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ECOLE HASSANIA DES TRAVAUX PUBLICS

Département ponts chaussées et transports

Mécanique des sols

Mahmoud EL GONNOUNI
1
Mécanique des sols
• Chapitre I
Introduction à la mécanique des sols

• Chapitre II
Caractéristiques physiques et classification

• Chapitre III
Eau dans le sol

2
1- Importance de l’eau dans les sols

Effet direct sur le comportement de la plupart des sols

- capillarité

- gonflement

- percolation à travers les barrage

- tassement des structures

- instabilités des talus dans l’argile

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Différents états de l’eau dans les sols

On distingue quatre catégorie d’eau:


- Eau de constitution
- Eau libre
Eau interstitielle
- Eau capillaire
- Eau liée ou absorbée

4
2- Contraintes et pressions d’eau dans les sols

2.1- Contrainte dans un milieu granulaire


→ δF
σ = lim
δS →0
δS

Contrainte dans un milieu continu


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2.2- Contrainte totales et contraintes effectives

2.2.1- Contrainte totales


→ → →
σ = σ n +τ t

σ Vecteur de contrainte totale

σ Contrainte totale normale

τ Contrainte totale tangentielle


→ →
n et t Vecteurs unitaires de la normale et de la direction de la contrainte
tangentielle dans le plan de δ S
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2.2.2- Pression d’eau et pression d’air

• La pression de l’eau est appelée pression


interstitielle et noté u.

• La pression de l’air est appelée pression de l’air

• Les pressions de l’eau et de l’air sont en général


comptées à partir de la pression atmosphérique

Mesure de la pression interstitielle


Piézomètres 7
2.2.3- Contrainte effectives – postulat de Terzaghi

Comment se répartissent les contraintes dans un sol, sachant que ce


dernier est multiphasique ?
Sol global
- milieu continu, sans distinction entre les phases solide et liquide
- complètement saturé les contraintes exercées en un
point sur une facette donnée Contraintes totales
Phases prises séparément
- lois de comportement différentes
- répartition des contraintes entre le solide et l’eau
responsable
squelette solide - des déformations
- de la résistance au cisaillement

eau - incompressible 8
- aucun résistance au cisaillement
2.2.3- Contrainte effectives – postulat de Terzaghi

Répartition des contraintes


- contraintes transmises dans le squelette des grains solides du sol
contrainte effectives σ ', τ '
- les seules contraintes pouvant exister dans l’eau sont des pressions
pression interstitielle
u
contrainte normale, sans cisaillement
Postulat de Terzaghi (1925)
contrainte normale total

σ ' = σ − u Pression de l’eau

τ ' = τ Contrainte effective
responsable des tassements et
Remarques de la résistance au cisaillement
- sol sec σ '= σ
- pas de mesure de σ ' 9
2.3- Contrainte géostatiques et nappe au repos

Contrainte géostatique (naturelle)


- Contrainte dans le sol avant tout chargement supplémentaire
- poids des terres

Sol saturé à surface horizontale, baigné par une nappe en équilibre :


- contrainte totale verticale σ v = ρgz = γz
- pression interstitielle u = ρ w gz = γ w z
- contrainte effective σ v' = ρ ' gz = γ ' z

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Exemple 2
Sol inondé à surface horizontale

11
Exemple 2
Sol inondé à surface horizontale

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3- Loi d’écoulement de l’eau dans le sol

3.1- Hypothèses et définitions fondamentales

Hypothèses lors de l'étude de l'écoulement de l'eau dans les sols


1- sol saturé
2- eau + grains incompressibles
3- phase liquide continue

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Condition de continuité

Condition de continuité
volume d'eau sortant
- Volume de sol saturé traversé par un écoulement
- pendant dt, dV1 entre et dV2 sort
- si les grains restent fixes et compte tenu de
l'hypothèse 2

Vw dans S reste le même


dV1 = dV2
volume d'eau entrant

En hydraulique des sols régime permanent

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3.1.1- Charge hydraulique

Énergie d'une particule fluide de masse unité


(exprimée en mètre d'eau)
zM : cote du point M par rapport à un
plan horizontal de référence
uM : pression de l'eau interstitielle en M énergie potentielle
énergie cinétique
vM : vitesse de l'eau

Remarque : dans les sols, v est très faible (< 10 cm/s)


