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c h a p i t r e Le livre du professeur • Français • 4e

THÈME III : regarder le monde, inventer des mondes

5 Aux frontières du réel

Textes et images histoire des arts


1. L’amour, la mort p. 126 La représentation fantastique de la femme en peinture p. 136
Guy de Maupassant, « La morte » (1/3) ✔ J’étudie des peintures proposant une représentation fantastique
✔ J’étudie un début de nouvelle fantastique. de la femme, entre fascination et inquiétude.
■ Je lis des images et des documents composites et je les mets ■ Je lis des images et des documents composites en utilisant
en relation avec des textes quelques outils d’analyse simples

2. Entre raison et déraison p. 128


Guy de Maupassant, « La morte » (2/3)
Lexique et langue  p. 138
✔ J’analyse la mise en place d’un cadre propice au fantastique. ✔ J’étudie le vocabulaire de la peur et de la nuit.
■ Je comprends un texte en m’appuyant sur mes connaissances ✔ J’étudie les temps du récit et l’expression de la peur.
lexicales et grammaticales
■ je maitrise la structure, le sens et l’orthographe des mots
3. Un cauchemar ? p. 130
Guy de Maupassant, « La morte » (3/3) Expression écrite et orale  p. 140
✔ Je découvre les caractéristiques du fantastique et le mécanisme
✔ J’écris des nouvelles fantastiques, je travaille la chute.
de la chute.
■ Je lis des textes variés et me sers d’éléments du récit pour les ✔ Je lis et je raconte avec expressivité, je cherche à faire peur.
comprendre ■ J’exploite les ressources expressives et créatives de la parole

4. Un portrait vivant p. 132


Nicolas Gogol, « Le portrait » projet – parcours citoyen  p. 142
✔ Je consolide mes acquis sur le fantastique. Croire aux rumeurs de malédiction ?
■ J’exploite mes lectures pour enrichir un récit et je connais ✔ J’analyse différents traitements de l’information et je travaille
les différents genres littéraires l’argumentation.
Parcour d’une œuvre. Découvrir « Le Jeu du bouton » p. 134 ■ J’écoute et je comprends un discours oral en hiérarchisant
les informations
Richard Matheson
■ je participe à un débat, je l’anime ou je l’arbitre
✔ J’étudie une nouvelle fantastique contemporaine

Parcours d’une œuvre. Découvrir 10 Nouvelles fantastiques de


l’Antiquité à nos jours p. 135
✔ Je compare différents types de fantastique.
■ j’établis des liens entre des productions littéraires et
artistiques issues de cultures et d’époques diverses

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THÈME III : regarder le monde, inventer des mondes


c h a p i t r e

5 Aux frontières du réel

Présentation du chapitre
Place dans le cycle et dans les programmes
❱ Ce chapitre intervient dans le cadre du thème « Regarder le monde, inventer des › Guy de Maupassant, Textes
mondes ». Alors qu’en classe de 5e les élèves ont découvert des univers imaginaires, la sur le roman naturaliste,
classe de 4e aborde la question du réalisme. Le chapitre 6 est consacré précisément à ce Pocket, 1999.
courant, tandis que le chapitre 5 s’intéresse à l’une des tendances dérivées du réalisme, › Denis Labbé et Gilbert Millet,
la nouvelle fantastique du XIXe siècle. L’objectif est de « comprendre comment le récit Le fantastique, Ellipses,
fantastique, tout en s’inscrivant dans cette esthétique [réaliste] interroge le statut et les 2000.
limites du réel. » › Jean-Luc Steinmetz, La
Littérature fantastique, PUF,
Présentation générale 1990.
❱ « La morte » de Maupassant permet d’étudier un texte intégral d’un auteur fondamen-
tal. Il s’agit d’une nouvelle caractéristique du fantastique, dotée d’une chute à double
interprétation.
❱ Un extrait d’une nouvelle de Gogol, « Le portrait », permet de compléter l’étude du › Une expérience de professeur
fantastique, tout en découvrant la littérature russe. de collège sur l’écriture

Sitographie
fantastique.
Progression du chapitre › L’apport du multimédia.
❱ Sur la version numérique du manuel, on trouvera une comparaison du texte de Maupas- › Maupassant dans l’enseigne-
sant et du conte « La Belle au bois dormant » pour faciliter la distinction entre fantas- ment, une page de la revue
tique et merveilleux. en ligne Maupassantiana avec
❱ Plusieurs nouvelles sont proposées en lecture cursive, pour présenter une définition de nombreuses ressources.
élargie du fantastique, de l’Antiquité à la période contemporaine. › Plusieurs concours d’écriture
de nouvelles fantastiques sont
organisés partout en France :
Gérardmer, Montrouge,... Un
concours peut être organisé
au sein d’un établissement
sur ces modèles (par exemple
dans le cadre de la semaine
de la presse).

› C hez Maupassant, trois saisons


d’une mini-série qui adapte
des nouvelles de Maupassant,
(G. Jourd’hui et G. Girre),
2001-2007, France 2.
› Quatre nouvelles de
Maupassant mises en scène
par la Compagnie Par monts
et merveilles, qui peut venir
jouer jusqu’à vous.
› L a dimension fantastique - 1
Treize nouvelles de Hoffmann à
Claude Seignolle, Librio, 1996.

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TEXTES ET IMAGES
1. Guy de Maupassant, « La morte » (1/3) p. 126 - 127
La première partie de la nouvelle est centrée sur l’incipit et la mise en place de l’intrigue. Les élèves découvrent la situation initiale et
son cadre ancré dans le réel.

2. Guy de Maupassant, « La morte » (2/3) p. 128 - 129


Le deuxième extrait permet d’analyser la perte de raison du narrateur et l’entrée progressive dans le fantastique et dans le cimetière. Le
Romantisme noir et les romans gothiques peuvent être abordés.

3. Guy de Maupassant, « La morte » (3/3) p. 130 - 131


La dernière partie est réservée à l’irruption du surnaturel et à la chute. Les élèves doivent se demander quelles peuvent être les différentes
interprétations de l’évènement surnaturel : cauchemar ou réalité ?

4. Nicolas Gogol, « Le portrait » p. 132 - 133


Le texte permet de mettre en parallèle différents maitres de la littérature fantastique, en l’occurrence Maupassant et Gogol, et de montrer
les liens entre les écritures française et russe. Il s’agit aussi pour les élèves de bien sentir l’écriture de l’angoisse et de comprendre que
l’un des ressorts du fantastique est la confusion entre rêve et réalité (à la suite de l’extrait proposé, le personnage principal se réveille).

Parcours d’une œuvre. Richard Matheson, « Le jeu du bouton » p. 134 - 135


Ce texte permet de découvrir une littérature plus contemporaine et de comprendre l’héritage du fantastique du XIX siècle. e

Parcours d’une œuvre. 10 nouvelles fantastiques de l’Antiquité à nos jours p. 136 - 137
Le recueil permet de lire d’autres auteurs fondamentaux du fantastique et de mettre en regard des nouvelles non fantastiques au sens
propre mais qui permettent par contraste de poser les bases d’une définition du genre.

