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Anesthésiques par inhalation
E. ALBRECHT
PRINCIPES GÉNÉRAUX
> Le protoxyde d’azote, le chloroforme et l’éther furent les premiers
anesthésiques par inhalation utilisés, puis sont apparus dans l’ordre,
l’halothane, le méthoxyflurane, l’enflurane, l’ isoflurane, le sévoflurane
et le desflurane ; et tout dernièrement, le xénon ;
> un gaz est une substance qui est à l’état gazeux à température
ambiante alors qu’une vapeur désigne la forme gazeuse d’une substance
qui est liquide à température ambiante ;
> le protoxyde d’azote est un gaz alors que les anesthésiques halogénés
sont des vapeurs ;
> la pression de vapeur saturante est la pression partielle exercée par la
vapeur d’une substance à l'équilibre avec la phase liquidienne de cette
substance. La pression de vapeur saturante caractérise la facilité d’évapo-
ration. Le point d’ébullition est la température à laquelle la pression de
vapeur saturante est égale à la pression atmosphérique ambiante. La
pression de vapeur saturante ne dépend que de la température et des
caractéristiques physicochimiques de la vapeur, et non de la pression
atmosphérique. Ainsi, la pression de vapeur saturante est identique à
4 000 m ou au niveau de la mer ;
> en raison de son état gazeux à température ambiante, la pression de
vapeur saturante à 20 ˚C est une notion qui ne s’applique pas au
protoxyde d’azote.
ÉLIMINATION
L’élimination se fait par 3 voies :
> voie pulmonaire :
• voie principale,
> voie cutanée :
• insignifiante,
> biotransformation :
• protoxyde d’azote, isoflurane, desflurane : < 0,2 %,
• sévoflurane, enflurane : 2-5 %,
• halothane : 20 %,
• méthoxyflurane : 50 %.
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CAM
DÉFINITIONS
REMARQUES
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FRACTION INSPIRÉE
FRACTION ALVÉOLAIRE
> Elle est proportionnelle au débit de gaz entrant qui est le produit de la
ventilation minute par la FI ;
Anesthésiques par inhalation
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■ Remarques 4
> Les effets de la ventilation sont plus marqués avec les agents très solu-
bles car ils sont captés rapidement, d’où la nécessité de les remplacer.
Pour les agents peu solubles, le rapport FA/FI est déjà très élevé ;
> une diminution de la capacité résiduelle fonctionnelle produit une
induction plus rapide car il y aura une moins grande dilution du gaz
anesthésique et une augmentation plus rapide du rapport FA/FI ;
> lors d’un effet shunt (intubation endobronchique) ou de shunt droit-
gauche, la pression partielle plasmatique des agents peu solubles
diminue car le sang provenant des régions ventilées se mélange avec
celui des régions qui ne le sont pas : l’induction est ralentie. Par contre, si
l’agent est soluble, la diminution de la pression partielle sera proportion-
nellement moins grande car les régions ventilées transportent beaucoup
de gaz : l’induction est moins ralentie ;
> un shunt gauche-droit n’a pas d’effet, sauf si la perfusion tissulaire est
diminuée, auquel cas l’induction est ralentie ;
> le réveil est plus rapide que l’induction car les tissus périphériques
continuent de capter les agents volatils, tant qu’ils ne sont pas en équi-
libre, jusqu’à ce que la pression partielle tissulaire soit supérieure à la
pression partielle alvéolaire ; par contre le réveil est plus long si l’anes-
thésie est de longue durée.
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4 A B C
20 % 20 % 20 %
8%
40 % 32 %
80 % 72 %
40 %
Desflurane
0.8
Sévoflurane
Isoflurane
0.6
FA/FI
Enflurane
0.4 Halothane
0.2 Méthoxyflurane
0 temps (min)
10 20 30
Figure 4.2 Augmentation du rapport FA/FI des agents anesthésiques inhalatoires.
D’après Eger.
100 Alvéole
(en % de la pression inspirée)
90 Tissus richement
Pression partielle dans les
80 vascularisés
différents tissus
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HALOGÉNÉS 4
GÉNÉRALITÉS
> Ce sont tous des agents volatils incolores, qui dérivent de l’éther, sauf
l’halothane qui provient de l’éthane. Aux concentrations utilisées en
clinique, ces agents sont non inflammables et non explosifs ;
> les halogénés sont des composés dont la structure moléculaire contient
des atomes d’halogènes, fluor, chlore, brome et iode ;
> l’isoflurane est un isomère (= formule moléculaire brute identique) de
l’enflurane et a une odeur d’éther ;
> le sévoflurane contient 7 atomes de fluor ; sa faible liposolubilité
produit une augmentation rapide de la fraction alvéolaire et en fait un
excellent agent d’induction ; de plus, il n’est pas irritant et n’a pas
l’âcreté du desflurane ;
> le desflurane a une structure identique à l’isoflurane sauf que l’atome
de chlore a été remplacé par un atome de fluor ;
> le méthoxyflurane et l’enflurane ne sont plus utilisés en clinique en
Europe.
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4 EFFETS SYSTÉMIQUES
CARDIOVASCULAIRES
> Dépression du myocarde par diminution du calcium intracellulaire et
par altération de son utilisation par les protéines cellulaires :
• halothane > enflurane > isoflurane, desflurane, sévoflurane,
> diminution des résistances périphériques,
> diminution de la PAM :
• halothane : secondaire à la dépression du myocarde,
• enflurane : secondaire à la dépression du myocarde et à la diminu-
tion des résistances périphériques,
• isoflurane, desflurane, sévoflurane : secondaire à la diminution des
résistances périphériques,
> inhibition des barorécepteurs :
• halothane > isoflurane > desflurane, sévoflurane,
> augmentation de la FC, secondaire à la diminution de la PAM :
• sauf pour l’halothane qui inhibe fortement les barorécepteurs et
diminue la conduction intracardiaque,
> diminution du DC :
• halothane et enflurane : secondaire à la dépression du myocarde,
Anesthésiques par inhalation
RESPIRATOIRES
> Augmentation de la fréquence respiratoire,
> diminution du Vt,
> diminution de la ventilation minute,
> bronchodilatateur, par :
• inhibition du nerf X,
• effet direct,
• diminution des substances bronchoconstrictrices,
> irritation des VAS, sauf pour le sévoflurane, et dans une moindre
mesure l’halothane,
> inhibition de la vasoconstriction pulmonaire hypoxique,
> diminution de la sensibilité des chémorécepteurs :
• diminution du stimulus hypoxique,
• augmentation du seuil hypercapnique : augmentation de la PaCO2
au repos,
> diminution de la fonction mucociliaire pour l’halothane, le méthoxy-
flurane, l’enflurane.
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CONTRE-INDICATIONS
> Hypertension intracrânienne,
> hyperthermie maligne,
> insuffisance rénale, sauf pour le desflurane et l’isoflurane,
> hypertension artérielle pulmonaire pour le desflurane,
> pour l’halothane :
• sténose aortique,
• phéochromocytome.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
EFFETS SECONDAIRES
> Hyperthermie maligne,
> néphrotoxicité :
• les halogénés, mais particulièrement le méthoxyflurane, l’enflurane
et le sévoflurane sont métabolisés au niveau hépatique par le cyto-
chrome P 450 avec production de fluor inorganique (seuil de toxicité
de 50 µmol/l), qui est un métabolite néphrotoxique. Il produit une
insuffisance rénale à diurèse conservée, par inhibition de la fonction
tubulaire ;
• de plus, le sévoflurane est dégradé par la chaux sodée, entraînant la
production d’un autre composé néphrotoxique, le « composé A ».
L’augmentation de ce métabolite est inversement proportionnelle au
débit de gaz frais et directement proportionnelle à la fraction
inspirée et à la durée des interventions. Il est à noter que la néphro-
toxicité du sévoflurane n’a été démontrée que chez l’animal à des
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EFFETS SYSTÉMIQUES
CARDIOVASCULAIRES
RESPIRATOIRES
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AUTRES EFFETS 4
> Diminution du DSR par augmentation des résistances vasculaires
rénales, et donc diminution de la FGR et du débit urinaire,
> diminution du débit sanguin hépatique,
> pas de modification de la contractilité utérine,
> augmentation de la pression intraoculaire,
> pas de potentialisation des curares (contrairement aux halogénés),
> diminution de la CAM des halogénés.
CONTRE-INDICATIONS
> Hypertension artérielle pulmonaire,
> embolies gazeuses,
> pneumothorax,
> iléus,
> chirurgie tympanique,
> hypertension intracrânienne.
EFFETS SECONDAIRES
> Expansion des cavités closes :
• le protoxyde d’azote diffuse plus rapidement que l’azote qui est
XÉNON
> Le xénon est un gaz inerte rare qui présente plusieurs avantages :
• il n’est pas métabolisé ;
• il n’est pas toxique ;
• il n’est pas polluant ;
• sa MAC étant de 71 vol %, il est plus puissant que le N2O de 50 % ; la
concentration des halogénés et leurs effets secondaires peuvent être
réduits ;
• il est peu soluble ; la vitesse d’induction et le réveil sont donc
rapides ;
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■ Lecture conseillée
Campagna JA, Miller KW, Forman SA. Mechanisms of actions of inhaled
anesthetics. N Engl J Med 2003 ; 348 : 2110-24.
Anesthésiques par inhalation
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Pharmacologie
T. BUCLIN, E. ALBRECHT
PRINCIPES GÉNÉRAUX
> Pharmacocinétique :
• la pharmacocinétique est l’étude du devenir des médicaments dans
l’organisme et des relations entre le schéma d’administration et le
profil des concentrations circulantes ou tissulaires : « ce que l’orga-
nisme fait du médicament » ;
> Pharmacodynamie :
• la pharmacodynamie est l’étude des modes d’action et du dévelop-
pement des effets cliniques du médicament, en réponse à un schéma
d’administration ou à un profil de concentration donné : « ce que le
médicament fait sur l’organisme ».
PHARMACOCINÉTIQUE
> Le devenir du médicament se décompose en 4 étapes :
• absorption,
• distribution,
• métabolisme,
• excrétion du médicament, sous forme inchangée et/ou de
métabolites ;
> l’intégration de ces 4 processus produit le profil de concentration qui
est décrit à l’aide de modèles pharmacocinétiques dotés de comparti-
ments (regroupement de divers organes).
ABSORPTION
> L’absorption est le processus par lequel un médicament quitte son site
d’administration pour atteindre la circulation systémique ;
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DISTRIBUTION
Pharmacologie
• le volume de distribution permet de déterminer une dose initiale
pour obtenir une certaine concentration plasmatique ;
> la vitesse de distribution d’un médicament dans les différents tissus
dépend de :
• la perfusion tissulaire,
• la diffusion :
▲ il y a d’abord une diffusion rapide dans les organes richement
vascularisés (cerveau, cœur, rein, foie) puis une diffusion lente
dans les organes moins bien vascularisés (muscle, graisse, peau) : il
y a donc une redistribution du médicament des organes bien
vascularisés vers les organes moins bien vascularisés, et le volume
de distribution apparent augmente au cours du temps :
✓ exemple : un bolus de thiopental produit une perte de cons-
cience lorsque la concentration cérébrale est suffisamment
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
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Bupivacaïne 95
Lidocaïne 65
Propofol 98
Thiopental 85
Etomidate 76
Méthohexital 51-65
Morphine 40
Diamorphine 40
Fentanyl 84
Alfentanil 91
Sufentanil 92
Rémifentanil 70
Vécuronium 60-90
Rocuronium 30
Atracrium 50
Pancuronium 15
Paracétamol 5
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MÉTABOLISME (BIOTRANSFORMATION) 5
> Le métabolisme ou la biotransformation est le processus par lequel le
médicament subit des transformations chimiques, qui le rendent le plus
souvent moins actif et plus hydrosoluble ;
> la plupart des médicaments anesthésiques sont métabolisés principale-
ment par le foie, avant d’être excrétés par le rein ou les voies biliaires. De
rares agents sont métabolisés dans le sang (suxaméthonium, cisatracu-
rium), les reins (insuline) ou d’autres organes ;
> au niveau hépatique, le métabolisme met en jeu 2 types de réactions
en série :
• réactions de phase I, généralement sous l’effet d’enzymes de la
famille des cytochromes P450 :
▲ oxydations,
▲ réductions (rares),
▲ hydrolyses (rares) ;
• réactions de phase II, sous l’effet de transférases spécifiques :
▲ glucuroconjugaison,
▲ sulfoconjugaison,
▲ acétylation ;
> certains médicaments sont partiellement transformés en métabolites
actifs (exemple : morphine, diazépam). D’autres produits, promédica-
ments, sont moins actifs sous forme native qu’après leur biotransforma-
tion (exemples : codéine, tramadol, acide acétylsalicylique) ;
> l’efficacité de l’élimination d’un médicament par un organe s’exprime
par sa clairance : rapport entre la quantité de médicament éliminée par
Pharmacologie
unité de temps et la concentration circulante présentée à cet organe. La
quantité éliminée dans le foie par unité de temps est le produit du débit
plasmatique hépatique par la différence de concentration artériovei-
neuse. Ainsi, la clairance hépatique (Cl hépatique) vaut :
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EXCRÉTION
> L’excrétion est le processus par lequel un médicament, sous forme
chimiquement inchangée, et/ou ses métabolites quittent irréversible-
ment l’organisme. Les voies d’excrétion mettent le plus souvent en jeu les
Pharmacologie
reins et le système urinaire, moins souvent le foie et les voies biliaires. Les
gaz anesthésiques sont en partie exhalés ;
> au niveau rénal, seule la fraction libre franchit le filtre glomérulaire : la
clairance de filtration est donc égale au produit de la fraction libre par le
débit de filtration glomérulaire (FGR, estimé par la clairance de la créati-
nine, valeur physiologique 100 ml/min ou 7 l/h). Certains médicaments
subissent une sécrétion tubulaire active, qui augmente encore l’excrétion
rénale. Au maximum, la clairance rénale peut atteindre le débit de perfu-
sion plasmatique à travers le rein (exemple : para-aminohippurate, clai-
rance physiologique 600 ml/min ou 40 l/h). D’autres médicaments font
l’objet d’une réabsorption passive à travers les tubules, permettant à la
quasi-totalité de la charge filtrée de regagner la circulation sanguine.
