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SPECIFICITES COMPTABLES ET FISCALES DU SECTEUR DES ASSURANCES

SERVICE DES MONOGRAPHIES


2017
SOMMAIRE

I/ ORIGINALITE DE L’ACTIVITE D’ASSURANCE

II/ SPECIFICITES COMPTABLES

III/ REGIME FISCAL

IV/ RISQUES FISCAUX

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I/ ORIGINALITE DE L’ACTIVITE DES ASSURANCES
L’originalité de l’activité des Assurances tient notamment aux aspects pertinents
suivants :

MUTUALITE DES RISQUES

INVERSION DU CYCLE DE PRODUCTION

REPARTITION DES RISQUES

SPECIFICITES REGLEMENTAIRES

ACTIVITE CONTROLEE

RECOURS AUX INTERMEDIAIRES

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Mutualité des risques

L'assurance est une opération par laquelle l'assureur groupe en mutualité des assurés
afin de les mettre en mesure de s'indemniser mutuellement d'une perte éventuelle
moyennant une somme appelée prime, payée par chaque assuré à l'assureur qui la
verse dans la masse commune.

Ainsi, l'opération d'assurance doit être statistiquement organisée et portée sur un


nombre important de risques dispersés, homogènes et à fréquence variable.

L'assureur groupe une mutualité de risques suivant des bases scientifiques qui lui
permettent d'établir le coût du risque (prime pure) et le coût de gestion
(chargements et commissions).

Inversion du cycle de production

Le cycle de production des sociétés d’assurances est inversé : l’assureur perçoit


d’abord le prix de la prestation « la prime » payée par l’assuré, sachant que la
prestation « indemnité » ne sera livrée qu’ultérieurement. Ainsi, contrairement aux
entreprises commerciales ou industrielles qui fixent leurs prix de vente en fonction de
coûts préalablement encourus, l’assureur fixe le prix de vente de sa prestation, alors
que le prix de revient de cette dernière, par construction, lui est encore inconnu.

L’inversion du cycle de production a, au moins, trois conséquences importantes :

Elle confère un caractère extrêmement risqué aux opérations d’assurance


(vente à perte possible) ;

L’assurance s’engage vis-à-vis des assurés à exécuter la prestation, quoi qu’il


arrive : cet engagement d’un montant aléatoire se traduit comptablement par
l’inscription des provisions techniques au passif de la société ;

Tant que la prestation n’est pas exécutée, l’assureur place les primes reçues sur
les marchés financiers en participant ainsi au financement global de
l’économie.
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Répartition et division des risques

La division et la répartition des risques sont effectuées moyennant les opérations de


réassurance et de coassurance. Il s’agit d’opérations par lesquelles l'assureur partage
ou se décharge d'une partie des risques sur le réassureur ou le Coassureur.

Spécificités réglementaires

Les spécificités réglementaires du secteur des assurances se manifestent notamment


par :

Un code spécifique;
Un plan comptable spécifique ;
Des règles d'évaluation des provisions techniques et réglementation de la
structure des placements (couverture des provisions techniques) et du niveau de
risque cédé aux réassureurs ;
L’existence d'un environnement fiscal spécifique.

Activité contrôlée

L'assurance met en jeu des capitaux qui ne sont pas la propriété des entreprises
d'assurances, mais constituent le gage des assurés et bénéficiaires de contrats. Aussi,
faut-il protéger cette masse de capitaux dont les sociétés se trouvent dépositaires.
Cette protection ne peut être assurée que dans un cadre structuré et organisé de
manière telle à permettre à cette activité de s'exercer dans les meilleures conditions
de solvabilité et de rentabilité possible tout en préservant les intérêts de toutes les
parties en cause.

A ce titre, l’activité des sociétés d’assurances est contrôlée par l’Autorité de Contrôle
des Assurances et de la Prévoyance Sociale. En effet, cet organisme est chargé du
contrôle de la solvabilité de ces entreprises, avec le but ultime de protéger les droits
des assurés et des bénéficiaires de contrats d’assurance, et d’assurer un contrôle
macro-prudentiel en coordination avec les autres autorités du contrôle du secteur
financier (Bank Al-Maghrib et l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux).

