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DROIT COMMERCIAL (suite et fin)

Chapitre IV- LES JURIDICTIONS DU COMMERCE

Face à un litige né dans le monde du commerce, les juridictions étatiques sont toujours
compétentes mais la loi prévoit aussi la possibilité d’un arbitrage.

Section 1- Les tribunaux de commerce

Puisque les commerçants sont des acteurs sur la scène juridique, ils sont justiciables devant les
juridictions étatiques. Aux termes de l’article 42 de l’ordonnance n°60.107 du 27 septembre
1960 portant réforme de l’organisation judiciaire, la chambre commerciale qui se trouve auprès
des tribunaux de première instance porte le nom de tribunal de commerce. Elle a une composition
spéciale. De plus, elle a ses compétences d’attribution et territoriales.

Paragraphe 1- La composition du tribunal de commerce

Aux termes des articles 42 et suivants de l’ordonnance n°60.107 ci-dessus, le juge du tribunal
de commerce est assisté de deux assesseurs qui sont nommés par arrêté du Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice, sur présentation de la chambre de commerce du siège de la juridiction
parmi les commerçants des deux sexes, âgés de trente ans au moins, établis depuis cinq ans et
habiles à exercer à Madagascar leurs droits civiques et politiques. Une personne ayant été
condamné pour crime ou délit de droit commun, un officier ministériel destitué et un failli non
réhabilité ne peuvent pas être nommés assesseurs. Un assesseur doit être une personne
physique.

Paragraphe 2- Les compétences d’attribution :

Ce sont les compétences à raison de la matière. Le tribunal de commerce est compétent pour
juger tous les litiges qui ont leur cause dans un acte de commerce; les actes mixtes si l’acte est
commercial à l’égard du défendeur; les contestations entre commerçants concernant l’exercice de
leur commerce; les contestations entre associés à raison d’une société commerciale; la faillite et
procédure collective.

En cas d’urgence, c’est le Président du Tribunal qui est compétent mais il doit régler l’urgence
sans entrer dans le fond de l’affaire, il est le juge des référés.

Paragraphe 3- Les compétences territoriales

Ce sont les compétences à raison du lieu. S’il est déjà clair que le litige est de la compétence du
tribunal de commerce, il reste à préciser lequel de tous les tribunaux de commerce Madagascar
faut-il saisir. Le principe est que le tribunal compétent est celui du lieu où demeure le défendeur
c’est-à-dire le tribunal du domicile du commerçant personne physique ou le tribunal du siège
principal de la société.

Ce principe souffre de quelques exceptions. Tout d’abord en matière de contrat, le tribunal


compétent est celui du lieu de sa conclusion ou de son exécution lorsque l’une des parties est
domiciliée dans ce lieu. Ensuite, en matière de paiement, il y a une compétence du tribunal dans
le ressort duquel le paiement doit être effectué. Puis, en matière de société, c’est la compétence
du lieu du siège social,mais en vertu de la Théorie des gares spéciales, il est permis d’assigner
une société devant le tribunal de l’une de ses succursales. Enfin, en matière de faillite, le tribunal
compétent est celui du domicile du failli ou de celui qui bénéficie du règlement judiciaire.
Section 2- L’arbitrage commercial

C’est un procédé privé et facultatif de règlement des conflits en confiant la mission de juger à un
tiers qualifié arbitre choisi par les parties, et en vertu d’une convention d’arbitrage. L’arbitrage est
prévu par le code de procédure civile.Toute personne physique ou morale peut recourir à
l’arbitrage sur les droits dont elle a la libre disposition.

L’arbitrage a les avantages de la discrétion et de la compétence technique de l’arbitre ou des


arbitres choisis, de la possibilité de conciliation. Les conventions d’arbitrage doivent satisfaire
certaines conditions pour pouvoir produire effets.

