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Chapitre 5 Microscopie À Fluoréscence 2021
Chapitre 5 Microscopie À Fluoréscence 2021
Introduction
Première publication d’une observation de la fluorescence 1565 « Emission de lumière par
une infusion de bois Lignum Nephriticum », Monardes N ; Stokes Georges.Gabriel. Emission
de lumière par des solutions de sulfate de quinine sous excitation UV en 1852 et 1853 il a
introduit le terme fluorescence. La microscopie en fluorescence (ou en épifluorescence) est
une technique utilisant un microscope optique en tirant profit du phénomène de fluorescence
et de phosphorescence, au lieu de, ou en plus de l'observation classique par Réflexion
(physique) ou absorption de la lumière visible naturelle ou artificielle. Elle fait désormais
partie des méthodes de recherche classiques et de la biologie et continue à se développer avec
l'imagerie moléculaire. On peut ainsi observer divers objets, substances (organiques ou
inorganiques) ou échantillons d'organismes morts ou vivants.
I. Principes
La fluorescence est la propriété que possèdent certains corps d'émettre de la lumière après
avoir absorbé des photons de plus haute énergie. La microscopie en fluorescence repose sur la
formation d'une image par détection de cette lumière émise. Le déplacement de Stokes décrit
la différence entre la longueur d'onde absorbée par l'objet (émise par la source lumineuse du
microscope) et émise par l'objet. Plus la différence entre les deux longueurs d'onde est grande
plus il est facile d'observer la fluorescence.
I.1 Fluorescences primaire et secondaire
En fluorescence on distingue deux types d'objets :
Les premiers émettent de la lumière fluorescente par eux-mêmes, on parle de « fluorescence
primaire » ou autofluorescence (chlorophylle) , les autres doivent être combinés à une
substance fluorescente pour émettre de la fluorescence on parle donc de « fluorescence
secondaire ». En microscopie de fluorescence, on peut donc visualiser directement des
substances fluorescentes. Pour des substances, des cellules, des molécules non fluorescentes,
il est nécessaire de les marquer par des substances appelées fluorochromes, comme le DAPI
qui marque l'ADN et fluoresce en bleu. Certains marqueurs génétiques comme la protéine
fluorescente verte, (en anglais Green Fluorescent Protein ou GFP) sont aussi très utilisés en
biologie dans des organismes génétiquement modifiés pour en produire de manière endogène.
Dans ce cas, le fluorochrome est une protéine produite directement par la cellule elle-même et
ne nécessite pas l'ajout de substrat. La fluorescence peut alors être visualisée directement dans
les cellules vivantes, c'est un des domaines développés par l'imagerie moléculaire.
II. Caractéristiques de la fluorescence
Longueur d’onde d’émission (maximum du spectre): λ em
Rendement quantique de fluorescence:
Coefficient d’extinction ou absorbance spécifique: ε
L’intensité de fluorescence ou brillance: If
Temps de vie de fluorescence: τ
II.1 Excitation et Emission
If : intensité d’émission
II.5 Temps de vie de fluorescence τf
τf = f . τN
Quelques exemples
LUMINESCENCE
PHOTOLUMINESCENCE -CHIMILUMINESCENCE
-BIOLUMINESCENCE
-THERMOLUMINESCENCE
-ELECTROLUMINESCENCE
etc.
FLUORESCENCE PHOSPHORESCENCE
h = constante de planck
C = vitesse de la lumière
λ = longueur d’onde
Remarque: du fait de la dissipation d’énergie, l’énergie émise est plus faible que l’énergie
excitatrice et donc la longueur d’onde est plus élevée.
hνexcitation > hvémission λ excitation < λ émission
II.4.2 Spectres et déplacement de Stokes
Une partie seulement de l’énergie absorbée peut être émise sous forme de rayonnement.
Longueur d’onde λ du maximum d’excitation < λ du maximum d’émission
Déplacement de Stokes = la distance entre les maxima d'excitation et d'émission.
III.5 Propriété
III.5.1. Intensité de fluorescence ou brillance
Fluorophore ε Brillance
Fluorescéine 80 000 0,9 72 000
Cyanine 5 200 000 0,35 70 000
EYFP 84 000 0,61 51 000
B-phycoérythrine 2 410 000 0,98 2 360 000
Tryptophan 6 000 0,1 600
1/ La source lumineuse est une lampe à mercure qui produit un rayonnement intense (dont la
« chaleur » est limitée par un filtre anticalorique) qui traverse un filtre d’excitation (de type
passe bande) ne transmettant que la longueur d’onde désirée.
2/ La fluorescence émise est collectée par l’objectif pour former une image réelle grandie,
débarrassée des rayons excitateurs réfléchis par le filtre d’arrêt du tube (de type passe-haut),
au niveau du plan image tube optique.
3/Les différents types de filtres de fluorescence
Passe bas: laisse passer les λ< à une valeur et bloque les autres. Un filtre SP500: laisse
passer les λ<500
Passe haut: laisse passer les λ > à une valeur et bloque les autres Un filtre LP500:
laisse passer les λ >500
Passe bande: laisse passer les λ comprise entre 2 valeurs et bloque les autres.Un filtre
AF500/30: laisse passer les λ comprises dans une gamme de 30 nm centrée sur 500nm
soit de 485 à 515nm. 500+/- (30/2).
