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-Novembre 2013-
C’est dans cette optique que la présente initiative s’intéresse à la question du tri à la source
des déchets ménagers et déchets assimilés au Maroc et vise à enrichir le débat actuel des villes
du REMAGRU sur les défis de la collecte sélective et à orienter au même temps les villes et
communes partenaires à atteindre les objectifs fixés dans ce sens par le programme national
des déchets ménagers (PNDM).
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Le contenu de cette étude relève de la seule responsabilité de son auteur et ne peut en aucun
cas être considéré comme reflétant l’avis de la coopération allemande GIZ au Maroc.
i
Liste des personnes et organismes contactés
Mr Laarachi A., chef de service assainissement solide, DGCL, Ministère de l’intérieur, Rabat
Mr Ajir M., Ministère de l’environnement, Rabat
Mme Fatiha Belkoula, service environnement, Conseil régional Rabat Salé
Mr EL Bari M., Administrateurs, Directeur Général, groupe GPC Mohammédia
Mr Lamrani Kammouti, responsable études, société Eco Recyclage, Tanger
Mr Rich A., Gérant, société Eco Recyclage, Tanger
Mr Phillipe Cailleau, Directeur de site, société Elec’Recyclage, zone franche Tanger
Mme El Biadi O., Gérante, société recyclage MAGVAL, Agadir
Mr Sajid M., responsables service gestion de propreté, commune urbaine de Benslimane
Mr Ben CHELHA M., chef de services marchés et travaux, commune urbaine de Benslimane
Mr AMRHAR H., Directeur observatoire régional de l’environnement, Benslimane
Mr Karkouri M., ingénieur Municipal Chef service propreté, commune urbaine de Beni Mellal
Mr Kayssouni M., association riad Essalam, Beni Mellal
Mr Cheik El Khorchi, ingénieur responsable service de propreté, commune urbaine d’Agadir
Mr Zagzi M., responsable service propreté, commune urbaine Essaouira
Mr Mouhssine A., ingénieur responsable service de propreté, Commune urbaine de Tanger
Mr Wihmane M., Directeur d’exploitation, Ozone, Benslimane
Mr Merkati Z., Technicien TecMed, Marrakech,
Mr Fernando Sogo Soto, Directeur zone sud, TecMed, Marrakech
Mr Hajjioui A., Directeur zone interne, TecMed, Béni Mellal
Mr Rifki R., Directeur d’exploitation GMF, Essaouira
Mr El Ouartassi M., Directeur d’exploitation, société Hincol, Larache
ii
Liste des abréviations
* * *
Figure 1 Tri à la source versus Tri en aval dans le schéma de gestion actuelle des DSM au maroc
.................................................................................................................................................... 4
Figure 2 Composition pondérale de la fraction recyclable (bilan de 3 mois et 200 ménages)
.................................................................................................................................................. 23
Figure 3 Vision court et moyen termes de la CS au Maroc ..................................................... 35
Figure 4 Vision intégrée de valorisation énergétique des déchets ménagers et déchets
assimilées au Maroc basée sur le Tri à la source et la collecte sélective ................................. 36
iii
Sommaire
Introduction................................................................................................................................ 1
1. Les objectifs de l’étude et méthodologie ............................................................................... 2
2. Rappel : collecte sélective versus collecte mixte, tri à la source et tri en aval dans le contexte
national....................................................................................................................................... 3
3. Les Enjeux opérationnels de la collecte sélective au Maroc .................................................. 4
3.1 Collecte sélective formelle et secteurs informel .............................................................. 4
3.2 La collecte sélective et l’enjeu environnemental de gestion des DSM au Maroc ........... 6
3.3 L’enjeu socio-économique du tri à la source ................................................................... 6
Niveau national .................................................................................................................. 6
Niveau communal .............................................................................................................. 9
4. Le cadre institutionnel et juridique relatif au Tri-valorisation et recyclage des déchets
ménagers et déchets assimilés au Maroc ................................................................................ 11
4.1 Charte communale ......................................................................................................... 11
4.2 Loi 28.00 ......................................................................................................................... 11
4.3 Loi 22-10 relative à l’utilisation des sacs et sachets en plastiques ................................ 12
4.4 La nouvelle Ecotaxe sur les emballages plastiques ....................................................... 12
5. Le PNDM et la promotion de la filière Tri-valorisation et recyclage des DMS .................... 13
6. Analyse et étude comparative de quelques cas d’expériences privées et publiques de
collecte sélective des déchets ménagers et déchets assimilés ................................................ 14
6.1 Cas d’entreprises émergentes spécialisées dans la collecte sélective ........................... 14
6.2 Cas de projets communaux de collecte sélective: ......................................................... 16
6.2.1 Cas de la commune urbaine d’Essaouira ................................................................ 16
6.2.2 Cas de la commune urbaine de Benslimane ........................................................... 17
6.3 Cas d’autres expériences pilotes .................................................................................... 20
6.3.1 Cas de la commune de Larache ............................................................................... 20
6.3.2 Cas de la ville de Beni Mellal ................................................................................... 21
6.3.3 Cas de la ville de Marrakech.................................................................................... 24
6.3.4 Cas de la commune Agadir ...................................................................................... 25
6.4. Bilan, leçons tirées, facteurs d’échecs et de succès ...................................................... 26
6.4.1 Facteurs d’échecs .................................................................................................... 26
6.4.2 Les cas et facteurs de succès ................................................................................... 26
7. Propositions de modèle de projets communaux de tri à la source et de collecte sélective des
déchets ménagers et déchets assimilés ................................................................................... 27
7.1 La phase de l’idée : le portage politique est fondamental ............................................ 27
7.2 La phase des études et d’avant mise œuvre .................................................................. 27
iv
7.2.1 Etudes, échelle d’intervention et planification ....................................................... 27
7.2.2 Composante physique du projet ............................................................................. 28
7.2.3 Coût de mise en œuvre et durabilité économique ................................................. 29
7.2.4 Intégration de l’informel et socialisation de la CS .................................................. 30
7.3 Mode de gestion : Une grande question........................................................................ 32
7.3.1 Cas de collecte sélective en gestion directe ou en option SDL ............................... 32
7.3.2 Cas de collecte sélective en gestion déléguée ........................................................ 33
7.4. La collecte sélective et les perspectives de gestion intégrée des DSM au Maroc ........ 35
8. Synthèse et Conclusion ........................................................................................................ 39
v
Introduction
La réforme du secteur de la gestion des déchets solides au Maroc, engagée dans le cadre du
PNDM, a permis d’initier une importante mise à niveau de ce secteur et d’encourager la
plupart des communes à se lancer dans un processus de modernisation et de
professionnalisation de la gestion communale des déchets solides.
Par rapport à la situation d’avant 2008, le taux de collecte et celui de mise en décharge sont
en effet passés de 44% à 84% et de 10% à 32%, respectivement. Le nombre des décharges
contrôlées (DC) réalisé jusqu’en 2012 est de 14 et le nombre de décharges sauvages
réhabilitées est aussi de 241. Deux des DC réalisées dans ce cadre (Fès et Oujda) sont
aujourd’hui productrices d’électricité et aspirent à une importante couverture de l’éclairage
public des communes concernées.
Bien que les objectifs fixés à ce niveau aspiraient à une augmentation du taux du recyclage à
environ 20% à l’horizon 2015 et à une professionnalisation du secteur notamment à travers
des actions pilotes de développement du tri à la source et de la collecte sélective, les activités
du recyclage sont toujours dominées par un secteur informel très problématique.
Selon les dernières estimations2, les taux de recyclage ne dépassent guère les 10%3 au
moment où la fraction potentiellement recyclable avoisine les 40%.
