Vous êtes sur la page 1sur 3

-Le décalage, l’incohérence temporelle vis à vis de la politique économique est-elle dûe à

l’illlusion que subissent les agents sur le court terme d’une politique de relance et ENSUITE
d’une prise de conscience, d’une modification des comportements à la suite anticipations
rationnelles? Si à chaque fois le décalage se répète est-ce bien cela qui fait que la courbe de
Phillips se verticalise?

La courbe de Phillips de long terme n’a aucun lien avec le comportement des agents privés.
Elle est liée à des déterminants de long terme que l’on appelle aussi structurels (par exemple le
degré de rigidité du marché du travail, les structures productives…).

Du point de vue du comportement des agents privés, le mécanisme que vous décrivez est
typique des anticipations adaptatives : on s’aperçoit de nos erreurs passées (la prise de
conscience dont vous parlez) et on modifie notre comportement. C’est l’analyse de Friedman.
Ici, on utilise les anticipations rationnelles qui sont forward looking (ancrées dans le futur).
Cela signifie que les agents vont anticiper l’incitation du gouvernement à générer une inflation
surprise pour réduire le chômage. Ils vont donc anticiper de l’inflation avant même que cette
dernière se produise. C’est là le point fondamental du raisonnement : intégrer aujourd’hui dans
nos comportements les conséquences futures des politiques économiques. Voir le fichier joint
pour les détails.

- Le taux de change sert-il à réguler l’inflation?

Oui. Pur comprendre cela, il faut partir d’une idée de base : afin de fixer (on parle souvent
d’ancrer) les anticipations d’inflation, il faut une ancre nominale (par référence aux prix
nominaux, et donc à l’inflation). Le règle de change peut jouer ce rôle (c’est toute l’idée du
raisonnement présenté dans le cours) car les autorités, si elles ne veulent pas que le taux de
change réel de leur monnaie n’augmente pas trop, doivent faire converger leur taux d’inflation
vers celui du pays ancre. C’est la stratégie de la France et de l’Italie dans les années 80 dans le
cadre du mécanisme de change européen, le pays ancre étant l’Allemagne (du fait de sa faible
inflation).
𝑃𝑃
Pour comprendre cela, on peut écrire le taux de change réel 𝑄𝑄 = 𝑆𝑆𝑃𝑃∗ où P (P*) sont le niveau
des prix domestiques (étrangers) et S le taux de change nominal contre le pays ancre. Supposer
un régime de change fixe impliquant que ∆S = 0. Dans ce cas, si P > P*, Q augmente, signifiant
une appréciation en termes réels. Ceci entraine des pertes de compétitivité structurelles, un
déficit extérieur, une augmentation de la dette externe et, si rien ne se modifie, une crise
financière. Autrement dit, avec un régime de changes fixes, les autorités sont bien incitées à
lutter contre l’inflation, ce qui doit ancrer les anticipations d’inflation.

- Pourquoi à long terme aucun arbitrage n’est possible entre chômage et inflation?

Je l’ai expliqué plus haut : le taux de chômage à long terme, le taux naturel, dépend de facteurs
structurels non monétaires. On retrouve ici l’idée de la neutralité de la monnaie à long terme.

-Le fait d’accorder plus de poids au chômage quand le taux d’inflation est faible ou en baisse
ne suggère t-il pas un postulat monétariste?

Du point vue monétariste, et surtout de la nouvelle économie classique, la question est celle de
l’efficacité de l’arbitrage inflation – chômage. Selon eux, comme les agents vont anticiper de
l’inflation, l’arbitrage ne sera pas efficace. Voir le fichier joint.
-Je ne comprends pas le terme de « principe d’invariance » et « d’incitations à tricher »...

Voir le fichier joint où cela est expliqué en détails

-Pourquoi à court terme « l’incitation à tricher » est-elle plus forte?

En l’absence de règles contraignant le comportement du gouvernement, celui-ci va chercher à


faire baisser le chômage en engendrant de l’inflation. C’est l’idée d’arbitrage inflation –
chômage. Faire baisse le chômage peut par exemple faciliter sa réélection. La nouvelle
économie classique considère donc qu’il faut des règles, sinon, le gouvernement va céder à la
tentation de l’inflation. Par analogie avec l’Odyssée, comme Ulysse s’est fait attaché au mât de
son bateau pour le conduire au port mais résister aux sirènes, il faudrait lier les mains du
gouvernement (fixer des règles monétaires) afin qu’il résiste à la tentation de l’inflation.

-Où intervient alors la crédibilité? Quel rôle doit-elle jouer?

C’est un point important. Le fait d’adopter une règle de change peut être observé par tous les
agents. Dès lors, une dévaluation de la monnaie sera elle aussi observée. Elle signifiera que le
gouvernement n’aura pas été capable de tenir ses engagements de lutte contre l’inflation. Sa
crédibilité en sera réduite, ce qui aura potentiellement un coût politique pour lui. En outre, si
les agents privés pensent que la politique annoncée est crédible, cela signifie qu’ils croient dans
l’engagement des autorités, ce qui peut faire baisser plus rapidement l’inflation (car les
anticipations d’inflation diminuent).

-Quand vous prenez l’exemple des pays Bêta et Alpha, je comprends le gain de Bêta à rejoindre
Alpha mais en revanche quel serait l’intérêt de ce dernier? Que gagne Alpha?

La réponse dépend du contexte.

Dans le cas où des pays adoptent une règle de change de manière unilatérale, c’est-à-dire sans
accords internationaux, le « gain » du pays ancre peut se voir en termes d’influences exercées
sur ces pays. Par exemple, lorsque beaucoup de pays latino-américains ont choisi d’ancrer leur
monnaie au dollar, dans l’objectif de réduire leur très forte inflation, l’influendes des Etats-Unis
sur ces pays a augmenté.
Dans le cas d’un accord, tel que le mécanisme de change européen entre 1979 et 1999, même
si les monnaies du MCE étaient ancrées à l’ECU, de fait, c’est le mark allemand qui était
dominant du fait de la faible inflation en Allemagne. Ici, le « gain » pour l’Allemagne est celui
de la stabilité des taux de change entre des pays fortement intégrés, stabilité qui favorise les
exportations allemandes (la volatilité des taux de change peut être un frein à l’intégration des
marchés). Bien entendu, cela donne aussi à ce pays une position dominante au sein de la zone.

-Toujours en prenant le cas des deux pays, si j’ai bien compris 3 options s’offrent au pays faible
(bêta) soit passer en union monétaire donc fixation du taux de change sur Alpha, soit une
dévaluation surprise (car inflation trop élevée) soit en adoptant la monnaie Alpha
L’union monétaire est-elle donc la plus efficace ou du moins la moins pire ou bien est ce que
cela dépend des pays et de leurs intentions? Par exemple si cela ne fait aucune différence pour
un pays d’être autonome vis à vis de sa politique monétaire devrait-il quand même passer à une
union monétaire et le change ou devrait-il adopter la monnaie du pays fort?
D’un point de vue théorique, l’option la plus efficace si vous avez un historique d’inflation c’est
de renoncer à sa monnaie et d’adopter celle du pays « fort ». En effet, même dans le cadre d’un
accord de change, un gouvernement peut toujours tricher en dévaluant sa monnaie sans prévenir
(ce que l’on appelle une dévaluation surprise). Autrement dit, le mécanisme disciplinant du
régime de change fixe n’est pas parfait sauf si le coût politique de la dévaluation est très élevé,
incitant le pays à ne pas tricher.

Vous aimerez peut-être aussi