Dans son Titre VI "Les règles de contrôle", le code des assurances précise l'étendue et
les modalités de contrôle.
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Aspects du contrôle

Financier :
Juridique : Technique :
vérification de la
Contrôle de l'application Examen des méthodes
solvabilité et des
des législations et suivies pour l'estimation
conditions de
respect des obligations des engagements et
souscription des
reciproques des parties détermination des tarifs.
contrats.

Recours aux intermédiaires

Le mode de distribution des produits d’assurance implique le recours à des


intermédiaires (courtiers et agent d’assurance). En conséquence, le risque de
recouvrement augmente et implique un manque à gagner au niveau des
placements affectant la rentabilité et le niveau de couverture.

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II/ SPECIFICITES COMPTABLES DES SOCIETES D’ASSURANCE :
A. Règles comptables spécifiques des sociétés d’assurances

Les entreprises d’assurances et de réassurances sont régit par la loi n° 17-99 portant
code des assurances. A cet effet, l’article 233 et suivant dudit code impose à ces
entreprises de respecter les dispositions de la loi n° 9-88 relative aux obligations
comptables des commerçants, tout en tenant compte des spécificités fixées par le
dit code notamment :

La forme et le contenu du cadre comptable et des états de synthèse ;

La liste et les modalités de fonctionnement des comptes ;

L’inscription au bilan des provisions techniques suffisantes pour le


règlement intégral des engagements contractés à l’égard des assurés et
ceux relatifs aux prestations de réassurance. Les conditions de
constitution, d’évaluation et de représentation de ces provisions sont
fixées par la règlementation en vigueur.

La justifiecation de l'existence d'une marge de solvabilité destinée à faire


face aux risques des opérations d'assurance.

La mise en place d’une "piste d'audit interne" du système comptable qui


doit permettre :

 La reconstitution chronologique des opérations ;

 La justification de l'information par une pièce d'origine ;

 L'explication de l'évolution des soldes entre deux arrêtés.

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En plus, l’activité d’assurance et de réassurance est régit par un plan comptable
spécifique prenant en considération les particularités de l’activité via notamment les
aspects suivants :

Des rubriques particulières aux opérations d’assurances telles que :

 Primes ;

 Prestations et frais ;

 Provisions techniques brutes ;

 Placements affectés aux opérations d’assurances ;

 Etc.

Les comptes de produits retracent les primes émises, la variation des


provisions pour primes non acquises, les produits techniques d’exploitation
et les produits de placements.

Les produits et les charges de l'exercice sont ventilés au sein de deux


comptes techniques ("vie" et "non-vie") et d'un compte non technique
ainsi qu'un tableau récapitulatif qui dégage les résultats suivants :

 Résultat technique des assurances sur la vie ;

 Résultat technique des assurances non-vie ;

 Résultat non technique ;

 Résultat avant impôts ;

 Résultat net.

L’assureur est un prestataire de service ; ainsi aucun stock n’apparaîtra au


bilan. Les réserves techniques des sociétés d’assurances sont en quelque
sorte l’image inversée des stocks des sociétés à activité industrielle ou de
négoce.

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Du fait de l’inversion du cycle de production, le bilan d’une entreprise
d’assurance présente des caractéristiques fortes par rapport à une
entreprise traditionnelle :

 A l’actif le montant des placements est extrêmement


significatif ;

 Au passif l’engagement envers les assurés (les provisions)


dépassent très largement le montant des fonds propres.

Les opérations se dénouent généralement à long terme ; l’assureur doit


attendre le jugement du tribunal avant d’être à même de régler
l’indemnité, ce qui peut demander plusieurs années. Ce dernier ne
connaîtra qu’après un long délai son prix de revient et il lui sera nécessaire
d’avoir une double comptabilisation, l’une par exercice comptable,
l’autre par exercice de référence pour appréhender ce prix de revient.

une part importante des dettes « les provisions techniques » qui ne peut
être déterminée que par des évaluations ou des estimations en assurance
accidents alors qu’en assurance-capitalisation ces dettes reposent sur des
calculs actuariels. En vue de pallier une insuffisance éventuelle de ces
provisions l’assureur devra se constituer une marge de sécurité « marge de
solvabilité » en accident et une « réserve de garantie » en vie-
capitalisation.