En amont, le tri à la source et la collecte sélective ne sont pas non plus pratiqués par aucune
commune malgré une importante prise de conscience de la part des citoyens et des pouvoir
locaux au sujet du recyclage. Inspiré du modèle européen, les expériences de tri à la source
1
Fiche bilan première phase du PNDM, Ministère de l’environnement.
2
EDIC, 2011. Analyse des Impacts Sociaux et Sur la Pauvreté de la Réforme du Secteur des Déchets Solides Ménagers Au
Maroc.
3
Y compris la ferraille et les déchets non ménagers.
1
conclues récemment « dans la précipitation » entre certaines communes et des opérateurs
privés de la gestion déléguées, se sont en plus soldées par un échec total.
Enfin, l’omniprésence de l’informel à tous les niveaux de la filière des déchets urbains, de la
collecte à la valorisation, en une organisation atypique où l’informel des rues alimente le
formel industriel en parfait « Win-Win » ne semble encourager ni les communes ni les
opérateurs privés actuellement en charge de la gestion de ce secteur, ni encore les nouvelles
entreprises du recyclage à investir dans le tri à la source, d’où un statuquo appelé
manifestement à perdurer.
Analyser les expériences pilotes de tri à la source mises en place récemment par quelques
communes et formuler des orientations et des propositions/recommandations pratiques à
l’attention des acteurs locaux, nationaux et internationaux, dans le sens d’une meilleure
articulation entre les capacités opérationnelles des communes à mettre en œuvre le tri à la
source d’une part et les orientations nationales et les conditions de coopération
internationale dans ce sens d’autre part.
La méthodologie suivie est appuyée sur les contacts des villes du Réseau Marocain Gestion
des Déchets Urbains ainsi que sur le contact de quelques organismes nationaux et communes
partenaires de la coopération allemande au Maroc.
L’information est collectée à travers des visites sur le terrain, des témoignages directs auprès
des citoyens et des entretiens avec les acteurs clefs et responsables publics et privés de la
gestion des déchets solides au niveau de chacune des villes visitées (Rabat, Larache,
Benslimane, Tanger, Béni Mellal, Marrakech, Essaouira et Agadir).
2
Ce travail est également basé sur l’exploitation des résultats du projet Gedum4 à Beni Mellal
et de quelques études récentes ayant traité la question de la gestion des déchets ménagers
en général et du recyclage en particulier.
La collecte sélective peut cibler le tri à la source d’une seule catégorie ou type de déchets
« p.ex. Papier Carton » ou de différents types des déchets recyclables soit séparément
(plastique, verre, papier carton…etc.) en conteneurisation spécifique soit encore en mélange
de plusieurs catégories, tel que l’exemple de la collecte sélective des emballages en vrac
(plastique, aluminium et emballages alimentaires) en Espagne5.
Les systèmes (ou modes) de collecte sélective varient d’un pays à l’autre. Les systèmes de
collecte sélective les plus courants sont le porte à porte, la conteneurisation spécifique
externe de proximité, la conteneurisation volumineuse et spécifique en Points d’Apport
Volontaire ou encore les Ecopark et Déchèteries.
Selon les situations, le tri à la source et la collecte sélective peuvent être suivis ou non par un
second tri (dit aussi tri positif) pour une séparation poussée des différents matériaux
collectés.
4
Projet Gestion des déchets Urbains au Maghreb (Gedum) financé par la CE dans le cadre du programme CIUDAD
(www.gedum.org).
5 Galardo et al., 2012. Separate collection system for urban waste. In Management of organic waste. In Techn Publisher
(www.intechopen.com).
3
Le Tri en aval concerne les déchets collectés en vrac depuis la source sans aucune séparation.
La figure suivante donne l’emplacement des deux types de tri, à la source et en aval, par
rapport au schéma actuel de gestion des DSM au Maroc et où le tri en aval peut se faire soit
dans les stations de transfert soit dans les décharges contrôlées, en fonction de sa faisabilité
technico-économique.
Décharge
Collecte Collecte
Station Contrôlée
sélective mixte
Transfert
Le tri en aval peut aller d’un simple tri manuel sur des tapis roulants (p.ex.: station de tri à
Oum Azza) à des tris complètement mécanisés avec une séparation très poussée de
l’ensemble des matériaux recyclables du mélange de départ, tel qu’il est pratiqué dans de
nombreux pays.
Contrairement au tri à la source, le tri en aval est relativement moins contraignant dans la
mesure où il ne dépend pas de la participation des citoyens et producteurs et qu’il n’est pas
influencé par le mode de collecte
Au Maroc, la
question de la
collecte sélective
est difficilement
dissociable de la
collecte informelle
notamment pour
ce qui est de
l’activité des
récupérateurs
ambulants
informels des Photo 1 - Commerçant ambulant en porte à porte des déchets ménagers recyclables (Photo A.
villes et des petits Ouatmane)
« commerçants
4
ambulants» du porte à porte des matériaux recyclables qui sont tous des acteurs très actifs
déjà à la source.
Pour la quasi-totalité des
villes marocaine, la
récupération informelle
s’opère dans les rues et
auprès des ménages et
concerne la plupart des
déchets recyclables,
notamment les matériaux
en plastique, l’aluminium,
les métaux ferreux et non
ferreux, les déchets
électriques et
Photo 2 - Jeunes garçons récupérateurs informels d’aluminium et métaux, Agadir électroniques et dans une
(Photo A. Ouatmane)
moindre mesure le verre.
Le pain et la matière
organique sont aussi collectés et sont destinés à l’élevage du bétail. Le papier–carton n’est
généralement récupéré que dans les grandes agglomérations urbaines ou lorsque le transport
vers les filières de valorisation les plus proches est rentable6.
En dépit de ses retombées économiques avec un chiffre d’affaire estimé à 852 Millions de
DHS et de sa portée sociale de taille qui est évaluée à environ 12 à 21 milles emplois7, la
collecte informelle demeure d’une part une activité très peu rentables en termes des tonnages
recyclés et d’autre part une activités qui va à l’encontre des efforts de la réforme du secteur
des DSM au Maroc et ce, au regard des conditions sanitaires et d’exclusion sociale qui
caractérisent le métier de la récupérateur informelle.
Face à cette situation, tout scénario de collecte sélective formelle est tout simplement appelé
à analyser toutes les possibilités d’intégration, de complémentarité et, le cas échéant, de
coexistence avec la récupération informelle.
Le principe, à notre point de vue, est de faire de l’intégration sociale des chiffonniers un allié
social pour réussir la CS sans chercher à en faire le principal souci et de se fixer ainsi des
objectifs ambitieux, fort souhaitables, mais totalement irréalisables ou à risque élevé d’échec
(Voir quelques propositions opérationnelles au dernier chapitre).
6 Réseau informel. Pilier de la gestion de récupération, du tri et du recyclage des déchets à Beni Mellal. E. Zudeya, Master ULB Belgique, 2012
7 EDIC, 2011. Analyse des Impacts Sociaux et Sur la Pauvreté de la Réforme du Secteur des Déchets Solides Ménagers Au Maroc.
8 Coopérative de récupérateurs de papier carton à Nador appuyée par la coopération Italienne Coopi et, Projet GODEM en cours à Rabat
5
3.2 La collecte sélective et l’enjeu environnemental de gestion des DSM au Maroc
Sur la base de la composition moyenne des déchets ménagers de la plupart des communes
urbaines marocaines9, la collecte sélective pourrait détourner un flux de déchets recyclables
qui est évaluée entre 20 et 40% de la production des déchets ménagers et assimilés. Reporté
à l’échelle nationale, c’est l’équivalent en d’autres termes de 1 à 2 millions de tonnes de
matière première recyclable, d’où la dimension environnementale et de préservation des
ressources naturelles du tri à la source au Maroc.
