝑣̅

La désintégration bêta (β+)


Lorsque dans le noyau il y a un excès de protons, le noyau expulse un positron (particule de
charge +e et de même masse que l’électron). Un proton du noyau se transforme en neutron et
l’émission du positron s’accompagne de l’émission d’un neutrino ( 00𝑣) (particule de masse
nulle).

𝐴
𝑍𝑋 → 𝐴
𝑧−1𝑌 + 0
+1𝑒 + v

Exemple :

7
4𝐵𝑒 → 7
3𝐿𝑖 + 0
+1𝑒 + v

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c. La désintégration gamma (γ)


Au même titre que les atomes, les noyaux peuvent se trouver dans un état excité. La
désexcitation d’un noyau vers son état fondamental se fait de deux manières :

▪ par émission gamma (γ) (par transition directe si l’énergie du photon γ émis est égale à
l’énergie d’excitation du noyau, par cascade de rayonnements γ dont la somme des énergies
est égale à l’énergie d’excitation.
▪ par conversion interne, c'est-à-dire un transfert direct de l’énergie d’excitation à un
électron du cortège électronique.
L'émission de photons énergétiques est représentée par :

m
X → X + 

99𝑚
43𝑇𝑐 → 99
43𝑇𝑐 + 

Note : Les désintégrations α et β sont souvent accompagnées de l’émission d’un ou plusieurs


rayons .

2. Période radioactive
La période radioactive, ou période d'un isotope radioactif, est le temps nécessaire pour que la
moitié des noyaux de cet isotope initialement présents se désintègrent naturellement.
Elle représente aussi le temps nécessaire pour que l’activité de l’échantillon diminue de moitié.

𝑁0
Si au temps t = 0 on a : N = N0, alors au temps t = T (T est la période) on aura : N = 2

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𝑵𝟎 𝒍𝒏𝟐 𝒍𝒏𝟐
N(t) = N0 x 𝒆−𝒕 = → T= → =
𝟐  𝑻

𝑡
En posant n = 𝑇, on obtient :

𝐥𝐧 𝟐
𝑵
N = N0 x 𝒆− 𝑻
⋅𝒕
= 𝟐𝒏𝟎

𝑨
Pour l’activité, Ac = 𝟐𝒏𝟎

3. Loi de décroissance

Dans un échantillon de matière radioactive constitué de noyaux radioactifs d’une espèce


donnée, le nombre de noyaux va décroître au cours du temps, et sera noté N(t).

Soit N(t) le nombre de radionucléides d'un élément chimique donnés présents dans un
échantillon à un instant t quelconque. N diminue au cours du temps : -dN est la variation de N
(dN < 0 puisque N diminue), le nombre de noyaux disparus est : – dN. Comme la probabilité
de désintégration d'un de ces radionucléides ne dépend ni de la présence d'autres radionucléides,
ni du milieu environnant, le nombre total de désintégrations pendant un petit intervalle de temps
dt est proportionnel au nombre de radionucléides N présents à l'instant t et à la durée dt de cet
intervalle :

-dN = . N. dt

En intégrant l'équation différentielle précédente, on trouve le nombre N(t) de radionucléides


présents dans l’échantillon à un instant t quelconque, sachant qu'à un instant donné t = 0 il y en
avait N0. C’est une loi de décroissance exponentielle. Si on appelle N0 le nombre de noyaux
initialement présents, on a la relation :

N(t) = N0 x 𝒆−𝒕

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La loi de décroissance s’applique aussi à la masse des noyaux du radionucléide.

Sachant que la masse d’un noyau d’un certain nucléide est égale à :

M est la masse molaire,


NA nombre d’Avogadro.
A nombre de masse.

