Vous êtes sur la page 1sur 3

• « La critique biographique veut expliquer l’œuvre par la vie de l’écrivain.

Fondée au
XIXe siècle par Sainte-Beuve, elle est la mieux connue des formes de l’histoire
littéraire. […] La littérature est, pour Sainte-Beuve, l’expression de l’homme tout
entier. » Annie Maurel, La critique, Paris, éd. Hachette, 1998, p. 28.
La psychocritique
La psychocritique utilise les complexes pour interpréter les œuvres.
Complexe d’Œdipe (père tyran, etc.) de Narcisse (projection de soi, dédoublement, miroir qui
montre et cache en même temps.
(On a aussi la sociocritique qui porte sur l’individu en tant que porte-parole de la société :
l’auteur finit par devenir le porte-parole de la société. Dans Germinal de Zola, à titre
d’exemple, Etienne parle au nom des ouvriers. Ce texte pose la question des mineurs.)
C’est Charles Mauron à qui revient l’appellation de la psychocritique. Laquelle insiste sur le
fait que le texte littéraire est le produit de l’inconscient de l’auteur. La production littéraire
d’un auteur n’est qu’une expression de son inconscient. Pour comprendre l’œuvre littéraire, il
faut faire attention aux traumatismes psychiques. Jacques Lacan écrit : « Ce qui parle ce n’est
pas moi : ça parle en moi. » C’est ce que Freud avant lui appelle les actes manqués.
Avec la psychanalyse le cogito cartésien n’est pas de mise. C’est l’inconscient qui est le
maître de nos actes. Chez Baudelaire, la poésie répond à un traumatisme qu'il a vécu dans le
passé (le remariage de sa mère, etc.) Nous pouvons dire que l’art d’écrire dans ce cas est une
forme de ce que les psychanalystes nomment « la sublimation. »
Qu’est- ce que la sublimation ?
Le Grand Meaulnes de Alain-Fournier montre bien cette sublimation du fait que le
personnage principal va sublimer son traumatisme par l’écriture d’un roman. D’ailleurs Freud
– a construit sa théorie psychanalytique sur la sexualité - considère le roman comme une
forme du rêve. Il définit le rêve comme « la voie royale qui nous permet de réaliser ce qu’on
n’a pas pu réaliser dans le réel. » Le rêve permet alors de colmater une brèche.
La psychocritique considère le texte comme un produit pur de l’inconscient. Ainsi, le critique,
adepte de cette école, va vérifier dans le texte la motivation érotique de l’écrivain pour
interpréter le texte. Il va chercher dans les souvenirs d’enfance. Jacques Lacan a développé ce
qu’il appelle « l’inconscient du texte. »
Éclairage 3
• « Mauron invente en 1948 le terme nouveau de « psychocritique » pour rappeler la
priorité à accorder au point de vue critique sur le point de vue clinique dès qu’il s’agit
d’appliquer la psychanalyse à la lecture des œuvres littéraires. » Annie Maurel, La
critique, Paris, éd. Hachette, 1998 p. 46
• « Structurale, la méthode de Mauron est aussi génétique. Après avoir suivi l’aventure
du désir dans le texte des tragédies (de Racine), il s’agit de trouver quels événements
de la vie de l’écrivain ont alimenté ce conflit de forces opposées qui « anime l’œuvre
du dedans », lui donnant cohérence et continuité. Se tournant alors, dans la seconde
partie de son ouvrage, vers la vie de Racine, Mauron découvre que le goût de celui-ci

Page 1 sur 3
pour le théâtre s’est heurté à sa condamnation par Port-Royal, qui a élevé le poète,
orphelin de mère. » Ibid., p. 48.
Les étapes de la psychocritique
1) « Isoler un type du texte. » Notons qu’il y a des textes dont on ne peut pas appliquer
cette théorie. Dans des récits, il y a des contenus latents qui demandent une analyse.
Lacan parle « de la motérialité » : mot devient une matière.
2) « Étudier les rêves dans le texte ou les textes. » Cette étude permettra de créer de
réseaux de signification : essayer de trouver de connexions. « On ne peut pas
comprendre le détail que par l’ensemble. »
*Chaque méthode critique est applicable à un type de texte. L’œuvre de Zola demande,
par exemple, une approche marxiste.
3) Freud à travers les fantasmes et les délires des personnages retrouve/ repère la
motivation érotique qui a favorisé l’écriture. Les fantasmes sont les désirs manqués et qui
se réalisent dans le rêve. La psychanalyse joue sur les connotations.
4) « Freud place dans l’ensemble du récit les rêves du héros et applique la séance de
l’interprétation des rêves. »
5) La cinquième étape concerne l’étude de la biographie de l’auteur pour vérifier cette
motivation érotique qui a favorisé l’écriture.
6) Le manque des détails concernant la biographie de l’auteur vouera l’interprétation à
l’échec.
7) « Chaque unité onirique dérive d’impression de souvenirs et d’associations libres du
rêveur. »
À retenir !
Charles Mauron - qui a développé la psychocritique - s’est inspiré de Freud. Il a instauré entre
la vie et l’œuvre un type de causalité tout autre que celui qu’avait établi la critique
biographique. Elles communiquent l’une avec l’autre par des voies « largement inconscientes
», à travers des fantasmes. Les petits détails apparemment insignifiants pourront expliquer
l’œuvre d’art.
L’œuvre d’art, selon Mauron, manifeste la continuité d’un drame inconscient que la vie
masque.
La critique sociologique
Inspirée des travaux de Marx en tant que sociologue, la critique sociologique ne sépare pas la
littérature de son contexte social, car la première est un produit du deuxième. Marx appelle la
littérature « superstructure » et la société « infrastructure ». Pour lui, la littérature ne peut pas
survivre et subsister sans contexte social, car elle est le miroir qui reflète la société. Et puisque
l’auteur est un produit de la société, il en est le seul responsable. Pour comprendre et
expliquer l’œuvre, il faut se référer à son auteur et au contexte qu’il l’a produite. L’auteur
exprime dans son œuvre une « vision du monde. » Notons que le principal représentant de la
sociologie de la littérature en France est Lucien Goldmann. Celui-ci définit cette vision

Page 2 sur 3
comme « l’ensemble des aspirations, des sentiments et des idées qui réunit les membres d’un
groupe (le plus souvent,

Page 3 sur 3

Vous aimerez peut-être aussi