Seule la fraction non ionisée étant réabsorbée par les tubules, une altéra-
tion du pH urinaire peut ainsi produire des modifications de l’excrétion ;
> les médicaments éliminés principalement sous forme inchangée par le
rein sont :
• aminoglycosides, céphalosporines, pénicillines,
• digoxine, milrinone, lithium,
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
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MODÈLES COMPARTIMENTAUX
> Afin de faciliter la description d’un profil cinétique, l’organisme est
découpé en plusieurs compartiments ;
• un compartiment central représenté par le plasma et le liquide extra-
cellulaire des organes richement vascularisés (cœur, rein, foie,
système nerveux central, glandes endocrines),
• un compartiment périphérique regroupant le liquide intracellulaire
Pharmacologie
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Pharmacologie
d’ordre 1, cette augmentation des concentrations occasionne une
augmentation de l’élimination (la clairance est constante) : les concentra-
tions se stabilisent donc à un état d’équilibre. Le degré d’accumulation
dépend du rapport entre la demi-vie terminale et la fréquence d’adminis-
tration (une administration chaque demi-vie donne un facteur d’accumu-
lation de 2). Le niveau moyen des concentrations à l’équilibre est
déterminé par le rapport entre la dose par unité de temps et la clairance
totale :
Css = (D/τ)/CL
Css : concentration plasmatique à l’équilibre.
CL : clairance totale.
D : dose unitaire.
τ : intervalle de temps entre les doses.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
PHARMACODYNAMIE
AGONISTES – ANTAGONISTES
> L’action de la plupart des médicaments dépend de leur liaison spéci-
fique à un récepteur de nature protéique, situé sur la membrane cellu-
laire ou dans la cellule. Selon les conséquences de cette interaction, on
distingue les agonistes et les antagonistes ;
> l’interaction entre un médicament et son récepteur est caractérisée par
son affinité. Dans le cas d’un agoniste, la liaison produit une activation
(transduction) ou une augmentation de l’activité intrinsèque, qui se
traduit par l’effet pharmacologique :
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5 • agoniste :
▲ ligand possédant une haute affinité pour le récepteur, avec une
activité intrinsèque proche de 1, forçant le récepteur à la transduc-
tion du signal,
• agoniste partiel :
▲ ligand possédant une activité intrinsèque supérieure à 0 mais infé-
rieure à 1, occupant une partie des récepteurs sans les activer,
• antagoniste compétitif :
▲ ligand se liant réversiblement au même site que l’agoniste naturel,
mais ne déclenchant pas d’activation. Il possède donc une activité
intrinsèque proche de 0. La molécule peut cependant être
déplacée du récepteur par un autre ligand dont la concentration
est plus élevée (déplacement à droite de la courbe concentration-
réponse d’un agoniste, sans diminution de l’effet maximal),
▲ si la liaison est irréversible, on parle d’antagonisme
insurmontable : la puissance (ou l’affinité) et l’effet maximal d’un
agoniste sont tous deux diminués ;
• antagoniste non compétitif : molécule se liant à un site différent que
l’agoniste, modifiant la conformation du récepteur (antagonisme
allostérique) ou interférant avec la transduction du signal. L’effet
maximal est diminué, mais sans que l’affinité de l’agoniste et donc sa
puissance soient diminuées.
RÉCEPTEURS
> Les récepteurs sont dans un état dynamique. Leur nombre (synthèse,
dégradation) et leur état fonctionnel (activité intrinsèque) varient en
Pharmacologie
COURBE CONCENTRATION-RÉPONSE
(OU DOSE-RÉPONSE)
> Le graphique de la relation concentration-réponse ou dose-réponse
révèle le plus souvent une courbe sigmoïde où l’effet du médicament est
proportionnel au logarithme de sa concentration sur le segment moyen
(partie étroite de la courbe) ;
▲ en ordonnée, l’effet tend à saturer aux concentrations ou aux
doses les plus élevées : cet effet maximal traduit l’efficacité du
médicament ;
▲ en abscisse, le logarithme de la concentration ou de la dose passe
par le point produisant la moitié de l’effet maximal (concentration
efficace 50 ou dose efficace 50), reflétant la puissance du médica-
ment. Plus il est élevé, moins le médicament est puissant (en théra-
peutique, l’efficacité est plus importante que la puissance, cette
dernière pouvant en principe être gérée par l’adaptation des
doses).
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100 C 5
B
A
% effet
50
LOG dose
Figure 5.1 Courbes dose-réponse. La dose est en unité logarithmique.
A et B ont le même effet maximal, c’est-à-dire la même efficacité, appelée
aussi activité intrinsèque. L’efficacité de C est la plus grande. La dose de A nécessaire
pour obtenir 50 % de l’effet maximal est plus petite que celle de B. A est plus puissant
que B, ou encore l’affinité de A pour le récepteur est plus grande que celle de B.
A+B
100
A A + 2B
Pharmacologie
% effet
50
LOG dose
0
Figure 5.2 Courbe dose-réponse en présence d’un antagoniste compétitif.
A : agoniste, B : antagoniste compétitif. B diminue la puissance de A, sans
diminuer son effet maximal.
100
A A+B
% effet
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
50 A + 2B
LOG dose
0
Figure 5.3 Courbe dose-réponse en présence d’un antagoniste non compétitif.
A : agoniste, B : antagoniste non compétitif. B diminue l’effet maximal de
A, sans diminuer sa puissance.
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5 EFFETS INDÉSIRABLES
DES MÉDICAMENTS
> Certains effets indésirables sont dose-dépendants, d’autres non :
• effets dose-dépendants :
▲ secondaires à un surdosage (exemple : hypotension orthostatique
et antihypertenseurs),
▲ secondaires au manque de spécificité du médicament (exemple :
sécheresse de la bouche et anticholinergiques),
• effets non dose-dépendants :
▲ idiosyncrasie : réponse anormale à un médicament, d’origine
génétique (exemple : hyperthermie maligne),
▲ réaction allergique (exemples : choc anaphylactique (réaction
immédiate), éruption cutanée (réaction différée), hépatite médica-
menteuse),
▲ induction de cancers, de malformations congénitales ;
> on distingue également le concept de tolérance phénomène d’adapta-
tion de l’organisme à l’exposition continue à une substance, rendant
nécessaire une augmentation des doses pour maintenir un niveau d’effet
stable :
• tolérance pharmacocinétique :
▲ consécutive à un mécanisme d’induction du métabolisme
(exemple : barbituriques, antiépileptiques),
• tolérance phamacodynamique :
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Agents anesthésiques
intraveineux
N. GILLIARD, E. ALBRECHT
THIOPENTAL
> Noms commerciaux : Nesdonal®, Pentothal®
STRUCTURE CHIMIQUE
> Le thiopental est un dérivé de l’acide barbiturique ;
> la substitution du groupe phényl en position C5 détermine la puissance
hypnotique et l’action anticonvulsivante ;
> la présence d’un atome de soufre (thiobarbiturique) au lieu d’un
atome d’oxygène contribue à augmenter la liposolubilité, et donc la puis-
sance du médicament.
MÉCANISME D’ACTION
> Le thiopental inhibe la transmission des neurotransmetteurs excita-
teurs cholinergiques et facilite la transmission des neurotransmetteurs
inhibiteurs GABA (GABA = acide gamma-aminobutyrique).
PHARMACOCINÉTIQUE
> Le pKa est de 7,6 et le pH de la solution reconstituée de 10,8. C’est un
acide faible dissous dans du carbonate de sodium d’où le pH alcalin : le
thiopenthal se retrouve sous forme de sel ionisé et hydrosoluble ; le thio-
pental doit être dissous dans de l’eau pure, et non dans du Ringer-lactate
ou du NaCl ;
> au pH physiologique :
• le taux de liaison aux protéines plasmatiques est de 80 %,
• 60 % se trouvent sous forme non ionisée ;
> le thiopental subit un métabolisme hépatique et une excrétion rénale ;
> la durée d’action dépend du phénomène de redistribution et non de
l’élimination : il y a d’abord une diffusion rapide du médicament dans les
organes richement vascularisés (cerveau, cœur, rein, foie) puis une diffu-
sion lente dans les organes moins bien vascularisés (muscle, graisse,
peau). Il y a donc une redistribution du médicament des organes bien
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musculaire. Il faut alors calculer les doses selon le poids idéal et non
la masse réelle.
Organes richement
vasculaires
100
Plasma
Tissus musculaires
75
% de dose
50
Tissus adipeux
25
EFFETS SYSTÉMIQUES
CARDIOVASCULAIRES
78
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RESPIRATOIRES 6
> Dépression du centre respiratoire bulbaire ;
> diminution de la réponse ventilatoire à l’hypercapnie (élévation du
seuil d’apnée) et à l’hypoxie ;
> absence d’inhibition des réflexes des voies aériennes supérieures et
trachéobronchiques ;
> risque de laryngospasme et de bronchospasme lors de stimulation.
AUTRES EFFETS
> Diminution du débit sanguin rénal (DSR) et de la filtration gloméru-
laire (FGR) ;
> diminution du débit sanguin hépatique (DSH) ;
> induction enzymatique hépatique ;
> induction de l’enzyme acide-delta-aminolévulinique-synthétase, avec
augmentation de la production de porphyrines (métabolites intermé-
diaires impliqués dans la synthèse du noyau hème) et apparition éven-
tuelle de crises de porphyrie (manifestations cutanées, abdominales,
neurologiques) chez les patients atteinte de cette maladie.
POSOLOGIE
> Adulte : 3-5 mg/kg
> Enfant : 5-7 mg/kg
CONTRE-INDICATION
> Porphyries (surtout porphyrie aiguë intermittente).
EFFETS SECONDAIRES
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
N
CH2CH3
S=
CHCH2CH2CH3
N
=
O CH3
Figure 6.2 Thiopental.
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6 PROPOFOL
> Noms commerciaux : Diprivan®, Disoprivan®
STRUCTURE CHIMIQUE
> Le propofol est composé d’un anneau phénol et de 2 groupes isopro-
pyles (2,6 di-isopropylphénol) ;
> insoluble dans l’eau, il est conditionné dans une émulsion d’huile de
soja (10 %), de glycérol (2,25 %) et de lécithine (1,2 %, jaune d’œuf).
L’émulsion initiale était du Crémophor (un dérivé d’huile de ricin) mais en
raison de réactions anaphylactoïdes importantes, cette composition a dû
être abandonnée.
MÉCANISME D’ACTION
> Le propofol facilite la transmission des neurotransmetteurs inhibiteurs
GABA.
Agents anesthésiques intraveineux
PHARMACOCINÉTIQUE
> Le pKa est de 11,0 ;
> au pH physiologique, la liaison aux protéines plasmatiques est de
98 % ;
> demi-vie :
• α : 2-8 min,
• β : 30-40 min ;
> le métabolisme se fait par hydroxylation et conjugaison. En raison
d’une clairance totale supérieure aux capacités hépatiques, un métabo-
lisme extra-hépatique est suspecté mais n’a pas encore pu être mis en
évidence ; les métabolites sont excrétés par les reins ;
> la clairance du propofol est 10 fois plus élevée que celle du thiopental.
Le réveil est rapide après l’arrêt de la perfusion.
EFFETS SYSTÉMIQUES
CARDIOVASCULAIRES
> Hypotension artérielle dépendant de la dose, secondaire à :
• une diminution des résistances vasculaires systémiques (vasodilata-
tion artérielle),
• une diminution de la précharge (vasodilatation veineuse),
• une diminution de la contractilité (cet effet est plutôt faible) :
▲la chute de la PAM qui peut atteindre 20 à 30 % est surtout
observée à l’induction ; la prudence est de rigueur lors de cardio-
pathie ou d’hypovolémie : administrer par exemple des bolus de
30-40 mg/10 s jusqu’à l’obtention de la perte de conscience ; par
contre la PAM diminue peu durant l’entretien de l’anesthésie ;
> bradycardie, secondaire à une dépression des barorécepteurs.
RESPIRATOIRES
> Dépression respiratoire d’origine centrale ;
> augmentation du seuil respiratoire hypercapnique et diminution du
seuil hypoxique ;
> diminution du réflexe des voies aériennes supérieures.
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ALBRECHT2009.book Page 81 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
AUTRES EFFETS
> Diminution de la pression intraoculaire ;
> antiprurigineux ;
> antiémétique.
INDICATIONS
> Allergie au thiopental,
> porphyries,
> utilisation d’un masque laryngé, en raison de l’inhibition des réflexes
des voies aériennes supérieures (diminution du risque de laryngospasme),
> chirurgie ambulatoire,
> sédation,
> antécédents de nausées et vomissements postopératoires.
EFFETS SECONDAIRES
> Douleur à l’injection,
> hyperlipidémie avec acidose métabolique lors d’une sédation
prolongée en réanimation (soins intensifs).
REMARQUES
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
> Une allergie aux œufs n’a pas d’implication clinique car elle est due à
l’albumine (blanc d’œuf) alors que la lécithine provient du jaune ;
> en raison de l’absence d’agents conservateurs, le propofol est un
milieu propice à la croissance bactérienne, d’où le risque de bactériémie,
voire de septicémie. Ainsi, le contenu d’une ampoule doit être administré
dans les 6 heures qui suivent son ouverture.