Sur le plan technique, la collecte sélective devrait réduire d’environ la moitié la quantité de
déchets à enfouir, tout en évitant que des déchets non biodégradables et/toxiques y soient
mélangés avec les déchets biodégradables. Ceci revient à :
D’ailleurs, le problème des lixiviats est aujourd’hui l’une des contraintes majeures dans la
quasi-totalité des décharges contrôlées, qui ne cesse de remettre en cause le choix de
l’enfouissement sanitaire et qui incite au même temps à repenser la logique actuelle de
gestion de toute la filière des DSM. Plus particulièrement au niveau de la source où une
séparation entre les flux des déchets assimilés aux déchets ménagers et déchets industriels
banals (DIB) d’une part et des déchets ménagers à dominance organique (zones
essentiellement résidentielles) d'autre part, est fortement recommandée.
Il est certes difficile de faire des projections futures dans ce sens mais les données disponibles
relatives au secteur des matières recyclables au Maroc sont assez significatives et témoignent
de l’importance économique que peut jouer la CS notamment la collecte du plastique et du
papier carton.
6
En ce qui concerne la plasturgie marocaine, les quantités transformées sont de l’ordre de
500.000 Tonnes avec un chiffre d’affaire de 9.6 Milliards DHS selon les statistiques de la
fédération marocaine de plasturgie9
Les chiffres clés du secteur de l’industrie du papier, carton et imprimeries renseignent aussi
sur un secteur d’une grande importance socio-économique.
Les quantités recyclées actuellement couvrent environ 30% au moment où le recyclage peut
assurer jusqu’à 70% des besoins en matière première de la branche papier carton11, d’où
l’importance du manque à gagner à ce niveau.
Enfin, outre l’impact positif vis-à-vis des filières industrielles déjà en place, la collecte sélective
devrait encourager l’émergence de nouvelles filières industrielles et de créer de nouvelles
opportunités d’emploi.
7
Or, cette filière peut donner
naissance à de véritables
activités industrielles plus ou
moins spécialisées pouvant
drainer une importante
valeur ajoutée telles que les
filières du recyclage des piles
et de la récupération du
plomb et celles de la
récupération des métaux
précieux (plombe, or,
molybdène…) à partir des
déchets électroniques
Photo 3 Exemple d’entreprise de Tri-Recyclage des déchets industriels banals à la (ordinateurs, téléphones
zone franche de Tanger-Maroc (photo A. Ouatmane)
portables, cartes à puces
électronique….etc.)
Le deuxième créneau est celui des combustibles dérivés des déchets (CDD) qui fait aussi
défaut au Maroc, en particulier les CDD des déchets ménagers et déchets assimilés,
notamment la fraction qui ne peut être écoulée auprès des filières nationales actuelles de la
valorisation matière et de recyclage des déchets.
Photo 4 Les pneus, déchets souvent source de sérieuses pollutions (photo A. Ouatmane)
La situation actuelle est marquée par un début de valorisation des pneus usés par les
cimenteries suite à des conventions entre le Ministère de l’environnement et la Fédération
nationale des cimentiers et la GIZ depuis 200713. Tout récemment, d’autres industries
consommatrices d’énergie tel que la SONASID affichent aussi un intérêt pour les combustibles
dérivés de déchets ce qui pourrait bien booster ce créneau dans les années à venir.
Outre les déchets des professionnels, une importante fraction des déchets ménagers et
déchets assimilés se trouve aussi de plus en plus composée de matériaux complexes
difficilement recyclables mais qui sont d’un fort pouvoir calorifique. C’est le cas notamment
13
Le prix actuel à la tonne, qui est d’environ 300 DHS, n’est cependant pas en faveur du développement de ce recyclage.
8
des sachets en plastique, du plastique légers des barquettes alimentaires, emballages
alimentaires multicouches, la fraction textile…etc.
Photo 5 Les déchets des petits commerces: un exemple de déchets totalement combustibles (photo A. Ouatmane)
Le bilan matière du tri à la source réalisé auprès de 200 ménages à Beni Mellal14 a montré que
le refus composé de cette catégorie de déchets, qui se prête bien à l’usage comme
combustible direct, représente une fraction forte significative des déchets ménagers qui est
estimée à environ 25% des DSM.
Alléger les dépenses communales dédiées au service de collecte des déchets solides à
travers une réduction du tonnage des déchets à destination de mise en décharge ;
Contribuer au recouvrement des coûts de la gestion des déchets à travers des recettes
supplémentaires que la vente des matériaux recyclables peut assurer ;
14
Projet pilote de tri à la source réalisé dans le cadre du projet Gedum.
9
Contribuer à l’intégration sociale du secteur informel ou du moins atténuer l’impact
négatif des activités de collecte informelles sur le service communal tant sur le plan
technique qu’environnemental, lié à l’amélioration du cadre de vie des citoyens et de
la propreté et santé public en général ;
Eviter les surcoûts de traitement et d’exploitation dans le cas de décharge contrôlées
notamment pour ce qui est de la rentabilité en biogaz et surtout pour ce qui est des
coûts de traitement des lixiviats.
Par ailleurs, si toute source d’allègement du coût de la gestion des déchets solides est
aujourd’hui d’une grande importance pour la pérennisation des acquis de la réforme du
secteur des déchets ménagers dans son ensemble, alors il importe de signaler que la
contribution économique de la collecte sélective n’est pas si évidente que l’on pourra
l’imaginer, et elle est à prendre avec beaucoup de précaution.
Récemment, les offres de prix des opérateurs privés pour un service de collecte sélective
limitée à un équivalent de 5000 ménages à Béni Mellal, pour un mandat de cinq ans, oscillaient
entre 156 (cent cinquante-six) et 1190 (mille cent quatre-vingt-dix) DHS la tonne17.
Par ailleurs, lorsque les coûts du service de collecte sont additionnés au coût d’investissement
dans les plates-formes de Tri-Valorisation des matériaux recyclables collectés sélectivement
(y compris foncier, construction, équipements de tri et frais d’entretien) le coût global de
collecte sélective devient d’un côté plus au moins assez lourd pour les communes et de l’autre
côté totalement non attractif vis-à-vis des opérateurs privés.
15 Coût de la collecte sélective et de tri des OM recyclable en Europe, Bilan et comparaison, ADEME 2002.
16 ADEME, la collecte des déchets par le service publique en France, 2011.
17 Le service comprend la fourniture des bacs aux ménages, la collecte et l’exploitation de la plateforme du tri secondaire des
déchets collectés. L’investissement dans cette dernière étant à la charge de la commune. Source : commune Beni Mellal.
10
4. Le cadre institutionnel et juridique relatif au Tri-valorisation et
recyclage des déchets ménagers et déchets assimilés au Maroc
4.1 Charte communale
D’un point de vue institutionnel, la nouvelle Charte communale de 2002 a responsabilisé les
conseils communaux sur l’intégralité du service de gestion des déchets solides de l’amont à
l’aval comme le stipule l’article 39.
Toute initiative d’introduction d’un mode donné de collecte, y compris la collecte sélective
des déchets ménagers et déchets assimilés, relève tout naturellement des compétences et
prérogatives des conseils communaux.
La charte 2002 a également doté les communes de larges prérogatives pouvant servir et
inciter au développement et à la professionnalisation de la collecte sélective notamment le
droit de participer aux entreprises et sociétés d’économie mixte, de conclure des conventions,
des accords et des partenariats avec d’autres organismes public, privé mais aussi associatif
(article 36).
Dans ce sens, la société de développement local (SDL) est l’un de ces outils novateurs qui
donne aux communes le droit de créer des entreprises sociales et de gérer au même temps
un service public à caractère commercial comme c’est le cas de la collecte sélective et les
activités de recyclage et valorisation des déchets.
