Vous êtes sur la page 1sur 177

La Finance Islamique :

Concepts, Développement et Perspectives

Réalisé et présenté par :

Dr. ZAROUALI Mohamed Jamal Eddine


Plan
Axe 1 :

La Finance Islamique : Genèse et Fondements de base


1) Finance Islamique : Quelles Définitions?
2) Les Principes de Base de la Finance Islamique
3) Le développement historique de la Finance Islamique
4) Les Particularités et les limites de la Finance Islamique
Axe 2:

Les Produits et Services Financiers Islamiques


1) Les produits de vente
2) Les produits du partage
3) L’assurance islamique : Takaful
4) Les indices Boursiers Islamiques
Axe 3:

Les Perspectives de la Finance Islamique au Maroc


1) La Finance Islamique au service de la Finance
Conventionnelle
2) Le Développement de la Finance Islamique au
Maroc
3) Le Paradoxe de la Finance Islamique au Maroc
4) Les Perspectives du développement de la Finance
Islamique au Maroc
Axe 1 :

La Finance Islamique :
Genèse et Fondements
de base
La Finance Islamique :
Quelles Définitions?
L’expression ‘Finance Islamique’ est composée de deux mots
clés finance et islamique.

La finance est définie comme étant l’étude des méthodes de


répartition des ressources monétaires au fil du temps. Son premier
objectif est de mobiliser les avoirs financiers et de gérer le
patrimoine privé pour permettre le développement économique.

D’autre part, le qualificatif ‘islamique’ renvoie aux origines


religieuses de cette finance, qui fait des prescriptions de l’Islam la
pierre angulaire.
« Le système financier islamique est régi par des principes
juridico-éthiques, tirés de la charia et faisant référence à
des valeurs morales. La finance islamique exhorte ainsi à
une gestion du patrimoine et à un système financier plus
éthique prenant source sur une conception différente du
travail, de l’argent et des contrats commerciaux.
Justice, équité, partage des pertes et des profits entre
les parties contractantes, sont les éléments qui
caractérisent particulièrement la finance islamique.
Elle rejette l’idée d’une rémunération fixe,
déconnectée de la rentabilité de l’actif financier, le
recours à l’intérêt est donc exclu. »
L’obligation principale d’une transaction financière
doit se fonder sur un actif tangible (ou un service), lui-
même dépendant d’un secteur d’activité, respectant les
interdits religieux, afin de permettre le partage des
pertes et profits que cet actif génère »

- Association d’Innovation pour le Développement


Economique et Immobilier AIDIM -
« Il n’existe pas de définition unique de la finance
islamique mais ce terme est aujourd’hui largement
utilisé pour désigner les activités financières et
commerciales qui respectent les principes du droit et
de la jurisprudence islamiques, plus communément
désignés sous le vocable “Charia”.
Le respect de tels principes permet ainsi d’investir et
de réaliser des profits en conformité avec les règles du
droit musulman. De manière générale, les produits et
instruments financiers compatibles avec la Charia
visent à offrir une alternative éthique viable aux outils
de financement traditionnels. »
- le Groupe Finance Islamique Monde d’Herbert Smith
2009-
« …Autrement dit, la finance islamique se base sur
le principe de partage des pertes et profits.
L’obligation principale pour une transaction
financière est qu’elle doit se fonder sur un actif
tangible afin de permettre le partage des pertes et
profits que cet actif génère. »

- Vernimmen -
Les Principes de Base
de la Finance
Islamique
Le partage des pertes
et des profits ou PLS
Ce principe de partage, préconise que le bailleur de
fonds qui confiera ses fonds à un entrepreneur avec qui
il partagera une partie de ses bénéfices selon un prorata
déterminé à l’avance. De même, le risque et les pertes
seront supportés proportionnellement à l’apport initial
de chacune des parties contractantes.
Pour concrétiser ce principe, la charia et en s’appuyant
sur les contrats de participation, a mis en place deux
méthodes de financement direct qui sont :
‘Mousharaka’ et ‘Moudharaba’.

Nous aurons ultérieurement le temps de voir ces deux


méthodes de financement, avec plus de détails
L’interdiction de
l’intérêt
Toujours dans le souci d’établir la justice et éliminer
toute exploitation dans les transactions commerciales et
financières, l’Islam interdit toute forme d’enrichissement
injustifié.

La Charia considère que le taux d’intérêt ou l’usure est


la plus grande forme d’enrichissement injustifié. Elle
considère la pratique de l’usure comme l’un des plus
grands péchés qu’un homme ose commettre, et à lequel
Dieu a préparé de pénibles châtiments.
Afin de mettre fin à ce monstrueux phénomène et dans
le but d’empêcher les hommes d’exercer les pratiques
usuraires, l’Islam a strictement interdit l’usure et les
taux d’intérêt. Pour ce faire, Dieu a dit :

« Ô les croyants ! Craignez Dieu; et renoncez au


reliquat de l'intérêt usuraire, si vous êtes croyants. Et
si vous ne le faites pas, alors recevez l'annonce d'une
guerre de la part de Dieu et de Son messager. Et si
vous vous repentez, vous aurez vos capitaux. Vous ne
léserez personne, et vous ne serez point lésés. »

Sourat Al-Baqara, verset : 278-279


L’interdiction du
« Gharar » et du
« Maysir »
Le ‘Gharar’ peut être assimilé à l’incertitude, il peut
être également définit comme la vente d’objets dont
l’existence et les caractéristiques ne sont pas certaines,
étant donné le risque qui accompagne cette probabilité
et qui soumet la validité de la transaction à des
conjectures.
La preuve de l’interdiction du ‘Gharar’ dans les
contrats peut être tirée de la ‘Sunna’, le Prophète
(prière, paix et salut sur lui) a interdit l’incertitude
dans le Hadith suivant :

« Le Prophète (prière, paix et salut sur lui) a interdit


l’achat d’un animal non né dans la matrice de sa
mère, la vente du lait dans la mamelle sans mesure,
l’achat du butin de guerre avant sa distribution,
l’achat des dons de charité avant leur réception, et
l’achat de ce qu’ a récolté un pêcheur avant sa pêche
»

Rapporté par ‘Ahmad’ et ‘At-Tabarani’


La notion de ‘Maysir’ est liée à la notion de jeu qui
peut générer un enrichissement injustifié au détriment
des autres. D’une manière générale, dans la religion
islamique, il est interdit de réaliser des transactions
commerciales comportant une incertitude excessive.

Ainsi, toutes les pratiques telles que la vente de


produits inexistants, paris et loteries ne sont pas
autorisées.
L’interdiction des
activités illicites
Ce principe délimite les activités à être financées ou
non par le financement islamique. Ce dernier ne peut
avoir pour objet un investissement dans une activité
interdite par la Charia.

Aucun investissement ne peut ainsi être réalisé par un


financier islamique dès lors qu’il porte sur des produits
interdits par la Charia ou des activités illicites telles
que l’alcool, la viande porcine, ou les jeux de hasard.
L’imposition de la « Zakat
»
La ‘Zakat’ est prélevée uniquement des personnes qui
remplissent un certain nombre de critères. Tout d’abord,
pour sortir la ‘Zakat’, le musulman doit posséder au
minimum une richesse équivalente à 85 grammes d’or
ou 595 grammes d’argent pur.

