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Plan général :

Introduction 

I- Définitions.

II- L’hérésie dans la Bible.

III- Bref aperçu historique.

IV- Origines des sectes et raisons de leur diffusion.

V- Des méthodes pour séduire.

VI- Les groupes les plus vulnérables.

VII- Les incidences du sectarisme.

VIII- Des dérives sectaires dans l'Église catholique ?

IX-Problèmes et défis posés par les sectes.

X- Approches pastorales.

XI- L’Église catholique et les sectes.

XII-Le Magistère et la doctrine.

XIII- Les sectes au Liban.

XIV-Un dialogue avec les sectes ?

Conclusion.
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Introduction :

De prime abord, il s’avère important de signaler que le sectarisme n'a fait à notre
connaissance l'objet d'aucune étude méthodique. Pourtant, de tous les côtés, on déplore
ses effets. Naguère les catholiques se plaignaient d'une manière endémique du sectarisme
des laïcistes ou des libres penseurs. Les laïques de leur côté dénonçaient les agissements
sectaires des cléricaux. Le sectarisme semble donc constituer une gêne considérable dans
la vie interne comme dans les relations extérieures des groupes.
En effet, l'apparition et la diffusion des sectes ou des nouveaux mouvements religieux
(NMR) est un phénomène notable dans l'histoire religieuse de notre temps (les sectes ne
sont donc pas uniquement chrétiennes). Ces groupes agissent avec une vitalité
considérable. Certains d'entre eux sont de nature ésotérique. D'autres ont tiré leur origine
de leur propre interprétation de la Bible. Et beaucoup plongent leurs racines dans les
religions de 1'Afrique ou de l'Asie, ou bien combinent d'une manière syncrétiste des
éléments de ces religions avec le christianisme. On s'insurge ou on se défend contre les
ravages du sectarisme, mais on connaît mal ses facteurs et ses mécanismes.

I- Définitions:

1-Qu'est-ce que le sectarisme ?

Les psychologues sociaux seraient tentés d'y voir une « attitude » mais au sens
technique du mot l’attitude est toujours spécifiée par un objet. On ne peut faire du
sectarisme une simple attitude, car il n'a pas d'objet particulier. On observera
pourtant qu'il se greffe sur une attitude. C'est en quelque sorte une surdétermination
d'attitude. Peut être qualifiée « sectaire » n'importe quelle disposition à l’égard de
n'importe quel objet. Le sectarisme se présente comme une sorte de schème ou de modèle
à partir duquel, parfois, telle ou telle attitude (favorable ou défavorable) à l’égard de tel
objet se constitue et se manifeste.
Le sectarisme n'est pas non plus un « rôle ». Le concept de rôle comme celui d'attitude
a pris en psychologie sociale une importance croissante. Il n'est pas un rôle, car il ne
répond pas à une fonction spécifique du groupe où il se rencontre. On ne peut le
rapporter à un type déterminé de problème (problème d'information, d'orientation, de
décision, de réduction des tensions ou d'intégration, par exemple). Il n’est pas un rôle,
mais dans le groupe il pèse incontestablement sur le jeu des rôles, biaisant leur
conception, distordant leur exécution et devenant dès lors passible d'une explication
fonctionnaliste. Bref, la manière dont on peut s'acquitter d'un rôle (sectaire ou non
sectaire) mérite autant d'attention que le contenu même du rôle.
On ne peut non plus réduire le sectarisme à un « trait » psychologique. Sa dimension
est proprement psycho-sociale. Comme les rôles, il ne se comprend qu'en relation avec la
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configuration et les problèmes du groupe, notamment avec les clivages qui s'y dessinent
et les cliques qui s'y constituent. En réalité l'essentiel du sectarisme s'inscrit dans la
relation privilégiée et exclusive à un groupe, fruit d'un apprentissage dans ces creusets
d'acculturation que peuvent être la famille, l’école, l’église, la loge, le parti...Bref, on ne
naît pas sectaire, on le devient. Le sectarisme n'est pas inscrit dans la constitution
organique ou psychique des sujets. II résulte de l’éducation reçue, des influences
subies et des occasions rencontrées.

2- Choix d'un concept approprié :

Le mot «sectaire» est pratiquement étranger au vocabulaire scientifique des psychologues


sociaux. Il proviendrait soit du lexique des sociologues, soit du langage courant. En
sociologie religieuse et d'une manière générale en anthropologie le substantif
«sectaire» s'applique aux membres d'un groupe religieux exclusif, sélectif et intensif,
bref aux adeptes d'une secte. C'est dans ce sens que H. Carrier, psychosociologue de la
religion, entend le terme.
On trouve dans le registre de la psychologie sociale des vocables dont la signification
approche celle du mot «sectarisme», par exemple : préjugé, autoritarisme, intolérance,
sociocentrisme, voire conscience close. A l'examen il apparaît que ces termes s'ajustent
mal au modèle d'attitude et de comportement répondant au terme de sectarisme.

3-Opérationnalisation du concept de sectarisme :

Cela étant, le mot «sectaire» ne perd pas toute son ambigüité. II demeure
polysémique, répondant à quatre sens majeurs non totalement dépourvus de
soubassement commun :

a-un sens large, fréquent dans la littérature classique, qui fait du sectaire l'adepte
passionné, aveugle indiscret d'une doctrine. Nous rencontrons ce sens chez Pascal qui
parle des « sectaires d'Epicure et de Zénon ». Dans le Dictionnaire encyclopédique
(Quillet) le sectaire est défini comme « celui qui cherche faire prévaloir par tous les
moyens ses opinions, sa doctrine et qui fait preuve d'intolérance à l’égard des opinions et
des doctrines adverses ». Pour le Larousse, c'est « le fanatique d'une religion, le partisan
fougueux d'un système quelconque ». Quant au Dictionnaire des Synonymes de Bailly,
il ajoute à l’idée de passion, voire de violence, celles d'étroitesse d'esprit et d'intolérance.

b- un sens particulier, propre aux milieux catholiques de la fin du XIXe s et du


début du XXe s, qui fait du sectaire un anticlérical agressif et qui réserve
l'appellation surtout aux francs-maçons (la «secte ») et aux libres penseurs radicaux.
« De nos jours le mot "sectaire" sert généralement à designer la lutte très vive engagée
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par les anticléricaux contre soi-disant toute croyance, mais en réalité contre le
christianisme lui-même... En France le mot "sectaire" a une signification honteuse et
nettement défavorable. On peut remarquer qu'il ne désigne plus l'adepte à l'esprit étroit,
ardent propagateur d'une doctrine religieuse ou philosophique, toujours en quête de
séduire les foules et de faire du prosélytisme..., mais le champion attitré, hardi, fanatique
de l’incrédulité moderne.»

c- un sens plutôt politique ; le sectaire serait l'homme qui se sert de la loi pour
imposer sa doctrine, qui profite de ses fonctions publiques et de ses prérogatives
officielles pour favoriser un clan, politique ou religieux, qui intrigue et aspire aux rôles
dirigeants pour mener un combat idéologique avec des armes politiques.

d- un sens sociologique, très proche de l’étymologie, d’après lequel sectaire désignerait


les adeptes des sectes an sens strict du mot, c’est-à-dire les membres des groupes
mystico-religieux. Étranger à toute polémique ce sens serait celui des sociologues et des
spécialistes des sciences théologiques et religieuses.

Trois conclusions émergent de l'examen sémantique qui précède :

1-le caractère plutôt péjoratif du terme, perceptible même dans l’usage qu'en font les
sociologues.
2-sa résonance religieuse. Même dans le cas des athées réputés sectaires on note
l'existence d'une ferveur quasi-religieuse, clé du radicalisme de leur attitude ;
3-la relation à un groupe partiel, qui présente plus ou moins les attributs d'une « secte »
et qui est en conflit avec d'autres groupes. Qu'il y ait du point de vue psychologique un
soubassement commun aux quatre acceptions du terme, cela n'est pas douteux et
explique le passage fréquent d’une signification à l’autre.
En conclusion de nos recherches sémantiques dans la littérature comme dans la
conscience populaire, correspondrait au terme de sectarisme un mode de
comportement caractérisé par les éléments suivants :

1-Réagir vigoureusement en présence de certains vocables ou certains mots qui sont


utilisés dans les controverses (religieuses, politiques ou idéologiques).

2- Tenir comme peu sincères et sans compétence les personnes, même sincères, et
compétentes, qui ont des opinions différentes en matière religieuse, politique ou
idéologique ;
3-Tirer d'un fait donné des conclusions qu'il n'implique pas nécessairement, mais qui
favorisent l'opinion que l'on soutient ;
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4-Condamner dans un groupe pour lequel on n'a pas de sympathie, ce que l'on approuve
et soutient ailleurs, notamment dans son propre groupe ;
5-Considérer comme valables tous les arguments qui vont dans le sens de l’opinion que
l'on défend et comme non valables les arguments qui s'opposent à cette opinion, quelle
que soit la valeur réelle de ces arguments ;
6-Étendre à toutes les personnes et à tous les objets d'un groupe ce qui n'est vrai que pour
une portion de ce groupe.

Une telle grille, détaillant concrètement les éléments d’une définition du sectarisme,
permet d'échapper à l'arbitraire dans le repérage des sectaires et rend scientifiquement
opérationnel un concept, certes d’origine empirique, mais désormais décanté, purifié,
précisé et allégé de ses relents polémiques.

4- Sectes :

Pour comprendre ce qu'est une secte, l’étymologie n'est pas d'un grand secours. Elle
indique tout au plus un mouvement : font partie d'une secte ceux qui suivent une
personne, une doctrine (du latin sequi : suivre). On fait parfois intervenir l’étymologie
erronée secare (« séparer, couper », en latin) : la secte se distinguerait alors de la
religion comme le groupe minoritaire de la souche mère dont il s'est détaché. La
difficulté de tout discours sur les sectes tient à ce que ce terme est souvent chargé de
normativité. Il appartient en effet au vocabulaire théologique. Dire d'un groupe « c'est une
secte », c'est porter, dans l'esprit de beaucoup, un jugement dévalorisant. « Par contre le
vocable Église est dans l'usage courant toujours valorisant, écrit Jean Séguy, et toute
secte (au sens sociologique) se veut Église (au sens théologique), taxant de sectes (au
sens vulgaire) les Églises qui ne répondent pas à son idéal ». Il vaut mieux donc utiliser
de manière habituelle le vocabulaire sociologique et employer les termes d'Église et de
secte de manière non normative : pour designer simplement la structure particulière de
certains non-conformismes religieux.

La secte définie par opposition à l'Église :

Max Weber définit l'Église comme une institution de salut, la secte comme un groupe
contractuel. Ernst Troeltsch les oppose dialectiquement. Secte et Église représentent,
dit-il, deux tendances opposées déjà en germe tout au début du christianisme : le
conservatisme (de type Église) et le radicalisme (de type secte).
Le groupe de type Église entretient inévitablement l'ordre social établi. II se situe en
effet en possédant des moyens de salut, puisque aussi bien il gère la distribution de la
grâce divine. On y entre par naissance et on y demeure par état sociologique. On n’y
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participe que suivant la part de pouvoir que l’on détient : prêtre ou fidèle, religieux ou
laïc. Il véhicule l’'enseignement ésotérique de Jésus.
Le groupe de type secte, en revanche, est l'expression privilégiée des couches inférieures
de la société. Il naît d’une volonté de fraternité, d'égalitarisme, de communauté et de
partage. Il est fondé sur l'engagement personnel, l’assentiment intérieur à une éthique
plus radicale que celle des membres des Eglises.
A la suite de Weber et de Troeltsch, Jean Séguy voit dans la secte «  un groupement
contractuel de volontaires qui ont choisi, après certaines expériences religieuses
précises, de s'agréger à d'autres chrétiens qui ont fait les mêmes expériences. Le
corps ainsi formé tient sa légitimation des liens volontairement créés entre les
croyants, et entre eux et Dieu. Le salut est ici affaire personnelle, et non pas de
relation à un organisme de grâce. Dans la pratique, cette conception mène à la
naissance de groupes généralement petits (mais qui peuvent aussi être importants).
La vie religieuse de la secte tend à l'intensité plus qu’à l'extension. Les exigences
éthiques y sont les mêmes pour tous les membres. Le souci de maintenir, par la discipline
et l'excommunication, la pureté de leur communauté, se révèle ici d’autant plus
nécessaire que la sainteté est celle de ses participants, et non pas une qualité inhérente à
sa légitimité ». (Enc. Univ., v, 1011).

Ainsi, le mot «secte » n'est pas employé partout avec la même signification. En
Amérique latine, par exemple, il existe une tendance à appliquer ce terme à tous les
groupes non catholiques, même quand ceux-ci appartiennent aux Églises protestantes
traditionnelles. Mais, toujours en Amérique latine, dans des milieux qui sont plus
sensibles à l’œcuménisme, le mot «secte » est réservé aux groupes plus extrémistes et
agressifs. En Europe de l'Ouest, le mot a une connotation négative, alors qu'au Japon les
nouvelles religions d'origine shintoïste ou bouddhiste sont normalement appelées sectes,
et cela sans aucun sens péjoratif.
Nous constatons donc qu’il y a un problème en ce qui concerne la terminologie que l'on
doit employer pour traiter de ces groupes. La raison en est que la réalité est par elle-même
complexe. Les groupes sont très différents par leurs croyances, leurs origines, leur
importance, leurs moyens de recrutement, leurs modèles de comportement et leur attitude
à l'égard de l'Église ou d'autres groupes religieux et sociétés.

5-Les nouveaux mouvements religieux (NMR) :

Le terme « nouveaux mouvements religieux » est plus neutre et plus impartial que
celui de «secte ». Ces groupes sont appelés «nouveaux » non seulement parce qu'ils sont
apparus sous leur forme actuelle après la Deuxième Guerre mondiale mais aussi parce
qu'ils se présentent comme une alternative aux religions institutionnelles officielles et à la
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culture dominante. Ils sont appelés «religieux » parce qu'ils enseignent une vision du
monde religieux ou sacré, ou bien donnent des moyens d'atteindre d'autres objectifs,
comme la connaissance transcendantale, l'illumination spirituelle ou la réalisation de soi,
ou bien parce qu'ils fournissent à leurs membres des réponses à leurs questions
fondamentales.

6-Autres noms :

Parfois, ces mouvements ou groupes sont également appelés religions nouvelles, religions
marginales, mouvements religieux libres, mouvements religieux alternatifs, groupes
religieux marginaux ou (surtout dans l'aire anglophone) cultes.