Donc :

m(t) = m0 x 𝒆−𝒕

m(t) : masse de l’échantillon à l’instant t

m0 : masse initiale de l’échantillon

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4. L’ACTIVITE
L'activité d’un échantillon de matière radioactive est définie par le nombre des désintégrations
par unité de temps qui se produisent en son sein à chaque instant. Cette activité est une
caractéristique primordiale de cet échantillon avec la nature des rayons émis. Elle représente sa
« radioactivité de base ». Quand l’échantillon contient plusieurs éléments, l’activité totale est
la somme des activités de chaque élément.
On définit officiellement l'activité d'un échantillon de matière radioactive comme le nombre de
désintégrations qui s'y produisent par seconde.
L’activité se mesure en Becquerels (Bq) ou en curies (Ci)

1 Bq = 1 désintégration /seconde

1 Ci = 3,7.107 Bq

− ⅆ𝑵
Ac = = N = N0𝒆−𝒕
ⅆ𝒕

Ac (t)= A0𝒆−𝒕 A0 = N0

Ac : activité au temps t.

A0 : activité initiale

L’activité se mesure par le nombre de rayonnements émis par unité de temps. Plus une
substance est active, plus elle émet de rayons. L’activité alpha ou bêta est égale au nombre de
rayons alpha ou bêta émis par unité de temps. L'activité gamma dépend du nombre moyen de
gamma par désintégration. Dans la plupart des cas où 100% des désintégrations produisent un
alpha ou un bêta, les nombres de désintégrations et les activités alpha ou bêta sont égales.

IV. Effet Compton


Un photon d’énergie E entre en interaction avec un électron et lui transfère une énergie Ea, le
reste de l’énergie étant dans le photon est diffusé. On a Es = E - Ea. La loi de conservation de la
quantité de mouvement fait qu’il existe une relation entre Ea (énergie de l’électron), Es (énergie
du photon diffusé) et les angles auxquels ils sont émis. L’énergie Ea est comprise entre 0 (choc
tangentiel) et Eamax (choc frontal). Les relations de Compton font apparaître qu’un photon ne
peut pas transférer toute son énergie à une particule isolée, l’énergie du photon diffusé est donc

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comprise entre E (choc tangentiel) et Esmin (choc frontal : le photon est alors diffusé vers
l’arrière, c’est une rétrodiffusion). L’énergie de l’électron Compton Ea correspond à une énergie
cinétique, absorbée par le milieu au voisinage du point d’interaction.

Figure 2: Effet Compton

B- Etude de la gamma caméra

Figure 3: Gamma Caméra Siemens couplée au Scanner

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Définition
La Scintigraphie est un examen qui sert à analyser les organes et leur fonctionnement, grâce à
une caméra spécifique. Il est réalisé après injection d’un produit faiblement radioactif et non
toxique. Elle peut concerner le cœur, les Os, la thyroïde…

I. Déroulement de l’examen
On administre le produit (traceur radioactif), puis on observe un délai d’attente variable (en
fonction de l’organe à examiner). On réalise ensuite les images grâce à un appareil appelé «
gamma-caméra.

Le produit radioactif est le plus souvent injectée dans une veine du bras. Si une voie veineuse
est déjà installée, elle sera utilisée. Après l’injection, il peut être nécessaire d’attendre avant la
prise des images, de quelques minutes à 3 heures selon l’organe à examiner. Durant la
scintigraphie, le patient reste immobile, allongé ou plus rarement assis.

La gamma caméra se déplace très près du patient pour obtenir des images de bonne qualité. Il
n’y a pas besoin de se déshabiller, mais on devra retirer les plus gros objets métalliques (clés,
médaille, ceinturons) qui feraient une ombre sur les clichés.

Le patient ne reçoit qu’une quantité très faible de radioactivité, justifiée par le bénéfice apporté
par l’examen. Selon l’examen, cela peut être équivalent à une semaine en montagne ou à
plusieurs voyages transatlantiques en avion. Parfois, le rayonnement reçu est comparable à celui
d’un examen radiographique des poumons. Dans tous les cas, le rayonnement reçu n’augmente
pas avec le nombre d’images réalisées. Les substances injectées ne sont pas toxiques, ne
provoquent pas d’allergie et sont indolores. Même en cas d’allergie connue, l’examen
scintigraphique n’est qu’extrêmement rarement contre indiqué.

