Thomas GUIBERT
30 Janvier 2013
|
SOMMAIRE
Introduction
La réglementation bancaire
LES OBJECTIFS ET LES DIFFÉRENTS INTERVENANTS
UN PEU D’HISTOIRE : FOCUS SUR LE COMITE DE BALE
UN PEU D’HISTOIRE : FOCUS SUR BALE ET LES RISQUES DE MARCHE
Synthèse et conclusion
Risque de marché
▫ Risque de pertes résultant de l’évolution des prix du marché (cours des actions, des matières premières, des
devises et des taux d’intérêt).
▫ Cas pratiques :
- Flash crash du 6 mai 2010, Etats-Unis : un fonds a vendu une quantité inhabituelle de contrats sur S&P500, les transactions
haute fréquence ont réagi de manière agressive.
Risque opérationnel
▫ Risque de pertes résultant d’une inadaptation ou d’une défaillance imputable à des procédures, personnels
et systèmes internes ou à des événements extérieurs.
▫ Cas pratiques :
- Des traders ont pris des positions spéculatives massives, en dehors de leurs attributions et non couvertes. Ils ont réussi à les
dissimuler à leurs hiérarchies et aux systèmes de contrôle des banques. Cela a notamment été le cas des banques
suivantes: la Barings (1995 – 1.3 GUSD), la Société Générale (2007 – 4.9 GEUR) et UBS (2011 – 2.3 GUSD).
- L’affaire Madoff : il s’agit d’une escroquerie connue sous le nom de « chaine de Ponzi ». Madoff proposait des rendements
très élevés, mais en fait payait les intérêts des premiers investisseurs avec le capital apporté par les derniers entrés.
Risque de non-conformité
▫ Risque de sanction ou de perte financière découlant du non-respect de la réglementation bancaire et
financière ou des règles internes.
▫ Cas pratiques :
- Etablissement de crédit A, avertissement et sanction pécuniaire de 800KEUR, nov./déc. 2011. Selon l’article 1 du règlement
97-02, les dispositifs de contrôle interne d’une banque doivent être adaptés à la nature et au volume de ses activités, à sa
taille et aux risques auxquels elle est exposée. Une mission d’inspection de la Commission bancaire a montré que
l’établissement A n’avait pas fait évoluer l’architecture de son dispositif de surveillance des risques au même rythme que la
complexité de ses opérations de marché. http://www.acp.banque-france.fr/fileadmin/user_upload/acp/publications/registre-
officiel/20111216-Decision-de-la-commission-des-sanctions.pdf
- « La banque britannique accepte de payer 1,9 milliard de dollars (1,5 milliards d’euros) pour clore les poursuites engagées
par les autorités américaines dans une affaire de blanchiment d'argent sale appartenant notamment à des cartels de la
drogue. « HSBC a conclu un accord avec les autorités américaines dans le cadre d'enquêtes concernant des infractions aux
lois sur les sanctions (frappant certaines entités criminelles ou assimilées) et la lutte contre le blanchiment d'argent », a
précisé la banque dans un communiqué. » Source : Les Echos - 11/12/2012
Risque de liquidité
▫ Risque que la banque ne puisse pas faire face à ses flux de trésorerie à un coût raisonnable.
▫ Cas pratique :
- Crise des subprimes en 2007: nationalisation de Northern Rock, solvable mais investi dans des crédits hypothécaires non
liquides.
Risque stratégique
▫ Risque inhérent à la stratégie choisie ou résultant de l’incapacité à mettre en œuvre cette stratégie.
Risque de réputation
▫ Risque résultant d’une perception négative de la part des clients, des contreparties, des actionnaires, des
investisseurs ou des régulateurs qui peut affecter défavorablement la capacité d’une banque à maintenir ou
engager des relations d’affaires et la continuité de l’accès aux sources de financement.
