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2 • LES NOMENCLATURES

Les données techniques de l’entreprise regroupent deux grandes catégo-


ries :
– les données qui décrivent la composition du produit; les nomenclatures;
– les données qui décrivent le mode d’élaboration du produit : les gam-
mes.
Ce chapitre va permettre de préciser les notions liées aux nomenclatures.

2.1 Le produit et sa composition


2.1.1 Définitions
La « nomenclature » a d’abord été une notion vague, à l’origine de plu-
sieurs difficultés au sein des entreprises. À l’origine la nomenclature est
un document de synthèse qui présente :
– la manière dont est composé un produit par une liste de composants;
– les relations entre les différents composants au sein du composé, qui se
traduisent par des « liens de nomenclature ».
Le produit qui est issu de la nomenclature est l’article « Composé ». Les
articles constituant la nomenclature sont des « Composants ». Une
matière première achetée ou une fourniture peuvent donc être des com-
posants mais pas un composé. Un sous-ensemble est selon le cas com-
posé (dans la nomenclature décrivant son élaboration) et composant
2.1 Le produit et sa composition

(dans la nomenclature de l’ensemble ou des ensembles auquel il appar-


tient) (fig. 2.1 et 2.2).
Les fonctions de la nomenclature sont multiples selon que l’on se
préoccupe :
– de la fonction Approvisionnements;
– de la fonction Études;
– de la fonction Méthodes.

2.1.2 Coefficient et niveau


Exemple 1 : recette de cuisine
Pour confectionner un « quatre-quarts », il faut pour 8 personnes :
– farine : 250 grammes;
– œufs : 4 pièces;
– sucre : 250 grammes;
– beurre : 250 grammes.

Exemple 2 : face avant de micro-ordinateur équipée

82400000
Niveau 0
équipée

Niveau

Logo
ou DVD – 1
1 0,05
Niveau

Blanc Bleu Blanc


glacier 0,013 glacier
0,238 kilo-

Figure 2.1 – Nomenclature de face avant équipée.

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2.1 Le produit et sa composition

Cette nomenclature est un produit pour le fabricant mouliste, un composant


acheté pour le constructeur d’ordinateurs.
Pour chaque composant le nombre indique le coefficient (cf. infra). Chaque
changement de niveau (cf. infra) indique une étape dans le process de fabri-
cation, correspondant (en général) à un stockage intermédiaire (ou à une
A
Exemple 3 : lame d’acier fabriquée à partir du rond de diamètre 400
L’épaisseur de la lame au débit est de 1,5 cm. Dans une couronne, on fabri-
que 4 lames (cf. chapitre 1).

Étape n˚ 1 : rond avant première utilisation

COURONNE de 50 millimètres
de large dans un rond de 400
Étape n˚ 2 : rond après première découpe => il reste du rond
de 300 après découpe

Figure 2.2 – Exemple de nomenclature


à composant consommé et produit.

n Coefficient
Le coefficient indique la quantité du composant utilisée dans la fabrication
du composant. Cette quantité est exprimée dans l’unité de stockage de
l’article composant. Elle peut bien évidemment comporter des décimales.

39
2.1 Le produit et sa composition

Exemple 1

Dans l’exemple 1 ci-dessus le coefficient de la farine est 250 si l’unité de la


farine est le gramme, 0,250 si l’unité est le kilogramme.

Exemple 2

Le coefficient du carton d’emballage est de 0,05 puisqu’on met 20 faces avant


par carton lors du conditionnement.
Le coefficient du bayblend bleu dans le liseré est de 0,013 (soit 13 grammes de
matière par liseré, et un liseré par face avant équipée soit 0,013 × 1 gramme de
bayblend bleu par liseré).

Selon le type de process, le coefficient peut comporter un taux de rebut,


une partie fixe ou être négatif.

Exemple 3

La nomenclature peut alors être du type :


Niveau Code Désignation Coefficient
0 L001 lame de découpe xxxxx
1 C001 ébauche de lame L001 0,250 unité
(on suppose qu’une couronne permet de faire quatre lames).
2 R001 rond de diamètre 400 0,015 mètre
2 R002 rond de diamètre 300 – 0,015 mètre
(le rond de diamètre 300 est produit et non consommé).

n Niveau
Par convention le niveau du composé dans une nomenclature est le
niveau zéro. Les composants directs sont de niveau 1, les composants
des composants sont de niveau 2, etc. Chaque décomposition d’un com-
posé en ses composants augmente le niveau de n à n + 1.