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B. Obligations comptables des sociétés d’assurances :

Les compagnies d'assurances doivent établir à la fin de chaque exercice comptable


des états et un certain nombre de rapport aptes à donner une image fidèle de leur
patrimoine, de leur situation financière et de leurs résultats. Il s’agit notamment des
documents suivants :

Les livres comptables (Livre journal, Grand livre, Livre d’inventaire, Livres et
journaux auxiliaires) ;

Les états de synthèse composés du bilan, du compte de produits et


charges, de l'état des soldes de gestion, du tableau de financement et de
l'état des informations complémentaires ;

Un manuel qui a pour objet de décrire leur organisation comptable et ce,


quel que soit le montant du chiffre d'affaires annuel ;

Les états statistiques et financiers qui permettent de donner une


appreciation des resultats techniques et financiers de l’entreprise;

le rapport de solvabilité comportant une analyse des conditions dans


lesquelles l’entreprise garantit, par la constitution de provisions techniques,
les engagements qu’elle prend à l'égard des assurés, en justifiant que ces
provisions sont suffisantes pour couvrir l’intégralité des engagements ;

les rapports d’audits ou d’études actuarielles, etc.

Par aileurs, les polices d’assurance sont établies sous une numérotation continue
pouvant comprendre plusieurs séries sans omission ni double emploi. Toutefois, des
séries distinctes et continues de numéros doivent être adoptées pour permettre de
différencier les catégories et sous-catégories d'une part, et, le cas échéant, les pays
ou régions d'autre part. Par ailleurs, les informations relatives aux registres des polices
d’assurance doivent être, à tout moment, d'un accès facile.

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C. Analyse des principales règles comptables :

Les règles relatives à l’enregistrement comptable des primes émises ne soulèvent pas
de points particuliers néanmoins, le regard sera porté sur deux aspects qui peuvent
être à l’origine de risques très importants :

Rattachement des produits à l’exercice qui les concerne

Traitement comptable des quittances retournées

C.1 R ATTACHEMENT DES PRODUITS A L ’EXERCICE QUI LES CONCERNE :

Le plan comptable des sociétés d’assurances consacre le principe de rattachement


des produits à l’exercice qui les concerne, en prévoyant les règles d’ajustement des
primes, et leur provisionnement à l’arrêté des comptes pour ne conserver dans les
produits que les primes acquises à l’exercice. En conséquence, il y a lieu d’observer
notamment les règles suivantes :

Les primes provenant de la distribution des contrats d'assurance et des


acceptations en réassurance doivent être comptabilisées dès la signature du
contrat d'assurance même si le montant de la prime n'a pas encore fait l'objet
d'un encaissement par l'entreprise d'assurance et /ou de réassurance.

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Dans le cas où la garantie accordée porte sur plusieurs exercices comptables,
seule la part de la prime qui correspond à la période de garantie de l'exercice
en cours doit être intégrée dans les revenus de la période. Ainsi, le produit
enregistré d’avance est éliminé des produits d’exploitation par l’intermédiaire
du débit du compte « variation des provisions pour primes non acquises », en
contrepartie du crédit du compte de provision « provision pour primes non
acquises ».

Parallèlement au traitement précédent, le montant correspondant aux


charges d’acquisition afférentes aux primes en question, est crédité au
compte « frais d’acquisition reportés » par le débit du compte d’actif «
charges d’acquisition reportées ».

Ces écritures sont reprises à l’ouverture de l’exercice suivant.

Lorsqu’il y a des primes qui se rattachent à l’exercice mais qui n’ont pas pu
être émises à temps, elles sont ajoutées aux produits d’exploitation par
l’intermédiaire du compte d’actif « primes à émettre».

Lors de chaque inventaire dans le cas où, pour des raisons techniques, la
prime d’assurance non vie n'a pas fait l'objet d'une émission elle doit être
inscrite dans les revenus en utilisant les primes acquises et non émises.

A la clôture de l'exercice il doit être tenu compte des garanties, relatif à


l’assurance vie, ayant pris effet avant la date de clôture mais pour lesquelles
la prime correspondante n'a pu être émise. L'enregistrement comptable est
effectué à l'aide des comptes de primes acquises et non émises
conjointement à la constatation d’une provision mathématique.

Enfin, lors de chaque inventaire, les entreprises doivent évaluer, selon des
méthodes statistiques reconnues, les annulations de prime qui interviendront
sur les primes émises et les primes acquises et non émises.