OH
(CH3)2HC CH(CH3) 2
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6 ÉTOMIDATE
> Noms commerciaux : Amidate®, Hypnomidate®, Etomidate Lipuro®.
STRUCTURE CHIMIQUE
> L’étomidate comporte un anneau imidazole carboxylé, qui permet à la
molécule d’être hydrosoluble en solution acide et liposoluble en solution
physiologique ;
> l’Amidate® et l’Hypnomidate® sont préparés dans une solution de
propylène-glycol, responsable de douleur à l’injection ;
> l’Etomidate Lipuro® est préparé dans une émulsion lipidique blanche à
base de soja, pouvant être confondue avec le propofol.
MÉCANISME D’ACTION
> L’étomidate facilite la transmission des neurotransmetteurs inhibiteurs
GABA ;
> de plus, il inhibe le système pyramidal : 30 à 60 % des patients déve-
Agents anesthésiques intraveineux
PHARMACOCINÉTIQUE
> Le pKa est de 4,2 ;
> à pH physiologique, le taux de liaison aux protéines plasmatiques est
de 76 % ;
> demi-vie :
• α : 10 min
• β : 4-6 h
> métabolisme hépatique et excrétion rénale.
EFFETS SYSTÉMIQUES
CARDIOVASCULAIRES
> Maintien de la contractilité myocardique, du DC et de la PAM.
RESPIRATOIRES
> Dépression respiratoire ; à une dose de 0,3 mg/kg, un arrêt respiratoire
est présent chez 50 % des sujets.
AUTRES EFFETS
> Inhibition pendant 24 heures des enzymes surrénaliennes qui sont
responsables de la synthèse du cortisol et de l’aldostérone. Cela produit
une diminution du cortisol basal et bloque l’augmentation de sécrétion
en réponse à une stimulation nociceptive ;
> nausées et vomissements postopératoires : incidence de 30 %.
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POSOLOGIE 6
Adulte : 0,2-0,4 mg/kg.
INDICATIONS
> Cardiopathie sévère,
> hypovolémie.
CONTRE-INDICATION
Porphyries.
REMARQUES
> Autre substance anesthésique qui contient un anneau imidazole :
midazolam ;
> autre substance anesthésique dissoute dans le propylène-glycol :
diazépam.
CH3CH2OC
N
CH3CH
KÉTAMINE
> Nom commercial : Ketalar®
STRUCTURE CHIMIQUE
La kétamine a une structure analogue à la phencyclidine.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
MÉCANISME D’ACTION
> Antagoniste non compétitif des récepteurs NMDA (N-méthyle-D-aspar-
tate) et agoniste des récepteurs aux opiacés ;
> a un effet psychodysleptique :
• stimulation thalamo-limbique et inhibition corticale,
• cet effet est responsable des cauchemars décrits par les patients ; afin
de diminuer leur incidence, il est recommandé d’administrer conjoin-
tement du midazolam ;
> assure une perte de conscience, une analgésie et une amnésie ; c’est
donc l’agent anesthésique le plus complet ; mais en raison de nombreux
effets secondaires, notamment cardiovasculaires, il est peu utilisé.
PHARMACOCINÉTIQUE
> Le pKa est de 7,5 ;
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EFFETS SYSTÉMIQUES
CARDIOVASCULAIRES
> Augmentation de la PAM, des pressions artérielles pulmonaires, de la
fréquence cardiaque, du DC et de la consommation d’O2 par :
• stimulation sympathique centrale,
• inhibition de la recapture de noradrénaline,
• inhibition des barorécepteurs ;
> ces effets cardiovasculaires sont absents si la stimulation sympathique
est inhibée, comme c’est le cas lors de :
Agents anesthésiques intraveineux
RESPIRATOIRES
> Absence de dépression respiratoire ;
> maintien de la réponse au CO2 ;
> maintien du réflexe des voies aériennes supérieures ;
> bronchodilatation par stimulation sympathique et effet direct ;
> augmentation des sécrétions salivaires et bronchiques.
POSOLOGIE
> Analgésie :
• 0,2-0,5 mg/kg i.v.
> Induction :
• 1-2 mg/kg i.v.
• 5-10 mg/kg i.m.
INDICATION
Choc hypovolémique.
CONTRE-INDICATIONS
> Hypertension intracrânienne (HTIC) ;
> pré-éclampsie, éclampsie ;
> hypertension artérielle (HTA) ;
> maladies coronariennes ;
> porphyries ;
> maladies psychiatriques.
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ALBRECHT2009.book Page 85 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
6
O
Cl
NHCH3
BENZODIAZÉPINES
STRUCTURE CHIMIQUE
MÉCANISME D’ACTION
> Les benzodiazépines augmentent la transmission de la glycine et du
GABA ;
> le midazolam est 2 à 4 fois plus puissant que le diazépam en raison
d’une liposolubilité plus grande.
PHARMACOCINÉTIQUE
> Le pKa du diazépam est de 3,3 ; celui du midazolam est de 6,15 ;
> À pH physiologique, le taux de liaison aux protéines plasmatiques du
diazépam et du midazolam est de 90 à 98 % ;
> demi-vie :
• α : 3-10 min,
•β:
▲ diazépam : 20-40 h (cette longue demi-vie rend l’utilisation
clinique de diazépam peu recommandée),
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
▲ midazolam : 1-4 h ;
> métabolisme hépatique et excrétion rénale :
• le métabolisme du diazépam produit :
▲ désméthyldiazépam : métabolite actif dont la demi-vie β est de 48-
96 h,
▲ oxazépam : excrétion rapide ;
• le métabolisme du midazolam produit de l’hydroxymidazolam qui
s’accumule en cas d’insuffisance rénale.
EFFETS SYSTÉMIQUES
CARDIOVASCULAIRES
Diminution discrète de la PAM, de la fréquence cardiaque et du DC.
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ALBRECHT2009.book Page 86 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
6 RESPIRATOIRE
Dépression respiratoire.
AUTRES EFFETS
> Myorelaxant par action sur la moelle spinale et non pas sur le muscle ;
> anxiolytique ;
> sédatif ;
> amnésiant antérograde ;
> antiépileptique ;
> diminution de la CAM de 30 %.
Agents anesthésiques intraveineux
INDICATIONS
> Prémédication (effet anxiolytique et sédatif) ;
> sédation chez les patients ventilés (perfusion de midazolam de
1-4 µg/kg/min ou 3-12 mg/h) ;
> peut être utilisé comme agent d’induction.
POSOLOGIE
> Diazépam :
• prémédication : 0,2-0,3 mg/kg per os,
• sédation : 0,04-0,2 mg/kg/i.v.,
• induction : 0,3-0,6 mg/kg i.v. ;
> midazolam :
• prémédication : 0,05-0,1 mg/kg per os,
• sédation : 0,1-0,2 mg/kg/i.v.,
• induction : 0,2-0,3 mg/kg i.v. :
▲ la perte de conscience apparaît en 60 à 90 s.
INDICATION
Surdosage en benzodiazépines.
POSOLOGIE
Administrer des doses fractionnées de 0,2 mg, jusqu’à une dose maxi-
male de 1 mg.
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EFFET SECONDAIRE 6
Proépileptogène : ne pas administrer conjointement avec des tricycli-
ques.
(Liposoluble) (Hydrosoluble)
CH3 N CH3 N
pH < 6,0
N N
CH2NH2
N O
Cl pH > 6,0 Cl C=
F F
CH3
N O
N
Cl
N
O
C
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
N O C2H5
F N
CH3
O
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6 TABLEAU 6-1
Récapitulatif des effets systémiques des différents agents
anesthésiques.
Agent PAM FC DC PAP Ventilation DSC Cons. PIC
anesthésique spontanée O2 SNC
intraveineux
Thiopental ⇓⇓ ⇑⇑ ⇓ N ⇓⇓⇓ ⇓⇓⇓ ⇓⇓⇓ ⇓⇓⇓
Propofol ⇓⇓⇓ ⇓ ⇓⇓ ⇓ ⇓⇓ ⇓⇓⇓ ⇓⇓⇓ ⇓⇓⇓
Étomidate N ⇑ N N ⇓ ⇓⇓⇓ ⇓⇓⇓ ⇓⇓⇓
Kétamine ⇑⇑ ⇑⇑ ⇑⇑ ⇑⇑⇑ ⇓ ⇑⇑⇑ ⇑ ⇑⇑⇑
Benzodiazépines ⇓⇓ ⇑ ⌠ ⇓ ⇓ ⇓⇓ ⇓⇓ ⇓⇓
Fentanyl, ⇓ ⇓ ⇓ ⇓ ⇓⇓ ⇓ ⇓ ⇓
sufentanil
Rémifentanil ⇓⇓ ⇓⇓⇓ ⇓⇓ ⇓ ⇓⇓ ⇓ ⇓ ⇓
La stabilité hémodynamique à l’induction est inversement proportionnelle à la
vitesse d’administration du médicament. Les effets systémiques de l’alfentanil se
situent entre ceux du fentanyl et ceux du rémifentanil ; PAM = pression artérielle
Agents anesthésiques intraveineux
■ Lecture conseillée
Kam PC, Cardone D. Propofol infusion syndrome. Anaesthesia 2007 ; 62 :
690-701.
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ALBRECHT2009.book Page 89 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
7
Opioïdes et antagonistes
M. SUTER, I. DECOSTERD, N. GILLIARD, E. ALBRECHT
INTRODUCTION
> Le mot « opiacé » (grec : opos) est le terme ancien utilisé pour décrire
les substances dérivées du pavot (Papaver somniferum), y compris la
morphine, la codéine et les molécules semisynthétiques dérivées de ces
alcaloïdes. Les peptides endogènes ne font pas partie des opiacés, et sont
désignés sous le nom d’opioïdes. Par extension, le terme « opioïde »
s’applique à toute substance naturelle, semisynthétique ou synthétique,
dont l’effet résulte de son interaction avec les récepteurs aux opioïdes ;
> les opioïdes sont des analgésiques puissants, utilisés par différentes
voies d’administration, en anesthésie (générale et locorégionale), dans la
phase postopératoire, pour le traitement des douleurs aiguës ou chroni-
ques modérées à sévères (score de douleur supérieur à 4/10) ;
> ce sont des bases faibles qui se lient à des récepteurs ; ils sont classés
en :
• agonistes purs :
▲ l’activité intrinsèque est de 1 ;
▲ exemple : fentanyl, péthidine, morphine, hydromorphone,
codéine, méthadone, oxycodone ;
• agonistes partiels :
▲ l’activité intrinsèque est < 1 ;
▲ exemple : buprénorphine ;
• agonistes-antagonistes :
▲ action agoniste sur les récepteurs kappa avec activité intrinsèque
< 1 et action antagoniste sur les récepteurs mu ;
▲ exemple : nalbuphine ;
• antagoniste pur :
▲ l’activité intrinsèque est de 0 ;
▲ exemple : naloxone ;
▲ affinité pour les récepteurs mu > delta > kappa ;
> les opioïdes utilisés dans la phase périopératoire sont la morphine, le
fentanyl (Sintenyl® en Suisse), le sufentanil (Sufenta®), l’alfentanil
(Rapifen®) et le rémifentanil (Ultiva®) ;
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ALBRECHT2009.book Page 90 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
RÉCEPTEURS
> Les récepteurs aux opioïdes sont des récepteurs transmembranaires,
dont une boucle intracellulaire est couplée à des protéines G ;
> les récepteurs sont situés dans le système nerveux central (moelle
épinière, thalamus, hypothalamus, système limbique, tronc cérébral,
cortex) et périphérique ;
> ils sont activés par les opioïdes endogènes (bêta-endorphines, enké-
phalines, dynorphines, endomorphines 1 et 2, et nociceptines/orphanines
FQ) et exogènes, et sont antagonisés par la naloxone ;
Opioïdes et antagonistes
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ALBRECHT2009.book Page 91 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
MÉCANISMES D’ACTION 7
> Les opioïdes agissent sur le système nerveux central, la moelle épinière
et les récepteurs périphériques.
Opioïdes et antagonistes
• d'un effet présynaptique (diminution de la libération des neurotrans-
metteurs de la périphérie, via une baisse d’entrée de calcium),
• d’un effet postsynaptique (diminution de l’excitabilité par modula-
tion des canaux potassiques, excitation d’interneurones inhibiteurs) ;
> les autres effets sont la phosphorylation de protéines et la modulation
d’expression de gènes.
> Les récepteurs périphériques sont localisés sur les neurones sensitifs ;
> la présence de récepteurs périphériques aux opioïdes et leur augmen-
tation en cas d’inflammation expliquent l’effet bénéfique de l’adminis-
tration d’opioïdes dans le site chirurgical pour l’antalgie postopératoire
(exemple : injection intra-articulaire pour la chirurgie du genou) ;
> les agonistes kappa peuvent présenter des propriétés analgésiques
particulières au niveau viscéral ;
> l’administration d’un opioïde peut provoquer une tolérance aiguë ou
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
PHARMACOLOGIE
> Dans ce paragraphe ne seront traités que les opioïdes d’usage courant
en salle d’opération, soit la morphine, le fentanyl (Sintenyl® en Suisse), le
sufentanil (Sufenta®), l’alfentanil (Rapifen®) et le rémifentanil (Ultiva®).
Une description des différents opioïdes se trouve en fin de chapitre.