Inverse du passe bande laissent tout passer sous un bande de longueur d’onde
Le miroir dichroïque
Le miroir dichroïque fonctionne un peu comme un passe haut SAUF qu’il réfléchit à 45° les
longueurs d’onde qu’il ne laisse pas passer au lieu de les bloquer. Un dichroïque de 500
réfléchi les λ<500nm et est transparent (laisse passer) les λ>500nm.
Bien choisir les filtres d’excitation, d’émission et miroir dichroïque selon les fluorochromes à
observer. Il existe des blocs filtres multi band (double, triple, quadruple) qui ont plusieurs
bandes passantes en excitation, émission et dichroïque. Vérifier les % de transmission pour
comparer l’efficacité de 2 filtres
V. Microscopie par fluorescence un Photon
V.1 Processus de luminescence
Tout atome ou toute molécule présente en réaction à une excitation. Une probabilité non nulle
de passer de son état d'énergie le plus stable (équilibre thermodynamique) vers un état
d'énergie excité. En contrepartie, les entités atomiques ou moléculaires auront tendance à
retourner dans leur état d'énergie fondamental par un processus de désexcitation qui pourra se
traduire par un échauffement, une émission de photon...
V.2 Fluorescence, phosphorescence et désexcitation non-radiative
La fluorescence est un processus appartenant à la classe des processus de luminescence,
consistant à l'émission d'un photon d'énergie E=hγ (où h=6,62.10 -34 J.s est la constante de
Planck et γ = [c/(λ)] la fréquence du photon dans le vide où c=3.10 8 m.s-1 et λ est sa longueur
d'onde) correspondant à la différence entre deux niveaux d'énergie de spin singulet d'un atome
ou d'une molécule, l'atome ou la molécule passant alors de son état d'énergie le plus élevé
(état excité) à un état d'énergie plus faible, généralement l'état fondamental. On parle alors de
transition radiative ou émission spontanée dont la probabilité de transition est inversement
proportionnelle à la durée de vie l'état excité. Dans les cas qui nous intéressent, nous
considèrerons que l'excitation des molécules se fait par absorption d'un photon d'énergie
E1=hγ1. La molécule est alors amenée de son état fondamental S 0 vers un état excité S1 dont
l'écart en énergie est caractérisé par S 1-S0=E1, l'énergie du photon incident. Au sein du niveau
S1 ont lieu une série de conversion interne non-radiative amenant à l'état vibrationnel le plus
bas. La molécule se désexcite alors vers son état S0 en émettant un photon d'énergie
E2=S1-S0=hγ2
Passage à l’état 1 1
vibrationnel hγ›hγ2 γ› γ2 > λ2 > λ
λ λ2
La fluorescence se produit entre des états de spin singulet et a des durées de vie allant de la
picoseconde à la dizaine nanosecondes.
Il existe une probabilité qu'une fois dans le niveau S1 la molécule se désexcite non pas vers S 0
mais vers un niveau d'énergie de spin triplet, état généralement métastable et possédant une
durée de vie très longue pouvant atteindre plusieurs dizaines de millisecondes. Ce niveau a
une probabilité de désexcitation radiative vers S0 très faible en émettant un photon d'énergie
E3=T1-S0 (transition d'un état triplet vers un état singulet : processus de phosophorescence). La
nature des états triplets des molécules fait qu'elles auront également une probabilité
importante de se désexciter vers une autre entité chimique (génération d'oxygènes singulets et
base du photoblanchiment) ou de retourner vers le niveau S0 par une transition non-radiative.
photon avec une probabilité ( taux) de transition W01 en s-1 du niveau S0 vers un niveau S1 puis
l'action de deux processus en concurrence : une désexcitation non-radiative vers S0 présentant
un taux de transition Wnrad et l'émission spontannée d'un photon ramenant la molécule vers
son état le plus stable avec un taux de transition Wrad.
En réaction à une excitation par une impulsion de photons unique, la population du niveau
excité S1 s'écrit :
dN* dN∗¿
dt
= - (Wrad+Wnrad) N* =−(W rad +W nrad )¿
N¿
dt
Comme à t0, le nombre de molécules dans l'état excité est égal au nombre de photons absorbés
Na, l'intensité de fluorescence est à cet instant :
I0=WradNa
Le rapport du nombre de photons émis par le nombre de photons absorbés donne le rendement
quantique de fluorescence :
Ne W rad
D’où : η= =
N a W rad +W nrad
Le maintien des échantillons est assuré par un support permettant de contrôler localement le
taux de CO2, l'humidité et la température, essentiels à la viabilité de cultures cellulaires. Ce
support est monté sur une platine motorisée XY à vitesse variable autorisant des déplacements
fins à une résolution de 0,1 µm. Le microscope est équipé de trois objectifs : x20 et x40 à
contraste de phase ; x100 à immersion (huile).
