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c h a p i t r e Le livre du professeur • Français • 4e

THÈME II : Vivre en société, participer à la société

Le Cid entre amour,


4 honneur et devoir

Textes et images histoire des arts


1. La confrontation initiale p. 100 Baroque et classicisme p. 112
Pierre Corneille, Le Cid, acte I, scène 3 ✔ Je comprends l’opposition entre baroque et classicisme dans
✔ Je découvre comment se noue l’action théâtrale. l’art.
■ J’écoute et je comprends un discours oral ■ J’établis des liens entre des productions littéraires et
en distinguant les sous-entendus artistiques issues de cultures et d’époques diverses

2. Le dilemme cornélien p. 102


Acte I, scènes 5 et 6
Lexique et langue  p. 114
✔ J’aborde les enjeux du dilemme cornélien. ✔ J’étudie l’étymologie et les différents sens des mots passion et
■ Je lis des textes variés, je comprends les implicites du texte cœur, j’emploie la litote.
et fais des hypothèses de lecture ✔ Je travaille l’impératif et le subjonctif.
3. Des mots, un mort p. 104
Acte II, scène 2 Expression écrite et orale  p. 116
✔ J’étudie l’expression des valeurs.
✔ J’écris un dialogue, je raconte un duel, je transpose le texte du
■ Je comprends un texte en m’appuyant Cid en langage courant.
sur mes connaissances lexicales et grammaticales
✔ J’argumente, j’analyse une affiche, je lis de manière expressive,
4. De la joute verbale à l’aveu de l’amour p. 106 je présente une recherche.
Acte III, scène 4 ■ je participe de façon constructive à des échanges oraux
✔ Je m’interroge sur la force des sentiments.
■ Je lis des images et des documents composites projet – parcours citoyen p. 118
et je les mets en relation avec des textes
Écrire et jouer Le Cid au XXIe siècle
5. Le passé au service du présent p. 109 ✔ J’écris et je joue une version moderne de quelques scènes du
Acte V, scène 7 Cid.
✔ J’analyse un dénouement tragi-comique. ■ je m’exprime de façon expressive en maitrisant voix,
■ Je mobilise des références culturelles respiration, regard et gestuelle
pour interpréter des productions littéraires ou artistiques ■ J’adopte des stratégies d’écriture efficaces
et adaptées à la production demandée

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Le livre du professeur • Français • 4e

THÈME II : Vivre en société, participer à la société


c h a p i t r e

4 Le Cid entre amour,


honneur et devoir

Présentation du chapitre
Place dans le cycle et dans les programmes
❱ Ce chapitre correspond, tout comme le précédent, au thème « Vivre en société, partici- › Pierre Corneille, Le Cid
per à la société », qui s’inscrit au cœur du cycle 4 ; il permet l’étude d’une œuvre théâtrale (1637-1660) - L’Illusion

Bibliographie
majeure : Le Cid de Corneille. comique, Édition G. Forestier
- R. Garapon, 1 volume,
❱ Le questionnement traité au travers de la lecture de cette pièce est « Individu et
292-282 p.
société : confrontations des valeurs ». En effet, les dialogues théâtraux apparaissent
comme le lieu privilégié de ces confrontations. › Serge Doubrovsky, Corneille
et la dialectique du héros,
❱ On pourra ainsi faire des liens avec la classe de 5e qui abordait déjà la complexité
première parution en 1963,
des relations entre les individus dans le questionnement « Avec autrui : famille, amis,
Gallimard.
réseaux ».
› Jean-Marc Civardi,
« Quelques critiques adres-
Présentation générale
sées au Cid de Corneille en
❱ L’argument de la pièce est construit sur des confrontations de valeurs qui viennent 1637-1638 et les réponses
animer les dialogues entre les différents protagonistes. Chaque dialogue est aussi un duel apportées » L’Information
où les valeurs s’opposent : amour contre honneur, courage contre expérience, jeunesse littéraire, 2002.
contre vieillesse, etc.
❱ Les thèmes abordés dans ce chef-d’œuvre apparaissent atemporels et universels, ainsi ils
permettent à un adolescent de réfléchir sur ses propres choix. L’étude du Cid propose un
éclairage pertinent sur les valeurs qui sous-tendent notre propre société.

Progression du chapitre › Texte intégral du Cid en


ligne.
Sitographie

❱ Étudier un texte dans son intégralité apporte à l’élève une connaissance structurée › Dictionnaires latin-français
des contraintes littéraires d’une pièce de théâtre. L’analyse d’ensemble permet aussi de en ligne : ici et ici.
montrer à quel point chaque confrontation verbale fait cheminer l’action de la pièce,
mais aussi comment s’articulent joutes verbales, affrontements physiques et sentiments › Dictionnaire étymolo-
amoureux. gique (Centre National des
› Texte 1 : La confrontation initiale entre les pères. Ressources Textuelles et
› Texte 2 : Le dilemme cornélien et la lutte intime des valeurs. Lexicales).
› Texte 3 : L’échec du dialogue qui se résout dans la mort. › Dossier pédagogique d’une
› T exte 4 : Le glissement du conflit verbal vers l’aveu du sentiment amoureux. mise en scène du Cid.
› T exte 5 : Le dénouement tragi-comique, la conciliation pour résoudre les conflits.
❱ Cette progression permet de structurer une lecture intégrale de la pièce en s’arrêtant sur
les confrontations fortes, les scènes les plus intenses, mais également les plus célèbres
du répertoire théâtral français.

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TEXTES ET IMAGES
1. Acte I, scène 3 p. 100 - 101
❱ Cette scène a été choisie parce qu’elle permet d’une part de saisir les caractéristiques du dialogue théâtral et d’autre part de comprendre
la gradation dans la violence des échanges : le recours à la force physique apparait comme un échec des mots.
❱ Cet extrait permet d’entrer de plain-pied dans la « confrontation des valeurs » inscrite dans le programme. Les deux pères opposent leurs
qualités, notamment la force physique contre la sagesse de l’expérience.
❱ La photographie saisit l’expression d’humiliation du comédien jouant don Diègue incapable de riposter.

2. Acte I, scènes 5 et 6 p. 102 - 103


❱ Nous avons associé ces deux extraits afin que l’élève puisse d’abord clairement saisir les enjeux de la pièce au terme du premier acte, le
nœud de l’action. Ensuite, les stances de Rodrigue permettent de comprendre que la plus grande « confrontation des valeurs » est celle
de l’individu avec lui-même.
❱ La photographie, par sa symétrie, éclaire la notion de transmission et l’importance de l’honneur familial.

3. Acte II, scène 2 p. 104 - 105


❱ Ce dialogue central fait écho au premier extrait : cette fois, le fils a remplacé le père et les valeurs en opposition se sont inversées, tout
en exacerbant la tension entre la confrontation des mots et l’usage de la violence physique, puisque cette dernière aboutit à la mort.
❱ Cet extrait permet au lecteur de s’arrêter sur certains vers devenus proverbiaux et de s’approprier la notion de maxime.
❱ La photographie invite à une réflexion riche sur le travail de mise en scène : apport des décors, de la musique, etc

4. Acte III, scène 4 p. 106 - 108


❱ Ce choix d’extrait montre que l’amour entre Rodrigue et Chimène est un enjeu essentiel de cette pièce. Cette fois la confrontation verbale
n’aboutit pas à la violence physique, mais à l’aveu amoureux en dépit des oppositions insolubles entre les personnages.
❱ Cette scène permet de travailler sur la force des mots, de comprendre l’implicite.
❱ Les deux photographies, extraites de la même mise en scène, montrent l’évolution des personnages à travers la progression du dialogue.

