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ORIENTATIONS POUR

L’ELABORATION
D’UN MEMOIRE DE RECHERCHE
POUR
LE DIPLOME DE MASTER
A. Dahmen
Comme le précise l’article 2 de l’arrêté ministériel n° 362 du 9
juin 2014 portant modalités d’élaboration et soutenance du
mémoire de master:

« L’objectif du mémoire de Master est de


développer chez les candidats, des capacités de
démonstration et de raisonnement scientifique,
de synthèse, d’interprétation de résultats
d’évènements et de faits, et de transcription de
ces résultats sous une forme exploitable. »

Le mémoire de master est donc l’outil par lequel le candidat va


justifier ses capacités de raisonnement et de synthèse, un
apprentissage préalable à une éventuelle recherche doctorale
ultérieure.
1 _ THEME, OBJET
L’étudiant se doit d’identifier d’abord un thème de
recherche, c’est à dire une question qui se rapporte à
la discipline au sens large. La question doit présenter
une préoccupation qui soulève un problème, ou des
aspects pertinents dont la prise en charge par un
travail de recherche s’avère utile.

Une étude préliminaire du thème permettra de mieux


préciser la question, celle-ci deviendra alors un objet
de recherche.
Pour cerner la différence entre thème et objet, nous
dirons que le thème de recherche est une question
plus générale qui peut présenter un ensemble de
sujets, ou d’objets, dont chacun peut servir de sujet
de recherche. En revanche, un objet de recherche
est une question tellement cernée qu’il est difficile de
la dissocier encore en sujets de recherche.

En d’autres termes, le thème est une question


générale, ou entité théorique, réductible. Alors que
l’objet est un problème qui tend à être irréductible
même s’il présente différents aspects.
Pour passer d’objet tout court à « objet de
recherche », il convient de concevoir cet objet
comme une préoccupation, et de le formuler en
objectif. En d’autres termes, ne pas le considérer
comme un sujet de simple curiosité, mais le définir
comme un problème dont il faut s’occuper suivant la
manière dont le candidat entend le prendre en
charge.
2 _ DU CAS D’ETUDE
L’objet de recherche ainsi défini reste générique. Il prend une
forme d’application ou d’expérimentation à travers un cas d’étude
choisi.
Le cas d’étude doit être représentatif de la question, il doit offrir
assez de pertinence à l’étude et permettre l’expérimentation des
méthodes de recherche. C’est ainsi qu’il est toujours important de
définir les arguments qui justifient le choix d’un cas d’étude,
pourquoi celui-ci plutôt qu’un autre ?

Le travail de recherche étant une démarche scientifique, et donc


neutre, le choix du cas d’étude ne doit en aucun cas relever de
préférences personnelles ou d’appréciations subjectives, sinon
tout le travail risque d’être compromis.
3 _ PROBLEMATIQUE
Le dictionnaire « Linternaute » donne cette définition
: « Ensemble des questions posées par un sujet
précis ».
Il donne un synonyme qui est : questionnement
Parmi les définitions que l’on donne à la problématique, la
définition suivante prise sur le site de l’encyclopédie en ligne «
wikipedia » :
« C'est poser le problème de recherche (énoncé), en
faire ressortir les informations pertinentes (termes)
et être dans le bon cadre spatio-temporel. La
construction de la problématique se fonde sur une
vue explosée de la phrase qui rend compte des sous-
entendus (sens caché) et permet de mettre en
évidence les liens logiques entre les termes du sujet.
La problématique ne demande pas une définition
d'un mot. Elle implique un travail de reformulation
qui peut être sous la forme d'un paradoxe. C'est une
question complexe qui demande d'être capable de
conjuguer plusieurs informations, parfois
divergentes, en les justifiant, tout en restant neutre.
C’est donc un problème bien cerné (compris) qu’il est
nécessaire de décomposer (exploser) en ses
différents aspects ; tout en identifiant les liens
logiques qui les relient.

Tout cela en vue de contribuer à répondre au


problème.

La problématique est la manière de servir l’objet par


le travail de recherche, ou encore le traitement
logique du problème par le travail de recherche.
Pourquoi décortiquer le problème ?

Simplement pour pouvoir le démembrer en sous


problèmes, ou aspects, soulevant chacun des actions
et des démarches logiques, ou des outils d’analyse,
qui peuvent être différents.