7- Classification des sectes :

Il y a plusieurs classifications ; elles sont fragiles car le phénomène sectaire, qui revêt
déjà une grande variété de formes, porte en lui-même une propension à variations
infinies. Une typologie classique de type phénoménologique et doctrinal, en l'état actuel
de la conjoncture religieuse, classerait alors les groupes et courants en trois ensembles
principaux :

a- les sectes d'inspiration judéo-chrétienne, caractérisées par le recours à la Bible, le


radicalisme eschatologique et l'inspiration de l’Esprit. La personne de Jésus y est
centrale : Mouvements de Réveil comme les Darbystes, les Enfants de Dieu, les
Mennonites… ; les groupes millénaristes comme les Adventistes du septième jour, les
Amis de l’homme, les Mormons, les Témoins de Jéhovah, les mouvements du « Nouvel
Âge » ; les mouvements Guérisseurs comme les Antoinistes…

b- les groupes d'inspiration orientale s'enracinant dans le fonds commun hindouiste et


bouddhiste, parfois dans le soufisme islamique. Centrés sur l'expérience mystique,
organisés autour d’un maître détenteur de la connaissance libératrice, ils visent à
permettre au Soi de se réaliser en remontant vers la source cosmique, le principe de l'Etre.
Jésus et Bouddha apparaissent indistinctement comme la même personne, ayant employé
chacun en leur temps et selon leur incarnation, des moyens divers pour atteindre le même
but : Conscience de Krishna, Moon…

c- les groupes et courants de type gnostique, « mystique ». Ils prennent leur inspiration


dans les deux ensembles précédents. Mais ils puissent surtout dans la Tradition parallèle
d'Occident, l'ésotérisme, l’exotisme, dans un esprit éclectique et syncrétiste. Résurgence
de la gnose éternelle, ils peuvent bien s'affirmer « chrétiens », s'appuyer sur les paroles de
Jésus et se référer à la Bible : ils renouvellent toujours ces données au creuset de leur
intuition propre et globalisante. Leur Jésus est le Maître, l'Initiée, L'Eveilleur, une
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manifestation particulière du Principe christique cosmique universel : Fraternité Blanche


Universelle, Rose-Croix, Scientologie…

Ceci dit, nous allons parler brièvement des mouvements du « Nouvel Âge » : 

Le thème du Nouvel Age ( le« New Age »d’inspiration anglo-saxonne) est caractérisé par


la conviction que l’humanité est sur le point d’entrer, à l’aube de l’ère astrologique du
Verseau, dans un âge nouveau de prise de conscience spirituelle et planétaire, d’harmonie
et de lumière, marqué par des mutations psychiques profondes. Il verrait le second
avènement du Christ dont les «  Energies » sont déjà à l’œuvre parmi nous. On y peut y
voir une forme nouvelle de millénarisme pour l’an 2000.
La doctrine est un syncrétisme de convictions globalement partagées. L’attente d’une
nouvelle époque du monde, annoncée par la loi des cycles cosmiques. La réincarnation et
la loi du karma, la réalisation spirituelle comme objectif de l’existence individuelle, et
l’éveil à une conscience planétaire comme objectif de l’existence collective. La nature
divine de la conscience intérieure, et le rôle du corps comme lieu d’intégration au
cosmique. Une anthropologie faisant place aux corps subtil, éthérique, astral ; et une
cosmologie faisant place aux anges et aux esprits. La croyance à un Christ cosmique
animant l’univers comme une énergie subtil, et à l’existence d’ « avatars » christique, tel
Jésus, venant guider périodiquement l’humanité vers son dessin spirituel.
On perçoit ici encore en arrière-plan, un climat d’espoir et de criante typique de toute
époque de crise, qui engendre à la fois l’attente de la fin de ce monde et le désir d’un
monde-autre. Ce jeune courant représente une utopie assez vague pour que chacun puisse
y projeter ses propres aspirations religieuses, comme une nébuleuse dense mais aux
contours flous. Les auteurs de référence sont à la fois H.P.Blavatsky, Alice Bailey,
Gurdjieff, R. Steiner, R. Guenon.Aurobindo, Krishnamuri, et même Teilhard de Chardin.

II- L’hérésie dans la Bible :

Le mot « secte » est cité à plusieurs reprises dans la Bible pour désigner :

-un groupe de personnes professant la même doctrine, et faisant bande à part comme en
Actes 5:17 : « Alors intervint le grand prêtre, avec tous ceux de son entourage, le parti
des Sadducéens » et 15:5 : « Mais certains gens du parti des Pharisiens qui étaient
devenus croyants intervinrent pour déclarer qu’il fallait circoncire les païens et leur
enjoindre d’observer la Loi de Moïse ». Cet esprit de parti peut se manifester fortement
même sans abandon de la sainte doctrine (cf. 1 Co 11:19 et Ga 5:20).

-l’ensemble des opinions des croyants qui se sont détachés de la vraie foi. Le mot
« secte » peut aussi désigner le groupe de ceux qui professent cette doctrine divergente,
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selon 2P 2:1. L’apôtre parle ici de « secte pernicieuse » et c’est le sens qu’on donne
aujourd’hui le plus souvent à ce mot.
Dans le Nouveau Testament, le mot « secte » est employé pour désigner les pharisiens
(Ac 15:5), les sadducéens (Ac 5:17) et la communauté chrétienne (Ac 24:5, 14 ; 28:22).
Sur le plan linguistique et étymologique, le mot secte est la traduction française du mot
grec haireseis (du verbe hairéô = prendre, choisir) qui nous a donné le mot hérésie ou
« doctrine de perdition » selon 2 P 2:1. Ceci dit, comment la Bible présente-elle
l’hérésie ?

1-Schisme et hérésie : Les mots schisme et hérésie désignent tous deux une division
grave et durable du peuple chrétien, mais à deux niveaux de profondeur : le schisme est
une rupture dans la communion hiérarchique, l'hérésie, une rupture dans la foi elle-
même.
Dans l'AT, le contenu intellectuel de la foi était trop restreint et trop peu élaboré
pour laisser place à l'hérésie. La tentation d'Israël n'était pas de « choisir » (hairein) à sa
guise dans un corps de doctrines précises, mais de à suivre d'autres dieux » (Dt 13,3) :
apostasie, ou idolâtrie, plutôt qu'hérésie. Les séducteurs et leurs adeptes, en s'égarant
loin de Yahvé, unique Dieu et sauveur d'Israël, ne brisaient pas l'unité du peuple saint,
mais se vouaient à en être retranchés (Dt 13,6).
Le sens fort du mot « hérésie » n'apparaît que dans certains écrits tardifs du NT (2
P 2,1; Tt 3,10). Pour Paul, les haireseis de 1 Co 11,19 sont à peine différentes des
schismata du v. 18. Toutefois une certaine gradation est probable : les déchirements
(schismata) de la communauté tendent à se cristalliser en de véritables partis ou sectes
(haireseis) rivales ayant leurs théories particulières, comme il en existait dans le
judaïsme: Sadducéens (Ac 5,17), Pharisiens (15,5; 26,5), Nazaréens (24,5.14; 28,22), ou
dans le monde grec avec ses écoles de rhéteurs (appelées aussi haireseis).
L'Église connut donc, par rapport aux erreurs doctrinales, deux situations différentes.
Son unité fut d'abord menacée par la crise judaïsante. Plus tard, certains s'écartèrent
de la foi en Christ (1 Jn 4,3), « n'étant pas vraiment des nôtres » (2,19), à l'instar des
disciples qui, à Capharnaüm, avaient refusé de croire en Jésus (en 6,36.64) et s'étaient
éloignés (v. 66).

2-La crise judaisante: L'admission des païens dans l'Eglise posa très vite le problème de
la valeur des observances juives dont les judéo-chrétiens conservaient la pratique. Les
imposer aux gentils convertis au Christ eût été leur reconnaître une nécessité pour le
salut. Et telle était bien la prétention des judaïsants (Ac 15,1). Mais, d'après Paul, celle-ci
rendait le Christ inutile et vidait la Croix de son efficacité : chercher sa justice dans la
Loi, c'était rompre avec le Christ, déchoir de la grâce (Ga 5,1-6). La division menaçait
l'Eglise. Aussi Paul voulut-il à tout prix obtenir l'accord de l'Eglise judéo-chrétienne,
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surtout de « Jacques, Céphas et Jean » (2,9), sur la liberté des pagano-chrétiens (2,4; 5,1).
Il l'obtint à l'assemblée de 49 (Ac 15) faute de quoi il aurait « couru pour rien » (Ga 2,2),
c'est-à-dire que la révélation apostolique (cf. Ep 3,3-5) se serait contredite elle-même :
« Si quelqu'un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu'il soit
anathème ! » (Ga 1,9).

3-Les hérésies naissantes : Mais le message de Paul dut aussi affronter la sagesse
grecque. L'engouement des Corinthiens pour cette sagesse n'était pas sans incidence
doctrinale. : on croyait pouvoir choisir entre Paul, Apollos et Céphas, comme d'autres
choisissaient entre les écoles (haireseis) de philosophes ambulants, et l'on restait sourd au
discours de la croix » proclamé par tous les Apôtres (1 Co 1,17). Ou bien, on contestait la
résurrection des morts, vidant ainsi la prédication et la foi de leur contenu essentiel : la
résurrection du Christ (15,2.11-16).Plus tard, des spéculations judaïques se mêlèrent à des
apports hellénistiques pour mettre en péril la foi des Colossiens en la primauté du Christ
(Col 2,8-15; cf. Ep 4,14-15) et les faire revenir au régime des ombres (Col 2,17).Vers la
fin de l'âge apostolique, le danger d'élucubrations prégnostiques empruntées au judaïsme
hétérodoxe ou au paganisme (1Tm 4,1-11; 6,3-5; 2 Tm 2,14-26; 3,6-9; 4,3s; Tt 1,9-16;
Jude; 2 P 2; 3,3-7; Ap 2,2.6.14s.20-25), se fit plus pressant. Certains faux prophètes (1 Jn
4,1) nièrent même que Jésus fût le Fils de Dieu venu dans la chair » (2,22S; 4,2s; 2 Jn
7).Que ce soit à Corinthe (1 Co 4,18s), à Colosses (Col 2,18) ou ailleurs (1 Tm 6,4; 2 Tm
3,4), ces déviations, génératrices de disputes et de divisions (1 Tm 6,3; Tt 3,9; Jude 19),
ont pour source l'orgueil opiniâtre de ceux qui, au lieu de se soumettre à la doctrine
prêchée unanimement dans l'Eglise (Rm 6,17; I Co 15,11; I Tm 6,3; 2 P 2,21), l'altèrent
en voulant la dépasser par des spéculations de leur crû (2 Jn 9). Aussi les plus dangereux
sont-ils frappés d'excommunication (Tt 3,10; I Tm 1,20; Jude 23; 2).Cette sévérité du NT
pour les faux docteurs met en relief tout le prix d'une foi sans naufrage (1 Tm 1,19; 2 Tm
3,8) et nous attache à l'Eglise, toujours victorieuse de l'erreur qui menace « le dépôt des
saines paroles revues » des Apôtres.

III- Bref aperçu historique :

Nous parlerons ici des seules dissidences chrétiennes, au long de 2 000 ans de
christianisme. Né sous la forme d'une Eglise unique, celui-ci a connu en effet dès ses
débuts des scissions. Certaines ont pu devenir assez importantes pour être qualifiées
d'«Eglises » : les Eglises luthérienne, calviniste, anglicane, par exemple, à côté de l'Eglise
catholique. Mais de chacune de ces branches, se sont détachés d'autres groupes
minoritaires dont plusieurs sont qualifiés sociologiquement de « sectes ».
Le processus a commencé dès les origines aux IIe et IIIe s. avec le gnosticisme. Le
mot grec « gnose » signifie « connaissance ». Le gnostique est celui qui connaît parce
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qu'il a reçu une révélation. Et c'est par cette connaissance qu'il est sauvé. II ne croit pas,
car la foi est inférieure à la connaissance ; il sait, parce qu'il est un initié. Valentin,
Marcion et Basilide ont élaboré chacun leur propre gnose à partir des doctrines grecques,
égyptiennes, juives, chrétiennes et babyloniennes…
Le gnosticisme rejette la matière et la chair, qu'il identifie au Mal. C'est ce qui le
rapproche du deuxième ensemble de sectes : le manichéisme. Mani, Perse né en
Babylonie en 216, crée une religion nouvelle en mariant le christianisme primitif au
dualisme de Zoroastre. Le Dieu bon a créé l'homme spirituel ; le Prince de ce monde,
Satan, l'a emprisonné dans un corps matériel. Mais l'homme conserve de son origine
première les éléments spirituels que Mani va libérer en lui apportant la connaissance de la
vraie science. Il se présente comme le dernier en date d'une longue série de prophètes,
juste après Jésus. Incarnation du Paraclet, il apporte aux hommes la Révélation parfaite et
définitive. On retrouve même plusieurs thèmes manichéens dans les sectes
modernes: l'engendrement de Caïn né de la fornication d'Ève avec le serpent-
démon, chez S.M. Moon, ou la succession des phases de domination de Satan sur le
monde chez les Témoins de Jéhovah.
Au Moyen Âge, la décadence du clergé, la richesse des prélats et des abbayes, le
spectacle d'une papauté d'une Eglise trop souvent occupées à guerroyer pour leurs
propres intérêts, suscitent dans le milieu populaire un mouvement de protestation an
nom de l’Évangile. Il cristallise parfois en sectes évangéliques, qui s’élèvent contre les
clercs et leurs abus. A Lyon, Pierre  Valdo distribue tous ses biens aux pauvres, part
prêcher l'Évangile et la reforme du clergé. Mais dans la suite, les Vaudois se couperont de
l'Eglise, au XIIe siècle. Une généreuse volonté de reforme animait semblablement au
départ les dissidents de François d'Assise ou Fraticelles.
Dès XVIe siècle avec la Reforme, les dissidences se multiplient au sein du
protestantisme, dans la suite du principe de libre examen posé par les Réformateurs, et
parce que la Réforme est toujours à faire : « Ecclesia reformata semper reformanda ». Les
Anabaptistes naissent aux Pays-Bas au début du XVIe siècle. Leur nom décrit une
pratique qui est celle de bien des dissidents : le rebaptême à l'âge adulte de ceux qui ont
été baptisés dans l'enfance. Ils expriment de vigoureuses exigences quant a la pureté de la
foi, la liberté à l’égard du pouvoir politique, l'égalité fraternelle et la non-violence. Simon
Menno, prêtre catholique à l’ origine, les réorganise après les terribles persécutions qui
vont les décimer partout en Europe : d'où le nom de Mennonites donné aux ferventes
communautés issues de ce second souffle. Toujours au XVIe siècle, John Knox fonde
l'Eglise presbytérienne dont les communautés sont gouvernées par un collège d'anciens
« presbytres ». Aussi opposés au gouvernement des clercs, les Congrégationalistes
instaurent des églises locales dirigées par des pasteurs et des diacres. Ces dissidences
passent aux Etats-Unis où elles se développent vigoureusement. Parmi elles, une Eglise
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de type congrégationaliste est devenue la deuxième communauté protestante du