Directeur des
Risques de
Marché
Analytics Marché
Utilisation des
Définition des Validation Tests d’impacts,
Gestion de projets, indicateurs au
Rôle méthodologies, indépendante des analyse
implémentation, quotidien dans la
choix de mesures de risque quotidienne des
etc. gestion des
modélisation de marché indicateurs
risques
LA REGLEMENTATION BANCAIRE
Les « Principes fondamentaux pour un contrôle bancaire efficace » publiés par le Comité de Bâle
constituent le standard le plus important dans le domaine de la réglementation et du contrôle
bancaire. Ces principes définissent le cadre d’ensemble du contrôle bancaire et couvrent :
▫ L’agrément des établissements, Dans la pratique : les étapes clés:
- Publication d’un document consultatif par le Comité de Bâle et réalisation d’études d’impacts,
▫ La réglementation prudentielle, - Lobbying et réponses des banques,
- Publication d’un document final intégrant ou non les retours des banques,
▫ Les techniques de contrôle, - Phase d’implémentation avec réalisation d’études d’impacts complémentaires,
▫ Les prérogatives des autorités. - Présentation d’un dossier de demande de validation de l’utilisation des modèles internes par
les banques à leur régulateur (ACP en France),
- Mission de validation de l’ACP sur place,
- Rapport de l’ACP, avec recommandations à mettre en œuvre selon un calendrier fixé.
Les dates clés
1974 1988 1996 1999 2004 2009 2010 2012
Création Publication Publication Consultation
des accords d’amendements sur les Bâle 2 Bâle 2.5 Bâle 3 Bâle 4 ?
du Comité de Bâle I relatifs au risque accords de
de Bâle de marché Bâle 2
▫ Bâle 2.5 – Consultation janvier 2009 / Document final juillet 2009 / Implémentation fin 2011
- Renforcement du cadre de Bâle II et objectif affiché d’augmenter le capital du portefeuille de trading.
- Réduction de la pro-cyclicité des exigences de fonds propres.
- Prise en compte de facteurs de risque autres que “marché” sur le trading book : le risque de crédit.
- Le dispositif de Bâle II (VaR et méthode standard) est complété par de nouveaux éléments :
Les modèles internes : la VaR est complétée par 3 nouvelles mesures de risque de marché : la VaR stressée,
l’Incremental Risk Charge (IRC) et la Comprehensive Risk Measure (CRM);
La méthode standard (taux, change, equity et matières premières) est complétée par une charge en capital en méthode
pour les positions de Titrisations, similaire à celle du banking book (ce qui adresse les arbitrages entre trading et banking).
▫ Bâle 4 ? – Fundamental Review of the Trading Book – Consultation de mai à septembre 2012 / ?
- Adresser les faiblesses mises en évidence par la crise, définir un cadre réglementaire unifié (en opposition au patchwork post
Bâle 2.5) qui puisse être appliqué à toutes les banques et qui permette les comparaisons entre banques.
- Le Comité de Bâle propose notamment:
L’utilisation d’une mesure d’Expected Shortfall calculée sur une période stressée, à la place des VaR et VaR stressée.
La prise en compte d’horizons de liquidité différenciés ainsi que la limitation des bénéfices de diversification et de hedge.
La possibilité de réintégrer dans ce cadre unifié les risques de crédit actuellement captés par les mesures IRC et CRM.
La mise en place d’un calcul en méthode standard qui pourrait servir de floor pour le capital réglementaire.
VaR VaR
Expected Shortfall
temps
Introduction
Dans la pratique :
De la mesure à l’analyse des risques de marché
On considère une option sur un indice Equity dont le prix dépend
▫ Etapes préalables de plusieurs paramètres :
Etapes préalables
▫ Analyse économique des risques encourus sur le portefeuille de négociation
- Actions & indices : les cours des actions et indices, leurs volatilités (à la monnaie et smile), les dividendes, etc.
- Taux : les taux de swaps, les taux Trésor, les volatilités des taux, etc. Dans la pratique :
- Change : les taux de change, les volatilités des taux de change, etc. Dans le cas de l’option sur indice Equity
précédente, quels facteurs de risque retenir parmi
- Crédit : les spreads de crédit, les volatilités, etc. l’ensemble des paramètres de marché ? spots,
taux, volatilités, dividendes, repos, corrélations, etc.