En matière de tri valorisation et recyclages des déchets ménagers, la loi 28.00 est aujourd’hui
un outil juridique bien avancé qui incite les communes, renforce leurs prérogatives tout en
les responsabilisant sur le développement des activités de tri à la source et de collecte
sélective sur leurs territoires.
Les communes peuvent en effet fixer les modalités de collecte sélective et imposer la
séparation de certaines catégories de déchets comme le stipule l’article 19. De plus, le refus
d’un mode de collecte ou de tri que le conseil communal aurait fixé est considéré comme une
infraction et donne lieu à des amendes tel que précisé dans l’article 77.
En termes d’incitation économique, la loi 28.00 à travers son article 23 et sa circulaire de mise
en application D13015 a également donné le droit aux communes d’imposer et de fixer des
redevances sur le service public des déchets ménagers et assimilés, quel que soit son mode
de gestion.
Cette dernière mesure qui vise à faire participer les producteurs des déchets aux coûts de la
gestion communale des déchets est aussi une incitation indirecte au tri à la source et à la
collecte sélective dans la mesure où la redevance est de type incitatif et elle est calculée sur
la base du tonnage produit et la fréquence de collecte.
Cette loi a pour objectif général d’interdire la fabrication et l’utilisation des sacs et sachets en
plastiques non dégradables dans les secteurs qui touchent aux produits alimentaires et d’en
limiter l’utilisation à des secteurs bien définis.
En effet, après 3 ans de la mise en application de la loi 22.10, les sacs et sachets non
biodégradables ont été progressivement et largement remplacés par d’autres sacs
biodégradables sans que les problèmes de leur utilisation, de plus en plus massive, tout
comme de leur gestion, collecte et recyclage soient résolus.
Au même temps et du côté recyclage, les pratiques de récupération des sacs en plastique sont
toujours freinées en raison d’abord de la non rentabilité de la collecte qui est due au faible
poids des sacs, et ensuite, en raison des difficultés techniques de valorisation et d’écoulement
du plastique léger sur le marché.
Prévue pour application en début 2013, cette écotaxe a pourtant été reportée pour une année
de plus dans l’attente d’aboutir à un commun accord avec les professionnels de la plasturgie.
Les taux déclarés sont fixés à 1,5% sur les ventes sortie usine et à l’importation des matières
plastiques et des produits fabriqués à partir de cette matière et les recettes à générer sont
12
estimées à environ 240 millions de dirhams18. Ces recettes seront en partie versées au fonds
national pour la protection de l’environnement en vue de promouvoir le recyclage.
A l’heure actuelle la mise en application de cette taxe connait aussi un débat lié au risque de
la faire payer au bout de la chaine aux consommateurs, qu’ils fassent au non le tri à la source
d’ailleurs, et non aux professionnels du secteur.
C’est un programme ambitieux qui s’étale sur 15 ans (2008-2023) et qui s’est penché depuis
son lancement sur la mise à niveau du secteur de la gestion des DSM à travers des actions
spécifiques qui visent en même temps l’amélioration de la gouvernance du secteur, sa
durabilité, ses performances techniques et environnementales, tout en y intégrant la
dimension environnementale et sociale conformément à la logique du développement
durable. Le budget total estimé du PNDM est de 40 Mrd. DHS dont environ 93% est destinée
à l’ensemble de l’amélioration de la collecte et nettoiement, la réalisation et l’exploitation des
décharges contrôlées et la réhabilitation et fermeture des décharges sauvages.
A l’heure actuelle, seules deux initiatives de développement du recyclage ont eu lieu dans le
cadre du PNDM. Le première est celle du centre d’enfouissement technique (CET) d’Oum Azza
(décharge d’Akrach) dont l’exploitation effective n’a eu lieu qu’en 2012, la deuxième est
l’expérience de collecte sélective de Benslimane de 2010 qui n’a pas abouti et sur laquelle
nous reviendrons plus en détail dans l’avant dernier chapitre.
En gros, le bilan à ce niveau reste assez mitigé. Le croisement des conclusions de nos
entretiens avec certains responsables aux ministères de l’environnement et de
l’intérieur/DGCL) à ceux des responsables de certaines communes quant à cette situation a
permis de sortir avec le constat suivant :
Le tri mécanique en aval est de plus en plus pris en considération dans les nouveaux
cahiers de charges d’exploitation des DC alors qu’il n’y a pas de modèle qui peut être
recommandé pour la collecte sélective à l’heure actuelle.
Les entités centrales évitent de faire des propositions au sujet du tri à la source et
préfèrent que ces dernières émergent directement des communes, ce qui semble
13
responsabiliser les communes sur le développement du tri dans sa totalité de l’amont
à l’aval.
De leur côté, les communes ne considèrent pas le tri à la source une priorité et c’est
plutôt les problèmes de durabilité financière de gestion de ce secteur qui sont à l’ordre
du jour, en plus du manque des ressources humaines dont souffrent la plupart des
communes à ce niveau. Au-delà de ces problèmes, les communes les plus optimistes
voient aussi dans le tri à la source un nouveau service qui sort de l’ordinaire et qui
nécessite une stratégie nationale à moyen et long terme et une mobilisation totale que
les communes à elles seules ne peuvent réussir.
Le tri à la source et la collecte sélective demeurent un défi pour lequel et la stratégie
et les objectifs restent à définir.
Les exigences de traçabilité des matériaux recyclables et de fiscalité ont également poussé
certains opérateurs informels du recyclage à se convertir en entreprise légales afin de suivre
la tendance du secteur et de se positionner sur le marché du recyclage.
14
Cependant, et parallèlement à cette évolution, rares sont les entreprises qui se sont
aventurées en vue de se spécialiser dans le secteur des déchets assimilés aux déchets
ménagers des zones urbaines.
Photo 8 Exemple de société de collecte des emballages plastiques, verre et métaux auprès des hôtels à Agadir
et dans les airs de repos de l’autoroute Rabat-Kenitra (photo A. Ouatmane)
Seule une de ces sociétés assure à la fois la collecte et l’industrialisation, les autres se limitent
à la collecte et jouent le rôle d’intermédiaires auprès des industriels du recyclage.
Le entretiens que nous avons pu réaliser à ce niveau nous laissent dire que c’est un secteur en
mal de démarrage en raison notamment de l’absence de débouchées locales et des coûts
élevés de transport d’une part et de la concurrence déloyale des intermédiaires grossistes
informels d’autre part.
15
6.2 Cas de projets communaux de collecte sélective:
6.2.1 Cas de la commune urbaine d’Essaouira
A Essaouira le service de gestion des
déchets ménagers a été cédé en délégation
dès l’année 2000. La collecte sélective y
était introduite en 2006 à l’occasion du
second mandat de la gestion déléguée
(2006-2016) dont l’opérateur privé est la
société GMF.
Peu de données sont disponibles concernant cette expérience. Les informations collectées
auprès de la commune et l’opérateur privé concernant les caractéristiques de cette collecte
sont résumées dans le tableau 4.
Selon le délégataire, l’expérience a été précédée par une intense compagne de sensibilisation
de la population de toute la ville mais l’opération a connu un échec total au bout d’un mois.
Le témoignage du technicien responsable au sein de la GMF, ci-dessous reporté, résume les
causes réelles de l’échec selon le délégataire.