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C.2 TRAITEMENT COMPTABLE DES QUITTANCES RETOURNEES :

Les quittances non encaissées par les intermédiaires sont retournées à la société
d’assurances.

Les quittances peuvent etre retournées pour les raisons suivantes :

Quittances retournées

Soit pour annulation pure et simple en Soit pour passage au contentieux-


raison de résiliation ou d’erreur (pour recouvrement ; notamment pour le cas
réémission sur de nouvelles bases) des assurances non vie

Les quittances annulées donnent lieu au débit des comptes de primes concernés
au niveau du CPC. Par contre, les quittances qui donneront lieu à une procédure
de recouvrement en contentieux, sont transmises au compte « assurés-primes
contentieuses ».

A l’inventaire, il est procédé à l’estimation des primes restant à annuler qui sont
enregistrées par le crédit du compte 4427 « Primes à annuler ». Il est rappelé que
cette estimation se fait selon une méthode statistique se référant à l’expérience
de la société.

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III/ REGIME FISCAL DES COMPAGNIES D’ASSURANCE :
1. Impôt sur les sociétés

Le taux d’IS applicable aux compagnies d’assurance est de 37% (article 19 du CGI).

En vertu de l’article 144 du Code Général des Impôts, la base de la CM comprend :

Chiffre d’Affaires

Autres produits d’exploitation et produits financiers

Subventions, dons et primes.

2. Taxe sur la valeur ajoutée :

Les prestations réalisées par les sociétés ou compagnies d’assurances et qui relèvent
de la taxe sur les contrats d’assurances sont exonérées sans droit à déduction (article
91 du CGI). Toutefois les commissions perçues par les intermédiaires y sont soumises au
taux de 14% sans droit à déduction (article 99 du CGI). La particularité de la TVA sur
commission provient du fait qu’elle est retenue sur le montant des commissions par la
compagnie d’assurance qui en est débitrice envers le Trésor (article 116 du CGI).

3. Taxe professionnelle :

Chaque société d’assurance est imposée sur la totalité de la valeur locative. Lorsque
le local est exploité par un courtier ou un démarcheur, le local est imposé au nom du
courtier ou du démarcheur uniquement.

Lorsque le local est exploité par un agent d’assurance qui représente une ou plusieurs
compagnies, la taxe professionnelle est établie au nom de l’agent ainsi qu’au nom de
chacune des compagnies représentées sur la base du montant total de la Valeur
Locative.

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4. Taxe sur Les contrats d'assurances :

Les contrats d'assurances passés par les entreprises d'assurances ainsi que tous actes
ayant exclusivement pour objet la formation, la modification ou la résiliation amiable
desdits contrats, sont soumis, à l'exclusion des droits de timbre, d'enregistrement et de
la taxe sur la valeur ajoutée, à la taxe sur les assurances.

La taxe sur les assurances est établie sur le montant des primes, surprimes ou
cotisations. Elle est acquise au Trésor à la date d'échéance des primes, surprimes ou
cotisations.

La taxe due au titre d’un mois doit être versée avant l’expiration du mois suivant, à la
caisse du receveur de l’administration fiscale dont relève le siège des sociétés
d’assurances, de leurs représentants ou des intermédiaires d’assurances.

A l’appui de ce versement, les redevables de la taxe doivent produire :

Une déclaration conforme au modèle établi par l’administration ;

Un relevé certifié conforme aux écritures comptables de la société, faisant


ressortir, pour chaque catégorie d’assurances le montant des primes, surprimes
et cotisations échues au cours du mois et le montant des déductions à opérer
ventilé par motif de déduction. La comptabilité des assureurs doit permettre de
justifier à tout moment de ces déductions.

Le vérificateur effectuera les contrôles de cohérence au titre de l’application de la


taxe d’assurance et portant notamment sur les comptes de primes et de taxe
collectée. Il identifiera par ailleurs les ristournes sur primes accordées par la société et
procédera, sur la base de ces éléments, au rapprochement des déclarations des
taxes et des ristournes sur primes souscrites par la société avec la comptabilité.