monde par son importance avec quarante millions de fidèles : l'Eglise Baptiste, qui
confère en particulier le baptême aux seuls adultes faisant profession publique de
conversion à la foi chrétienne.
Mais même un mouvement de réforme peut connaître avec le temps l'assoupissement.
Aussi un siècle plus tard se lèvent des chrétiens réformés qui veulent reprendre le
mouvement inspirateur des origines, en secouant la torpeur et la tiédeur de leurs
Eglises et en retrouvant un christianisme plus pur et plus évangélique (en Allemagne
le piétisme : Mouvement de réveil les Frères Moraves).
Tout au cours du XIXe s, le méthodisme suscite de nombreux réveils. L'un des plus
connus: l'Armée du Salut, don le but est le salut total de l’homme par la lutte contre la
misère, le vice et le péché. Dans le même esprit d'action sociale au nom de Jésus-Christ
les Quaker (ou « trembleurs ») étaient nés en Angleterre. George Fox, en fondant la
Société des Amis, veut revenir à la simplicité et à l'intensité spirituelle du christianisme
primitif : plus de prêtre ni de pasteur plus d'Eglise hiérarchisée ni de sacrement,
uniquement des amis.
Les sectes millénaristes vont proliférer au XIXe s. dans la suite de prophètes de la
fin des temps. Le millénarisme s'appuie sur quelques versets de 1'Apocalypse où il est
question symboliquement d'un règne du Christ sur la terre pendant mille ans (Ap 20, 1-
10). Durant cette période, Satan serait enchaîné tandis que les justes régneraient avec le
Christ. Après quoi, il y aurait une nouvelle recrudescence de l’action du démon, puis la
résurrection finale suivie du Jugement dernier, après lequel les méchants iraient à la mort
éternelle et les justes seraient récompensés du bonheur éternel. C’est le rêve de l’Âge
d’Or de l’Ère Nouvelle sans cesse repris par les courants, souvent révolutionnaires, des
sectes millénaristes du Moyen Âge aux Témoins de Jéhovah et à certains courants actuels
du Nouvel Âge.

IV- Origines des sectes et raisons de leur diffusion:

Les sectes semblent proposer la bonne réponse aux besoins et aux aspirations de
personnes vulnérables ou en situation de crise, tant au niveau du cœur que de
l’intelligence.

1-Des communautés soudées :

La structure de beaucoup de communautés a été détruite, les modes de vie traditionnels


ont été disloqués, les foyers sont désunis, les gens se sentent déracinés et seuls. D'où un
besoin d'appartenance.
Les sectes semblent offrir : chaleur humaine, attention et soutien dans des petites
communautés soudées; partage d'un but et de fraternité; attention aux individus;
13

protection et sécurité, spécialement dans les situations de crise; réinsertion dans la vie
sociale d'individus marginalisés (par exemple les divorces); un groupe qui, souvent,
pense pour l’individu.

2-Des réponses simples :

Dans les situations complexes et confuses, il y a naturellement une quête de réponses et


de solutions.
Les sectes semblent offrir : des réponses simples et toutes faites à des questions et des
situations compliquées; des versions simplifiées et partielles des vérités et valeurs
traditionnelles ; une « nouvelle vérité » pour des gens qui connaissent peu la « vieille »;
des directives bien tranchées; un appel à une supériorité morale; des preuves d'éléments
surnaturels.

3-Le besoin d’harmonie :

Beaucoup de gens font l'expérience de la rupture. Ils ont été blessés par leurs parents ou
leurs professeurs, par l'Église ou la société. Ils se sentent exclus. Ils veulent une vision
religieuse qui puisse harmoniser tout et tous; un culte qui laisse place au corps et à l'âme,
à la participation, la spontanéité et la créativité. Ils veulent être guéris également
corporellement (les correspondants africains insistent particulièrement sur ce point).
Les sectes semblent offrir: une expérience religieuse satisfaisante; elles mettent l'accent
sur le salut, sur la conversion; un lieu pour des sensations et des émotions, pour la
spontanéité (par exemple dans les célébrations liturgiques); la guérison physique et
spirituelle; une aide dans les problèmes de la drogue ou de l'alcool; un certain rapport
avec la vie.

4-La quête d’une identité :

Cet aspect est très étroitement lié avec le précédent. Dans beaucoup de pays du Tiers
Monde, la société se trouve elle-même grandement coupée des valeurs culturelles,
sociales et religieuses traditionnelles ; il en va de même des croyants.
Les sectes semblent offrir : beaucoup de place à l’héritage religieux et culturel
traditionnel, à la spontanéité, à la participation, un style de prière et de prédication
étroitement lie aux traits et aux aspirations des gens.

5-La soif d’être reconnu :

Les gens ont besoin de sortir de l'anonymat, de se construire une identité, de sentir qu'ils
sont, d'une façon ou d’une autre, particuliers, et non pas seulement un numéro ou un
membre sans visage dans la foule. Les grandes paroisses ou congrégations, les rapports
14

administratifs et le cléricalisme, laissent peu de place pour approcher chaque personne


individuellement et dans sa situation personnelle.
Les sectes semblent offrir: un certain souci pour l’individu ; des chances égales de
ministère et de direction, de participation, d’expression ; une possibilité de développer
son propre potentiel ; la chance d’appartenir à un groupe d’élite.

6-Trouver quelque chose qui change la vie :

Ceci exprime un besoin spirituel très profond, une motivation inspirée à chercher quelque
chose derrière l'évidence, l'immédiat, le familier, le contrôlable, le matériel, pour trouver
une réponse aux questions ultimes de la vie : quelque chose qui puisse changer sa vie
d'une manière significative. Cela révèle un sens du mystère, du mystérieux; une
préoccupation pour ce qui doit venir; un intérêt pour le messianisme et le prophétisme.
Souvent, les gens concernés ne sont pas conscients de ce que l'Église peut offrir, ou sont
apparemment rebutés par ce qu'ils pensent être une insistance unilatérale sur les questions
morales ou par les aspects institutionnels de l'Église.
Les sectes semblent offrir : la Bible et une éducation biblique; un sens du salut; les dons
de l'Esprit; méditation; accomplissement spirituel.

7-Une direction spirituelle :

Il peut y avoir un manque de soutien parental dans les familles des « chercheurs », ou un
manque de direction, de patience, d'engagement personnel de la part des responsables de
l'Église ou des éducateurs.
Les sectes semblent offrir : direction et orientation de la part de chefs charismatiques. La
personne du maître, du chef, du gourou, joue un rôle important pour lier les disciples.
Parfois, il n'y a pas seulement soumission, mais une dévotion presque hystérique à un
chef spirituel influent.

8-Rendre le monde meilleur :

Le monde d'aujourd'hui est un monde interdépendant d'hostilité et de conflit, de violence


et de peur de la destruction. Les gens se sentent inquiets au sujet du futur, souvent
désespérés, sans aide, et sans pouvoir. Ils cherchent des signes d’espoir, une manière d’en
sortir. Certains ont le désir, quelquefois vague, de rendre le monde meilleur.
Les sectes semblent offrir : une « nouvelle vision » de soi, de l’humanité, de l’histoire, du
cosmos. Elles promettent le commencement d’un nouvel âge, d’une ère nouvelle.

9-Participer aux décisions :


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Cet aspect est étroitement lié au précédent. Beaucoup de « chercheurs » ne ressentent pas
seulement le besoin d’une vision de la société mondiale actuelle et du futur, ils veulent
aussi participer aux prises de décision, aux prévisions, aux réalisations.
Les sectes semblent offrir : une mission concrète pour un monde meilleur, un appel à un
don total, une participation à un plus grand nombre de niveaux.

10-L'exploitation des points faibles de notre pastorale

Il y a certains points faibles dans le ministère pastoral et dans la vie des communautés
chrétiennes, qui peuvent être exploites par les sectes. Là où les prêtres sont peu nombreux
et même rares, ces mouvements suppléent par des leaders très forts et des
«évangélisateurs», qui sont préparés en un temps relativement court. Là où les
catholiques sont quelque peu ignorants de la doctrine catholique, ils présentent un
fondamentalisme biblique agressif. Là où il y a peu d'enthousiasme, indifférence de la
part des fils de l'Eglise qui ne sont pas à la hauteur de leur mission d'évangélisation, à
cause de leur faible témoignage de vie chrétienne cohérente, les sectes apportent un
dynamisme contagieux et un engagement notable. Là où ne sont pas pleinement mis en
lumière l'authentique enseignement catholique sur le salut uniquement dans le Nom de
Jésus-Christ, la nécessité de l'Eglise, l'urgence de l'activité missionnaire et de la
conversion, les sectes font des propositions alternatives. Là où les paroisses sont trop
vastes et impersonnelles, elles constituent de petites communautés dans lesquelles
l'individu se sent connu, apprécié, aimé et investi d'un rôle important. Là où les laïcs,
hommes et femmes, se sentent mis à l'écart, elles leur donnent des rôles de
commandement. Là où la sainte liturgie est célébrée d'une manière froide et
habitudinaire, elles célèbrent des services religieux qui se caractérisent par une grande
participation, se distinguent par les cris d'«Alléluia Jésus est le Seigneur », entrecoupés
de phrases scripturaires. Là où l'inculturation n'est pas encore réalisée, les NMR se
donnent une apparence de groupes religieux indigènes qui apparaissent aux gens comme
bien enracines localement. Là où les homélies ont un caractère intellectuel qui passe au-
dessus de la tête des gens, les NMR poussent un engagement personnel avec Jésus-Christ
et à une adhésion à la Bible étroite et littérale. Là où l'Eglise semble davantage présente
comme une institution caractérisée par des structures et une hiérarchie, les NMR
soulignent la relation personnelle avec Dieu.

11-Raisons politiques et économiques :

Il existe des pays, comme en Amérique latine, où certaines sectes s'opposent à la doctrine
sociale de l'Eglise, spécialement en ce qui concerne la défense des pauvres et les efforts
pour une promotion humaine intégrale.
16

On ne doit pas exclure les considérations financières parmi les raisons de la naissance de
certaines sectes. En certains endroits d'Afrique et d'Amérique latine, les fondateurs des
sectes se sont enrichis très rapidement.

12-L'action du diable :

Nous ne devrions pas exclure, parmi les explications de l'apparition et de la diffusion des
sectes ou des NMR, l'action du diable, même si cette action n'est pas connue des gens
concernés. Le Malin est l'ennemi qui sème l'ivraie parmi le bon grain quand les gens sont
en train de dormir.

13-Un Phénomène aux dimensions mondiales :

Aux Etats-Unis d'Amérique, les NMR sont apparus au siècle dernier et spécialement au
cours des quarante dernières années. Ils viennent principalement du protestantisme, mais
aussi des religions orientales et d'un mélange d'éléments religieux et psychologiques. Des
Etats-Unis, ils se sont exportes en Amérique latine, en Afrique du Sud, aux Philippines et
en Europe.
En Amérique latine, les NMR sont le plus souvent d’origine chrétienne et ils sont
généralement agressifs et négatifs à regard de l'Eglise catholique dont souvent, ils
dénigrent l'apostolat. On peut faire mêmes remarques pour les Philippines.
En Afrique, le surgissement des NMR a beaucoup à voir avec la crise politique, culturelle
et sociale de l'après-colonialisme, avec les questions de l'inculturation, et avec le désir
africain de guérison et d'aide pour affronter les problèmes de la vie.
En Asie, les NMR d'origine locale ne semblent pas être la menace majeure dans des pays
où le christianisme est en minorité, exceptés les NMR importés d'Europe et des
Amériques, qui attirent les personnes, y compris les intellectuels, par leurs offres
syncrétistes et ésotériques de détente, paix et illumination.
En Europe, la crise d'une société sécularisée et hautement technologique, qui souffre de la
fragmentation d'une culture qui ne partage plus les mêmes valeurs et croyances, favorise
les sectes ou les NMR qui viennent des Etats-Unis ou de l'Orient.

V- Des méthodes pour séduire:

Certaines techniques de recrutement et de formation et certaines procédures


d'endoctrinement, pratiquées par un grand nombre de sectes comptent pour une bonne
part dans leur succès. Ces méthodes sont loin d’être sans dangers.

1-Mises en scène:
17

La plupart du temps, les sectes attirent, par ces moyens, des gens qui ne savent pas que
cette approche est souvent mise en scène et sont inconscients de la nature de la
machination qui va les faire se convertir et des méthodes de formation (manipulation
sociale et psychologique) auxquelles ils vont être soumis. Les sectes imposent souvent
leurs propres normes de pensée, de sentiment et de conduite, contrairement à l'approche
de l'Église qui implique un consentement capable et responsable.

2-Techniques abusives:

Les jeunes, ainsi que les gens âgés sont, en fin de compte, les proies les plus faciles pour
ces méthodes qui sont souvent une combinaison d'affection et de déception. Ces
techniques, à partir d'une approche positive, tendent progressivement à une sorte de
contrôle de l'esprit en utilisant des pressions abusives tendant à modifier le
comportement.

3-Techniques subtiles et variées:

II faut énumérer les éléments suivants:

-Processus subtil d'introduction du converti et découverte progressive de ses véritables


interlocuteurs;
-Techniques de domination.
-Réponses toutes faites; amitiés; on force quelquefois la décision des recrues.
-Flatterie.
-Distribution d'argent, de médicaments.
-Exigence d'un abandon inconditionnel au fondateur, au responsable.

-Isolement : contrôle du processus rationnel de pensée, élimination de toute information


ou influence extérieure (famille, amis, journaux, magazines, télévision, radio, traitement
médical, etc.)
-Détournement des recrues de leur vie passée, insistance sur les comportements passés
déviants, comme l'usage de la drogue, les méfaits sexuels; moquerie au sujet des troubles
psychiques, du manque de relations sociales, etc.
-Méthodes conduisant à des perturbations de la connaissance; utilisation de clichés
empêchant la réflexion, limitation de la pensée réflexive.
-Maintien des recrues dans un état d'occupation continue, en ne les laissant jamais seuls;
exhortation et formation continuelles dans le but d'arriver à un état d'exaltation spirituelle,
de conscience émoussée, de soumission automatique aux directives; écraser la résistance
et la négativité, répondre à la peur d'une manière qui souvent crée même plus de peur.
18

-Forte concentration sur le responsable; certains groupes peuvent même diminuer le rôle
du Christ en faveur du fondateur.