HISTOIRE DES ARTS p. 136 - 137

La représentation fantastique de la femme en peinture


❱ L’étude de ces œuvres s’inscrit dans la thématique : « De la Belle Époque aux « années folles » : l’ère des avant-gardes (1870-1930) ».
Ces tableaux relèvent en effet de mouvements d’avant-garde. Ceux de Schwabe et de Schwind s’inscrivent dans le Romantisme noir, un
mouvement dissident du Romantisme qui entretient une étroite filiation avec la littérature d’épouvante et met l’accent sur l’horreur,
l’irrationnel, le démoniaque, le rêve. Klimt, quant à lui, était le chef de file des peintres de la Sécession viennoise. Böcklin est l’un des
piliers du symbolisme en Europe. Enfin, Grasset s’inscrit dans le mouvement de l’Art nouveau qui entendait rompre avec l’historicisme
nourrissant les œuvres d’art qui l’ont précédé.
❱ Au-delà de l’adéquation de ces œuvres aux programmes, l’intérêt de ces tableaux mettant en scène « l’inquiétante étrangeté » (Freud)
de la femme fantastique réside dans le rapport que ces œuvres instaurent avec le spectateur (d’où l’intérêt de la question 6 avec l’expres-
sion des émotions de l’élève face à une œuvre choisie). Toutes ces femmes fantastiques, à la fois étranges, fascinantes et inquiétantes,
entretiennent un lien étroit avec l’archétype mythologique de la femme fantastique : Méduse (cf tableau de Böcklin). En effet, ces femmes
peintes par Schwabe, Schwind, Klimt, Grasset et Böcklin médusent le spectateur, qui ressent tout à la fois fascination et peur, attirance
et répulsion. Il peut d’ailleurs être intéressant d’étudier, en complément de ces œuvres, Méduse ou Vague furieuse de Lucien Levy-Dhurmer
(1897) ou Bouclier avec le visage de Méduse d’Arnold Böcklin (1897).
❱ Bibliographie complémentaire : L’Ange du Bizarre, le Romantisme noir de Goya à Max Ernst, Catalogue de l’exposition présentée au Musée
d’Orsay, 26 septembre 2012-20 janvier 2013, Hatje Cantz, 2013.

LEXIQUE / LANGUE - EXPRESSION ÉCRITE / EXPRESSION ORALE p. 138 - 141

❱ Lexique
Les exercices sont surtout consacrés à l’expression de la peur et de ses manifestations.

❱ Langue
Les exercices abordent des points caractéristiques du récit (les temps, les connecteurs) et de l’expression de la peur (ponctuation, exclamation).

❱ Expression écrite
Les exercices permettent de mettre en œuvre les connaissances acquises, en écrivant des suites, des nouvelles entières ou en transformant
un personnage merveilleux de conte en personnage fantastique à partir d’une image.

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❱ Expression orale
Les exercices permettent de mettre en œuvre les connaissances acquises, soit en improvisant à partir d’une image ou d’un texte, soit en
travaillant l’expressivité de la lecture.

PARCOURS CITOYEN p. 142 - 143

Croire aux rumeurs de malédiction ?


❱ Choix du Parcours : Ce parcours a été pensé pour tester la prise de recul des élèves face à un évènement pouvant sembler surnaturel. L’influence
des médias sur les prises de position est aussi questionnée.
❱ Objectifs : Le but est donc de faire participer les élèves à un débat et de les faire réfléchir aux rôles des médias et de l’information (EMI).
❱ Précisions sur la réalisation de l’activité (outils numériques, etc.) : Si la classe entière participe, il faut soit créer deux trames, soit donner
plus de responsabilités au public qui vote dans la 3e étape.
Les élèves peuvent au préalable regarder un débat télévisé (type C dans l’air) et s’inspirer des méthodes détaillées (décrites ici et ici).
Si le débat est filmé, on peut se servir de différents logiciels (voir ici).

ENSEIGNEMENT PRATIQUE INTERDISCIPLINAIRE

On pourra aborder le fantastique à travers une activité commune aux langues vivantes, autour des nouvelles de E. A. Poe et H. P. Lovecraft
(anglais), E.T.A. Hoffmann (allemand), A. Pouchkine et N. Gogol (russe), ou encore J. L. Borges (espagnol).

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Propositions de corrigés
OUVERTURE
Pour entrer dans le chapitre futuriste dans un monde lui-aussi futuriste est donc un merveilleux
1. Le fantastique se caractérise par l’intrusion du surnaturel, de l’ir- accepté et assumé : il s’oppose au fantastique qui, nous le rappe-
rationnel dans le cadre réaliste d’un récit. Il suscite une hésitation lons, est une intrusion du surnaturel qui interpelle, qui est ambiguë
entre une interprétation rationnelle, raisonnable (mais à laquelle et souvent terrifiante.
certains détails résistent) et une interprétation surnaturelle.
Image d’ouverture
2. Le lecteur a des attentes particulières lorsqu’il lit un récit fan-
1. Cette affiche de film d’animation représente un couple de mariés
tastique. Il voudrait découvrir un cadre inquiétant, mystérieux,
en tenue de cérémonie, qui se donne la main et se cherche du
des personnages surnaturels et des héros qui éprouvent des senti-
regard. Ces deux personnages sont ténébreux, maigres aux yeux
ments d’isolement, de confusion, de peur…
globuleux.
Les élèves pourront citer Le Horla de Guy de Maupassant, Le portrait
de Dorian Gray d’Oscar Wilde, des nouvelles d’Edgar Allan Poe ou 2. Le bras et la main de la jeune femme sont ceux d’un squelette.
encore des romans ou des nouvelles de Stephen King. Victor, le jeune homme représente le monde des vivants et Emily,
la jeune mariée défunte, celui des morts.
3. Le merveilleux se déroule dans un monde où l’enchantement
va de soi et où la magie est la règle. Le surnaturel n’y est pas 3. On constate que les couleurs sont très sombres. La seule source
étonnant. Dans le fantastique, au contraire, le surnaturel surgit et de lumière est la lune, liée au monde nocturne, mais affadie par une
rentre en conflit avec une réalité du quotidien. Le héros doit alors brume qui ajoute du mystère à la scène. La couleur générale bleutée
gérer l’incongru, l’incompréhensible et parfois l’inadmissible. est plutôt douce au regard, même s’il s’agit d’une couleur froide. Les
La science et la technique vont engendrer un nouveau « merveil- formes sont assez baroques, tortueuses, sinueuses autant dans les
leux » : la science-fiction avec ses récits d’anticipation. Le lecteur ronces qui encadrent les deux personnages que dans la typographie
accepte d’être transporté dans une autre époque, dans un monde du titre. Un petit chien mort-vivant, squelette surnaturel, se dresse
où la science reflète souvent l’angoisse que l’on peut avoir face sur deux pattes sous la lune, entre Victor et Emily. Tous ces éléments
aux progrès scientifiques et techniques croissants. Cet imaginaire funèbres contribuent à créer une atmosphère fantastique et gothique.

TEXTES ET IMAGES

TEXTE 1 : L’amour, la mort (Guy de Maupassant, « La morte » (1/3))