La prise des clichés dure habituellement de quinze minutes à 2 heures.

Pour un radionucléide donné, l'élimination se fait à la fois par voies naturelles (suivant sa
période biologique) et par décroissance radioactive du nombre de ses atomes du fait de sa
radioactivité (suivant sa période radioactive propre, ou période physique). Pour les
radionucléides, on définit la période effective, qui correspond au temps au bout duquel l'activité
dans l'organisme aura été divisée par deux, du fait de ces deux décroissances.

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𝟏 𝟏 𝟏
= +
𝑻𝒆 𝑻𝑷 𝑻𝒃

Elément Période physique Tp Période biologique Tb Te


Iode-131 8,0 j 30 j (thyroïde) 6,3 j
Téchnetium-99m 6h 1j 4,8 h
Césium-137 10950 j 150 j 148 j

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II. Principe de fonctionnement d’une gamma-camera

Figure 4: Schéma de principe d'une scintigraphie

Une gamma-camera, ou détecteur à scintillation (scintigraphe), est un imageur médical qui


permet de mesurer et de visualiser la concentration d’un marqueur radioactif dans des tissus
vivants.
Le 99mTc émet des photons gamma d’énergie 141 keV (89 % des émissions), 18 keV (6 %) et
21 keV (1 %) de manière isotrope [2]. Pour former une image à deux dimensions (projection),
un collimateur qui va permettre de privilégier les photons gamma venant d’une direction est
utilisé. Ensuite, chaque photon gamma va interagir avec le scintillateur pour donner naissance
à une gerbe de photons lumineux, recueillie sur les photodétecteurs (tubes photomultiplicateurs
par exemple). Les signaux électriques sont alors lus, convertis puis traités afin de reconstruire
une image [3]. Ce principe a été proposé puis mis en œuvre dès 1952 par H.O. Anger. Il reste
toujours d’actualité grâce aux nombreuses améliorations technologiques effectuées.

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III. Description des éléments

Figure 5: Principe d'une Gamma-caméra

1. Le collimateur
Par définition, l’image produite par un imageur planaire doit conserver l’information spatiale
de la distribution du radioélément. Les photons gamma étant impossibles à dévier (comme le
ferait une lentille avec des photons lumineux), la seule solution est d’absorber les rayons qui ne
sont pas dans la direction voulue grâce à un matériau très dense comme du plomb ou du
tungstène. Un bloc percé de trous dans la direction à privilégier est utilisé. Les parois où seront
absorbés les photons gamma hors direction portent le nom de septas. Le collimateur fixe en
grande partie les caractéristiques d’une gamma-camera.

Différents cas peuvent se présenter pour les rayons qui arrivent jusqu’au collimateur :

Figure 6: Collimation des photons 

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a : composante diffusée : le gamma a diffusé dans les tissus et a perdu une partie de son énergie
(diffusion Compton) ;
b : composante absorbée ;
c : composante géométrique ;
d : composante de pénétration septale : le gamma passe à travers un septa en y laissant une
partie de son énergie (diffusion Compton)

Figure 7: Géométrie des Collimateurs : parallèle, éventail et sténopé

La résolution spatiale, l’efficacité géométrique et le champ de vue (FOV : field of view) sont
les trois grandeurs associées à un collimateur.

Le premier collimateur utilisé pour la caméra de scintillation était un collimateur sténopé


(pinhole en anglais). Ce type de collimateurs connait à nouveau le succès depuis une dizaine
d’années. Les collimateurs sténopés sont donc employés en routine clinique pour l’imagerie
d’organes de petite taille et superficiels (glande thyroïde, articulations, etc.). La géométrie
parallèle est la plus simple du point de vue de la reconstruction, mais les géométries non
parallèles ont l’avantage d’augmenter la surface de projection de l’objet, et donc le nombre de
photons détectés. Par contre, cette augmentation de taille conduit à des projections tronquées
dont il faut tenir compte. Les caractéristiques géométriques du collimateur ont un impact direct
sur le champ de vue, la résolution spatiale et la sensibilité du système de détection.