- Matières premières : les cours des matières premières, leurs volatilités, etc.
Source : La formation des prix sur le marché des CDS : les enseignements de la
crise souveraine (2010 - ) - Christophe Bonnet - AMF, janvier 2012
Impacts de la faillite de
Lehman sur l’indice S&P500
Crise souveraine : élargissement des spreads de CDS
Etapes préalables
▫ Identification des facteurs de risques: quelques exemples de changements de dynamiques
Risque spécifique
(ou idiosyncratique) :
variations du cours
d’une action en
raison d’événements
qui sont propres à
l’entreprise
indépendamment
des phénomènes qui
affectent l’ensemble
des actions (le
marché).
Etapes de modélisation
▫ Modélisation des facteurs de risque
▫ Lien entre les facteurs de risque et la valeur du portefeuille
▫ Evaluation de la loi de probabilité des portefeuilles
▫ Evaluation de la robustesse des modèles (backtesting)
Les sensibilités
Définition
▫ Les sensibilités permettent de mesurer la variation du prix d’un produit financier suite à la variation d’un
paramètre de marché.
▫ Mathématiquement, les sensibilités correspondent aux dérivées partielles du prix par rapport à un ou
plusieurs paramètres de marché.
Risque de modèle : selon le modèle de pricing utilisé afin de valoriser un produit
▫ Les sensibilités sont appelées les « grecques ».
financier, des prix différents peuvent être obtenus. Les sensibilités aux différents
paramètres de marché peuvent également avoir des valeurs différentes.
Quelques exemples de sensibilités
dP
▫ Delta : sensibilité du prix du produit dérivé par rapport au cours du sous-jacent ∆=
dS
dP
▫ Vega : sensibilité du prix du produit dérivé par rapport à la volatilité implicite v =
dσ
dP
▫ Rho : sensibilité du prix du produit dérivé par rapport à une variation des taux d’intérêt ρ =
dr
dP
▫ Thêta : sensibilité du prix du produit dérivé à l’écoulement du temps θ =
dt
d 2P
▫ Gamma : sensibilité du delta par rapport au cours du sous-jacent Γ =
dS 2
Dans la pratique : les sensibilités sont calculées en appliquant un choc sur le paramètre de marché :
1 + 1%), , ,
, , , ) − , , ,
, , , )
Δ=
Utilisation 1%
▫ Les sensibilités sont utilisées par les traders afin de gérer leurs positions ainsi que les risk managers.
▫ Les sensibilités sont reportées au responsable du trading, au responsable des risques, etc.
▫ Elles sont utilisées afin de décomposer et d’expliquer les variations du prix P:
dσ
2
dS dS
dP = ∆ + 0.5Γ + v + ρ dr + ...
S S σ
Mesures de risque de marché |
30/01/2013 | 21
CHAPITRE 03
La Value at Risk
Définition
▫ La VaR est définie comme la perte potentielle maximale pouvant survenir pour un niveau de confiance donné
et pour un horizon temporel fixé. Mathématiquement, la VaR est définie comme le quantile de la distribution
des gains et pertes pour le niveau de confiance fixé.
Dans la pratique : si la VaR d’un portefeuille de trading est de 10 MEUR au seuil de 99% à un horizon1 jour, alors il y a 99% de chances
que la perte subie n’excède pas 10 MEUR à 1 jour.
Un peu d’histoire
▫ La VaR a été popularisée par JP Morgan, elle est largement acceptée par les banques depuis 1993.
▫ La VaR a été adoptée par les accords de Bâle en 1996-1998.
Dans la pratique :
La VaR est utilisée La réglementation impose, pour le calcul du capital réglementaire :
- Un seuil de confiance de 99%, de sorte que la perte observée ne
▫ En tant que mesure de risque de marché, devrait excéder statistiquement la VaR dans 1% des cas seulement;
▫ Mais aussi pour le calcul du capital réglementaire. - Un horizon temporel de 10 jours, qui suppose que toutes les positions
peuvent être liquidées ou couvertes sur cette durée.