Exemple 2

La matière première (bayblend blanc glacier, ou bayblend bleu) est de niveau


2 dans cette nomenclature.

40
2.1 Le produit et sa composition

La notion de niveau d’un composant dans une nomenclature est liée à ce


lien de nomenclature et en aucun cas à l’article lui-même.
Ainsi une même vis utilisée plusieurs fois dans différents sous-ensem-
bles d’une nomenclature peut-elle être de niveau, 1, de niveau 2 et de
niveau 4 dans la nomenclature.
Le nombre de niveaux utilisé dans l’entreprise est très variable et A
dépend :
– de la complexité des produits et du nombre de composants;
– de la finesse de gestion demandée;
– du process de fabrication.
Il est en général de 1 à 3 niveaux dans les entreprises de fabrication de
pièces, de 5 à 7 niveaux dans les entreprises d’assemblage, et peut attein-
dre 10 à 15 niveaux dans certains secteurs particuliers comme l’aéronau-
tique (pour la partie montage) et l’électronique.

Exemple 3

La nomenclature présentée ci-dessus est à 2 niveaux. Après l’opération de


débit, une découpe transforme la couronne en 4 lames en arc de cercle de 90°.
Supposons maintenant que le process enchaîne l’opération de débit et de
découpe et qu’on ne stockera jamais les couronnes non découpées. La bonne
méthode est alors de supprimer un niveau de nomenclature, à condition tou-
tefois que l’on puisse indiquer dans le coefficient qu’il faut 0,015 m pour
4 pièces, ou bien que l’on indique que l’unité de fabrication est forcément un
multiple de 4 et dans ce cas seulement on peut admettre d’indiquer comme
coefficient 0,015/4 = 0,00375 mètre.

n Plus Bas Niveau


Il a été vu plus haut qu’un même article utilisé plusieurs fois dans diffé-
rents sous-ensembles d’une nomenclature peut être ainsi de niveau, 1,
de niveau 2 et de niveau 4 dans la nomenclature.
De la même manière un article peut être utilisé à différents niveaux dans
l’ensemble des nomenclatures de la société. Le niveau maximum qu’un
article atteint dans une nomenclature active de la base de données de
l’entreprise est ainsi qualifié (assez paradoxalement puisqu’il s’agit du

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2.1 Le produit et sa composition

numéro de niveau le plus élevé) de « Plus Bas Niveau ». Un article uti-


lisé au niveau 1,2,4, dans différentes nomenclatures est donc de plus bas
niveau 4.
Cette notion est très importante pour le calcul des besoins et les calculs
de valorisation. Le système de gestion des nomenclatures doit donc cal-
culer automatiquement le « Plus Bas Niveau » de tous les articles.

2.1.3 Liens, articles de substitution, variantes et options


n Degré de précision du lien de nomenclature
L’une des difficultés dans la création d’une nomenclature réside dans
l’interchangeabilité de certains composants dans la nomenclature.
Exemple : montage électronique
L’un des composants de la carte est un circuit intégré de marque Texas, mais
on peut monter à sa place un circuit Hitachi, ou encore un circuit Nec.
Par contre dans d’autres cartes ces composants ne sont pas interchangeables
pour des raisons techniques.
Deux possibilités peuvent alors être offertes :
– la nomenclature permet d’indiquer pour chaque composant un ou
plusieurs articles de substitution;
– les articles sont définis avec lots (cf. chapitre 1 « Les articles »). Le com-
posant est alors codifié de manière identique au niveau de l’article, le
code lot représentant le fabricant. Dans certaines nomenclatures, on
précisera l’article sans préciser le lot (comme dans l’exemple ci-dessus)
puisque les lots sont interchangeables, et dans d’autres le lien de
nomenclature précisera article et lot (code article et fabricant dans
l’exemple ci-dessus).
Dans tous les cas dans une optique de traçabilité, la date de début de
validité du lien sera renseignée lors de la création.

n Variantes et options, configurateur


Dans beaucoup d’industries, le même produit est décliné avec différen-
tes versions : les variantes. Deux composants sont des variantes s’ils se
substituent l’un à l’autre.