5. Acte V, scène 7 p. 109 - 111


❱ Il semblait essentiel de clore l’étude de la pièce sur un extrait proposant une lecture du dénouement et de ses enjeux.
❱ Cet extrait amène l’élève à s’interroger sur le genre même de la pièce (comédie ou tragédie ?, définition d’une tragi-comédie) et l’invite
à replacer la pièce dans un contexte littéraire et historique précis, notamment grâce à la figure du monarque.
❱ Cette fin ouverte révèle au jeune lecteur que la résolution des confrontations, des conflits n’est pas forcément manichéenne, la conci-
liation atteint elle-même le rang de valeur.
❱ La première photographie insiste sur le rôle de conciliateur du roi.
❱ La seconde photographie est un extrait d’une adaptation cinématographique très classique, qui montre l’image de Rodrigue en Cid : chef
d’une armée victorieuse, meneur d’hommes.

HISTOIRE DES ARTS p. 112 - 113

Baroque et classicisme
Choix du dossier : Le dossier « Baroque et classicisme » permet d’étudier l’opposition de deux styles artistiques : le baroque en architecture et
peinture (doc. 1, 2 et 3) et le classicisme (doc. 4, 5 et 6).
Liens avec le programme : Les documents étudiés permettent d’aborder le questionnement « « individu et société : confrontation de valeurs ? ».
En Histoire des arts, le dossier traite de la thématique 4 : « État, société et modes de vie ».

LEXIQUE / LANGUE - EXPRESSION ÉCRITE / EXPRESSION ORALE p. 114 - 117

❱ Lexique
Les exercices proposent un travail étymologique précis afin de permettre à l’élève de construire des réseaux lexicaux plus riches et cohérents.

❱ Langue
L’élève pourra s’exercer pour mieux maitriser les modes impératifs et subjonctifs.

❱ Expression écrite
L’élève exploitera la lecture du Cid de Corneille pour écrire un dialogue, un récit, transposer des vers en prose courante, réaliser un travail
collaboratif.

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❱ Expression orale
Cette série d’exercices permettra à l’élève de transposer des dialogues littéraires en débats actuels, d’exprimer son point de vue, de tenir
compte du point de vue de l’autre pour faire valoir des arguments contradictoires.

PARCOURS CITOYEN p. 118 - 119

Écrire et jouer Le Cid au XXIe siècle


❱ Choix du Parcours : Ce parcours est intéressant pour les élèves car c’est en oscillant entre confrontation et conciliation que l’adolescent est
amené à se construire en tant que citoyen.
❱ Objectifs :
› Réécrire des dialogues du Cid et les jouer afin de mettre en lumière la modernité des enjeux présents dans cette pièce.
› Maitriser et s’approprier les thématiques de l’œuvre pour les transposer dans la société contemporaine.
› Travailler en collaboration sur un projet à long terme.
› Découvrir les contraintes du travail de mise en scène.
› Amener un public de pairs à débattre sur les thématiques abordées dans la mise en scène.
❱ Précisions sur la réalisation de l’activité (outils numériques, etc.) : La réalisation de cette activité nécessite du temps pour chaque étape. Les
outils de réalisation sont adaptables. On peut utiliser des outils numériques : traitement de texte pour la réécriture (cela facilite les modifica-
tions), applications graphiques sur tablette pour la mise en scène, travail vidéo pour la captation.

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Propositions de corrigés
OUVERTURE
Pour entrer dans le chapitre Image d’ouverture
1. Il s’agit d’un gentilhomme de Castille, héros de l’Histoire d’Es- 1. Le personnage porte une lourde armure et une cape pourpre, cela
pagne, ayant vécu au XIe siècle et surnommé le Cid Compeador. pourrait nous laisser penser que l’histoire se déroule au Moyen Âge.
2. Cette question est posée afin de comprendre que le personnage 2. L’histoire s’annonce sans doute tragique ; en effet le comédien
de Corneille n’est pas un pur héros de fiction. Le dramaturge s’est arbore, grâce à un maquillage assez réaliste, des blessures au visage
inspiré de faits historiques réels. et adopte une mine grave.
3. Rodrigo Díaz se battra un temps aux côtés des musulmans, ce 3. Le comédien incarne certainement le personnage principal de la
qui lui vaudra le titre de sidi (« seigneur » en arabe) devenu en pièce. La couleur de ses vêtements (pourpres et dorés), ses bles-
espagnol El Cid. sures au visage soulignent son importance. En outre, ce portrait
photographique en tête de chapitre nous invite à le considérer
comme un personnage primordial.
4. Francis Huster est à la fois comédien et metteur en scène.

TEXTES ET IMAGES

TEXTE 1 : La confrontation initiale (Pierre Corneille, Le Cid, Acte I, scène 3)


1. Les deux pères évoquent ici le poste de gouverneur du prince de 4. a) Les deux hommes, mettant fin à leurs tirades, se répondent
Castille. Les deux hommes briguaient ce poste. Don Diègue, le père alors vers pour vers ; ces stichomythies accélèrent le rythme du
de Rodrigue, vient de l’obtenir. dialogue. b) Cette accélération montre la colère qui s’accentue
2. a) Le vers contient un chiasme qui souligne fortement l’opposition chez les deux pères, ils perdent un peu de leur éloquence, en même
entre passé et présent : le verbe « être » apparait d’abord au présent temps que leur calme.
« vous êtes », puis au passé « je fus » encadrant les deux adverbes de 5. Le vers 225 se partage en trois répliques, le rythme s’accélère
temps « aujourd’hui » et « autrefois ». Don Diègue représente ainsi encore, la colère atteint son apogée.
l’expérience passée, tandis que le Comte incarne une action présente. 6. a) La violence physique apparait au milieu du v. 226, comme
b) Cette réponse peut être libre, dans la mesure où elle est argu- la didascalie nous l’indique : « (Il lui donne un soufflet) ». b)
mentée. Don Diègue par ce vers souhaite d’abord souligner l’égalité Juste avant de donner le soufflet à don Diègue, le Comte se met
des deux hommes, afin sans doute d’apaiser le courroux du Comte. à le tutoyer « Ton impudence » (v. 225). Ce changement montre
Néanmoins, il nous semble que cet argument s’inscrit plutôt en que le dernier rempart du respect vient de céder sous le coup de
faveur de don Diègue ; certes, il fut l’égal du Comte, mais il possède la colère ; la deuxième personne du singulier traduit à la fois la
en plus l’expérience, raison pour laquelle le roi semble l’avoir choisi. colère et le mépris à l’égard du vieux don Diègue.
3. Arguments en faveur du Arguments en faveur de 7. Après avoir reçu le soufflet, don Diègue dégaine immédiatement
Comte : don Diègue : son épée afin de provoquer le Comte en duel. Il considère ce souf-
› L e Prince pourra avec ›«
 L’éclat de (ses) hauts
flet comme une humiliation qui bafoue son honneur, la vengeance
le Comte s’instruire faits » (v. 220), son par le combat singulier semble être la seule réponse possible pour
d’« exemples vivants » « courage » (v. 222) doit un homme de son rang.
(v. 191) convaincre de le choisir. 8. Le vieux don Diègue prend conscience de sa faiblesse, il doit
› I l pourra également faire ›D
 on Diègue a beaucoup donc renoncer à se battre.
l’expérience du combat sous plus d’expérience, il 9. Les élèves pourront émettre ici leurs propres hypothèses de
la protection du Comte : a combattu « tout ce lecture.
• « Le prince à mes côtés grand nombre d’années »
ferait dans les combats (v. 193).
• L’essai de son courage à
l’ombre de mon bras; »
(v. 203-204)
› L e Comte est aujourd’hui
le grand défenseur de la
Castille (v. 198).