▫ Illustration : cas d’une position de 500,000 actions sur le titre A (cours : 10 EUR)
- On fait l’hypothèse que la moyenne des rendements des cours de l’action est nulle et que la volatilité annuelle est de 20%.
- Soit un portefeuille composé de 500,000 actions sur le titre A coté à 10 EUR.
- La valeur initiale du portefeuille est donc de 5 MEUR.
Niveau de Centile de la loi
- La volatilité à 10 jours est égale à 3.98% √10 confiance normale
10 = 1 ×
√252 99% 2.33
* L’approche delta normale peut être étendue, il s’agit alors de l’approche delta-gamma.
Dans la pratique : estimation de la VaR d’un portefeuille par la méthode de simulation historique
▫ Les facteurs de risque
- Choix des facteurs de risque parmi l’ensemble des paramètres de marché,
- Choix de la longueur de la période des scénarios historiques (en pratique de 1 à 2 ans, soit de 250 à 500 scénarios),
- Constitution d’une base de données des observations historiques des facteurs de risque,
- Fréquence de mise à jour de la période historique (de quotidienne à mensuelle),
- Choix de la modélisation des scénarios à appliquer à ces facteurs de risque et de l’horizon temporel,
- Génération de scénarios pour l’ensemble des facteurs de risque.
▫ Les approximations de modèles de pricing et de méthodes numériques
- Choix des approximations en adéquation avec la précision requise par la mesure.
▫ Détermination de la distribution des gains et pertes du portefeuille
- Les facteurs de risque sont choqués puis l’ensemble des positions revalorisées, sous chacun des scénarios historiques.
- On obtient ainsi autant de prix choqués du portefeuille que de scénarios, puis par différence avec la valeur initiale du
portefeuille, on obtient la distribution des gains et pertes du portefeuille.
▫ Détermination du quantile à 99% de la distribution des gains et pertes du portefeuille
- Le quantile à 99% est déterminé à partir de la distribution des gains et pertes du portefeuille.
▫ Changement d’horizon temporel : de 1 jour à 10 jours
- Le quantile à 99% à 1 jour est ramené à un quantile à 99% à 10 jours; en règle générale en utilisant la racine carrée du temps.
Illustration : cas d’une option sur l’indice DJ Eurostoxx 50, de prix P(S, K, r, T, σ, d, q)
▫ Les facteurs de risque
- Choix des facteurs de risque : cours de l’indice, taux d’intérêt et volatilités à la monnaie.
- Choix de la longueur des scénarios historiques : 300 scénarios.
- Choix de la modélisation des scénarios :
Cours de l’indice : chocs relatifs,
Taux d’intérêt : chocs absolus,
Volatilités à la monnaie : chocs relatifs.
- Choix de l’horizon temporel : 1 jour.
▫ Les approximations de modèles de pricing et de méthodes numériques
- Choix des approximations : aucune, revalorisation complète.
▫ Détermination de la distribution des gains et pertes du portefeuille
- Les facteurs de risque sont choqués puis l’ensemble des positions revalorisées,
sous chacun des scénarios historiques.
- On obtient ainsi autant de prix choqués du portefeuille que de scénarios,
puis par différence avec la valeur initiale du portefeuille (100 MEUR),
on obtient la distribution des gains et pertes du portefeuille.
▫ Détermination du quantile à 99% VaR = 3e pire perte
- Le quantile à 99% est déterminé sur les 300 scénarios
L’estimation de la VaR par la méthode de simulations Monte Carlo consiste à estimer la distribution
de probabilité des gains et pertes du portefeuille à partir d’un grand nombre de simulations des
comportements futurs possibles des facteurs de risque.
Dans la pratique : estimation de la VaR d’un portefeuille par la méthode de Monte Carlo
dσ
2
dS dS
dP = ∆ + 0.5Γ + v + ρ dr + ...
