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COURS DE DOCIMOLOGIE

L2 et L3
SLC
Posture épistémologique

Professeur Léa M.L. N’GORAN-POAMÉ


PLAN DU COURS

• PROPOS LIMINAIRES
• I. DOCIMOLOGIE ET POSTURE EPISTEMOLOGIE
• II. LA PROBLEMATIQUE DE L’APPRENTISSAGE
• III. LA PROBLEMATIQUE DE L’OBJET DE LA
DOCIMOLOGIE
• IV. VARIATION AUTOUR DE L’EVALUATION
• V. PROBLEMES DE METHODES
• CONCLUSION
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PROPOS LIMINAIRES
• RAPPEL
Qu’est-ce que la docimologie?
• Approche étymologique : Du grec « dokime » signifiant: épreuve, examen et
« logos », discours, science.
• Source du terme : Henri PIERON, psychologue français, agrégé de philosophie,
docteur en médecine, spécialiste en psychologie expérimentale et en orientation
professionnelle.
• en 1922, « Henri Piéron institua, à titre autonome, la discipline orientée vers
l’étude systématique des examens classiques et lui donna le nom de
« docimologie », (Anna Bonboir, La docimologie, Paris, PUF, 1972).
• La docimologie est «la science et la pratique du contrôle des connaissances ».
Auteur d’«Examen et docimologie» (in Population N° 5, 1964). (Science des
examens, de l’évaluation ou de la notation).

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PROPOS LIMINAIRES (suite)
• Objectifs des précurseurs : inscrire la docimologie dans une démarche scientifique et
réduire le degré de subjectivité qui entoure la note en proposant des méthodes objectives
d’évaluation.

• La docimologie est un ouvrage qui « se présente comme la discussion d’une


problématique et non comme un traité ou un précis où sont exposées et étudiées dans le
détail les techniques de l’évaluation psychologique et pédagogique » (Anna Bonboir,
1972).

• La docimologique, comme toutes les sciences a des limites.

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PROPOS LIMINAIRES (suite)
• Objectifs du cours de docimologie
• Objectif général :
Permettre aux étudiants d’approfondir leurs connaissances sur
la docimologie par une approche épistémologique de la
discipline.
Objectifs spécifiques
• Permettre aux étudiants de poursuivre la réflexion sur les fondamentaux
de la docimologie.
• Questionner les fondements scientifiques de la docimologie: les
méthodes de la docimologie permettent-elles de bien évaluer? Les
résultats de la docimologie sont-ils valides?

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PROPOS LIMINAIRES (suite et fin)
• Objectifs spécifiques :
• Mettre en lumière le degré de pertinence des interrogations
sur la « science » docimologique.
• Donner aux étudiants les clés d’une approche critique de la
science docimologique à partir des problèmes que pose la
docimologie et ceux qui s’imposent à elle.

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I. DOCIMOLOGIE ET POSTURE
EPISTEMOLOGIQUE
• L’épistémologie comme théorie des connaissances
(Philosophie) (La science qui analyse de manière critique les
savoirs et les pratiques d’une Science).
• L’épistémologie comme étude des théories scientifiques
(Approche conceptuelle et réflexive des savoirs).
• L’épistémologie comme étude critique d’une science
appréhendée sous l’angle de son objet, ses principes, ses
méthodes, ses expériences et ses résultats (La docimologie
est-elle une science ou quelle est sa valeur scientifique)?
• Inscription de la docimologie dans une démarche
d’évaluation de la « science » de l’évaluation.

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I. DOCIMOLOGIE ET POSTURE
EPISTEMOLOGIQUE (Suite et fin)
• Toute science d’apparition récente doit prouver sa scientificité.
• La docimologie avec son objet (les examens), ses paradigmes
(Paradigme de l’intuition pragmatique (l’évaluation liée à la personne de
l’individu, sans barème, …), Paradigme de la fidélité et de de la fiabilité
de l’évaluation (possible si l’on tient compte de la différenciation des
apprenant selon leurs traits distinctifs, selon le domaine de formation,
selon les objectifs et les niveaux d’enseignement), le Paradigme
sociologique (l’école, si elle efface les inégalités par une évaluation
équitable, les reproduit nécessairement), Paradigme de l’évaluation par
objectifs (la performance est orientée selon les objectifs), ses méthodes
(la méthode psychométrique, la méthode expérimentale) se pose
comme une véritable science.
• Mais qu’en est-il de sa validité?