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TEXTE 2 : Le dilemne cornélien (Pierre Corneille, Le Cid, Acte I, scènes 5 et 6)


1. a) Don Diègue demande à son fils d’aller le « venger » (v. 272). pas, c’est qu’à ce moment-là il n’a absolument aucune raison de se
Or l’affront est tellement grave qu’il ne peut être lavé que par le battre contre son futur beau-père. Rodrigue est donc pris au piège,
sang : don Diègue demande à Rodrigue de provoquer l’offenseur en puisque s’il refuse de se battre contre le père de Chimène le moment
duel et de le tuer (« ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel venu, il n’aura pas tenu sa parole.
outrage ; / Meurs, ou tue. » (v. 274-275) 4. Don Diègue retarde le moment de révéler à Rodrigue l’identité
b) Don Diègue demande à son fils de le venger parce qu’il n’a pas de la personne dont il devra se venger car le Comte est le futur
pu le faire lui-même. Rodrigue faillirait à son devoir et ne serait pas beau-père de Rodrigue et par conséquent l’une des personnes au
un homme d’honneur s’il ne lavait pas l’affront subi par son père. monde contre lesquelles Rodrigue a le moins envie de se battre.
Mais ce qu’il est important (et difficile) de comprendre, c’est qu’en En effet, s’il remporte le duel et tue le Comte, son mariage avec
recevant un soufflet, ce n’est pas seulement son propre honneur qui Chimène sera fortement compromis. Comment Chimène pourrait-elle
a été bafoué, mais l’honneur de toute la famille, de toute la lignée. se marier avec l’assassin de son père ?
La honte du père sera aussi la honte du fils si Rodrigue décide de ne
5. a) Quand don Diègue révèle enfin l’identité de la personne que
rien faire. Dans la société féodale, les nobles existent moins comme
Rodrigue devra combattre, il ne l’appelle pas « le Comte », mais le
individus que comme membres d’une famille. « montre-toi digne fils
« père de Chimène ». b) En le nommant ainsi, il devance ce que son
d’un père tel que moi », demande don Diègue à Rodrigue (v. 288).
fils aurait pu lui répondre. Il lui enlève son argument et lui montre
Cette logique de « clan » est un peu compliquée à appréhender car
qu’il est parfaitement conscient des implications de sa demande :
elle n’existe plus vraiment dans les sociétés occidentales actuelles,
renoncer à son amour pour défendre son honneur.
sauf dans certains milieux très précis, comme celui de la mafia.
Ainsi, pour Rodrigue, il ne s’agit pas seulement de venger son père, 6. a) Les pronoms complétant le verbe « venger » sont :
mais avant tout de venger sa famille, son nom, et donc aussi de se › v ers 267 : « viens me venger » ;
venger lui-même (« venge-moi, venge-toi », v. 287). Don Diègue › v ers 287 : « Je ne te dis plus rien. Venge-moi, venge-toi » ;
fait appel à l’honneur, au devoir, et au « cœur » (c’est-à-dire au › v ers 290 : « va, cours, vole et nous venge »
courage), trois valeurs essentielles dans l’aristocratie féodale. b) Entre le début et la fin de la scène, on est passé d’un « me »,
« moi » à un « toi » pour finalement aboutir à un « nous ». Ce
2. a) Don Diègue donne son épée à Rodrigue pour qu’il aille le
changement résume le discours que don Diègue a tenu à son fils :
venger. b) Trop vieux, trop faible, il se retire donc du devant de
l’affront subi par le père rejaillit sur le fils. Il ne s’agit plus d’une
la scène et laisse sa place à son fils (ou plutôt il le pousse sur le
histoire de vengeance personnelle, mais d’une vengeance familiale
devant de la scène et l’incite à prendre sa place). L’épée de don
dont dépendra l’honneur de tout un clan.
Diègue symbolise pour Rodrigue le prestige du passé familial, mais
cet héritage lui impose aussi des devoirs, notamment celui de se 7. › Don Diègue fait avant tout appel au courage de Rodrigue. En
montrer à la hauteur de son nom. On pourrait presque voir ici une effet la célèbre question : « Rodrigue, as-tu du cœur ? » (v. 261)
scène d’adoubement : Rodrigue reçoit son épée de chevalier et inaugure cette scène, il utilise le mot même de courage au v. 273.
doit affronter un adversaire redoutable pour prouver sa valeur et › Il sollicite également « l’honneur de tous deux » (v. 268) que
devenir un homme. Rodrigue doit laver. L’honneur dont il est question est celui de la
famille, de la lignée. Enfin cet honneur va de pair avec la justice
3. a) Don Diègue commence par tester le courage de Rodrigue et
du sang qui nécessite de « venger et punir » (v. 272).
réveiller son ardeur : « Rodrigue, as-tu du cœur ? » (v. 261) On
peut considérer cette question comme une sorte de « pièges », 8. Soit Rodrigue vit son histoire d’amour avec Chimène mais refuse
puisqu’une fois que Rodrigue aura affirmé que son courage est sans de laver l’honneur bafoué de son père, et voue ainsi sa famille
limites, il lui sera beaucoup plus difficile de refuser ce que va lui au déshonneur ; soit Rodrigue venge son père, en tuant celui de
demander son père. Chimène, et il sait qu’il devra renoncer à l’amour de celle qui ne
b) Oui, sa stratégie fonctionne parfaitement, puisque Rodrigue pourra aimer l’assassin de son père : « Je dois à ma maîtresse aussi
répond : « tout autre que mon père / L’éprouverait sur l’heure », bien qu’à mon père » (v. 322).
v. 261 - 262), ce qu’il faut comprendre comme « celui qui oserait 9. « Allons mon âme ; et puisqu’il faut mourir, / Mourons au moins
prétendre que je n’ai pas de courage, je lui prouverais immédiate- sans offenser Chimène » (v. 329-330), la troisième voie qu’envisage
ment le contraire en me mesurant à lui (mon père mis à part, puisque ici Rodrigue semble être le suicide, il disparaitrait avant d’avoir à
je ne vais pas me battre contre mon propre père) ». Rodrigue, qui ne affronter le Comte. Cette dernière hypothèse permet de laisser le
sait pas encore pourquoi son père lui pose cette question, répond spectateur dans l’expectative jusqu’au deuxième acte, néanmoins il
avec fougue, sans réfléchir : or en affirmant qu’il est prêt à prouver est bien évident que cette fuite ultime sied mal au héros cornélien.
son courage en se mesurant à qui que ce soit (son père mis à part),
il inclut sans s’en rendre compte le père de Chimène. S’il n’y pense

IMAGE 2 : Le Cid, mise en scène de William Arbache, 2007.


1. Cette image correspond au moment où don Diègue transmet choix de mise en scène est intéressant, car il montre bien la
à son fils son épée : « et ce fer que mon bras ne peut plus sou- transmission qui s’opère entre le père et le fils. Le jeune bras de
tenir, / Je le remets au tien pour venger et punir »(v. 271-272). Rodrigue aide le bras fatigué de son père à tenir l’épée, symbole
On peut tout à fait imaginer que les personnages restent dans de vengeance. Les comédiens vus de profil se font face, l’épée
cette position jusqu’à la fin de la tirade de don Diègue. apparait comme un double symbole étant à la fois ce qui les
2. a) On ne peut distinguer quel personnage tient l’épée. b) Ce sépare et ce qui les réunit.