16
« nous avons fait une large
sensibilisation pour cette opération et
nous avons affecté un agent de
propreté pour chaque Point Vert mais
la population n’a pas adhéré, c’est un
problème de prise de conscience, les
gens ne respectent même pas les
horaires de sorties de poubelles et
n’utilisent pas les plastiques que l’on
distribue pour la fête du mouton. Alors
comment voulez-vous qu’ils fassent le
tri chez eux ! Nous avons aussi un
sérieux problème avec les chiffonniers
Photo 10 Opération de nettoyage d’un « Point Vert » à Essaouira des
qui fouillent, renversent et cassent les dépôts de gravats et déchets de démolition (Source GMF)
bacs. Les point verts conçu initialement
comme point d’apport volontaire du recyclables sont vite devenus des points noirs qui
attirent moustiques, chats, chiens et rongeurs et où les gens se permettent de jeter tous et
à n’importe quel moment de la journée. A l’heure actuelle, cette situation nous demande
un travail continu et un effort considérables pour maintenir la propreté de ces points au
minimum acceptable. Le tri, on n'y pense plus ! en tout cas pas de cette façon »
18
Les Nouveaux lotissements à dominance d’habitat individuel n’ont pas été inclus dans l’opération.
17
Le projet a démarré à l’occasion de l’entrée du service communal de propreté de la ville de
Benslimane en gestion déléguée en 2010. Selon le cahier des charges de cette prestation, le
projet a ciblé un quartier pilote dans le but de s’étendre par la suite à toute la ville.
19
Rapport 2011 Tri Ben Slimane, Ozone.
18
Cette opération a également connu un
échec total après quelques mois de
son lancement. Les causes de cet
échec s’avèrent multiples et se
résument d’après le délégataire et les
responsables à la commune dans les
deux points suivants :
Un problème de planification. En
effet, la collecte sélective a démarré
alors que la station de transfert qui
devait abriter le centre de tri
secondaire des déchets recyclables est
Photo 13 Une des ruelles de la zone populaire du quartier pilote de
collecte sélective à Benslimane (photo A. Ouatmane)
restée toujours en projet.
Le problème de non adhésion des
ménages et de non-respect des consignes de tri.
Selon certains citoyens et habitants que nous avons interviewés au niveau du quartier pilote,
l’échec de cette opération est aussi lié à des problèmes techniques notamment :
Aujourd’hui et en dépit de cet échec, l’idée de la CS n’est pourtant pas abandonnée d’après
les responsables à la commune.
19
« Le projet est arrêté parce que la commune n’a pas pu réaliser le centre de transfert (CT)
où il était prévu de recevoir les déchets de la collecte sélective, de les trier et de les
commercialiser par le délégataire. Mais le projet devait continuer rien que pour sensibiliser
la population en attendant la construction du CT. La commune ne cherche pas à gagner de
l’argent à travers la vente des matériaux recyclables, mais plutôt de mettre en place une
gestion plus écologique. Aujourd’hui, avec le projet de mise en place d’un système de
management environnemental pour la ville, la collecte sélective est de nouveau retenue
comme une action à mettre en place concernant le volet déchets solides. Mais la décision
revient avant tout au conseil communal vu que la subvention du PNDM n’a toujours pas été
suspendue », déclare un responsable à la commune.
20
Contrairement aux autres projets, l’objectif visé par ce projet était à la fois de résoudre le
problème de la gestion des déchets au niveau de la ville et de faire un transfert de technologie
pour la production de compost à partir des déchets ménagers organiques plutôt que de
récupérer les matériaux recyclables.
D’après les témoignages collectés auprès de la
population sur place, la CS a duré environ 6 mois
sans problèmes, avec d’importantes activités de
sensibilisation et un appui des autorités locales
en parallèle. La commune a même pu interdire la
récupération informelle dans le périmètre urbain.
Puis après, le projet a connu une série de
problèmes qui ont contribué ensemble à son
échec, et dont on peut citer :
Le projet de tri à la source de la ville de Béni Mellal a été initié dans le cadre d’un projet de
Recherche Développement financé par la Commission Européenne et la Coopération
allemande GIZ. Les partenaires locaux qui se sont engagés dans cette initiative sont
l’université, la commune et la société délégataire TecMed chargée du service de collecte et
nettoiement de la ville.
Le projet a été conduit à l’échelle d’un quartier et avait un caractère d’expérience limitée
dans le temps. L’ensemble des données de cette initiative est résumé dans le tableau 7
21
Echelle urbaine ciblée : Un quartier à dominance d’habitat individuel ‘zone
villa’. Total ciblé : 200 ménages
Sensibilisation - Sensibilisation Porte à porte et distribution du
guide de tri pour ménages et école du quartier.
Mode de tri adopté : Chaque ménage a bénéficié d’un bac de tri de
couler jaune et d’une capacité de 90 litre où il met
de côté les déchets recyclables en vrac. Les autres
déchets, organiques et contaminés sont déposés
dans la poubelle habituelle.
Mode de collecte/Fréquence : Collecte Porte à Porte du contenu du bac jaune une
fois par semaine (samedi matin).
Matériaux ciblés : Les matériaux recyclables : Emballages, Papier
carton, Plastiques, Verre, Aluminium…etc.
Tri des matériaux collectés Tri secondaire en cinq fractions
Destination des matériaux collecte Évaluation de la composition et de la valeur
marchande (expérience pilote)
Tableau 7 caractéristiques générales du projet communal de collecte sélective ville Béni Mellal
21 Effet de la sensibilisation sur le tri à la source au quartier riad essalam-Béni Mellal, PFE, 2012, FST Beni Mellal.
22 Ce montant n’inclut pas les recettes des déchets ayant une valeur marchande sûre (pain, pneus, batteries, gros articles de ferraille et de
cuivre) que certains aides ménagères vendent habituellement aux commerçants ambulants.
22
Les contraintes identifiées comme étant
spécifiques dans ce cas se résument dans les
points suivants:
Malgré un mode de collecte en porte à
porte, la présence des récupérateurs
informels s’avère toujours très
contraignante dans la mesure où les
ménages ne peuvent sortir le contenu du
bac du recyclable qu’au moment exact du
passage du service de collecte, ce qui a
Figure 2 Composition pondérale de la fraction recyclable
pour conséquence : (bilan de 3 mois et 200 ménages)
o De rendre la collecte trop lente et
donc moins rentable ;
o De ne pas servir les ménages absents au moment de la collecte ce qui les
démotive par la suite.
La participation des ménages est
considérée comme positive mais
la durabilité de leur engagement,
comme il ressort des sondages
réalisés au cours de ce projet
pilote exigerait:
o une communication
continue avec les
ménages autour du projet
o un service de collecte
régulier avec
éventuellement des Photo 17 Collecte porte à porte montrant l’ouvrier qui récupère le
contenu du bac du tri auprès d’un ménage (photo A. Ouatmane)
repassages de sorte à
limiter l’intervention des chiffonniers
o une transparence et un partage d’information quant au bilan économique de
la collecte
23
Les administrations et établissements
publics et semi publics exigent un mode
de collecte garantissant à la fois la
confidentialité et la traçabilité de leurs
déchets. Des contrats spécifiques au cas
par cas sont donc à prévoir.
Le système de conteneurisation dans la
rue où les bacs sont accessibles au grand
public, n’est pas adapté à la collecte
sélective en apport volontaire dans ce
Photo 18 Bacs d’apport volontaire pour les commerçants
cas ce qui exigerait une conteneurisation grossistes au début de la compagne (photo A. Ouatmane)
spécifique dans ce cas.
la majorité des petits commerces
exigent une collecte quotidienne, parfois
pendant des moments précis faute
d’espace de stockage, ce qui complique
leur couverture en collecte et nécessite la
mise en place de circuits spéciaux
La majorité des producteurs privés,
notamment les petits et moyens
producteurs, s'interrogent sur ce qu’ils
Photo 19 Bacs d’apport volontaire pour les commerçants grossistes
5 semaines après (photo A. Ouatmane) peuvent avoir en contrepartie.
24
Cette opération a connu un succès au départ pour s’arrêter au bout de deux mois comme
l’explique le technicien de TecMed qui a suivi cette opération.