Le problème, ou objet, est généralement assez


complexe pour ne pas se solutionner par une
démarche simple ou une action unique ; et si cela
était le cas, le sujet n’est plus valable pour un
mémoire de recherche.
La problématique se décline ainsi comme un
processus de questionnements, ou interrogations,
qui tendent à rendre compte de la complexité du
problème.
A cet effet, il serait utile d’écrire une série limitée de
mots clé. Les mots clé peuvent aider efficacement à
cerner préalablement les domaines d’intérêt en
rapport avec la problématique. En s’adonnant à
l’effort mental de définir les mots clé et les
questionnements, le candidat doit garder en vue le
sens global de sa problématique. Celle-ci doit
impacter continuellement son esprit.
Une problématique n’est pas écrite pour être oubliée.
Elle a exigée trop de temps et d’effort pour la
déterminer. Elle restera l’orientation de référence
durant tout le travail de recherche.
Ce processus de questionnements peut commencer
sous une forme préliminaire (lors de la préparation
de l’intention de recherche) et s’améliorer au fur et à
mesure de l’avancement et de la maîtrise du travail.

Cette amélioration peut se présenter comme une


extension à de nouveaux questionnements ou
comme une décomposition de certains
questionnements en un ou plusieurs sous-
questionnements.

Dans tous les cas, ces questionnements doivent


respecter les cinq critères qui suivent.
3.1 _ Le critère d’unité
Il n’est pas utile de se questionner sur des aspects
qui sortent du cadre de l’objet, d’où la nécessité de
bien le définir.
Il est vrai que, par intérêt au sujet, le candidat est
amené mécaniquement à se poser des
questionnements qui peuvent paraitre en rapport
avec l’objet de sa recherche. Ceci est inévitable. Il
reste tout aussi inévitable de repasser en revue les
questionnements en révisant leur rapport à l’objet et
d’éliminer ainsi tout ce qui dépasse le cadre défini.
3.2 _ Le critère de faisabilité
Les questionnements ne doivent pas satisfaire une
curiosité ou juste un intérêt pour une idée. Il importe
surtout de penser comment traiter, ou prendre en
charge, de façon pratique l’aspect correspondant au
questionnement.
Tout questionnement se construit désormais suivant
une démarche de traitement ou de résolution. Tout
besoin de connaissance doit contribuer au traitement
de l’objet. Le candidat se doit de se demander : en
quoi ce questionnement est indispensable de façon
tangible pour mon travail ? .
3.3 _ Le critère d’exhaustivité
En complément aux deux critères précédents,
l’ensemble des questionnements doivent également
cerner tous les aspects du problème ; de sorte qu’il
n’en reste pas un seul aspect pertinent qui ne soit
pris en charge.

Le candidat doit se demander : Ai-je oublié un aspect


? « What else? »
3.4 _ Le critère de continuité
Globalement, les questionnements doivent se
décliner dans un souci de continuité en une suite
logique où il est aisé de relever les liens de
pertinence entre les questionnements. Il convient de
garder en vue le fait que tous les questionnements
servent un même objet de recherche et donc doivent
décrire une unité d’ensemble avec des interactions et
des complémentarités à établir ; d’où l’intérêt de la
faisabilité.
3.5 _ Le critère de précision croissante
En prolongement du critère précédent, l’ensemble
des questionnements doivent décrire un processus et
une perspective bien claire.

Si les premiers questionnements renvoient à des


aspects préliminaires ou généraux de l’objet, les
derniers doivent rendre compte de l’aboutissement
du travail. Les questionnements doivent permettre
ainsi un ciblage de plus en plus précis.
Lire la problématique et
relire jusqu’à l’assimiler et
comprendre parfaitement
son sens.

Etablir une liste de mots


clé clairs, significatifs et
représentatifs des aspects
saillants de la
problématique.

Se poser des
questionnements en
rapport avec chacun des
1, 2, 3 mots clé: tout écrire sans
juger !
Evaluer les par les critères
1 et 2.
Eviter les hors-sujet
et les curiosités !

Appliquer le critère 3

What Else?

Appliquer le critère 4

4, 5, 6 Mettre en
catégorie.
Ordonner les questionnements
suivant le critère 5

Ordonner les
catégories !
,7
Pour étayer l’objet, nous l’avons parachevé par un
objectif. De même, nous étayons le processus de
questionnements par une ou plusieurs hypothèses
qui représentent les attentes ou l’orientation que
devraient prendre les réponses au problème (objet
de recherche).

Le recours aux hypothèses souligne la capacité du


candidat à bien cerner le sujet et ses enjeux et à se
faire une idée de l’aboutissement probable.

Au terme de la recherche, le ou les hypothèses sont


nécessairement confirmées ou infirmées. C’est
l’aspect primaire que doit comporter la conclusion de
tout le travail.
4 _RELATION PROBLEMATIQUE & TRAVAIL DE
RECHERCHE

Rappelons que la problématique est le protocole


logique du travail de recherche, elle rend compte de
la capacité du candidat à cerner, formuler et traiter
un objet de recherche. Aucune recherche ne peut
être entreprise sans problématique. C’est un exercice
incontournable.