Ces deux mesures sont bien connues par le terme ‘


Nissab’. De plus, la ‘Zakat’ ne peut être prélevée que
sur des richesses qui sont détenues dans le but d’en tirer
un revenu ultérieurement. Ensuite, cette richesse
accumulée doit être détenue pendant au moins un an
lunaire (plus ou moins 354 jours). Cette période est
appelée ‘ Hawl’.
Pour ce qui est montant de ‘Zakat’, il s’agit d’un
prélèvement annuel de 2,5% de la valeur totale de la
richesse d’un musulman (actifs, capital, profits…)
Le droit islamique comme il a indiqué les personnes qui
doivent payer la ‘Zakat’, de même il a bien mentionné la
liste des personnes qui doivent être servies par l’argent
collecté des versements de cet impôt.
Dieu a dit :
« Les aumônes ne sont destinées que pour les pauvres,
les indigents, ceux qui y travaillent, ceux dont les
coeurs sont à gagner (à l'Islam), l'affranchissement des
jougs, ceux qui sont lourdement endettés, dans le
sentier de Dieu, et pour le voyageur (en détresse). C'est
un décret de Dieu ! Et Dieu est Omniscient et Sage. »
Sourat At-Tawba, verset : 60
Le développement
historique de la Finance
Islamique
Une indépendance politique permettrait à plusieurs
pays de se remettre debout et restructurer plusieurs
défaillances héritées du système colonial. Ce n’est que
depuis le début de l’indépendance des pays musulmans
qu’on voit émerger une renaissance de la Finance
Islamique.

Donc la fin du colonialisme et la recrudescence du


sentiment de religiosité ont largement contribué à
l’apparition de la finance islamique, mais cela n’est
pas du tout suffisant. Il fallait trouver des ressources
pour financer les institutions financières, la chose
qui est devenue possible grâce aux immenses revenus
engendrés par les booms pétroliers.
La première expérience dans ce domaine date des
années 60 avec la création des caisses d’épargne
rurales Mit Gamr (Detla du Nil) en Egypte et du
Piligrim’s Managment Fund en Malaisie.

Ces institutions avaient comme objectif de réduire


l’exclusion bancaire et de promouvoir le
développement des couches de populations
défavorisées. Leurs activités qui étaient
principalement axées sur un objectif de développement
étaient limitées à un niveau local.
A cet effet, le consensus est de considérer la véritable
naissance de la Finance Islamique moderne après les
années 70 suite à la création de l’Organisation de la
Conférence Islamique OCI regroupant un grand
nombre de pays musulmans.

A l’époque, le défi était de concevoir un système


financier qui devait respecter les préceptes de l’Islam
et être compatible avec le modèle économique
moderne. Lors de la troisième conférence islamique,
tenue à Djeddah en 1972, un plan global de réforme
des systèmes monétaires et financiers en fonction de
l'éthique islamique a été présenté.
En 1975, la Dubai Islamic Bank DIB a vu le jour. Elle est
considérée comme étant la première Banque Islamique
Universelle et non gouvernementale.

Durant la même période, le nombre de Banques Islamiques


similaires a connu une expansion rapide : La Kuwait
Finance House en 1977, la Banque Fayçal en Egypte dans
la même année, la Banque Islamique de Jordanie en 1978
ainsi que la Banque Islamique du Bahreïn en 1980.
De plus, un groupe de banques d’investissement spécialisées
a été créé, notamment, la Société d’Investissement de
Nassau en 1977, la Société d’Investissement du Golfe
basée à Sharja également créée en 1977 et la Sharia
Investment Services basée à Genève en 1980.
Ensuite, au début des années 80, deux pays ont introduit
officiellement à grande échelle les pratiques de la Finance
Islamique: l’Iran, de manière presque draconienne après
la révolution islamique, et le Pakistan d’une façon plus
graduelle.

La finance islamique ne cessait pas d’évoluer et de gagner


plus de place sur la scène financière internationale. Ces
dernières années, les institutions financières islamiques se
sont multipliées dans les pays majoritairement musulmans :
en Arabie saoudite, au Bahreïn, au Bangladesh, au
Brunei, en Égypte, aux Émirats arabes unis, en
Jordanie, en Malaisie, au Sénégal, au Soudan et même
en Turquie .
Selon les estimations du FMI, il existe actuellement plus de
300 institutions islamiques opérant dans plus de 75 pays.
Selon les mêmes statistiques, l’industrie a connu une
croissance annuelle moyenne d’environ 15% pendant
les dix dernières années. Leurs prévisions indiquent que
cette tendance devrait continuer à connaitre même une
accélération durant les années à venir en fonction des
pratiques réglementaires qui seraient mises en place.

Eparpillées partout dans le monde, et concentrées


principalement dans les régions du golfe persique et du
Sud- Est de l’Asie, les IFI ne cessent pas de croitre leurs
parts du marché et d’acquérir de nouveaux actifs financiers,
ce qui explique l’essor que connaisse la Finance Islamique.
Les Particularités et les
limites de
la Finance Islamique
Les Particularités
L’argent :

Pour la doctrine islamique l’argent, contrairement à l’idée


dominante, n’est qu’un moyen pour faciliter l’échange en
représentant la contrepartie des biens échangés, qu’une
unité de mesure permettant de donner une valeur aux
produits réels et non une finalité en soi. Il représente
également un moyen de satisfaction des besoins et qui aide
les gens à accomplir leurs devoirs.
Partant de ce constat, l’argent ne peut ni avoir une
valeur réelle ni être considéré comme un bien
commercialisable. Pour les économistes islamiques, si
l’argent servait à mesurer des biens réels, comment
peut-il mesurer sa propre valeur ? Ceci dit, nous
pouvons comprendre pourquoi le taux d’intérêt,
considéré comme prix de l’argent, est interdit dans la
théorie économique islamique.
Le Capital :

C’est seulement lorsque nous combinons le travail avec


l’argent que nous pouvons parler d’un capital proprement dit,
dans la doctrine islamique. Par ailleurs, l’argent ne représente
qu’un capital potentiel qui attend l’intervention d’une
personne pour le faire circuler et produire des richesses
légitimes.

En Parlant de la légitimité des richesses dégagées par un


capital donné, les fournisseurs de capitaux ne peuvent avoir
droit à une partie des profits que s’ils ont accepté d’endosser
une certaine partie du risque d’un profit variable, voire d’une
perte. La seule façon pour qu’un capital soit rémunéré, est
uniquement lorsqu’il est affronté à des risques et déployé
avec effort .
La dette:

La finance islamique méprise la dette et la considère


comme étant un mal à éviter. La charia a édicté toute une
panoplie de règles et de prescriptions pour éloigner les
fidèles de toute sorte de dette. Ainsi, pour préserver son
honneur et garder une bonne image dans la société, la
personne ne doit pas contracter une dette sauf dans le cas
d’une nécessité.

Cette dernière qui pousse l’homme à contracter une dette,


ne doit pas être exploitée par le prêteur d’argent moyennant
l’exigence d’une rémunération à la fin d’échéance.
Quoique la dette soit méprisée dans la pensée islamique,
l’Islam en octroie une grande importance. Il convient ici de
rappeler que le plus long verset dans le Sacré Coran traite
l’endettement et ses contrats.