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IV/ LES RISQUES FISCAUX DU SECTEUR :

Sur le plan fiscal, et compte tenu des particularités réglementaire et comptable voire
des caractéristiques des processus de production et de recouvrement des primes, les
principaux risques fiscaux peuvent être articulés autour des axes suivants :

Spécialisation
des exercices

Annulations
Provisions
de primes

Risques fiscaux
Déclarations
&
Réassurance
Prélèvements
fiscaux

Encaissement Transfert de
des primes bénéfice

1/ Spécialisation des exercices :

Il s’agit du risque d’absence d’exhaustivité de rattachement des primes à l’exercice


qui les concerne et le cas échéant la régularisation de la reprise des provisions
mathématiques en assurance vie afférentes aux capitaux ou rentes échus et payés.
Les ajustements tardifs pourraient faire l’objet de redressement fiscal au niveau de
l’exercice de rattachement des opérations en question. En vue de déceler la
présence de ce risque, le vérificateur doit apprécier notamment le niveau normal des
primes moyennes par catégorie d’assurance par rapport à l’exercice précédent. En
plus, il serait judicieux d’effectuer des recoupements des primes enregistrées avec les
états récapitulatifs établis par les intermédiaires.

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2/ Annulations de primes :

Les annulations des primes sont parfois déduites des produits imposables sans aucune
justification ou parfois de manière erronée.

Les anomalies qui entachent les annulations de primes prennent notamment les
formes suivantes :

Annulation de primes émises durant des exercices prescrits alors que ces
régularisations devaient s’effectuer durant leurs exercices de rattachement.

Annulation de primes impayées, dont le délai entre la date d’émission et


d’annulation dépasse deux ans, sans qu’aucun recours judiciaire ne soit
introduit et sans même faire l’objet de lettre de mise en demeure .

En effet, dans le cas où la société d’assurances ne mettrait pas en demeure l’assuré


de payer les primes concernées, l’annulation «tardive» des primes ainsi impayées sans
un quelconque recours judiciaire sera interprétée comme étant un abandon de
créance, normalement non déductible fiscalement.

3/ Provisions :
Le risque de provision touche principalement les types de provisions suivantes :

Provisions techniques

Provisions pour ajustement des primes

Provisions pour sinistres à payer

Provisions pour dépréciation des créances

Provision pour dépréciation des titres

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3.a / Provisions techniques :

Entre le moment où l'assureur reçoit les primes et celui où il paie les capitaux garantis
ou les rentes, beaucoup de temps s'écoule et l'assureur doit constituer des provisions
techniques pour faire face à ses engagements.

Ces provisions résultent pour l’essentiel d’évaluations et d’estimations faites en


conformité avec les dispositions réglementaires régissent l’activité de
l’assurance notamment :

la constitution de la quasi-totalité des provisions devra être effectuée en


respect des seuils minimums prévus pour chaque type ; ce qui implique par
ailleurs, que les entreprises pourraient constituer, sur justification suffisante, des
montants de provisions supérieurs à ces seuils ;

les modalités de détermination de ces provisions sont dans certains cas


impératifs dans d’autres optionnels.

Ainsi, le risque majeur consiste dans l’excès des provisions techniques. Ce risque peut
résulter de certaines erreurs matérielles (évaluation multiple d’un même sinistre,
évaluation supérieure au plafond contractuel, paiements indus effectués, franchises
non déduites ...), d’erreurs d’appréciation (mauvaise appréciation du nombre de
sinistres inconnus, mauvaise application des normes internes ...) ou difficultés
rencontrées fréquemment dans l’évaluation de certains sinistres (tels que
responsabilité civile ou même dommage corporel).

A cet effet, les provisions techniques qui sont constituées conformément aux
dispositions réglementaires sont déductibles de la base imposable à l’impôt sur les
sociétés. En revanche, celles constituées en dérogation à la réglementation ne
seraient pas déductibles de la base imposable. Il en est de même des provisions «
excessives », dont le surplus, par rapport aux seuils réglementaires, n’est pas
suffisamment justifié et documenté.

Les provisions techniques comportent plusieurs types, néanmoins le regard sera plutôt
focalisé sur les provisions pour ajustements des primes et celles pour sinistres à payer.

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3.b / Provisions pour ajustement des primes :

Les primes sont comptabilisées lors de leurs émissions, quelle que soit la période au
titre de laquelle, elles ont été émises. Ainsi, certaines régularisations sont nécessaires
et visent la fiabilisation du chiffre d’affaires et son rattachement adéquat à l’exercice
qui le concerne. La réglementation ne prévoit qu’une seule provision relative à
l’ajustement des primes : la réserve pour primes non acquises.