2 2 g est négligeable (0,5 mm pour v = 10 cm/s)
vM

charge de position
charge de pression d'eau

valeur relative dépendant de la position du plan de référence 15


3.1.1- Charge hydraulique

Notion de perte de charge


• écoulement d'un fluide parfait (incompressible et non visqueux)
la charge reste constante entre 2 points le long de l'écoulement
• l'eau a une viscosité non nulle
- interaction de l'eau avec les grains du sol
- dissipation d'énergie ou de charge
perte de charge entre 2 points le long de l'écoulement
• exemple : soit la charge h1 au point M et la charge h2 au point N
- si h1 = h2 pas d'écoulement et nappe phréatique en équilibre
- si h1 > h2 écoulement de M vers N et perte de charge (h1 -h2)

• charge de position : par rapport à une référence énergie perdue par frottement
• charge de pression d'eau : hauteur d'eau dans un tube piézométrique 16
Piézomètre et ligne piézométrique
• Les piézomètres « ouverts » sont de simples tubes,
enfoncés verticalement, dont on relève le niveau d'eau
par la longueur d'un poids (ou un contacteur électrique)
au bout d'un fil.
• Il existe bien entendu des systèmes plus sophistiqués
utilisant un capteur de pression en bout de tube.

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Piézomètre et ligne piézométrique

18
3.1.2- Gradient hydraulique

Le gradient hydraulique est un vecteur défini comme l’opposé du gradient de la


charge hydraulique h :
→ →
i = − grad h

Il a pour composantes :

∂h ∂h ∂h
ix = − iy = − iz = −
∂x ∂y ∂z

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3.1.2- Gradient hydraulique

Exemple de calcul de gradient


Gradient hydraulique dans le sol (entre B et D)

perte de charge
i =
longueur traversée
• charge au point B
hB = BC + AB =AC
• charge au point D
hD = -CD + CD = 0
• perte de charge
∆h = hB – hD = AC
• gradient hydraulique
20
i= ∆h/∆L = AC/BD
3.1.3- Surface équipotentielles et surfaces isopièzes

• Les surfaces sur lesquelles la charge hydraulique est constante sont appelées
« surfaces équipotentielles ».
• Les surfaces sur lesquelles la pression de l’eau est constante sont appelées
« surfaces isopièzes ».
• Le vecteur de gradient hydraulique en un point P est normal à la surface
équipotentielle qui passe par ce point.

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3.1.4- Vitesses d’écoulement

Vitesse de décharge (ou d'écoulement ou de percolation)


- débit d'eau s'écoulant au travers une surface d'aire totale S ( grains +vides)
- vitesse fictive ou apparente (utilisée pour les calculs)
Mouvement global du fluide
Q
ν= Trajectoire réelle
et vitesse locale en M
Réalité l’eau ne circule que dans S
les vides, entre les grains
- trajectoires tortueuses
- on définit une vitesse moyenne réelle
en ne considérant que la section des vides

' Q Q ν
ν = = = porosité
Sv n.S n Vv = n. V = n{
.S. H
22
ν ' ≥ν SV
3.1.5- Lignes de courant

On appelle ligne de courant une courbe tangente en chaque point au vecteur


vitesse d’écoulement en ce point. Si cette courbe est rectiligne, l’écoulement
est dit linéaire.

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3.1.5- Lignes de courant

24
3.2- Loi de Darcy (1856)

25
3.2- Loi de Darcy (1856)

Autre représentation de la loi de Darcy

∆h débit total à travers la


Q = ν .S = k .i.s = k . .S surface transversale S
L
La loi de Darcy a été généralisée par Schlichter au cas d’un écoulement
tridimensionnel dans un sol homogène et isotrope, sous la forme :
→ → →
v = k i = − k gradh

Dans un sol isotrope, la vitesse d’écoulement est parallèle au gradient hydraulique,


lui-même normal aux surfaces équipotentielles de l’écoulement.
Par conséquent, la vitesse d’écoulement est normale aux surfaces équipotentielles.
26
3.3- Coefficient de perméabilité
3.3.1- Dimension et valeur
Le coefficient k de la loi de Darcy, appelé « coefficient de perméabilité »
(appelé aussi « conductivité hydraulique »)
- comment l'eau circule à travers le sol

- unités de vitesse
- varie beaucoup avec la nature du terrain et l’état du sol 10-8 m/s 30 cm/an
- Mesurée en laboratoire ou in situ

k dépend à la fois des caractéristiques du sol et de celles de l’eau.