A cet effet, nous pouvons déduire que la dette en islam est


une dette sans rémunération et sans contrepartie. Elle est
aussi une nécessité et non un mode de vie comme il est le
cas dans la pensée occidentale.
Préservation des liens avec la sphère réelle :

Si la sphère financière existait c’est bien pour financer la


sphère réelle et laisser de nouveaux investissements réels
voir lumière. Cependant, les innovations financières et le
développement de l’ingénierie financière ont contribué,
d’une façon directe, à l’éloignement des investisseurs de
l’économie réelle, puisque la sphère financière leur offre
toute une multitude de produits dérivés, comme elle leur
offre également la possibilité du gain rapide sans aucun
effort entrepreneurial.
C’est dans ce contexte là que la finance islamique expose
encore un point de force par rapport au système classique,
et attire l’attention des chercheurs et des académiques.
Tous les modes de financement proposés par la théorie
financière islamique ne servent qu’à financer un bien réel
et tangible.

De ce fait, les crédits de consommations destinés pour


des activités de loisir comme le tourisme sont interdites
dans la finance islamique, la même interdiction est subie
aussi par les produits dérivés.
La finance islamique endosse toute transaction à un actif
tangible, ce qui garantit la traçabilité des opérations
financières. Cet endossement attache aussi toute
transaction à un actif réel, ce qui préserve les liens avec
l’économie réelle.

Egalement, la finance islamique propose des produits et des


contrats exclusivement dédiés aux investissements réels, à
ce stade nous pouvons citer les contrats ‘ Istisnaa’ et ‘
Salam’.

Ces derniers produits sont des contrats consacrés


uniquement pour les productions des biens et pour
l’immobilier, ce qui nous montre l’importance accordée à
la préservation des liens entre l’économie réelle et la
Les limites
Des coûts plus élevés :

Les coûts de financement imposés par les banques


islamiques sont souvent plus élevés que ceux des banques
classiques, ce qui favorise le sentiment que la Finance
Islamique est onéreuse. Il existe, naturellement, le coût du
respect de la Charia, auquel s’ajoutent les honoraires
d’avocat liés à la structuration des produits qui augmentent
les frais généraux.

Les coûts liés à la réglementation sont souvent plus élevés


pour les banques islamiques, car si elles sont tenues
d’émettre des bons du Trésor classiques au titre des
exigences de liquidité de la banque centrale, elles doivent
soit renoncer aux intérêts soit les accepter.
En outre, étant donné que le marché de la finance islamique
est un segment différent du marché financier global, il existe
moins de concurrence.

Le marché étant dominé souvent par une ou deux banques,


tandis que dans le financement classique, il existe de
nombreuses institutions qui sont en concurrence.

L’ensemble de ces facteurs et de ces coûts spécifiques, ne


fait qu’augmenter les coûts des financements islamiques par
rapport aux autres produits classiques, ce qui baisse
l’attractivité et la compétitivité des produits financiers
islamiques.
Manque de normalisation des produits :

D’autres critiques concernent notamment le manque de


normalisation des produits en matière de Financement
Islamique et un désaccord concernant le respect de la Charia,
qui sèment la confusion dans l’esprit de nombreux clients
potentiels.

L’orientation n’est pas assurée par une seule autorité, en


partie parce l’Islam est une religion décentralisée qui compte
plusieurs écoles de jurisprudence, la chose qui peut en
résulter un risque de divergences d’interprétation des
préceptes de la Charia.
De ce fait, la normalisation et l’imposition de règles
universelles inappropriées pourraient constituer un frein au
progrès. C’est pour cette raison, des institutions
internationales ont été créées afin d’assurer une certaine
cohérence, en particulier l’Organisation de comptabilité et
d’audit des institutions financières islamiques AAOIFI, un
organisme d’élaboration de normes pour l’établissement
des rapports financiers vers lequel la plupart des
banques islamiques se tournent.
Des produits de vente plus que les produits du partage :

Parmi tous les contrats et les produits financiers


islamiques, les contrats Mousharaka et Moudharaba sont
les plus recommandés par les jurisconsultes musulmans,
car ils répondent au principe d’équité dans la prise de
risque et sa rémunération.

Malgré cela, ces types de financement sont rarement


utilisés dans la pratique en raison de leur fort degré de
risque et d’incertitude des profits.
Les premiers défenseurs de la Finance Islamique, se
déclarent souvent déçus par le fait que les banques
islamiques apportent très peu de financement de type
Moudharaba, mettant l’accent plutôt sur le financement du
commerce à court terme comme la Mourabaha, qui n’est
qu’une simple reproduction des activités des banques
classiques.
Axe 2:

Les Produits et Services


Financiers Islamiques
Les produits de vente
La Mourabaha
La Mourabaha est contrat de vente, entre un acheteur et
un vendeur, par lequel ce dernier achète les biens requis
par un acheteur et les lui revend à un prix majoré. Le plus
souvent, la banque islamique joue le rôle du vendeur. Les
bénéfices (marge bénéficiaire) et la période de
remboursement (versements échelonnés en général) sont
précisés dans un contrat initial.

Cela permet à un client d’acquérir un bien sans contracter


un emprunt avec intérêt. Les conditions de vente telles que
la marge bénéficiaire pour le vendeur ou les détails de
remboursement des échéances sont prédéfinies entre les
différentes parties.
Cependant, ce type de contrat ne représente guère un
consensus entre les ulémas et les juristes musulmans.

Certains savants disent que pour qu’il soit conforme aux


exigences de la charia, le contrat de Mourabaha ne doit pas
imposer à l’acheteur l’exécution de la promesse d’achat.

D’autres par contre, voient dans la non obligation de


l’exécution de la promesse d’achat un lèse pour le vendeur.
Le Salam
C’est une vente avec livraison différée. L’acheteur paie
comptant le prix négocié à l’initiation du contrat. Le
vendeur livre le bien à terme. Afin d’éviter toutes
confusions, le vendeur signe une promesse de livraison à
l’acheteur en stipulant les modalités de la vente (nature des
marchandises, quantités, prix, délais et modalités de
livraison et/ou de vente pour le compte de la Banque).
Ce contrat est une exception car, théoriquement, la
Charia prohibe la vente d’un objet que l’on ne détient
pas (bay al ma’adoum). Cependant, à l’époque du
Prophète (paix et prière sur lui), les Arabes dépendant
régulièrement du commerce saisonnier et de
l’agriculture, il était courant d’effectuer des contrats
Salam.
L’Istisnaa
L’Istisnaa est un moyen de financement progressif. C’est
un contrat de fabrication (ou de construction) au terme
duquel le participant (vendeur) accepte de fournir à
l’acheteur, dans un certain délai et à un prix convenu, des
biens spécifiés après leur fabrication (construction)
conformément au cahier des charges.