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Figure 8: Exemple de Collimateur

2. Scintillateur

Le scintillateur est un milieu, solide ou liquide, qui se comporte comme un transformateur


d’énergie, dans lequel se déroulent deux phénomènes distincts :
▪ Absorption de l’énergie du rayonnement (photons gamma par exemple) amenant des
excitations et des ionisations des atomes ou molécules du milieu ;
▪ Emissions de photons lors de la désexcitation.
La forme de la décroissance de l’émission de photons dépend de la nature des phénomènes de
désexcitation. Ils sont souvent relativement complexes, mais une décroissance exponentielle (à
une ou deux constantes) de l’émission lumineuse permet une bonne approximation. La longueur
d’onde de la réémission dépend du matériau du scintillateur et doit être compatible avec la
gamme de sensibilité spectrale du photodétecteur situé en aval. D’autre part, le scintillateur doit
bien entendu être transparent à sa propre lumière. Pour des raisons pratiques, les scintillateurs
solides, sous forme de cristaux, sont les plus utilisés en imagerie médicale.

Une simulation d’un photon de 141 keV arrivant sur un cristal de NaI (Tl) de 4 mm d’épaisseur
donne une gerbe d’environ 4000 photons avec une largeur à mi-hauteur de 2 mm.

Scintillateur NaI (Tl) CsI (Tl) CsI (Na)


Indice de réfraction 1,85 1,79 1,79
Z effectif 51 54 54
Masse volumique (g/cm3) 3,67 4,51 4,51

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Coefficient d’atténuation (cm-1) à 140 keV 2,45 3,61 3,61


Constante de décroissance (ns) 230 1000 650
Luminosité relative au NaI (Tl) 100 132 75
Longueur d’onde d’émission (nm) 410 550 420
Hygroscopique Oui Non Non

Les gamma caméras sont équipées d’un cristal monobloc de scintillant d’iodure de sodium dopé
au thallium : NaI(Tl). Ce scintillateur est un scintillateur inorganique. Il convertit les photons
gamma en photons lumineux. Il a l’avantage de présenter une bonne efficacité de conversion
entre l’énergie déposée par les photons gamma et l'énergie lumineuse émise. Ce processus de
conversion est le suivant : lorsqu’un photon interagit dans le scintillateur (par effet
photoélectrique ou par diffusion Compton, il cède de l’énergie à des électrons. Ces électrons
vont ensuite ioniser et exciter les atomes et les molécules du milieu. Le retour vers l’état
fondamental (c'est-à-dire un état ni ionisé ni excité) s’accompagne d’une émission lumineuse
isotrope. On parle alors de luminescence caractéristique du milieu. L’intensité de cette émission
lumineuse est proportionnelle à la quantité d’énergie cédée par les photons ayant interagi.
Bien qu’hygroscopique et nécessitant une encapsulation hermétique, le scintillateur NaI(Tl) fait
partie des scintillateurs inorganiques les plus utilisés pour la détection des rayons gamma en
médecine nucléaire.

Les scintillateurs NaI(Tl), CsI(Tl) et CsI(Na) possèdent un numéro atomique, une masse
volumique et un coefficient d’atténuation suffisants pour leur permettre de détecter les rayons
gamma aux énergies considérées en médecine nucléaire.
Cependant, le scintillateur NaI(Tl) présente le meilleur compromis comparé aux scintillateurs
CsI(Tl) et CsI(Na) :
▪ il possède une bonne efficacité de conversion entre l’énergie déposée et l’énergie
lumineuse (traduit par le terme de luminosité, le NaI(Tl) sert de référence) ;
▪ il est transparent à sa propre lumière, et sa réponse spectrale (de longueur d’onde
d’émission de 410 nm) est parfaitement adaptée pour une conversion électrique de la
photocathode bi-alkaline du tube photomultiplicateur (PMT).

