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Dessalement des eaux usées Chapitre III : Procédés de distillation Dr H.

Betatache
et saumâtres ENSH

Chapitre III : Procédés de distillation

Introduction
Les principaux procédés de distillation sont :
Les procédés de distillation les plus commercialisés sont:
- Distillation à simples ou multiples effets (MED)
- Distillation par détentes successives (MSF)
- Distillation par compression de vapeur (VC)
I. Distillation à faisceaux noyés
I.1. Distillation à simple effet :
Ce procédé est mis en œuvre depuis longtemps sur les navires, où les
moteurs diesel émettent une quantité significative de chaleur récupérable. Son
principe est simple : il reproduit le cycle naturel de l’eau.

Son principe est le suivant : une enceinte étanche, contenant dans sa partie
basse de l’eau de mer à distiller. Un serpentin de réchauffage, alimenté en fluide
chauffant traverse cette eau de mer et en provoque l’ébullition. La partie haute de
l’enceinte est traversée par un serpentin de refroidissement parcouru par de l’eau de
mer froide, sur lequel se condense la vapeur formée. L’eau distillée qui s’en écoule est
recueillie dans des goulottes.

Un éjecteur maintient le vide dans l’enceinte et un groupe électropompe soutire


l’eau condensée ; un deuxième l’eau de mer concentrée ou saumure. Une pompe
évacue une partie de la saumure afin de maintenir la concentration en sels à un niveau
acceptable (Fig.1).

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Figure1 : Distillateur simple effet


Ce type de bouilleur à faisceaux noyés est largement utilisé dans la marine du
fait qu’à bord des navires, on dispose :

- Energie peu coûteuse.

- Eau de réfrigération des chemises de moteur diesel.


- Gaz d’échappement.
- Vapeurs d’échappement.
La consommation spécifique de ce procédé, c'est à dire l’énergie nécessaire à
la production d’un kg d’eau douce est :

𝑄 𝐾. 𝑃. 𝐶𝑝 . ∆𝑇 + 𝐿. 𝑃
𝑌= = = 𝐾𝐶𝑝 . ∆𝑇 + 𝐿
𝑃 𝑃

Q : quantité de chaleur consommée (kJ)


P : production d’eau distillée (Kg)
K : rapport Débit d’eau de mer admis / Débit d’eau produite
ΔT : écart de température entre l’eau en ébullition et l’eau de mer.
Cp: la capacité thermique massique supposée égale à 4,18 kJ/(kg · K), quelle que
soit la salinité de l’eau.
L : l’enthalpie (ou chaleur latente) de vaporisation (en kJ).
I.2. Distillation à faisceaux noyés, à multiples effets :
Une installation de distillation à effet multiple est constituée par la juxtaposition
de n cellules fonctionnant selon le principe de l’effet simple afin d’augmenter le
rendement de l’opération en récupérant la chaleur d’apport pour une nouvelle
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distillation : on utilise la chaleur de condensation de la vapeur produite dans une


première chambre d’évaporation pour faire fonctionner le serpentin de chauffage d’une
seconde chambre à pression et à température plus faible et ainsi de suite (Fig. 2 ).
La vapeur du dernier effet sert à réchauffer l’eau d’alimentation du premier effet.
En l’absence de pertes calorifiques, on peut donc réutiliser la chaleur latente une
infinité de fois : plus il y a d’effets, plus le coût énergétique sera faible. En réalité, il y a
toujours des pertes et le nombre d’effets est limité par des contraintes techniques et
économiques.
Pour évaluer la consommation thermique de ce procédé, on supposera que, n
est le nombre d’effets et P la production d’eau douce des n cellules, la production de
chaque cellule est égale à P/n.
(𝑲.𝑪𝒑 𝜟𝑻 + 𝑳)
Y= Q/P/n =
𝒏
Cette équation montre que la consommation d’énergie est approximativement
celle de la distillation simple divisée par le nombre d’effets. En d’autres termes, le
rapport de la masse d’eau douce sur celle de la vapeur est presque égale au nombre
d’effets. Ce qui signifie qu’à la différence du simple effet, ce procédé permet de fournir
de plus grandes quantités d’eau de façon économique.

Figure 2 : Distillateurs à effets multiples

I.2.1- Choix du nombre d’effet d’une installation de distillation:

Le bilan thermique est d’autant meilleur que le nombre d’effets est plus grand,
mais c’est au prix d’une augmentation du coût de premier investissement. Pour fixer
le nombre d’effets, on tient compte de la différence globale de température disponible

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entre la source chaude et la source froide et du gradient de température nécessaire


dans chaque évaporateur pour assurer efficacement la transmission de chaleur de la
vapeur de chauffe à l’eau saline à distiller.