En effet, le vendeur s’engage à fournir dans un délai précis


et à un prix convenu préalablement le bien immobilier
selon les conditions émises lors de l’élaboration des cahiers
de charges. En contrepartie, l’acheteur s’engage à payer le
vendeur en fonction de l’avancée des travaux.
L’Ijara/ Ijara Wa
Iktinaa
Il s’agit ici d’un contrat de location, le plus souvent à
moyen long terme. Lorsqu’un bien est acquis par la banque
auprès d’un fournisseur, cette dernière le loue à
l’entrepreneur et le coût de location plus la marge sont
échelonnés sur toute la période du bail.

La variante « Wa Iktinaa » permet à l’entrepreneur


d’acquérir à terme l’objet loué.
Les produits du
partage
La Moudharaba
La Moudharaba est une technique de financement utilisée
par les banques islamiques. Dans ce genre de produits, la
banque (Rab El Mal) fournit la totalité du capital à un
entrepreneur (Moudharib) pour le financement d’un projet.
En contrepartie, ce dernier fournit son savoir-faire et son
capital humain.

Les profits sont partagés in-fine selon un ratio préétabli.


Les pertes sont entièrement supportées par la banque sauf
en cas de négligence, fraude ou mauvaise exécution du
contrat.
Ce produit ressemble à une célèbre forme juridique
d’entreprises,
il s’agit de « société en commandite » où « le commandite
» serait la banque et « le commanditaire » serait
l’entrepreneur.
La Mousharaka
La Mousharaka est un contrat entre la banque et le client
en vertu duquel la banque et le client apportent chacun des
capitaux en vue d'un projet spécifique. Les partenaires
apportent les fonds, mais seul un d’eux, dispose de la
charge de la gestion du projet.

Les conditions de partage des profits sont prédéfinies.


La répartition des bénéfices réalisés est au prorata de
l’apport financier de chacun.

Le remboursement obéit à un tableau d’amortissement qui


comprend, outre le capital principal, les bénéfices tirés par
la banque pour cette opération. Les pertes sont partagées en
fonction de l'apport en capital investi.
Généralement, La Mousharaka se divise en deux types :

- La Mousharaka ordinaire dans laquelle les apporteurs de


fonds (banque islamique et son client) demeurent toujours
des associés jusqu’à l’arrivé du terme du contrat.

- La Mousharaka décroissante ou bien ‘diminishing


Mousharaka’, dans ce cas l’entrepreneur peut racheter
progressivement les parts de la banque.
Le Sukuk
Selon l’International Islamic Financial Market IIFM,
le Sukuk est un certificat d’investissement qui pourrait être
vu comme étant l’équivalent islamique des obligations
conventionnelles avec néanmoins des différences
fondamentales.

L’Accounting and Auditing Organization for Islamic


Financial Institutions AAOIFI définit les Sukuks comme
étant des « certificats de valeur égale représentant des
parts indivises dans la propriété des actifs tangibles,
usufruit et service ou dans la propriété des actifs d’un
projet ou d’une activité d’investissement ».
Les Sukuks permettent alors aux investisseurs de
détenir des participations dans les actifs sous-jacents
avec une rémunération qui sera fonction de la
performance de ces actifs.

Les Sukuks peuvent être émis à l’initiative des


gouvernements et des entreprises privées. Il existe
plusieurs types de Sukuks.
L’Assurance Islamique
« Takaful »
Le Takaful est un concept islamique d’assurance, basé sur
les normes et règles de la Sharia. Il provient du verbe arabe
‘Kafala’, qui signifie "se garantir l’un l’autre" ou "garantie
conjointe". En principe, le système de Takaful est basé sur
la coopération mutuelle, la responsabilité, l’assurance, la
protection et l’assistance entre des groupes ou des
participants.

Une compagnie Takaful permet de mutualiser les risques et


de répartir les pertes éventuelles entre l'ensemble des
assurés. Ainsi, les membres d'une compagnie d'assurance
Takaful sont à la fois assureurs (« propriétaires » des fonds
gérés par la compagnie) et assurés (bénéficiaires en cas de
sinistre).
Ce qui distingue l' assurance islamique de l'assurance
'classique', c'est principalement l'exclusion de trois
éléments qui ne sont pas conformes aux principes de la
Sharia:

- Al-Gharar (incertitude)
- Al-Maisir (spéculation, hasard)
- Riba (intérêts)
Il existe trois modèles et plusieurs variations de la mise en
pratique du Takaful, la principale différence entre les
différents modèles étant le mode de détermination de la
rémunération de l'opérateur Takaful:

- Modèle de Moudharaba : pourcentage dans les profits


repartis entre l’opérateur et le fonds des sociétaires, après
déduction de toutes les charges techniques, frais de gestion
et autres frais généraux.
- Modèle de Wakala : exprimée en pourcentage des primes,
décidée annuellement et d’avance et rémunérant directement
les frais de gestion de l’opérateur.
- Combinaison des deux : il s’agit de la plus courante au
Moyen orient.
Les indices Boursiers
Islamiques
Afin de permettre aux investisseurs musulmans
d’investir dans des titres financiers, ces derniers
doivent passer par des opérations de filtrage avant
d’être autorisés.

En effet, le filtrage islamique se fait sur la base de


certains critères financiers et extra-financiers.
Le filtrage extra-
financier
Le premier palier concerne d’abord l’activité principale de
la société. Elle ne doit pas être liée aux secteurs de
l’alcool, de l’industrie porcine, des loisirs, de
l’armement, des services financiers et bancaires non
islamiques

Concernant l’industrie du loisir, les hôtels, les casinos, les


sociétés de jeux de hasard, les produits érotiques et
pornographiques sont également écartés au titre de la
préservation des moeurs.

Il faut néanmoins nuancer pour l’industrie du cinéma ou de


la musique puisqu’il existe des sociétés qui proposent des
produits conformes aux exigences de la foi musulmane.
Cette remarque vaut aussi pour les sociétés de presse.
En outre, les secteurs de la banque, de la finance et de
l’assurance conventionnelle sont également exclus en
raison de la prohibition islamique de l’intérêt. En revanche,
les titres des institutions financières islamiques seront
inclus.
Quant au second palier, il consiste à rechercher si
l’activité secondaire ne constitue pas un motif
d’exclusion. Ainsi, la société ne doit pas être affectée
de façon significative par une activité illicite
effectuée de façon secondaire.

Plus précisément, la part des revenus générés par cette


activité secondaire doit être inférieure à 5% de leur
revenu total.
Le filtrage financier
Le filtrage financier tient compte de la structure
capitalistique des sociétés émettrices. Il se base sur
une série de ratio à comparer avec certaines exigences
islamiques.

Ces dernières sont le fruit des ententes entre juristes et


ulémas musulmans, et non plus révélés des sources
fondamentales de la Charia, à savoir le Sacré Coran et
la Sunna.
Le Ratio d’endettement :

Le ratio d’endettement est mis en place en raison d’une


forte présomption de genèse d’intérêt dans l’acquisition des
titres des sociétés endettées. Cependant, il présente des
variantes et peut correspondre aux quotients suivants :

- Montant total de la dette /la valeur moyenne de la


capitalisation boursière d’une année.

- Montant total de la dette/l’actif total.


Ce ratio doit être inférieur à 33%.