3. Le guide de lumière
Le guide de lumière assure un couplage optique entre le cristal scintillant et les tubes
photomultiplicateurs. Le matériau le constituant possède un indice de réfraction (N) proche de

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celui du scintillateur, telle que le verre (N = 1,5). L’adaptation d'indice de réfraction entre le
cristal NaI(Tl) (indice élevé N = 1,85) et le vide des photomultiplicateurs (N = 1) permet d'éviter
la transition trop brutale entre ces deux milieux, et donc d'éviter la réflexion totale des rayons
lorsqu'ils sont inclinés par rapport aux interfaces. De plus, ce guide de lumière permet un
éloignement des photomultiplicateurs par rapport au cristal et ainsi de disposer d’un plus grand
nombre de photomultiplicateurs, donc d’une meilleure résolution spatiale.

4. Photomultiplicateur
Un photomultiplicateur (PM) est un tube électronique qui convertit par effet photo-électrique
un rayonnement lumineux visible en un signal électrique. Ce signal est ensuite amplifié à
l’intérieur même du tube. Le PM est composé :

− d’une photocathode qui convertit le flux de photons en électrons. Les matériaux qui la
composent sont différents en fonction du spectre désiré.
− d’un dispositif de focalisation, de collection et d’accélération, constitué d’électrodes ;
− d’un multiplicateur d’électrons composé d’une succession d’électrodes appelées
dynodes ;
− d’une ou plusieurs anodes où sont récoltés les électrons et sur lesquelles est prélevé le
signal de sortie.
Ces éléments sont regroupés dans une enveloppe scellée sous vide (10-4 Pa) composée d’une
fenêtre optique d’entrée laissant passer le flux lumineux (communément en borosilicate), d’un
corps métallique faisant office de blindage magnétique et d’un bornier de connexion électrique.

Figure 9: Schéma de fonctionnement du photomultiplicateur

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Figure 10: Photo multiplicateur Couplé au Scintillateur

5. Le circuit électronique analogique


Le circuit électronique analogique permet de déterminer la localisation du point
d’interaction du photon dans le cristal et la valeur de l’énergie du photon. Pour cela, le circuit
analogique est constitué d’un réseau de quatre résistances par PMT. L'étude des signaux
électriques aux bornes de chaque résistance de tous les PMTs permet de calculer par
pondération barycentrique la localisation du point d’interaction et l’énergie du photon. Les
signaux des résistances fournissent le positionnement selon l’axe des X et le positionnement
selon l’axe des Y mais également l’énergie du photon E (correspondant à la somme des signaux
de tous les PMTs).

Afin que les coordonnées de l’interaction X et Y soient indépendantes de l’énergie


d’émission du radio-isotope utilisé, les valeurs brutes des coordonnées X et Y sont normalisées
par rapport à l’énergie totale de l’évènement traité.

On dispose ainsi pour chaque interaction d’un photon de trois informations : les
coordonnées de sa position d’interaction X et Y et son énergie E. Ainsi lors d’une acquisition,
toutes les interactions sont répertoriées selon leur position X ( X) et Y ( Y) et leur énergie
E ( E). L’image scintigraphique correspond alors à la visualisation du nombre d’interactions
en chaque position et dont l’énergie est comprise dans une fenêtre en énergie.

6. Les processeurs
Les processeurs assurent l’acquisition des données, l’affichage et le stockage des
images. Ils permettent également de réaliser des corrections en ligne et un traitement des
données. Les corrections en ligne sont destinées à réduire les imperfections de la gamma

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caméra. Elles incluent un ajustement automatique du gain des PMTs (vérification de


l’étalonnage et de la stabilité dans le temps et l’espace), une correction en énergie, une
correction de linéarité (suppression les distorsions spatiales par correction des coordonnées X
et Y en temps réel) et une correction d’efficacité (uniformisation par correction des valeurs de
chaque pixel image). Le traitement des données consiste à traiter les informations afin d’obtenir
une image exploitable. Il inclut par exemple les techniques de lissage ou de filtrage des images,
et les techniques de reconstruction d’image.

