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Antiquité Classique

Review
Author(s): Jeanne Croissant
Review by: Jeanne Croissant
Source: L'Antiquité Classique, T. 22, Fasc. 1 (1953), pp. 165-167
Published by: Antiquité Classique
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41643874
Accessed: 22-01-2016 05:28 UTC

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et de ne pas forcerles déductions.Là-dessus,je ne sais pas si tout


le mondetrouverale livrede MmeRonnet sans reproche.Je ne citerai
qu'un cas qui me paraît litigieux.MmeRonnet,au momentd'étudier
la couleurdu style,citece motde Rousseau : « pour peu qu'on ait de
chaleurdans l'esprit, on a besoinde métaphorespour s'exprimer».
Elle en induit que l'étude des métaphoreschez Démosthène doit
menerà d'intéressantesconclusionspsychologiqueset elle suit à la
trace les variationsde cette figurechez l'orateur. Elle constatela
multiplicationdes métaphoresparallèle à la montée de la passion
chez Démosthène,et il en va bien ainsi jusqu'à la PremièrePhilip-
pique. Il est juste de remarquerque, par la suite,des circonstances
extérieuresexpliquentassez normalementune chute des métaphores
et une certainefroideurdans les discours suivants et notamment
dans celui Sur la Paix. Mais quand il faut reconnaîtreque, même
là où la passion est présente,les métaphoresdiminuentdans les dis-
cours postérieursà 346, je me demande s'il suffitbien de dire qu'à
ce moment-làla passion a trouvé d'autres moyens d'expressionet
que, pour étudierl'évolutionpsychologiquede Démosthènepar l'ana-
lyse des métaphores,il ne fautpas s'en tenirà la formuletropsimple:
à plus grandepassion, plus grandnombred'images. On ne s'explique
guèrece correctifdes paroles de Rousseau par lesquellesétait intro-
duite cettepsychanalysedes métaphores.Mais je concèdevolontiers
qu'il s'agit là non pas d'une erreurde fait,mais plutôt d'un certain
vice de forme,péché véniel d'un commentateurtrop attaché à son
système. Je recommandel'étude de MmeRonnet à tous ceux que
l'éloquence de Démosthèneintéresse; ils s'y instruiront et d'autant
plus sûrement et aisément que de bonnes tables des matièreset des
index bien faits donnentau livre le caractère d'un instrumentde
travail clairementconçu et facile à consulter. René Henry.

Paul Moraux, Les listes anciennes des ouvrages d'Aristote.


Louvain, Éditions Universitaires, 1951. 1 vol. in-8°, x-391 pp.
(Aristote, Traductions et Études. Collection publiée
par l'Institut supérieur de philosophie de l'Université
de Louvain). Prix : 280 frs.
L'attention que l'auteur de cet ouvrage a portée aux listes an-
ciennes des œuvres d'Aristotedécoule des préoccupationsqui do-
minentaujourd'huiune large tranchedes études de philosophiean-
cienne. En révélantl'importancedes traces qu'a laissées dans l'œu-
vre d'Aristotela constitutionprogressivede son systèmeà partir
de la critique du platonisme,Jäger n'a pas seulementdéterminé
l'orientationactuelledes étudesaristotéliciennes,il a permisde poser
d'une manièreprécisele problèmede l'influenced'Aristotesur les
écoles hellénistiqueset c'est à l'impulsionde sa thèse que sont dus
les travaux qui ont mis en évidencele rôle de 1'« Aristoteperdu»
dans la formationdu stoïcismeet de l'épicurisme.Les successeurs

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d'Aristoteparaissentdonc avoir connusurtoutses premiersouvrages,