42
2.1 Le produit et sa composition

Enfin, certains composants sont optionnels : il s’agit alors d’options.


L’option s’ajoute et ne se substitue pas.
Ainsi, contrairement au langage commun, dans une voiture la peinture
métallisée est une variante et non une option.

Exemple A
Soit un fabricant de petit électroménager. Le modèle vendu (par exemple
une cafetière électrique) est vendu en deux tensions (110 et 220 volts), avec
6 types de cordons différents (en fonction des modèles de prises), et en
3 couleurs. Le nombre de variantes possibles au niveau du produit fini est
alors pour ce modèle de 2 × 6 × 3 = 36.
En réalité certaines variantes sont impossibles (ainsi le cordon destiné aux
Etats-Unis équipe rarement un modèle 220 volts). On se rend compte que la
simplification de gestion incitera le fabricant à déléguer à chaque importateur
le montage des cordons spécifiques de chaque pays.

La création des nomenclatures doit permettre alors de gérer une seule


nomenclature de base avec un choix de la variante lors de son utilisation.
Ce choix sera présenté sous forme de menu et de listes de cases à cocher,
les liens entre les composants des variantes étant précisés une fois pour
toutes lors de l’élaboration de la nomenclature. On parle alors de confi-
gurateur.
Celui-ci comprend :
– un menu des variantes et options disponibles que l’opérateur devra
sélectionner;
– une logique d’inclusion et d’exclusion pour valider les options sélec-
tionnées;
– une méthode de transfert vers la création d’ordres de fabrication.
Ce configurateur est utilisé :
– lors de la création de la nomenclature;
– lors de la prise de commande pour préciser la variante du produit;
– lors de la création d’ordre de fabrication, éventuellement en reprenant
la configuration de la commande.

43
2.1 Le produit et sa composition

Le prix de la variante ainsi définie est alors calculé en fonction des com-
posants et des règles de gestion inscrites dans le configurateur. Ce peut
être simplement la somme des composants mais peut être beaucoup plus
complexe, certains composants impliquant des temps d’assemblage plus
importants, d’une façon non linéaire.
Exemples
– La configuration d’une moto va être précisée parmi trois tailles de moteur,
cinq cadres différents, et sept packs d’accessoires. L’opérateur lors de la saisie
des commandes sélectionne les options requises par le client dans les menus
du configurateur.
– La menuiserie aluminium est un cas complexe de gestion des variantes et
options dans lequel un configurateur sophistiqué s’impose (la longueur et la
largeur de la fenêtre jouent sur la largeur du profilé, etc.).
– La construction de produits fortement personnalisés comme des voiliers
obéit aux mêmes règles (Bénéteau, Jeanneau…).

Mais attention ! Un configurateur ne doit jamais dépasser les possibilités de


compréhension du plus humble des collaborateurs de l’entreprise amené à
l’utiliser. Sinon il sera d’abord mal utilisé puis source d’erreurs et finale-
ment rejeté. La tentation technocratique est fréquente dans ce domaine.

n Le choix du nombre de niveaux (fig. 2.3)


Diminuer le nombre de niveaux :
– diminue la complexité et le coût de gestion.
Augmenter le nombre de niveaux :
– permet de stocker tout assemblage intermédiaire de composants;
– augmente la précision dans la connaissance de l’assemblage du produit.
En conséquence, le technicien s’il est peu au fait des problèmes de ges-
tion est tenté par la multiplication des niveaux. Se souvenir à ce propos
que la nomenclature ne dépend pas uniquement de l’assemblage mais
du process global.
Supprimer des niveaux :
– évite de codifier des articles qui n’existent jamais physiquement de
manière durable ou ne sont jamais stockables;

44
2.1 Le produit et sa composition

– diminue fortement le nombre d’ordres de fabrication1.


Soit l’exemple ci-après :

A
Niveau 0 Produit PF

Niveau 1 Solution 1
trois niveaux

Niveau 2
A B C

OU ?

Niveau 0
Produit PF
Solution 2
deux niveaux

Niveau 1
A B C

Figure 2.3 – Choix du nombre de niveaux.