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TEXTE 3 : Des mots, un mort (Pierre Corneille, Le Cid, Acte II, scène 2)
1. Rodrigue vient provoquer le Comte en duel pour venger son père. La maxime peut donc être rapprochée du proverbe, du dicton, de
Il a donc choisi de suivre son devoir et de défendre son honneur. la sentence.
2. Le Comte justifie ce refus de deux manières différentes. b) Dans cet extrait, plusieurs phrases ou propositions peuvent
›N  e doutant pas un seul instant qu’il remporterait le duel, il ne faire penser à des maximes :
veut pas tuer Rodrigue car il a pitié de lui : « je sens que pour toi ›«  aux âmes bien nées / La valeur n’attend point le nombre des
ma pitié s’intéresse » (v. 429), « je plains ta jeunesse » (v. 430). années » (v. 405-406) ;
› I l estime que le combat serait tellement inégal que tuer Rodrigue ›«  À qui venge son père il n’est rien impossible » (v. 417) ;
ne serait pas à son honneur : « dispense ma valeur d’un combat ›«  À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » (v. 434) ;
inégal ; / Trop peu d’honneur pour moi suivrait cette victoire ; / À ›«  et le fils dégénère, / Qui survit un moment à l’honneur de son
vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », etc. (v. 432 à 436). père » (v. 442-443).
Toutes ces phrases ou propositions utilisent le présent de vérité
3. › Si l’on considère l’époque, le rang social des deux person-
générale, et si elles s’inscrivent dans un contexte précis (l’affron-
nages, la différence d’âge mais aussi le fait que le Comte est sus-
tement entre Rodrigue et le Comte), leur sens ne se limite pas à ce
ceptible d’être le futur beau-père de Rodrigue, celui-ci aurait dû
contexte ; elles ont une portée universelle, elles peuvent exister
le vouvoyer.
de manière autonome, faire sens en dehors de tout contexte, et
› En le tutoyant, il lui montre qu’il ne se considère pas comme infé-
s’appliquer à n’importe quel individu.
rieur à lui, il cherche à légitimer sa position de rival. Même s’il est
c) Ces sentences renvoient toutes aux valeurs aristocratiques : la
jeune et inexpérimenté, il a autant de valeur que lui. Ce tutoiement
valeur, l’honneur, le courage, l’appartenance à une lignée.
peut être perçu comme une forme de provocation.
6. a) Le Comte accepte le combat à la toute dernière réplique de
4. › On peut dire que le Comte éprouve envers Rodrigue de la pitié
la scène. Alors qu’au vers 439, il demandait encore à Rodrigue de
(cf. réponse 2), et sans doute même un peu de mépris : il lui répond
partir (« Retire-toi d’ici »), au vers 442 il l’invite à le suivre pour
de manière laconique (comme si la colère de Rodrigue ne méritait
se battre (« Viens »).
pas que l’on y prête beaucoup d’attention), le traite de « jeune pré-
b) S’il finit par accepter le duel, c’est parce qu’il a de l’estime pour
somptueux » (v. 404), se moque de son ardeur et lui parle comme
Rodrigue, qui agit avec courage, comme un homme de son rang doit
à un jeune enfant colérique : « Te mesurer à moi ! qui t’a rendu si
le faire. En voulant à tout prix se battre contre l’un des chevaliers
vain, / Toi qu’on n’a jamais vu les armes à la main ? » (v. 408).
les plus redoutables du royaume (le Comte lui-même), il prouve
› Mais à ces sentiments se mêlent aussi beaucoup de respect, voire
sa valeur, son sens de l’honneur et du devoir. Or c’est parce qu’il
de l’admiration, pour l’ardeur avec laquelle Rodrigue cherche à ven-
pressentait en Rodrigue un homme de cette trempe que le Comte
ger son père (cf. question 3). Ce respect est d’ailleurs longuement
avait accepté de lui donner la main de sa fille. Refuser le combat
exprimé dans la tirade du Comte (par exemple : je « suis ravi de voir
serait le déshonorer à jamais ; or pour un jeune chevalier, il vaut
[...] / Que ta haute vertu répond à mon estime ; / Et que, voulant
mieux être mort que de vivre déshonoré (voir la réplique de Don
pour gendre un cavalier parfait, / Je ne me trompais point au choix
Diègue, v. 284 : « Qui peut vivre en infâme est indigne du joug »).
que j’avais fait ; [...] / J’admire ton courage », v. 423 à 430).
Le Comte accepte donc de tuer Rodrigue (il est sûr de sa victoire)
5. a) › « Formule énonçant une règle de conduite, une règle par respect pour le jeune homme : « Viens, tu fais ton devoir, et
morale » (Le Petit Robert) ; « Proposition, phrase générale- le fils dégénère / Qui servit un moment à l’honneur de son père. »
ment courte, énonçant une vérité morale, une règle d’action, de (v. 441-442)
conduite » (TLFI - Trésor de la Langue Française).

IMAGE 3 : Le Cid, mise en scène de Thomas le Douarec, 1999.


1. a) Le metteur en scène n’a pas respecté la règle de bienséance. 2. Les personnages au-dessus de la scène sont des musiciens.
En effet, il a choisi de représenter un duel alors que dans le Certains frappent dans leurs mains, un homme fait de la per-
théâtre classique, toute violence doit être bannie de la scène. cussion sur une caisse en bois, un autre joue de la guitare, le
b) Depuis le XVIIe siècle, les mœurs ont évolué, et aujourd’hui il dernier chante (il a un micro). Les musiciens sont en train de
n’est plus choquant de montrer une scène de duel. Au contraire, jouer du flamenco. Ce style de musique typique de l’Andalousie
elle permet de rendre l’action plus dynamique, plus spectaculaire. est en rapport avec la pièce de Corneille, puisque l’histoire est
censée se dérouler à Séville.

TEXTE 4 : De la joute verbale à l’aveu de l’amour (Pierre Corneille, Le Cid, Acte III, scène 4)
1. a) Rodrigue vient voir Chimène pour que celle-ci puisse se ven- l’arme du crime, encore teintée du sang de son père : « Ôte moi
ger du meurtre de son père. Il demande à Chimène de le tuer : cet objet odieux / Qui reproche ton crime et ta vie à mes yeux.
« N’épargnez point mon sang ; goûtez, sans résistance, / La dou- [...] / Ôte-moi cet objet, je ne le puis souffrir » (v. 859 - 860 et
ceur de ma perte et de votre vengeance. » (v. 853-854) v. 867). c) Cette question appelle une réponse libre, des sugges-
b) En agissant ainsi, il se montre courageux : il ne cherche pas tions de mise en scène traduisant le dégout de Chimène : le regard
à fuir, ni à gagner du temps, mais veut payer immédiatement se détourne, les mains cachent son visage, etc.
les conséquences de son acte. Il va au-devant de sa mort. Pour 3. La colère de Chimène se traduit d’abord par l’usage de l’impératif
Rodrigue, il n’y a pas de demi-mesure, pas de pardon possible, pas « Ôte-moi » et de l’adjectif « odieux » (qui suscite la haine) v. 859.
d’allégement de peine envisageable, pas de circonstances atté- Pour qualifier la mort de son père, elle utilise le nom « crime »
nuantes. Après ce qu’il a fait, il n’est plus l’amant de Chimène, mais (v. 860) et répond à Rodrigue par cette exclamation « Ah ! Quelle
le meurtrier de son père. Lui qui s’est vengé en tuant, il attend de cruauté » (v. 865).
Chimène qu’elle fasse de même avec lui. 4. a) La colère de Chimène s’apaise à partir du vers 905, « quoique
2. a) L’objet qui lui fait tout particulièrement horreur est l’épée ton ennemie » exprime en effet la concession qui mènera vers
de Rodrigue. b) Elle est outrée que Rodrigue ose porter à sa vue l’aveu amoureux.