D’autres types de régularisation des primes sont mises en œuvre d’après une pratique
courante dans les assurances notamment :

La provision pour annulation de primes ;

La provision pour primes acquises non émises.

3. b.1 / Provision pour annulation de primes :

L’estimation de ce type de provisions se réfère aux statistiques des annulations


passées dès lors que ce mode de calcul de cette provision n’étant pas prévu par une
réglementation spécifique. L’insuffisance de justification des modalités de calcul de
cette provision, ainsi que leur changement d’un exercice à un autre pourraient être à
l’origine d’un risque de redressement total ou partiel des estimations d’annulations de
primes en fin d’année. Le vérificateur peut demander l’état détaillé des annulations
de primes impayées en les recoupant avec les comptes de primes, et vérifier qu’il
n’existe pas d’annulations de primes n’ayant pas donné lieu au préalable à l’envoi
de lettre de mise en demeure et l’engagement de poursuites judiciaires à l’encontre
des assurés concernés. Dans le cas contraire, il faut procéder au redressement du
montant des annulations qui constituent des abandons non justifiés.

3. b.2/ Provision pour primes acquises non émises :

Cette provision n’est également pas prévue par un quelconque dispositif


réglementaire. Elle vise à tenir compte dans le résultat de l'exercice, des primes dont
l’émission n’est pas encore réalisée tandis que le risque court sur l’exercice concerné.
La provision est déterminée d’après les retards constatés historiquement dans
l’émission des primes, sous réserve que les conditions d’exploitation n’aient pas
changé. 18
3.c/ Provisions pour sinistres à payer :

La provision pour sinistres à payer est la valeur estimative des dépenses pour sinistres
non réglés et le montant des dépenses pour sinistres réglés restant à payer à la date
de l'inventaire. Selon la réglementation des assurances, cette provision est évaluée
dossier par dossier augmentée d'une majoration estimée qui ne doit pas être
inférieure à l'évaluation dégagée par les autres méthodes prévues par la
réglementation des assurances. Cependant, il y’a lieu de préciser que si l’évaluation
dossier par dossier permet de dégager les charges à payer et donc des pertes
probables, les majorations sus mentionnées correspondent à des pertes éventuelles
qui occassionnent un risque de déductibilité fiscale.

Par ailleurs, le code des assurances précise un délai maximum de déclaration des
sinistres de cinq jours (article 20) ainsi qu’un délai de prescription de deux ans (article
36). Or, l’inventaire des provisions pour sinistres à payer, détenu par les compagnies
d’assurance, permet parfois de constater l’existence de provisions pour lesquels le
délai écoulé entre la survenance du sinistres et la constitution de la provision dépasse
un an et peut aller dans certains cas à plusieurs années.

Ainsi, le risque devient confirmé si, l’examen des dossiers des provisions pour sinistres à
payer ne permet pas de relever aucun document ou pièces permettant de justifier
l’existence de cas fortuit ou de force majeure pouvant justifier ces délais importants
entre la date de survenance des sinistres et les dates de constitution des provisions.

Par ailleurs, il y a des sociétés qui enregistrent des provisions pour sinistres à payer
évaluées de manière forfaitaire en fonction de la nature du sinistre et non pas sur la
bases des pièces justificatives nécessaires pour l’évaluation du sinistre déclaré.

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3.d/ Provisions pour dépréciation des créances :

Les provisions pour dépréciation des créances sur les intermédiaires ainsi que sur les
assurés de la compagnie présentent un risque dans la mesure où des provisions
pourraient être constatées en comptabilité alors que :

Aucune procédure de recours n’est introduite en justice ;

L’introduction du recours a été faite hors délai ;

La provision est devenue sans objet.

Ainsi, en l’absence d’éléments permettant de justifier le bien fondé de la


dépréciation, notamment l’absence du recours judiciaire, les provisions constatées
en franchise d’impôt sont à reprendre au résultat fiscal de la compagnie.

3.e/ Provision pour dépréciation des titres :

Faisant suite à leur politique de placement, les compagnies d’assurance constatent


généralement, suite à l’évolution de la conjoncture, des provisions pour se prémunir
contre la dépréciation des titres. De même, elles peuvent parfois surestimer la
dépréciation sans procéder par la suite à son actualisation au 31/12 eu égard aux
données économique réelles de la société émettrice et à la réalité du marché.