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II. LA PROBLEMATIQUE DE L’APPRENTISSAGE
• Que recouvre le concept d’apprentissage?
• L’apprentissage (dans le système d’enseignement) perçu comme un
ensemble d’activités axées sur l’acquisition de savoirs, de savoir-faire, de
savoir-être.
• Approches théoriques (issues du schéma de Kozanitis, 2005) de
l’apprentissage
• Approche socioconstructiviste : Apprendre équivaut à « co-construire ses
connaissances en confrontant ses représentations à celles d’autrui (Lev
Vygotsky, Bandura). Contre une approche individuelle de l’apprentissage).
• Approche constructiviste : Apprendre équivaut à « construire et organiser
ses connaissances par son action propre » (Piaget, Bruner).
• Approche cognitiviste : Apprendre équivaut à traiter et emmagasiner de
nouvelles informations de façon organisée (Robert Gagné, Jacques Tardif,
Miller). (Action de l’esprit, ses stratégies pour traiter l’information).

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II. LA PROBLEMATIQUE DE L’APPRENTISSAGE
(suite)
• Approche béhavioriste : Apprendre équivaut « à associer, par
conditionnement, une récompense à une réponse spécifique » (Pavlov, J.
Watson, Skinner) (Comportement observable, mesurable et prédictible).
• Comment appréhender ou mesurer sans faille les fruits d’un objet aux
imbrications à la fois psycho-sociocognitive?
• Le triangle didactique (Savoir, Enseignant, Apprenant) profondément
marqué par les représentations sociales (Savoir, Enseignant, Apprenant,
Société).
• Savoir

Enseignant Apprenant

• Société
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II. LA PROBLEMATIQUE DE L’APPRENTISSAGE
(suite et fin)
• L’examen porte en général sur une partie de l’apprentissage,
sélectionnée par l’auteur de la formation et selon ses objectifs.
• Vu sous cet angle, primauté du contrôle continu, délaissé au niveau du
supérieur en raison de la massification.
• La docimologie «est consacrée à l’appréciation des fruits de
l’enseignement ou de l’apprentissage » (Anna Bonboir, 1972).

• L’enseignement, l’autre face de l’apprentissage, est tout aussi complexe.


• Communication des savoirs, modélisation des savoirs et sélection par
l’enseignant conditionnent l’apprentissage.
• Décalage fréquent entre les objectifs atteints et les objectifs fixés.

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III. DE L’OBJET DE LA DOCIMOLOGIE: Problèmes
des Examens
• La docimologie ou la science des examens
• Les examens comme système d’évaluation ou d’appréciation
du travail des apprenants dans le système d’enseignement.
• Les raisons
• travail et récompense / sanction
• L’intérêt du diplôme ou de l’« attestation » issu des résultats
de l’apprentissage (Preuve officielle de l’acquisition de
compétences, valeur sur le marché du travail, réponse au
besoin de sélection sociale).

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III. Problèmes des examens (suite et fin)

•Le modèle finlandais, meilleur système d’enseignement en raison de ses


résultats dans tous les domaines (Cf. Florence Mottot, enquête OCDE 2005).

•Particularité du modèle : l’école comme lieu d’intégration sociale,


adaptation continue des programmes au rythme des apprenants,
suppression des cycles, valorisation des matières dites minoritaires,
suppression des examens.

•La dimension organisationnelle et économique (Massification, tricherie


technicisée, mode de surveillance inadéquat, la sécurisation des épreuves,
l’adéquation qualité de l’épreuve-qualité de l’enseignement-niveau
d’apprentissage, le coût des examens).
•La remise en cause de la nécessité des examens suscite aussitôt des
interrogations sur la raison d’être de la docimologie.

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IV. VARIATION AUTOUR DE L’EVALUATION

• Evaluer, c’est mesurer de manière objective, sans faire appel à l’intuition


ni au sens.
• Les limites de la scientificité de l’évaluation
- L’étalon de mesure comme garant d’objectivité avec une marge de
subjectivité.
• Caractère indirect de l’évaluation (fruits de l’apprentissage, fruits de
l’intelligence, des aptitudes).
• L’action des variables sur la note (effets environnementaux, sociaux,
psychologiques).
• La nature de l’épreuve (formulation, genre (mathématique, dissertation,
QCM et hasard).
• Inadéquation entre résultats, formation et compétences.