K
k= γw 27
µ
3.3.2- Perméabilité des milieux stratifiés

- cas des sols composés de couches superposées (ex: sols sédimentaires)


- au lieu de traiter chacune des couches séparément,
on définit un terrain fictif homogène

a- Ecoulement parallèle au plan de stratification

- perte de charge identique pour toutes les couches

- débit total = somme des débits de chaque couche


• pour une couche j

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a- Ecoulement parallèle au plan de stratification

29
b- Ecoulement perpendiculaire au plan de stratification

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3.3.3- Mesure de la perméabilité en laboratoire

Principe : - relier le débit Q traversant un échantillon cylindrique de sol saturé


- à la charge h sous laquelle se produit l'écoulement
Q ∆h
- utilisation de la loi de Darcy ν= = k .i = k
S ∆L
a- Perméamètre à charge constante

pour les sols de grande perméabilité


k >10-5 m/s sables

Q ∆h h
ν= = k .i = k =k
S ∆L L
Q Q.L
k= =
S .i S .h
nécessite la mesure d’un débit 31
b- Perméamètre à charge variable

pour les sols de faible perméabilité


Q h - h variable
=k k <10-5 m/s argile
S L - impossibilité de mesurer Q

• volume d'eau qui traverse l'échantillon = diminution du volume d'eau dans le tube
dV = Q. dt = - s. dh
• en remplaçant Q h
S .k . .dt = − s.dh
L
s dh
k .dt = − .L.
• après intégration S h
s L h
k = . . ln 1
S t h2
- pas de mesure de débit
- mesure du temps pour que le niveau d’eau passe de h1 à h2 32
4- Ecoulements permanents dans les sols
4.1- Objet de l’hydraulique des sols
Réseaux d'écoulement application importante de l'hydraulique des sols
Étude des problèmes
- barrage en terre
d'infiltration d'eau
- mur de palplanches (retenue, batardeau)
- barrage en béton

écoulement en 2D

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4.2- Écoulement en milieu homogène et isotrope

Détermination de la charge hydraulique h (x, y, z) en tout point du massif

Hypothèses lors de l'étude de l'écoulement de l'eau dans les sols

1- milieu homogène et isotrope (coefficient de perméabilité constant)


2- écoulement laminaire et vitesse de l'eau faible
q ∆h
3- écoulements régis par la loi de Darcy ν= = k .i = k
S ∆L
4- écoulement permanent

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4.2.1- Équation générale de l’écoulement

• Equation fondamentale de l’écoulement

∂ 2h ∂ 2h
+ 2 =0 équation de Laplace
∂x 2
∂y pertes d'énergie à l'intérieur d'un milieu résistant

• Solution de l'équation de Laplace


lorsque les conditions aux limites sont définies
- cas simples : solution analytique
- cas complexes : méthodes numériques

pour un sol homogène, différentes méthodes


méthode graphique, analogie électrique, fragments…
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4.2.2- Conditions aux limites Exemple d’un barrage en terre

• AF est une surface imperméable - aucun débit ne la traverse


- ligne de courant
• EF est la surface libre - aucun débit ne la traverse
h=z
- ligne de courant
• AE est une surface filtrante
- contact avec l'eau libre (pas de perte de charge)
uM
- ligne équipotentielle h= +z=H
- perpendiculaire aux lignes de courant γw 36
• en F, h=0
4.2.3- Condition de continuité

Aux interfaces de couches de perméabilités différentes : le débit normal à l’interface est


égal dans les deux couches :

vn1 = vn 2 ∂h1 ∂h2


ou : k1n = k2n
∂n ∂n
Si les sols des deux couches en contact sont isotropes,
alors les pentes des lignes de courant de part et d’autre
de l’interface sont dans le rapport inverse des coefficients
de perméabilité
tan α1 k 2
=
tan α 2 k1

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4.3- Réseau d’écoulement

Tracer dans le sol (ou l'ouvrage) un réseau ou un maillage Méthode graphique


orthogonal délimité par deux types de lignes

• lignes de courant (ou d'écoulement)


- cheminement moyen d'une particule d'eau s'écoulant entre 2 points
- vecteur vitesse tangent en chaque point de la ligne de courant

• lignes équipotentielles Canal d’écoulement


- ligne sur laquelle l'énergie disponible
pour l'écoulement est la même ∆q
ligne où la charge est constante
- l'énergie perdue par l'eau est la ∆q
même tout le long ce cette ligne
- différence entre deux lignes
perte de charge ∆h 38
Ligne équipotentielle Ligne d’écoulement
4.3- Réseau d’écoulement
• réseau formé par ces deux types de lignes
- orthogonale
- quadrilatères curvilignes (formes aussi carrées que possibles)

• deux lignes de courant : tube de courant


- l’eau circule sans sortir
- débit constant et identique entre deux tubes
Canal d’écoulement
• deux lignes équipotentielles
- perte de charge constante ∆q

∆q
Chaque quadrilatère
- subit la même perte de charge
- est traversé par le même débit d’eau
39
Ligne équipotentielle Ligne d’écoulement
4.3- Réseau d’écoulement
Exemple

40
4.3- Réseau d’écoulement

Comment construire un réseau d'écoulement ?