Or, la constatation de provisions pour dépréciation des titres et son maintien au bilan
doit d’une part, être basée sur une évaluation objective de la société émettrice des
titres notamment l’évolution du marché, la conjoncture, les perspectives
économiques, etc. D’autre part, elle doit être justifiée par la dégradation de la
situation financière de la société concernée, de sa rentabilité et de ses perspectives
d’avenir. Si cette provision n’a pas été appuyée d’éléments justifiant la dépréciation
de la valeur des titres par rapport à leur coût d’acquisition elle doit être réintégrée.

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4/ Encaissement tardif des primes :

Il arrive que les compagnies détiennent des créances sur les intermédiaires
d’assurances (agents et courtiers) pour des périodes qui dépassent l’année. A ce
sujet, il y a lieu de signaler que la réglementation en vigueur en matière des
assurances, notamment les arrêtés du ministre des finances N° 1341-90 du 16 octobre
1990 et N° 2241-04 du 27/12/2004, édictent ce qui suit :

les primes doivent être encaissées à leur échéance ou à leur émission ;

Les primes afférentes aux contrats renouvelés par tacite reconduction peuvent
être encaissées dans un délai maximum de :

 30 jours pour l’assurance automobile ;

 45 jours pour l’assurance maladie « groupe » ;

 90 jours pour les autres catégories.

Les primes doivent être versées par les intermédiaires aux compagnies
d’assurances dans les quinze jours suivant la date de leur encaissement.

A cet effet, il y a lieu de considérer les primes non versées par les intermédiaires à la
compagnie comme étant des avances de fonds consenties sans rémunération à ces
intermédiaires. A ce titre, la dispense d’intérêts sur les fonds mis à la disposition des
agents et des intermédiaires n’est pas admise sur le plan fiscal car elle constitue une
libéralité accordée par la compagnie et un manque à gagner au niveau des
placements, surtout si lesdites compagnies ont subi des charges financières
importantes, ayant généré des déductions aussi bien en matière d’impôts sur les
sociétés qu’en matière de taxe sur la valeur ajoutée.

Il résulte que les produits financiers non facturés au profit des débiteurs précités sont à
appréhender en appliquant des intérêts de retard aux soldes des créances non
mouvementés pour une période supérieure à 12 mois.

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5/ Réassurance :

La réassurance est l’ opération par laquelle une société d’assurances (la cédante)
s’assure elle-même auprès d’une autre société (le réassureur) pour une partie des
risques qu’elle a pris en charge.

L’opération de réassurance est dite «en acceptation» à l’égard du réassureur, et «en


cession » à l’égard de la cédante.

Les particularités des opérations de réassurance induisent certains risques fiscaux


notamment au niveau des commissions d’acceptation en réassurance qui
constituent les rémunérations versées par les réassureurs aux cédantes au titre des
affaires qui leur sont cédées.

En effet, ces commissions ne sont généralement pas soumises à la TVA, par les
compagnies d’assurance, estimant qu’elles ne constituent pas la contrepartie d’une
prestation de service qui leur est fournie par la société de réassurance.

Toutefois, la doctrine administrative se base d’une part, sur l’absence d’exemption


expresse des opérations de réassurance de la TVA, et d’autre part, sur la « similitude »
de cette commission avec celle versée par les assureurs à leurs intermédiaires, pour
invoquer l’assujettissement à la TVA des commissions versées par les cessionnaires à
leurs cédantes.

6/ Transfert de bénéfice :
Le risque de transfert de bénéfice prend généralement les formes suivantes pour les
sociétés d’assurance :

Assistance technique

Financement intragroupe

Assurance/Réassurance

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Assistance technique

Le risque consiste à relever, au niveau de la société d’assurance contrôlée, la


comptabilisation en charges déductibles de factures établies par la société mère au
titre de prestations d’assistance technique et de conseil fournis par celle-ci.