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ALBRECHT2009.book Page 92 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
ABSORPTION ET DISTRIBUTION
> En anesthésie, ces opioïdes sont administrés par voie intraveineuse. Le
Opioïdes et antagonistes
MÉTABOLISME ET EXCRÉTION
> Le coefficient d’extraction hépatique des opioïdes est élevé ; la clai-
rance est donc proportionnelle au débit sanguin hépatique ;
> la plupart des opioïdes sont métabolisés par le foie et glucuroconju-
gués avant d’être excrétés par les reins ;
> par rapport à l’alfentanil, le fentanyl et le sufentanil ont un grand
volume de distribution, ce qui diminue leur clairance hépatique et
prolonge leur demi-vie d’élimination. Le sufentanil a une demi-vie
d’élimination plus courte que le fentanyl et présente donc moins d’accu-
mulation, en raison de sa demi-vie contextuelle plus courte ;
> la demi-vie contextuelle est le temps de décroissance dans le comparti-
ment central après des durées variables de perfusion continue, et reflète
le taux d’accumulation du médicament. La très courte demi-vie contex-
tuelle du rémifentanil permet une utilisation intraveineuse continue,
mais l’administration d’analgésiques efficaces (paracétamol, anti-inflam-
matoires non stéroïdiens ou opioïdes de plus longue durée d’action) en
fin d’intervention est nécessaire pour assurer une analgésie adéquate au
réveil ;
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ALBRECHT2009.book Page 93 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
PHARMACOGÉNÉTIQUE
> La plupart des analgésiques sont métabolisés par les différentes
familles du cytochrome P450. Or, l’expression fonctionnelle du polymor-
phisme génétique des familles de cytochrome P450 est variable ;
> par exemple, la codéine est un promédicament et nécessite donc un
processus métabolique par l’organisme pour le rendre actif ; il est méta-
bolisé en morphine par le cytochrome hépatique P450 CYP2D6 ;
> 20 % de la population caucasienne présente des modifications
génétiques de ce cytochrome ; 10 % des patients sont des métaboliseurs
lents, c’est-à-dire que le CYP2D6 métabolise lentement le médicament. À
l’inverse, 10 % sont des métaboliseurs ultrarapides, c’est-à-dire que le
CYP2D6 métabolise rapidement le médicament ;
Opioïdes et antagonistes
> ainsi, la codéine aura un effet analgésique diminué chez les métaboli-
seurs lents et risque de produire des effets secondaires importants chez
les métaboliseurs ultrarapides ;
> le tramadol est aussi métabolisé par le CYP2D6 en un agoniste du
récepteur µ. Le tramadol est lui-même un inhibiteur de la recapture de la
noradrénaline et de la sérotonine. Les métaboliseurs ultrarapides subi-
ront un effet opioïde important alors que les métaboliseurs lents en
éprouveront plutôt les effets antidépresseurs ;
> un autre exemple d’altération génétique du cytochrome P450 est le
CYP2C9, impliqué dans le métabolisme des AINS. Le risque d’accumula-
tion et donc d’insuffisance rénale est plus élevé chez les métaboliseurs
lents.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
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ALBRECHT2009.book Page 94 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
7 MORPHINE NALOXONE
N CH2 CH CH2
N CH3
CH2
CH2 HO
CH2
CH2
OH HO O O
HO O
PÉTHIDINE FENTANYL
CH3CH2OC CH3CH2C N
O N CH3 O N CH2CH2
Opioïdes et antagonistes
O
ALFENTANIL
SUFENTANIL O
S CH3CH2 N N CH2CH2 N
CH2CH2 N CH2OCH3
N N
CH2OCH3 NCCH2CH3
NCCH2CH3
O
O
RÉMIFENTANIL
C
N C CH3
H3C O
O
CH3
N O
C O CH3
Figure 7.1 Opiacés.
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ALBRECHT2009.book Page 95 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
EFFETS SYSTÉMIQUES 7
SYSTÈME CARDIOVASCULAIRE
> Diminution de la PAM par une diminution du tonus des centres vaso-
moteurs (morphine, fentanyl, sufentanil, alfentanil, rémifentanil) ;
l’hypotension est plus marquée chez les patients qui dépendent d’un
tonus sympathique élevé (exemple : hypovolémie),
> effet chronotrope négatif par stimulation des récepteurs µ du noyau
du nerf vague (morphine, fentanyl, sufentanil, alfentanil, rémifentanil) ;
cet effet est exacerbé par les bêtabloquants et les anticalciques,
> maintien ou discrète diminution de l’inotropisme (morphine, fentanyl,
sufentanil, alfentanil, rémifentanil),
> contrairement aux autres opioïdes, la péthidine a un effet inotrope
négatif et provoque une tachycardie.
SYSTÈME RESPIRATOIRE
> Diminution de la fréquence respiratoire par une action sur les centres
respiratoires du tronc cérébral,
> discrète augmentation du volume courant ne compensant pas la dimi-
nution de la fréquence respiratoire,
Opioïdes et antagonistes
> et donc diminution de la ventilation minute,
> diminution de la réponse ventilatoire à l’hypercapnie (élévation du
seuil d’apnée) et à l’hypoxie ; la naloxone est le traitement habituel de la
dépression respiratoire due aux opioïdes,
> apnée,
> rigidité thoracique par stimulation des récepteurs µ du système
nerveux central (le tonus musculaire de tous les muscles striés augmente),
qui cède à l’administration de naloxone ou de curare,
> effet antitussif.
SYSTÈME DIGESTIF
> Diminution du péristaltisme et de la vidange gastrique, ce qui
contribue à augmenter le risque de nausées,
> spasme du sphincter d’Oddi (traitement : atropine, nitroglycérine,
naloxone, glucagon).
AUTRES SYSTÈMES
> Diminution de la sécrétion des hormones de stress (cortisol, catéchola-
mines) par action centrale,
> stimulation de la libération d’hormone antidiurétique (ADH),
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EFFETS SECONDAIRES
> Prurit :
• la morphine et la péthidine peuvent induire une libération d’hista-
mine lors de l’injection sous-cutanée et provoquer une réaction urti-
carienne localisée. Cette réaction n’est pas observée lors
d’administration de fentanyl, de sufentanil, d’alfentanil et de rémi-
fentanil ;
• administrés par voie systémique, l’ensemble des opioïdes sont respon-
sables d’un prurit, dont le mécanisme semble être lié à une action
neuronale et qui est soulagé par l’administration de naloxone ;
• les réactions allergiques vraies dues aux opioïdes sont rares ;
> nausées et vomissements,
> constipation,
> rétention urinaire,
> sédation, somnolence, dépression respiratoire,
> hallucinations, délire,
> hyperalgésie (réponse exagérée à un stimulus douloureux) et allodynie
(sensation douloureuse lors d’un stimulus non douloureux). Ces phéno-
mènes peuvent déjà apparaître dans la phase postopératoire ;
Opioïdes et antagonistes
> tolérance :
• ce phénomène, qui apparaît surtout lors d’un traitement au long
cours, nécessite d’augmenter la dose pour obtenir le même effet. En
cas de majoration des douleurs, il ne faut pas oublier de rechercher
d’autres causes : aggravation de la maladie, troubles de l’absorption,
facteurs psychologiques, hyperalgésie induite par les opioïdes, inte-
ractions médicamenteuses ;
> dépendance physique ;
• la dépendance physique est définie par l’apparition de symptômes
de manque à l’arrêt brusque du traitement ou lors d’administration
d’un antagoniste. Les signes précoces sont une diaphorèse, un
larmoiement, une tachycardie, suivis par des crampes, nausées et
vomissements ;
> dépendance psychologique (en anglais : addiction) ;
• cette dépendance conduit à des comportements d’usage compulsif,
responsables de dégradation physique, psychologique et sociale.
IMPLICATIONS ANESTHÉSIQUES
UTILISATION PEROPÉRATOIRE DES OPIOÏDES
> Dans la phase peropératoire, les opioïdes utilisés sont le fentanyl
(Sintenyl® en Suisse), le sufentanil (Sufenta®), l’alfentanil (Rapifen®) et le
rémifentanil (Ultiva®). Associés à un anesthésique volatil ou intraveineux
et à un curare (anesthésie dite « balancée »), ils contribuent à la réduc-
tion des réactions hémodynamiques et endocriniennes ;
> ils sont administrés en bolus ou en perfusion continue. La morphine est
volontiers utilisée en fin d’intervention en prélude à l’analgésie
postopératoire ;
> le fentanyl est un des opioïdes les plus utilisés. L’effet limité dans le
temps de faibles doses est dû à sa rapide redistribution ; l’effet est
prolongé lorsque les différents compartiments sont saturés par des doses
élevées ;
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Opioïdes et antagonistes
dépression respiratoire tardive, en raison d’une diffusion vers le tronc
cérébral. La morphine permet une antalgie segmentaire plus étendue
que le fentanyl ou le sufentanil qui restent localisés à proximité du site
d’injection.
DOULEUR POSTOPÉRATOIRE
> La prescription postopératoire des opioïdes dépend du type de la
chirurgie, de la technique d’anesthésie (présence d’un cathéter épidural
ou périphérique) et du patient ;
> les opioïdes sont habituellement administrés en association avec le
paracétamol, ou un AINS ; l’association avec le métamizole est aban-
donnée en raison du risque d’agranulocytose ;
> les opioïdes peuvent être prescrits par voie intraveineuse,
sous-cutanée, orale, et sublinguale ; la voie sous-cutanée est peu fiable
en raison de la résorption aléatoire du produit ; la voie intramusculaire
n’apporte aucun avantage et ne devrait donc plus être utilisée ;
> lors de l’administration intraveineuse, le mode PCA (Patient Controlled
Analgesia) est privilégié (exemple : morphine : 1-2 mg toutes les
5-10 min, dose maximale pour 4 h de 30 mg ou fentanyl 10-20 µg toutes
les 5-10 min, dose maximale pour 4 h de 400 µg) ;
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7 > le relais par la voie orale se fait dès que possible. La prescription d’une
forme retard associée à des doses standards « à la demande » permet de
diminuer le nombre de prises quotidiennes tout en conservant un niveau
d’analgésie plus stable ;
> la voie transdermique (fentanyl, buprénorphine) présente une grande
inertie et ne permet pas des modifications rapides des doses ;
> le tableau 7-3 résume les doses équipotentes.
La tolérance croisée entre opioïdes est très variable et tout changement doit
s’opérer avec précaution.
PARTICULARITÉS DE QUELQUES
MOLÉCULES
> Les molécules suivantes ne sont pas utilisées dans la phase peropéra-
toire mais seulement en postopératoire.
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Opioïdes et antagonistes
> l’administration est intraveineuse, transdermique ou sublinguale ;
> le dosage postopératoire est généralement de 0,2-0,6 mg par voie
sublinguale toutes les 6 à 8 h ; le pic d’action apparaît après un délai de
2à3h;
> la demi-vie de dissociation du récepteur est très longue et une grande
quantité de naloxone est nécessaire pour antagoniser l’effet.
MÉTHADONE
> La méthadone est peu utilisée dans la phase postopératoire en raison
d’une demi-vie de plusieurs jours entraînant un risque de dépression
respiratoire à distance de l’introduction du traitement. Elle est par contre
très utilisée dans le sevrage des toxicomanies en administration
quotidienne ;
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FENTANYL
> Son faible poids moléculaire et sa forte liposolubilité rendent possible
une absorption transdermique (patch de Durogesic®), utile dans le traite-
ment des douleurs chroniques. L’équilibre n’est atteint que 12-24 heures
après l’application et l’effet se prolonge 12-24 heures après l’arrêt. Les
pics douloureux peuvent être traités par de la morphine sous-cutanée
dont la dose en mg correspond au cinquième de la dose de fentanyl en
µg/h ;
> la iontophorèse (modification de l’absorption transdermique par
l’application d’un courant électrique qui délivre le médicament sous
forme ionisée) permet un effet plus rapide et donne la possibilité d’admi-
nistrer des bolus par simple pression ; cette nouvelle formule de patches
pourrait remplacer la PCA de fentanyl.
Opioïdes et antagonistes
NALOXONE (NARCAN®)
> La naloxone est un antagoniste compétitif des récepteurs aux opioïdes
avec une affinité préférentielle pour les récepteurs µ ;
> ce médicament agit en 2 minutes après injection intraveineuse et sa
demi-vie d’élimination est de 1 heure, soit inférieure à celle des
nombreux opioïdes. Il faut donc surveiller l’état de vigilance du patient,
qui peut se détériorer à nouveau.
INDICATIONS
> Surdosage en opioïdes,
> antidote du prurit et des nausées lors d’administration par voie péridu-
rale ou intrathécale, sans diminution de l’efficacité analgésique,
> spasme du sphincter d’Oddi sur administration d’opioïdes.
POSOLOGIE
> Doses fractionnées de 0,5-1 µg/kg toutes les 2 minutes jusqu’à l’obten-
tion de l’effet désiré (dose habituelle de 40 µg toutes les 2 minutes),
> attention, les doses de naloxone doivent être augmentées pour
contrer l’action des agonistes partiels des récepteurs aux opioïdes,
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PERSPECTIVES
> Les opioïdes sont actuellement les antalgiques les plus efficaces à la
disposition du médecin. La dose maximale est souvent limitée par leurs
effets secondaires (nausées, prurit, constipation, tolérance, hyperalgésie
en utilisation chronique) ;
> la prévention ou le traitement des effets secondaires permettraient
une meilleure utilisation des opioïdes. Des études expérimentales
montrent que certains des effets indésirables des opioïdes résultent d’un
Opioïdes et antagonistes
mécanisme indépendant des récepteurs aux opioïdes (les Toll-Like Recep-
tors = TLR, par exemple) et des cellules nerveuses (effet sur les cellules
gliales du SNC [système nerveux central]) ;
> ces effets pourraient être antagonisés par la forme dextrogyre de la
naloxone. La dextronaloxone ne se lie pas aux récepteurs aux opioïdes et
ne compromettrait pas l’analgésie.
■ Lectures conseillées
Angst MS, Clark JD. Opioid-induced hyperalgesia : a qualitative syste-
matic review. Anesthesiology 2006 ; 104 : 570-87.