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IV. VARIATION AUTOUR DE L’EVALUATION
(suite et fin)
Les types d’évaluation :
•L’évaluation diagnostique (vise la détermination du niveau des
apprenants au début de l’apprentissage);
•L’évaluation formative (Ajustement et amélioration de
l’apprentissage pendant l’apprentissage).
•L’évaluation sommative (vérification des acquis après la
formation) [Enseignement secondaire].
•L’évaluation certificative (vérification des acquis après la
formation, sanctionnée par un diplôme) [Enseignement
primaire, secondaire et supérieur]
•L’évaluation normative ( appréciation de la valeur de
l’apprenant à partir d’un classement) [Enseignement primaire et
secondaire]
Le choix de l’évaluation sans ajustement de la formation
comme un échec de la docimologie.
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V. LES METHODES DE LA DOCIMOLOGIE

Les méthodes
• Les méthodes de la docimologie s’appuient sur la méthode
expérimentale et la psychométrie ou la science de l’échelle des mesures.
La méthode expérimentale
• Les méthodes de la docimologie ont pour socle les variables, ce qui
échappe au contrôle.
• Elle procède par corrélations, par mises en relation de sujets ou objets
divers, au stade initial et final, en tenant compte des effets et des
produits de l’expérience.
• Exemple : la détermination des différents effets catégorisés selon les cas
(effets pygmalion, Golem, de contraste, de halo…).
• Problèmes : Comment enregistrer des phénomènes aussi variables?
Comment s’assurer de l’objectivité de phénomènes déterminés sur la
base de l’expérience? Comment fixer tous les comportements-signes?
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V. LES METHODES DE LA DOCIMOLOGIE (suite)
Est-il normal de fixer tous les phénomènes pédagogiques en
termes de comportements observables?
La psychométrie
La psychométrie est une science psychologique de l’échelle des mesures, une
technique de quantification issue de la psychologie différentielle (Système
d’échelle de mesure N.O.I.R. proposé par Stevens) (Données Nominales,
Ordinales, à Intervalles égaux et de Ratio ou proportionnelles).
La psychologie différentielle
Propose des méthodes d’évaluation de différences psychologiques, de
détermination de traits distinctifs.
Il s’agit de mesurer ou de distinguer les traits psychologiques d’individus,
de groupes, à partir de tests (intelligence, rapidité, anxiété, connaissances,
mémoire, langage, personnalité…).

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V. LES METHODES DE LA DOCIMOLOGIE (suite et fin)

• Les tests (les résultats sont indépendants des évaluateurs)


permettent de prédire les notes des apprenants.
• Les évaluations deviennent ainsi fiables et fidèles.
• Mais elles sont essentiellement psychologiques et non
didactiques.
• La multiplication des évaluateurs
• La docimologie propose la multiplicité des correcteurs selon
la discipline (Math (13), PC (16), Français (78), Philosophie
(127) pour réduire la marge d’erreur des notes et avoir une
moyenne fidèle et fiable.
• Même en le faisant, la marge d’erreur subsiste.

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CONCLUSION

• L’évaluation apparaît comme l’affectation d’un chiffre à une


différence notable selon des règles bien définies et sur la
base de contrôles, de tests et d’expériences.
• La docimologie, comme étude systématique des examens ou
de l’évaluation, si elle se pose comme une science, a des
limites issues de son caractère psychologique et de la
variabilité des aspects de son objet.
• Pour y remédier, il suffit de mieux penser le
réinvestissement des résultats de la docimologie non pas
uniquement sur le système d’évaluation, mais sur le
système d’enseignement.

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Bibliographie sélective
• Aggazi A., Les aspects pédagogiques des examens,
Strasbourg, 1967. Conseil de l’Europe.
• Bonboir A., La docimologie, Paris, PUF, 1972.
• Camara C. et Gaston C. , 150 idées reçues sur l’Ecole, Paris,
First-Gründ, 2012.
• Dubus A., Evaluation, notation, docimologie, Paris, Armand
Colin, 2006.
• Dutercq Y., Les régulations des politiques d’éducation,
Rennes, P. U. R, 2005.
• Hogan T., Parent N., Introduction à la psychométrie, Paris,
Edition chenelière éducation, 2017.
• Landsheere G., Évaluation continue et examens. Précis de
docimologie, Bruxelles, Ed. Labor, 1992.
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BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE (Suite)
• Laugier H., Mme Piéron H., Piéron H., Weinberg, Toulouse E.,
Études docimologiques sur le perfectionnement des examens
et concours, Paris, Conservatoire national des Arts et Métiers,
1934.
• Le Monde de l’éducation, L’entreprise note l’école, Paris, Mai
2007, N°358.
• Merle P., Sociologie de l’évaluation scolaire, Paris, PUF, coll
« Que sais-je? », 1998.
• Pieron H., Examen et docimologie, Paris, PUF, 1963.
• Revue Sciences humaines, Hors-série, N°5, L’école en
questions, Paris, Oct. – Nov. 2006.
• Rosenthal R. A., et Jacobson L., Pygmalion in the Classroom, Teacher
Expectation and Pupill’s Intellectual Development, Pygmalion à l’école,
trad. Fr, Tournai, Castermann, 1971.
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