S S σ
Illustration : cas d’une position de 500,000 actions sur le titre A (cours : 10 EUR)
▫ Les facteurs de risque
- Spécification de la distribution des facteurs de risque : cours de l’action
σ2
dS (t ) = µ S (t )dt + σ S (t )dW (t ) S (t + ∆t ) = S (t ) exp ( µ − )∆t + σε ∆t
2
- Les moyenne et écart-type sont estimés sur données historiques.
- Nombre de scénarios : 10,000
- Choix de l’horizon temporel : 1 jour (10 jours).
Définition
▫ Le backtesting de la VaR a comme double objectif de :
- Valider l’adéquation du modèle statistiquement, en vérifiant si le degré de couverture observé empiriquement correspond au
niveau de confiance théorique de 99%. Pour ce faire, on compte le nombre de dépassements de backtesting, i.e. le nombre de
fois où la perte observée dépasse la VaR.
- Valider le modèle de VaR en tant que mesure de capital réglementaire. La VaR permet-elle d’allouer des exigences de fonds
propres suffisantes afin de couvrir les pertes observées ?
▫ Le backtesting n’est donc pas une mesure de risque de marché, mais une procédure statistique permettant de
juger, a posteriori, de la qualité du modèle de VaR.
Utilisation
▫ Le nombre de dépassements de backtesting observés sur l’année glissante intervient directement dans la
détermination des exigences de fonds propres réglementaires (cf. chapitre 4).
▫ La fréquence des dépassements et leur amplitude renseignent également sur la qualité du modèle de VaR.
▫ Le backtesting peut permettre d’identifier les facteurs de risque qu’il pourrait être nécessaire d’intégrer dans
le modèle de VaR. En effet, un nombre trop important de dépassements peut être expliqué par la non prise en
compte d’un risque important pour le portefeuille sur lequel la VaR est calculée.
Illustration
▫ 2 dépassements sur l’année glissante :
- 22/03/2012 :
. P&L = -9.6MEUR
. VaR = -8.8MEUR
- 23/06/2012 :
. P&L = -9.1MEUR
. VaR = -7.2MEUR
Mesures de risque de marché | Source: données simulées.
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Les mesures de risque de marché – la Value at Risk – le backtesting (2/3)
m 60
K VaR = 10 × m ax VaR t −1 ,
60
∑ VaR
i =1
t − i −1
où m représente le coefficient multiplicateur permettant de convertir la mesure de risque de marché (VaR) en capital réglementaire.
Source: Portée et limites des VaR publiées par les grandes institutions financières. Banque de France.
Inconvénients
▫ La VaR n’est pas une mesure sous-additive.
- Si un portefeuille est composé de 2 sous-portefeuilles A et B, alors la VaR du portefeuille total est inférieure à la somme des
VaR des portefeuilles qui le compose. Cette inégalité est notamment expliquée par la prise en compte de la diversification.
▫ La VaR correspond à un quantile donné, elle ne prend pas en compte les risques au-delà de ce quantile.
Définition
▫ L’Expected Shortfall (ES) est définie comme la moyenne des pertes au-delà d’un niveau de confiance donné.
▫ L’Expected Shortfall correspond à un montant de pertes; elle permet de capter l’épaisseur de la queue de
pertes de la distribution de P&L.
▫ Tout comme la VaR, l’Expected Shortfall est fonction de la distribution des gains et pertes du portefeuille
(positions et facteurs de risque), du niveau de confiance retenu et de l’horizon temporel.
▫ La qualité de l’estimation de l’Expected Shortfall dépend du nombre de scénarios utilisés afin de déterminer la
distribution de P&L.
VaR
Expected Shortfall
Dans la pratique:
▫ Les étapes nécessaires à l’estimation de l’ES sont identiques à celles utilisées pour la VaR, à l’exception de la
dernière, qui consiste à déterminer la moyenne des pertes au-delà du quantile plutôt que le quantile lui-même.
- Les facteurs de risque.
- Les approximations de modèles de pricing et de méthodes numériques.
- Détermination de la distribution des gains et pertes du portefeuille.
- Détermination de la moyenne des pertes au-delà du niveau de confiance.