Comme le dit Michel Beaud, elle est «aussi


importante que le cerveau ou le système
nerveux pour l’être humain ou que le poste de
pilotage pour un avion en ligne».
4 _RELATION PROBLEMATIQUE & TRAVAIL DE
RECHERCHE (suite)
L’autre question qui doit susciter l’attention du
candidat est la relation entre la problématique et le
travail de recherche. Comment s’assurer que le
travail entamé reste en droite ligne de l’orientation
définie par la problématique ?

Si les questionnements permettent de décortiquer la


teneur sémantique de la problématique, ils ne
servent pas moins à indiquer les actions à mener lors
du travail de recherche. Un plan de travail est un
ensemble d’actions claires, définies et ordonnées
suivant un échéancier et des délais de réalisation.
Ces action peuvent être de trois types.
4.1 _ Action théorique (ressourcement)
Il s’agit de lectures, de recherche bibliographique,
d’approfondissement de la question par des travaux
antérieurs, d’interviews ou entrevues avec des
spécialistes, etc. Le but est de mieux maîtriser les
aspects correspondant à l’action et au sujet. Cela
peut concerner les aspects introductifs, théoriques,
état de l’art. Plus ce travail théorique est bien
effectué, et plus claire sera la démarche.
4.2 _ Action analytique (traitement)
Il s’agit de l’analyse de cas, d’analyse de situations
bien définies, d’investigation de terrain, d’enquête ou
de sondage, etc.
Le but est d’approfondir la lecture ou de procéder
aux études en rapport avec le travail de recherche.

La faculté d’analyse et de déduction est le bourgeon


prometteur qui va montrer les capacités du candidat
à développer le sens de l’observation objective,
l’analyse des faits et le sens critique dans
l’appréciation des phénomènes et/ou du travail des
autres.
4.3 _ Action de synthèse (résultat)
C’est le traitement final des données visant à
discuter les résultats ou à formuler les conclusions.
C’est ce à quoi doit parvenir le candidat en s’armant
du capital théorique et analytique.

L’effort ici est essentiellement un effort de déduction


et de conclusion à partir des données lues, analysées
ou recueillies sur le terrain ; avec une prospective
des possibilités futures ou suites éventuelles du
travail accompli.
En général, les premiers questionnements portent
d’avantage sur le travail théorique, alors que les
derniers portent plutôt sur le travail de synthèse. Il
est important de bien scruter chaque
questionnement en ce qu’il peut bien exiger comme
type de travail.

Nous pouvons ainsi envisager la préparation sous-


forme d’un tableau où chaque questionnement se
décline en ses actions correspondantes avec une
description concise de leur contenu.
Les actions contribuent les unes aux autres. Certaines
préparent et d’autres suivent dans un rapport de causalité ou
de continuité. Cela permettra de les répartir dans le temps, de
les assembler en travaux plus ou moins complémentaires
relativement au reste, ce qui permettra de les identifier et
d’apprécier le temps à y consacrer.
Avec des actions bien identifiées et des rapports de
causalité bien établis, cela permet d’ordonner les
actions dans le temps, voire même de les associer.

Une complémentarité bien constituée permet de


mieux apprécier le temps nécessaire pour réaliser le
travail (les possibilités de chevauchement). Tout ceci
permet d’arrêter le phasage de tout le travail. C’est
ainsi qu’est mis au point le plan de travail.
5 _ REMARQUES IMPORTANTES
Au terme de l’établissement du plan de travail, le
candidat a une idée précise des types d’actions que
va exiger son travail de recherche. Cette
structuration logique permettra de garder une vue
claire sur tout le travail de recherche qui, une fois
entamé, nécessitera d’autres orientations quant au
mode d’organisation du temps de travail, la collecte
des informations, la recherche bibliographique, la
prise de notes, etc.

Tout cela est encore nettement différent du mémoire


qui nécessite un plan de rédaction.
Le plan de travail n’est pas à confondre avec plan de
rédaction, le sommaire ou la table des matières du
mémoire.

Le plan de travail est le document de route établi au


préalable pour un travail de recherche qui reste à
faire. Préparer un travail de recherche en master ne
veut pas dire simplement écrire un mémoire ; même
si c’est l’aboutissement apparent. Le croire serait
brûler les étapes car il s’agirait alors d’écrire un
simple document fusse-t-il intéressant à lire.
Le mémoire, en tant que document, intervient en
aval de l’accomplissement du travail de recherche. Il
rend compte de celui-ci car il est rédigé pour
transmettre les résultats du travail de recherche, une
fois fait.

Le plan de travail se doit d’être clair pour soi-même


avant d’entamer le travail. En revanche, le mémoire
est établi pour transmettre aux autres les résultats
du travail une fois obtenus. cela nécessite une
formulation qui veille à l’originalité et à la vérifiabilité
(relayability) du travail accompli, à sa clarté et à
l’accessibilité des autres à sa compréhension.
FIN

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