1. Cf. chapitre 19 « Ordres de fabrication ».

45
2.1 Le produit et sa composition

Dans cet exemple on peut imaginer :


– que A et B sont assemblés sur un poste de travail différent de celui de
l’assemblage de SF et C;
– ou que SF a un cycle de production supérieur au cycle commercial du
produit PF et donc que SF doit être stocké sur prévisions de ventes;
– que le lot de fabrication (qui correspond à une quantité « optimale »)
de SF est différent de celui de PF.
Mais à l’inverse on constate souvent que A, B, C sont assemblés au même
rythme, sur le même poste. SF n’a été créé que parce qu’il correspond à
une entité « logique » de montage, mais sans existence physique durable.
Dans ce cas, la suppression de SF et l’adoption de la solution 2 :
– enlèvent la définition et la maintenance d’un article sur les cinq (soit
20 % de simplification);
– enlèvent un niveau de nomenclature (et un lien de nomenclature sur
quatre soit 25 %) et font passer la fabrication de deux OF à un seul
(soit 50 % de simplification).
En prenant conscience du process de fabrication, le technicien des Étu-
des qui définit la nomenclature diminue le coût de gestion et celui de
stockage dans des proportions qui comme dans l’exemple ci-dessus peu-
vent devenir très importantes.
Une solution intermédiaire peut être l’adoption, au sein de la nomencla-
ture, de la notion d’articles « fantômes ». Ce sont des articles définis mais
non stockables, par exemple fabriqués et immédiatement incorporés
dans un ensemble. Dans l’exemple ci-dessus, l’article reste codifié, la
nomenclature reste à trois niveaux, mais lors de la création des OF le
programme remplace le sous-ensemble SF par ses composants A et B,
donc toujours dans cet exemple, le nombre d’OF à créer reste diminué
de 50 %.

n Les cas d’emploi et le remplacement ou l’évolution de composants


Le cas d’emploi sert à déterminer pour un article donné la liste des com-
posés dans lequel il est composant. Cette fonction est nécessaire pour
l’étude du remplacement d’un composant par un autre. Le remplace-
ment peut alors s’effectuer en gardant l’ancien composant avec une date

46
2.1 Le produit et sa composition

de fin de validité correspondant à la date de remplacement. On peut


ainsi retrouver facilement la nomenclature à une date donnée (meilleure
traçabilité). La fonction cas d’emploi peut être utilisée mono ou multi-
niveaux.

Exemple A
En reprenant l’exemple de la figure 2.1 donnant la nomenclature de la face
avant 824000, on indique les cas d’emploi par exemple du BBLAN.
Mono-niveau
BBLAN :
– 82000000 Face avant moulée;
– 81300000 Cache CD ou DVD;
– etc. pour les autres nomenclatures utilisant ce composant.
Multiniveau
BBLAN :
– 82000000 Face avant moulée;
– 82400000 Face avant équipée;
– 81300000 Cache CD ou DVD;
– 82400000 Face avant équipée.
– etc.
Après identification des composants à remplacer, la plupart des logiciels
permettent le remplacement global d’un composant par un autre (avec
des modifications éventuelles de coefficient et de taux de rebut). Le pro-
gramme indiquera la date de fin de validité du lien en cas de remplace-
ment du composant par un autre article dans cette nomenclature. Dans
certains cas où la précision de traçabilité requise est supérieure, on enre-
gistrera en sus le rang (numéro de série) à partir duquel le changement
de composant a été effectué.
Mais au-delà du remplacement simple d’un composant, certaines évolu-
tions peuvent être plus complexes. Lors d’une modification globale, plu-
sieurs composants sont remplacés en même temps et de manière liée.

Exemple
Trois composants A, B et C sont remplacés par deux articles D et E, les deux
composants nouveaux remplissant les fonctions de trois précédents.

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Certains logiciels incluent alors un module de gestion des modifications
techniques. Un indice de modification est alors généré, avec une des-
cription des modifications effectuées et la date de début d’application.
Cette fonction est utile surtout dans le cas de modifications combinées.

