Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
L’intelligence du droit™
Ainsi, pour autoriser la parodie d’une publicité pour une marque de tabac, la Cour d’appel
de Versailles a considéré qu’en retournant contre l’utilisateur du tabac l’imagerie
publicitaire de Philip Morris, l’auteur de la parodie avait introduit “ un élément d’humour
caractérisé, en évitant tout risque de confusion entre l’œuvre imitée et l’œuvre imitante ”
(décision précitée)
Mais la parodie peut aussi avoir un dessein plaisant : elle peut viser à rendre hommage à
l’auteur ou à l’œuvre parodiée dans la mesure où elle ne crée pas de risque de confusion
et où le public comprend clairement qu’il n’est pas en présence de l’œuvre elle-même. A
cet égard, la Cour d’appel de Paris a admis le pastiche d’une chanson de Prévert par
Jacques Faizant dans le but de rendre hommage à Yves Montand lors de son décès : “
tout en permettant l’identification immédiate de l’œuvre parodiée par la reproduction de sa
phrase titre “ Les feuilles mortes se ramassent à la pelle ” et par la mention “ d’après
Enfin, un simple clin d’œil au public n’est pas suffisant pour constituer l’exception de
parodie. Dans l’affaire de La bicyclette bleue, la Cour de cassation a jugé inopérant le
motif avancé par l’auteur selon lequel son œuvre constituait une sorte de pastiche de
l’œuvre de M. Mitchell, la “ volonté ludique ” de l’auteur et la recherche d’une “ complicité
amusée ” avec ses lecteurs étant insuffisants à qualifier l’œuvre seconde de parodie (Civ
1ere, 4 février 1992, Dalloz 1992, Jurisprudence, p. 182).
Dans l’affaire Douces Transes ( Cass. Civ., 1ere, 12 janvier 1988, RIDA, juillet 1988,
n°137, p. 98), la Cour de cassation a autorisé la parodie d’une chanson de Charles Trénet
par Thierry Le Luron. Or ce dernier avait repris l’air de la chanson, se bornant à en
changer les paroles. Par cette décision, la Cour de cassation a admis qu’un tiers puisse
reprendre telle quelle la musique d’un auteur sans qu’on le taxe de contrefaçon, dès lors
qu’il en change les paroles dans le cadre d’une parodie.
En outre, la parodie ne doit pas revêtir un caractère dégradant pour son auteur. La
parodie ne doit pas être insultante ou calomnieuse (Affaires Douces Transes, Civ, 12
janvier 1988). Dans ce cas, ce sont les droits de la personnalités qui s’appliquent, avec la
possibilité d’engager une action en diffamation.
Dans le cas d’hommes politiques ou de personnes publiques, leur caricature est tolérée
par les usages, bien qu’elles puissent constituer des atteintes aux droits de la
personnalités, particulièrement lorsqu’elles sont outrancières ou diffamatoires. Leur
diffusion peut alors être empêchée par une action en référé.
La jurisprudence se montre plutôt libérale à l’égard des parodies dénaturant des œuvres
de manière obscène. Elle admet la parodie lorsque la distance entre les deux œuvres est
manifeste et que n’apparaissent ni risque de confusion, ni volonté de nuire (cf. article de
M. Ristich de Groote, Les Personnages de l’esprit, , RIDA 1986, n°130).