Paragraphe 1- Les conditions d’application de la convention d’arbitrage

La convention d’arbitrage peut revêtir deux formes différentes: celle d’un compromis ou celle d’une
clause compromissoire. Un compromis est la convention par laquelle les parties décident qu’elles
soumettent le règlement de leur conflit à un arbitrage. Un compromis a comme hypothèse
l’existence d’un conflit entre les parties, c’est seulement à ce moment qu’elles rédigent l’acte.

Les parties peuvent compromettre même au cours d’une instance déjà engagée devant une autre
juridiction. Mais elles ne peuvent pas compromettre sur les questions concernant l’ordre public ;
sur les questions relatives à la nationalité ; sur les questions relatives au statut personnel, à
l’exception des litiges d’ordre pécuniaire en découlant ; sur les litiges concernant l’Etat, les
collectivités territoriales et les établissements publics. Par contre, la clause compromissoire est
une stipulation contractuelle selon laquelle les contestations qui pourraient s’élever dans l’avenir à
propos de ce contrat seraient soumises à l’arbitrage, elle est donc insérée dans un contrat effectué
entre les parties. Au moment de la conclusion du contrat, le litige n’est pas encore né.

Par ailleurs, l’arbitrage peut être national ou international.

Concernant l’arbitre, le code de procédure civile précise que la convention ne peut désigner
qu’une ou plusieurs personnes physiques en nombre impair. Tout d’abord, la personne morale ne
peut pas trancher sur le litige, elle ne dispose que du pouvoir d’organiser l’arbitrage. La raison en
est qu’un arbitre doit avoir le plein exercice de ses droits civils et s’engager par écrit sur l’honneur
à être et demeurer indépendant et impartial vis-à-vis des parties, alors qu’une personne morale ne
peut pas avoir le plein exercice de ses droits civils, seules les personnes physiques peuvent en
avoir. De plus, pour faciliter la prise de décision, en cas de partage des voix des arbitres, le
nombre impair permet d’obtenir clairement la majorité.

Paragraphe 2- Les effets de la convention d’arbitrage

L’existence d’une convention d’arbitrage fait obstacle à la compétence des juridictions étatiques.
L’arbitre rend une sentence d’arbitrage. Elle doit être exécutée volontairement par les parties.
Dans le cas contraire, elle n’est susceptible d’exécution forcée qu’en vertu d’une décision
d’exequatur qui est accordée par une ordonnance du président du tribunal de première instance
dans le ressort duquel elle a été rendue.

Concernant la sentence arbitrale et les voies de recours, l’article 449 du code de procédure
civile précise que l’arbitre tranche le litige conformément aux règles de droit, à moins que, dans la
convention d’arbitrage, les parties ne lui aient conféré mission de statuer qu’en amiable
compositeur, c’est-à-dire selon les règles de l’équité. La sentence arbitrale n’est pas susceptible
d’appel, ni d’opposition, ni de pourvoi en cassation. Par contre, une personne qui n’était pas partie
à l’arbitrage peut s’opposer à la sentence devant la juridiction qui eût été compétente à défaut
d’arbitrage, malgré toute stipulation contraire : c’est la tierce opposition. De plus, dans les cas
d’ouverture prévus par l’article 450 du code de procédure civile, la sentence arbitrale peut être
annulée devant la Cour d’appel dont dépend le tribunal de première instance dans le ressort
duquel la sentence a été rendue. Si la cour annule la sentence arbitrale, elle renvoie l’affaire à
l’arbitre qui doit à nouveau statuer dans les limites de sa mission. Mais le rejet de la demande de
l’annulation confère l’exequatur à la sentence arbitrale. Enfin la sentence peut faire l’objet d’une
requête civile : c’est une voie de recours offerte à l’une des parties, contre une décision qui ne
peut plus être attaquée ni par l’appel, ni par l’opposition, dans les délais, formes et cas prévus aux
articles 422 et suivants du code de procédure civile. Ce recours est porté devant la Cour
d’appel dont dépend le tribunal de première instance dans le ressort duquel la sentence a été
rendue.

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