2.2 Les différentes nomenclatures


2.2.1 Différences de forme
n Nomenclatures « à plat » ou « râteau »
C’est la forme adoptée dans les figures 2.1 et 2.3. Elle correspond aussi à
la forme historique des organigrammes hiérarchiques ou des arbres
généalogiques. Simple à comprendre, son contenu devient difficile à
analyser dès que la nomenclature comprend plus de quelques dizaines
de pièces. L’insertion d’un nouveau composant bouleverse toute la pré-
sentation et elle est donc beaucoup plus complexe à comprendre dans la
durée.

n Nomenclatures arborescentes indentées multi-niveaux


La nomenclature arborescente indentée (fig. 2.4) organise les niveaux
dans le sens habituel de la lecture c’est-à-dire de la gauche vers la droite.
Cette forme est devenue très populaire avec l’apparition de la notion
d’explorateur dans les dossiers et fichiers des ordinateurs. Elle a l’avan-
tage d’être beaucoup plus souple que la précédente.

2.2.2 Différences selon la fonction de l’utilisateur


Jusqu’aux années quatre-vingt-dix, et pour des raisons essentiellement
liées au manque de souplesse des tris et sélections sur les bases de don-
nées, les différents services de l’entreprise, ayant des besoins différents,
utilisaient des nomenclatures différentes.
Si la présentation de ces nomenclatures peut être différente en fonction
de l’utilisateur, la source doit être identique et l’unicité de la nomencla-
ture doit devenir un postulat de base.

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Nomenclature arborescente restreinte au premier niveau

00 82400000 Face avant équipée

+ 01 Face avant moulée


+ 01
+ 01 Cache CD ou DVD
A
100000 Logo autocollant
200000 Inserts de fixation
300000

Nomenclature arborescente avec affichage multi-niveaux

00 82400000 Face avant équipée

01 81800000 Face avant moulée 1.000 PCE

02 BBLAN Bayblend blanc glacier 1.000 KG

01 82000000 Liseré bleu 1.000 PCE

02 BBLEU Bayblend bleu 0.013 KG


01 81300000 Cache CD ou DVD 1.000 PCE

02 BBLAN Bayblend blanc glacier 1.000 KG


01 100000 Logo autocollant 1.000 PCE
01 200000 Inserts de fixation 5.000 PCE
01 300000 Carton d'emballage 0.050 PCE

Figure 2.4 – Nomenclature arborescente indentée.

n Nomenclatures d’études
Elles sont destinées à indiquer les liens d’assemblage, c’est-à-dire à faci-
liter la compréhension d’un plan (éclaté…), sans tenir compte forcé-
ment des contraintes de fabrication. Elles prennent en compte tous les
codes articles liés au produit composé, donc en particulier d’éventuels
articles fantômes1.

1. Cf. section 1.2.3.

49
Elles sont établies, pour un indice article ou une date donnée, et pour
une variante donnée, l’ensemble des composants des différentes ver-
sions étant stocké dans la même nomenclature et seuls les composants
répondant à la sélection étant visualisés.

n Nomenclatures de fabrication
Plus complètes que les précédentes, elles intègrent les contraintes liées à
la chronologie de fabrication et indiquent à quel stade de cette fabrica-
tion chaque composant est utilisé.

Exemple

Une matière première est utilisée souvent dès la première opération, une éti-
quette ou un carton d’emballage à la fin de la fabrication. La date désirée de
disponibilité du composant pour la fabrication sera très différente.

Les articles fantômes sont à l’inverse ignorés, seuls les composants phy-
siques sont indiqués.

n Nomenclatures de coûts ou de chiffrage


Dans la plupart des progiciels on peut définir au sein de la nomenclature
des lignes pour la valorisation différentes de celles utilisées pour la fabri-
cation.

n Nomenclatures d’approvisionnement
Ce sont les plus simples. Les sous-ensembles sont ignorés et seuls les
produits achetés sont indiqués. Ils peuvent de plus être regroupés. Ainsi
si un composant est présent plusieurs fois dans la nomenclature, il
n’apparaît qu’une fois dans l’état, avec un coefficient égal au total des
coefficients de chacune des lignes de nomenclatures.

2.2.3 Cas particuliers


n Nomenclatures du Plan industriel et commercial
Elles concernent des articles particuliers, qui ne sont pas vendus directe-
ment le plus souvent, mais sont l’objet des prévisions de vente.