VI- Les groupes les plus vulnérables :

1-Les jeunes :

Le groupe le plus vulnérable, et qui semble le plus affecté est spécialement celui des
jeunes. Plus ils sont « sans attaches », chômeurs, non actifs dans la vie paroissiale ou
le travail paroissial volontaire, venant d'un milieu familial instable ou appartenant à des
minorités ethniques, vivant dans des endroits plutôt éloignés de l'influence de l'Eglise...,
plus ils semblent être une cible désignée au prosélytisme des nouveaux mouvements et
groupes. Cependant, il n'y a pas que les « cibles » qui soient manifestement vulnérables.

2-Les adultes :

Certaines sectes semblent trouver leurs adeptes parmi les adultes. D'autres prospèrent
dans les familles à haut niveau économique et culturel! Dans ce contexte, on doit faire
mention des campus universitaires qui semblent souvent être un terrain favorable pour la
multiplication des sectes ou pour leurs efforts de recrutement. Des relations difficiles
avec le clergé ou une situation matrimoniale irrégulière peuvent également conduire à
une rupture avec l'Eglise et au passage à un nouveau groupe.

3-Un phénomène universel :

(Les contraintes de la vie sociale ne favorisent pas toujours l'épanouissement des


personnes, d’où de multiples situations de crise, aussi bien au niveau des individus que
des groupes sociaux).
Très peu de personnes semblent rejoindre une secte pour des raisons malhonnêtes. Le
plus grand reproche que l'on peut faire aux sectes est peut-être que souvent elles abusent
des bonnes intentions et des désirs de personnes insatisfaites. En fait, elles réussissent
habituellement mieux là où la société et l'Eglise n'ont pas réussi à répondre à ces
intentions ou à ces désirs.

VII- Les incidences du sectarisme :

1-Incidences socio-politiques : Jusqu'aux années 70, la mise-en-garde contre les sectes


était surtout le fait des Eglises. Avec l'arrivée de la deuxième vague, c'est la société qui
s'est trouvée agressée, au moment où des groupes anciens entraient en dialogue avec les
Eglises (tels les Adventistes) ou se trouvaient proches de nouveaux courants à l'intérieur
du catholicisme (tel le Pentecôtisme avec le Renouveau charismatique). Des Associations
19

de défense se constituent. Les plaintes déposées par les familles donnent lieu à des
actions judiciaires, et les médias font caisse de résonance.

2-Incidences médiatiques : Le « phénomène des sectes » est devenu un fait médiatique.


La loi du genre peut entraîner alors certaines distorsions qualitatives (recherche du
sensationnel, de l'ésotérique, du malsain), quantitatives (erreurs d'optique attribuant à des
groupes très minoritaires mis en vedette par quelque aberration, davantage d'importance
qu'à des mouvements d'ampleur beaucoup plus considérable). Cette publicité devient
parfois un moyen efficace de prévention et de thérapeutique.

3-Incidences judiciaires : La société est appelée à se prononcer devant les agissements


délictueux de groupes totalitaires se couvrant de l’étiquette religieuse : pour préserver la
liberté de ses membres, spécialement des jeunes. II n'existe à l'heure actuelle en aucun
pays de législation « anti-secte », mais des mesures réglementaires, administratives et de
droit commun sont prévues. Deux projets de législation-réglementation ont déjà été
proposés en Europe : au Parlement européen (« rapport Cottrell », 1984), et auprès du
gouvernement français (« rapport Vivien », 1985). Ces projets appellent deux remarques :

-les tribunaux n'ont pas compétence pour se prononcer sur la validité d'une doctrine
religieuse, mais ils ont autorité pour sanctionner les atteintes à l'ordre public et au droit
des personnes ;

-toute réglementation doit tenir deux impératifs conjoints : préserver la société et les
personnes contre les escrocs de la religion, et ne mettre en rien en péril la liberté
religieuse.

4-Incidences politiques : L'interaction avec la politique est constitutive de la


structure « secte », car toute secte-religieuse se définit par un mode spécifique de relation
avec « le monde ». On note, par exemple : le refus des services militaires et civil chez les
Témoins de Jéhovah ; L'action de démobilisation de prédicateurs pentecôtistes par
rapport au travail de conscientisation mené par les Eglises en Amérique du Sud ; la
tolérance discrète de certains gouvernements à regard des sectes prônant la dépolitisation.
Si ces groupes posent question, c'est parce qu'ils sont par eux-mêmes contestataires des
sociétés.

5-Incidences pastorales: les sectes et les Eglises. La perspective des Eglises se


différencie de l'approche des sciences humaines et des instances civiles et judiciaires, se
situant sur un autre registre de compétence. L'Eglise catholique s'est donné en mai 1986
un Document de synthèse après analyse à l’échelle mondiale. La même armée, le Conseil
Œcuménique des Eglises et la Fédération Luthérienne mondiale tenaient une convention
20

commune sur un thème voisin (en se référent explicitement au Document romain). C'était
la première fois que l'on prenait acte du phénomène à ce niveau d'analyse et de
couverture géographique. Une sorte de marché commun mondial des croyances s'est en
effet créé. Le développement des sectes et «cultes» en est un révélateur significatif.
L'approche des Eglises se veut explicitement pastorale, et se saisit du phénomène
religieux en tant que tel. Elle est marquée globalement par : le souci de l’évangélisation
des personnes, des groupes et d'une aide spécifique à ceux qui sont touchés directement ;
un décryptage d'ordre théologique de ce « signe des temps » qui invite à un renouveau
ecclésial ; une réflexion doctrinale, en particulier sur la lecture de la Bible, la Révélation,
la théologie mystique, la conversion, la liberté religieuse, l’œcuménisme.

VIII- Des dérives sectaires dans l'Église catholique ?

1-Des interrogations :

Les médias depuis quelque temps parlent de « sectes à l'intérieur de l'Église ». Cette
accusation concerne un ensemble variable de groupes, allant de mouvements et
communautés nés récemment -de droit diocésain ou de droit pontifical, et canoniquement
reconnus par l'Eglise, à des associations ou réseaux autour de personnes ou révélations
privées-dans un contexte de religieux éclate. Plus discrètement, profitant de cette
situation, ce procès est merle par certains réseaux d'un anticléricalisme résurgent qui
assimile en particulier les vœux évangéliques à des « dérivés sectaires » mettant en cause
les droits de l'homme, la tradition républicaine et les acquis des Lumières.
Des responsables d'Eglise sont aussi interrogés par des familles qui s'inquiètent de voir
des changements de comportement de l'un de leurs proches, qu'elles attribuent à son
entrée dans telle communauté religieuse ou à la fréquentation de telle communauté
nouvelle.
Certaines se regroupent et envisagent de porter plainte auprès des tribunaux, à tout le
moins d'alerter les médias. Dans les milieux « antisectes », on presse l'Eglise de « faire le
ménage » chez elle, sous peine de « le faire à sa place ».
Mais l'on est interrogé de même par des communautés qui se ressentent comme
injustement diffamées parce qu'incomprises, spécialement quand elles sont désignées
comme sectes dans des listes officielles (par exemples : Rapport de la Commission
parlementaire française du 10 janvier 1996, Enquête parlementaire de la Chambre des
représentants de Belgique du 28 avril 1997). Le nombre des dossiers ne va pas diminuant.
Aussi est-il important de dresser un état des lieux et des voies de solution à proposer aux
personnes concernées.

2- État des lieux


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Les dérives à l'origine des plaintes ou inquiétudes concernent des questions touchant :

-aux personnes (libertés individuelles, respect du for interne, argent, protection sociale,
patrimoine, engagements et vœux, vie de couple, vie de famille) ;
-aux relations des religieuses avec les familles, qui sont ressenties comme une coupure
abusivement trop distante ou manquante de naturel ;
-aux enfants (autorités parentale et communautaire, mode de vie, scolarité) ;
-aux fondateurs, aux responsables (autorité, pouvoir et contre-pouvoir, formation, suivi
en Eglise) ;

-au fonctionnement du groupe, à l’entrée dans la communauté (conditions d'admission) et


à la sortie (modalités de départ) ;
-aux relations à la société civile (statuts, législation et protection sociale, fiscale) ;
-à l'ecclésialité : relation à l'Eglise locale, à ses services (insertion et articulation) ;
articulation entre relation au diocèse et relation à Rome.

3-Ces plaintes et dérives sont diverses

-Certaines sont caractéristiques du fait communautaire lui-même, d'autres sont liées à la


spécificité des mouvements de réveil en christianisme.

-Certaines relèvent de l’ecclésiologie, d'autres du respect des droits de l'homme et de la


législation française.
-Beaucoup ne relèvent pas du pénal. Elles sont plutôt assimilables aux dérivés sectaires
propres au militantisme religieux et à l'appartenance à un groupe confessant
(exclusivisme, endoctrinement, élitisme, manichéisme, prosélytisme, tension avec la
famine).
-C'est dire que ce ne sont pas des groupes totalitaires trompeurs (comme le sont les sectes
criminogènes couramment dénoncées) ; que ces groupes croient bien faire, et au nom de
Dieu (c'est donc dans cette logique qu'il conviendrait de chercher des voies de solution) ;
qu'une saine anthropologie cadrée dans une ecclésiologie de communion, assainirait ces
situations et que, lorsqu'on a saisi un médiateur, des dialogues francs et amicaux ont pu
s'établir sur ces points avec les groupes concernés.

Mais à quelle porte frapper ? A quelle autorité dans l'Église s'adresser ?

Le responsable ou le fondateur de la communauté ? L'évêque diocésain local, l'évêque


ayant reconnu à l'origine la communauté ? La Congrégation des religieux, le Conseil pour
les laïcs ? L’Officialité diocésaine ? La Nonciature apostolique ? Car la responsabilité
ecclésiale (surtout à l'égard des groupes nouveaux) est fort diversifiée -surtout aux yeux
du profane- comme le seraient les instances de recours.
22

4. Des voies de solution

Des régulations fondamentales

Les nouvelles communautés ont la chance de disposer au sein de l'Eglise de nombreux


moyens de régulation : magistère, tradition, droit canonique, expérience des autres
communautés. Il semblerait utile de favoriser ces régulations. Il serait en particulier
intéressant que les Ordres et Congrégations de religieux et religieuses qui ont une
histoire, une réflexion et une expérience éprouvées, soient mis contribution pour aider ces
groupes. Entre leur naissance et leur reconnaissance, ils pourraient être conseillés, aidés,
par une instance de « sages ». On note par exemple que certaines difficultés avec les
familles, tiennent à l'adoption par une communauté d'une spiritualité du XIXe siècle
égarée dans le XXe.

Dans l'immédiat, on à la possibilité de conseiller aux personnes, dans une progression des
recours :

- d'informer tout d'abord le responsable du groupe, de la communauté


- de recourir à l'évêque du lieu
- de recourir, à Rome, à la Congrégation des instituts de vie consacrée et sociétés de vie
apostolique ou au Conseil pour les laïcs.
Plus spécialement, de recourir au tribunal ecclésiastique-Officialité diocésaine ou
régionale- pour instruire le dossier, à charge et à décharge, en auditant les intéressés. Le
jugement, au terme, peut aller du non-lieu à la condamnation à réparation, ou à
l'obligation faite aux responsables de changer telle pratique déviante ou délictueuse.
Certaines de ces instances commencent aussi à fonctionner, avec d'autres services
d'Eglise, comme des instances neutres et bienveillantes, lieux de parole et d'écoute, qui
accueillent les personnes en plainte ou en souffrance, recueillent leurs témoignages et
leurs questions. C'est sans doute un service à développer.

5-Quelques critères de discernement pour identifier les « tendances sectaires » et


discerner entre les groupes :

a-Comment fonctionne le pouvoir ? A qui appartient-il ? Qui l'a confié au leader ? Quel
est son champ d'exercice (déborde-t-il sur le for interne) ? Est-il contrôle, et comment ?
La dérive sectaire s'appelle l'oppression.

b-Comment circule le savoir ? Qui détient l'information dans le groupe ? Quelle place est
faite à la parole de chacun ? Est-ce seulement le leader qui « sait » ? Le groupe a-t-il
l'assurance d'avoir toujours raison contre quiconque, se sent-il investi de mission de faire
la leçon a tous les autres groupes (d'Eglise par exemple) ?
23

Les dérives s'appellent suffisance et endoctrinement.

c-Comment se gère l'avoir ? D’où vient l'argent, qui en a le contrôle, à qui va-t-il ?
L'adepte retrouvera-t-il des moyens de vivre s'il quitte le groupe ?
La dérive s'appelle l'exploitation.

d-Comment sont vécues les relations : dans le groupe (liberté d'échange entre membres
et respect des différences) ? avec les autres groupes (ecclésiaux par exemple) ? Pense-t-il
se suffire à lui-même, centre sur son développement ?
La dérive s'appelle fermeture.

Tout groupe, religieux ou non, mais aussi toute communauté d'Eglise, pourrait se
confronter utilement à ces critères.

IX-Problèmes et défis posés par les sectes :

1-Unité de l'Eglise

Les sectes éloignent les catholiques de l'unité et de la communion de l'Eglise. Cette


communion repose sur l'unité dans la foi, l'espérance et l'amour, revue au baptême. Elle
se nourrit des sacrements, de la Parole de Dieu et du service chrétien.

2-Œcuménisme

Il est important de distinguer bien clairement d'une part les sectes et les nouveaux
mouvements religieux, et d'autre part les Eglises et communautés ecclésiales.
La distinction entre, d'une part, les relations œcuméniques et, d'autre part, les rapports de
l'Eglise avec les sectes, doit être encore attentivement réfléchie.

3-La foi menacée et refusée

Certaines sectes ou certains NMR menacent des articles majeurs de la foi catholique ou
les refusent en pratique. Ils proposent une communauté religieuse faite par l'homme
plutôt que celle de l'Eglise instituée par le Fils de Dieu.

4-Abandon de la foi

Certains mouvements promeuvent un type de néo-paganisme, mettant l'homme au centre


du culte, à la place de Dieu, et prétendent posséder une connaissance extraordinaire qui
s'estime au-dessus de toutes les religions. D'autres NMR sont engagés dans l'occultisme,
la magie, le spiritisme et même dans des rites sataniques.

5-Athéisme et non croyance


24

Certaines sectes, spécialement celles qui exercent de fortes pressions sur les personnes,
peuvent préparer le terrain à l'athéisme.

6-Prosélytisme

De nombreux NMR emploient des méthodes qui violent le droit d'autres croyants ou
groupes religieux à la liberté religieuse. Ils affirment des choses fausses sur les autres. Ils
appâtent des personnes vulnérables avec de l'argent ou d'autres biens matériels, ou par de
lourdes pressions psychologiques ou autres.

