Commentaire George Sand

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Georges Sand, lettre aux

membres du comité central


Les femmes ayant activement participé aux révolutions populaires se trouvent
exclues de leurs réformes : en 1848, le suffrage universel était instauré, mais
demeurait réservé aux hommes. Pire encore, le code civil de 1804 instauré par
Napoléon a institué les femmes mariées en mineures, dépendantes de leurs maris.
Cette lettre de Georges Sand adressée aux membres du comité central en 1848 vient
dénoncer cette injustice, et livre un combat légitime contre la dépendance des
hommes vis-à-vis des femmes.
Aurore Dupin naît à Paris le 1er juillet 1804. Ayant perdu son père à l'âge de quatre
ans, elle grandit à la campagne, auprès de sa grand-mère à Nohant. Elle y étudie les
sciences et le latin tout en menant une vie proche de la nature qui lui inspire plusieurs de
ses grandes œuvres. Durant son adolescence, la jeune femme passe quelques années dans
un couvent, puis se marie au baron François Casimir Dudevant en 1822. Elle a deux
enfants avec lui, Maurice et Solange. Mais le couple finit par se séparer. Assoiffée
d'indépendance, la baronne s'installe à Paris. Dès ses premières oeuvres, elle s'inspire du
nom de son amant, Jules Sandeau, pour prendre le pseudonyme de George Sand.
Elle devient une grande actrice de la vie intellectuelle à son époque et rencontre
de nombreuses personnalités dans son domaine de Nohant que Franz Liszt, Marie
d'Agoult, Honoré de Balzac, Gustave Flaubert et Eugène Delacroix. Le peintre va d'ailleurs
faire plusieurs portraits d'elle. George Sand est aussi en correspondance avec Victor Hugo,
entretenant une grande amitié avec l'écrivain, bien qu'ils ne se soient jamais rencontrés.
Elle rédige donc cette longue lettre en 1848, qu'elle n'enverra pas, où elle
s'explique sur la condition des femmes car le comité central des femmes révoltées
décide de présenter George Sand à la députation à son insu. C’est donc un discours
argumentatif avec une argumentation directe à visée polémique. Le texte est destiné
à faire réagir les interlocuteurs sur la place de la femme dans la société, et en quoi
l’homme en est en partie responsable

Dans quelle mesure l’homme entrave la femme dans sa quête de liberté, et comment
peut-elle y arriver ?
Nous aborderons dans un premier temps le point de vue de l’auteur par
rapport à l’égalité entre les hommes et les femmes, puis de quelle manière l’homme
empêcherait la femme de s’exprimer librement. Nous verrons en dernier plan les
raisons de ce combat puis quelles en seraient les solutions.

