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Annonce du plan :
C’est à partir de sa profonde lassitude (I) que le poète, en quête d’inconnu et d’inspiration
poétique, entreprend un voyage à la fois symbolique et métaphorique (II).
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Dès le premier vers de « Brise marine », Stéphane Mallarmé fait le constat de sa lassitude
présente : “« La chair est triste, hélas ! Et j’ai lu tous les livres. »”
De plus, ce premier vers se termine par un point, ce qui lui donne un caractère définitif,
fermé et inéluctable.
Cette profonde lassitude est accentuée par le rythme lent et allongé de l’alexandrin au
vers 1 et l’assonance en « an » tout au long du poème, qui traduisent la langueur et la
monotonie : “« Je sens » (v. 2), « qui dans la mer se trempe », « lampe » (v. 5-6), « que la
blancheur défend », « allaitant son enfant » (v. 7-8), « balançant », « Lève l’ancre » (v. 9-10),
« Ennui », « encore », « invitant » (v. 11 à 13), « qu’un vent penche », « sans mâts, sans
mâts », « entends le chant »” (v. 14 à 16).
Les liens familiaux de Mallarmé sont mis à distance à travers l’emploi de la troisième
personne et l’article défini « la » pour désigner sa femme, évoquée ici de manière
implicite, comme une inconnue : “« la jeune femme allaitant son enfant »” (v. 8).
L’emploi du pronom « son » pour désigner leur enfant (« son enfant » ) accentue ce rejet.
Par ailleurs, la forte allitération en « r » traduit bien l’idée de saturation, d’un quotidien
devenu insupportable : “« La chair est triste », « livres », « fuir », « ivres », « D’être
parmi », « Rien », « jardins » (v. 1 à 4), « Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe »,
« la clarté déserte », « Sur le vide papier que la blancheur défend » (v. 5 à 7), « Je partirai !
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Steamer balançant ta mâture/Lève l’ancre pour une exotique nature » (v. 9-10), « les cruels
espoirs », « Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs », « orages », « naufrages » (v.
11 à 14), « perdus », « fertiles », « mon cœur »” (v. 15-16).
Cet enthousiasme, comme un élan vital, est accentué par l’accélération du rythme dès
le vers 2.
Cette accélération est due notamment à la syntaxe – qui donne à certains vers un rythme
saccadé (v. 2, 13, 15) – et aux enjambements successifs (v. 2 à 3, 4 à 5, 6 à 7, 11 à 12).
Par ailleurs, l’emploi du futur et de l’impératif marque l’aspect décisif de cet appel du
voyage : “« Je partirai ! » (v. 9), « Lève l’ancre » (v. 10), « entends le chant des matelots »”
(v. 16).
Cet appel est d’autant plus fort que le voyage est idéalisé par Mallarmé, comme le
soulignent les champs lexicaux de l’exotisme de l‘inconnu et de l’ailleurs : “« là-bas » (v.
2), « l’écume inconnue » (v. 3), « exotique nature » (v. 10), « fertiles îlots » (v. 15), « le chant
des matelots »” (v. 16).
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Bien qu’idéalisé, le voyage n’exclut pas le danger avec l’évocation du naufrage à la fin du
poème : “« Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,/Sont-ils de ceux qu’un vent penche
sur les naufrages »” (v. 13-14).
Transition : Mais nous allons voir que c’est avant tout un voyage symbolique et
métaphorique que le poète entreprend ici.
Dans « Brise marine », le voyage représente la liberté, ce qui est symbolisé par l’image du
ciel et des oiseaux : « “Je sens que des oiseaux sont ivres/D’être parmi l’écume inconnue
et les cieux ! » ”(v. 2-3).
Mais c’est avant tout la mer qui domine à travers le champ lexical de la mer et de la
navigation : “« l’écume » (v. 3), « la mer » (v. 5), « Steamer » (v. 9 > terme anglais qui
désigne un bateau à vapeur), « mâture », « l’ancre » (v. 9-10), « mâts » (v. 13 et 15),
« naufrages » (v. 14), « matelots »” (v. 16).
Le voyage maritime est également une métaphore de l’aventure poétique. C’est en effet
l’inspiration que le poète recherche à travers ce voyage.
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Le chiasme des vers 6 et 7 évoque l’angoisse de la page blanche et indique la panne
d’inspiration éprouvée par le poète dans son environnement présent : “« ni la clarté
déserte de ma lampe/Sur le vide papier que la blancheur défend »”.
Cette impuissance se retrouve également dans la présence des verbes à l’infinitif et des
participes passés qui traduisent la passivité : “« Fuir », « D’être » (v. 2-3), « reflétés » (v.
4), « désolé » (v. 11), « Perdus » ”(v. 15).
Mallarmé puise également son inspiration dans la poésie baudelairienne à laquelle il rend
hommage : le voyage maritime, l’exotisme, l’ailleurs, l’angoisse face au néant et à
l’impuissance créatrice sont autant de thèmes chers à Baudelaire.
On trouve d’ailleurs plusieurs références précises aux poèmes baudelairiens, telles que
« “l’adieu suprême des mouchoirs” » (v. 12) qui renvoie au poème de Baudelaire « Un
hémisphère dans une chevelure » (“« […]comme un homme altéré dans l’eau d’une source,
et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans
l’air »”), ou encore « “le chant des matelots” » (v. 16) qui rappelle « Parfum exotique » (“« Se
mêle dans mon âme au chant des mariniers »”).
Comme chez Baudelaire, la quête poétique n’est pas de tout repos. L‘oxymore « “cruels
espoirs” » (v. 11), met en relief les désillusions et les échecs inhérents au voyage :
“« Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots »” (v. 15).
Le jeune Stéphane Mallarmé en quête d’inspiration poétique cherche celle-ci dans ses
influences (Baudelaire principalement) et en lui-même, conscient que le voyage poétique
peut aboutir au naufrage.
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♦ Verlaine
♦ Les Voiles, Lamartine
♦ Le lac, Lamartine
♦ La Port de Palerme, Anna de Noailles (lecture linéaire)
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