7-Combativité à l’égard de l'Église catholique

Certains NMR sont particulièrement agressifs à l’égard de l'Église catholique. Ils


semblent être concentrés surtout dans des régions traditionnellement chrétiennes, comme
l'Amérique latine et les Philippines. Ils font tous leurs efforts pour faire sortir de l'Église
le plus grand nombre possible de catholiques. Il ne semble pas qu'ils montrent le même
zèle et le même élan missionnaire pour ceux qui ne croient pas encore au Christ. Ils
interprètent souvent les efforts des catholiques pour s'identifier aux pauvres comme du
communisme ou de la subversion.

8-Dommages psychologiques causés aux individus

Certains NMR ont causé des dommages psychologiques aux individus par leurs méthodes
de recrutement et de formation, et par les mesures violentes qu'ils adoptent pour prévenir
la fuite de leurs membres.

9-Relations avec la société

Certains NMR ont causé des problèmes à la société ou au gouvernement, à cause de leur
position sociale, parce qu'ils ne se soucient pas d'enseigner à leurs membres à être des
citoyens responsables qui s'efforcent de remplir leurs devoirs envers les autres, et à cause
du désarroi social de leurs adeptes.

10-Un phénomène à prendre au sérieux

L'Eglise doit avoir une approche et une réponse pastorale à ce phénomène

X- Approches pastorales:

1-Les trois approches suivantes sont typiques des réactions a ce que l'on a appelé
l'«offensive des sectes » :
25

a- Une approche offensive de prévention et de protection, menée par les mouvements


«anti-sectes » d'origine laïque. On dénonce les effets destructeurs et nocifs pour la
personnalité d'un ensemble de mouvements globalisés sous le nom de « sectes ». Mais on
ne tient pas compte du contenu doctrinal ou religieux du mouvement, ou on en exclut
l'aspect spirituel. On se situe au seul niveau psychosocial ou comportemental. Là est la
limite de cette approche car on ne peut évacuer la dimension spirituelle d'une adhésion et
le phénomène de conversion intérieure qui l'accompagne souvent. Le risque existe alors
d'amalgamer toutes sortes de Nouveaux Mouvements Religieux sous l'épithète
uniformément dénonciatrice de « Secte ».

b- Une approche de déconversion des fidèles pour les reconvertir à Jésus-Christ : une
sorte de combat spirituel est proposée par un autre ensemble d'associations anti-sectes de
type évangéliste. Les « Nouveaux Mouvements » constituent en effet, dit-on, un
ensemble de fausses doctrines anti-bibliques inspirées par Satan. II faut donc les
combattre fermement et en sortir les adeptes pour leur éviter la damnation éternelle. La
limite de cette approche est qu'une diabolisation généralisée des NMR empêche d'y voir
certaines pierres d'attente de l'Evangile et ne peut aider les gens à progresser à partir du
point où ils en sont de leur propre cheminement religieux.

c- Dans une approche de compréhension critique et d'évangélisation, spécifiquement


pastorale, on vise à rejoindre le fidèle dans son cheminement spirituel et le mouvement
dans les principes qui soutiennent sa doctrine. On choisit de rejoindre l'expérience
spirituelle souvent intense que vit l'autre, et on lui accorde le préjugé favorable de la
sincérité avant de le déclarer systématiquement manipule ou abuse. On ne dialogue
d'ailleurs pas avec les institutions, mais avec des personnes. Ce dialogue se veut
évangélisateur, car le chrétien propose aussi le témoignage de sa propre voie spirituelle :
l'Evangile. Cette approche pastorale est plus exigeante, moins revue par les médias, mais
porte des fruits de qualité et commence à retenir l'attention des observateurs devant les
impasses actuelles du problème des sectes ».

2-Quelques points d’attention pour la pastorale :

a- Retrouver ou développer le sens de la communauté :

« Presque toutes les réponses de l'enquête mondiale, énonce le rapport du Vatican de


1986, appellent à repenser le système de communauté paroissiale traditionnel ». Il s'agit
de faire naître « des communautés plus fraternelles, plus à l'échelle humaine, soucieuses
d'une foi vivante, des communautés qui prient, des communautés missionnaires tournées
vers l'extérieur », des communautés ouvertes ceux qui se sentent exclus, « les divorces et
les remariés, les marginaux ».
26

Parallèlement, il s'agira aussi de « développer la participation du chrétien à l'animation et


à la direction des communautés ».
Vaste programme ! « Ceci appelle une promotion renforcée des ministères diversifiés et
une formation continuelle de responsables laïcs ». On sait que de nombreux jeunes disent
avoir été séduits par les nouvelles-sectes parce qu'ils s'y voyaient confier des
responsabilités qu'ils auraient du attendre longtemps dans leur Eglise d'origine.

b- Retrouver le sens d'une expérience spirituelle personnelle

«Il faut aider les gens à se rendre compte qu'ils sont uniques, poursuit le même rapport,
aimés par un Dieu personnel, avec une histoire qui leur est propre et qui va de la
naissance à la résurrection en passant par la mort. La vieille-vérité doit continuellement
devenir pour eux une nouvelle-vérité ». Pour redonner ce goût de nouveauté au vieux
christianisme, il faudra être attentif «à la dimension de l'expérience, c'est-à-dire de la
découverte personnelle du Christ. Être attentif à un christianisme qui anime toutes les
dimensions de la vie humaine, du psychologique au social, du politique au culturel. Être
attentif enfin à laisser un espace libre à une «créativité joyeuse à la « capacité
d'invention ». Car une religion doit aussi « parler au cœur ».

c- Une religion qui parle au cœur

Car le cœur est le lieu préférentiel de la conversion. Nous avons à tenir compte de ces
déplacements pour répondre à l'intérieur christianisme à cette nouvelle sensibilité. A côté
de la recherche de sagesse plus que « religion », notons par exemple quelques
déplacements significatifs :

-de l'adhésion à la recherche :

Du « discours» (sur la doctrine) au parcours» (on est toujours en recherche). Mais à éviter
de présenter le christianisme comme un système rigide et clos où tous les aiguillages
seraient faits d'avance. A laisser des espaces-en-blanc pour la recherche qui ne soient pas
automatiquement remplis par des « réponses» fermées sur elles-mêmes. Car Dieu est
Quelqu'un que l'on cherche avant d'être un énoncé enclos dans une définition.

-du notionnel à l'émotionnel :

On veut expérimenter Dieu « en direct», dans une sorte d'appétit sauvage qui pousse vers
les groupes où l'on chante, où l'on dance, où l'on « s'aime », où l'on «est bien ensemble ».
On a d'ailleurs commencé en christianisme à retrouver ce sens du corps dans la prière, de
la fête dans la liturgie, de la chaleur humaine dans la célébration. Et sans glisser dans
27

l'émotionalisme, nous avons parfois à nous interroger sur le climat froid et compassé et le
langage cérébral de certaines de nos liturgies.

-du dogme à l'expérience personnelle :

D'où le succès des religions de l'Inde où la religion est affaire d'expérience et non de
doctrine. Aussi la parole est-elle revue, dans les jeunes générations, de celui qui parle au
nom de son expérience personnelle de croyant.

d- Une formation continue, et plus spécialement biblique

L'inculture religieuse de cette génération et l'arrivée du paganisme appellent alors à des


insistances nouvelles dans la catéchèse et la formation des adultes. Car l'analphabétisme
religieux des jeunes adultes entre vingt-cinq et quarante ans est croissant et massif. II les
laisse démunis d'esprit critique devant les multiples propositions qui s'étalent aux
devantures du supermarché « religieux» contemporain. II n'y avait plus de temps pour
répondre aux questions sur le sens de ''existence, du mal, sur l'origine de l'homme, du
monde, de la vie. Un type d'études où ont prédominé pendant longtemps mathématiques
et technique risque d'évacuer toute formation philosophique sérieuse. Nous fabriquons
ainsi la clientèle potentielle des sectes. D'où l'importance de cette première, et souvent
unique, rencontre qu'un enfant fait avec le christianisme -sa « religion » - au catéchisme.
Mais aussi à l’évidence, il faudra poursuivre avec les adultes. Spécialement la formation
biblique.

e- Retrouver l'attente eschatologique

Devant les millénarismes, les sectes et les catastrophismes, il nous faut dire le sens
chrétien de l'attente eschatologique. Mais cette grande espérance eschatologique, ce grand
cri implorant la venue du Jour où toutes choses seront accomplies dans la plénitude et où
il n'y aura plus ni larmes ni mort, ni souffrances d'aucune sorte, ne semble plus rien
«dire» aux chrétiens des Eglises. Peut-être parce que de fait les Eglises établies ne disent
plus rien là-dessus. Certes les évangéliques, les pentecôtistes, les adventistes le rappellent
avec insistance et vigilance. La meilleure manière de désamorcer la propagande des
sectes et les prédictions des catastrophismes à la Nostradamus est d'enseigner clairement
les réalités eschatologiques plutôt que de les taire.

f- Le sens du sacre et la religion populaire

Nous avons enfin à redécouvrir une saine gestion du sacré et des gestes religieux en
Christianisme. Le sacré est en effet de retour, la recrudescence des Nouveaux
Mouvements Religieux en est une des manifestations patentes.
28

Cette demande de sacré s'exprime à l'intérieur du christianisme par les demandes de la


religion populaire. " Vous avez en main une clef de l'avenir religieux de notre temps »
disait Jean-Paul II aux directeurs de pèlerinages, Hauts lieux de la religion populaire et de
la recherche du sacré.

g- La paroisse et l'accueil des demandes "religieuses"

La paroisse est le lieu où cette demande est habituellement revue. Celle-ci joue le rôle de
service public du besoin religieux, note G. Piétri dans une excellente étude. Elle assure le
surface de contact la plus large entre l'Eglise et les gens. Or elle est bien adaptée à
l'accueil des demandes expressives du desk religieux constitutif de l'homme lors du
baptême, du manage, de la profession de foi, des obsèques.
En accueillant ces demandes, ce sont aussi les questions fondamentales sur la vie et la
mort, l'amour et l'au-delà que l'on peut faire apparaître, celles auxquelles les NMR
affirment donner réponse. Si elles sont accueillies, ces personnes seront moins tentées de
la chercher ailleurs, dans le cabinet des voyants ou la chaleur des groupes sectaires.

h- La réintégration du symbole et de l'imaginaire

Les sacrements permettent à un grand nombre de gens d'aujourd'hui de vivre la naissance


et la puberté, la relation amoureuse et la maladie à une profondeur jamais atteinte dans la
vie profane, par la médiation du symbole et de l'imaginaire. Il est frappant de voir
comment tous les Nouveaux Mouvements Religieux se constituent rapidement un rituel
et organisent des célébrations. Que dans un contexte épais d'incroyance et d'indifférence
les gens continuent fluent avec persévérance à revendiquer leur « droit » aux célébrations
religieuses, est révélateur du besoin irrépressible d'être rattaché à un foyer religieux dont
on se considère comme les clients au sens large. La paroisse comme service public
respectant l'anonymat et la pauvreté spirituelle de chacun représente ainsi un lieu où
beaucoup, qui ne sont pas aptes encore à entrer dans la communion ecclésiale pleine et
consciente, peuvent déjà accéder au « mystère du Salut ».

XI- L’Eglise catholique et les sectes :

1- L’expansion des « sectes » : une remise en cause des méthodes pastorales :

a- « Le document romain » de 1986. 

Le premier événement, considéré comme « un point de départ » de la réaction de


l’autorité centrale de l’Église catholique, est couramment appelé le document romain. Il a
pour titre : Le Phénomène des sectes ou nouveaux mouvements religieux : défi pastoral.
Paru le 3 mai 1986, ce document a été élaboré par différents dicastères : le secrétariat
29

pour l’unité des chrétiens, le secrétariat pour les non chrétiens, le secrétariat pour les non
croyants et le conseil pontifical pour la culture. Il est le résultat d’une concertation avec
les Églises locales largement mises à contribution grâce à un questionnaire auquel ont
répondu des conférences épiscopales de tous les continents ainsi que des organismes
régionaux épiscopaux (soit soixante-quinze réponses au total). L’essentiel de ce
document est consacré aux raisons de l’extension de ces mouvements et groupes (n.2) et
au défi des sectes et approches pastorales (n. 3).
Que nous apprend-il pour ce qui a trait à notre recherche ? Dès les premières lignes (1.1),
l’accent est mis sur « une difficulté en ce qui concerne les concepts, les définitions et la
terminologie ». Des distinctions sont donc apportées entre les groupes, entre esprit
sectaire et « secte ». D’emblée, également (1.1), les termes « secte » et « culte » (mis
entre guillemets) sont considérés comme déprédateurs : ils « semblent impliquer un
jugement de valeur assez négatif ». D’où le souci de citer les termes plus neutres de
« nouveaux mouvements religieux » et de « nouveaux groupes religieux ». Trois
tentatives de définition suivent (1.1) ; la première concerne les sectes d’origine
chrétienne ; il s’agit de groupes « qui ajoutent à la Bible d’autres « livres révélés »,
d’autres « messages prophétiques » ou qui retranchent à la Bible certains de ses livres
proto-canoniques ou en altèrent radicalement le contenu ». On reconnaît là les non-
conformismes chrétiens, à distinguer en réalité de ce qu’on avait coutume d’appeler les
« sectes chrétiennes » dans l’ère occidentale. Deuxième approche, est « secte », « tout
groupe religieux ayant une vision du monde distinctive propre dérivant, mais non
identique, des enseignements d’une des principales religions du monde » ; on est là
encore dans les notions de dissidence et de non-conformisme. Enfin, la troisième
définition vise « des groupes particuliers qui sont vus habituellement comme une menace
pour la liberté des gens et pour la société en général ». On retrouve la définition donnée
par le sens commun. Or, c’est cette acception qui va s’imposer pour la suite du document.
Les « sectes chrétiennes » y sont quelque fois associées au nom du danger qu’elles font
courir au catholicisme et à ses membres. Le vocabulaire en témoigne : lavage de cerveau,
contrôle mental, contrainte collective (1.1), enrôlé dans une secte (1.3) ; prosélytisme,
elles abusent des bonnes intentions et des désirs (1.4) ; elles prétendent avoir et donner
des réponses, elles obnubilent les facultés intellectuelles (1.5) ; prosélytisme agressif
(1.6). Tout au long du chapitre concernant les raisons de l’extension de ces mouvements
et groupes, est régulièrement scandé le refrain : « les sectes semblent offrir » (dix fois).
Le paragraphe 2.2 énumère longuement les techniques de recrutement et de formation et
les procédures d’endoctrinement. Enfin, la conclusion est, elle aussi, sans ambiguïté : « à
travers les sectes, ce sont des forces idéologiques et des intérêts économico-politiques
totalement étrangers à un souci sincère de l’humanité qui sont à l’œuvre et qui
utilisent « l’humain » pour des desseins inhumains ».
30