1. L’histoire se déroule après la mort de la femme qu’aimait le est dans le doute et de nombreuses phrases exclamatives qui
narrateur : « Je l’avais aimée éperdument » (l. 1), « et voilà qu’elle insistent sur la vivacité de ses émotions.
mourut » (l. 13). Le narrateur est certainement chez lui : « Puis 5. a) Cet état est dû à la mort de sa compagne : « Elle fut enterrée !
je rentrai chez moi » (l. 33) ou peut-être encore en voyage « Le Enterrée ! Elle ! » (l. 31).
lendemain, je partis pour un voyage » (l. 34).
b) Nous pouvons relever le champ lexical qui insiste sur cette tragé-
2. Le cadre est réaliste. Les personnages n’appartiennent pas au die : « mourut » (l. 13, l. 21), « triste » (l. 19), « soupir » (l. 22),
merveilleux (des médecins, des prêtres…). Le narrateur raconte son « morte » (l. 25), « pleurai » (l. 27), « l’enterrement » (l. 28), « le
histoire d’amour avec une jeune femme qui tombe malade et meurt, cercueil » (l. 29), « enterrée » (l. 31).
puis l’enterrement de cette dernière : « Je me rappelle cependant
6. Les évènements ne sont pas rapportés avec précision. Les com-
très bien le cercueil, le bruit des coups de marteau quand on la
pléments circonstanciels de temps se contentent d’énumérer une
cloua dedans » (l. 29-30).
succession d’évènements : « pendant un an » (l. 8), « un soir »
3. a) Le récit est fait à la première personne du singulier « je » : (l. 14), « le lendemain » (l. 14), « pendant une semaine environ »
« Je ne conterai point notre histoire » (l. 7). b) Le point de vue (l. 15), « le lendemain » (l. 34).
est donc interne. Le lecteur comprend la chronologie des événements : la rencontre
4. Le narrateur semble être désemparé. Le choc qu’il a subi en amoureuse, l’histoire d’amour partagée pendant un an, la maladie
perdant sa compagne altère sa mémoire : « je ne savais plus » pendant une semaine environ, la mort de la femme aimée, l’enter-
(l. 11), « je ne sais pas, je ne sais plus » (l. 13), « j’ai tout oublié » rement, le départ en voyage du narrateur et enfin le moment où il
(l. 21), « je n’ai plus rien su » (l. 23). En revanche, il se souvient raconte son histoire. Cette nouvelle s’appuie sur l’anonymat du narra-
parfaitement des sensations liées à la mort de la femme aimée : teur (on ne sait pas qui il est exactement), sur des thèmes universels
« je me rappelle très bien son petit soupir » (l. 22), « je me rap- (l’amour et la mort), sur une temporalité vague (on ne sait pas quand
pelle cependant très bien le cercueil [...] » (l. 29). les évènements se sont déroulés). Le lecteur peut ainsi s’identifier
Il utilise de nombreuses phrases interrogatives qui montrent qu’il plus facilement et se laisser emporter par la nouvelle de Maupassant.

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7. Cette histoire d’amour est passionnée, obsessionnelle, exclusive : 8. a) La femme aimée était la « maîtresse » du narrateur : « Je
« Et j’avais vécu pendant un an dans sa tendresse, dans ses bras, vis un prêtre qui prononça ce mot : « Votre maîtresse » (l. 24). Ce
dans sa caresse, dans son regarsd, dans ses robes, dans sa parole, couple n’était pas marié. b) La réponse devra être justifiée, que le
enveloppé, lié, emprisonné dans tout ce qui venait d’elle [...] » point de vue de l’élève ait changé ou non en apprenant que cette
(l. 8-10). femme décédée n’était pas l’épouse du narrateur.

IMAGE 1 : Gustave Klimt, Allégorie de l’amour, 1895 / Anne-Louis Girodet, Les Funérailles d’Atala, 1808.
1. On retrouve dans le tableau de Klimt les deux thèmes princi- centre du tableau. La règle des tiers dévoile un trio de person-
paux de la nouvelle de Maupassant : l’amour à travers le couple nages : le jeune homme attristé, la jeune femme morte, l’homme
enlacé et la mort dans les visages menaçants et funèbres qui d’église. On distingue deux croix : l’une qui se détache derrière
apparaissent dans un ciel sombre. la blancheur du linge porté par Atala et l’autre dans la clarté du
2. La lumière met en valeur Atala, habillée en blanc et située au ciel en arrière-plan du tableau.

TEXTE 2 : Entre raison et déraison (Guy de Maupassant, « La morte » (2/3))


1. Le narrateur en rentrant chez lui ressent une grande tristesse : si toute sa toilette allait bien, était correcte et jolie, des bottines
« un retour de chagrin si violent » (l. 4). En effet, tout lui rap- à la coiffure » (l. 10-11). Lorsque le narrateur pense à elle, dans sa
pelle la femme aimée : « ma chambre, notre chambre, notre lit, tombe, il la décrit ainsi : « Elle était là, là-dessous, pourrie ! Quelle
nos meubles, toute cette maison où était resté tout ce qui reste horreur ! » (l. 31-32). L’effet est brutal : les adjectifs qualificatifs
de la vie d’un être après sa mort » (l. 2-4). Chaque objet semble mélioratifs « correcte » et « jolie » de la première description
avoir gardé la présence de la défunte : « ces choses, [...] ces murs laissent place à l’adjectif « pourrie ». Dans le cimetière, le narrateur
qui l’avaient enfermée, abritée, et qui devaient garder dans leurs semble réaliser que l’image de la femme aimée ne correspond plus à
imperceptibles fissures mille atomes d’elle, de sa chair, de son celle que reflétait le miroir : elle n’est plus à présent qu’un cadavre
souffle » (l. 6-7). en décomposition.
2. a) Le narrateur, qui voulait sortir et échapper à ses souvenirs, 6. Le narrateur n’a pas l’air de savoir pourquoi il se rend au cime-
se retrouve devant le miroir du vestibule dans un état fébrile : tière : « Je sortis et, malgré moi, sans savoir, sans le vouloir,
« debout, frémissant, les yeux fixés sur le verre » (l. 14-15). Sa j’allai vers le cimetière » (l. 26-27). Mais le lecteur comprend que
souffrance devient de plus en plus intense à travers les phrases le narrateur a besoin d’être auprès de celle qu’il aime : « un désir
exclamatives et les répétitions : « Oh ! le souvenir ! le souvenir » d’amant désespéré s’empara de moi. Je voulus passer la nuit près
(l. 17-18). Le champ lexical de la douleur domine : « douloureux » d’elle » (l. 35-37).
(l. 18), « horrible » (l. 19), « souffrir » (l. 20), « tortures » (l. 20). 7. L’épitaphe « elle aima, fut aimée, et mourut » est concise, mon-
Cette souffrance atteint son paroxysme avec l’utilisation du pré- trant que la vie de la jeune femme fut brève. Le verbe « aimer »
sent de l’indicatif : « comme je souffre ! » (l. 25) dans un texte où est d’abord conjugué au passé simple à la voix active, puis à la
dominent le passé simple et l’imparfait. voix passive : « elle aima, fut aimée », insistant ainsi sur l’amour
b) Le miroir est apparenté à un souvenir. Le narrateur pense que réciproque qui semble avoir défini son existence. Le dernier verbe
le miroir a gardé une trace de la femme aimée : « ce miroir qui « mourut » clôt l’inscription créant ainsi un rythme parfaitement
l’avait si souvent reflétée. Si souvent, si souvent, qu’il avait dû ternaire.
garder aussi son image » (l. 12-13). Le miroir constitue aussi une
8. a) Le narrateur décide de passer la nuit au cimetière : « Je voulus
sorte de double du narrateur : « qui l’avait contenue tout entière,
passer la nuit près d’elle, dernière nuit, à pleurer sur sa tombe »
possédée autant que moi » (l. 15). Le thème du reflet et du double
(l. 36-38). b) Cette décision ne semble pas réfléchie : « alors un
est récurrent chez Maupassant. Il fait naitre ici la douleur et fait
désir bizarre, fou, un désir d’amant désespéré s’empara de moi »
perdre la raison au narrateur.
(l. 34-36). Ce n’est pas la raison qui lui dicte cette décision, c’est
3. Le mot « miroir » est répété de manière anaphorique : « Miroir la folie, le désespoir.
douloureux, miroir brûlant, miroir vivant, miroir horrible, qui fait
9. À la fin de l’extrait, le narrateur se trouve « au bout du cime-
souffrir toutes les tortures ! » (l. 18-20). Le narrateur est prisonnier
tière habité », dans « le cimetière abandonné » (l. 50-51). Ce lieu
de son obsession pour la femme aimée. Il n’arrive plus à contrôler
semble vraiment isolé et désolé : « le cimetière abandonné, celui
ses pensées qui restent figées dans le souvenir et la souffrance, et
où les vieux défunts achèvent de se mêler au sol, où les croix elles-
son corps semble possédé puisqu’il va se diriger vers le cimetière
mêmes pourrissent » (l. 50-52). Le narrateur insiste sur sa solitude :
sans l’avoir décidé : « malgré moi, sans savoir, sans le vouloir, j’allai
« j’étais seul, bien seul » (l. 56).
vers le cimetière » (l. 26-27).
10. Ce cadre est propice à la survenue d’évènements étranges. En
4. Le narrateur envie les hommes qui ont la capacité d’oublier et
effet, cette partie du cimetière est laissée à l’abandon : « il est
dont les souvenirs s’atténuent avec le temps. C’est le souvenir de
plein de roses libres, de cyprès vigoureux et noirs, un jardin triste
la femme aimée qui le fait souffrir et il aimerait que son cœur soit
et superbe, nourri de chair humaine » (l. 53-55). La nature y est
« comme une glace où glissent et s’effacent les reflets » (l. 21-22).
belle et mystérieuse. Le narrateur est seul, dans un cimetière, il fait
En effet, sa douleur est intense et le traverse. Il voudrait qu’elle
nuit… Le monde des vivants et le monde des morts se confondent.
ne soit qu’en « surface » et qu’elle disparaisse, mais son amour
Le narrateur se réfugie « dans un arbre vert » (l. 56), symbolisant
était profond : « tout ce qui a passé devant lui, tout ce qui s’est
la vie, mais « entre des branches grasses et sombres » (l. 57-58).
contemplé, miré dans son affection, dans son amour » (l. 23-25).
La mort rôde dans cet extrait à travers les adjectifs qualificatifs
5. La femme était coquette, soignait son apparence, faisait atten- « noirs », « triste », « sombres », et à la fin de ce texte, elle est
tion à chaque détail en s’arrêtant devant le miroir du vestibule encore plus présente puisque le narrateur se compare à « un nau-
« pour se voir, des pieds à la tête, chaque jour, en sortant, pour voir fragé sur une épave » (l. 59-60) : il survit plus qu’il ne vit.

