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Le Chêne Et Le Roseau La Fontaine Analyse
Le Chêne Et Le Roseau La Fontaine Analyse
Le Chêne Et Le Roseau La Fontaine Analyse
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Annonce du plan :
Dans cette analyse, nous verrons que la fable « Le chêne et le roseau », plaisante pour le
lecteur par sa fantaisie et sa vivacité (I), est en même temps l’occasion pour le fabuliste
d’énoncer une morale implicite à la portée à la fois sociale et autobiographique (II).
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I – Une fable agréable
A – La structure du récit
La fable « Le chêne et le roseau » est construite comme un récit à part entière.
Elle met en scène des végétaux personnifiés, qui s’adressent l’un à l’autre.
Il ne s’agit donc pas d’un récit réaliste, mais merveilleux où les végétaux sont des
personnages qui parlent.
♦ Les péripéties tiennent en deux vers brefs (v. 28-29) : ce sont les réactions des deux
personnages face à la puissance du vent qui redouble.
♦ Vient ensuite la résolution (v. 29-32) : le vent souffle si fort qu’il déracine le Chêne,
signant le triomphe du Roseau.
B – Un récit vivant
La fable « le chêne et le roseau » présente des rythmes et des rimes variés qui donnent
une certaine vivacité au récit.
Les vers ne sont pas tous de la même longueur : il s’agit donc d’une fable hétérométrique.
Or ces irrégularités mettent en valeur certains vers.
Ainsi, les alexandrins (vers de 12 syllabes) insistent sur la grandeur du Chêne, tel qu’il se
perçoit, et témoignent de son arrogance.
Les vers courts soulignent par contraste l’insignifiance du Roseau dans le discours du
Chêne.
On observe ainsi une opposition entre les octosyllabes qui font référence au Roseau, et les
alexandrins qui décrivent le Chêne, opposition soulignée par l’adverbe « Cependant » :
« “Le moindre vent qui d’aventure ”(octosyllabe)“
Fait rider la face de l’eau, ”(octosyllabe)“
Vous oblige à baisser la tête : ”(octosyllabe) “
Cependant que mon front, au Caucase pareil…” » (alexandrin)
(v. 4-7)
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Les vers courts dans la tirade du Chêne soulignent également son sentiment de toute
puissance.
Par exemple, le vers 9, qui clôt de manière abrupte les deux alexandrins qui le précèdent,
souligne la facilité avec laquelle le Chêne entend résister à la tempête :
« “Cependant que mon front, au Caucase pareil, ”(alexandrin)“
Non content d’arrêter les rayons du soleil, ”(alexandrin)“
Brave l’effort de la tempête.” » (octosyllabe)
Enfin, le contraste entre les vers courts et longs introduit des ruptures rythmiques qui
tendent à dramatiser le récit.
C’est le cas notamment au vers 26, où l’octosyllabe isolé entre des alexandrins accentue
l’effet produit par le superlatif associé à l’adjectif « “terrible” » :
« “Mais attendons la fin. » Comme il disait ces mots,
Du bout de l’horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants ”(octosyllabe)
“Que ne Nord eût porté jusque-là dans ses flancs”
(v. 24-26).
Le champ lexical du corps insiste sur leur personnification : « “tête » (v.6) ; « front » (v.
7) ; « dos” » (v. 23).
Ensuite, le fabuliste accentue la différence entre les deux végétaux en attribuant à chacun
une parole très différente.
Le dialogue est introduit par le Chêne, dont la tirade s’étend sur seize vers, alors que la
réponse du Roseau tient en sept vers.
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La parole du Chêne apparaît donc plus ample que celle du Roseau, d’abord en termes
quantitatifs, puisqu’il est plus bavard, mais également en termes qualitatifs.
Par contraste, la parole du Roseau reste très pragmatique et s’appuie sur des faits : il n’a
pas besoin de la pitié du Chêne, car il est moins fragile face au vent du fait de sa
souplesse, alors que le chêne n’est pas à l’abri de se voir déraciner un jour.
En témoigne le vers 18, où l’alexandrin est divisé entre discours direct et discours
indirect :
“– Votre compassion, lui répondit l’Arbuste,
Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci.” (v. 18-19).
Enfin, l’opposition entre le chêne et le roseau est aussi soulignée par les termes qui les
caractérisent :
♦ «“ Chêne » / « Roseau”» au vers 1 les place sur un pied d’égalité au tout début du récit.
♦ « “L’Arbuste”» qui renvoie au Roseau (v. 18) tend à le diminuer suite à la longue tirade du
Chêne.