Au terme, on peut dire qu’après des esquisses de définition et de typologie, après


l’affirmation du souci de distinguer et de discerner, l’essentiel du document vise la
« secte » - groupe dangereux et abusif. Nous ne sommes plus dans le domaine de
l’apologétique et du « credo », mais dans celui des comportements ; ce sont ces derniers
qui sont mis en cause. Il s’agit d’un tournant essentiel et décisif ; désormais l’Église ne se
situe plus sur le plan de la vérité doctrinale, mais sur celui du respect des droits de la
personne.

b- « Le défi des sectes ou des nouveaux mouvements religieux : approche pastorale »

Le second événement est le consistoire extraordinaire des cardinaux qui s’est tenu au
Vatican en avril 1991. La IVe réunion plénière avait pour thème la question des
« sectes » ou nouveaux mouvements religieux. Les rapports des cardinaux concernant la
situation dans les cinq continents et l’exposé du cardinal Francis Arinze, intitulé : le défi
des sectes ou des nouveaux mouvements religieux : approche pastorale ont constitué le
point d’orgue de cette réunion. L’exposé synthétique du président du Conseil pontifical
pour le dialogue inter-religieux, donné cinq ans après le document précité, marque une
nouvelle étape, comme en témoigne son plan : I. Terminologie ; II. Typologie ; III.
Origines et raisons de leur diffusion ; IV. Problèmes et défis ; V. Réponse pastorale
générale ; VI. Réponse pastorale spécifique.
Au nom de la complexité de la réalité observée, de la diversité des groupes concernés,
l’auteur engage un réel effort d’analyse, de clarification et de distinction, refusant toute
généralisation. Le regard est distancé, le ton est mesuré. Pour autant, certains groupes
sont mis en question en raison de leurs méthodes et de leur manque de respect de la
liberté de la conscience humaine, de leur enrichissement et de leur agressivité et de leur
opposition à l’égard de l’Église catholique. La menace à l’encontre de la foi catholique
est un des problèmes soulevés, au même titre que les dommages psychologiques causés
aux individus. Malfaisants pour l’Église, malfaisants pour l’individu, ces groupes le sont
aussi pour la société « parce qu’ils ne se soucient pas d’enseigner à leurs membres à être
des citoyens responsables qui s’efforcent de remplir leurs devoirs envers les autres ».
Le vocabulaire employé traduit lui aussi une réelle évolution. Si le terme « sectes » est
utilisé vingt-quatre fois (et avec des guillemets lors des premières citations), le sigle
NMR (nouveaux mouvements religieux) l’est soixante-sept fois. Quoique les deux termes
soient généralement utilisés indistinctement, NMR est jugé préférable parce que « plus
impartial et précis », et « parce qu’il est neutre et assez général pour inclure les nouveaux
mouvements d’origine protestante, les sectes qui ont un arrière-plan chrétien, les
nouveaux mouvements orientaux ou africains, et ceux de type gnostique ou ésotérique ».
Le mot « secte », en revanche, est jugé plurivoque et trop négatif par F. Arinze. Après
avoir dit que ce terme « semble se rapporter plus directement à un petit groupe qui s’est
31

séparé d’un groupe religieux plus grand, généralement chrétien, et qui suit des croyances
ou pratiques déviationnistes », l’auteur montre que le mot n’a pas la même signification
sur un même continent selon que l’on soit ou non « sensible à l’œcuménisme », et à
fortiori d’un continent à l’autre ; connoté péjorativement en Europe de l’Ouest, il apparaît
neutre au Japon. Le tournant amorcé avec le document précédent se poursuit avec ce
nouvel exposé.

2- Les synodes continentaux, les conférences épiscopales nationales et les Églises


particulières

A l’instar des rapports des cardinaux concernant la situation dans les cinq continents,
donnés lors du Consistoire extraordinaire de 1991, on retrouve la même diversité
d’opinions dans les textes des synodes continentaux, des conférences épiscopales
(nationales) et des Églises locales.
Premier constat saisissant : peu de textes se risquent à une définition. Ce n’est qu’au fur
et à mesure des lectures que des profils et des caractéristiques de groupes se dégagent.
Les typologies sont rares ; les descripteurs sont plus ou moins élaborés. Les pratiques et
les croyances sont généralement présentées de manière dépréciative, voire franchement
négative, et cela essentiellement pour les trois raisons suivantes :

-les groupes incriminés sont perçus comme faisant du tort à l’Église catholique et à sa
pastorale locale et/ou aux catholiques, ou encore à la société majoritairement catholique ;
-les groupes incriminés ne sont pas chrétiens, ou ne sont pas catholiques. Ils sont jugés à
l’aune de la doctrine et des pratiques de l’Église catholique.
-les agissements de ces groupes sont jugés abusifs et dangereux.

Quelques approches se veulent toutefois objectives, excluant tout jugement de valeur, et


adoptant une attitude volontairement constructive. Dans cette perspective, certains
documents (Afrique, Amérique Latine) s’attardent davantage sur les causes qui sont à
l’origine, tant du surgissement de ces groupes, que de l’intérêt qu’ils suscitent.

3- Le service national Pastoral et sectes en France

L’exemple de la France est intéressant. Un nombre important de groupes qualifiés de


« sectes » y sont implantés : Églises évangéliques (dissidences chrétiennes), non
conformismes chrétiens (dissidences du christianisme), « nouvelles sectes » (mouvements
religieux contemporains dont les références ne sont pas ou ne sont que partiellement
chrétiennes). Le Conseil permanent de l’Église en France s’est saisi de la question des
« sectes » dès 1975.
32

En 1981, a été créé le groupe national Pastoral et sectes. Son animateur, Jean Vernette, a
écrit son premier ouvrage intitulé Sectes et Réveil religieux en 1976. Vingt ans et de
nombreux ouvrages plus tard, le responsable du service national s’interroge dans le
journal La Croix : « Qui va définir le terme ambigu de secte ? » Sous ce titre, le délégué
de l’épiscopat montre combien le terme est ambigu, subjectif, imprécis ; en filigrane il
donne cependant des éléments de définition : il s’agit de « perversions du sentiment
religieux » et de « groupes qui utilisent des méthodes atteignant l’intégralité de la
personne et transforment la religion en simple source de profits ». Dès lors, ceux à qui il
revient de donner le nom de « secte » sont le pouvoir judiciaire et le législateur qui,
paradoxalement, ne définissent juridiquement ni la « secte » ni la « religion ».
L’acception est désormais celle du langage courant.
C’est au nom des droits de l’homme que « les responsables français de Pastorale et sectes
ont toujours souligné que l’un des impératifs de toute réglementation était de préserver la
société et les personnes contre les escrocs de la religion » (le second impératif consistant
à ne mettre nullement en péril la liberté religieuse). Et c’est encore au nom des droits de
l’homme que le service national s’en prend à la Commission d’enquête parlementaire à
l’origine d’un Rapport sur les sectes en France (22.12.1995), à propos de la diffusion
d’une liste de groupes insuffisamment fiable et d’une consultation préalable insuffisante
et sélective . Au mois d’octobre 1998, au lendemain de l’annonce, par le parlement
français, de la naissance d’une « mission interministérielle de lutte contre les sectes »
(MILS), J. Vernette interviewé par le quotidien La Croix (paru le 8.10.1998), reprend les
mêmes arguments : « se garder des escrocs de la religion », « ne pas mettre en péril la
liberté religieuse ». Et, tout en évoquant « le bon travail » de l’Observatoire, il s’étonnait
« que sur un problème de société aussi important touchant le domaine du sens de la vie et
du religieux, les représentants des grandes familles de pensée et des grandes religions
n’aient jamais été consultées ». Enfin, il s’inquiétait des « intentions cachées [qui]
pourraient animer la lutte anti-secte ». Le 22 juin 2000, l’inquiétude se transforme en
vague de protestations. Est mise en cause la proposition de loi About-Picard contre les
groupements à caractère sectaire qui prévoit l’instauration d’un nouveau délit de
manipulation mentale .Stanislas Lalanne, porte-parole de l’épiscopat invite les
parlementaires à « revoir [leur] copie ». « Le délit de manipulation mentale est tellement
flou qu’il risque d’entraîner des débordements incontrôlés ». Jean Vernette considère,
pour sa part, que la création d’un tel délit risque « de servir de fusée porteuse à une lutte
antireligieuse ». Des responsables d’associations de lutte contre les sectes se sont aussitôt
étonnés de ces réserves ! Cela dit, les parlementaires ont effectivement remis sur le métier
la proposition de loi : les termes de « manipulation mentale » ont laissé place à « l’état de
sujétion » psychologique ou physique. Cette nouvelle étape aura aussi permis que se
33

rencontrent responsables politiques et représentants des principales religions et


confessions en France !
A partir des ces remarques liminaires, il apparaît clairement que l’Église catholique a
considérablement évolué par rapport à la définition de la « secte ». Hier, elle
s’opposait aux autres confessions chrétiennes et aux autres religions avec la certitude de
posséder la vérité absolue, « d’où sa prétention à être la norma normans ». En
conséquence, elle qualifiait de « secte » tout groupe religieux acatholique. Or
aujourd’hui, ce n’est plus l’Église, mais les pouvoirs publics qui déterminent ce qu’est la
« secte », non plus au nom de croyances ou de convictions religieuses hétérodoxes, mais
en fonction d’un cadre juridique. Et c’est cette acception que prend en compte l’Église
catholique, dans une partie de son discours actuel.
Certes, nous l’avons vu, du fait de la polysémie du mot « secte », de la diversité des
situations locales, du « manque d’information adéquate de la part des évêques »
(« l’immense besoin d’information et d’éducation », « la connaissance insuffisante »)
relevés et par le document romain et par le Cardinal Arinze, la définition donnée au mot
« secte » et le type de groupes visés varient d’un lieu à l’autre (et parfois dans un même
lieu), rendant impossible une parfaite adéquation entre un discours universel et des
situations pastorales locales. Cela dit, il est intéressant de relever que ces définitions ont
quasiment toutes pour point commun la notion de danger, danger pour l’individu, danger
pour la société, danger pour la foi catholique, pour le catholicisme, ou pour l’Église
catholique, en un lieu donné.
Ce sentiment de danger va déterminer des attitudes, des positions, voire des remises en
question concernant ce que peut être une approche spécifique à l’Église.

XII-Le Magistère et la doctrine:

Nous présenterons dans ce paragraphe le discours du pape Jean-Paul II, la position du


cardinal F. Arinze, telle qu’elle s’est notamment exprimée lors du consistoire
extraordinaire de 1991, et les attitudes préconisées par les deux théologiens catholiques
nord-américain et canadien John Saliba et Richard Bergeron.

1. Des « actes » et allocutions du pape Jean-Paul II

Les nombreux messages du pape Jean-Paul II qui abordent la question des « sectes » se
situent sur le plan pastoral. Pour lui, la multiplication, l’expansion, la prolifération, voire
l’offensive des sectes constitue un problème préoccupant sinon angoissant. Ces
expressions sont rémanentes à partir de 1990. Du fait de leur prosélytisme, de leur
fanatisme, et parce que leur action et influence [...] peut devenir catastrophique, il faut
34

réagir contre ce phénomène, endiguer le prosélytisme des sectes dont l’enseignement


s’oppose à la doctrine de l’Église catholique. En définitive, les sectes et les nouveaux
mouvements religieux posent aujourd’hui un sérieux défi pastoral à l’Église, d’où
l’invitation faite aux évêques d’apporter des réponses adéquates aux plans de la
formation, de l’évangélisation, de l’accueil, etc.
L’instrumentum laboris de la deuxième Assemblée spéciale pour l’Europe du synode des
évêques (5 août 1999) , soumis à l’approbation de Jean-Paul II, évoque encore le
pullulement (foisonnement, abondance) des « sectes et des groupes qui n’ont en commun
qu’une référence sauvage au sacré » (§14). Dans la troisième partie du document, deux
paragraphes (65, 66) sont consacrés au « problème des sectes » : « phénomène complexe
et varié ». Caractéristiques des sectes, distinctions entre elles, interprétations du
phénomène sont proposées. Mais ces quelques éléments d’analyse et de clarification sont
battus en brèche par plusieurs appréciations péjoratives englobantes, disséminées dans le
texte : elles emploient des méthodes très agressives de propagande, elles promeuvent une
forte identité chez les adeptes, jusqu’à les rendre totalement dépendants, elles donnent
des réponses partielles et souvent déshumanisantes, elles se placent en nette opposition
avec le contexte religieux et social, elles prêchent des messages apocalyptiques. Dans
tous les cas, poursuit le texte, il s’agit d’un phénomène qui interpelle les Églises et les
responsabilise, il faut donc affronter le phénomène, prévenir sa diffusion, réagir contre ce
phénomène préoccupant. Pour cela, il est demandé à l’Église d’effectuer un sérieux
examen de conscience et un renouvellement profond, sa réponse doit être une réponse
« globale ». Et cette exhortation à l’adresse des évêques européens se termine par une
citation du pape extraite d’un discours à la IV Conférence de l’épiscopat latino-américain,
le 12 octobre 1992. Il est à noter que l’expression « nouveau mouvement religieux » est
totalement absente de ce texte, alors que le mot secte est cité près de dix fois. Par contre
dans l’Exhortation apostolique post synodale Ecclesia in Asia, parue trois mois plus tard
(novembre 1999), le mot secte a laissé la place à « nouveau mouvement religieux ».

2. Les positions du document romain et du cardinal Arinze (cf. XI, 1,a-b)

Le document romain relevait que le phénomène des sectes est à voir non pas tellement
comme une menace pour l’Église [...], mais plus comme un défi pastoral (1.6). Il
rappelait également que chaque groupe religieux a le droit de professer sa propre foi et de
vivre en accord avec sa propre conscience (1.6). En conclusion (4.), après avoir
clairement dit qu’il n’était pas possible de donner une réponse simple à la question
« quelle doit être notre attitude ? » et après avoir écarté l’option d’une acceptation naïve,
l’auteur du document écrit : « si nous voulons être fidèles à ce que nous croyons et à nos
principes [...], nous ne pouvons pas être simplement satisfaits en condamnant ou en
combattant les sectes, en les voyant mises hors la loi ou expulsées, et les individus
35

« déprogrammés » contre leur gré. Le ’défi’ des sectes ou des nouveaux mouvements
religieux doit stimuler notre propre renouveau en faveur d’une plus grande efficacité
pastorale. Ce « défi » doit aussi développer en nous et dans nos communautés l’esprit du
Christ à leur égard ».

