Vous êtes sur la page 1sur 14

Les champignons, les

sauveurs de la planète ?

4 façons dont les champignons peuvent


sauver la planète et façonner notre avenir

PRISĂCARU ANDREEA 12D


Ils ont longtemps été inclassables. Entre le
monde végétal, animal, terrestre et aquatique,
les scientifiques avaient du mal à trancher. Le
mot « champignon » lui-même est
vernaculaire et limité, ne désignant que la part
visible du règne fongique. Il y aurait sur Terre
6 millions de champignons différents. Ils
logent partout, des fonds océaniques à notre
peau – nous en hébergeons littéralement des
colonies. Pourtant, on sait encore peu de
choses à leur sujet. Les étudier ? Il a fallu
attendre le XXe siècle pour s’y mettre, alors
même qu’ils existent depuis 450 millions
d’années et qu’ils ont activement participé à la
diffusion de la vie sur terre. Encore
aujourd'hui, la recherche sur les champignons
n’en est encore qu’à ses balbutiements.
La contamination des écosystèmes par des polluants organiques et
inorganiques résultant des activités industrielles représente un enjeu
économique, politique, social et environnemental de taille. Si les causes sont
multiples et la problématique complexe, les solutions sont peut-être beaucoup
plus simples qu’il n’y paraît. Il suffirait, en effet, de porter attention à des
organismes présents sur Terre depuis plusieurs centaines de millions d’années
et dont les propriétés sont encore largement méconnues: les champignons.
Depuis peu, les scientifiques commencent à
mieux comprendre la mécanique de la
structure de filaments du mycélium. Ce vaste
réseau de ramifications souterraines aide les
champignons à communiquer entre eux et à
transporter des nutriments où il le faut.
L’exploitation des propriétés du mycélium se
révèle une stratégie efficace pour tirer parti des
bienfaits des champignons.
Étant donné le caractère multidimensionnel des
changements climatiques, il n’y a pas qu’une
seule réponse au problème. Il faut plutôt
privilégier de nombreuses solutions diverses.
Alors, voici quelques-unes des manières dont
les champignons peuvent nous aider à sauver
la planète!
01
Matériaux de construction
Le béton est le matériau synthétique le plus répandu au monde. Outre l’eau, il s’agit de la
ressource la plus utilisée sur la planète. Par ailleurs, selon une étude, le ciment serait responsable
de 8 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2). Cette quantité énorme
d’émissions de gaz à effet de serre nous force à admettre qu’il est temps de trouver un matériau
de rechange.

L’usage d’un mélange de réseaux de mycélium, qui sont malléables et se développent


rapidement, et de déchets ou de sous-produits agricoles serait l’une des solutions à ce problème.
En effet, pour fabriquer des matériaux de construction à base de mycélium, il faut utiliser des
produits d’autres industries, par exemple des rabotures ou des sous-produits agricoles. Le
mycélium agit comme une colle, unissant les sous-produits pour former des blocs durables et
légers. Ceux-ci peuvent servir à construire des structures et à isoler les maisons du froid et du
son. Étant donné que l’on commence à peine à utiliser ce matériau, il faudra peut-être attendre
longtemps avant qu’il remplace nos jungles de béton.
Le barrage Hungry Horse, au Montana,
surplombe une rivière et des collines
ondoyantes. D’une hauteur de près de
172 m et comptant plus de 2,3 millions
de mètres carrés de béton, le barrage
Hungry Horse est un des plus grands
barrages de béton aux États-Unis.
02
Matériaux d’emballage
Sans doute recevez-vous à l’occasion des colis d’entreprises comme Amazon, qui utilisent
parfois des matériaux tels que la mousse de polystyrène. Des recherches effectuées dans les
années 1970 ont révélé que la mousse de polystyrène expansé (MPE) s’effrite dans l’eau et
que les fragments, ou styrolènes, sont toxiques aux animaux marins qui les ingèrent. « Ce
n’est pas une matière biodégradable; elle se désagrège tout simplement, devenant plus facile
à ingérer, et elle se propage ainsi dans la chaîne alimentaire », explique Nathan Murphy,
directeur de l’État pour Environment Michigan.

En plus de nuire aux écosystèmes marins, la MPE remplit rapidement nos sites
d’enfouissement, occupant jusqu’à 30 % de l’espace disponible. De toute évidence, il s’agit là
d’un autre domaine où nous devons agir avec plus de respect pour l’environnement.

IKEA, Dell et d’autres grandes sociétés ont délaissé les matériaux d’emballage en mousse
de polystyrène et utilisent maintenant des blocs de mycélium biodégradables. Le processus de
fabrication de ces blocs entraîne 90 % moins d’émissions de CO2 que celui des matériaux
plus traditionnels. Le marché mondial des emballages écologiques devrait atteindre plus de
142 milliards $ US dans les années à venir. Il y a place à beaucoup d’expansion, car les
bioplastiques et les matériaux écologiques ne représentent pour l’instant que 1 % du marché
de l’emballage.
03
Cuir de champignon
Grâce à Mylo, la nouvelle collection de l’icône de la mode Stella McCartney, les
champignons font désormais partie de la haute couture. D’autres gammes suivront
sans doute cette tendance du « cuir végétalien » pour remplacer le cuir animal
habituel. L’entreprise MycoWorks fait elle aussi progresser l’industrie et travaille à
faire du cuir de champignon un tissu plus répandu.

Les mycologues et les créateurs de mode ont fait équipe pour concevoir un produit
qui a non seulement l’apparence et le toucher du cuir, mais qui peut aussi être
fabriqué à l’aide de méthodes de production à faible carbone. Paul Stamets, sans
doute le mycologue le plus connu de notre époque, porte toujours son célèbre
chapeau en champignon lorsqu’il fait une présentation.
04
Bioremédiation ou
mycoremédiation
Certaines espèces, dont le pleurote,
produisent des enzymes qui défont
La pollution par les plastiques et la
les hydrocarbures robustes et
contamination de l’environnement
odorants du pétrole, et qui absorbent
causée par des événements comme
les métaux lourds comme le
les déversements de pétrole
mercure. Ces espèces se sont
nuisent aux écosystèmes. Les
révélées efficaces dans certaines
champignons sont renommés pour
zones de la forêt amazonienne ayant
leur gloutonnerie, consommant
subi d’importants déversements de
notamment des plastiques, des
pétrole.
combustibles fossiles et des
L’Aspergillus tubingensis a lui aussi
matières radioactives. Ils
la capacité de complètement
contribuent ainsi à la restauration
décomposer les plastiques comme le
de sites comme celui de la
polyuréthanne en quelques
catastrophe nucléaire de
semaines, ce que d’autres variétés de
Fukushima, en 2010.
champignons mettraient des dizaines
d’années à le faire.

Vous aimerez peut-être aussi