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Le livre du professeur • Français • 4e

b) › Chimène n’accuse pas Rodrigue et comprend son geste. En même manière. Comme nous l’avons dit, en vengeant son propre
vengeant son père, Rodrigue a agi selon son devoir, en homme père, Rodrigue a agi selon son devoir et Chimène respecte cela.
d’honneur ; refuser de défendre l’honneur familial aurait fait de lui Elle n’aurait pas voulu qu’il agisse autrement, car alors il n’aurait
un lâche : « Je ne puis te blâmer d’avoir fui l’infamie » (v. 906), pas été à la hauteur de l’homme qu’elle aime : « Tu t’es, en m’of-
« Je ne t’accuse point, je pleure mes malheurs. / Je sais ce que fensant [= en tuant mon père], montré digne de moi » (v. 931).
l’honneur, après un tel outrage [l’humiliation qu’a subie don › Elle doit maintenant, à son tour, agir en femme d’honneur, même
Diègue], / Demandait à l’ardeur d’un généreux courage : / Tu n’as si pour cela il faut qu’elle tue l’homme qu’elle aime. En refusant
fait le devoir que d’un homme de biens » (v. 908 - 911). de tuer Rodrigue, elle ne serait pas à la hauteur de la femme que
› Ainsi, Chimène est accablée d’avoir perdu son père et elle ne Rodrigue aime : « Je me dois, par ta mort, montrer digne de toi. »
peut être que l’ennemie du meurtrier du Comte. (v. 932). Refuser de tuer Rodrigue, chercher un compromis, revien-
› Mais cet ennemi n’a fait qu’agir selon les codes de l’honneur ; drait à dégrader leur amour, à le salir : ils ne seraient plus dignes
par conséquent elle comprend, voire respecte son acte. Ce qu’elle l’un de l’autre. La mort et l’amour sont donc intimement liés :
explique à Rodrigue, c’est qu’elle ne le tient pas pour responsable Chimène doit tuer Rodrigue pour lui prouver la force de son amour.
de ce qui est arrivé, et qu’elle n’éprouve pas de haine envers lui, 6. Par cette litote, Chimène dévoile son amour pour Rodrigue, son
contrairement à ce qu’il croit (« Regarde-le plutôt [l’objet du crime] devoir lui impose d’être l’ennemie de Rodrigue et de venger l’hon-
pour exciter ta haine, / Pour croître ta colère et pour hâter ma neur de sa famille. Tout au contraire, guidée par les sentiments
peine. », disait Rodrigue à Chimène aux vers 861-862). Il n’y a en amoureux, elle s’oppose à la haine attendue et laisse partir libre le
elle qu’une immense douleur, celle d’avoir perdu son père et son meurtrier de son père : « va » (v. 991)
amant en même temps.
7. a) Le sentiment de Chimène pour Rodrigue est également dési-
5. a) et b) › Comme nous l’avons montré dans la réponse à la gné par le groupe nominal « feux si beaux » (v. 982) qui fait écho au
question 4, Chimène n’en veut pas à Rodrigue. Elle comprend et nom « flamme » utilisé au vers 924. b) La figure de style à laquelle
respecte la décision qu’il a prise de venger son propre père. le dramaturge a recours est la métaphore : l’amour (comparé non
› Or Chimène se retrouve désormais dans une situation similaire exprimé) est associé à un feu qui brûle et consume la jeune fille.
à celle dans laquelle était Rodrigue : l’honneur et le devoir lui Cette métaphore est extrêmement répandue au XVIIe siècle (et ce
imposent de surmonter son amour pour venger dignement le jusqu’à nos jours) pour exprimer la passion amoureuse.
meurtre de son père. Il s’agit de se montrer à la hauteur de son
8. › Malgré tout ce que Chimène a pu dire à Rodrigue, on remarque
rang et des valeurs de l’aristocratie, comme a su le faire Rodrigue.
qu’à la fin de l’extrait, elle repousse le moment d’accomplir son
› Elle va donc prendre exemple sur la conduite de Rodrigue : il a
devoir. Incapable de saisir l’épée que lui tend Rodrigue et de le tuer
été jusqu’à tuer et renoncer à son amour pour sauver son honneur,
sur le champ, elle lui demande de s’en aller (« Va-t-en », (v. 980).
elle doit être capable de faire pareil, et donc de tuer Rodrigue :
› Dans le dernier vers de l’extrait, elle avoue même à Rodrigue
« Tu n’as fait le devoir que d’un homme de bien ; / Mais aussi,
combien il lui sera difficile d’accomplir son devoir : « Je ferai mon
le faisant, tu m’as appris le mien. » (v. 911-912), « Même soin
possible à bien venger mon père ; / Mais [...] / Mon unique souhait
me regarde, et j’ai, pour m’affliger, / Ma gloire à soutenir, et mon
est de rien pouvoir » (v. 982 à 984).
père à venger. » (v. 916), « Ma générosité [= mon courage] doit
› Or si son désir, son « unique souhait » est de ne pas pouvoir tuer
répondre à la tiennz » (v. 930).
Rodrigue, c’est bien parce qu’elle l’aime encore.
› Les vers 931 et 932 résument tout le sens de sa tirade : Chimène
› On peut donc voir dans ce vers, de manière implicite, un aveu
aime Rodrigue avant tout parce qu’il est un homme d’honneur et
d’amour. Même si Rodrigue est le meurtrier de son père, Chimène
de valeurs. S’il devenait lâche, elle ne pourrait plus l’aimer de la
ne parvient pas à cesser de l’aimer.

IMAGE 4 : Le Cid, mise en scène de Wissam Arbache, 2007 / mise en scène de Brigitte Jaques-Wajeman, 2005.
1. D’une part, la faible lumière correspond au crépuscule, moment 3. La première image correspond au début de la scène, où
où Rodrigue s’introduit dans la demeure de Chimène ; d’autre part, Rodrigue tend son épée ensanglantée afin que Chimène puisse
elle souligne l’intimité de la scène qui se joue. Les deux personnages se venger du meurtre de son père : « Après, ne me réponds
doivent dévoiler leur amour malgré les circonstances tragiques. qu’avecque cette épée. » (v. 857) La seconde image peut être
2. a) et b) La mise en scène met en valeur l’épée : d’abord grâce à associée au moment où la colère de Chimène est apaisée et
la lumière projetée mais aussi grâce à la position basse de Rodrigue où elle imagine (en vain) trouver le réconfort dans les bras de
qui lui permet d’élever l’objet vers Chimène. Par ailleurs, le regard Rodrigue, contre son devoir : « Et contre ma douleur j’aurais
du spectateur se porte sur la main ensanglantée du comédien et senti des charmes, / Quand une main si chère eût essuyé mes
ce, grâce au contraste produit par son costume entièrement noir. larmes. » (v. 921-922)

TEXTE 5 : Le passé au service du présent (Pierre Corneille, Le Cid, Acte V, scène 7)


1. a) Rodrigue demande à Chimène de cesser de réclamer justice l’honneur de sa famille. Sans honneur, il n’aurait pu être digne
auprès du roi et d’accomplir elle-même la vengeance en le tuant de l’amour de Chimène. De la même manière, en tuant Rodrigue,
de ses propres mains. b) Ce vers associe deux mots : « vaincre » Chimène conserve sa gloire et se rend digne de son amour, à la
et « invincible » (on parle alors d’oxymore) construits sur la même lumière des codes aristocratiques de l’honneur.
racine. L’opposition très forte de ces deux mots souligne l’emprise, 4. a) « Rodrigue a des vertus que je ne puis haïr » (v. 1803) fait
le pouvoir de Chimène sur Rodrigue. écho au « Va, je ne te hais point » III, 4 (texte n°4). b) Chimène
2. L’« honneur » de Chimène s’oppose à la gloire de Rodrigue, en évoque une autre valeur qui s’immisce dans le conflit : l’obéissance
venant réclamer justice, elle réaffirme la culpabilité de ce dernier. que les sujets doivent à la justice royale et au monarque absolu :
De même la « gloire » de Chimène s’oppose à la vie de Rodrigue, « Et quand un roi commande, on lui doit obéir. » (v. 1804)
elle ne pourra s’accomplir que dans son « trépas » (v. 1797). 5. a) v. 1815 : « Rodrigue t’a gagnée, et tu dois être à lui », ce
3. Rodrigue a combattu le Comte et l’a tué afin de préserver vers sonne comme un verdict, une sentence, la formule est lapidaire