Il s’agit d’une extension, certes contestable, du seuil


à partir duquel les actionnaires disposent d’un
droit de veto aux seins des assemblées générales des
sociétés.
Le ratio de liquidité :

Si les titres sont négociables sur un marché financier, une


partie significative de l’actif de la société ne doit pas être
liquide parce que les titres auraient un sous-jacent quasi-
monétaire pouvant entrer dans le champ d’application de la
prohibition de l’intérêt.

En effet, l’échange de monnaie par le biais d’un titre est


fortement suspect en droit musulman
Le ratio de liquidité de type islamique présente également
des variantes. Il s’agit :

- Montant de la trésorerie disponible / la valeur


moyenne de la capitalisation boursière.
Ce rapport doit être inférieur à 33%.
- Montant de la trésorerie et des actifs générant des
intérêts / la capitalisation boursière ;
qui doit être inférieur à 33%.
- Montant des créances clients / l’actif total.
Ce dernier rapport ne doit en aucun cas dépasser 50%
De nombreux établissements appliquent les règles du
filtrage islamique et tiennent en compte de ces ratios
d’endettement et de liquidité.

Ainsi les fonds d’investissement de type islamiques


peuvent également prendre comme référence plusieurs
indices.

Il peut s’agir du Dow Jones Islamic Indexes(DJIMI),


du FTSE Shariah Equity Index ou encore du
Standard & Poor’s Shariah Indices.
Le premier indice Islamique a été lancé sur le marché en
1998, il s’agit du « Socially Aware Muslim Index »
(SAMI).

Depuis, les principaux fournisseurs d’indices classiques


ont étendu leur gamme et proposent aujourd’hui un large
panel d’indices Sharia pour accompagner le
développement accéléré de la Finance Islamique, et en
particulier les fonds « Sharia Compliant».

Standards & Poors propose à ce jour plus de 30 indices


Sharia tandis que la gamme Dow Jones Islamic Market
en compte près d’une centaine.
Parmi les autres principaux indices utilisés dans le
marché, nous pouvons également citer :

Le Global Islamic Index Series (GIIS) :

Décliné du Financial Times Stock Exchange


International. Celui ci reflète les titres de plus de 1000
entreprises dont les affaires sont compatibles avec la loi
Islamique.
S&P 500 Sharia :

Il est composé des valeurs du S&P 500 jugées conformes


à la Sharia. Comportant 257 valeurs au 31 août 2008, il
constitue un sous ensemble de son indice parent, composé
quant à lui des 500 plus grosses sociétés américaines de
part leur capitalisation boursière.
FTSE Global Islamic Index Series:

Ils sont conçu pour suivre les performances des principales


sociétés cotées en bourse dont les activités sont
compatibles avec les investissements islamiques.

D’autres indices FTSE conformes à la Sharia, notamment


le FTSE SGX charia Index Series, et le FTSE DIFX
charia Index Series, ainsi que le FTSE Bursa Malaysia
Series Index qui ont été lancées en août 2006.
Axe 3:

Les Perspectives de
la Finance Islamique au
Maroc
La Finance Islamique
au service de la
Finance
Conventionnelle
Les politiques des taux
d’intérêt zéro et
l’interdiction du
« Riba »
Dès le début da la dernière décennie, plus précisément entre
2001 et 2006, le Japon a choisi ses propres chemin et façon
pour résoudre ses propres problèmes. Ainsi et pour faire face à
des troubles liées à la déflation qu’a connue le pays, suite aux
fortes bulles spéculatives sur les prix des actifs financiers et
réels, la Banque Centrale Japonaise ‘BoJ’ a adopté des
politiques monétaires appelées ‘ politiques des taux zéro’.

Ces politiques consistent à abaisser les taux d’intérêt


nominaux pour qu’ils approchent et qu’ils touchent au seuil
zéro. Une fois que les intérêts deviennent nuls, cela permet de
freiner l'appréciation en flèche du yen face au dollar et à
relancer l'économie. De même, La politique monétaire du taux
zéro consiste aussi à inonder rapidement tout le monde d’un
maximum de liquidités .
L’économie américaine souffre d’une forte récession, à
cause de la hausse des taux de chômage et de la baisse de la
consommation, et tout ceci suite à la crise financière
internationale. D’autant plus, les ménages ne font plus
confiance aux investissements financiers et ne veulent plus
acquérir les valeurs mobilières, d’où vient le manque de
liquidité sur les marchés financiers américains et
internationaux.

Dans un tel contexte, la Réserve fédérale Américaine


(Fed) a ramené son taux directeur à une fourchette de 0
% à 0,25 %, espérant ainsi une forte injection de
liquidité dans les marchés financiers et un accroissement
de la consommation due à une augmentation des crédits
octroyés sans intérêt.
A partir de ce qui est développé ci-dessus, nous avons
remarqué qu’un point fondamental de divergence entre
ces deux finances, et qui est bien l’interdiction des
intérêts, peut facilement devenir un point commun
d’application dans les finances conventionnelle et
islamique.

Malgré les divergences idéologiques, dans un contexte


économique donné, l’entraide et la complémentarité des
deux finances deviennnt possibles, réelles et efficaces.
La suppression et l’annulation des taux d’intérêt dans
les pays occidentaux se fait d’une façon provisoire et
uniquement dans certains contextes économiques.

Cependant, la finance islamique qui rejette l’idée même


des taux d’intérêt, annule en permanence les intérêts et
veille à les substituer par des produits et des mécanismes
qui sont à la fois, conformes à la Charia et
économiquement rentables.
Les Produits dérivés et
leur statut islamique
Les produits dérivés sont des produits très particuliers
qui n’ont été développé que récemment sur les marchés
financiers.

Malgré leur jeune âge, ces produits connaissent un très


grand développement, ils ne cessent pas de se multiplier.
Ainsi, le volume des produits dérivés qui circule sur
les marchés financiers dépasse de deux fois le produit
national brut des Etats-Unis (KARICH 2004).
Au début de leur histoire, tout allait bien dans la
communauté des créateurs de produits dérivés jusqu’au
jour où l’on a essayé de modéliser le risque de crédit et
d’indexer le rendement d’actifs financiers à partir des
risques de crédit sous-jacents.

Ce sont ces produits, CDO (Collateralized Default


Obligation), CLO (Collateralized Laon Obligation) …
qui ont causé et causent encore de lourdes pertes dans le
bilan des institutions financières au cours de la récente
crise, après avoir rapidement formé un marché
interbancaire non régulé et très liquide ayant comme
produit sous-jacent le crédit sous toutes ses formes
(FOSSIER 2008).
Partant de ce constat, la crise financière a permis
d’identifier les limites de la modélisation et du
développement des produits dérivés.

Ce dérèglement profond des marchés, qui s’est manifesté


par des variations de cours brutales et désorganisées sur
tous les marchés financiers sans exception, a poussé un
grand nombre d’économistes et d’analystes financiers de
qualifier certains produits dérivés comme étant des
produits dérivés toxiques.
Le statut islamique des produits dérivés :

Le prix et le dénouement d’un contrat commercial ou


financier doivent être connus dès sa conclusion. C’est
l’une des caractéristiques fondamentales pour la validité
d’un contrat dans le droit islamique des affaires.