L’exposé du cardinal Arinze poursuit dans cette même ligne (voir I.1.2.). Les évêques
sont invités au discernement, et certaines de leurs réactions sur le terrain sont jugées
excessives (voir Introduction). Condamnation, discrimination, généralisation qui
consistent à appliquer à tous les NMR les aspects les plus négatifs de quelques uns, sont
écartées. « Les NMR, ajoute le président du Conseil Pontifical pour le Dialogue
Interreligieux, ne devraient pas non plus être déclarés a priori incapables d’évoluer de
manière positive » (chapitre II). Dans le même sens, la position pastorale que l’Église
doit adopter à l’égard des NMR (...) ne devrait pas être une attaque. Elle ne devrait pas
être négative a l’égard de leurs membres (chapitre V). Suivent ensuite neuf propositions
en vue d’une réponse pastorale spécifique. Et Francis Arinze conclut : le phénomène des
NMR est un défi et une chance, dans la mesure où certaines options pastorales, décidées
par les évêques, vont au-delà d’une simple réponse au défi présent et veulent être aussi
des voies pour la nouvelle évangélisation.

3. Les attitudes préconisées par les deux théologiens catholiques nord-américain et


canadien John Saliba et Richard Bergeron

John Saliba, jésuite, professeur de sciences religieuses à l’Université de Detroit, est


l’auteur d’une étude qui a pour titre : « Au carrefour des vérités : une approche chrétienne
des nouvelles religions ». A travers cet ouvrage qui fait une large place au document
romain et à l’exposé du cardinal Arinze, il entend apporter une réponse chrétienne
adéquate aux nouvelles religions, considérant que si beaucoup d’études ont été réalisées
sur les nouveaux mouvements religieux (ou nouvelles religions), peu, par contre,
permettent d’évaluer les enseignements religieux qu’ils transmettent, et les expériences
religieuses qu’ils favorisent. Selon lui, la plupart des nouvelles religions sont des options
religieuses authentiques, aussi étrangères que soient leurs croyances et aussi bizarres que
semblent leurs pratiques. Le troisième chapitre de son ouvrage vise une approche
théologique des nouvelles religions. Il passe en revue l’approche par l’ignorance et
l’indifférence, puis la réponse apologétique (positive et négative), et enfin, finit avec
l’approche dialogale. L’auteur prononce un véritable plaidoyer en sa faveur. « A longue
échéance, écrit-il, les avantages du dialogue l’emportent sur ses limites et il est fort
possible qu’il conduise à une résolution définitive des difficultés provoquées par la
présence des NMR ».
36

Richard Bergeron, professeur émérite de la faculté de théologie de l’Université de


Montréal, s’inscrit dans la même perspective. Il est le rédacteur d’un guide pastoral
consacré aux nouvelles religions, commandé par le Comité épiscopal de théologie de
l’Assemblée des évêques du Québec et préfacé par le président de ce comité. Le
théologien s’appuie largement lui aussi sur le document romain et sur le consistoire de
1991 pour prendre ses distances par rapport aux mouvements anti-cultiste et contre-
cultiste et substituer à ces approches négatives une approche d’évangélisation. Cette
approche, explique-t-il, comprend trois dimensions complémentaires : l’interpellation, le
dialogue et la critique. Au terme du chapitre trois, consacré à l’approche pastorale du
phénomène des nouvelles religions dans son ensemble, il suggère sept initiatives
pastorales, parmi lesquelles :

-défendre les droits et la réputation des nouveaux groupes religieux s’ils sont attaqués
injustement ;
-prendre contact avec les responsables des groupes religieux qui sont sur le territoire de la
paroisse afin de dissiper les peurs et les soupçons et de favoriser la bonne entente ;
-exhorter les fidèles à éviter toute discrimination envers les membres des nouvelles
religions.

Enfin, sa conclusion intitulée un défi pastoral pour la communauté paroissiale met en


exergue trois priorités : réévangélisation, renouveau spirituel et renouveau
communautaire.

4- Diversité des pratiques pastorales :

a- Diverses initiatives nationales, diocésaines

Les prises de position d’évêques, de conférences épiscopales, concernant les « sectes » et


les nouveaux mouvements religieux, à partir des situations pastorales rencontrées sur le
territoire dont ils ont la responsabilité, sont très nombreuses. Elles n’offrent toutefois pas
de grandes différences. « Sectes » et NMR sont généralement perçus comme des menaces
ou des dangers qui vont conduire à des attitudes offensives ou défensives.
Distinguons les trois cas de figure les plus fréquents. La menace peut concerner une
Église locale dans son ensemble, les communautés et les catholiques qui la constituent
(voire un pays à dominante catholique). On parle alors d’invasion, d’agressivité, de
prosélytisme, à partir du sentiment dominant de perte de terrain. Face à ceux qui sont
désignés comme des adversaires, on engage des processus de reconquête, des campagnes
de lutte. Deuxième cas de figure, la menace porte sur des individus, dont certains
catholiques. On ne parle plus d’adversaires directs, mais de groupes nocifs. Dès lors, il
faut informer, mettre en garde, mener des actions préventives. Troisième cas de figure,
37

« sectes » et NMR sont perçus comme des groupes révélateurs de déficits pastoraux. Ils
conduisent à des questionnements d’ordre pastoral, à des remises en question qui devront
être traduits par des actions ou des priorités pastorales.
La perception de ces groupes comme des menaces, réelles ou potentielles, ajoutée à la
méconnaissance fréquente (déjà soulignée) que les responsables ecclésiaux ont de ces
groupes, font que les initiatives d’informations objectives, de rencontres, d’échanges sont
très rares.

b- Initiatives du Centre d’information sur les nouvelles religions 

Fondé en 1984 par Richard Bergeron, le Centre d’information sur les nouvelles religions
(C.I.N.R.) se définit comme « un lieu d’analyse critique, de rencontre et de dialogue ». Il
justifie son attitude d’ouverture et de respect de la différence religieuse par son
enracinement « dans les évangiles ainsi que dans les déclarations sur la liberté religieuse,
l’œcuménisme et les religions non chrétiennes du deuxième concile œcuménique du
Vatican ». Certes, « la rencontre avec les nouveaux mouvements religieux est difficile et
parfois problématique », reconnaît B. Ouellet, directeur général du C.I.N.R., toutefois,
« si un dialogue officiel (entre les grandes traditions et les nouvelles religions) n’est pas
possible, il faut miser sur la rencontre interpersonnelle ». Organisme autonome, le
C.I.N.R. offre des services d’information, de consultation et d’accompagnement, ainsi
que des conférences, des sessions et des colloques. Au cours de ces derniers, de nouvelles
religions (telles l’Association internationale pour la conscience de Krishna, Eckankar,
etc.) sont invitées à donner leur point de vue, en fonction des thèmes retenus (la
souffrance, la famille, etc.). De plus, parmi les services de consultation, deux types de
groupe traduisent les attitudes d’ouverture prônées. Le Groupe-Alliance, qui réunit des
personnes dont un proche est devenu membre d’une nouvelle religion, vise à favoriser
une attitude positive face à cet événement et, à partir de là, une croissance personnelle ; le
Groupe-Intégration, qui entend aider des ex-membres de nouvelles religions à intégrer de
façon positive l’expérience qu’ils ont vécue.

XIII-Les sectes au Liban : (P. Bernard VACHEROT, Pauliste).

1-Témoins de Jéhovah:

Fondés par l'américain Charles Taze Russel (1852-1916).


Doctrine millénariste de la fin du monde. Le Christ et les « Témoins», vaincront «Satan»
(l'Eglise tant Orthodoxe que Catholique ou Protestante et toutes les autres religions...). De
cette bataille d'Harmaguedon, seuls les «Témoins» seront vainqueurs et « élus» le Christ
n'est ni Dieu ni «divin». Refus de la «Sainte Trinité». L'âme n’est pas immortelle. Il n'y a
pas d’enfer. Refus de toutes transfusions sanguines. Interprétation et lecture très bornée et
38

littérale de la Bible. Très militants ils ont pour revues «La tour de garde» et « Réveillez-
vous». Interdits par la loi Libanaise, ils ont payé de chèques à certains responsables
chrétiens. Leur lieu de réunion s'appelle «Salle du royaume». Ils refusent de
s'engager politiquement même dans la vie de leur pays et du peuple, refus qui
facilite bien de pressions occultes de «grandes puissances» dont il sont
volontairement ou non, les agents.

2-Adorateurs de Satan

De nombreuses sectes se nomment ainsi. Mais le plus grand de ces mouvements est celui
fondé par Anton La Vey en Amérique: «L'Eglise de Satan» (Californie). Satan n’est pas
un «mauvais esprit», mais le «Vrai Dieu» (Le Christ a menti sur son «Père» pour ne le
faire connaître qu'aux seuls «initiés»). Satan est donc celui qu'il faut adorer et à qui il faut
tout soumettre. Créateur et roi absolu.
Rites: «Messes noires», rites sexuels obscènes, parfois en certaines sectes on va jusqu’à
l'usage de drogues et hallucinogènes même jusqu'au «meurtre rituel».

Lieux: Toujours secrets et changeants pour échapper aux poursuites policières et


juridiques- repérés à Jbeil, Antelias, Beyrouth, Broumana, Dora où ils ont eu de
fréquentes réunions etc....

3-Courants d'illuminés issus d'exaltés mystiques:

Actuellement le pays Libanais et celui de la Syrie, sont traversés de courants mystiques


d'illuminés, de visionnaires et d'apparitions et divers « miracles». Sur ces manifestations,
la plus rigoureuse réserve est nécessaire tant que des études très scientifiquement
approfondies n'ont pas été menées et elles mêmes revérifiées, avec les apports de la
psychiatrie, de la neurologie et de la psychanalyse, ainsi que de la parapsychologie et de
la médecine en général. De plus les examens théologiques et dogmatiques doivent être
exigeants et méticuleux car des enseignements apparemment acceptables peuvent en
voiler d'autres qui ne le sont pas. Une certaine «dévotion» et le «piétisme» sont
extrêmement dangereux et cachent souvent des idées qui plus poussées deviennent
hérétiques. C'est ce pas que franchissent des «illuminés» comme le fameux Abou
Ghassan qui en Syrie en région de Damas, prône un retour à ce qu'il appelle «La
tradition». Enseignement très «piétiste» à l'extrême et très critique contre les Eglises et
leurs hiérarchies. Son groupe, très «élitiste» a tendance au « narcissisme » religieux et
donc à se démarquer du magistère de l’Eglise. II entraîne tout un groupe de prêtres,
religieux, religieuses, séminaristes et laïcs mal formés, à tendances « mystico-
névrotiques» qui sont béats d'admiration devant lui et prennent une attitude critique
39

contre l'Eglise. Monseigneur Isidore Batikha a eu des accrochages avec eux car il a
décelé leurs errements.
De même ont sévis pendant un temps, des religieux prés de Bikfaya- Khinchara, qui en
totale rupture avec leur convent, ont campé là, alors qu'eux aussi venaient de Syrie.
Même type de discours et idéologie, que Abou Ghassan. Un prêtre originaire de Zahlé
Père X, qui s'illustra dans une psychose de démonologie et d’exorcisme a été attiré par
eux. Le groupe semble avoir quitte le terrain.
En banlieue de Beyrouth, Jeanne d'Arc Farrage n'enseigne rien, mais «répète» ce que lui
« dit» la Vierge au cours «d'appariations». Elle «prédit» aux gens des choses que la
Vierge lui confie sur eux. Dévotion très puérile et « piétiste». Son groupe est composé de
gens crédules et de religieux dont l'esprit manque de critique et de rigueur scientifique et
théologique.
Le même piétisme puéril marque les soi-disant apparitions de la Vierge a Beyrouth,
narrées par un prêtre Syrien orthodoxe qui accompagnait un nommé Pierre qui quand à
lui concurrençait la célèbre Mirna de Soufanieh (Damas) dans ses manifestations
« huileuses», mais ce Pierre alla en prison en Syrie pour escroquerie. Il avait commencé à
escroquer à Paris chez son employeur et compatriote, puis tenta mais en vain de s'installer
au Liban.
Les «miracles» de Rmeiche, la «Vierge qui tourne». A Harissa, l’huile de l'image de
Saint Charbel près de Bikfaya, etc... sont à ranger dans cette même catégorie de
superstitions dévotieuses.
Seul le cas de Mirna à Soufanieh (Damas) présente des aspects positifs, encore que tout
n’est pas clair et qu'aucun examen scientifique sérieux n'a été mené sur la personne de
Mirna. Ceux que l’on présente dans le livret de Christian Ravaz, n'incitent pas du tout à
parler d'examens sérieux, au contraire et on comprend largement l’attitude réservée des
Patriarches Grec Orthodoxe et Grec Catholique. La plus grande réserve est de rigueur.
Malgré l'enseignement très net à ce sujet, de l'Eglise, renforcé par les règles du «Droit
canon», le peuple « canonise» ce que l’Eglise, plus avisée, ne «canonise» pas et une
regrettable puérilité mystique l'emporte sur une foi plus éclairée.

4-Enfants de Dieu: « Jésus-révolution »

Région Jbeil et environs. Fondés en Amérique par «Moïse David», ex pasteur David
Brandt-Berg-Doctrine millénariste. Satan a détruit l'harmonie créée par Dieu. Les pauvres
sont écrasés par les riches, mais les riches s'entretueront dans une guerre atomique et
seuls les "enfants de Dieu survivront". Mouvement fortement structuré. Moise David se
laisse volontiers confondre avec Jésus Christ, les membres de la secte sont les « brebis»
ceux du clergé, les «pasteurs» ou «Bergers». Recrutement par tous les moyens et en
particulier le «chantage sexuel» d'on leur surnom « Prostitués) (ées) de Dieu», ceci se
40

pratique pour « les gros clients» et permet d'obtenir d'eux, tout ce que vent la secte.
Journal: « Les nouvelles de la nouvelle nation». Livre de base: «Les lettres de Moise
David, aux enfants de Dieu» et un recueil de textes choisis de la Bible. En secret, malgré
des apparences «humanitaires», le mouvement sert les partis de la droite américaine.
Alliances avec la Lybie.

5-«Association pour l'unification du christianisme mondial »(A.U.C.M). «Pionniers


du nouvel âge» (Repérés a Beyrouth et Jounieh).