encoremarqués de l'influenceplatonicienne.Surtout,ou exclusive-
ment,et pourquoi? On connaîtTassez étrangehistoireracontéepar
Strabonet Plutarque: la bibliothèqued'Aristoteseraitrestéeenfouie
dans une cave de Troade jusqu'au jour où elle futvendueà Apellicon
et, par une séried'intermédiaires, remiseà Andronicosqui la publia
et permitla renaissancede l'aristotélisme.Le problèmede la trans-
missiondes œuvresd'Aristote,celui, connexe,de la constitutiondu
Corpus aristotéliciensont posés avec une nouvelle urgencepar les
progrèsaccomplisdans la connaissanced'Aristoteet des philosophies
qui lui succédèrent. Les listes anciennesdes ouvrages d'Aristote
prennentdès lors un grandintérêt,car elles peuventnous aider à les
résoudre. C'est dans ce but que M. Moraux a entreprisleur étude.
L'ouvrage où il nous livre les résultatsde ses recherchesdoit être
suivi d'un autre,où il se proposed'exposerl'histoirede la constitu-
tion du Corpus et notammentla part qu'y a prise Andronicos.
De ce volumineuxtravail,qui contientune analyse complètedes
trois listes qui nous sont parvenues,je ne puis donnerici qu'une
idée trèsimparfaite.En beaucoup de points,l'interprétation de ces
documentsnous entraînedans de si complexeshypothèsesque le
critiquedoit bien se bornerà dire qu'elles lui semblentplausibles.
Cela suffità confirmer des qualités de méthodequi se manifestent
dans tout le cours de l'ouvrage, et en de telles matières,où tant
d'élémentsde fait nous fontdéfaut,l'incertitudefatale de certaines
conclusionsn'enlèverien à l'intérêtque leur vaut la qualité scienti-
fique de leur élaboration.
Je me borneraià quelques remarquesqui concernentla liste de
Diogène,dont l'étude formela partiecentralede l'ouvrage,car c'est
de loin la plus intéressante,puisque la deuxièmereprésentedans sa
plus grandepartie une formeplus mauvaise de la même tradition
et que la troisième,postérieureà la constitutiondu Corpus,ne peut
rien nous apprendresur son histoire. La liste de Diogène, au con-
traire,nous présentel'œuvre d'Aristotesous une formetrès diffé-
rentede celle que nous connaissonspar le Corpus. A côté d'un petit
nombrede traitésdans leur formedéfinitive( Topiques, Pr. et Sec.
Analytiques,Politique), nous y trouvonsun éparpillementde petits
écrits,dont les uns sont perdus,tandis que d'autres se révèlentà
l'analyse comme les élémentsdont l'assemblagea donné naissance
à certainsdes grandstraités. Les lacunes sont importantes : man-
quent la plupart des écritsphysiqueset biologiques,le De Anima,
YÉthiqueà Nicomaque.La Métaphysiquemanque,mais la deuxième
liste signale une Métaphysiqueen 10 livres et M. M. a rendu très
probable,par une étude ingénieusede la distribution que
des^titres,
ce traité a disparu de la liste de Diogène à la suite d'un accident.
Il semble donc que nous soyons en présenced'un état ancien de
l'œuvre d'Aristote,antérieurà la constitutiondu Corpus. Cette
opinion n'est pas neuve, mais M. M. lui confèreune signification
toute nouvelle du fait qu'il contestel'attributionde cette liste à

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Hermippe,qui était jusqu'ici la plus généralementadoptée, et pro-


pose d'y voir l'œuvre d'un scolarque du Lycée, Aristonde Céos.
Si nous acceptonsses raisons,qui sont bonnes,la liste nous fournit
donc un état de l'œuvre aristotélicienne tel qu'il a été dressé dans
l'école aux environsde 200 et,dès lors,elle acquiertune très grande
valeur. Le faitest qu'elle obéit à un ordresystématique,celuimême
qu'adoptera (en l'inversanten partie) la « division» que nous trou-
vons exposée chez les commentateursnéoplatoniciens.Avec une
différence pourtant,c'est que dans notre liste la Rhétoriqueet la
Poétiqueformentun groupeà part, visiblementle groupedes scien-
ces poétiques distingué, en Méta. E, des sciencesthéoriqueset des
sciences pratiques, tandis que la division néoplatonicienneignore
ce groupe et classe la Rhétoriqueet la Poétique dans la logique.
M. M. pense que c'est notreliste qui témoignede l'ordreauthentique,
le classementdes commentateursétant l'effetd'une altérationdue
à l'influenceconjuguée du stoïcisme et du moyen platonisme. Il
seraittroplong de direici pourquoicettesolutionne me paraît pas
satisfaisante,et pas davantage l'explicationfourniepar M. M. de la
présenced'écritsde caractèremétaphysiquedans la série des logica,
qui serait due à une contaminationde l'aristotélismepar le plato-
nisme (où la dialectique n'est pas séparée du problèmede l'être)
chez les successeursd'Aristote. Non seulementle platonismedu
Lycée me paraît jusqu'à présent insuffisamment établi, mais on
doit se demanders'il est bien nécessairede faireintervenir un facteur
étranger à l'aristotélisme
pour rendre raison d'un voisinage de traités
qui trouve une explication toute naturelle dans la solidaritédes
problèmesqu'ils abordaient. Car la constitution de la logique aristo-
télicienne, dans son opposition platonisme, peut pas se séparer
au ne
de la révisiondu problèmede l'être. Quoi qu'il en soit,dans les deux
cas l'unité du classementse trouve brisée et, si on voulait se faire
l'avocat du diable, on pourraitavouer les doutes qui subsistentsur
telle identificationde titre dans la même section des logica, par
exemple celle du negi aroixeicov en 3 livres, où M. M. propose de
voir un ouvrage de contenu logique. Ceci non pour diminuerles
méritesdu travail de M. M., ni contesterla valeur de sa méthode,
mais pour conclureà la nécessitéd'une certaineprudencedans l'es-
timationde la liste. L'intentionde M. M. est d'en fairele témoin
du premiertravail de classificationdes traités d'Aristoteet je le
crois disposé à penser qu'Aristonde Céos en serait l'auteur. Sans
aucun doute,la liste reflèteun ordre,mais cet ordreest hybrideet
les infractionssont peut-êtreplus graves que les « réductions» de
l'auteur ne le laissent supposer. Du moins le contenu de la liste
est-il en lui-mêmetrès instructif.Il n'infirmepas totalementla
versionde Strabonet de Plutarqueet il sembleraitconfirmer que les
écoles hellénistiquesn'ont pu avoir de la pensée aristotélicienne
qu'une connaissancetrès partielle. Néanmoinsune partie de l'Aris-
tote ésotériqueétait présenteailleursqu'à Skepsis et le travail de
groupementdes petitstraités,dont Porphyrefait honneurà Andro-
nicos, avait commencéavant lui. Jeanne Croissant.

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