50
Exemple

Un fabricant de chaussures connaît par ses statistiques de vente la répartition


des pointures par modèle et par pays. Et même si cette répartition peut évo-
luer sur une génération (il semble que les pieds grandissent ! ! !), l’évolution
d’une saison à l’autre est insignifiante. Cette répartition suit une loi normale1.
Pour établir les prévisions de vente, il est suffisant d’établir la prévision
A
modèle par modèle, l’éclatement par pointure se faisant via une nomencla-
ture, le total des coefficients sur les lignes de nomenclature étant égal à 100 %.

n Nomenclature de démontage ou divergente


Une nomenclature de démontage prévoit l’obtention de produits finis
composants à partir du composé. La nomenclature de démontage est
également appelée parfois « nomenclature du cochon » (on obtient les
produits jambon, boudin, échine, pied de porc, etc. à partir du composé
cochon).
L’utilisation des nomenclatures de démontage n’est pas toujours très
simple à intégrer dans l’organisation de la gestion de production, en par-
ticulier elle risque de faire « boucler » les algorithmes de calcul des
besoins (MRP) puisque tantôt on obtient A à partir de B (montage) et
tantôt B à partir de A (démontage). Une grande attention doit être por-
tée sur ce point dans les industries qui utilisent ce type de nomenclatu-
res. Toutefois, dans la plupart des cas, le problème se simplifie dès que
l’on étudie les articles constituants.

Exemple : entreprise de reconditionnement de moteurs


(échange standard)

Le moteur en panne est démonté, les composants en bon état récupérés et le


moteur reconstruit à partir de pièces bonnes. Le problème de gestion est
insoluble tant que l’on ne prend pas conscience que la pièce composant du
moteur retourné en panne avant démontage n’est pas la même (donc n’a pas
le même code article) que la pièce à monter dans le moteur reconditionné.
La première doit être démontée, contrôlée, lavée pour devenir la deuxième.

1. Ou loi de « Gauss ».

51
Même s’il s’agit à l’origine de pièces identiques, elles sont différentes
puisqu’un travail donc une valeur doit être ajouté à la première pour la trans-
former en la deuxième.

n Formules (chimie, pharmacie, cosmétiques)


Dans certaines industries, les nomenclatures sont appelées formules.
Dans ce cas, les coefficients sont plus souvent exprimés en pourcentage
ou ppm (parties pour mille). Le taux de rebut s’appelle alors facteur de
perte. Les configurateurs (cf. infra) existent aussi dans l’élaboration des
formules. En effet, il est fréquent que deux ou plusieurs ingrédients
dépendent l’un de l’autre dans l’élaboration de la formule. La « mise à
l’échelle » effectue des calculs non en fonction de la quantité à fabriquer
(cas normal) mais en fonction de la quantité d’un ingrédient particulier
(par exemple dans le cas où cet ingrédient ne disposerait pas de la quan-
tité nécessaire suffisant dans la qualité, ou le lot demandé).

n Article à la commande : kit et assortiment


Le « kit» est un produit défini par une nomenclature, l’assemblage
étant réduit au minimum voire inexistant.
Exemple
Les fabricants de tarauds vendent les tarauds à l’unité, par boîte de x unités
ou par jeu, le jeu comprenant trois codes articles différents – le taraud
d’ébauche, moyen et finisseur. Le jeu de tarauds est assemblé au moment de
la livraison à la fois pour éviter de stocker des jeux en sus de tarauds, et éven-
tuellement pour personnaliser la livraison (type de conditionnement, mar-
quage, etc.).
Le jeu est défini en tant que kit, et les mouvements de sortie de stock des
trois tarauds sont alors effectués automatiquement par la livraison du jeu.

Cet exemple issu de l’outillage peut très facilement être étendu à


d’autres métiers (arts de la table, fleurs artificielles, négoce de matériaux,
« ancillaires » dans la fabrication de prothèses, etc.).
Seul le libellé du kit figure sur les documents commerciaux, la composi-
tion du kit figure sur les documents internes et permet de préparer
l’expédition.

52
L’assortiment est un cas un peu différent. Les composants de la nomen-
clature remplacent le composé lors de la prise de commande et ce sont
les composants qui sont livrés au client.
Exemple
1 A
Le matériel de PLV livré par un fabricant à ses distributeurs est le plus sou-
vent un assortiment.