En plus, les montants octroyés à la société d’assurance sont généralement facturés


forfaitairement sur la base d’un contrat préalable entre les deux parties.
Généralement au niveau dudit contrat, la société mère met à la disposition de la
société d’assurance dépendante, son savoir-faire et ses compétences en matière de
conseil, d’assistance, d’accompagnement ou d’animation de nature stratégique,
organisationnelle, administrative, technique et commerciale, notamment dans le
domaine financier, comptable, juridique, fiscal, de contrôle de gestion interne, de
ressources humaine et de communication. En rémunération des prestations citées ci-
dessus, les parties fixent habituellement la rémunération en faveur de la société mère
et ce, par application d’un pourcentage fixe au montant annuel hors taxes des
primes émises nettes d’annulations et de ristournes.

Toutefois, le contrat du conseil et de l’assistance technique et sa mise en œuvre


suscite les observations suivantes :

La rémunération est généralement forfaitaire et ne fait pas l’objet de


facturation sur la base de services et prestations effectifs fournis par la société
mère à sa filiale (nature des prestations, nombre d’heures, taux horaires,
identités des intervenants…) ;

Une partie des prestations de service prévues par le contrat susvisé tel que
l’assistance et les conseils en matière de gestion fiscale, comptable et
financière, fait aussi l’objet de facturation par des fournisseurs locaux, extérieurs
au groupe.

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Financement intragroupe

Les compagnies d’assurances accordent parfois à certaines sociétés du groupe des


avances assorties soit des intérêts à un faible taux, soit d’aucune rémunération
constatée parmi les produits.

De même, les transactions de placements intra groupe présentent le risque d’être


effectuées à des conditions anormales par référence aux marchés spécifiques aux
biens en question : les prix de cession des titres et autres placements, taux d’intérêt,
etc.

A ce sujet, il y a lieu de signaler que ces pratiques ne sont pas admises sur le plan
fiscal.
Assurance/Réassurance

Certains groupes décident d’internaliser la fonction d’assurance en constituant des


sociétés dédiée à cette fonction : celle-ci facture les primes d’assurance aux sociétés
du groupe en contre partie de la couverture des sinistres.

Parfois même la société d’assurance décide de s’assure elle-même contre les risque
qu’elle couvre en faisant appel à d’autre société de réassurance du même groupe.

Les sociétés d’assurance et de réassurance sont localisées dans des Etats à fiscalité
modérée.

Ainsi, le groupe peut manipuler le prix de transfert en jouant sur le prix des primes
d’assurance et de réassurance.

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7/ Déclarations et prélèvements fiscaux :

Les risques de déclaration et de prélèvements fiscaux portent notamment sur les


aspects suivants :

Taxe sur les contrats d’assurance

Imposition à la source relative à l’Impôt sur le Revenu

Déclaration des ristournes au titre des participations aux bénéfices

Taxe sur les contrats d’assurance

Cette taxe doit être prélevée sur les primes à leur échéance, conformément à la
réglementation en vigueur.

Néanmoins, il se trouve que parfois, la taxe n’est déterminée que lors de l’émission
des primes qui intervient dans certains cas postérieurement à l’échéance.

A cet effet, la société devrait disposer de procédures fiables, permettant


d’appréhender l’ensemble des primes émises à la taxe et la justification fiable des
déductions de primes non assujetties à la taxe précitée.

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Imposition à la source relative à l’Impôt sur le Revenu

L’article 81 du Code Général des Impôts met à la charge des sociétés d’assurance,
débirentières de prestations sous forme de capital ou rentes, d’effectuer les retenues
au titre de l’IR et souscrire une déclaration avant le 1er Mars de chaque année en
récapitulant tous les assurés ayant perçu des prestations au titre des contrats de
capitalisation ou d’assurance sur la vie au cours de l’année précédente.

L’absence ou l’insuffisance de l’application de ces prélèvements à la source,


exposent le débirentier concerné aux amendes et majorations prévues par la loi.

Déclaration des ristournes au titre des participations aux bénéfices

En vertu de l’article 151 du CGI, les ristournes pour participations aux bénéfices
payables aux assurés (par imputation sur les primes à venir ou sous forme de
restitution), doivent faire l’objet de déclaration parmi les rémunérations, remises,
rabais et ristournes accordés aux tiers. Le défaut de déclaration de ces ristournes est
sanctionné par une majoration de 15% (article 194 du CGI).

A ce titre le vérificateur doit vérifier la régularité et l’exhaustivité de déclaration des


participations aux bénéfices. Pour ce faire, il doit identifier ces participations au
niveau des comptes concernés et les rapprocher avec la déclaration des
rémunérations allouées à des tiers.

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