« Oui l’opération a eu lieu et a connu un succès relatif notamment à son début, après les
gens ont un peu lâché, l’un après l’autre! Je pense que c’est un défaut de sensibilisation,
celle-ci doit être relancée de temps à autre. Il faut dire aussi que le syndicat qui a été le
vecteur de cette initiative a quitté le lotissement et son successeur n’avait pas le même
dynamisme. Un autre problème c’est aussi avec les locataires qui n’adhèrent souvent pas à
de telles initiatives, ce ne sont que des passagers qui ne se soucient souvent pas des intérêts
de la collocation » Saâd, 24 ans étudiant
25
6.4. Bilan, leçons tirées, facteurs d’échecs et de succès
6.4.1 Facteurs d’échecs
Dans l’ensemble, l’analyse de toutes ces expériences et projets de collecte sélective montre
que les facteurs d’échec sont assez diversifiés mais peuvent se résumer dans deux principaux
facteurs :
L’échec est en effet évident lorsqu’on passe, par exemple, et d’emblée, d’une situation où la
gestion des DSM se fait par des moyens rudimentaires et souffre de nombreux
dysfonctionnements, tant sur le plan technique que sur celui de la gouvernance, à la
généralisation d’un nouveau mode de collecte moderne connu, à priori, comme des plus
contraignants (exemple de Larache et Essaouira).
Aussi, l'échec est évident lorsque, par exemple, un projet de collecte sélective investi dans la
sensibilisation, la collecte, sans se soucier des devenir des déchets recyclables, que ce soit à
une échelle expérimentale ou à l’échelle d’un projet plutôt communal.
L’échec est aussi certain lorsque, pour un même point d’apport volontaire, des ménages font
l’effort de trier et d’autres ne le font pas et, qui en plus, les chiffonniers passent après pour
récupérer ce qui les intéressent, mélangent tout et laissent les point d’apport volontaire dans
le désordre total.
Le facteur humain
Dans de nombreuses situations, l’échec est à mettre également sur le compte du facteur
humain et de sa perception de la CS telle qu’elle est influencée par de nombreux facteurs,
notamment le niveau de vie, l’appartenance sociale, le niveau d’instruction et le degré de
conscience environnementale.
L’attitude des citoyens à ce sujet s’avère aussi liée à leur perception de la notion du service
public, tout comme de leur jugement et degré de satisfaction vis-à-vis non seulement du
service de propreté, mais aussi vis-à-vis de l’ensemble des services communaux et publiques
dans leur intégrité.
En dépit de ce constat d’échec, la principale leçon tirée de toutes ces expériences et plus
particulièrement les projets pilotes de Marrakech, Béni Mellal et Agadir, est que l’obstacle et
la réticence des ménages à faire le tri à la source peuvent être surmontés dans de nombreuses
villes. Le succès à ce niveau passe par l’investissement dans la communication et la
26
sensibilisation, le choix approprié des sites et zones urbaines les plus favorables au tri et la
mise en place d’un service de collecte efficace.
Le résumé récapitulatif pratique de ce chapitre est donné dans le tableau 9 où c’est indiqué
étape par étape, ce qui peut conduire à l’échec et ce qui augmente les chances d’une mise en
œuvre réussie d’un projet de CS dans le contexte de villes marocaines.
Le projet doit être identifié comme une action qui s’inscrit et qui fait partie de la
stratégie communale d’amélioration de sa gestion environnementale ;
L’idée doit être totalement appropriée par le conseil communal. Ce dernier doit
disposer en plus du leadership nécessaire pour la mise en place du projet au concret.
Le projet doit jouir du soutien des autorités centrales et locales au même titre que tous
les autres projets de développement local.
Tout projet de CS doit faire l’objet d’une étude technique et financière qui doit définir entre
autres :
27
le mode de tri et les catégories de déchets ciblés pour chaque catégorie.
Recommandation : se limiter à deux fractions dont une seule serrait prise en charge par
la CS et l’autre par la collecte mixte classique. Prévoir le mode bacs de tri chez les
ménages et non à l’extérieur.
le mode et fréquence de collecte qu’il va falloir adapter à chaque catégorie et aux
exigences de chaque situation (l’habitat individuel, les immeubles, les résidences, les
établissements et administrations publiques, les professionnels….etc.).
Recommandation : définir les modalités de collecte en concertation avec chaque
catégorie et si nécessaire au cas par cas.
la planification et scénario d’extension de la CS. Recommandation : Rester réaliste et
surtout éviter une planification qui prévoit la généralisation de la CS à toute la
population de la commune.
Les précautions techniques pour éviter la confrontation avec l’informel.
Recommandation : éviter la conteneurisation externe et opter pour la collecte porte à
porte, résidence à résidences, établissement à établissement…etc., et prévoir
l’utilisation des sachets en plus des bacs dans certaines villes.
L’équilibre financier du projet. Recommandation : tenir compte de toutes les
composantes du projet comme mentionné au paragraphe suivant, préciser qui fait
quoi. L’équilibre financier est à justifier dans les détails même en cas de délégation
pour ne pas se trouver par la suite dans des situations de conflits qui n’arrangeront ni
la commune ni le délégataire et qui, dans la pratique, anticipent généralement l’arrêt
du projet !
L’articulation ou les perspectives d’articulation avec la gestion communales des
déchets non triés.
Quel que soit le mode de tri à la source à adopter dans le contexte de nos villes (une fraction,
deux, trois ou quatre), tout projet de CS doit prévoir la mise en place d’une plateforme (ou
centre) de tri positif pour une séparation poussée des déchets recyclables issus de la collecte
sélective.
Cette plateforme ne doit en aucun cas être confondue avec le centre de tri en aval des
déchets de la collecte mixte.
28
Mini chargeur sur pneus
Mini chariot élévateur
En raison des contraintes que peut poser la disponibilité du foncier pour la commune, la
plateforme de tri peut être abritée au niveau des stations de transfert, des décharges
contrôlées ou des décharges publiques après réhabilitation ou encore comme unité de
recyclage à part.
29
Ces valeurs données à titre indicatif montrent que la CS aura un coût significatif notamment
pendant le démarrage où il va falloir investir dans le matériel de collecte. Par ailleurs, il y a lieu
de noter que la durabilité économique d’un tel modèle de CS dépendrait de nombreux autres
paramètres et mesures à prendre dans le sens d’améliorer la rentabilité du projet,
notamment :
Tous les modes de tri et de collecte sélective testés s’avèrent menacés par la présence des
récupérateurs informels ambulants des villes. Ces activités s’opposent à la collecte sélective
de deux manières :
Directement, dans la mesure où la présence des chiffonniers exclut les modes d’apport
volontaire en conteneurs externes de rue, et impose en même temps de lourdes
contraintes de collecte pour le mode en porte à porte, qui devrait être en plus de
« main en main » dans certaines villes où l’informel est très développé. Dans la
pratique, tout projet de CS qui néglige cette réalité est considérée à notre opinion
comme à risque élevé d’échec24.
Indirectement, en déviant un important gisement de déchets recyclables de valeurs
que les petits commerçants du porte à porte et les acheteurs de métaux, ferrailles,
articles électroménagers, batteries…etc., achètent ou échangent contre d’autres
produits auprès des ménages.
24 Lorsqu’un ménage dépose les déchets recyclables devant chez lui, si la collecte n’est pas faite à temps, les chiffonniers, avertis
de la CS, passent et éventrent les sachets et laissent ce qui ne les intéresse pas partout. La répétition de ces actes de vandalisme
dans l’espace et dans le temps anticipe le désengagement des ménages et signe l’arrêt « cardiaque » de la CS comme nous
l’avons vécu à Beni Mellal.
