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La linguistique affirme la primauté de l’oral sur l’écrit

• Beaucoup de personnes croient que la forme écrite de la langue est


supérieure à la forme orale, l'écrit est plus correct, l'oral est plus erroné.
Or plusieurs faits démontrent des contraires:
- Historiquement, l'écrit s'est développé beaucoup plus tard que l'oral. Selon
des archéologues, l'écrit a été utilisé pour la première fois, il y a environ 6000
ans (vers 3500 av. J.- C.) à Sumer en Mésopotamie (actuel territoire
irakien). Quant à la langue parlée, selon les généticiens, l’origine du
langage humain remontait à au moins 100000 ans.
- Géographiquement: la langue parlée existe partout dans le monde, ce qui
n'est pas le cas de l'écrit. La plupart des habitants de la terre n'utilisent pas de
système d’écriture, ce qui ne les empêche pas d'être des locuteurs parfaitement
compétents dans leur langue.
- D'un point de vue d'acquisition, l'écrit doit être enseigné tandis que l'oral
est appris naturellement. Tous les enfants apprennent à parler naturellement
au sein de la communauté où ils sont nés. Ils acquièrent leur langue
maternelle avant d’entrer à l’école et deviennent des locuteurs
parfaitement compétents avant de la scolarisation.
- Pour les grammairiens anciens, la référence était la langue écrite. La
grammaire ancienne est attachée surtout aux grands textes.
- Pour les néogrammairiens et surtout à partir de Saussure, la langue parlée
est considérée comme étant le point de départ le plus pertinent pour l'étude de
la langue. L'écriture n’est considérée que comme une transcription de l'oral.
La manifestation immédiate de la langue est sa forme orale et l'écrit est juste
une représentation graphique de l'oral.
Compétence / performance
L’opposition théorique entre compétence et performance est une hypothèse de
Chomsky dans le cadre de la linguistique générative. Publiée initialement en
1965 dans Aspects de la théorie syntaxique, elle procède d’une réinterprétation de
« l’opposition saussurienne de la langue et de la parole » et est devenue un
concept classique du discours linguistique général. Elle différencie chez les
générativistes la capacité de construire et reconnaître l’ensemble des énoncés
grammaticalement corrects d’une part (compétence) et l’ensemble des énoncés
produits d’autre part (performance). Cette opposition est primordiale dans le sens
où la tradition générativiste tente d’étudier la capacité à produire des énoncés par
le biais de ces énoncés.
Pour Saussure, la langue n’est qu’un inventaire systématique de données ; alors
que pour Humboldt et aussi Chomsky, la compétence est un système sous-jacent
de processus génératif.
Selon Chomsky, la compétence linguistique est commune à tous les locuteurs
d’une même langue, et permet d’interpréter les phrases dotées de sens, les phrases
ambiguës, etc. Elle permet en théorie à un locuteur de produire des phrases d’une
longueur infinie, ce que ne permet pas la performance linguistique en raison de
notre limite mémorielle.
D’après Nicolas Ruwet : « Tout sujet adulte parlant une langue donnée est à tout
moment capable d’émettre spontanément ou de percevoir et de comprendre un
nombre infini de phrases que pour la plupart il n’a jamais prononcées ni entendues
auparavant». L’idée de base de Chomsky est bien le concept d’innéisme selon
lequel tout locuteur natif possède une connaissance innée des mécanismes du
langage. Il peut distinguer une phrase grammaticale d’une phrase agrammaticale.
D’autre part, selon Chomsky, l’ensemble des phrases possibles dans une langue
donnée est infini, mais limité par la pragmatique. De cette manière, la linguistique
générative se distingue de la linguistique structuraliste qui se limitait à des corpus
(énoncés produits).
Par exemple, la phrase suivante est possible grammaticalement et
sémantiquement, mais a peu de chance d’être produite : « Le chat de la voisine
qui est parti en vacances dans le sud de l’Espagne où il fait bon vivre lorsqu’il
ne fait pas trop chaud ou trop froid et qui est rentrée samedi matin aux
premières lueurs, jour où mon voisin est tombé du toit de sa maison qu’il
réparait en prévision des jours de pluie que l’on attend le mois prochain et
s’est cassé la jambe, s’est échappé de son jardin et est parti se promener dans
le parc où les chiens... ».
La Compétence
Dans la théorie de Chomsky, notre compétence linguistique reflète notre
connaissance inconsciente des langues, de la grammaire qui permet à un locuteur
natif d’utiliser et de comprendre sa langue, c’est-à-dire la capacité innée des
individus de faire une correspondance appropriée entre les sons et le sens. La
compétence linguistique consiste donc en la connaissance de la langue, mais cette
connaissance est tacite, implicite. Ceci signifie que les individus n’ont pas un
accès conscient des principes et des règles qui gouvernent la combinaison des
sons, des mots et des phrases. Cependant, ils peuvent faire la distinction entre des
phrases grammaticales et des phrases agrammaticales ; autrement dit, les
individus le savent quand les principes et les règles de leur langue sont violés.
La Performance
C’est la capacité d’interpréter les aspects d’une phrase qui ne sont pas régulés,
comme les intonations et le style. La performance s’occupe de la connaissance
implicite d’un locuteur natal qu’on ne peut pas nécessairement prouver ou
expliquer par les règles grammaticales. C’est la mise en œuvre de la compétence
linguistique dans les actes de paroles.
La performance correspond donc aux actes individuels et singuliers de la langue.
Elle peut être interprétée comme un décalage entre les capacités linguistiques d’un
individu (ce qu’il est capable de faire) et l’utilisation ou la mise en œuvre de ces
capacités (l’exécution de parole).

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