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TEXTE 3 : Un cauchemar (Guy de Maupassant, « La morte » (2/3))


1. L’errance physique et mentale du narrateur est illustrée par de (l. 21) pour disparaitre à la ligne 54 : « sans peur ».
nombreuses répétitions : « la nuit fut noire, très noire » (l. 1), 6. « Ici repose Jacques Olivant, décédé à l’âge de cinquante et un
« à pas lents, à pas sourds » (l. 2), « j’errai longtemps, long- ans. Il aimait les siens, fut honnête et bon, et mourut dans la paix
temps, longtemps » (l. 3), « quelle nuit ! quelle nuit ! » (l. 10), du Seigneur » (l. 27-28) constitue une épitaphe élogieuse décri-
« j’avais peur, une peur affreuse » (l. 11-12), « des tombes ! des vant un bon catholique, aimant et honnête.
tombes ! des tombes ! Toujours des tombes ! » (l. 12-13), « sous la L’épitaphe corrigée par le revenant présente un portrait péjoratif
terre mystérieuse, sous la terre ensemencée de cadavres humains » d’un homme vénal, violent, trompeur et voleur : «Ici repose Jacques
(l. 18-19). Les énumérations insistent également sur l’égarement Olivant, décédé à l’âge de cinquante et un ans. Il hâta par ses dure-
du narrateur : « heurtant des tombes avec mes mains, avec mes tés la mort de son père dont il désirait hériter, il tortura sa femme,
genoux, avec ma poitrine, avec ma tête elle-même [...] » (l. 4-6), tourmenta ses enfants, trompa ses voisins, vola quand il le put et
« je palpais des pierres, des croix, des grilles de fer, des couronnes mourut misérable » (l. 35-38).
de verre, des couronnes de fleurs fanées ! » (l. 7-8).
7. Le narrateur dresse un portrait extrêmement négatif de l’humanité :
2. a) Dans le deuxième paragraphe, « je ne la retrouvais pas » (l. 3), « Et je voyais que tous avaient été les bourreaux de leurs proches,
« j’allais » (l. 6), « je touchais » (l. 6), « je palpais » (l. 6), « je haineux, déshonnêtes, hypocrites, menteurs, fourbes, calomniateurs,
lisais », (l. 9), « je ne la retrouvais pas » (l. 10) sont des verbes à envieux, qu’ils avaient volé, trompé, accompli tous les actes honteux,
l’imparfait de l’indicatif. b) L’imparfait insiste ici sur le caractère tous les actes abominables, ces bons pères, ces épouses fidèles, ces
répétitif des actions du narrateur. fils dévoués, ces jeunes filles chastes, ces commerçants probes, ces
3. L’adverbe « soudain » et l’emploi du passé simple de l’indicatif hommes et ces femmes dits irréprochables » (l. 44-49).
« il me sembla » marquent un changement dans l’histoire : le lec- Il énumère des termes qui appartiennent au champ lexical des
teur comprend qu’il va se passer quelque chose, que le narrateur défauts et du crime. Tous ces êtres se complaisaient dans le men-
va découvrir l’origine du bruit inquiétant. songe : « ils écrivaient tous en même temps, sur le seuil de leur
4. Le narrateur décrit un revenant qui sort de sa tombe : « le mort demeure éternelle, la cruelle, terrible et sainte vérité que tout le
apparut, un squelette nu » (l. 25). L’apparition du surnaturel dans le monde ignore ou feint d’ignorer sur la terre » (l. 50-52).
quotidien du narrateur crée la confusion et introduit le fantastique 8. La première épitaphe décrivait un amour réciproque et idéalisé.
dans la nouvelle. Le sens de la vue est-il fiable ? Le narrateur est-il Dans la deuxième : « Étant sortie un jour pour tromper son amant,
sûr de ce qu’il voit ? Tout d’abord, il utilise des modalisateurs pour elle eut froid sous la pluie et mourut » (l. 59-60), on comprend que
nuancer son propos : « il me sembla » (l. 22), « comme si on l’eût la jeune femme n’était pas un exemple de fidélité.
soulevée » (l. 23). Il semble essayer de se persuader qu’il est sûr 9. a) On ne sait pas exactement ce qui est arrivé au narrateur :
de ce qu’il voit créant chez le spectateur un doute : « je vis, oui, « Il paraît qu’on me ramassa, inanimé, au jour levant, auprès d’une
je vis » (l. 24). Et lorsqu’il répète à nouveau le verbe « voir » : « je tombe » (l. 60). Personne ne peut corroborer les dires du narrateur.
voyais, je voyais très bien quoique la nuit fut profonde » (l. 26), il Il aurait entendu une dalle de marbre se lever, poussée par le mort
nous rappelle que la luminosité est inexistante… Comment pour- qu’elle abritait. Des revenants seraient sortis de leur tombe pour
rait-il donc être témoin de cette scène ? corriger leurs épitaphes. Cette histoire parait incroyable. b) Soit
5. La peur du narrateur s’intensifie au début de cet extrait : « peur » le narrateur a rêvé, soit le narrateur a été témoin d’une scène sur-
(l. 11), « peur affreuse » (l. 11), « terreur » (l. 21), « épouvante » naturelle : le doute crée le fantastique.