IV. Les modes et les types d’acquisition d'une gamma caméra d’Anger

La gamma caméra d’Anger peut fonctionner selon deux modes : un mode statique et un mode
dynamique.
▪ Le mode statique est un mode où l’information temporelle n’est pas exploitée.
L'information utilisée est celle comptabilisée pendant la durée totale de l’acquisition.
▪ Le mode dynamique est un mode où l’information temporelle est exploitée.
L'information utilisée est liée au temps, c'est-à-dire que les données acquises sont traitées selon
des courbes « activité-temps ». Ce mode dynamique permet de connaître le fonctionnement
d’organes tels que les reins (imagerie rénale dynamique) ou le cœur (imagerie cardiaque
dynamique). Pour ce dernier exemple, les courbes « activité-temps » peuvent être obtenues par
une synchronisation entre un électrocardiogramme et la gamma caméra afin de positionner les
images dans le cycle cardiaque.
Ces deux modes (statique et dynamique) sont utilisés aussi bien en acquisition planaire
(acquisition à un seul angle de vue) qu'en acquisition tomographique (acquisition en plusieurs
angles de vue).
• Lors d’une acquisition planaire, la tête de détection de la gamma caméra reste fixe
durant toute l'acquisition. Cette acquisition ne permet d'explorer qu'une partie du corps
correspondant au champ de vue de la gamma caméra. Ce type d'acquisition permet au médecin
d'avoir une image 2D directement interprétable, correspondant à une projection 2D d’un volume
3D (le patient). Aucune information sur la localisation en profondeur des sources radioactives
distribuées dans le patient n’est alors disponible.
• Lors d’une acquisition tomographique, la tête de détection de la gamma caméra tourne
autour du patient. La tête de détection réalise alors des acquisitions à différentes valeurs
d’angles de vue discrètes. Typiquement, une acquisition tomographique comporte 64 ou 128
angles de vue couvrant 360° autour du patient. Ce type d'acquisition nécessite des techniques

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de reconstruction d'images afin que le médecin dispose d'images interprétables, sous forme de
coupes (2D) d’un volume (3D). La localisation en profondeur des sources radioactives
distribuées dans le patient est alors connue.
L’acquisition tomographique est communément appelée SPECT, pour Single Photon Emission
Computed Tomography en anglais.

V. Exemples d’examens scintigraphiques


Différentes spécialités médicales font appels aux examens scintigraphiques, afin de mettre en
évidence certaines pathologies :

o La scintigraphie est utilisée en cardiologie (étude du cœur). Elle permet alors d’étudier
le fonctionnement de ce muscle (sa façon de se contracter) et de mettre en évidence
d’éventuelles zones ischémiques pendant un effort ou les zones nécrosées (dans le cas de
l'infarctus).
o La scintigraphie est utilisée en neurologie (étude du cerveau). Elle permet par exemple
l’étude de certaines maladies dégénératives (comme la maladie d'Alzheimer), épileptiques, ou
infectieuses.
o La scintigraphie est utilisée en endocrinologie. Elle permet notamment l’étude de la
thyroïde et des parathyroïdes. Par exemple, elle est demandée si l’on suspecte une
hyperthyroïdie, voire éventuellement un hypofonctionnement ou une augmentation de volume
de la thyroïde (goître) ou encore pour le contrôle d’une opération chirurgicale. - la scintigraphie
est utilisée en oncologie. Elle permet, par exemple, de mettre en évidence des tumeurs ou
métastases au niveau des os, ou de repérer les ganglions sentinelles lors d’un cancer du sein.

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Figure 11: Examens Scintigraphiques

Figure 12: Exemple d’image d’une scintigraphie osseuse, face postérieure (à gauche) et face antérieure (à droite)

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