Le nombre d’effet dépend aussi du prix du combustible utilisé. S’il est cher, il y a intérêt
à multiplier celui-ci.

I.2.2. Augmentation du coût d’investissement selon le nombre des effets

Pour limiter au mieux l’entartrement, les constructeurs fixent la température


maximale de ce procédé entre 60 et 65 °C.

Exemple : la température de l’eau de mer atteignant 30 à 35 °C autour de la péninsule


arabique, l’échelle de fonctionnement de l’unité de distillation sera donc de 30 °C dans
cette région.

Si n est le nombre d’effets, on disposera d’un ΔT1 = 30/n °C par effet. Si on double le
nombre d’effets : ΔT2 = ΔT1/2.

Or les échanges thermiques suivent une loi de la forme : Q = K.S.ΔT

K : coefficient de transfert,

S : surfaces de transfert,

ΔT : écart de température entre la paroi froide et la paroi chaude.

Pour les maintenir au même niveau, la surface des échangeurs qui correspond à ΔT2
doit être le double de celle correspondant à ΔT1.

I.2.3. Conception d’une unité de distillation à multiple effet

Pour réchauffer l’eau de mer à l’intérieur de chaque cellule, on dispose de


plusieurs méthodes.

a- Échangeur immergé

La méthode la plus ancienne consiste à immerger l’échangeur de chaleur dans


l’eau de mer. C’est une technique simple mais elle conduit à une réduction du transfert
de chaleur qui augmente avec la hauteur de liquide. En effet, examinons une couche
d’eau de mer située à X cm sous la surface, la pression à ce niveau est égale à la
pression régnant dans la cellule augmentée de X cm d’eau. La température d’ébullition

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augmentant avec la pression, on en déduit que la couche d’eau considérée entrera en


ébullition à une température T supérieure à T0 température de l’interface
liquide/vapeur.

b- Échangeur à tubes verticaux

Dans cette configuration, l’eau de mer coule à l’intérieur des tubes tandis que
la vapeur est admise à l’extérieur. L’eau de mer est récupérée à la base du faisceau
de tubes, puis transférée par pompe à la partie supérieure du faisceau de la cellule
suivante. Cette méthode a l’inconvénient financier d’imposer un pompage à l’aplomb
de chaque cellule et d’augmenter la consommation d’énergie électrique.

Figure 3: Echangeur de chaleur vertical


c- Échangeur à tubes horizontaux
Dans cette configuration, l’eau de mer est pulvérisée sur le faisceau de tubes
placé à l’horizontale. Il en résulte un excellent coefficient de transfert de chaleur,
d’autant plus que les gaz incondensables sont rapidement libérés dans la partie
supérieure.

Par ailleurs, cette méthode produit une vaporisation douce : les entraînements
de sels sont moins importants que dans le procédé par détente. On peut même obtenir
une eau condensée très pure (jusqu’à 1 mg/L de sels) à l’aide de dispositifs spéciaux
dans la zone de vaporisation.

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II. Procédé de distillation par détentes successives (MSF) :

Ce procédé dit Flash consiste à maintenir l'eau sous pression pendant toute la
durée du chauffage, lorsqu'elle atteint une température de l'ordre de 120°C, elle est
introduite dans une enceinte (ou étage) où règne une pression réduite. Il en résulte
une vaporisation instantanée par détente appelée Flash. Une fraction de l'eau
s'évapore (fig.4) puis va se condenser sur les tubes condenseurs placés en haut de
l'enceinte, et l'eau liquide est recueillie dans des réceptacles en dessous des tubes.

C'est l'eau de mer chaude qui se refroidit pour fournir la chaleur de vaporisation,
l'ébullition s'arrête quand l'eau de mer a atteint la température d'ébullition
correspondant à la pression régnant dans l'étage considéré. Le phénomène de flash
est reproduit ensuite dans un deuxième étage où règne une pression encore plus
faible. La vaporisation de l'eau est ainsi réalisée par détentes successives dans une
série d'étages où règnent des pressions de plus en plus réduites. On peut trouver
jusqu'à 40 étages successifs dans une unité MSF industrielle.