Dans cette lettre adressée aux membres du comité central, Georges Sand se
doit d’exposer sa manière de penser à ses interlocuteurs, de manière subjective par
le pronom « m ». Il enchaîne directement avec l’euphémisme « diversité et non pas
différence », qui va expliciter sa manière de voir les choses, telles que les hommes et
les femmes ne seraient pas différents, mais uniquement organisés différemment. La
phrase suivante, « Il y a donc égalité et non pas similitude », vient appuyer son idée,
avec une structure de phrase similaire, nous y reviendrons par la suite.
L’auteur explique plus en détail sa vision des choses avec la comparaison « le
caractère a un sexe comme le corps, mais non pas l’intelligence », dans laquelle il
suggère que l’intelligence des hommes et l’intelligence des femmes serait égale.
Cette égalité en terme d’intellectualité leur permettrait de remplir les mêmes tâches
et mêmes activités, comme le montre la gradation « toutes les sciences, tous les arts
et même à toutes les fonctions ». L’auteur enchaîne directement avec une
comparaison du genrage de ces activités « toutes les fonctions comme les hommes »,
ce qui laisserait penser à un déséquilibre des genres dans ces secteurs.
L’auteur dit implicitement ici qu’il débat ici seulement de l’aspect intellectuel
en mettant de côté l’aspect physique de l’égalité homme-femme, avec la syllogie « Il
y a diversité d’organisation et non pas différence. Il y a donc égalité et non point
similitude » (l’homme et la femme sont construits différemment, et ne sont pas
différents, ils sont donc égaux => l’aspect physique est omis). En effet pout les
activités qu’il a évoqué (l’art, la science), le physique n’est pas un facteur important
de créativité ou de réflexion. Les deux phrases (« Il y a diversité […] et non point
similitude »), sont aussi construites exactement de la même manière pour renforcer
cette idée d’égalité entre les genres en dépit de leur « diversité d’organisation ».
Le point de vue de l’auteur vis-à-vis de l’égalité des sexes va plus lui car il
affirme avec cette comparaison « ouvrages et préoccupations de femmes plus que
d’hommes » que les femmes seraient plus enclines que les hommes à remplir
« certaines fonctions de comptabilité patientes et minutieuses ». Le rythme binaire
de cette phrase permet d’opposer ces deux idées. En effet, d’après l’auteur, les
femmes seraient en quelques sortes bridées par les hommes dans leurs activités,
comme en témoigne la gradation « interrogés, examinées et touchés par des
hommes ». Le rythme ternaire de cette citation a pour but de mettre en relief la
pression que les hommes exercent sur les femmes lorsqu’elles essayent de remplir
ces fonctions, en dépit de leur don « par la nature »
La femme serait aussi sous le joug de son mari par l’intermédiaire du mariage.
L’antithèse « sous la tutelle et dans la dépendance de l’homme par le mariage […] des
garanties d’indépendance politique » reflète la différence colossale de liberté et de
droits d’une femme mariée et une veuve. Les deux idées mises en parallèle sont donc
la dépendance d’une femme mariée par rapport à son pari et l’indépendance
politique d’une veuve. Le parallélisme de construction « les droits civils que le
mariage seul lui enlève, que le célibat seul lui conserve » vient mettre encore plus de
poids entre la liberté d’une femme mariée ou non, car le mariage lui évince
également ses droits civils.
Les raisons de ce système de mariage profitant à l’homme serait « la
dépendance cupide de l’homme », amenant la femme à « une condition d’éternelle
minorité » par le biais du mariage. En effet la mise en lien de ces deux idées semble
parfaitement logique, et la raison de ce fonctionnement serait énoncée par
l’anaphore « des lois et des mœurs, cette tutelle que les mœurs et les lois
consacrent ». L’insistance de ces principes montre bien le caractère irrévocable de
ces « lois » implicites de la société, ne laissant pas la place aux femmes.

L’auteur nous expose ici avec cette question rhétorique clairement le but de
cette lettre et de son combat : « Les femmes doivent-elles participer un jour à la vie
politique ? », puis y répond directement avec la phrase nominale « oui ». Une
deuxième question rhétorique vient appuyer sa thèse, « ce jour est-il proche ? », où il
répond également immédiatement après avec « Non, je ne crois pas », ce qui décèle
le manque d’espoir de son combat. Ce paragraphe (« Les femmes[…]radicalement »)
est aussi très rythmé, saccadé et haché de ponctuation, ce qui pourrait refléter
l’indignation de l’auteur, qui l’a potentiellement poussé à mener ce combat.
Les secteurs que l’auteur évoque tels qu’injustement occupés par des hommes
avec des gradations « les sciences, à tous les arts, et même à toutes les fonctions », et
« la médecine, la chirurgie et la pharmacie ». Ces derniers secteurs d’activités
seraient mieux desservis par les femmes que par les hommes « qui me paraissent
ouvrages et préoccupations de femmes plus que d’hommes ». La personnification
« admirablement doués par la nature » appuie sur le fait qu’elles sont naturellement
faites pour accomplir de genre de tâches. L’auteur veut probablement dire que la
différence d’organisation serait ici profitable aux femmes.

Le paragraphe d’après contraste avec le précédent par son rythme. En effet ce


paragraphe est composé d’une seule longue phrase complexe, avec de nombreuses
virgules, ce qui crée un effet de calme, et qui apporte une solution reposée, au
contraire du précèdent. Ce paragraphe apporte donc une solution au problème de
base, la recherche de l’égalité des genres, avec l’anaphore « briser […] des lois et des
meurs, cette tutelle que les mœurs et les lois consacrent ». Ce procédé littéraire
expose les raisons de cette différence de traitement par la société, et insiste d’autant
plus sur les éventuelles solutions due son débat.

Pour conclure, nous pouvons dire que l’homme entrave la femme dans sa
quête de liberté de plusieurs manières, telles que le mariage ou la pression
psychologique, mais que le combat pour l’égalité totale est encore longue, et se
déroule tout au long des XIXe et XXe siècles. Georges Sand expose aussi ses
éventuelles solutions pour remédier à ce problème. Malheureusement, Les libertés
prêchées par ce dernier prendront effet pratiquement un siècle plus tard, avec le
droit de vote et d’éligibilité par les femmes en 1944.

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