TEXTE 4 : Un portrait vivant (Nicolas Gogol, « Le portrait »)


1. Dès le début de l’extrait, le peintre a peur lorsqu’il regarde chez le lecteur. L’alternance des points de vue est aussi intéressante
ce portrait : « non sans effroi » (l. 2). Il est seul (« seul dans la créant une confusion et intensifiant le fantastique.
pièce » (l. 6)) et il est également très sensible : « il avait les nerfs 3. a) Le temps employé est le présent de l’indicatif. b) C’est un
et l’imagination très sensibles » (l. 10-11). De plus, la scène se présent de narration, un présent utilisé dans un récit au passé.
passe de nuit : la pièce n’est éclairée que par la lune (« un effet de c) L’auteur veut rendre la scène plus vivante, plus crédible : « il
la clarté lunaire » (l. 4), « chambre éclairée par la lune » (l. 16)). voit pour de bon, il voit nettement » (l. 27) alors que l’on bascule
Enfin, le portrait est vu à travers un paravent : « à travers les ici franchement dans le fantastique. Le drap a disparu !
fentes du paravent » (l. 15-16) et sera même recouvert d’un drap :
4. Le sens de la vue est particulièrement sollicité : « examiner »
« haletant d’angoisse, il se leva, saisit un drap et, s’approchant du
(l. 1), « regardaient » (l. 2), « regarder » (l. 7), « œil » (l. 7), « lou-
portrait, l’en recouvrit tout entier » (l. 19-20).
chait » (l. 8), « dévisager » (l. 13), « sans lever les yeux » (l. 15),
Le peintre ne peut s’empêcher d’observer ce portrait alors qu’il fait
« voir » (l. 16), « les yeux » (l. 17), « regarder » (l. 19), « regard »
nuit, qu’un paravent et ensuite un drap lui cachent ce tableau. La
(l. 24), « yeux » (l. 25), « voit » (l. 27), « regarde » (l. 29), « vit »
description du portrait fantomatique, la solitude et la sensibilité
(l. 32), « entrevoir » (l. 35), « voir » (l. 39), « contemplait » (l. 43).
du narrateur, la nuit, le paravent, le drap sont autant d’éléments
propices au basculement dans le fantastique. 5. Face au surnaturel, le rythme cardiaque du peintre semble s’ar-
rêter pour ensuite s’accélérer : « son cœur se glaça » (l. 32), « le
2. a) Les élèves hésiteront ici entre le point de vue omniscient et
cœur du pauvre peintre battit violemment » (l. 37-38). La peur
le point de vue interne. Le narrateur est présent : « je ne sais »
l’empêche de respirer : « la respiration coupée par l’effroi » (l. 38),
(l. 5) et semble être omniscient. Pourtant, c’est à travers les yeux
de crier : « Tchartkov voulut crier : il n’avait plus de voix » (l. 41) et
du peintre que la scène est décrite : « Et soudain il vit le vieillard
de bouger : « il voulait remuer : ses membres ne remuaient point »
remuer » (l. 32). Dans la nouvelle « Le portrait », Gogol alterne les
(l. 41-42). Le peintre est tétanisé : il n’arrive pas à croire ce qu’il
points de vue, il passe du point de vue omniscient à des points de
voit, la peur l’envahit et le paralyse.
vue internes créant ainsi la confusion chez le lecteur et facilitant
l’introduction du fantastique dans la nouvelle. 6. La fiche méthode de la page 350 rappelle que le fantastique
b) C’est souvent le point de vue interne qui est utilisé dans les correspond à l’irruption d’éléments surnaturels, inexpliqués et
récits fantastiques : la subjectivité du narrateur crée des doutes inquiétants dans un univers quotidien et banal : ici un personnage
qui sort de son tableau dans l’atelier d’un peintre.

C h a p i t r e 5 • c o r r i g é s • Aux frontières du réel 7


Le livre du professeur • Français • 4e

Gogol a su créer une ambiance propice au basculement dans le des temps du récit, du registre fantastique…). Ce petit travail
fantastique : un portrait mystérieux, un peintre sensible, la nuit, d’écriture pourra donner lieu à une lecture expressive en classe.
un paravent, un drap… De plus, le point de vue est essentiellement De plus, il serait intéressant de donner à lire la nouvelle « Le por-
interne : le lecteur voit à travers les yeux du narrateur, doute en trait » de Gogol dans son intégralité. En effet, l’auteur a choisi de
même temps que lui et ressent sa peur. finir la phrase de l’extrait par « se réveilla » (thème du cauchemar)
7. La chute proposée par les élèves devra être courte (trois à cinq et ensuite de développer les aventures de Tchartkov sur plusieurs
lignes). Elle constituera une fin cohérente (respect des personnages, dizaines de pages à travers le thème de la folie.

IMAGE 4 : Gustave Courbet, Le Désespéré, 1853-1855.


1. Cet autoportrait de Courbet est frappant : le peintre se met en judicieux de dire que ce tableau pourrait être l’autoportrait de
scène, seul, angoissé, désespéré. Les yeux exorbités du peintre Tchartkov lui-même : en effet, l’état émotionnel de Courbet rap-
qui nous fixent rappellent les yeux « extraordinaires » (l. 2) du pelle celui du peintre qui « n’en croit pas ses yeux », qui est
personnage du tableau acheté par Tchartkov. Pourtant le por- soudain tétanisé lorsqu’il découvre le personnage du portrait
trait de la nouvelle représente un vieillard. Il serait donc plus sortir de son tableau.

PARCOURS D’UNE ŒUVRE

Richard Matheson, « Le Jeu du bouton »


BLOC 1 :
1. Arthur et Norma sont mariés. Ils habitent un appartement à New York. Ils travaillent tous les deux, n’ont pas d’enfant.
2. Arthur et Norma habitent un appartement à New York. Leur adresse est indiquée sur le paquet qui se trouve devant leur porte. C’est
un cadre réaliste.
3. a) Nous pouvons relever quelques indications de temps : « à 8 heures du soir », « peu après », « à huit heures précises », « quand il
fut sorti », « le lendemain », « après le déjeuner », « peu avant cinq heures », « plus tard », « après dîner ». b) Les indications de temps
sont peu nombreuses, créant un effet de routine. Le lecteur a l’impression que Norma et Arthur revivent la même journée. Il sera ainsi
encore plus surpris par la fin de la nouvelle...
4. En rentrant chez elle, Norma découvre un paquet mystérieux qui lui est adressé à elle et à son mari. Il contient une « petite boîte en
bois munie d’un bouton de commande ». Sous la boîte, elle trouve une feuille de papier pliée qui indique : « Mr Steward se présentera
chez vous à 8 heures du soir. »
5. Mr Steward est décrit comme « un homme de petite taille ». Il est poli (« poliment ») : en voyant Norma, il est dit qu’il ôte « son cha-
peau ». Il a tout l’air d’un « représentant qui allait [...] débiter son boniment. » Il dira plus tard qu’il travaille pour une « organisation d’une
envergure nationale ». Les éléments qui décrivent ce personnage sont peu nombreux, ce qui rend le personnage extrêmement mystérieux.
6. Mr Steward parait peu sympathique aux yeux de Norma Lewis. Elle a tout de suite un apriori : « un représentant qui allait lui débiter
son boniment ». Elle n’apprécie ni sa façon de parler : « le ton de Mr Steward l’avait choquée », ni son comportement : « l’attitude du
visiteur lui déplaisait. »