Pour chauffer l'eau de mer jusqu'à 120°C, l'eau de mer circule d'abord dans les
tubes des condenseurs des différents étages en commençant d'abord par le dernier
étage où la température est la plus faible, elle est alors préchauffée en récupérant la
chaleur de condensation de la vapeur d'eau. Elle est finalement portée à 120 °C grâce
à de la vapeur à une température supérieure à 120°C produite par une chaudière ou
provenant d'une centrale de production d'électricité.

On remarque lors du phénomène de flash que des gouttelettes d'eau salée


peuvent être entraînées avec la vapeur, elles sont séparées grâce à un dévésiculeur
constitué par une sorte de grillage qui limite le passage des gouttelettes qui retombent
alors au fond de l'enceinte.

L'avantage principal du procédé MSF est que l'évaporation de l’eau de mer ne


se produit pas autour des tubes de chauffe, ceci limite les risques d'entartrage.

L'énergie requise est principalement l'énergie thermique à fournir à la


chaudière, cette énergie peut être peu coûteuse si on récupère de la vapeur basse
pression à la sortie d'une turbine de centrale électrique. Il faut également fournir de
l'énergie électrique pour les pompes de circulation de l'eau de mer.

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Le rendement en eau douce à partir de l'eau de mer salée initiale est d'environ
70 %. Ces Installations peuvent produire jusqu'à 600 000 mètres cubes d'eau par
jour.

Figure 4: Distillation à détentes successives

II.1. Consommation thermique

L’énergie thermique Q élevant la température de l’eau de mer de (T0 + nΔT) à


(T + n. ΔT) est égale à : Q = Qe Cp(T − T0).

Qe : débit d’eau de mer à l’entrée,

Cp : capacité thermique massique supposée égale à 4,18 kJ/(kg. K).

On en déduit la consommation thermique spécifique Y (exprimée en kJ/kg de


Q
distillat): Y= P

III. Distillation par compression de vapeur:

L’eau de mer à dessaler est portée à ébullition dans une enceinte


thermiquement isolée. La vapeur produite est aspirée par un compresseur qui élève
sa température de saturation. Cette vapeur traverse un faisceau tubulaire placé à la
base de l’enceinte et se condense en provoquant l’ébullition de l’eau salée (Fig.5).

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Figure 5 : Compression mécanique de vapeur

Supposons que c’est au point A (pression 0,7 bar, température 90°C) sur le diagramme
de Mollier. (Fig6). La vapeur produite est aspirée par le compresseur qui élève sa
température à 138°C et sa pression à 1 bar absolu (point B). Cette vapeur est ensuite
envoyée dans le faisceau tubulaire en bas de l’enceinte où elle se refroidit à pression
constante (point C), puis se condense en cédant sa chaleur à l’eau de mer, ce qui
produit son ébullition.

Figure 6 : Diagramme de Mollier

IV. Avantages de la distillation

La production est en théorie de l’eau pure (eau distillée). En fait, il y a toujours


des entraînements de sels dans la vapeur, si bien que l’eau condensée présente une
salinité comprise normalement entre 20 et 80 mg/L. Ces valeurs sont très inférieures
aux recommandations de l’OMS. Le distributeur d’eau a donc toute latitude pour
reminéraliser l’eau en fonction des conditions locales : ajout de réactifs et/ou dilution
avec de l’eau saumâtre. En prévoyant des aménagements spéciaux (séparateurs de
gouttelettes) dans les cellules de distillation, on obtient une eau dont la salinité est

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inférieure à 10 mg/L, qui peut servir d’appoint à une chaudière basse pression sans
déminéralisation complémentaire.

La consommation d’énergie est indépendante des variations de salinité de l’eau


de mer. Hormis le cas de la compression mécanique de vapeur, la distillation utilise de
l’énergie thermique sans spécification stricte. On peut donc récupérer de la chaleur
souvent considérée comme perdue. Les montages les plus répandus sont les
suivants :

- Couplage avec un moteur Diesel


- Couplage avec une turbine à gaz
- Couplage avec une centrale thermique

V. Contraintes de la distillation

- Sélection des matériaux résistants à la corrosion


- Gaz incondensables : ces gaz sont normalement dissous dans l’eau de mer.
Ils sont libérés grâce au vide partiel maintenu dans chaque cellule. Comme ils
interfèrent avec les transferts de chaleur, le constructeur prévoit leur évacuation par
pompe ou par éjecteur.
- Prétraitement, le traitement en amont de la distillation comprend trois
Etapes : la chloration, la filtration, l’antitartre.

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