▫ Illustration: cas d’une position de 500,000 actions sur le titre A (cours : 10 EUR)
- L’ES à 99% est déterminée en faisant la moyenne des 100 pires pertes.
- L’ES peut également être déterminée en calant une loi théorique sur la queue de la distribution empirique.
Distribution empirique
L’estimation repose sur une hypothèse de modèle.
La VaR est calculée à partir de scénarios historiques passés, elle repose donc sur un échantillon
historique de taille limitée et sur les événements observés sur cette période, ce qui ne permet pas
de capturer les événements extrêmes.
La VaR est complétée par des stress tests (scénarios de crise) qui permettent d’estimer les pertes
résultant d’évolutions extrêmes des paramètres de marché (niveaux de confiance plus élevés) sur
des horizons temporels pouvant être supérieurs à celui de la VaR : 1 mois, 3 mois, etc.
▫ Historiques
▫ Adverses
dS/S
-20% -15% -10% -5% 0% 5% 10% 15% 20%
-20% 18,1 9,6 2,9 -1,5 0,3 10,1 24,4 44,8 69,8
-15% 20,6 12,0 4,4 -0,8 0,0 8,9 22,6 42,7 67,2
-10% 23,0 14,0 6,0 0,2 -0,2 7,6 21,1 40,6 64,9
-5% 24,8 15,6 7,3 1,0 0,0 6,8 19,6 38,7 62,8
dvol/vol 0% 26,1 17,1 8,5 1,8 0,0 6,0 18,4 37,1 60,8
5% 27,0 18,2 9,5 2,6 0,2 5,3 17,3 35,5 58,9
10% 27,6 19,1 10,4 3,3 0,3 4,8 16,3 34,1 57,1
15% 28,0 19,7 11,2 3,8 0,5 4,3 15,5 32,9 55,6
20% 27,9 20,2 11,9 4,4 0,6 4,0 14,8 31,8 54,1
Mesures de risque de marché | Source: données simulées.
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Les mesures de risque de marché – les stress tests – les différents types de scénarios (2/3)
Scénarios historiques
▫ Les scénarios de stress historiques sont déterminés à partir de scénarios passés correspondant à des
événements extrêmes : Octobre 1987, Crise asiatique de 1997, 11 Septembre 2001, Crise des Subprimes, la
faillite de Lehman, etc.
▫ Ces scénarios de stress permettent d’évaluer les impacts sur le P&L d’une situation de crise passée sur les
positions actuelles du portefeuille de négociation de la Banque.
- Ces scénarios sont multi-variés : des chocs sont appliqués simultanément aux positions sur actions/indices et aux positions
sur taux d’intérêt.
- Ces scénarios permettent de capturer les risques idiosyncratiques : des chocs différenciés sont appliqués aux différentes
actions et indices ainsi qu’aux différentes courbes de taux.
Scénarios hypothétiques
▫ Contrairement aux stress historiques qui reposent sur des situations de crise observées par le passé, les
scénarios de stress hypothétiques reposent sur des scénarios probables compte tenu de la situation
économique actuelle et d’évolutions extrêmes qui pourraient survenir. Ces scénarios sont déterminés
conjointement avec des économistes.
Scénarios adverses
▫ Les scénarios de stress adverses permettent de tenir compte des situations que l’établissement identifie
comme étant les plus défavorables, sur la base des caractéristiques de son portefeuille.
Définition
▫ La SVaR est une VaR calculée sur une période stressée d’un an, au niveau de confiance de 99% à horizon 10 jours.
▫ L’objectif est d’évaluer les impacts de scénarios stressés sur le portefeuille et les niveaux de marché actuels.
▫ Augmentation des exigences de fonds propres réglementaires / réduction de la pro-cyclicité.
Méthodologie
▫ Méthodologie identique à celle de la VaR (historique ou Monte Carlo), même périmètre d’application (positions).
▫ Les facteurs de risque (choix et modélisation) et les approximations de modèles et méthodes numériques sont
identiques à ceux retenus pour la VaR.