BLOC 2 :
1. La proposition de Mr Steward semble irrationnelle : « Si vous appuyez sur le bouton, quelque part dans le monde, quelqu’un que vous ne
connaissez pas mourra. Moyennant quoi, vous recevrez cinquante mille dollars. » La réaction des personnages est plausible. Norma, la première,
a « les yeux écarquillés ». Le couple est très vite intrigué et pose des questions : « Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? », « C’est une mauvaise
blague ? », « Qui représentez-vous ? » etc. Arthur est choqué (« ça me choque »), c’est d’ailleurs lui qui fait sortir Mr Steward et qui déchire
sa carte de visite. Il dira même plus tard : « c’est immoral » alors que Norma sera, elle, de plus en plus curieuse et attirée par l’appât du gain.
2. Lorsque Norma appuie sur le bouton, elle a peur (« elle frémit », « un frisson d’horreur la parcourut »). Il est intéressant de relever la
répétition du mot « ridicule », avant et après son geste fatal.
3. Arthur est mort dans un accident de métro. Sa femme Norma recevra 50 000 dollars de l’assurance vie. La chute est surprenante parce
que le lecteur ne pensait pas qu’Arthur mourrait. En effet, Mr Steward avait dit : « Si vous appuyez sur le bouton, quelque part dans le
monde, quelqu’un que vous ne connaissez pas mourra. Moyennant quoi, vous recevrez cinquante mille dollars. » Norma connaissait la vic-
time et étrangement elle touchera les 50 000 dollars promis. Comment Mr Steward aurait-il pu savoir qu’elle avait appuyé sur le bouton ?
A-t-il pu provoquer l’accident du métro ? Est-il un être surnaturel ?
4. La dernière phrase de la nouvelle sonne comme une morale : on ne connait jamais vraiment les gens.
5. L’explication rationnelle est que la mort d’Arthur est accidentelle et n’est pas la conséquence du « jeu du bouton ». L’explication surna-
turelle est que Norma a vraiment provoqué la mort de son mari en appuyant sur le bouton d’une boîte qui ne contenait « ni transistors »,
« ni fil », « ni tube », acceptant le pacte diabolique proposé par l’étrange Mr Steward. Les élèves préfèrent souvent l’explication surnatu-
relle et insisteront sur l’humour noir qui se dégage de la fin de la nouvelle.

C h a p i t r e 5 • c o r r i g é s • Aux frontières du réel 8


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6. Adam et Ève « Le Jeu du bouton »


C’est Norma qui trouve le paquet.
Le serpent incite d’abord Ève à goûter au fruit interdit.
Mr Steward s’adresse d’abord à Norma.
Ève dialogue avec le serpent. C’est la tentation. Norma téléphone à Mr Steward.
Le serpent insiste. Mr Steward insiste en déposant le paquet une nouvelle fois.
Norma tente de convaincre Arthur d’appuyer sur le bouton, mais
Ève persuade Adam de goûter le fruit. Celui-ci accepte.
celui-ci refuse.
Ils désobéissent en mangeant du fruit interdit.
Norma appuie sur le bouton (désobéissance).
C’est la désobéissance.
Arthur meurt dans un accident. Norma recevra de l’argent de
Adam et Ève sont chassés du paradis, deviennent mortels.
l’assurance vie, mais ne pourra réaliser les rêves qu’elle avait
C’est la punition.
(avoir un enfant avec Arthur…). C’est la punition.
Cette nouvelle fantastique de Matheson est une réécriture du mythe originel de la tentation et de la chute dans la Genèse.

10 Nouvelles fantastiques de l’Antiquité à nos jours


BLOC 1 :
1. Dans « La maison hantée » de Pline le Jeune, la nuit, on entend 5. Le spectre hantait la maison parce qu’il n’avait pas eu des funé-
« un bruit de ferraille », « un fracas de chaînes » (p. 9), puis on railles selon les rites. Seul le philosophe Athénodore cherchera à
assiste à l’apparition d’un « spectre : c’était un vieillard, accablé comprendre le fantôme. « Dès que ces mânes eurent été ensevelies
de maigreur et de misère, avec une longue barbe et des cheveux selon les rites, la maison en fut délivrée » (p. 12) : la chute de la
hirsutes. Il avait aux pieds des entraves, et aux mains des chaînes lettre de Pline n’était pas vécue comme « fantastique » puisque
qu’il secouait » (p. 10). liée à des croyances de l’époque. Le lecteur d’aujourd’hui peut
Dans « Qui sait ? » de Maupassant, le narrateur entend d’abord du ressentir cette fin comme fantastique en se demandant si ce qu’a
bruit : « ce bruit continu, plutôt une agitation qu’un bruit, un remue- vécu Athénodore était vraiment réel.
ment vague d’un tas de choses, comme si on eût secoué, déplacé, 6. Une maladie foudroyante « La Mort Rouge » se propage et le
traîné doucement tous mes meubles » (p. 59-60) et assiste incrédule à prince Prospero décide de s’enfermer avec des courtisans dans une
la fuite de ses meubles qui se mettent à se déplacer de manière surna- abbaye fortifiée afin de se protéger de cette épidémie. La nouvelle
turelle : « mon grand fauteuil de lecture qui sortait en se dandinant », est gothique (prédominance du noir et du rouge, le cadre de l’abbaye,
« d’autres le suivaient, ceux de mon salon, puis les canapés bas [...] l’horloge d’ébène, le personnage du « Masque de la Mort Rouge »...).
puis toutes mes chaises [...] et les petits tabourets [...] » (p. 61). Les
7. La chambre de velours noir est la dernière : « la septième salle
meubles réapparaitront chez un brocanteur étrange à Rouen pour se
était rigoureusement ensevelie de tentures de velours noir qui revê-
retrouver ensuite sans explication dans la maison du narrateur.
taient tout le plafond et les murs, et retombaient en lourdes nappes
Dans les deux nouvelles, le bruit précède l’apparition du surnaturel :
sur un tapis de même étoffe et de même couleur. » La prédomi-
un spectre dans le premier cas, des meubles qui bougent (à cause
nance du noir est angoissante, mais l’apparition de la couleur rouge
d’un esprit frappeur ?) dans le deuxième cas. La maison hantée est
l’est encore plus : « les carreaux étaient écarlates, d’une couleur
l’un des thèmes récurrents du genre fantastique.
intense de sang » (p. 44). Les courtisans eux-mêmes évitent cette
2. Dans les deux nouvelles, l’expérience surnaturelle principale se salle : « bien peu de danseurs se sentaient le courage de mettre les
passe de nuit, dans une maison et dans sa cour chez Pline le Jeune, pieds dans son enceinte magique » (p. 45). C’est aussi dans cette
et sur le seuil de la maison et dans le jardin chez Maupassant. salle que se trouve la « gigantesque horloge d’ébène » (p. 45) qui
3. Le narrateur de « Qui sait ? » se présente comme « une sorte sonnera les douze coups de minuit (p. 48) marquant l’arrivée du
de philosophe isolé » (p. 54). Il aime la solitude et parait misan- « Masque de la Mort Rouge ».
thrope : « J’ai vécu seul, sans cesse, par suite d’une sorte de gêne 8. Le « Masque de la Mort Rouge » apparait après les douze coups de
qu’insinue en moi la présence des autres » (p. 54). Athénodore, chez minuit. Son apparence est effrayante : « le personnage était grand et
Pline le Jeune, est un « philosophe » (p. 10). Les deux personnages décharné et enveloppé d’un suaire de la tête aux pieds. Le masque
semblent différents des autres êtres humains et peuvent ainsi être qui cachait le visage représentait si bien la physionomie d’un cadavre
plus sensibles aux phénomènes paranormaux. raidi [...] son vêtement était barbouillé de sang - et son large front,
4. Le témoignage du narrateur de « Qui sait ? » semble peu crédible. ainsi que tous les traits de sa face, étaient aspergés de l’épouvan-
En effet, il écrit d’une « maison de santé » : « je suis aujourd’hui dans table écarlate » (p. 49). Il semble être l’incarnation de la maladie
une maison de santé ; mais j’y suis entré volontairement, par prudence, que tous redoutent. D’ailleurs Prospero est tout de suite épouvanté :
par peur » (p. 54). Il se décrit comme « rêveur », « solitaire ». Il utilise « convulsé par un violent frisson de terreur ou de dégoût » (p. 50).
beaucoup de phrases exclamatives et interrogatives qui insistent sur La chute de la nouvelle est apocalyptique : tous meurent de la peste
son agitation. Il répète « qui sait ? ». Il parle d’un « pressentiment » nommée la « Mort Rouge ». Rien ne survit à l’épidémie : « Et les
(p. 59) comme s’il savait que quelque chose d’étrange allait se dérou- Ténèbres, et la Ruine, et la Mort Rouge établirent sur toutes choses
ler. ll décrit la fuite des meubles comme une chevauchée fantastique : leur empire illimité » (p. 52).
« en se dandinant », « comme des crocodiles », « avec des bonds 9. Une explication rationnelle pourrait être que les personnages
de chèvres », « comme des lapins », « avec un galop de cheval », sont issus d’un cauchemar. L’explication irrationnelle serait que le
« comme des fourmis », « à la façon des pieuvres de la mer » (p. 61). Masque de la Mort Rouge est un ange exterminateur propageant
Le narrateur fait penser à un fou qui prend plaisir à délirer. l’épidémie et punissant les riches qui se croyaient au dessus du
commun des mortels.