Hutchinson MR, Bland ST, Johnson KW, Rice KC, Maier SF, Watkins LR.
Opioid-induced glial activation : mechanisms of activation and implica-
tions for opioid analgesia, dependence, and reward. Scientific World-
Journal 2007 ; 7 : 98-111.
Gasche Y, Daali Y, Fathi M, Chiappe A, Cottini S, Dayer P, Desmeules J.
Codeine intoxication associated with ultrarapid CYP2D6 metabolism. N
Engl J Med 2004 ; 351 : 2827-31.
Samer CF, Piguet V, Dayer P, Desmeules JA. [Genetic polymorphism and
drug interactions : their importance in the treatment of pain]. Can J
Anaesth 2005 ; 52 : 806-21.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
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8
Curares
E. ALBRECHT
JONCTION NEUROMUSCULAIRE
> Une unité motrice est composée d’un motoneurone α et de l’ensemble
des fibres musculaires qu’il innerve, soit entre 20 et 100 ; la jonction
neuromusculaire est le nom donné à la terminaison synaptique sur la
fibre musculaire ; la terminaison synaptique n’est pas myélinisée ;
> chaque synapse contient environ 500 000 vésicules d’acétylcholine
(ACH) qui diffusent dans la fente synaptique large de 50 à 70 nm ;
chaque vésicule contient 5 000 à 10 000 molécules d’ACH ;
> les vésicules libèrent spontanément de l’ACH à une fréquence de 1 à
3 Hz et produisent des petits potentiels appelés MEPP (Mini Endplate
Potential = potentiel miniature) d’une amplitude de 5 mV, mais qui
n’aboutissent pas à une réponse musculaire ;
> la cellule nerveuse se dépolarise par une entrée de sodium (Na+)
jusqu’à la synapse : le potentiel passe de -90 à + 50 mV ; au niveau de la
synapse, le calcium (Ca2+) est libéré par le réticulum sarcoplasmique et les
mitochondries, provoquant la libération de 200 à 400 vésicules d’ACH. La
liaison de deux molécules d’ACH au récepteur postsynaptique nicoti-
nique de la cellule musculaire produit une modification conformation-
nelle du canal ionique, permettant une entrée de sodium (Na+). La
dépolarisation de la fibre musculaire qui en résulte produit une libéra-
tion du Ca2+ des mitochondries et du sarcolemme et aboutit à la contrac-
tion musculaire ;
> l’ACH est hydrolysée en acétate et en choline par les acétylcholinesté-
rases (appelées aussi cholinestérases spécifiques ou encore vraies choli-
nestérases) qui se trouvent dans les terminaisons nerveuses et dans les
fentes synaptiques. Environ la moitié de l’ACH est métabolisée avant
d’atteindre les récepteurs postsynaptiques. La choline est captée par la
terminaison nerveuse présynaptique et l’acétate est éliminé.
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8
Curares
MÉCANISME D’ACTION
GÉNÉRALITÉS
> Les curares sont des substances hydrosolubles et ionisées. On
distingue :
• les curares dépolarisants,
• les curares non dépolarisants ;
> ils agissent sur les récepteurs cholinergiques nicotiniques de la cellule
musculaire striée et produisent une paralysie musculaire, notamment des
cordes vocales, ce qui facilite l’intubation endotrachéale ; de plus, le relâ-
chement musculaire facilite l’acte chirurgical. Ce sont les deux raisons
principales pour lesquelles les curares sont utilisés lors d’une anesthésie
générale ;
• les curares n’agissent pas sur le muscle cardiaque car ce dernier a
principalement des récepteurs adrénergiques. Des récepteurs choli-
nergiques de type muscarinique sont présents au niveau du nœud
sinusal et du nœud atrioventriculaire ;
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BLOC DE PHASE I
> Le bloc de phase I est spécifique aux curares dépolarisants ;
> il est caractérisé par une absence de potentialisation post-tétanique et
par une diminution stable de la réponse (sans épuisement ou fading) au
tétanos, au train de quatre et à la stimulation double-burst (ces caracté-
ristiques sont détaillées dans le chapitre 2 « Équipement ») ;
> le bloc de phase I est prolongé par :
• un déficit congénital en pseudocholinestérases plasmatiques (mala-
die autosomale récessive) ;
▲ les pseudocholinestérases plasmatiques sont des enzymes synthéti-
sées dans le foie, d’un poids de 320 000 Da et d’une demi-vie de 8
à 12 jours. Lors de déficit congénital en pseudocholinestérases, il y
Curares
a une expression anormale du gène. Les enzymes sont présentes,
mais leur fonctionnement est altéré. Comme il y a plusieurs allèles,
il y a plusieurs types de déficits. Le déficit peut être hétérozygote
ou homozygote ;
▲ l’incidence d’un déficit hétérozygote est de 1/500 ; le curage
s’élimine en 30-60 min au lieu de 10 min. L’incidence d’un déficit
homozyte est 1/500 – 1/10 000 ; le curage s’élimine en 4-8 heures ;
▲ il n’y a pas de traitement particulier en dehors d’un soutien venti-
latoire jusqu’à une élimination complète du curare par le patient,
▲ le test diagnostique est la détermination du dibucaine number et
le dosage des cholinestérases plasmatiques ;
✓ la dibucaïne est un anesthésique local qui inhibe les pseudocho-
linestérases à un taux de 70-80 %. Le taux d’inhibition (ou dibu-
caine number) est de 50-60 % chez les hétérozygotes et de 20-
30 % chez les homozygotes ;
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
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ALBRECHT2009.book Page 106 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
BLOC DE PHASE II
> Ce bloc apparaît :
• après une dose importante de curare dépolarisant (> 7-10 mg/kg de
suxaméthonium). Pour rappel, ce dosage n’est plus utilisé en
pratique, la dose de curarisation adéquate étant de 1 à 1,5 mg/kg ;
• lors de déficit en pseudocholinestérase plasmatique ;
> le bloc de phase II possède les mêmes propriétés qu’un bloc de curare
non dépolarisant ;
> le monitorage de la fonction neuromusculaire permet d’éviter l’appari-
tion de ce bloc, qui est le résultat d’une dose excessive de curare dépola-
risant.
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ÉTAT FONCTIONNEL
DES RÉCEPTEURS ET RÉPONSE
AUX CURARES
HYPERSENSIBILISATION (UP-REGULATION)
> L’hypersensibilisation (ou up-regulation) apparaît lors d’une augmen-
tation des récepteurs à l’ACH consécutive à une diminution de la stimula-
tion de la jonction neuromusculaire (exemple : traumatisme médullaire,
maladies du motoneurone, hémisyndrome d’origine centrale, grand
brûlé, traumatisme sévère, administration prolongée de curares) ;
> il en résulte une augmentation de la sensibilité aux agonistes (suxamé-
thonium) et une diminution de la sensibilité aux antagonistes (curares
non dépolarisants).
Curares
tion des récepteurs à l’ACH secondaire à une augmentation de la stimula-
tion de la jonction neuromusculaire : administration chronique de
néostigmine ou d’organophosphorés, ces deux molécules étant des inhi-
biteurs de l’acétylcholinestérase présence d’anticorps comme dans la
myasthénie) ;
> il en résulte une diminution de la sensibilité aux agonistes (suxamétho-
nium) et une augmentation de la sensibilité aux antagonistes (curares
non dépolarisants).
SUXAMÉTHONIUM
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
STRUCTURE
> Le suxaméthonium est formé de deux molécules d’acétylcholine liées
entre elles par un groupe méthyle. C’est le seul curare dépolarisant utilisé
en clinique.
PHARMACOCINÉTIQUE
> En injection i.v., le suxaméthonium est rapidement métabolisé par les
pseudocholinestérases plasmatiques. Seule une faible fraction (20 %)
atteint la jonction neuromusculaire ;
> l’action est rapide en raison de l’hydrosolubilité importante ; en effet,
les patients peuvent être intubés après un délai de 45 à 60 s, ce qui en
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ALBRECHT2009.book Page 108 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
INDICATIONS
> Induction à séquence rapide (voir la description faite dans le chapitre
« Contrôle des voies aériennes supérieures »), soit
• estomac plein (opération en urgence, douleur importante),
• hernie hiatale,
• reflux gastro-œsophagien,
• obésité,
• femme enceinte au-delà de la 12e-15e semaine.
Curares
CONTRE-INDICATIONS
ABSOLUES
> États produisant une hyperkaliémie :
• brûlé dès la 24e heure,
• maladie neuromusculaire (hémiplégie, paraplégie, myopathie,
myotonie),
• alitement prolongé,
• insuffisance rénale terminale ;
> hyperthermie maligne.
RELATIVES
> Hypertension intracrânienne,
> plaie oculaire avec ouverture du globe.
REMARQUE
> Si ces contre-indications sont présentes et si l’indication à une induc-
tion à séquence rapide est posée, l’alternative consiste à utiliser une
double dose de rocuronium (0,9-1,2 mg/kg). Les conditions d’intubation
sont atteintes après un délai de 90 s ;
> certains praticiens évitent l’administration de ce médicament chez les
enfants de sexe masculin. En effet, le risque de rhabdomyolyse, d’hyper-
kaliémie et d’arrêt cardiorespiratoire en présence d’une myopathie non
diagnostiquée est important.
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STRUCTURE
> Il existe deux familles de curares non dépolarisants :
• les curares non dépolarisants de type aminostéroïde :
▲ pancuronium (Pavulon®),
▲ vécuronium (Norcuron®),
▲ rocuronium (Esmeron®) ;
• les curares non dépolarisants de type benzylisoquinoline :
▲ atracurium (Tracrium®),
▲ cisatracurium (Nimbex®),
▲ mivacurium (Mivacron®).
PHARMACOCINÉTIQUE
> On distingue les curares non dépolarisants de durée d’action courte
(mivacurium), moyenne (vécuronium, rocuronium, atracurium, cisatracu-
rium) et longue (pancuronium) ;
> métabolisme des curares non dépolarisants :
• vécuronium :
▲ métabolisme hépatique (30-40 %),
▲ excrétion biliaire (60 %) et rénale (40 %) ;
• rocuronium :
▲ ne subit aucun métabolisme,
▲ excrétion principalement biliaire (> 70 %), faiblement rénale
(environ 10 %) ;
• pancuronium :
Curares
▲ faible métabolisme hépatique,
▲ excrétion rénale sous forme inchangée et faible excrétion biliaire ;
• atracurium et cisatracurium :
▲ métabolisme par la voie de Hofmann et par les estérases non spéci-
fiques,
▲ la voie de Hofmann est une dégradation spontanée à pH et
température physiologiques. Ce métabolisme est diminué en cas
d’acidose ou d’hypothermie. Un des métabolites est la laudanosine
qui est un excitateur central. Il est proépileptogène et augmente
la CAM, mais sa concentration plasmatique est faible et ses effets
cliniques sont négligeables avec les doses utilisées dans la pratique
courante ;
▲ l’élimination extrahépatique et extrarénale permet à ces curares
d’être des agents de choix en cas d’insuffisance hépatique ou
rénale ;
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
• mivacurium :
▲ métabolisme par les pseudocholinestérases,
> en cas d’insuffisance hépatique ou d’insuffisance rénale, le volume de
distribution augmente alors que le métabolisme et l’excrétion diminuent.
Il faut augmenter les doses initiales et diminuer les doses d’entretien.
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8 • le sepsis ;
• hormis le pancuronium, les curares non dépolarisants n’ont pas
d’effet sur le système nerveux autonome, en effet, ce dernier est
vagolytique et inhibe la recapture de noradrénaline dans les termi-
naisons nerveuses. La tachycardie qui en résulte est utile chez les
patients souffrant, par exemple, d’une insuffisance aortique ;
> en raison d’une éventuelle insuffisance respiratoire résiduelle, les
doses des curares doivent être diminuées en cas de :
• myasthénie,
• hyperthyroïdie, en raison d’une association avec une myasthénie ou
un syndrome myasthénique de Lambert-Eaton,
• hypothyroïdie (myopathie hypothyroïdienne),
• hyperparathyroïdie (l’hypercalcémie qui en résulte produit une
parésie musculaire),
• hypoparathyroïdie (l’hypocalcémie qui en résulte favorise la réponse
aux curares),
• hyperaldostéronisme (en raison d’une éventuelle parésie musculaire),
• insuffisance surrénalienne (en raison d’une éventuelle parésie muscu-
laire).
INDICATIONS
> Intubation orotrachéale,
> facilitation de la ventilation,
> chirurgie nécessitant une immobilisation stricte (exemples : neurochi-
rurgie vasculaire, chirurgie cardiaque avec cavités ouvertes),
> facilitation de l’acte chirurgical (exemple : réduction de fractures, lapa-
rotomie).
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REMARQUES
Curares
qui entraîne une occupation partielle des récepteurs. Après l’admi-
nistration de la dose restante, l’installation du bloc est plus rapide,
soit après 60 à 90 s. Un risque de dyspnée et de dysphagie existe ; il
faut alors rassurer le patient ;
• ce procédé tend à être abandonné ;
> le cisatracurium précipite s’il est administré conjointement avec le thio-
pental. Il faut utiliser une voie veineuse différente. L’atracurium, contrai-
rement au cisatracurium, libère de l’histamine à une dose supérieure à
0,5 mg/kg ;
> un nouveau curare non-dépolarisant de type aminostéroïde, appelé
rapacuronium, a été développé par l’industrie ; à une dose de 1,5 mg/kg,
des bonnes conditions d’intubation étaient obtenues en 90 s et la durée
d’action était d’environ 20 min ; il a été développé pour remplacer le
suxaméthonium mais a été retiré du marché en raison de bronchos-
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
pasmes sévères.