C h a p i t r e 4 • c o r r i g é s • Le Cid entre amour, honneur et devoir 8


Le livre du professeur • Français • 4e

et semble irrévocable. b) Chimène semble considérée comme une « vaillance » est bien entendu le fait du Cid. Néanmoins, le destin
récompense ; en effet, Rodrigue est sorti vainqueur du duel avec de Rodrigue et de Chimène n’est pas uniquement entre les mains des
don Sanche dont l’enjeu était la main de Chimène. Le vers est deux jeunes gens. Le dernier mot de la pièce est « Roi » rappelant
construit sous la forme d’un chiasme « Rodrigue » et le pronom son autorité et le pouvoir absolu, bien que bienveillant, exercé sur
« lui » viennent encadrer les pronoms désignant Chimène « t’ », ses sujets.
« tu », ce qui souligne son appartenance à l’homme qu’elle aime. 9. Les termes « trop d’heur » (v. 1836), « promesse » (v. 1837)
6. « Pour lui donner si tôt le prix de sa victoire » (v. 1818) : afin annoncent un dénouement heureux, une conclusion sous le signe
de préserver l’honneur de Chimène, le roi impose un délai, Rodrigue de l’espoir : « espérer », « espère » (v. 1836-1837).
devra attendre un an avant d’épouser sa promise. 10. Une tragédie met en scène des personnages qui ne peuvent
7. Le monarque semble inverser les valeurs : Rodrigue durant échapper à leur destin funeste, leur malheur. Les actions humaines
cette année d’épreuves doit se montrer « encor plus digne d’elle » ne font que précipiter les héros vers la catastrophe finale, sans
(v. 1830). « Qu’il lui soit glorieux alors de t’épouser » (v. 1832) : ça échappatoire possible. À l’inverse, la pièce de Pierre Corneille se ter-
n’est plus la gloire du combat qui lui apporte le mariage, mais au mine sur un horizon ouvert, tous les espoirs sont permis aux héros
contraire l’hymen qui le glorifie. libérés de leurs dilemmes. Les malheurs ne sont pas absents de la
8. La pièce se termine sur un harmonieux rythme ternaire : le pièce, néanmoins Rodrigue et Chimène parviennent à les surmonter
« temps » appartient à Chimène qui doit « sécher (ses) larmes », la jusqu’à accéder à une forme de bonheur promis.

HISTOIRE DES ARTS

Baroque et classicisme
1. Si l’on excepte les deux personnages habillés en bleu, sur le 5. › La façade de cet immeuble, très incurvée, est pour le moins
panneau de gauche, tous les personnages se trouvent dans une surprenante ! L’ensemble peut d’ailleurs faire penser à un décor de
position de déséquilibre. Il suffirait de bien peu de chose, semble- théâtre, avec son mur de scène et ses coulisses.
t-il, pour que tous tombent à la renverse. C’est le cas des hommes › Il n’y a pas de « mauvaise » réponse à cette question. Ce qui
au centre, en train d’ériger la croix. Mais cela est vrai également importe, c’est la justification. Il peut être attrayant d’habiter un
du groupe de pleureuses sur le panneau de gauche, et notamment bâtiment aussi original, singulier, extraordinaire (dans tous les sens
de Madeleine (la femme habillée de rouge, tenant un enfant dans du terme) et célèbre. On peut ajouter que le bâtiment est situé
ses bras), qui semble être en train de perdre l’équilibre (elle a l’air sur une très jolie place, à Rome, ce qui ajoute au charme du lieu.
paniquée à l’idée que la croix puisse tomber sur elle et sur son Néanmoins, on peut se demander si la forme des pièces de cet
nourrisson). Tous les personnages donnent donc l’impression d’être immeuble est très fonctionnelle... Si l’on tient compte de l’épaisseur
en mouvement. Déséquilibre, mouvement, lignes courbes : autant des murs, les ailes doivent être extrêmement étroites ! Mais en fait,
de caractéristiques de l’esthétique baroque. cette impression est due en partie à un effet d’optique, voulue par
2. Les corps des personnages sont comme tordus par l’effort et sous l’architecte ; on peut d’ailleurs noter que la volonté de créer des
la peau nue les muscles apparaissent exagérément noueux. Tout illusions d’optique, des décors en trompe l’œil, est typiquement
cela crée une multitude de lignes courbes, sinueuses, qui s’entre- baroque (il peut être intéressant d’aller voir, sur Google Maps par
mêlent les unes aux autres. Ainsi, la morphologie des personnages exemple, une vue de dessus de ce bâtiment, pour mieux comprendre
elle-même correspond à l’esthétique baroque. comment il est agencé et de quelle manière est créée cette illusion
d’optique). On peut en conclure que ce qui a guidé l’architecte
3. Juste à gauche du soleil (qui se trouve en haut à droite du
lorsqu’il a conçu cet immeuble est moins l’aspect pratique que
tableau), on remarque un disque sombre, qui semble être la lune
l’aspect esthétique. Il s’agit d’étonner, de surprendre, et de plaire.
sur le point de créer une éclipse de soleil. La lumière est donc sur le
point de disparaitre, avant de renaitre (une fois l’éclipse terminée). 6. › Alors que la façade du château de Versailles est constituée de
Le triptyque, intitulé L’érection de la Croix, représente le moment longues lignes droites, ce bâtiment étonne par sa forme incurvée.
où Jésus est sur le point d’être mis à mort, crucifié (tout comme › Contrairement au classicisme qui construit des perspectives rec-
la lumière du soleil est sur le point de disparaitre). Mais dans la tilignes, le baroque privilégie la courbe, la volute.
Bible, Jésus ressuscite, tel le soleil qui va réapparaître une fois 7. Il ressort de ce tableau une impression de calme, d’ordre et
l’éclipse terminée. d’harmonie. Dans le tableau de Claude Gellée dit « Le Lorrain », la
4. › L’intérieur de l’église de Wies montre différentes caractéris- ligne d’horizon est basse, ce qui laisse une grande place au ciel.
tiques du mouvement baroque : le décor est très chargé, il est La mer est calme, le ciel dégagé, les personnages discutent paisi-
constitué d’une profusion de détails, d’ornements. Les formes sont blement : il se dégage de ce tableau un sentiment de sérénité, de
courbes, tortueuses, compliquées. Les matériaux et les couleurs paix, le temps semble presque arrêté. On « respire », contrairement
s’entremêlent, se superposent (les murs blancs, les colonnes de au tableau de Rubens, où la perspective est bouchée, ce qui crée
marbre rose et bleu, les dorures, les couleurs chaudes de la peinture une atmosphère oppressante, étouffante.
au-dessus de l’autel, celles plus froides de la fresque au plafond). 8. › Si l’on regarde la manière dont est composé le tableau de Le
› Tout est fait pour impressionner celui qui entre dans cette église, Lorrain, on remarque que les lignes directrices sont assez nettes,
pour provoquer en lui un choc esthétique, une émotion forte. droites, (horizontales ou verticales). Ainsi, les têtes sont alignées
› Pour aller plus loin : Cette église appartient davantage au style et forment une ligne horizontale. Pour casser la monotonie, un
« rococo » qu’au baroque proprement dit. Le terme « rococo » est arbre placé au centre de la toile a un tronc oblique. Les éléments
un « mot-valise » qui associe les termes « rocaille » (en référence d’architecture sont surtout verticaux, sauf la coupole du second
aux décors qui imitent les rochers et les coquillages) et « baroque » plan.
(« barocco » en italien). Le rococo est en quelque sorte un prolon- 9. › La façade du château de Versailles est constituée de lignes
gement du mouvement baroque, qui en exagère ses caractéristiques droites et symétriques, ce qui donne une impression d’harmonie,
principales. mais aussi de stabilité, de fixité.