▫ La méthode de détermination de la fenêtre stressée est naturellement spécifique à la SVaR.
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CHAPITRE 03
Définition
▫ L’IRC est une mesure de risque de marché et de capital qui capte les risques liés aux variations défavorables
des migrations de ratings et de défauts des produits de crédit vanille (bonds et CDS : tant corporate,
financières que Souverains, hors produits de titrisation) du portefeuille de négociation.
▫ Il s’agit d’une VaR à l’horizon temporel 1 an (capital horizon), pour un niveau de confiance de 99.9% sur un
sous-ensemble de facteurs de risque (crédit) tenant compte des horizons de liquidité différents des différentes
positions. L’IRC correspond à un montant de pertes; fonction des paramètres suivants :
- La distribution des gains et pertes du portefeuille L’IRC et la VaR sont inconsistantes : la VaR est mesurée à 99% pour un
horizon 10 jours tandis que l’IRC correspond à un niveau de confiance de
- Le niveau de confiance 99.9% pour un horizon de 1 an.
Le niveau de confiance est fixé à 99.9%. Rebalancing du portefeuille,
caractéristiques initiales
- L’horizon de capital
L’horizon de capital correspond à l’horizon Valeur initiale
temporel auquel peuvent être observées les du portefeuille
pertes. Il est fixé à 1 an par le Comité de Bâle.
- L’horizon de liquidité
L’horizon de liquidité représente le temps IRC
nécessaire pour vendre une position ou la
couvrir, dans des conditions de marché
stressées.
Les positions peuvent être rebalancées à
chaque horizon de liquidité sous l’hypothèse temps
d’un niveau de risque constant. Dans la
Evolution de la
pratique, cela revient à considérer que le valeur du
portefeuille peut revenir dans son état initial à portefeuille
chaque horizon de liquidité.
L’horizon de liquidité est minimum est fixé à 3 Horizon de Horizon de Horizon de Horizon de
mois par la réglementation. liquidité liquidité liquidité liquidité
Horizon de capital
- Simulation par tirages Monte Carlo d’évolutions possibles du rating de chacune des positions selon l’horizon de capital.
- Le quantile à 99.9% est déterminé à partir de la distribution des gains et pertes du portefeuille.
Source: S&P, matrice de transition à 1 an.
Mesures de risque de marché |
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CHAPITRE 03
Définition
▫ La CRM est une mesure de risque de marché et de capital qui, tout comme l’IRC, capte les risques liés aux
variations défavorables des migrations de ratings et de défauts des produits de crédit. La CRM s’applique au
portefeuille de corrélation crédit (CDOs, FtD, etc. – hors titrisation) du portefeuille de négociation.
▫ En complément des migrations de ratings et de défauts, la CRM capte également les risques de spreads de
crédit, le taux de recouvrement et les corrélations de base.
▫ Par ailleurs, la charge en capital CRM fait l’objet d’un floor défini par rapport à la méthode standard (cf.
chapitre 4).
▫ La CRM correspond à une VaR, fonction des mêmes paramètres de modèle que l’IRC :
- La distribution des gains et pertes du portefeuille
- Le niveau de confiance : 99.9%
- L’horizon de capital : 1 an
- L’horizon de liquidité : 1 an, flooré 3 mois
Dans la pratique :
▫ Les facteurs de risque
- migrations de ratings et défauts, spreads de crédit, taux de recouvrement et corrélations de base.
Synthèse
Horizon
Mesure Périmètre Risques captés Quantile
temporel
Portefeuille de Tous risques de -
Sensibilités Instantané
trading marché
Portefeuille de Tous risques de
VaR 10 jours 99%
trading marché
Expected Portefeuille de Tous risques de
Variable >X%
Shortfall trading marché
Stress tests Portefeuille de Tous risques de ≥ X%
Variable
trading marché
Portefeuille de Tous risques de
SVaR 10 jours 99%
trading marché
Portefeuilles de Migrations de ratings 1 an 99.9%
IRC
trading crédit vanille et défaut
Portefeuilles de Migrations de ratings,
CRM trading crédit défaut et autres 1 an 99.9%
exotique risques de marché
Lien entre mesures de risque de marché et le capital réglementaire : les mesures de risque de
marché doivent être définies en ligne avec l’intention de gestion.