30
En même temps, les possibilités
d’intégration du secteur informel à la
collecte sélective formelle sont assez
limitées dans la pratique. En effet,
comme la CS ne peut pas couvrir tout
le périmètre urbain et reste de taille
disproportionnelle par rapport aux
activités informelles et que l’informel
ne peut être éradiqué à présent, nous
ne pouvons imaginer que deux
scénarios tout en ayant comme
principe de rester dans le cadre Photo 22 Exemple de récupérateurs porte à porte déchets encombrants,
formel : ferraille et objets de valeur (photo A. Ouatmane)
Scénario 1
Admettre la coexistence CS et informel ;
Proposer un mode de CS qui n’entre pas, ou qui minimise au maximum possible, la
confrontation avec les chiffonniers ;
Intégrer dans la limite des places possibles quelques chiffonniers comme salariés
trieurs (éventuellement en coopérative) au niveau de la plateforme du tri secondaire
des matériaux de la CS.
La réussite de ce scénario à petite échelle peut encourager l’extension du projet qui pourra
embaucher davantage de chiffonniers, ce qui permet de prouver au même temps la dimension
sociale de la CS auprès des ménages et renforcer en retour les taux de participation et la
durabilité de la CS.
Scénario 2
En plus de ce qui est proposé dans le
scénario 1 et lorsque la taille de la
commune le justifie, le gestionnaire
de la CS peut engager quelques
chiffonniers, moyennant des accords
ou des permis de collecte
(récupérateurs avec tenue et
badges), comme des fournisseurs
indépendants et en arrêter à
l’avance à la fois la liste des sites et
producteurs à couvrir et les règles de Photo 23 Exemple de petit commerçant ambulant qui pratique le
chiffonnage (photo A. Ouatmane)
la collecte.
Ce scénario, plus ambitieux mais moins réaliste, a pour corollaire de prévoir la gestion et la
fluidité financière qui va avec25, ce qui en limite la faisabilité aux cas où la gestion serait
assurée par un opérateur privé. L’appui de tels chiffonniers par des programmes spéciaux
genre INDH est, à notre sens, l’une des principales portes d’entrée à la résorption de l’informel,
25
C.à.d. des payements journaliers en en liquide.
31
à sa formalisation et la reconnaissance sociale du métier de la collecte des déchets recyclables.
Mais dans ce cas, il importe de souligner que le non-respect des règles de collecte de la part
de tels fournisseurs (récupération dans la rue et/ou approvisionnement auprès des
chiffonniers par souci de rentabilité) est très probable et que le risque de voir ainsi la CS
formelle prendre des ramifications informelles est un risque de taille.
Dans la pratique, plusieurs facteurs semblent cependant limiter le rôle à attribuer aux
associations dans ce sens, notamment :
Le caractère commercial et lucratif de la CS ;
La nature du service de la CS qui est, avant tout, un service communal ;
L’objectif de durabilité de la CS qui nécessite des structures pérennes loin du
volontariat au même titre que les autres services communaux.
La participation directe de la société civile dans ce cadre est donc à analyser avec précaution
de sorte à faire appel aux associations pour faciliter et/ou organiser le contact avec les
ménages, plus particulièrement en cas de gestion directe, sans aller jusqu’à responsabiliser
la société civile sur le pilotage de la CS et/ou l’associer comme partenaire. Des plus, il est
même préférable que l’intervention de la SC reste plutôt indirecte et se limite ainsi à des
activités visant le développement de la conscience environnementale collective en général.
Vu la situation actuelle et le retour d’expériences acquises par les communes dans ce sens, la
CS formelle peut toujours être introduite selon deux principaux modes de gestion : en gestion
directe ou en gestion indirecte, avec des variantes pour chaque cas.
32
Faciliter et encourager la participation volontaire des ménages et professionnels de la
zone ciblée par le projet ;
Stimuler la conscience collective des citoyens, le comportement civique et augmenter
les chances d’une extension progressive du projet à toutes les zones potentiellement
favorables à la CS.
Le principe dans ce cas est de proposer aux citoyen la CS en tant que service professionnalisé
pour lequel la commune cherche, à travers la délégation, à proposer un service qui serait plus
33
performant, à maîtriser toute les composantes de la CS tout on en gardant entière
responsabilité vis-à-vis des citoyens.
Lorsqu’on considère le risque de non adhésion des ménages que peut entrainer la
privatisation dans ce cas, ce modèle doit prévoir des cahiers des charges avec des clauses qui,
d’une part, limitent le caractère lucratif de la CS et en renforcent la vision et la dimension
sociale et, de l’autre part, garantissent dans la limite du possible la communication continue
des bilans de la CS au grand public.
Ce mode intègre la CS dans toutes ces composantes comme une des prestations à la charge
du délégataire à côté de la collecte et nettoiement, espaces verts et collecte des encombrants.
Avantages :
Un seul interlocuteur pour la commune et une gestion financière de routine une fois la
formule de partage des recettes est acceptée par les deux partenaires
Inconvénients :
Ce mode peut imposer la CS à un opérateur privé de collecte classique et nettoiement
qui ne maitrise pas ce genre de prestation.
Toute tension entre le délégataire et la commune ou les citoyens concernant la
prestation de la collecte classique risque de se répercuter négativement sur le bon
fonctionnement de la collecte sélective.
Délégation de la collecte sélective comme service et prestation à part entière avec Cahier de
charge à part
Le principe consiste à donner l’occasion à des opérateurs spécialisés dans la CS, la valorisation
et la commercialisation des déchets d’assurer cette tache et d’opter finalement pour une
réelle professionnalisation de la CS.
Avantages:
Le service de CS est présenté aux citoyens comme un nouveau service à part entière
bien identifié et mettant en valeur les efforts de la commune dans ce sens.
La commune à plus de temps de préparer la CS qui devienne indépendante de la
collecte classique. Ce point est d’une importance crucial dans la mesure où il
34
permettrait aux communes en fin de mandat d’une gestion déléguée d’éviter de
conclure des conventions de CS dans la précipitation.
Inconvénients:
Un service naturellement plus couteux en raison des difficultés d’optimisation des
moyens humains et matériels de la gestion communale de l’ensemble du service de
gestion des DSM
Le service de CS peut prend une étiquette plus lucrative
Le contrôle continu du respect des consignes du tri sélectif en vue d’éviter
d’éventuelles tensions entre les deux délégataires peut s’avérer fastidieux.
7.4. La collecte sélective et les perspectives de gestion intégrée des DSM au Maroc
Comme déjà souligné plus haut, une importante fraction des déchets ménagers et déchets
assimilés marocains ne trouve pas de débouchés rentables à l’heure actuelle, au moment où
elle peut être exploitée comme combustible. De plus, cette fraction est aussi appelée à
augmenter significativement dans les années à venir compte tenu de l’évolution des modes
de consommation et de la tendance vers la culture du jetables.
Compte tenu de ces considérations, et lorsqu’à la fois la taille de la commune et ses capacités
financière et techniques le permettent, il est recommandé de planifier la CS de sorte à passer
d’une valorisation matière dans le court terme, à la production de combustibles dérivés de
déchets et à la valorisation thermique-énergétique dans le moyen ou le long terme.
Valorisation Matière
Au regard du contexte actuel, la valorisation énergétique peut se faire selon deux scénarios:
Scénario modeste : la production de balles de déchets combustibles est limitée. La
valorisation sera également limitée à un écoulement des CDD aux cimenteries et/ou
aux secteurs similaires notamment au niveau local.
Scénario très ambitieux : La CS est élargie aux déchets verts et aux DIB et la production
de balles de déchets combustibles est importante. Cette situation peut s’étendre à la
mise en place de ce que l’on peut appeler des Centres Intégrés de Valorisation
Energétique (CIVE) que les communes, ou des groupements de communes, peuvent
éventuellement exploiter pour un traitement centralisé à moindre coût des déchets
35
de soins et déchets hospitaliers, des boues des stations des eaux usées urbaines et
déchets similaires selon le modèle suivant :
Figure 4 Vision intégrée de valorisation énergétique des déchets ménagers et déchets assimilées au Maroc basée sur le Tri à
la source et la collecte sélective
Un CIVE peut, en fonction des déchets qui y seront valorisés, être abrité au niveau d’une
décharge contrôlée ou faire office de décharge classe 2 ou de l’une de ses composantes.
développement. Exemple :
produire un amendement à
partir de la fraction
36
organique, produire de
l’énergie…etc.