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8 SUXAMÉTHONIUM ACÉTYLCHOLINE
O O
COCH2CH2N+(CH3)3 COCH2CH2N+(CH3)3
(CH2)2 CH3
COCH2CH2N+(CH3)3
O
PANCURONIUM O
OCCH3
N+
+N
CH3
CH3
CH3CO
O
VÉCURONIUM O
OCCH3
N+
+N
CH3
CH3CO
O
ROCURONIUM
CH3COO
O N+
N CH2CH CH2
Curares
HO
H
O O OCH3
H3CO
+N (CH2)2CO(CH2)5OC(CH2)2 +
N OCH3
H3CO CH2 H3C
CH2 H2C
ATRACURIUM
H3CO OCH3
OCH3 OCH3
CH3O OCH3
CH3 O H O CH3
N N OCH3
CH3O (CH2)3OCCH2CH2C = CCH2CH2CO(CH2)3
CH2 CH2
H
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■ Lectures conseillées 8
Claudius C, Karacan H, Viby-Mogensen J. Prolonged residual paralysis
after a single intubating dose of rocuronium. Br J Anaesth 2007 ; 99 :
514-7.
Hirsch NP. Neuromuscular junction in health and disease. Br J Anaesth
2007 ; 99 : 132-8.
Curares
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
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9
Anticholinestérasiques
et sugammadex
E. ALBRECHT
ANTICHOLINESTÉRASIQUES
(INHIBITEURS DE
L’ACÉTYLCHOLINESTÉRASE)
> Les anticholinestérasiques ou inhibiteurs de l’acétylcholinestérase
produisent une inhibition réversible de l’acétylcholinestérase, et donc
stimulent la jonction neuromusculaire ; ils sont utilisés en anesthésie
pour antagoniser le bloc musculaire induit par les curares non dépolari-
sants, à l’exception du mivacurium. De plus, la néostigmine a un faible
effet agoniste sur la jonction neuromusculaire ;
> Cette classe de médicaments produit également une inhibition des
pseudocholinestérases plasmatiques, et donc potentialise l’action des
curares dépolarisants et du mivacurium. Leur administration est prohibée
lors d’utilisation du suxaméthonium ;
> les effets systémiques résultent de la stimulation des récepteurs musca-
riniques du système parasympathique (bradycardie, bronchoconstriction,
augmentation des sécrétions bronchiques, lacrymales, salivaires, gastri-
ques et des glandes sudoripares, augmentation du péristaltisme intes-
tinal). Ces effets secondaires sont limités par l’administration simultanée
du médicament avec un anticholinergique (atropine, glycopyrrolate).
INDICATIONS
> Antagonisation de la curarisation en fin d’intervention,
• tout patient qui a reçu un curare non dépolarisant doit bénéficier de
l’administration d’une dose de « décurarisation », sauf si la réponse
T4/T1 au train de quatre (voir chapitre 2 « Équipement ») est supé-
rieure à 0,9 ; en effet le risque de complications respiratoires
(obstruction des voies aériennes supérieures par diminution du tonus
du muscle génioglosse, hypoxémie, inhalation bronchique) est direc-
tement proportionnel à l’état de curarisation résiduelle, défini par
un rapport T4/T1 < 0,9 ;
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ANTICHOLINESTÉRASIQUES
> Il existe différents anticholinestérasiques. La néostigmine est l’inhibi-
teur de l’acétylcholinestérase le plus couramment utilisé en anesthésie.
PYRIDOSTIGMINE ( MESTINON®)
> Délai d’action de 10-15 min,
> durée d’action de 80-120 min,
> posologie habituelle : 0,1-0,4 mg/kg,
> associé à 0,02 mg/kg d’anticholinergique (atropine, glycopyrrolate), ou
0,05 mg d’anticholinergique par mg de pyridostigmine administré,
> métabolisme hépatique et par des estérases plasmatiques non spécifi-
ques, puis excrétion rénale.
ÉDROPHONIUM
> Anticholinergique qui n’est plus utilisé en anesthésiologie, en raison
de sa courte durée d’action (environ 20 min),
> délai d’action de 1 à 2 min,
> posologie habituelle : 0,5-1 mg/kg,
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Anticholinestérasiques et sugammadex
> métabolisme principalement par des estérases plasmatiques non spéci-
fiques (hydrolyse complète), très faible excrétion rénale.
SUGAMMADEX
> Le sugammadex (Bridion®) est une molécule de sucre γ-cyclodextrine
modifié agissant comme antidote des curares non dépolarisants de type
aminostéroïde. Ce médicament est en fin de développement et devrait
être disponible dans le commerce à brève échéance.
STRUCTURE
> Sa structure moléculaire est formée d'une cavité hydrophobe entourée
de pôles hydrophiles.
PHARMACOLOGIE
> Le sugammadex est biologiquement inactif et ne se lie pas aux
protéines plasmatiques ;
> il ne subit aucun métabolisme et est excrété inchangé dans les urines
dans les 8 heures.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
MÉCANISME D'ACTION
> Les groupes hydrophiles forment des complexes hydrosolubles avec les
curares aminostéroïdes et les encapsulent dans la cavité hydrophobe ; la
fraction libre plasmatique du curare diminue et crée un gradient tissu-
laire qui favorise le mouvement des molécules de la jonction neuromus-
culaire vers le plasma où ils sont à leur tour encapsulés ; le bloc
neuromusculaire est levé en raison d'une diffusion complète des molé-
cules de curare en dehors de la jonction neuromusculaire ; la concentra-
tion plasmatique totale du curare (libre et liée au sugammadex) est
augmentée et l'ensemble est excrété dans les urines ; l'utilisation de
sugammadex permet de surseoir à l'administration d'un anticholinestéra-
sique ;
> 1 molécule de sugammadex encapsule 1 molécule de curare ;
> l'efficacité de cette interaction est plus importante avec le rocuronium
et le vécuronium qu'avec le pancuronium ;
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POSOLOGIE
> les doses recommandées se situent entre 2 et 4 mg/kg pour obtenir un
rapport T4/T1 > 0,9 en 2 – 3 min ;
> en situation d’urgence, l'administration de 16 mg/kg de sugammadex
3 min après l'administration de 1,2 mg/kg de rocuronium permet de récu-
pérer un rapport T4/T1 > 0,9 en 1,5 min;
> si du sugammadex a été utilisé chez un patient qui doit être à nouveau
intubé, la curarisation peut se faire par du mivacurium, de l’atracurium
ou du cisatracurium.
REMARQUE
> Si ce médicament est introduit dans la pratique clinique, la stratégie
d’induction à séquence rapide pourra être modifiée : en effet, la combi-
Anticholinestérasiques et sugammadex
NÉOSTIGMINE PYRIDOSTIGMINE
H3C + H3C +
N C O N (CH3)3 N C O N CH3
H3C H3C
O O
EDROPHONIUM PHYSOSTIGMINE
CH3 CH3
+
HO N C2H5 H3C N C O
CH3 H O
N N
CH3 CH3
■ Lectures conseillées
Brull SJ, Naguib M, Miller RD. Residual neuromuscular block : rediscove-
ring the obvious. Anesth Analg 2008 ; 107 : 11-4.
Naguib M. Sugammadex : another milestone in clinical neuromuscular
pharmacology. Anesth Analg 2007 ; 104 : 575-81.
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10
Système nerveux autonome
T. BUCLIN, E. ALBRECHT
RAPPEL ANATOMIQUE
> Le système nerveux autonome assure le maintien des fonctions vitales,
telles que l’activité cardiaque, l’activité respiratoire, la digestion ou
encore la sudation. Il est composé de deux systèmes antagonistes qui
agissent sur les mêmes organes cibles : le système nerveux sympathique
et le système nerveux parasympathique. De manière générale, le système
nerveux sympathique contribue à la mobilisation de l’énergie et est
activé en cas de circonstances aiguës ; le système nerveux parasympa-
thique contribue à économiser l’énergie et à maintenir les fonctions
vitales à leur niveau de base. Les systèmes nerveux sympathique et para-
sympathique sont sous la commande de l’hypothalamus et sont
composés de fibres hypothalamospinales, de fibres préganglionnaires, de
ganglions et de fibres postganglionnaires. Le système nerveux parasym-
pathique est également composé des noyaux de quelques nerfs crâniens.
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SYSTÈME NERVEUX
SYMPATHIQUE
STRUCTURE DES NEUROTRANSMETTEURS
> Parmi les agonistes adrénergiques, on distingue ceux qui sont de type
catécholamine et ceux qui ne le sont pas ;
> les catécholamines ont en commun une structure 3,4-dihydroxyben-
zène. La synthèse s’effectue à partir de la tyrosine dans le cytoplasme des
neurones (voir figure 10.1) ; les catécholamines synthétiques (dobuta-
mine, isoprotérénol) sont caractérisées par des modifications de la chaîne
latérale.
MÉTABOLISME
> L’adrénaline et la noradrénaline sont métabolisées dans les terminai-
sons nerveuses et dans le foie :
• terminaisons nerveuses :
▲ recapture (mécanisme principal),
▲ métabolisation par la MAO (monoamine-oxydase), avec produc-
tion d’acide 3,4-dihydroxymandélique puis nouvelle métabolisa-
tion par la COMT (catéchol-o-méthyl transférase) avec production
d’acide vanillylmandélique, qui est excrété dans les urines,
• métabolisme hépatique :
▲ métabolisation par la COMT avec production de normétanéphrine
et de métanéphrine, puis nouvelle métabolisation par la MAO,
avec production d’acide vanillylmandélique, qui est excrété dans
les urines.
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HO HO
OH OH OH
HN CH3 NH2
CH2 CH2
Phényléthanolamine-N HC OH
HC OH méthyltransférase
HO HO
OH OH
Médullo-surrénale
Figure A
MAO COMT
Figure B
COMT MAO
N Ach sur r.
nicotinique
Médullosurrénale
NA et A
Figure 10.3 Schéma des systèmes nerveux sympathique, parasympathique et de
la transmission neuromusculaire.
ACH : acétylcholine, NA : noradrénaline, A : adrénaline, r : récepteur.
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ALBRECHT2009.book Page 122 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
ALPHA 1
> Vasoconstriction (produit une augmentation des résistances et de la
pression artérielle),
> contraction des sphincters vésicaux et intestinaux,
> contraction du muscle radiaire de l’iris (=> mydriase),
> inhibition des sécrétions d’insuline, stimulation de la gluconéogenèse
et de la glycogénolyse,
> stimulation des sécrétions salivaires (salive muqueuse).
ALPHA 2
> Récepteurs présynaptiques : inhibition de la libération de NA et A, ce
qui entraîne une vasodilatation périphérique (diminution des résis-
tances),
> sédation, dépression du système nerveux central, analgésie,
Système nerveux autonome
BÊTA 1
> Effets inotrope, chronotrope et dromotrope positifs,
> stimulation de la sécrétion de rénine.
BÊTA 2
>Vasodilatation,
>bronchodilatation,
>relaxation de l’utérus gravide (tocolyse),
>relaxation de la vessie et du tractus digestif,
>stimulation de la libération d’insuline, de glucagon,
>stimulation de la gluconéogenèse, de la glycogénolyse, de la lipolyse,
>diminution de la libération des médiateurs de l’inflammation par les
mastocytes.
DOPAMINERGIQUE 1
> Vasodilatation rénale, mésentérique, splanchnique.
DOPAMINERGIQUE 2
> Inhibition de la libération de NA présynaptique,
> nausées, vomissements,
> stimulation centrale, excitation psychomotrice, dyskinésies,
> renforcement comportemental (ce qui conduit à des comportements
addictifs).
REMARQUE
> Les récepteurs font l’objet d’adaptations fonctionnelles en réponse à
leur degré d’activité :
• up-regulation (hypersensibilisation) :
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ADRÉNALINE
■ Récepteurs
> Agoniste naturel direct α1, α2, β1, β2 de manière dose-dépendante :
• effets β : 1-2 µg/min,
• effets α et β : 2-10 µg/min,
• effets α : 10-20 µg/min.
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NORADRÉNALINE
■ Récepteurs
> Agoniste naturel direct α1, α2 et β1.
■ Effets systémiques
> Vasoconstriction,
> augmentation de la pression artérielle,
> augmentation de la contractilité myocardique,
> augmentation de la fréquence respiratoire et du volume courant,
> diminution du débit sanguin cérébral,
Système nerveux autonome
■ Effets indésirables
> Céphalées, anxiété,
> pâleur,
> diaphorèse (sudation exagérée),
> douleurs thoraciques,
> nécrose tissulaire en cas d’extravasation sous-cutanée (privilégier
l’administration sur une voie veineuse centrale).
■ Indications et posologie
> État de choc :
• 0,05-1 µg/kg/min.
DOPAMINE
■ Récepteurs
> Agoniste naturel direct des récepteurs dopaminergiques puis des
récepteurs α1, β1, par un mécanisme direct et indirect et de manière
dose-dépendante.
■ Effets systémiques
Effets cardiovasculaires
> 1-2 µg/kg/min :
• récepteurs dopaminergiques :
▲ vasodilatation rénale, mésentérique et cérébrale ;
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■ Indication et posologie
> Reprise de la diurèse lors d’une insuffisance rénale menaçante, préven-
tion du syndrome hépatorénal :
• 1-2 µg/kg/min ;
> état de choc :
• 3-20 µg/kg/min.
■ Remarque
> La dopamine exogène administrée par voie i.v. ne franchit pas la
barrière hémato-encéphalique ;
> l’effet protecteur rénal est controversé ;
> l’augmentation de la consommation d’O2 est supérieure aux apports ;
> la dopexamine (Dopacard®) a une structure analogue à la dopamine et
produit les effets suivants :
• stimulation des récepteurs β2 et dopaminergiques,
• augmentation du débit cardiaque, du débit sanguin cérébral, du
débit sanguin splanchnique, du débit sanguin rénal sans augmenta-
tion de la consommation d’O2,
• ce médicament est peu utilisé dans la pratique clinique.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
DOBUTAMINE (DOBUTREX®)
■ Récepteurs
> Agoniste synthétique β1 et β2.