m 60
KVaR = 10 × max VaRt −1 , ∑ VaRt −i −1
60 i =1
m 12
Les banques qui ont reçu l’autorisation de leur Régulateur peuvent
déterminer leurs exigences de fonds propres réglementaires à
K SVaR = 10 × max SVaRt −1 , ∑ SVaRt −i −1
partir de modèles internes, définis par les banques elles-mêmes. 12 i =1
m 12
= max IRCt −1 , ∑ IRCt −i −1
A l’inverse, la méthode standard est définie par les régulateurs afin
de déterminer des charges en capital; elle consiste à appliquer des K IRC
chocs forfaitaires, avec une prise en compte limitée des effets de 12 i =1
diversification.
m 12
KCRM = max CRM t floorée
−1 , ∑
12 i =1
CRM t floorée
− i −1
CRM t floorée = max ( CRM t ,8% × K StdCRM )
SYNTHESE ET CONCLUSION
Les banques doivent s’adapter et faire évoluer leurs mesures de risque de marché et de capital
▫ afin de garantir l’adéquation de la modélisation aux risques portés
▫ à l’importance croissante de certains risques dans le portefeuille de négociation
▫ aux évolutions réglementaires nouvelles et à venir
- Entrée en vigueur de Bâle 2.5 (T4 2011) : SVaR, IRC, CRM et charge standard pour les positions de Titrisation.
- Entrée en vigueur de Bâle III : VaR sur CVA, etc. (risque de contrepartie).
Livres
▫ Market Risk Analysis – Volume IV – Value-at-Risk Models, Carol ALEXANDER – John Wiley & Sons Ltd – 2008.
▫ Options, futures et autres actifs dérivés, 6ème édition – John C. HULL – Prentice Hall – 2007.
▫ Financial Risk Manager, 2nd edition – Philippe JORION – John Wiley & Sons Inc – 2003.
▫ Value at risk : the new benchmark for managing financial risk, 2nd edition – Philippe JORION – McGraw-Hill – 2001.
▫ Market Models, A Guide to Financial Data Analysis – Carol ALEXANDER – John Wiley & Sons Ltd – 2001.
▫ Coherent Measures of Risk – ARTZNER, DELBAEN, EBER & HEATH – Mathematical Finance – 1999.
▫ Implementing Value at Risk – Philip BEST – John Wiley & Sons Ltd – 1998.
▫ http://laurent.jeanpaul.free.fr/de_la_mesure_a_l_analyse_des_risques.pdf
▫ http://info.worldbank.org/etools/docs/library/86266/jorion01.pdf
Textes réglementaires
▫ Basel II – Revisions to the Basel II market risk framework
- Document consultatif (janvier 2009) : http://www.bis.org/publ/bcbs148.pdf
- Document final (juillet 2009) : http://www.bis.org/publ/bcbs158.pdf
▫ Guidelines for computing capital for incremental risk in the trading book
- Document consultatif (janvier 2009) : http://www.bis.org/publ/bcbs149.pdf
- Document final (juillet 2009) : http://www.bis.org/publ/bcbs159.pdf
▫ Basel 2.5 – Revisions to the Basel II market risk framework
- Document consultatif (janvier 2009) : http://www.bis.org/publ/bcbs148.pdf
- Document final (février 2011) : http://www.bis.org/publ/bcbs193.pdf
▫ Fundamental review of the trading book
- Document consultatif (mai 2012) : http://www.bis.org/publ/bcbs219.pdf
▫ Portée et limites des VaR publiées par les grandes institutions financières – Banque de France – Guy LEVY-RUEFF
- http://www.banque-
france.fr/fileadmin/user_upload/banque_de_france/archipel/publications/bdf_rsf/etudes_bdf_rsf/bdf_rsf_07_etu_3.pdf