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10. La réponse de l’élève est personnelle et devra être argumentée.


Exemple de correction :
J’ai choisi « Popsy » de Stephen King. Cette nouvelle m’a beaucoup plu même s’il s’agit d’une traduction et qu’elle est plutôt longue. Les
personnages sont très bien décrits : le kidnappeur Sheridan et ses dettes de jeu, Monsieur Sorcier et sa façon de parler, l’enfant enlevé
et sa transformation, l’arrivée du mystérieux Popsy, le grand-père. La fin de la nouvelle est vraiment sanglante : le kidnappeur est tué
par sa victime et son aïeul qui étaient en fait des vampires assoiffés de sang ! La chute est horrible ; pourtant le lecteur est satisfait de
retrouver une figure emblématique du registre fantastique, le vampire et encore plus que le kidnappeur soit puni.

HISTOIRE DES ARTS

La représentation fantastique de la femme en peinture


1. a) La femme porte une robe sombre. Elle a des grandes ailes de blanc, porte les cheveux dénoués, court ou vole. En revanche,
noires presque acérées qui font penser à une faux, attribut de la dans l’aquarelle de Grasset elles sont trois et sont accompagnées
mort. Elle est accroupie au bord d’une tombe, les pieds nus, un de loups. L’œuvre de Grasset est également plus lumineuse et plus
bras levé vers le ciel. colorée que celle de Schwind, et certains personnages regardent
b) La femme est ici une allégorie de la mort. vers le spectateur.
c) La présence de cette femme est fantastique : elle a une appa- b) Les figures féminines dans les deux tableaux font penser à
rence surnaturelle. En effet, elle semble être un ange noir. De plus, des êtres fantastiques. Certains diront qu’elles ressemblent à des
ses longs doigts ressemblent à des griffes. Elle tient une flamme sorcières, d’autres à des vampires ou même à des fantômes. On
verte au creux de sa main droite qui l’éclaire d’une lumière étrange. pourra s’appuyer notamment sur la blancheur de la peau et des
2. a) Le caractère inquiétant de la femme est mis en valeur par la vêtements, l’attitude des personnages, la présence des loups noirs
blancheur de sa robe : elle ressemble à un spectre. De plus, elle (chez Grasset) ou encore le cadre de la scène (la forêt) pour justifier
est vue de dos, ce qui la rend encore plus mystérieuse. b) Cette la réponse.
couleur lumineuse crée un contraste avec la noirceur de la forêt, 5. a) Le tableau de Böcklin est un portrait de Méduse, la seule
ce qui renforce le caractère fantastique de la toile. Par ailleurs, un gorgone mortelle tuée par Persée. b) Le portrait devient funèbre car
simple croissant de lune éclaire de manière improbable la scène. l’artiste insiste sur la lividité du visage ; Méduse est déjà décapitée
3. a) La femme est accompagnée d’un serpent qui s’enroule autour et meurt devant nos yeux de spectateurs. Le contraste entre le
de son bras droit. visage très blanc et la chevelure très foncée accentue ce caractère
b) Cet animal est habituellement associé à la trahison et n’est pas funèbre. c) La présence des serpents en guise de chevelure rappelle
sans évoquer le paradis perdu lorsque le serpent de la Genèse a le tableau de Klimt, bien que la symbolique soit différente.
incité la première femme à cueillir le fruit de l’arbre de la connais- 6. Quelle que soit l’œuvre choisie par l’élève, il faudra qu’il suive
sance. Mais dans cette œuvre de Klimt, le serpent est aussi le sym- le « guide » (présentation de l’œuvre, réponse à la question, res-
bole de la médecine, il forme le caducée (voir le titre du tableau). senti).
c) On dirait que l’un des motifs est sorti de la robe, prenant la forme Exemple de correction :
d’un serpent et s’enroulant autour du bras du personnage féminin Le tableau intitulé Méduse d’Arnold Böcklin est une huile sur toile
tel un bracelet en or. La femme, la robe et le serpent se confondent, peinte vers 1878 et appartenant à une collection privée. C’est une
créant un ensemble fantastique. œuvre symboliste. Méduse est un monstre, une gorgone tuée par
4. a) Les deux tableaux représentent un ou plusieurs personnages Persée. Son visage livide sur un fond très sombre et les serpents qui
féminins dans une forêt. Dans les deux cas, la femme est vêtue constituent sa chevelure offrent une représentation cauchemardes-
que de la femme. En effet, ce visage est effrayant et intrigant.

Compléments pour le professeur.


La représentation fantastique de la femme en peinture est très fréquente notamment au XIXe siècle. Elle est représentée sous la forme
d’une créature maléfique très séduisante. La femme semble diabolique et surnaturelle. Elle peut, par exemple, voler comme dans l’œuvre
d’Eugène Grasset. La belle femme, aux cheveux longs, est proche des sirènes. Elle séduit les hommes pour les conduire à leur perte. La
femme devient mortifère, comme dans le tableau de Carlos Schwabe. Elle s’apparente également au serpent avec toutes les connotations
négatives qui accompagnent cet animal, comme c’est le cas dans le tableau d’Arnold Böcklin ou dans celui de Gustav Klimt.
Pour aller plus loin et élargir le sujet, on peut montrer une vidéo de « Portraits de Femmes dans l’Art Occidental ». Pour aller plus loin
sur Klimt : voir ici.

LEXIQUE

Exercice 1 : 1. JOUR : aube, aurore, chant du coq, dès potron-minet, diurne, lever, pointe du jour. NUIT : couchant, crépuscule, déclin,
entre chien et loup, nocturne, obscurité, ténèbres, vespéral.
2. Aube : nom. Aurore : nom. Chant du coq : groupe nominal. Couchant : nom (participe substantivé) ou adjectif (participe présent). Crépus-
cule : nom. Déclin : nom. Dès potron-minet : groupe prépositionnel. Diurne : adjectif. Entre chien et loup : groupe prépositionnel. Lever :
nom (infinitif substantivé). Nocturne : adjectif. Obscurité : nom. Pointe du jour : groupe nominal. Ténèbres : nom. Vespéral : adjectif.

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Exercice 2 :
1. Nom Adjectif qualificatif ou participe passé Verbe
Surprise Surprenant ; surpris Surprendre
Alarme Alarmant ; alarmé Alarmer
Angoisse Angoissant ; angoissé Angoisser
Frayeur Effrayant ; effrayé Effrayer
Affolement Affolant ; affolé Affoler
Inquiétude Inquiétant ; inquiet Inquiéter
Épouvante Épouvanté ; épouvantable Épouvanter
2. a) Frango ➝ frayeur. Frango signifie « briser, abattre, faire un bruit fracassant », ce qui peut, par extension, faire peur. b) Quies ➝
inquiétude. Le mot signifie « qui sort du repos, qui ôte le repos », grâce au préfixe négatif in-. c) Folleo ➝ affolement. Le préfixe ad-
ajoute l’idée de mouvement en tout sens. d) Prendo ➝ surprise. Surprendre c’est prendre par-dessus, c’est-à-dire sans être vu. e) Pavor
➝ épouvante. Le préfixe ex- sert ici de renforcement du mot simple. f) All’arme ➝ alarme. Il s’agissait d’un terme militaire. g) Angus ➝
angoisse. Littéralement, quand on se sent à l’étroit, on sent monter l’angoisse.
Exercice 3 : › Faible : appréhension, trouble, crainte.
› Moyen : angoisse, menace, frousse, frayeur.
› Fort : affolement, hantise, épouvante, panique.
Exercice 4 : 1. Métaphore (« déchirait en lambeau le manteau de la nuit »). 2. Accumulation des compléments de lieu. 3. Comparaison
(« comme une décomposition… »). On peut aussi voir une métaphore dans « spasme affreux de la pensée ». 4. Oxymore (« ce jour noc-
turne »). 5. Répétition de « mon cœur » et de « parbleu ».
Exercice 5 : « un malaise horrible », « les tempes serrées », « mon cœur battait », « frissonner ».