37
apport à Admettre la coexistence CS et informel Ignorer ou négliger les
menaces directes et
Donner la priorité en main d’œuvre notamment pour
indirectes que représente
les postes de ripeurs et ouvriers trieurs à des
l’informel;
chiffonniers et ce, toujours selon l’approche genre
Traiter avec les informels
Position par
moyens (à défaut de
entière (éclatement partiel du service actuel) ressources humaines par
Mettre en place une cellule pérenne chargée de la CS exemple)
(ou de son suivi) quel que soit le mode de gestion Proposé des modèles de CS
choisi. greffés à l’amont ou à l’aval
En cas de gestion déléguée/SDL; sur des intermédiaires
informels.
Prévoir des clauses qui limitent le caractère lucratif de
la CS Exemple: responsabiliser les
ménages (ou leur représentant tel
Prévoir des clauses pour le respect de la transparence les syndiques ou les associations
ci-dessus précisée, notamment de diffusion continue de quartiers) sur le volet
du bilan économique au grand public. commercialisation des produits
recyclables.
Tableau 9 Récapitulatif des recommandations pratiques pour une mise en œuvre réussie de la collecte sélective dans le
contexte des villes marocaines
38
8. Synthèse et Conclusion
L’évolution quantitative assez remarquable de la fraction potentiellement valorisable des DSM
marocains durant la dernière décennie fait que la collecte sélective compte désormais parmi
les principaux facteurs déterminants de la réussite de la réforme actuelle de ce secteur dans
son ensemble, de la collecte en amont à la mise en décharge et à la valorisation en aval.
La loi 78 portant Charte communale et la loi 28.00 représentent aujourd’hui un cadre juridico-
institutionnel très avancé et favorable au développement du tri-recyclage et valorisation des
DSM. Cette situation met les communes devant une responsabilité directe mais aussi devant
un défi pluriel de taille quant aux possibilités de mise en œuvre du recyclage en général et la
collecte sélective en particulier.
La mise en application de la redevance du service des déchets municipaux, bien que limitée à
l’heure actuelle aux gros producteurs, est un premier pas vers une taxe incitative au tri à la
source des déchets ménagers et assimilés. L’écotaxe sur les emballages plastiques prévue
pour application en 2013 a été repoussée d’une année de plus. Les recettes attendues de cette
dernière sont d’une importance capitale si l’on considère le coût et les problèmes de durabilité
économique des activités du tri à la source auxquelles pourraient être confrontées les
communes dans ce sens.
Sur le terrain, le tri à la source a connu depuis quelques années l’émergence de quelques
sociétés spécialisées dans la collecte sélective des déchets assimilés aux déchets ménagers,
mais cette activité reste totalement dominée par la récupération informelle avec à la fois des
faibles rendements de récupération, une importante perte de valeur ajoutée et des problèmes
d’exclusion sociale et d’atteinte au paysage urbain en général.
En même temps, la première phase de réforme de gestion des DSM a mis en relief
d’importants problèmes de suivi technique et de soutenabilité économique de ce secteur en
une crise sans précédent. Le tri à la source est passé au dernier rang des priorités des conseils
communaux et ce, à quelques exceptions près. L’objectif de hausser le pourcentage de
recyclage à 20% d’ici 2015 fixé dans le cadre du PNDM ne peut en aucun cas être atteint au
regard de cette situation.
Les premières tentatives et projets pilotes de collecte sélectives initiées par quelques villes
(Larache, Essaouira et Benslimane) ont connu un échec qui rend compte des difficultés réelles
de mise en œuvre du tri à la source. En dépit de cet échec, il s’avère toutefois que le pari de
l’adhésion positives et volontaires des citoyens peut être gagné à travers une planification
appropriée, plutôt limitée aux zones et aux sites favorables et ce, sans perdre de vue que la
CS ne peut pas être généralisée à tout le périmètre urbain de n’importe quelle commune.
39
La sensibilisation et la communication en amont. A ce niveau, la CS est liée avant tout
à la capacité des communes à mettre en place un service communal selon l’approche
participative et le respect des règles élémentaires de la bonne gouvernance
(concertation à l’avance, transparence, efficacité et efficience, communication des
bilans du projet en retour, qualité des autres services….etc.)
La collecte et le transport : basé sur un mode de collecte majoritairement porte à porte
et un tri à deux fractions dont seule la fraction des matériaux recyclables serait
concernée par le service de collecte sélective, le modèle proposé nécessite un service
plutôt professionnel capable stimuler la participation des ménages, d’en préserver la
durabilité et de la renforcer.
Le tri secondaire et la commercialisation des matériaux recyclables: la nature
commerciale de ce volet de la CS et les attentes sociales qui lui sont associées incitent
les communes à analyser de manière la plus objective que possible le mode de gestion
qui convient le plus à leurs situations. Le mode de SDL est de loin le plus approprié
pour gérer un tel service mais cela n’exclue pas les autres modes de gestion ; le principe
consiste à limiter le caractère lucratif de la CS et à en renforcer la portée sociale.
Or, on réalité, lorsqu’on prend en considération la situation actuelle des communes tant
financière que d’un point de vue de leur capacité réelle d’opérationnalisation du tri à la source
selon une telle vision, il est évident que la mise en place d’un projet communal de collecte
sélective exigerait une importante fédération des efforts tant au niveau local que central.
A ce sujet, et pour une phase de démarrage où il va falloir relever des défis de différentes
natures (économiques, techniques, sociaux et de gouvernance), il serait d’abord plus judicieux
de prendre une ou deux communes comme cible et d’en faire une préoccupation et un objectif
partagés des pouvoirs centraux et des autorités locales en question. Dans ce sens aussi, une
ville moyenne serait plus favorable qu’une grande agglomération urbaine. Et les villes et les
communes ayant passées par des expériences pilotes et/ou qui ont une vision ou un projet de
CS à l’étude seraient à recommander en plus.
Par la suite, et dès qu’un choix est fait, l’intégration des bailleurs de fond et organismes de
coopération et de développement nationaux et internationaux potentiels est déjà à cet ce
stade une démarche qui permettrait non seulement de faciliter la mobilisation des fonds
complémentaires par la suite, mais aussi un brassage des idées et de différents savoirs faire
autour de l’idée du projet. Des avant-études de faisabilité, en guise d’aide à la décision, sont
en plus recommandées, et devraient se faire selon une démarche objective qui tiendrait
compte de toutes les composantes de la CS et des risques d’échecs spécifiques à chaque
composante. Ceci, tout en gardant à l’esprit que de telles études ne devraient pas
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nécessairement chercher à justifier un projet donné et à encourager sa concrétisation
indépendamment des risques de sa durabilité. Il faut dire que l’accompagnement et le recours
à de l’expertise confirmée est également capitale à ce niveau et qu’un projet retardé ou
reporté est mieux qu’un projet qui serait condamné à l’échec.
A ce stade aussi du projet, la concertation, loin de toute formalité, avec les autres acteurs
locaux dont dépendra directement la réussite de la CS ou qui pourraient en faciliter la réussite
est primordiale (p.ex. : société civile, représentants des associations des différentes
professions de la ville, administrations publiques, services décentralisés de développement et
de coopération….etc.) serait un atout de plus.
Et ce n’est, à notre sens, qu’une fois cette étape franchie que l’étude technico-économique
approfondie et les modes de gestion qui vont avec pourraient être décidés.
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