Dans les deux cas en terme de stockage en général seuls les composants
sont inventoriés.
Au niveau des statistiques de vente, certaines sociétés préféreront garder
la trace des ventes de kits ou d’assortiments, d’autres préféreront ajouter
les ventes à celles des composants. Il est raisonnable toutefois de préciser
que les statistiques ne devront rentrer que dans une seule des deux caté-
gories pour permettre les rapprochements des totalisations.
L’utilisation des kits et des assortiments permet de réduire le nombre de
transactions, donc d’économiser temps et efforts, et de réduire les
erreurs de saisie.
Les nomenclatures de manière plus générale peuvent être utilisées pour
simplifier la gestion administrative à la fois en prise de commande
(diminution du nombre de lignes de commande) et en fabrication
(diminution du nombre d’ordres de fabrication).

2.2.4 Typologie selon les secteurs d’activité


On rapprochera la structure des nomenclatures de celle des types de
production2.

n Nomenclature convergente (fig. 2.5)


Le produit fini est assemblé à partir de nombreux composants différents.
On trouve relativement peu de sous-ensembles communs à plusieurs

1. PLV: Publicité sur le lieu de vente – ensemble des matériels de démonstration, présen-
toir, etc.
2. Cf. chapitre 6.

53
nomenclatures. Ceci correspond souvent à une fabrication pour stock
avec un atelier d’assemblage. Le document de fabrication le plus courant
est la « liste à servir ».

Niveau 0

Niveau 1

Niveau 2

Figure 2.5 – Nomenclature convergente.

n Nomenclatures simples (fig. 2.6)


Le produit fini est élaboré avec peu de composants (fabrication de pièces
simples en particulier) souvent une seule matière première et une à
quelques fournitures (emballage…).

Niveau 0

Niveau 1

Niveau 2

Figure 2.6 – Nomenclature simple.

54
C’est un cas particulier de nomenclature convergente. L’emploi des
documents de fabrication est alors différent. La nomenclature est sou-
vent reprise sur la fiche suiveuse ou le bon de travail. La liste à servir
n’est pas utilisée.
Il peut s’agir alors de fabrication pour stock ou de fabrication à la com-
A
n Nomenclatures divergentes (fig. 2.7)
Chaque matière première est utilisée dans de nombreux sous-ensembles
et ou produits finis.

PF 1 PF 2 PF 3 PF 4 PF 5
Niveau 0

Niveau 1

Niveau 2

Figure 2.7 – Nomenclature divergente.

On trouve ce cas dans beaucoup d’industries de process (embouteillage,


industrie pétrolière, extrusion, cosmétiques…).

n Nomenclatures à point de regroupement ou d’éclatement (fig. 2.8)


Les composants de plus bas niveau sont assemblés dans des sous-ensem-
bles en nombre plus faible. Ceux-ci sont alors assemblés dans de nom-
breux produits finis différents1 (variantes…).

1. Cf. section 6.1.1 « Assemblage à la commande ».

55
2 • Les nomenclatures 2.3 Une méthode de gestion :

Figure 2.8 – Nomenclature à point de regroupement/éclatement.

2.3 Une méthode de gestion :


la « différentiation retardée »
Les techniciens et les gestionnaires ont pris alors conscience que le coût
de gestion des articles diminuerait si :
– le nombre de pièces différentes était plus faible;
– le nombre de nomenclatures différentes était plus faible.
Pour cela, ils ont mis en œuvre deux techniques simultanément.
– Le nombre de pièces a été réduit en utilisant dans des produits diffé-
rents des pièces communes (« technologie de groupe » – cf. 1.3 – large-
ment utilisée, par exemple, dans l’automobile).
– Le nombre de nomenclatures a lui été réduit en concevant des nomen-
clatures dans lesquelles les différences étaient reportées le plus près
possible de la fin de l’assemblage du produit (ce qui vise à « retarder »
les différences entre les différentes variantes).
On a l’habitude d’imager cette technique par le schéma de la figure 2.9.
Ainsi, la société Benetton effectue la teinture des pull-overs après le tri-
cotage, alors que les usages dans ce métier consistaient à la teinture de la
laine avant tricotage.
Le stockage des semi-finis en est grandement simplifié, le cycle de pro-
duction effectif est plus court.

56
2 • Les nomenclatures 2.3 Une méthode de gestion :

Le « buisson » Différentiation retardée Le « rateau »

Figure 2.9 – Nomenclatures à « différentiation retardée ».

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