Cependant, dans le cas des produits dérivés, le prix


dépend d’un événement futur et incertain. Donc, les
produits dérivés contiennent un élément du ‘Gharar’ ou
d’incertitude, qui est bien interdit dans la finance
islamique.
De ce fait, les produits dérivés ne sont pas permis dans
l’Islam, selon l’avis de la majorité des ulémas et
jurisconsultes musulmans.

D’autant plus, une autre raison contribue à l’interdiction


des produits dérivés dans la finance islamique. La
majorité de ces produits sont dérivés des dettes, alors
que les transactions sur ces dernières sont déjà illicites
dans l’Islam.
Même les contrats à terme et les options sont interdits
dans la finance islamique. Les premiers sont des contrats
qui lient deux parties pour une vente future, ni la
livraison ni le paiement ne se font immédiatement, mais
qui sont fixées pour une date future, d’où vient leur
interdiction.
Alors que dans les options, l’acheteur n’est pas obligé
de compléter la transaction, si les prix lui sont
défavorables il n’exercera pas son option.

Par conséquent, les options contiennent un élément du


‘Gharar’, ensuite le prix et la livraison se font dans
une date future, ce qui explique l’interdiction des
options dans l’islam.
La Vente à découvert et
son interdiction dans
l’Islam
La vente à découvert ou bien ‘short selling’ consiste à
emprunter un titre contre le versement d'un intérêt, le
vendre puis attendre la baisse effective pour le
racheter et le rendre à son prêteur en ayant donc
réalisé un profit. Cela consiste donc à parier que le prix
d'un actif financier va baisser.

Autrement dit, vendre à découvert signifie vendre un


instrument sans effectivement le posséder et tenir une
position à découvert dans l’attente que le cours tombe
de sorte que l’instrument puisse être acheté plus tard
avec profit.
Le danger de la vente à découvert :
En utilisant la vente à découvert massivement, les
investisseurs estiment à tout prix que les cours baissent.
Ainsi, la moyenne des baisses de prix est supérieure à la
moyenne des hausses. L'impact d'une panique est plus
fort que celui d'une bulle. La vente à découvert porte donc
un risque d'aggravation d'une crise boursière.

Une forte chute des cours de bourse d'une institution


financière telle qu’une banque, risque de déclencher un
mouvement de panique, pas seulement chez les
professionnels, mais aussi chez les déposants ; elle risque
de provoquer des retraits massifs de liquidités, et de
déclencher une crise systémique
Les interdictions et les restrictions :

A partir de l’été 2008, c'est-à-dire après le déclenchement


de la crise financière, la plupart des pays occidentaux ayant
des marchés financiers développés ont adopté, des actions
de restrictions contre la vente à découvert.

Aux Etats-Unis, des mesures de restrictions ont été


appliquées. En Juillet 2008, la ‘Securities and Exchange
Commission SEC’ interdit la seule vente à découvert
nue sur 19 institutions financières. Puis deux mois après,
en Septembre, toute vente à découvert, nue ou non, sur
799 institutions financières pour 3 semaines.
Après les Etats-Unis, la plupart des pays européens ont
adopté d’identiques mesures. L’Allemagne a interdit la
vente à découvert sur les titres de la dette souveraine.
D’autres pays européens ont suit le même chemin en
suspendant la vente à découvert. De l’autre coté du
Pacifique, l'Australie, à son tour, décida la mesure la plus
draconienne, en visant toutes les valeurs, y compris non
financières.
Le statut islamique de la vente à découvert:

Pour qu’un contrat de vente soit valide, de point de vue


islamique, l’objet de la vente doit exister comme il doit
être à la propriété du vendeur au moment de la
conclusion du contrat.

Ceci est important parce que l'objectif d'une vente


contractée est de transférer la propriété de l'objet de la
vente à l'acheteur et l'appropriation du prix au vendeur.
Sinon, le contrat de vente est réputé être invalide
La majorité des savants de la jurisprudence islamique
affirme la justification d’islam d'interdire la vente avant
la prise de possession est principalement due à la
présence de ‘Gharar’ risque qui peut conduire à des
différends entre les contractants.

La raison de l’interdiction de la vente à découvert est tirée


du Hadith suivant :

‘Ne Vendez pas ce que vous ne possédez pas‘’


(Ce hadith est rapporté dans Sunan Abou Dawoud, 3 / 768,
hadith n ° 3503, Al-Tirmidhi dans ses Sunan, 4 / 228,
hadith n ° 1232, dans Sunan Al-Nasa'i, 7 / 289, hadith n °
461 )
Le Développement de la
Finance Islamique au
Maroc
Depuis le début des années 1980, un grand nombre
d’institutions financières islamiques sollicitaient les
autorités monétaires marocaines pour une implantation dans

le royaume.

On se rappelle, également, d’une tentative de création d’une


banque islamique locale, initiée en 1985 par WAFA BANK.
Son fondateur, Moulay Ali KETTANI avait monté un
projet de produits islamiques pour sa banque. Tout a été
minutieusement préparé, jusqu'à la campagne publicitaire.
Cependant, le Wali de la BAM, Mohamed Sekkat à
l'époque, avait opposé un niet catégorique.
Il fallait attendre plus d'une décennie pour que la question
des produits islamiques refasse apparition sur la scène
financière marocaine.
En fait, Abdelhamid AOUAD, qui officiait à la tête du
Ministère de la Prévision économique et du Plan, le plan
quinquennal 2000-2004 s'était engagé à lancer des produits
s'inspirant de la Charia islamique.

Mais le projet ne connaîtra pas de suite concrète, malgré les


nombreuses demandes émanant d'investisseurs arabes pour
l'installation de banques islamiques au Maroc.

Et ce n’est pas tout, l'homme d'affaires Miloud CHAABI


avait lui aussi soumis plusieurs demandes pour la création
d'une banque islamique, mais sans aucun succès.
C’est justement durant l’année 2007 que les autorités
marocaines acceptent pour la première fois d’autoriser les
banques commerciales locales à commercialiser certains
produits financiers islamiques.

Ainsi, le 13 Septembre 2007, Bank Al-Maghrib BAM


diffuse une recommandation fixant les conditions
générales selon lesquelles les banques peuvent présenter
au public des produits islamiques.

Les produits concernés sont la Mourabaha, l’Ijara et la


Mousharaka
Parmi toutes les techniques du financement islamique, le
Maroc a choisi celles qui ont plus d'envergure et de succès
dans le monde financier, notamment Mourabaha,
Mousharaka et Ijara agrées par The Accounting and
Auditing Organization for Islamic Financial
Institutions AAOIFI.

En effet, la Banque Centrale arrête, en coordination avec


le GPBM, les schémas comptables et les modalités
d’enregistrement des opérations liées à ces produits et
rédige, sur la base des règles édictées par l’AAOIFI, les
modèles types de contrats.
Parmi les établissements bancaires marocains qui ont déjà
commencé à commercialiser ces produits, nous trouverons
Attijariwafa Bank ATWB qui a dévoilé ses deux
premières formules depuis le 8 octobre 2007 dans ses
agences.

Baptisés «Miftah Al Kheir» et «Miftah Al Fath», les


deux produits sont la déclinaison du concept de la
Mourabaha et de l’Ijara wa Iqtinaa.
En Juillet 2010, la société du financement alternatif ‘
DAR ASSAFAA LITALMWIL’ se fut créer. Filiale à
100% du groupe Attijariwafa Bank ATWB, et dotée
d’un capital initial de
50 Millions de Dirhams, a annoncé le lancement de ses
activités de financement alternatif au Maroc.