L'éclairement de transmission est réalisé par une lampe hallogène focalisée à l'aide d'un
condenseur contenant un diaphragme réglable pour l'imagerie de transmission classique et les
anneaux de contraste de phase correspondant aux objectifs employés.
L'épifluorescence consiste à venir exciter les molécules fluorescentes contenues dans un
échantillon par un rayonnement dont la longueur d'onde correspond à une transition
d'absorption, amené à travers un objectif du microscope. La fluorescence étant émise dans
toutes les directions de l'espace, les photons peuvent alors être recueillis dans le même cône
d'angle solide que l'excitation
L'excitation de la fluorescence se fait par une lampe à vapeur de mercure filtrée à 365 nm
(UV-A). La lumière émise entre dans le microscope par sa face arrière et est collimatée par un
système de lentilles (figure 2.9). Un miroir dichroïque permet de diriger les rayons vers
l'objectif tout en autorisant le passage du rayonnement de fluorescence vers les canaux de
détection. Un canal sert pour l'imagerie permettant soit une observation directe par un système
d'oculaire soit une prise d'image par une caméra numérique couleur avec une matrice d'un
Mega-pixel. Sur un second canal, 80 % de la lumière est envoyé sur une fibre optique de 100
µm de coeur reliée à un spectromètre USB2000 d'OceanOptics (350 nm - 1100 nm). Le
troisième canal est inutilisé.
L'ensemble du banc est piloté par un ordinateur avec le logiciel Zeiss Axiovision pour
l'imagerie et avec une interface que nous avons développée sous LabView pour la
spectrométrie.
L'épifluorescence réalise des images en champ large. La totalité des molécules fluorescentes
présentes sur le trajet du rayonnement d'excitation vont émettre des photons, aussi, le signal
détecté sera la contribution des objets contenus à la fois dans le plan d'observation mais
également avant et après.
Il en résulte une image présentant un fond de fluorescence (figure gauche) dont il est difficile
de s'affranchir sans effectuer de traitement d'images (figure droite).
Image d’épifluorescence de cellules CHO (Chinese Hamster Ovaries) incubée avec de la
rhodamine B - A gauche image avant traitement, à droite, image après traitement par le
logiciel ImageJ.
L'imagerie d'épifluorescence classique présente deux inconvénients majeurs liés aux effets
photochimiques induits par l'éclairement UV qui sont la photodégradation des molécules
fluorescentes conduisant à une perte de la qualité de l'image, et la phototoxicité des
rayonnements provoquant la mort de la cellule.
1 1
Hγ < hγ3 γ< γ3 < λ3 < λ
λ λ2
E3= hγ3
Diagramme de Jablonski de
fluorescence par excitation à 2photons
Le rendement quantique de fluorescence obtenu lors d'une excitation à deux photons est
inchangé car dépendant uniquement des durées de vie radiative et non-radiative des états
excités des molécules fluorescentes.
VI.1. Spectroscopie de fluorescence par excitation à deux photons
En imagerie de fluorescence excitée à deux photons in-vivo, un facteur important est la
puissance d'excitation. Il ne faut pas que le laser d'excitation soit trop puissant de sorte à
préserver l'échantillon de dégâts provoqués par la dissipation de chaleur due à un trop grand
apport de photons. Si dans le cas de l'imagerie en culture cellulaire la destruction d'une cellule
ne pose pas de problème majeure, la culture présentant généralement plusieurs milliers de
cellules, en revanche, les dégâts engendrés par un échauffement laser sur les tissus d'un
animal vivant en imagerie intra-vitale sont critiques, les fonctions vitales étant alors fortement
compromises. Qui plus est, les tissus vivant sont des milieux très turbides et la diffusion des
photons excitateurs va nécessiter d'augmenter la puissance laser pour disposer d'un plus grand
nombres de photons balistiques au col du faisceau où a lieu l'excitation à deux photons.
Pour pallier à ces problèmes nous avons choisi une stratégie à deux niveaux. La diffusion
évolue proportionnellement à 1/λ4. Il suffit donc dans un premier temps de tenter d'exciter la
fluorescence à deux photons à des longueurs d'onde grandes (proche infra-rouge) et de
concevoir des fluorophores dont les sections efficaces à deux photons sont optimisées pour
une excitation dans le proche infra-rouge.
Dans les deux cas, une bonne connaissance du spectre d'excitation à deux photons est
essentielle pour pouvoir contrôler la présence de résonnances à deux photons dans les
gammes d'excitation recherchées mais également pour vérifier l'efficacité de l'ingénierie
d'optimisation des sections efficaces d'absorption à deux photons.
VI.2. Origine moléculaire de la section efficace d'absorption à deux photons
La section efficace d'absorption caractérise la probabilité d'interaction par absorption entre
des photons et une molécule. Contrairement à ce que suggère la définition que nous en avons
donné, il ne s'agit pas que d'une caractéristique géométrique. On peut relier la section efficace
d'absorption à deux photons d'une molécule directement à ses
propriétés énergétiques. A chaque transition énergétique de la
molécule, on associe un moment dipolaire de transition Mij de
l'état i vers l'état j
Image par excitation à deux photons d’une cellule vivante CHO marquéeà la rhodamine B à
trois profondeurs différentes