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Point de vue : Eglise et sexualité...

La sexualité, don de Dieu

La vision que l'on a du point de vue de l'église sur la sexualité est marquée par un a priori très
négatif, héritage de phénomène culturel (jansénisme...). Mais cette image ne correspond à la réalité.

La Bible, l'Ancien Testament sont très favorables à la sexualité. Dès la Genèse, la Bible commence
par des noces... (Gn 2-24 : « Ils quitteront père et mère et ne feront qu'une seule chair ». « A
l'image de Dieu, il les créa »

« Tu es l'os de mes os, la chair de ma chair » s'écrit Adam devant Eve (Gn 2-23). Et devant tout ça,
« Dieu vit que cela était bon »(Gn 1). Dieu a voulu cela.

Plus loin dans la Bible, Dieu fera référence à l'amour des conjoints, quand il voudra évoquer
confiance, alliance, amour (cf le livre d'Osée). Le mariage est pour Dieu la façon de faire
comprendre ce qu'il est.

Le Cantique des Cantiques a des paroles qui sont à la fois une belle illustration de l'amour physique
avec des métaphores qui sont parfois très parlantes « Ta taille ressemble au palmier, Et tes seins à
des grappes. Je me dis: Je monterai sur le palmier, J'en saisirai les rameaux! »(Cant 7:7-8) et
cependant ce texte est considéré comme une très belle évocation de la vie spirituelle et de l'amour
de Dieu et de son Eglise.

L'Ancien Testament est d'ailleurs souvent très vindicatif sur le célibat considéré comme une
désertion, une malédiction.

Célibat pour le royaume

Le Nouveau Testament introduira des notions différentes. Jésus en effet, va faire problème. Son
attitude va jouer un grand rôle. En effet, il n'est pas contre le célibat, il est pour. Lui même n'est
pas marié, ce qui est étonnant dans la culture juive de l'époque. Et quand on lui posera la question, il
détaillera les eunuques de naissance, les eunuques pour des raisons culturelles mais il introduira
surtout le célibat « pour le royaume de Dieu ».

De même, Jésus n'a pas peur des femmes, allant jusqu'à se laisser baigner de larmes par elles.

Jésus est libre. Libre par rapport à la femme qui lui lave les pieds, libre avec son corps et pourtant
pas marié. Il est libre pour le royaume. Sa famille, ce n'est pas pour lui sa mère et ses frères mais
les croyants. Il n'a d'autre amour que pour ceux qui sont croyants...

L'exemple de Jésus va inaugurer, dans le christianisme, une libération par rapport au mariage. Il
n'est pas nécessaire d'être marié pour être réussi...
Cela aura un rôle important pour ceux qui ne peuvent pas s'engager dans le mariage. On peut mener
une vie humaine authentique...

Dans la Nouvelle Alliance, se marier, c'est d'abord des époux qui s'aiment, à la différence de
l'Ancien Testament où la stérilité entraînait le divorce. Ce changement est profond. Tout un coup,
les stériles, les couples sans enfants, sont de vrais mariés... (ce qui posera des problèmes à Philippe
Auguste, Henri VIII et Napoléon, l'église ne voulant pas accepter leur divorce pour stérilité de
l'épouse). L'enfant n'est pas indispensable au mariage...

Une question se posera cependant aux premiers chrétiens... Est-ce que le célibat n'est pas mieux ?
Saint Paul y répondra dans Corinthiens 7 en disant notamment qu'il vaut mieux un mariage à une
sexualité désordonnée. Il y condamnera aussi la polygamie et dira que le corps du mari appartient à
la femme et réciproquement...

Bref, le mariage est bon et l'église ira jusqu'à rejeter du sacerdoce ceux qui s'engagent par mépris
du mariage.

amour, signe de l'Amour

Dans Ephésiens 5, Saint Paul ira plus loin en disant « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a
aimé son Eglise »... Tout homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme... Le vrai
mariage, pour Paul, c'est celui du Christ et de l'Eglise. Le Christ a quitté son père pour l'Eglise des
hommes et ne fait plus qu'une seule chair avec elle. Dans ce sens, l'Eucharistie est un mystère
conjugal. Le Christ livre son corps pour ne faire plus qu'une seule chair.

Dans l'union sexuelle se vit quelque chose de l'alliance du Christ et de son Eglise. L'union sexuelle
est signe, participation à l'union du Christ et de l'Eglise. L'union sexuelle, mais plus globalement
l'amour conjugal est donc sacrement. Le don du corps est tellement bon, que le Christ n'hésite pas à
faire don de son propre corps. Quand l'homme et la femme s'unissent, ils vivent quelque chose du
mariage de Dieu et de l'humanité.

Donner son corps

L'église prend tellement au sérieux la sexualité qu'elle est malheureuse quand on s'en sert de
manière légère, car pour elle, elle est signe du don total à l'autre. Donner son corps, c'est le don
suprême : « Les ayant aimé jusqu'au bout, il leur dit, voici mon corps livré... » Ainsi, l'Eglise souhaite
que le don du corps soit un aboutissement de l'amour. Donner son corps, ce n'est pas le prêter...
c'est le signe que l'on arrive au bout de l'amour.

Pour l'Eglise, l'amour prématuré ou immature est un mensonge, un prêt et non un don. Pour elle, ce
don engage à tout. L'acte sexuel est authentique quand il est lié au don de l'amour. Ainsi, l'Eglise va
faire de l'union sexuelle, une composante importante du mariage. Tant qu'il n'a pas débouché sur le
don du corps, le mariage est ainsi dissoluble (on parlera de mariage « non consommé » cause
d'annulation en temps de guerre pour les mariages « par procuration »). L'union relève du salut. La
première union après la parole donnée est décisive. C'est l'union qui va attacher définitivement les
époux. Dans un premier temps si l'homme et la femme ne peuvent s'unir sexuellement, elle refusera
le mariage.

Mais, si tout est bon, tout n'est pas profitable. L'union des corps implique pour l'église trois
finalités intimement liées : La fécondité (ouverture à la vie), la manifestation de l'amour des époux,
le plaisir... Ces trois finalités sont bonnes à condition qu'elles restent unies. Couper l'une des
finalités mérite pour le moins une interrogation de conscience...

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