Cette annonce fait suite à la décision du gouverneur de


Bank Al-Maghrib n° 27 du 28 Joumada Ier 1431 (13
mai 2010) portant agrément de « Dar Assafaa
Litamwil » en qualité de société de financement
spécialisée dans la commercialisation des produits
alternatifs, publiée au Bulletin officiel n° 5852 du 18
Rajeb 1431 (1 juillet 2010).
Dès Janvier 2012, le groupe parlementaire du Parti de
la Justice et du Développement PJD a proposé un projet
de loi relatif à la mise en place d’un système bancaire et
financier islamique englobant les banques, les assurances,
les sukuks et
les institutions financières assimilées comme les fonds
d’investissement, et les sociétés de gestion d’actifs.
Ce projet proposé a prévu un système islamique
indépendant qui cohabiterait avec le système financier
conventionnel, comme celui adopté en Malaisie.

Il donne aussi la possibilité aux banques de créer des


fonds caritatifs et de zakat ainsi que d’initier des
opérations d’acquisition et de gestion des participations
financières par le biais des contrats Moudharaba et
Mousharaka.

De même, ce projet prévoit la création d’un organe de


contrôle, intitulé Commission des Institutions
Financières Islamiques CIFI.
Cependant, une fois présenté à la BAM, le projet de loi devait
subir quelques changements et adaptations. Les responsables
de la banque centrale optent pour une démarche progressive
dans l’introduction de la finance islamique au Maroc.

Ils ont proposé le calendrier suivant :


- Dans un premier temps, on commence par les banques
islamiques,
- Ensuite on complète la gamme des produits de financement
des banques islamiques avec l’autorisation du Salam et de
l’Istisna,
- Dans un troisième temps, ce sera le tour des Sukuks et du
Takaful pour finir avec la mise en place des sociétés de
gestion d’actifs islamiques.
Les autorités monétaires au Maroc ont abandonné l’idée
de la cohabitation en la remplaçant par celle de
l’amendement de la loi bancaire existante : Loi de
2006, à l’instar des pays du Golfe.
La nouvelle version du projet de loi ne parle plus de
banques islamiques mais plutôt de banques participatives.

Dans son article 52, ces dernières y sont définies comme


étant des :
« personnes morales […] habilitées à exercer à titre de
profession habituelle en conformité avec les préceptes de
la Charia, les activités [de réception de fonds du public,
d’opérations de crédit et de la mise à la disposition de la
clientèle de tous moyens de paiement, ou leur gestion]
ainsi que les opérations commerciales, financières et
d’investissement, à l’exclusion de toute opération
impliquant la perception et le versement d’intérêt »
Le texte a intégré la Moudharaba à la liste des produits
de financement commercialisables comprenant déjà
l’Ijara, la Mourabaha et la Mousharaka, tout en laissant
la voie ouverte à de nouveaux produits.

En effet, dans son article 57, le texte dispose que :

"Les banques participatives peuvent financer leur clientèle


à travers tout autre produit conforme aux préceptes de
la Charia dont les caractéristiques techniques ainsi que
les modalités de leur présentation à la clientèle sont fixées
par circulaire du wali de Bank Al-Maghrib […]."
Dans le but d’assurer et de vérifier la conformité des
produits financiers islamiques commercialisés au Maroc,
le nouveau texte de loi a permis l’institution d’un comité
dénommé "Comité Charia pour la Finance" dont le
secrétariat sera assuré par la BAM et dont les avis sont
opposables aux banques participatives, comme il a obligé
les banques participatives de mettre en place un comité
d’audit.
Le 25 novembre 2015, après plus de deux années
d’attente, le projet de loi n° 103.12 relatif aux
établissements de crédit et organismes assimilés a été
adopté à Rabat.

Il définit le statut des banques islamiques au Maroc et


précise les produits qui pourront y être commercialisés.
Cette loi va permettre non seulement la création
d’institutions dites
« participatives » mais aussi aux entreprises marocaines
qui le souhaitent de se financer via des émissions de
Sukuk.
La Finance Participative représente un nouveau segment
pour la finance marocaine. Son développement va
permettre à la place financière de Casablanca de devenir un
hub régional de premier choix pour la finance islamique.

Sur un marché concurrentiel dominé par les banques


conventionnelles, Standard & Poor’s estime que le
secteur financier islamique devrait représenter d’ici deux
années près de 5 % du marché national, soit près de 7
milliards d’euros.
Par ailleurs, de nombreux sondages montrent que plus de
la moitié des Marocains est intéressée par cette nouvelle
forme de finance
Le Paradoxe de
la Finance Islamique au
Maroc
Dans le même temps où les autorités marocaines
n’acceptaient pas l’installation de toute banque islamique
sur le marché national, elles ne refusaient non plus de
financer certains grands projets étatiques par des
institutions financières islamiques de grande envergure.

De ce fait, la Finance Islamique au Maroc confronte le


paradoxe de position des autorités : Elle est la bienvenue
si elle provient de la part des organismes internationaux,
mais les institutions islamiques privées ne recevaient
aucun accueil si ces dernières estiment commercialiser
leurs produits sur le marché marocain.
Le Maroc a bénéficié de six opérations de financement islamique. Ces
opérations concernent :

L’infrastructure :
Extension du port Jorf Lasfar et l’autoroute Casablanca-Marrakech,
avec une enveloppe financière totale de 256,2 Millions USD.

L’énergie :
Electrification rurale, la Centrale électrique d’Al-Quneitrah et la Centrale
à turbine de Mohammedia, avec un montant total de 454,6 Millions USD.

L’immobilier :
Logements d’Al-Quneitrah avec un montant de 53,5 Millions USD.
La majeure partie du financement a été accordée dans le
cadre d’un contrat Istisnaa, en vertu duquel le bailleur de
fonds paie les équipements, la main d’œuvre et
les fournisseurs du projet.

Une fois que le projet est achevé et commence à générer


des recettes, le bailleur de fonds perçoit un bénéfice sur le
capital engagé plus une marge bénéficiaire déterminée à
l’avance.
Les données tirées du tableau précèdent confirment la
position du leader que détienne le Maroc dans sa région.

Ce pays qui a réussi à attirer des financements islamiques


auprès de la BID pour 57 projets loin devant la Tunisie et
l’Algérie et même l’Egypte, avec 114 transactions
commerciales financées à hauteur de 1670 Millions de
Dinar Islamique DI.

Ainsi, le montant total des financements islamiques reçus


par le Maroc depuis 1976 jusqu’à 2009 s’élève 2685,6
Millions de DI, soit l’équivalent de 4216,4 Millions USD.
L’encerclement médiatique
des produits financiers
islamiques
D’après les observateurs de la Finance Islamique au Maroc,
l’autorisation accordée à ces produits ne provient pas des
convictions religieuses, mais plutôt suite à des pressions.

Etant non convaincu, l’Etat marocain n’a montré aucun


soutien à ce type de financement alternatif. Par contre, sa
Banque Centrale BAM qui jouissait du statut d’observateur
au sein de l’Islamic Financial Services Board IFSB, n’y a
sollicité que récemment le statut de membre à part entière et
n’envoie que rarement des représentants aux conférences et
aux séminaires sur la Finance Islamique.