■ Effets systémiques
> Inotrope positif,
> augmentation du débit cardiaque,
> augmentation de l’automaticité du nœud sinusal,
> vasodilatation pulmonaire et systémique,
> diminution des pressions de remplissage du ventricule gauche et
augmentation secondaire du débit coronarien,
> inhibition de la vasoconstriction pulmonaire hypoxique,
> augmentation de la diurèse par augmentation du débit sanguin rénal.
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ALBRECHT2009.book Page 126 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
10 ■ Effets indésirables
> Tachycardie, arythmies,
> fatigue, céphalées,
> douleurs thoraciques.
■ Indication et posologie
> Diminution du débit cardiaque (1-20 µg/kg/min) liée à :
• l’insuffisance cardiaque décompensée,
• la maladie coronarienne,
• la chirurgie cardiaque,
> échographie de stress.
■ Remarque
> Il n’est pas recommandé d’utiliser la dobutamine chez les patients
souffrant de cardiomyopathie obstructive ou de sténose aortique en
raison de la vasodilatation systémique induite ;
> une tachyphylaxie peut apparaître lors d’une perfusion prolongée ;
> une administration peropératoire peut conduire à une augmentation
des pertes de chaleur par un mécanisme de redistribution du débit
sanguin vers la peau.
Système nerveux autonome
ISOPROTÉRÉNOL (ISUPREL®)
■ Récepteurs
> Agoniste synthétique β1 et β2.
■ Effets systémiques
> Chronotrope positif,
> inotrope positif,
> augmentation du débit cardiaque,
> augmentation de la pression artérielle systolique,
> diminution des résistances vasculaires systémiques, responsable d’une
diminution de la pression artérielle diastolique,
> augmentation de l’automatisme cardiaque,
> augmentation du débit sanguin coronarien et mésentérique,
> bronchodilatation avec augmentation des troubles ventilation/perfu-
sion.
■ Effets indésirables
> Tachycardie, arythmies,
> hypotension,
> diaphorèse,
> douleurs thoraciques,
> hyperglycémie.
■ Indication et posologie
> Bloc atrioventriculaire du 3e degré et bradycardie sévère dans l’attente
de la pose d’un pacemaker :
• 0,05-0,1 µg/kg/min ;
> torsades de pointes (titrer pour obtenir un effet chronotrope jusqu’à
l’interruption du phénomène de réentrée ventriculaire) :
• 0,02-0,1 µg/kg/min ;
> asthme :
• aérosol de 80-400 µg/inhalation.
■ Remarque
> Induit une augmentation de la consommation d’O2.
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■ Récepteur
> Agoniste synthétique direct α1.
■ Effets systémiques
> Augmentation des résistances artérielles systémiques et de la PAM,
> bradycardie réflexe,
> augmentation du débit sanguin coronarien,
> diminution de la perfusion rénale.
■ Effets indésirables
> Crise hypertensive,
> vasospasmes,
> accident cérébrovasculaire.
■ Indication et posologie
> Hypotension peropératoire en anesthésie générale ou médullaire :
• bolus de 0,5-2 µg/kg (en général, bolus de 50 à 200 µg),
ÉPHÉDRINE
■ Récepteurs
> Agoniste synthétique direct et indirect sur les récepteurs α1, α2, β1, β2.
■ Effets systémiques
> Inotrope positif,
> chronotrope positif,
> augmentation du débit cardiaque,
> augmentation de la pression artérielle systolique et diastolique,
> augmentation de la PAM,
> augmentation du débit sanguin coronarien et cérébral,
> bronchodilatateur,
> stimulation de la respiration,
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
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ALBRECHT2009.book Page 128 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
10 ■ Remarque
> L’éphédrine n’a pas d’effet dans les cas de déplétion des stocks de caté-
cholamines (exemple : état de choc, administration chronique de
bêtabloquants) ;
> les effets de l’éphédrine sont similaires à ceux de l’adrénaline, moins
puissants, mais de plus longue durée ;
> une tachyphylaxie apparaît lors d’utilisation prolongée.
■ Récepteur
> Agoniste synthétique α2 (récepteurs surtout présynaptiques) : diminue
la libération périphérique de noradrénaline.
■ Effets systémiques
> Diminution des résistances périphériques et de la PAM,
> diminution du retour veineux,
> maintien du débit cardiaque et du débit sanguin rénal,
> diminution du débit sanguin cérébral,
> diminution de la pression intraoculaire,
> sédation, dépression du système nerveux central,
Système nerveux autonome
■ Effets indésirables
> Sécheresse des muqueuses buccales ;
> impuissance ;
> HTA rebond et tachycardie lors d’arrêt brutal.
■ Indications et posologie
> Agitation :
• 0,5-2 µg/kg/h i.v.,
> frissons postopératoires :
• 2-3 µg/kg i.v. lent,
> diminution des besoins en agents anesthésiques :
• 2-3 µg/kg i.v. lent,
> prolongation de la durée d’action des anesthésiques locaux :
• 1-2 µg/kg, par la même voie que les anesthésiques locaux,
> sevrage aux opiacés,
> traitement de certaines douleurs chroniques.
■ Remarque
> La méthyldopa est un autre agoniste α2 :
• analogue de la lévodopa,
• utilisé pour traiter les effets rebonds d’un sevrage à la clonidine,
• avec ce médicament, 20 % des patients développent un test de
Coombs positif ; rares anémies hémolytiques auto-immunes.
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■ Récepteurs
> Antagoniste compétitif non sélectif des récepteurs α1 et α2 adrénergi-
ques à durée d’action brève.
■ Effets systémiques
> Diminution des résistances vasculaires systémiques, responsable d’une
diminution de la PAM et d’une tachycardie réflexe,
> inotrope positif (effet direct et indirect),
>
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
■ Effets indésirables
> Diarrhées,
> douleurs abdominales,
> congestion des muqueuses nasales.
■ Indications et posologie
> HTA peropératoire, notamment lors de phéochromocytome :
• bolus de 0,1 mg/kg,
• perfusion de 5 à 50 µg/kg/min i.v.,
• sevrage à la clonidine,
> syndrome de Raynaud.
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10 BÊTABLOQUANTS
CARACTÉRISTIQUES COMMUNES
Tous les bêtabloquants possèdent un carbone asymétrique au sein de
leur molécule. Ce sont donc des produits racémiques avec deux isomères
dont la forme lévogyre possède l’action bêtabloquante.
■ Récepteurs
> Antagonistes compétitifs des récepteurs β1 et β2 ;
> les bêtabloquants sélectifs se lient sélectivement aux récepteurs β1 ;
cette sélectivité permet une action plus ou moins spécifique sur le cœur ;
> certains bêtabloquants possèdent une activité sympathique intrin-
sèque, c’est-à-dire qu’ils exercent une faible action agoniste sur les récep-
teurs.
■ Effets systémiques
> Chronotrope négatif,
> inotrope négatif,
> inhibition de la libération de rénine,
> diminution de la PAM,
Système nerveux autonome
■ Effets indésirables
> Hypotension,
> bradycardie,
> asthme et BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) avec
composante bronchospastique (surtout avec bêtabloquants non
sélectifs ; effet également possible avec les β1-sélectifs),
> nausées et vomissements,
> syndrome de Raynaud,
> diminution des symptômes d’hypoglycémie et des réactions de main-
tien de la glycémie :
• ces derniers sont secondaires à une activation du système nerveux
sympathique visant à stimuler la glycogénolyse et la néoglucogenèse ;
> sédation,
> impuissance.
■ Contre-indications
> Insuffisance cardiaque décompensée (la prescription de bêtabloquants
au long cours est recommandée dans l’insuffisance cardiaque congestive,
mais leur introduction est périlleuse, en particulier lorsque la fraction
d’éjection cardiaque est < 30 %) ;
> bradycardie ;
> bronchospasme (surtout pour les bêtabloquants non sélectifs) ;
> artériopathie ;
> hypotension symptomatique.
LABÉTALOL (TRANDATE®)
> Le labétalol est un antagoniste α1, β1, β2 avec une prédominance β
(rapport β/α de 7:1 i.v. et 3:1 per os) :
• c’est donc un bêtabloquant avec une action alphabloquante asso-
ciée, comme le carvédilol (Kredex®, Dilatrend®) ;
• l’action alphabloquante peut produire une éjaculation rétrograde ;
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ESMOLOL ( BREVIBLOC®)
> L’esmolol est un bêtabloquant de courte durée d’action (pic d’action
entre 6-10 min pendant 20 min maximum) en raison d’une :
• redistribution,
• hydrolyse par estérases des érythrocytes (demi-vie d’élimination de
10 min) ;
> indications en anesthésie-réanimation :
• hypertension peropératoire,
• tachyarythmie supraventriculaire,
• syndrome coronarien aigu peropératoire ;
> posologie :
• bolus de [50 − 500 µg/kg], (bolus habituel de 10 mg),
• perfusion de 50-500 µg/kg/min.
SOTALOL (SOTALEX®)
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10 NICOTINE
N
N
CH3
MUSCARINE
HO
CH3
H 3C O CH2 +N CH3
CH3
Figure 10.4 Structure moléculaire de la nicotine et de la muscarine.
ACÉTYL-CoA
+
Système nerveux autonome
CH3
CH3
Choline
acétyltransférase
CH3
O CH3
Acétylcholinestérase
ACÉTATE CH3 C OH
+
CHOLINE
Figure 10.5 Synthèse et hydrolyse de l’ACH.
SYSTÈME NERVEUX
PARASYMPATHIQUE
SYNTHÈSE ET MÉTABOLISME
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RÉCEPTEUR NICOTINIQUE
> Le récepteur nicotinique possède 5 sous-unités dont 2 α qui forment le
RÉCEPTEUR MUSCARINIQUE
> Le récepteur muscarinique ne contient qu’une seule unité ;
> il est lié à une protéine G qui active un canal K+ ou des seconds
messagers ;
> ces récepteurs se trouvent sur les cellules des organes effecteurs post-
ganglionnaires ; il en existe 3 types :
• M1 = SNC et système nerveux périphérique (SNP),
• M2 = cœur et musculature lisse,
• M3 = glandes exocrines, musculature lisse, fibres nerveuses ;
> les effets sont :
• bradycardie,
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
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ALBRECHT2009.book Page 134 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
10 ANTAGONISTES CHOLINERGIQUES
DES RÉCEPTEURS MUSCARINIQUES
> Atropine ;
> scopolamine (Scoburen®, Dispersa®) ;
> glycopyrrolate (Robinul®) ;
> ipratropium (Atrovent®) ;
> pirenzépine.
Liaison Acide
Base organique ester aromatique
NCH3 H C O C C ATROPINE
H
CH2 CH CH2
CH CH CH2 O CH2OH
Système nerveux autonome
O NCH3 H C O C C SCOPOLAMINE
H
CH CH CH2
O C
C GLYCOPYRROLATE
N HO
+
H3C CH3
STRUCTURE
Liaison ester entre un acide aromatique et une base organique.
EFFETS SYSTÉMIQUES
> Tachycardie,
> diminution de l’intervalle PR,
> bronchodilatation avec augmentation de l’espace mort,
> diminution des sécrétions bronchiques, salivaires et gastriques,
> stimulation du système nerveux central (excitation, confusion, halluci-
nation, coma),
> diminution de la vidange gastrique,
> diminution du tonus du sphincter œsophagien inférieur,
> mydriase et cycloplégie,
> rétention urinaire par affaiblissement du tonus vésical et urétéral,
> inhibition des glandes sudoripares :
• augmentation de la température corporelle (hyperthermie
« atropinique »).
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ALBRECHT2009.book Page 135 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
INDICATIONS 10
> Bradycardie peropératoire (atropine),
> maladies respiratoires chroniques obstructives (ipratropium) :
• asthme,
• bronchite chronique,
> diminution des sécrétions oropharyngées lors de chirurgie ORL (atro-
pine, glycopyrrolate),
> mal des transports (scopolamine),
> correction des effets extrapyramidaux engendrés par les neurolepti-
ques ou les anti-émétiques (exemple : dyskinésies dues au métoclopra-
mide).
CONTRE-INDICATIONS RELATIVES
> Hyperplasie bénigne de la prostate,
> obstruction du col vésical,
> glaucome à angle fermé,
> climat chaud (canicules).
SPÉCIFICITÉS
■ Glycopyrrolate (Robinul®)
> Le glycopyrrolate est une amine quaternaire ; il est donc dépourvu
d’effets centraux et oculaires ;
> la demi-vie est de 2 à 4 heures ;
> indication et posologie habituelle :
• diminution des sécrétions oropharyngées, bradycardie :
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
REMARQUES
> Les antidépresseurs tricycliques, les antihistaminiques et les antipsycho-
tiques ont des propriétés antimuscariniques. Ils potentialisent les anticho-
linergiques.
> La scopolamine est utilisée par voie transdermique contre le mal des
transports.
> L’ipratropium (Atrovent®) est utilisé par inhalation dans le traitement
de la BPCO et de l’asthme.
> La pirenzépine est utilisée comme inhibiteur des sécrétions gastriques.