♦ Enfin, « “L’Arbre» / « Le Roseau ”» (v. 28) suggère une transformation dans les rapports
de force des deux végétaux, en faisant perdre de sa prestance au Chêne, vulgarisé
(« L’Arbre » ), et annonce le triomphe du Roseau à la fin de la fable.
A – L’arrogance du Chêne
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L’arbre se fonde sur la nature pour affirmer comme un état de fait sa différence avec le
Roseau, en insistant sur l’insignifiance de son interlocuteur : « “Vous avez bien sujet
d’accuser la Nature » (v. 2) ; « Encore si vous naissiez à l’abri du feuillage » (v. 11) ; « Mais
vous naissez le plus souvent » (v. 15) ; « La nature envers vous me semble bien injuste” » (v.
17).
Le parallélisme du vers 10 insiste à ce titre sur l’idée que le Roseau est à la merci du
moindre vent alors que le Chêne peut faire face à la tempête :
« “Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr” ».
Il insiste sur la soumission du roseau qui doit « “baisser la tête” » et affirme sa puissance
face au monde, puissance mise en relief par la ponctuation et l’adverbe « “Cependant” » :
♦ « “Vous oblige à baisser la tête : / Cependant que mon front, au Caucase pareil, / Non
content d’arrêter les rayons du soleil, / Brave l’effort de la tempête ” ».
B – L’habileté du Roseau
Devant l’arrogance du Chêne, le Roseau se montre habile pour affirmer sa propre force.
En évitant tout conflit, il met en avant sa qualité principale de manière subtile : sa flexibilité.
Mais on sent pointer une certaine ironie que souligne la diérèse qui décompose le terme
« “compassion” » au vers 18 (« compassion » se prononce donc en 4 syllabes « com-pa-
ssi-on » et non en 3 syllabes « com-pa-ssion » ).
Le roseau feint d’être reconnaissant à l’égard du Chêne, mais lui répond en fait avec
habileté de manière ironique et tranchante : son discours, pragmatique, composé de
propositions courtes, est direct.
En témoigne par exemple l’injonction simple et efficace : « “mais quittez ce souci” » (v. 19).
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Il affirme sa supériorité face au vent par une affirmation simple : « “Les vents me sont
moins qu’à vous redoutables ”». L’usage du décasyllabe introduit ici une rupture rythmique
qui souligne le caractère tranchant de la réponse.
De même, il fait usage d’une gradation par laquelle il inverse le rapport de force avec le
chêne : « “Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu’ici” » (v. 21).
Enfin, son discours se termine de manière subtile sur une menace mise en exergue par
l’opposition temporelle entre « “Jusqu’ici” » et « “la fin” » :
« “Vous avez jusqu’ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos :
Mais attendons la fin”. » (v. 21-24).
L’opposition entre les deux végétaux permet au fabuliste d’exposer de manière implicite une
morale à la fois sociale et autobiographique.
Le chêne symbolise l’orgueil démesuré, faisant face au Roseau, symbole d’une sagesse
prudente, faisant de son adaptabilité sa force.
Le vent apparaît comme un troisième personnage, crucial parce qu’il arbitre le conflit
entre les deux végétaux : c’est lui qui a le dernier mot, et qui porte donc implicitement la
morale.
En déracinant le chêne, il punit son orgueil, lui rappelant combien il est peu de choses
puisqu’il n’échappe pas à la mortalité. C’est ce que soulignent les deux derniers vers de la
fable, opposant le désir de grandeur à la mort :
« “Et fait si bien qu’il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts” » (v. 31-32).
On peut lire cette leçon, au-delà d’une dimension simplement morale, dans une perspective
sociale : ce n’est pas parce qu’on appartient à la classe sociale la plus élevée qu’on est
au-dessus de la nature. On n’est, malgré tout, qu’un homme, et il faut savoir rester humble.
Par ailleurs, cette morale peut revêtir un aspect autobiographique pour le fabuliste.
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A ce titre, le vent apparaît comme une figure du Roi Louis XIV, au pouvoir absolu et
implacable que souligne la périphrase « “Le plus terrible des enfants” » (v. 26).
Enfin, on peut penser que le Roseau représente La Fontaine et sa nécessité d’être habile
et adaptable au sein de la cour de Louis XIV afin de demeurer sous la protection du roi
après la disgrâce de Fouquet.
Il démontre également le pouvoir des fables, manière pour lui de se faire Roseau, en
critiquant la société dans laquelle il vit de manière détournée, par le biais de la fiction.
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♦ Le lion et le moucheron (analyse)
♦ Les femmes et le secret
♦ La laitière et le pot au lait (analyse)
♦ Le vieillard et les trois jeunes hommes (analyse)
♦ Le singe et le léopard (lecture linéaire)
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