• croquis à main levée
• essais successifs
- lignes d'écoulement et équipotentielles
- carrés dont les côtés se coupent à angle droit

• nombre infini de réseaux


- convergence vers une solution

Exemple d'un barrage 41


42
Lignes équipotentielles et lignes d’écoulement (réseau partiel)
4.3.1- Exploitation des réseaux d’écoulement

Utilisation des réseaux d'écoulement


• calcul des débits barrages, fouilles, batardeaux
• pressions interstitielles barrages, talus, murs de soutènement, palplanches
• gradients hydrauliques

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• plan de référence DJ ligne équipotentielle
• conditions aux limites IC ligne équipotentielle
CED ligne de courant
44
KFL ligne de courant
a) Calcul des débits

• même débit ∆q entre deux lignes de courant voisines


• même perte de charge ∆h entre deux équipotentielles voisines

• perte de charge totale = H1 + H2 = ∆H


∆H
séparées en nh intervalles ∆h =
nh 45
a) Calcul des débits

• débit total sous l’ouvrage = ∑ ∆q = nc .∆q = Q


avec nc = nombre de tubes de courant
• application de la loi de Darcy
∆h  ∆h  ∆H nh a nc
∆q = k .S . Q = nc . k .S .  = nc .k .a. = k . . .∆H
∆L  ∆L  b b nh
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a) Calcul des débits

Débit total
nc
Q = k . .∆H si a ≈ b
nh
47
b) Calcul des pressions
Détermination de la pression interstitielle
uM
hM = + zM u M = γ w [hM − z M ]
γw
Avec : la charge hydraulique en tout point vaut

hM = charge d' entrée - ∑ pertes de charge

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c) Calcul du gradient hydraulique

∆h
i=
∆L
Le gradient hydraulique est donc d’autant plus grand
que les lignes équipotentielles sont rapprochées.
Dans le cas particulier de la palplanche, on constate
que les gradients hydrauliques sont les plus élevés
au pied de la palplanche.

49
5- Effet mécaniques de l’eau sur le sols : interaction fluide-squelette

Force d’écoulement et poussée d’Archimède

Équilibre hydrostatique : poussée d'Archimède


Écoulement : force sur les grains solides dans le sens de l'écoulement
Le squelette solide est soumis à deux types de forces volumiques
• force de pesanteur
• force d'écoulement

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Gradient hydraulique critique – boulance / renard

• Écoulement vertical descendant


élément de sol soumis à une force (
F = γ ' + iγ w dV )
- augmentation de F
- tassement du sol (ex.: remblai inondé tassant à la décrue)

• Écoulement vertical ascendant - boulance

(
F = γ ' − iγ w dV)
- si le gradient est très élevé, la résultante est vers le haut
- grains de sol entraînés par l'eau boulance

γ'
ic = ≈1
gradient hydraulique critique
- lorsque F = 0 γw
51
Phénomène de renard

• Phénomène de renard
Dans le cas général d'un écoulement souterrain (pas forcément ascendant)
- vitesses élevées localement
- entraînement des fines particules du sol
- augmentation de la perméabilité locale
- augmentation de la vitesse de filtration
- entraînement de gros éléments
- érosion progressive le long d'une ligne de courant

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Protection des ouvrages contre la boulance

53
Protection des ouvrages contre la boulance

54
Géotextiles

Tricotés Tissés de filaments Tissés de bandelettes

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Géotextiles

Non tissés Non tissés aiguilletés Non tissés aiguilletés


thermoliés de filaments continus de fibres courtes

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6- Retrait et gonflement des argiles

57
6- Retrait et gonflement des argiles

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6- Retrait et gonflement des argiles

Nature des mouvements


• Mouvements liés à la structure interne des minéraux argileux

phyllosilicates qui présentent


une structure en feuillets
- adsorption de molécules d'eau sur leur surface
- gonflement, plus ou moins réversible, du matériau

• Certaines familles de minéraux argileux (smectites)


liaisons particulièrement lâches entre les feuillets constitutifs

- possibilité d'adsorption d'une quantité d’eau considérable


- variations importantes de volume du matériau

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6- Retrait et gonflement des argiles

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6- Retrait et gonflement des argiles

Ceci se traduit par


• des fissurations en façade, souvent obliques et passant par les points de faiblesse que
constituent les ouvertures
• des décollements entre éléments jointifs (garages, perrons, terrasses)
• une distorsion des portes et fenêtres
• une dislocation des dallages et des cloisons
• la rupture de canalisations enterrées (ce qui
vient aggraver les désordres car les fuites d’eau
qui en résultent provoquent des gonflements localisés)

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