C h a p i t r e 4 • c o r r i g é s • Le Cid entre amour, honneur et devoir 9


Le livre du professeur • Français • 4e

› Le document permet aussi de se rendre compte que les gigan- › Il est possible de voir dans ces choix architecturaux une dimen-
tesques jardins entourant le château ont été conçus selon les sion politique : Louis XIV, en faisant construire Versailles, montre
mêmes principes : tout est parfaitement symétrique d’un côté et qu’il n’est pas « de passage », mais que son pouvoir est solide,
de l’autre de la grande allée centrale qui se poursuit derrière le stable, immuable. Il est celui qui fait régner l’ordre et la raison.
château. La nature est domptée, corrigée, maitrisée, ordonnée par Par ses jardins tirés au cordeau, il montre que rien n’échappe à son
la main de l’homme. Rien n’est laissé au hasard. emprise, rien n’est laissé « en liberté », pas même la nature, qui
› Si vous êtes déjà allé(e) à Versailles, vous aurez remarqué que la n’a plus rien de naturel, qui est tout sauf sauvage. Pour approfon-
végétation est taillée avec beaucoup de soin pour former des figures dir cette question, faites quelques recherches sur la « Fronde »,
géométriques parfaites. Versailles est un bel exemple de ce que l’on période de grande instabilité qui a bien failli coûter au jeune Louis
appelle « les jardins à la française » ou « jardins classiques ». XIV son trône.

LEXIQUE

Exercice 1 : 1. L’idée principale exprimée par le verbe patior ren- avant la scène.
voie au fait de subir, supporter voire endurer quelque chose. ›M
 etteur en scène : personne réelle qui propose une adaptation
2. La passion amoureuse ne conserve pas systématiquement un scénique de la pièce : il choisit la distribution, les décors,
aspect positif, heureux et idyllique. Elle peut se révéler proche les costumes, guide les comédiens vers une interprétation du
d’une souffrance endurée à travers des sentiments qui submergent texte.
totalement celui qui les vit. L’idée d’épreuve prend ici tout son › T héâtre : lieu où l’on assiste à des représentations théâtrales.
sens : il faut réussir à surmonter ce qui nous aveugle ou nous › T héâtre : genre littéraire.
égare. b) Pour définir le texte :
3. Le terme « compassion » signifie : « action de souffrir avec › C omposition :
autrui » ; celui qui éprouve de la compassion, de fait, souffre avec • Acte : division de l’œuvre. Autrefois, sa durée correspondait
lui. En outre, c’est un acte animé par la bienveillance qui se maté- au temps qu’il fallait aux chandelles pour se consumer. Il y en
rialise dans des faits, des gestes ou des paroles. avait cinq ou trois par pièce à l’époque classique.
• Coup de théâtre : rebondissement voire inversion totale dans
4. « Passif, passivité, patiemment, patience, patient, patienter,
l’action.
pâtir, compassion, etc » appartiennent tous à la famille des mots
• Dénouement : résolution de l’action et du problème à la fin
construits sur patior.
de la pièce.
Patent est l’intrus ; cet adjectif est issu du latin patens, de patere,
• Exposition : scène initiale qui présente les personnages, les
signifiant être ouvert. Il prend le sens de « manifeste, connu de
lieux, le contexte, l’époque. On parle de scène d’exposition.
tous ».
• Nœud : moment délicat dans l’intrigue où les différents pro-
Exercice 2 : a) Cette minuscule pièce métallique se trouve au
blèmes se mêlent.
centre du système. b) Rodrigue, as-tu du courage ? c) Le chirur-
• Scène : lieu où se déroule la pièce. Division d’un acte.
gien effectue une opération à organe ouvert. d) Mon amour, notre
›O  rganisation :
séparation m’afflige. e) Elle serre tendrement son enfant contre
• Aparté : issue de l’italien, on emploie cette expression lors-
sa poitrine.
qu’un personnage adresse sa réplique à part (sans que les
Exercice 3 : a) Il lui plaisait : il avait l’air tellement sympathique. autres personnages ne l’entendent).
b) L’Homme lutte tous les jours contre son destin ; on ne peut que • Didascalies : indications de mise en scène : le jeu ( ton,
voir le pathétique et douloureux combat qui se livre en lui. c) Sa expression, gestes), le décor et les costumes. Elles appa-
douleur était perceptible. On ne pouvait éprouver que de l’empa- raissent dans le texte en italique.
thie envers lui. d) Cette personne m’est réellement antipathique. • Monologue : longue tirade d’un personnage se parlant bien
Je ne la supporte pas ! e) En tant que médecin, j’ai traité au mieux souvent à lui-même. C’est ainsi qu’au théâtre on expose les
cette pathologie. g) Ces individus appelés « psychopathes », c’est- pensées et sentiments des personnages.
à-dire instables, impulsifs et difficiles, ont été placés dans un • Répliques : propos tenus par les personnages.
asile. h) En prenant tous les jours des doses infimes de poison, le • Stichomythies : échange rapide de brèves répliques.
roi Mithridate s’est immunisé par homéopathie. • Tirade : longue prise de parole d’un personnage, mais qui
Exercice 4 : 1. - CORD - : la discorde, la discordance, la concorde, n’est pas seul en scène.
le concordat, la concordance, la cordialité, accorder, un accord... c) Pour définir le genre :
2. - CŒUR - écœurer, l’écœurement, la rancœur, un accroche-cœur, › C omédie : antonyme de tragédie. La comédie est un genre de
un cache-cœur, un crève-cœur, à contrecœur... pièce dans laquelle le registre comique est prépondérant. Il
3. - COUR - encourager, l’encouragement, le courage, coura- s’agit pour l’auteur de provoquer le rire du spectateur grâce à
geux(se), décourager, le découragement... des procédés diversifiés.
› T ragédie : nom antonyme de comédie. Genre de pièce où le
Exercice 5 : Voici une proposition de liste de mots :
registre tragique est dominant. Le tragique est la peinture d’un
a) Pour définir un lieu et des personnes :
destin auquel on ne peut échapper. Le plus souvent la pièce
› C omédien : personne réelle qui interprète un rôle.
vise à provoquer les larmes (pathétique) du spectateur mais
› C ostume : habit du personnage qui indique son statut, sa posi-
aussi et surtout sa pitié envers les personnages qui essaient
tion sociale.
d’échapper à leur destin. Attention, une tragédie ne finit pas
›D  écor : faux paysage (intérieur, extérieur) implanté sur et au
forcément mal.
fond de la scène. Il indique l’appartenance sociale, le genre de
› T ragi-comédie : œuvre dramatique qui tient à la fois de la
la pièce, donne des indications sur le lieu et le temps.
tragédie et de la comédie. En France, au XVIIe siècle, il est
›D  ramaturge : personne réelle qui écrit des pièces de théâtre.
question d’une tragédie dont le dénouement est heureux.
› L oge : lieu où les comédiens se changent et se maquillent

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Exercice 6 : a) Ce tableau est très beau, les enchères monteront Exercice 7 : Vous pourrez utiliser les litotes suivantes dans votre
vite. b) Si nous faisons le bilan de ce travail, il se révèle mauvais. billet doux :
c) Paul, il faut rentrer, ta mère va mal. d) Mon adversaire est › Vous ne me déplaisez pas.
coriace, le battre sera difficile. e) Ce garçon est très intelligent, › Votre beauté ne me laisse pas indifférent(e).
son raisonnement est remarquable. f) Cela me plait beaucoup. › Je ne vous déteste pas.
› Je ne serai pas fâché(e) de passer plus de temps avec vous.