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11
Anesthésiques locaux
B. RUTSCHMANN, E. ALBRECHT
STRUCTURE
> Les anesthésiques locaux (AL) sont composés :
• d’un cycle benzène (acide aromatique pour les esters, amine aroma-
tique pour les amides), qui est un groupe lipophile,
• d’une liaison ester (-COO-) ou d’une liaison amide (-NHCO-), qui unit
les deux extrémités par une chaîne carbonée,
• d’une amine ternaire (aminoalcool pour les esters, aminoacide pour
les amides), qui est un groupe hydrophile ;
> la nature de la chaîne carbonée (liaison ester ou amide) entre le cycle
benzène et l’amine ternaire détermine la classe de l’AL :
• AL de type ester : procaïne, chloroprocaïne, cocaïne,
• AL de type amide : lidocaïne, mépivacaïne, bupivacaïne, lévobupiva-
caïne, ropivacaïne ;
> astuce mnémotechnique : le nom du principe actif des amides contient
2 i, alors que le nom des esters ne contient qu’un seul i ;
> les AL sont des bases faibles qui ont un pKa proche du pH
physiologique : in situ, la fraction non ionisée prédomine, ce qui facilite
leur diffusion, mais ce n’est que la forme ionisée qui se lie au récepteur
intramembranaire. En effet, les molécules non ionisées diffusent plus
facilement à travers la membrane cellulaire de nature lipidique. Les
molécules ionisées, elles, sont hydrosolubles ;
> les AL sont insolubles dans l’eau ; il faut les préparer dans une solution
acide de chloralhydrate (sels chlorés avec un pH entre 4 et 7) pour les
rendre hydrosolubles. Une fois injecté, le produit se dissocie en AL ionisé
à charge positive (ALH+, forme cationique) et en ion chloré à charge
négative (Cl-) [voir encadré ci-dessous] ; dans l’organisme, le cation ALH+
se dissocie à nouveau en une fraction non ionisée AL et en un ion H+; les
deux formes coexistent ensemble.
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11 A
N
NH H + HO OC CH2 N NH C CH2 N
AL HCl ALH+ + Cl -
Ka
ALH + AL + H +
MÉCANISME D’ACTION
> L’entrée de sodium dans le cytoplasme entraîne la dépolarisation cellu-
laire. Le potentiel de membrane passe de -70 à +35 mV ; la repolarisation
résulte d’une diminution de la perméabilité des canaux sodiques et d’une
excrétion de sodium du milieu intracellulaire vers le milieu
extracellulaire ;
> in situ, les AL existent sous forme ionisée ALH+ et non ionisée AL ; la
forme non ionisée AL (forme libre, non liée aux protéines) diffuse et
franchit la membrane cellulaire, mais c’est la forme ionisée ALH+ qui se
lie au canal sodique du côté intracellulaire et le bloque ;
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ALBRECHT2009.book Page 139 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
> l’affinité des ALH+ est plus élevée pour l’état inactivé et ouvert du
canal, c’est-à-dire l’état dépolarisé. Le bloc est donc favorisé par une
11
fréquence de stimulation nerveuse élevée ;
> les AL bloquent plus facilement les petites fibres non myélinisées que
les grosses fibres myélinisées ; ainsi la chronologie d’installation du bloc
est la suivante : fibres B (système sympathique) ⇒ fibres C et Aδ (sensibi-
lité thermoalgique) ⇒ Aβ (sensibilité épicritique) ⇒ fibres Aα (motricité) ;
la régression du bloc se fait en sens inverse.
PROPRIÉTÉS PHYSICOCHIMIQUES
POIDS MOLÉCULAIRE
> Le poids moléculaire se situe entre 220 et 280 Da.
LIPOSOLUBILITÉ
> Conditionne la puissance de l’AL,
> déterminée par le nombre d’atomes de carbone,
> représentée par le coefficient de partage lipides/eau.
Anesthésiques locaux
TAUX DE LIAISON AUX PROTÉINES PLASMATIQUES
> Détermine la durée d’action : plus le taux de liaison aux protéines plas-
matiques est élevé, plus la durée d’action sera longue ;
> les AL se lient principalement à la glycoprotéine acide α1.
PKA
> Le pKa d’une substance est le pH auquel les formes ionisées et non
ionisées, ou plus précisément les formes protonisées et non protonisées,
sont réparties de manière égale ;
> le pKa d’un AL détermine donc la proportion relative des différentes
fractions (degré d’ionisation) et donc le délai d’action : plus le pKa est
bas, plus le délai d’installation du bloc sera rapide ; un pKa bas implique
une fraction plus élevée de la forme non ionisée dans l’organisme et
donc une diffusion plus importante dans le milieu intracellulaire.
MÉTABOLISME
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
AL DE TYPE ESTER
> Les AL de type ester sont métabolisés par :
• les pseudocholinestérases (ou cholinestérases plasmatiques) : une
déficience génétique en pseudocholinestérase augmente le risque
d’effet toxique ;
• les acétylcholinestérases érythrocytaires (ou vraies cholinestérases),
qui se trouvent également dans le tissu nerveux ;
> l’acide para-aminobenzoïque qui est un métabolite des esters est théo-
riquement associé à des réactions allergiques. Néanmoins, les allergies
vraies aux AL sont extrêmement rares et seuls quelques cas bien docu-
mentés ont été publiés. Si une allergie est suspectée, il suffit de changer
de classe d’AL. En effet, il n’y a pas de réaction croisée.
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11 AL DE TYPE AMIDE
> Les AL de type amide sont métabolisés par les enzymes hépatiques.
SYSTÈME CARDIOVASCULAIRE
> Arythmies par diminution de l’automatisme cardiaque et diminution
de la période réfractaire : bradyarythmies, tachycardie ventriculaire,
fibrillation ventriculaire :
• ces arythmies sont réfractaires aux antiarythmiques habituels ; néan-
moins, en cas d’ACR (arrêt cardiorespiratoire), il faut procéder aux
mesures standards de réanimation avancée et administrer de l’Intrali-
pide® 20 % ;
• des ESV ou ESSV (extrasystoles ventriculaires ou supraventriculaires)
ou une hypotension artérielle sont des signes précurseurs d’une
intoxication ;
> cardiomyodépression,
> vasodilatation en cas de surdosage.
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11
Traitement d’urgence de la toxicité des anesthésiques locaux –
Posologie Intralipide® 20 %
– Bolus de 1-1,5 ml/kg en 1 minute (bolus moyen de 100 ml), à
répéter 3 × toutes les 5 min ;
– perfusion de 0,25-0,5 ml/kg/min dès qu’un rythme sinusal réap-
paraît, jusqu’à l’obtention d’une stabilité hémodynamique, géné-
ralement pendant environ 30 min ;
– un flacon de 500 ml suffit généralement pour un sujet de 80 kg.
SYSTÈME RESPIRATOIRE
> Diminution de la réponse ventilatoire à l’hypoxie,
> diminution du réflexe oropharyngé.
Anesthésiques locaux
▲ convulsions généralisées, coma,
• ces effets sont atténués par l’hyperventilation et les benzodiazépines ;
SYSTÈME LOCOMOTEUR
> Myonécrose :
• en cas d’injection intramusculaire ; la récupération se fait en 3 à 4
semaines.
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
SPÉCIFICITÉS DE QUELQUES AL
LIDOCAÏNE
> le chiffre magique de la lidocaïne est 2-3-4-5-6-7-8 :
• poids moléculaire : 234 Da
• taux de liaison aux protéines plasmatiques : 56 %,
• pKa : 7,8 ;
> la lidocaïne a une liposolubilité, un taux de liaison aux protéines plas-
matiques et un pKa inférieurs à la bupivacaïne ; par conséquent, elle a
une puissance inférieure, un délai d’action plus rapide, et une durée
d’action plus courte,
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11 LÉVOBUPIVACAÏNE
> La lévobupivacaïne est un énantiomère de la bupivacaïne (forme
lévogyre) ;
• on appelle énantiomères deux molécules dont les structures quater-
naires sont des images en miroir l’une de l’autre ; tout en étant simi-
laires, ces molécules ne sont pas superposables ;
> ses propriétés physicochimiques (poids moléculaire, liposolubilité, taux
de liaison aux protéines plasmatiques, pKa) et ses doses maximales sont
identiques à celles de la bupivacaïne.
ROPIVACAÏNE
> La ropivacaïne est un énantiomère de la propivacaïne (forme
lévogyre) ;
> elle possède des propriétés pharmacologiques similaires à la bupiva-
caïne/lévobupivacaïne (délai et durée d’action) mais produit moins de
bloc moteur (puissance légèrement inférieure).
PRILOCAÏNE
> Un des métabolites de la prilocaïne est la 6-hydroxytoluidine, qui
produit une méthémoglobinémie significative, lorsque la dose de prilo-
caïne dépasse 600 mg. Le traitement comprend l’administration de bleu
Anesthésiques locaux
PIÉGEAGE IONIQUE
> Le piégeage ionique est l’accumulation de la fraction ionisée ALH+
dans un compartiment dont le pH est bas ; par exemple :
• AL et acidose tissulaire : un bloc de cheville chez un patient souffrant
d’une artériopathie des membres inférieurs sera moins efficace en
raison de l’acidose tissulaire ; l’AL injecté se transformera immédiate-
ment en forme ionisée ALH+ et diffusera plus difficilement à l’inté-
rieur de la cellule pour agir ;
• AL et acidose fœtale : en cas de souffrance fœtale avec acidose, l’AL
administré à une parturiente s’accumulera préférentiellement du
côté fœtal, avec apparition d’effets toxiques et asphyxie ; à noter
que ce phénomène existe déjà en situation normale sans produire de
signes toxiques, le pH fœtal étant inférieur de 0,1 au pH maternel ;
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ALBRECHT2009.book Page 143 Mardi, 4. août 2009 2:29 14
ADDITIFS
> L’adjonction d’additifs permet de :
• réduire le délai d’action,
• prolonger la durée du bloc,
• augmenter la puissance.
ADRÉNALINE
> Son effet vasoconstricteur permet de diminuer la résorption de l’AL
par les tissus et de prolonger la durée d’action de 30 à 50 %, tout en
diminuant la toxicité ;
> le bénéfice de l’adrénaline est surtout observé avec la lidocaïne et la
Anesthésiques locaux
mépivacaïne, moins avec la bupivacaïne ou la ropivacaïne ;
> son adjonction est utilisée dans les blocs centraux et périphériques ;
> contre-indications :
• bloc périphérique des extrémités : doigts, orteils, pénis,
• angor instable,
• arythmies ;
> l’adrénaline est instable dans les milieux alcalins. Les solutions préparées
ont un pH de 4 à 5. Or à ce pH, les AL ont une faible fraction non ionisée, ce
qui retarde leur action. Par conséquent, il est préférable d’ajouter l’adréna-
line à la solution immédiatement avant son administration.
BICARBONATE DE SODIUM
> Le mécanisme d’action est double :
• l’alcalinisation de la solution produit un piégeage ionique par diffu-
sion préférentielle vers l’intérieur de la cellule ;
• stabilisation de la membrane de la cellule nerveuse par le CO2.
> utilisé dans les blocs centraux et périphériques.
CLONIDINE
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
OPIACÉS
> Prolongent l’analgésie de plusieurs heures,
> utilisés dans les blocs centraux et périphériques.
AUTRES ADDITIFS
> D’autres additifs ont été étudiés, comme la kétamine, la néostigmine,
le vérapamil ou le tramadol ; leur utilisation dans une pratique quoti-
dienne n’est pas recommandée.
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Anesthésiques locaux
11
144
Propriétés des différents anesthésiques locaux. Le coefficient de puissance se rapporte à la procaïne, qui est l’anesthésique local de
référence. La lévobupivacaïne (Chirocaïne) est un énantiomère de la bupivacaïne (forme lévogyre). Son poids moléculaire, son pKa, son
TABLEAU 11-1 taux de liaison aux protéines plasmatiques et sa dose maximale sans adrénaline sont identiques à la bupivacaïne.
Liaison aux Dose maximale avec Délai Durée
Nom DCI Poids Dose maximale :
pKa protéines Puissance adrénaline : d’action d’action
(Nom commercial) moléculaire mg/kg (totale)
plasmatiques mg/kg (totale) (min) (min)
Esters
Procaïne 12 mg/kg
236 8,9 6% 1 (600 mg) 15-30 60-90
(Novocaïne®) (500 mg)
Chloroprocaïne
12 mg/kg
(Nesacaïne®) (non 271 8,7 - 1 (650 mg) 10-20 30-60
(600 mg)
disponible en France)
Tétracaïne
264 8,5 77 % 8 (100 mg) (150 mg) 25-35 180
(Améthocaïne®)
Amides
Prilocaïne 8 mg/kg
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Nom DCI 11
(nom commercial) Anneau benzène Liaison Amine ternaire
Amides CH3
Bupivacaïne
C4H9
(Marcaïne®)
(Chirocaïne®) NHCO N
CH3
Lidocaïne CH3
(Xylocaïne®)
C2H5
NHCOCH2 N
C2H5
CH3
Mépivacaïne CH3
(Carbocaïne®) CH3
NHCO N
CH3
Prilocaïne CH3
(Citanest®)
Anesthésiques locaux
H
NHCOCH N
C3H7
CH3
Ropivacaïne CH3
(Naropéine®, C3H7
Naropin®)
NHCO N
CH3
Esters Cl
Choroprocaïne
(Nesacaïne®) C2H5
H2N COOCH2CH2 N
C2H5
Procaïne
(Novocaïne®)
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
C2H5
H2N COOCH2CH2 N
C2H5
Tetracaïne
(Améthocaïne®) H9C4
CH3
N COOCH2 N
H CH3
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11 ■ Lectures conseillées
Casati A, Putzu M. Bupivacaine, levobupivacaine and ropivacaine: are
they clinically different? Best Pract Res Clin Anaesthesiol 2005 ; 19 : 247-
68.
Weinberg GL. Lipid infusion therapy: translation to clinical practice.
Anesth Analg 2008 ; 106 : 1340-2.
Anesthésiques locaux
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