LANGUE

Exercice 1 : 1. Phrase interrogative : « Qui est-ce ? ». Phrases prenant à pleins bras, l’emporta et le vint jeter aux pieds de [son
exclamatives : « Le fauteuil était vide ! Miséricorde ! ». Phrase frère] en répétant d’une voix attendrie : « Tiens, tiens, tiens, mon
nominale : « Quel sursaut ! ». 2. Ces phrases traduisent un senti- petit Jean, le voilà ! »
ment d’épouvante. Puis il replaça sur sa selle les deux cadavres l’un sur l’autre ; et il
Exercice 2 : On veillera dans cet exercice à ce que les élèves pra- se remit en route. [...]
tiquent les différentes formes de l’expression de la peur et de la Et souvent, plus tard, quand il reparlait de ce jour, il prononçait,
surprise, en les encourageant à utiliser des phrases exclamatives les larmes aux yeux : « Si seulement ce pauvre Jean avait pu me
verbales ou nominales, des questions rhétoriques, et à jouer de voir étrangler l’autre, il serait mort content, j’en suis sûr ! »
toutes les nuances de la ponctuation expressive (point d’exclama- Exercice 4 : › d’une incroyable pureté ➝ qui était plus pure que
tion, point d’interrogation et points de suspension). le diamant
Exercice 3 : Et, brusquement, dans le sentier qu’envahissait › sur son déclin ➝ qui était en train de décliner
la nuit, une grande forme passa. C’était la bête. Une secousse › immobile ➝ où rien ne bougeait
d’épouvante agita le chasseur ; quelque chose de froid, comme › silencieux ➝ qui restait muet
une goutte d’eau, lui glissa le long des reins, et il fit, ainsi qu’un Exercice 5 : 1. Il prit son sabre dans ses dents, un pistolet à
moine hanté du diable, un grand signe de croix, éperdu à ce retour chaque main, et s’aventura dans l’escalier. Le spectacle le plus
brusque de l’effrayant rôdeur. [...] Alors il piqua son cheval et extraordinaire l’attendait en touchant le sol de la cave.
s’élança derrière le loup. [...] Toutes les bouteilles se livraient à une sarabande éperdue et for-
Et, soudain, l’animal et le cavalier sortirent de la forêt et se maient les figures les plus gracieuses. Les cachets verts repré-
ruèrent dans un vallon, comme la lune apparaissait au-dessus des sentaient les hommes, et les cachets rouges représentaient les
monts. [...] Le loup acculé se retourna. femmes. [...] Le sergent, qui avait bu quelques chopines avant
François alors poussa un hurlement de joie que les échos répé- d’entreprendre l’expédition, ne voyant là que des bouteilles, se
tèrent comme un roulement de tonnerre, et il sauta de cheval, son sentit fort rassuré et se mit à danser lui-même par imitation.
coutelas à la main. [...] 2. Le passé simple exprime des actions ponctuelles, l’imparfait
Puis il se jeta sur le monstre. Il se sentait fort à culbuter une mon- décrit un spectacle et le plus-que-parfait exprime une antériorité
tagne, à broyer des pierres dans ses mains. [...] Alors François, le par rapport aux actions principales.

EXPRESSION ÉCRITE

Exercice 1 : L’exercice permet de vérifier que les élèves maitrisent le verbes de perception et les modalisateurs devront être nombreux.
texte descriptif et qu’ils savent écrire une suite de texte cohérente. Exercice 2 : L’exercice est l’occasion de rappeler les différences
Les élèves doivent veiller à conserver le temps du récit original, l’im- entre merveilleux et fantastique.
parfait de description. Les compléments circonstanciels de temps 1. La pâleur du visage et du vêtement (semblable à un linceul),
doivent être cohérents avec leur choix entre jour et nuit. Côté ainsi que les yeux fermés, peuvent être interprétés différemment,
lexique, on veillera à la présence des champs lexicaux de l’étrange, comme ceux d’une femme endormie ou comme ceux d’une morte.
de l’architecture et de la nature ainsi qu’au choix des couleurs. Les

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Le livre du professeur • Français • 4e

2. Il s’agit d’un travail d’écriture à partir d’une image. Les élèves Exercice 4 : La nouvelle de Mérimée est disponible gratuitement
doivent rester cohérents. La description sera évaluée à partir de en ligne, en version écrite (sur Wikisource ou Gutenberg.org) ou
l’utilisation des verbes d’état, des compléments du nom et des audio (sur Audiolude ou Audiocité par exemple). Les contraintes
adjectifs, du champ lexical du corps. L’angoisse peut être exprimée de l’exercice sont détaillées dans la méthode.
par le biais du choix des couleurs, de l’interprétation de l’expres- Exercice 5 : L’intérêt de l’exercice est de mettre en commun les
sion du visage et de l’hésitation entre sommeil et mort. capacités de chaque membre du groupe et de trouver un compro-
Exercice 3 : L’exercice permet de valider les connaissances sur le mis narratif tout en respectant les contraintes d’écriture.
fantastique. On peut commencer par vérifier la compréhension du L’exercice permet de revoir les caractéristiques de construction
passage et par identifier le champ lexical dominant, celui de la d’une nouvelle fantastique, avec une situation initiale normale,
mort. Les élèves s’entrainent également à l’exercice de la suite. Il une progression vers l’angoisse, l’irruption d’un phénomène inex-
faudra prendre garde de conserver le système des temps et le point pliqué et la chute.
de vue adopté dans le texte d’origine.

EXPRESSION ORALE

Exercice 1 : Comme pour l’exercice 5 de la partie Expression écrite, tion (variation du ton, de la hauteur de voix, de vitesse...).
l’exercice permet de revoir la construction d’une nouvelle fantas- Exercice 3 : L’exercice a pour but de travailler l’aspect le plus
tique. L’illustration donne un point d’appui à l’imagination. La dif- difficile d’une nouvelle fantastique, sa chute. Il faut au préalable
ficulté réside dans l’improvisation. On pourra enregistrer le travail. vérifier avec les élèves qu’ils ont bien compris le fonctionnement
La lecture de la nouvelle « Le nez » de Gogol une fois l’exercice de la chute et ses caractéristiques, en particulier sa brièveté et son
terminé permettra aux élèves de comparer ce texte fantastique aspect inattendu.
avec leur production. La contrainte de temps peut agir comme élément motivateur.
Exercice 2 : On pourra demander aux élèves de préparer la lecture Exercice 4 : L’exercice permet d’imaginer une nouvelle version de
à la maison, ou bien de travailler de manière spontanée. L’exercice « La morte », à partir de l’irruption d’un élément surnaturel ori-
est à la fois un exercice de lecture, de compréhension et de mise ginal. Il s’agit d’un exercice d’improvisation : on évaluera donc
en scène. On pourra évaluer les élèves également sur leur posture. moins le détail de la scène que la cohérence avec le thème (respect
Le groupe de juges pourra préparer en amont une fiche d’évalua- du texte d’origine et création d’une ambiance fantastique).

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