LANGUE

Exercice 1 : 8 formes d’impératif : « Ne réplique point »; « venge- 5. Qu’ils prennent un bon conseil.
moi » ; « venge-toi » ; « montre-toi » ; « va » ; « cours » ; « vole » ; 6. Qu’il ne cherche point (...) qu’il dispense (...)
« venge ». 7. Qu’elle apaise, ma Chimène, qu’elle apaise sa douleur,
Exercice 2 : a) Sachez b) Dites c) Écris / écris-en d) N’ayez pas e) 8. Qu’elle fasse agir sa constance (...)
Ne soyons pas f) cueilles-en / apporte-les Exercice 4 : Pas de correction : exercice d’invention collaboratif
Exercice 3 : 1. Qu’il aille, qu’il quitte désormais (...). Qu’il passe Exemple : Cessez de me tourmenter. ➝ Qu’ils cessent de me tour-
2. Qu’il aille contre un arrogant éprouver son courage (...) Qu’il menter.
meure, ou qu’il tue. Exercice 5 : a) aille b) demande c) ne soient d) puisse e) mouriez
3. Qu’il aille, qu’il coure, qu’il vole et qu’il nous venge. f) vale g) acquières
4. Qu’ils souffrent que la raison remette leurs esprit.

EXPRESSION ÉCRITE

Exercice 1 : L’objectif de l’exercice est d’écrire un dialogue théâtral tinence la question en reformulant le sujet.
en respectant les contraintes du genre et du sujet. Le travail ne Il s’agit d’un exercice préparatoire aux évaluations plus complexes
doit pas excéder une trentaine de lignes. en classe de troisième, notamment le sujet de réflexion à l’épreuve
Le dialogue doit montrer une progression. Il faudra donc, avant du DNB, mais également aux travaux exigés dans d’autres disci-
de débuter la rédaction, classer les arguments de chacun des deux plines comme l’histoire-géographie.
personnages. Le professeur pourra conseiller aux élèves de reformuler la ques-
Le professeur veillera également à ce que chaque réplique soit en tion pour s’assurer qu’ils l’ont comprise, et de faire un brouillon sur
cohérence avec la précédente. lequel ils mettront toutes leurs idées, avant de les organiser dans
Exercice 2 : L’objectif de l’exercice est de faire le récit d’un combat un second temps. Il ne faudra pas oublier d’utiliser des connec-
en une vingtaine de lignes en utilisant les temps du récit (passé teurs logiques.
simple, imparfait). Les élèves doivent également maitriser l’ellipse Exercice 5 : L’objectif de l’exercice est d’écrire un dialogue du Cid
et l’implicite dans un texte étudié. à trois en respectant les règles du dialogue théâtral (au moins
Cet exercice permet de revoir des compétences déjà travaillées en trente lignes).
5e notamment au cours des chapitres sur les héros antiques ou Il s’agit d’un travail collaboratif pour lequel il est nécessaire de
médiévaux. progresser ensemble. Dans un premier temps les élèves doivent
Les élèves pourront relire avec profit la scène qui précède et celle se concerter pour mettre en place leurs idées et réactiver leurs
qui suit le combat (II, 2 - 3). Ils pourront ainsi mener une réflexion connaissances de la pièce. Chaque élève prend en charge un per-
sur le champ lexical avant de débuter. Ensuite, le vocabulaire devra sonnage et répond à la réplique qui précède dans l’ordre du dia-
être varié, et les élèves devront utiliser des connecteurs logiques logue. On peut procéder enfin à une relecture minutieuse pour
pour structurer le récit. Il faudra également se relire soigneuse- vérifier la cohérence du dialogue.
ment, notamment pour éviter les répétitions. Exercice 6 : Les objectifs de l’exercice sont d’écrire un dialogue
Exercice 3 : L’objectif de l’exercice est de développer son point de qui fasse l’éloge de Rodrigue en respectant les règles du dialogue
vue personnel dans un paragraphe argumenté. théâtral (vingt lignes environ) et d’employer avec pertinence des
Il s’agit de « passer du recours intuitif à l’argumentation à un figures de style.
usage plus maitrisé ». L’élève est incité à construire son point de Cet exercice permet de revoir des compétences lexicales déjà tra-
vue en s’appuyant sur des arguments personnels. vaillées en 5e notamment au cours des chapitres sur les héros
Chaque argument devra être illustré par un exemple d’actualité ou antiques ou médiévaux (éloge, hyperboles, etc.)
tiré des chapitres 3 et 4. Les élèves peuvent d’abord faire la liste des qualités de Rodrigue,
Exercice 4 : Le premier objectif de l’exercice est d’écrire un para- puis travailler les figures de style qu’ils pourraient proposer pour
graphe construit et argumenté ; le second est de cerner avec per- chaque qualité. Une fois cette matière bien élaborée, le dialogue
sera plus simple à rédiger.

EXPRESSION ORALE

Exercice 1 : L’objectif de l’exercice est de rendre une lecture émou- et souligner, annoter les passages sur lesquels insister. Et surtout,
vante. le professeur pourra conseiller aux élèves de visualiser la scène et
L’émotion passe avant tout par une parfaite maitrise et compré- d’incarner le personnage pour transmettre l’émotion. Enfin, il fau-
hension du texte. Il faut relire le texte un grand nombre de fois dra lire lentement, afin de faire résonner les mots auprès du public.

C h a p i t r e 4 • c o r r i g é s • Le Cid entre amour, honneur et devoir 11


Le livre du professeur • Français • 4e

Exercice 2 : L’objectif est de donner son avis de façon argumentée › distinguer la description objective de l’interprétation personnelle.
face à la classe. Il faut bien lire la partie guidée de l’exercice qui est très détaillée.
C’est un exercice court, une évaluation formative qui prépare à Exercice 4 : L’objectif de l’exercice est de participer à un débat.
des travaux plus structurés écrits ou oraux. il s’agit de « passer Le travail préparatoire est essentiel : il faut réactiver en groupe
du recours intuitif à l’argumentation à un usage plus maitrisé ». les connaissances de l’œuvre et lister les arguments possibles.
L’élève est incité à construire son point de vue en s’appuyant sur Lorsque les élèves sont à court d’idées, ils peuvent envisager les
des arguments personnels. arguments de l’autre groupe afin de prévoir des contre-arguments.
Les élèves peuvent d’abord relire la scène I, 5 et reformuler avec Au cours du débat, il faut faire tourner la parole. Les deux camps
leurs propres mots la demande de don Diègue. Puis ils peuvent doivent s’écouter attentivement, pour proposer l’argument le plus
lister au brouillon les arguments. Mais ils ne doivent surtout pas pertinent quitte à improviser !
rédiger complètement la réponse, car l’intervention doit rester
Exercice 5 : L’objectif de l’exercice est de mener une recherche et
vivante !
de la présenter à la classe. Il faut maitriser son temps et son sujet
Exercice 3 : On peut lister les objectifs suivant : en s’appuyant sur des illustrations.
› proposer oralement l’analyse d’une affiche ; La partie guidée est déjà détaillée dans le manuel. Il faut utiliser
› utiliser le vocabulaire technique de la lecture d’image ; des supports visuels, suivre un plan simple et éviter de lire ses
› présenter un propos structuré en suivant un ordre précis ; notes, pour soutenir l’attention de la classe.

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