Le fondateur est Sun Myung Moon d'origine Coréenne. Le Christ échoua dans sa mission
et c'est Moon qui est le nouveau «Messie». Il rachète l'humanité du « péché» d'Adam et
Eve, et nul peut être sauvé qu'en devenant membre de son groupe. L'humanité, pour
vaincre Satan, doit s'unir sous la conduite de Moon Violemment anti-communiste et
socialiste, la secte est inféodée à la «C.I.A.» américaine. Le but secret est la soumission
de la terre au pouvoir américain. Très fortement structurée, la secte est très dangereuse
pour ses membres et use de tous les moyens psychologiques, sociaux, politiques,
financiers, de pressions. Moon possède des chaînes commerciales, hôtelières, des usines
d'alimentaire, des journaux et même des usines d'armement. So financier est. le colonel
Bo-Hi-Pack-Journal: «le nouvel espoir» ou “The way of the world”. «The Tide is rising».
Livre de Base: «les principes divins» de Moon. Pratique des « mariages collectifs» et
grands-meetings.

6-Méditation transcendantale

Fondée par Maharishi Mahesh Yogi(Indien). Méditation ne se voulant liée à aucune


croyance, mais en fait, très «hindouiste» et brahmanisante. Elargissement de la
conscience et de l'intelligence créatrice. Concentration sur un mantra que chacun garde
secret après une initiation. Seul le guide spirituel connaît le mantra de ses «fils ». But:
transformer le monde et transformer les personnes en transformant leur inconscient.
Repérés à Achrafieh près du patriarcat Arménien Catholique Jeitawi.

7-Courants pseudo-ésotériques au Liban

Multitude de petites «cellules» de groupes se livrant à des rites magiques à dominance


satanique avec rites de « messes noires», « envoûtements», etc... Toute une littérature
ésotérique et aussi « magique», souvent de médiocre qualité, envahit les magasins.
Certains rites sont allés jusqu'a des meurtres rituels, communions sacrilèges, orgies
sexuelles (voir archives des tribunaux et récentes affaires judiciaires), usages de drogues
mêmes « dures». Magiciens (ennes), envoûteurs, lettres magiques (souvent menaçantes),
prédicateurs d'avenir. Les pratiques sont connues et faites par des personnages inattendus
41

comme professeurs d’universités, et mêmes médecins, et autres notables... de tous genres,


même « proches» de milieux religieux. Courants « Hard-Rock», avec groupes comme
«Sadeness» (Marquis de Sade-origine du courant de pensée « sadique») et «Enigma».
Très largement diffusés par les télévisions, discothèques, vidéothèques, etc... Ces groupes
jouent une musique Rock dont les dangers sur l'équilibre nerveux ont été amplement
démontrés scientifiquement. Les dangers sont volontairement accrus par l'usage de
messages subliminaux qui influencent l'inconscient à l'insu de l’individu ou du groupe.
D'autres techniques sonores et visuelles (jeux de lumières a rayons X et ultra violet)
déstabilisent le psychisme et conditionnent les personnes et les groupes. Au Liban, le
groupe «Melting-Rock» a défrayé la chronique par un célèbre récital à «La Cité» de
Jounieh, et des concerts de «Rock» furent donnés chez les frères du collège de «Mont la
Salle », l'on y fit très largement usage de drogue…

XIV- Le dialogue avec les « sectes » fait-il partie intégrante du dialogue


interreligieux ?

À lire la position du délégué de l’épiscopat français, les initiatives du C.I.N.R., les


discours de théologiens avertis, il semble que le dialogue avec les « sectes » - que l’on
appellera désormais nouveaux mouvements religieux -prend sa place au sein du dialogue
interreligieux. En France, le service Pastorale et sectes et nouvelles croyances a été
rattaché, en 1995, au Comité épiscopal des Relations inter-religieuses et des nouveaux
courants religieux, lui-même intégré à la Commission épiscopale de la Mission
Universelle de l’Église. Au plan de « l’Église universelle », c’est le Cardinal Arinze,
président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux qui prend la
coresponsabilité du consistoire extraordinaire consacré à la question des « sectes ».
L’évolution même de la curie romaine manifestée en 1986, puis en 1991, paraît aller dans
ce sens. Dans le document romain, il est rappelé « qu’en traitant individuellement avec
les groupes, nous avons le devoir de procéder selon les principes du dialogue religieux
[...] » (1.6) ; certes, au terme de ce même document (4.), on lit « nous pouvons savoir [...]
par expérience qu’il n’existe généralement pas ou peu de possibilité de dialogue avec les
sectes », mais c’est à elles que cela tient. F. Arinze, dans son exposé proposé aux
cardinaux en 1991, revient sur cette question : le dialogue avec les NMR est-il possible ?
Il répond : le dialogue fait partie de l’apostolat de l’Église mais, poursuit-il, « comment
mener le dialogue avec les NMR avec la prudence et le discernement nécessaires ? La
nature de beaucoup de NMR et leur manière d’agir (il s’agit dans ce cas d’associations
qui sont soit dans l’erreur soit dangereuses) rendent le dialogue avec eux particulièrement
problématique pour l’Église ». Dès lors, « sans se refuser à discuter avec ces groupes,
l’Église doit réfléchir sur la manière de se défendre par des moyens légitimes ». Et il
préconise que les catholiques soient « toujours prêts à étudier et à identifier les éléments
42

ou les tendances (au sein des NMR) qui soient par elles mêmes bonnes ou nobles, et à se
demander s’il est possible de collaborer ».
Cette disposition au dialogue étant constatée, il est nécessaire de dire, d’une part,
qu’aucun dialogue officiel n’a été établi, jusqu’à ce jour, entre l’Église catholique et un
nouveau mouvement religieux et d’autre part, que le Conseil pontifical pour l’unité des
chrétiens dans son Directoire pour l’application des principes et des normes sur
l’œcuménisme déclare que ni les sectes ni les nouveaux mouvements religieux ne sont
concernés par les principes du partage spirituel ou de la coopération pratique qu’il
donne . Ces nouveaux éléments mettent une fois de plus le doigt sur la diversité des
définitions du mot et expression « secte » et « nouveau mouvement religieux » et sur la
diversité des attitudes perceptibles au sein de l’Église catholique.
Le dialogue avec les nouveaux mouvements religieux est possible selon certains,
souhaitable pour d’autres, incontournable, urgent et nécessaire pour d’autres encore ;
pour autant, ce dialogue n’est, au sens strict, ni un dialogue œcuménique, ni un dialogue
interreligieux. Soit parce que le nouveau mouvement religieux et ses intentions sont
méconnus (ou trop connus), soit parce qu’il est agressif à l’égard du catholicisme, soit
parce qu’il est considéré comme dangereux au regard de la loi. Ce qui rend une fois
encore toutes généralisations impossibles. Quant à ceux qui préconisent le dialogue, ils le
font généralement avec beaucoup de précautions, invitant à la prudence, à la vigilance, au
discernement, à la lucidité. Confrontations, controverses, mise en valeur des distinctions
et des différences sont conseillés pour éviter confusion, syncrétisme et relativisme. De
plus « on ne dialogue pas avec des institutions, mais avec des personnes », et « ce
dialogue se veut évangélisateur » (J. Vernette).
Ainsi, les positions et attitudes de l’Église catholique face aux « sectes » et aux NMR
oscillent entre l’opposition farouche due à des sentiments de menace et de danger et
l’ouverture prudente. C’est évidemment sur les lieux d’affrontement entre des
communautés catholiques et des groupements autres que les tensions sont les plus vives,
et le discours le plus combatif ; cela est vérifiable à grande échelle au Brésil comme au
Mexique, mais aussi plus simplement dans certains secteurs paroissiaux confrontés à la
venue d’un nouveau groupement. Pour autant, on ne peut pas assimiler ces lieux
d’affrontement aux lieux de « décatholicisassions », pas plus qu’on ne peut opposer de
manière simpliste l’attitude vécue par le pasteur (sur le terrain) aux attitudes préconisées
par le théologien, les références pour lesquelles nous avons opté en témoignent.
Malgré ces oscillations encore manifestes, une ligne directrice se dégage nettement,
que l’on pourrait dire inspirée par la dynamique conciliaire (Vatican II) et sa volonté
d’aller aux sources scripturaires : au nom de sa nature et de sa mission, l’Église est
contrainte à certaines attitudes, si elle ne veut pas manifester des incohérences entre ce
qu’elle est, ce qu’elle dit et ce qu’elle fait. C’est donc à partir d’une cohérence interne
43

que l’Église catholique s’engage sur le chemin de l’ouverture, de la rencontre et du


dialogue, ou en tout cas qu’elle le devrait comme le rappellent les conditionnels dont use
Arinze en présentant la position pastorale de l’Église (cf. II.1.2.). Il ne s’agit pas
formellement de dialogue interreligieux, mais on doit se comporter selon les principes,
dans l’esprit du dialogue interreligieux. C’est pourquoi, on doit pouvoir avancer que les
ouvertures du service national français, les initiatives de l’épiscopat québécois et du
C.I.N.R. ne sont pas des initiatives marginales, mais des expériences d’avant-garde.
Certes, les évolutions socio-religieuses et le nouveau pluralisme religieux favorisent les
évolutions de l’Église catholique en ce sens, à condition toutefois qu’ils soient connus
dans un premier temps ; acceptés dans un second. Il y a là une ligne de partage
fondamentale qui engage un discours et des attitudes différentes tant au plan pastoral
qu’au plan théologique.
Restent les partenaires du dialogue possible : les « sectes » et les nouveaux
mouvements religieux. S’ils font figure d’escrocs du religieux, de groupes abusifs et
dangereux pour l’individu et pour la société, à partir de décisions de justice, ils sont
rangés parmi les « sectes » (dans l’acception du langage courant) et ne seront pas
d’emblée perçus comme ces partenaires potentiels, mais ils ne seront « pas non plus
déclarés à priori incapables d’évoluer de manière positive ». Quant aux autres, en
fonction de la clarté de l’image qu’ils présentent (F. Arinze), ils peuvent devenir ces vis-
à-vis.

Conclusion :

D’après tout ce qui précède, nous pouvons conclure que le succès des sectes est une
invitation à faire notre propre examen de conscience. Chrétiens, sommes-nous
aujourd'hui la véritable Église de Jésus-Christ?
Le premier combat pour nos Eglises est celui de notre propre conversion. C'est le plus
efficace à long terme car il atteint les racines mêmes du mal. II n'y a pas de potion
magique contre la «maladie des sectes ». Le remède consiste dans le programme de santé
d'un christianisme vigoureux et tonique, d'un christianisme plus évangélique. Et surtout,
il nous faut redécouvrir les richesses de notre propre patrimoine chrétien, en retrouvant le
courant du grand fleuve de la Tradition après en avoir parfois désensablé les sources !
44

Bibliographie:

1- Livres:

 ROUSSE-LACORDAIRE Jérôme, 2007. Esotérisme et christianisme:


histoire et enjeux théologiques d’une expatriation, Paris : Cerf (Cogitatio
Fidei, 258).
 DORE Joseph, 1990. Sur l’identité chrétienne, Paris : Desclée (Relais-
études, 8).
 DESCOUVEMONT Pierre, 1990. Guide des difficultés de la foi
catholique, Paris : Cerf.
 MAYER Jean-François, 1987. Les sectes, Paris : Cerf (Bref, 4).
 VERNETTE Jean, 1979. Des chercheurs de Dieu « hors frontières »,
Paris : Desclée (Croire aujourd’hui).
 SANDRI Dominique, 1978. A la recherche des sectes et sociétés secrètes
d’aujourd’hui, Paris : Presses de la Renaissance.
 COLINON Maurice, 1959. Le phénomène des sectes au XX siècle, Paris :
Fayard (Je sais-je crois, 139).

2- Revues:
 CRANIAUX B., 2009. « Les nouveaux mouvements religieux et la
cosmologie », dans : Nouvelle Revue Théologique, nº 1, janvier-mars, pp.
41-64.
 VOYE L., 2005. « De la dangerosité des sectes et nouveaux mouvements
religieux ?, dans : Revue Théologique de Louvain, fasc.1, janvier-mars, pp.
21-41.
 GONCALVES Teresa O., 2005. « sectes et nouveaux mouvements
religieux dans la réflexion de l’Eglise », dans : Omnis Terra, nº 411, avril,
pp. 156-164.
 VERNETTE J., 2002. « Le nouveau paysage religieux en Europe à l’Orée
du troisième millénaire », dans : Esprit et Vie, nº69, novembre, pp. 3-13.
 SOUTY J., 2001. « Les sectes : religiosité dévoyée ou religions du
futur ? », dans : Sciences humaines, nº 122, décembre, pp. 16-20.
 VERNETTE J., 2001. « L’Eglise catholique et les sectes », dans :
Documentation Catholique, nº 2245, avril, pp. 321-327.
 VERNETTE J., 2001. « L’Eglise catholique et les sectes », dans : Esprit et
Vie, nº 30, mars, pp. 39-45.
45

 COLLECTIF, 1999. « Sectes », dans : Actualité des religions, nº 6, juin,


pp. 36-51.
 SCHLEGEL J-L, 1999. « Les sectes à l’âge démocratique », dans : Etudes,
nº 3916, décembre, pp. 597-610.
 SCHONBORN C., 1997. « Y-a-t-il des sectes dans l’Eglise ? », dans :
Documentation Catholique, nº 2166, septembre, pp. 791-796.
 COLLECTIF, 1996. « Regards et interrogations sur le problème des sectes
dans l’actualité », dans : Documentation Catholique, nº2138, mai, pp. 489-
490.
 VERNETTE J., 1995. « Sectes nouveaux mouvements religieux et
nouvelles croyances », dans : Esprit et Vie, nº 36, septembre.
 VERNETTE Jean, 1995. « Nouveaux mouvements religieux sectes et
nouvelles croyances. Etat des lieux », dans : Documentation Catholique, nº
2107, janvier, pp. 19-21.
 VACHEROT B., 1994. « Phénomènes religieux contemporains, les sectes
en général et au Liban », dans : Revue sacerdotale, nº1, pp. 51-58.
 VERNETTE J., 1992. « Les sectes, nouveaux mouvements religieux et la
nouvelle religiosité en Europe », dans : Lumen Vitae, nº4, p. 439-450.
 ARINZE Francis, 1991. « Le défi des sectes et des nouveaux mouvement
religieux : approche pastorale », dans : Documentation Catholique, nº 2028,
mai, pp. 485-491.
 VERNETTE J., 1991. « Les sectes, défi et chance pour l’église », dans :
Documentation Catholique, nº 2037, novembre, pp. 957-595.
 COLLECTIF, 1986. « Les sectes ou mouvement religieux : défi
pastoral », dans : Documentation Catholique, nº 1919, juin, pp. 547-554.
 RICCA Paolo, 1982. « secte ou ordre ? », dans : Concilium, nº 178,
octobre, pp. 61-70.
 VERNETTE J., 1981. « Le foisonnement des sectes, question posée à la
pastorale », dans : Nouvelle Revue Théologique, nº5, pp. 641-663.

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