Ceci dit, les produits financiers islamiques au Maroc


confrontent plusieurs problèmes qui entravent leur
développement
Toujours en collaboration avec le GPBM, la Banque
Centrale BAM a élaboré un guide fixant, pour les
banques, les conditions de la communication sur la
commercialisation des produits islamiques.

« […] Ce guide a pour finalité d’orienter la communication


par les établissements de crédit sur la commercialisation
de ces produits qui devrait être menée avec prudence et
vigilance, afin de ne pas désarticuler l’offre des produits
classiques.
A cet effet, chaque établissement de crédit conduira
sa propre communication sur ces produits dans le respect
des principes directeurs ci-après :
- La politique de communication doit être validée par la direction
générale.

- Le contenu des messages publicitaires doit être soumis à un droit de


regard de Bank Al-Maghrib, préalablement à leur diffusion au
public.

- La communication devrait être axée sur l’intérêt que représenterait


le recours à ces produits pour la réalisation des projets de la
clientèle et éviter toute comparaison avec les produits bancaires
classiques.

- Aucune mention à caractère religieux, telle que halal, foukaha,


fatwa, islamique, Charia, conseil religieux et assimilés ne doit y
être incluse.
- Les établissements de crédit devraient éviter de faire de la
surenchère ou la course vers la part de marché.

- Le réseau et notamment les chargés de clientèle devraient être


sensibilisés au langage à adopter vis-à-vis de la clientèle et
veiller au respect des dispositions de la recommandation.

- Les partenaires éventuels des établissements de crédit, s’ils


sont appelés à faire des publicités autour de ces produits,
doivent formellement s’engager à respecter ces conditions
[…] ».

(Bank Al-Maghrib., « Recueil des textes législatifs et


réglementaires régissant l’activité des établissements de
crédit et organismes assimilés » )
A la lecture de ce guide, on se rend bien compte que
malgré l’autorisation accordée aux produits financiers
islamiques, ces derniers demeurent toujours encerclés par
les dispositions de loi qui empêchent leur vrai
développement.

C’est en respect de ces conditions qu’au Maroc,


l’appellation officielle des produits islamiques est celle de
« produits alternatifs ». Les autorités ont ainsi vidé ces
produits de leur valeur communicationnelle !
Le Manque d’implication
des Banques Classiques
Même si les banques marocaines classiques commercialisent dorénavant
les produits alternatifs, le manque de convictions religieuses se traduit
par un manque d’implication, qui peut être clairement observé :

* Dans l’absence totale d’affiches d’informations, de dépliants de


description des produits alternatifs et de toute autre promotion
publicitaire.

* Dans le manque de la formation des chargés de clientèle et des forces


de vente, surtout que ces derniers sont habitués avec les produits
bancaires classiques et ne connaissent que peu de choses à propos des
produits alternatifs.

* Dans l’absence de systèmes de motivation des commerciaux, qui doivent


recevoir des primes sur le nombre de produits alternatifs
commercialisés, comme il est le cas pour les produits et services
bancaires classiques.
Les Perspectives du
développement de la Finance
Islamique au Maroc
Les résultats, les graphes et les schémas présentés dans les
diapositives qui suivent sont tirés d’une récente Thèse en
Sciences Economiques et de Gestion, et dont les références
sont comme suit :

ZAROUALI M-J., « Le Financement Bancaire


Classique face aux Financements alternatifs : Relations
de Concurrence ou de Complémentarité? Analyse
Comparative dans le Contexte Marocain », Université
Mohammed Premier, FSJES Oujda, 2016.
Le cas des Particuliers
La Demande Potentielle sur les Financements Alternatifs
Finance Participative Micro-finance Capital-risque

82%

58.30%

43.36%

32.70%
22.70% 24.00%
18.00%
13%
4%

Oui Non Je ne sais pas


L’intérêt pour l’installation des Banques Participatives au
Maroc

7.30%

Voulez-vous qu'il y ait des Banques 5%


Participatives au Maroc?

87.70%

% % % % % %
.00 .00 .00 .00 .00 .00
0 2 0 4 0 6 0 8 0 0
10
Peu importe Non Oui
La clôture des comptes bancaires classiques

66.70%
70.00%
60.00%
50.00%
40.00% 33%
30.00%
20.00%
10.00% Oui Non
0.00%

Dans le cas où le Maroc témoigne l’ouverture des Banques Participative, vous ...
87.70%

80.00%

60.00%

40.00%
Banque Participative
Banque Classique
20.00% 11.70%

0.00%
Si vous avez le choix entre une Banque
Classique et une Banque Islamique pour
financer un projet (Achat de logement, de
voiture…), et les deux types de banques
vous offrent les mêmes conditions et les
mêmes formules de financement. Que
choisiriez- vous ?
Le cas des PME et des
Coopératives agricoles
Le recours probable à la Finance Participative
90%
90% 85%

80%

70%

60%
PME
50% Coopératives agricoles

40%

30%

20% 15%
10%
10%

0%
Oui Non
Le Choix entre la Micro-finance et la Finance Participative
( Cas des Coopératives agricoles)

80%

80%
70%
60%
50%
40%
30% 20%

20%
10%
0%

Micro-finance Finance Participative


Le Choix entre la Finance Participative et le Capital-
risque
( Cas des PME)

85%
90%
80%
70% Finance Participative
60% Capital-risque

50%
40%
30%
15%
20%
10%
0%
Le Choix entre La Finance Participative et le Financement
Bancaire Classique
( Cas des PME)

70%
70%

60%
Finance Participative
50% Financement Bancaire
Classique
40%
30%
30%

20%

10%

0%
Les facteurs incitatifs pour choisir la Finance Participative
PME Coopératives agricoles

75%
70%

20%
15%
10%
5% 5%
0%

n t x é
it o o û e u l it
a c i a
ut on lig ig
i n
p S re or
ré es
Sa i p o n
i nc S
p r
e s
S
Drainer
l’épargne
Augmenter le
Taux de
Bancarisation Accroitre les
Opportunités opérations de
pour l’économie financement
Nationale
Attirer les Injecter la
Capitaux liquidité sur le
étrangers marché financier
Menaces pour
l’économie
Nationale

Désarticulation
du secteur Tensions
Bancaire inflationnistes
Classique

Augmentation de
Augmentation du Accroissement de
Baisse des parts la masse
taux de clôtures la demande
du marché monétaire en
des comptes intérieure
circulation
Finance
Capital- Micro-finance
Participative
risque

*Souffre de la *Majoritairem *Non encore


résistance des ent financée autorisée au
PME par les Maroc
*Faiblesse des Banques *Souffre d’un
montants encerclement
levés médiatique

Les Banques Classiques Créent leurs propres filiales


dans chacun de ces Financements Alternatifs

Le Financement Bancaire Classique


Renforcement du
Marché de
Financement
Marocain

L’existence des
Financements
alternatifs sur le
Marché Marocain

Diversification de Maximisation de
l’offre financière au l’utilité économique
Maroc des consommateurs

Vous aimerez peut-être aussi