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Comment les particuliers et entreprises élaborent-elles leurs anticipations 

On distingue plusieurs types d’anticipations :

les anticipations myopes ou extrapolatives (traité par Metzler et Keynes): les


individus ont parfois une vue à court terme et estiment que ce qui est vrai
aujourd’hui (évolution actuelle des variables) le sera dans le futur. La valeur
anticipée d’une variable à la période T dépend de sa valeur à la période T-1 et
de la tendance de l’évolution de cette variable : le futur s’inscrit dans le
prolongement de la tendance passée observée.

Les anticipations statiques : les individus croient que les prix et les salaires vont
rester à leur niveau courant dans le futur (constance des variables).

les anticipations adaptatives

les anticipations rationnelles

Anticipations adaptatives et anticipations rationnelles

Anticipations adaptatives :

C’est une conception de Milton Friedman selon laquelle, dans le domaine de


l’inflation, l’anticipation se fonde sur la valeur présente d’une variable et sur les
erreurs de prévisions faites à la période précédente.

 Caractéristique : les anticipations adaptatives tiennent compte des erreurs commises


par le passé qui influent sur la variable et que l’agent adapte à la situation actuelle (en
plus de la tendance présente).

 Conséquence : la réaction des agents économiques n’est pas instantanée : le niveau


futur anticipé des prix est issu d’un mécanisme d’ajustement nécessitant un temps de
décalage. Ainsi il existe un temps d’adaptation à l’intégration  la loi d’évolution
(expérience par rapport à la période précédente).

à Les anticipations adaptatives donnent lieu a des règles rétrospectives (« backward


looking »)

 Faiblesse importante : les anticipations adaptatives impliquent généralement des


erreurs de prévisions systématiques qui sont coûteuses pour les agents économiques.
Ces décisions des agents cherchant à maximiser leur utilité reposent sur leurs
anticipations de l’évolution future de l’agrégat monétaire. Les erreurs de prévisions
systématiques entraînent des distorsions répétées au niveau de l’allocation des
ressources car les actions économiques sont continuellement basées sur des
croyances incorrectes de l’état futur du système à source de pertes de bien-être pour
les agents puisque l’utilité vient de la consommation et de l’épargne. Ainsi les
anticipations adaptatives sont sous-optimales pour les agents. De ce fait, les agents
cherchant à maximiser leur bien-être ont intérêt à former des anticipations plus
riches afin d’éliminer les erreurs de prévisions.

 Anticipations rationnelles :

Théorie issue de l’hypothèse proposée par Muth en 1961 et reprise et développée dans
les 70’s par divers économistes comme Barro, Lucas, Sargent ou encore Wallace, ou
d’autres économistes de l’école de Minneapolis ou de Chicago.

Cette théorie part d’une critique des anticipations adaptatives.

 Caractéristiques :

 les agents rationnels tiennent compte de l’ensemble de


l’information pertinente dont ils disposent à un moment donné, présente
ou passée voire future (en tenant compte également des politiques en
cours ou annoncées par les gouvernements) pour élaborer leurs
anticipations, et pas seulement des erreurs passées.
 les agents économiques possèdent un certain modèle de
l’économie qui relie les variables exogènes aux variables endogènes sur
lequel ils basent leurs anticipations. Pour tirer parti de toute
l’information pertinente d’un moment, les agents économiques disposent
d’un schéma interprétatif du « bon » fonctionnement de l’économie, i.e.
du modèle néo-classique (économie à l’équilibre, flexibilité des prix,
etc…).
 Les anticipations rationnelles donnent lieu à des règles de perspectives (« forward
looking »).

 Conséquences : les agents ne font pas d’erreurs systématiques de prévisions comme


dans le cas des anticipations adaptatives car les anticipations rationnelles sont
fondées une information parfaite, abondante et non biaisée. Aucun élément de
l’information n’a plus d’importance qu’un autre. Les agents connaissent le
fonctionnement du système économique ce qui leur permet de faire des anticipations
qui s’avèrent justes.

NB : il ne faut cependant pas en conclure que les agents économiques sont
omniscients et qu’ils ne se trompent jamais. Les anticipations rationnelles ne sont pas
parfaites au sens où individuellement les agents peuvent parfois se tromper. Il existe
des erreurs mais ces erreurs ne sont pas systématiques et ont lieu tantôt par excès
(optimisme), tantôt par défaut (pessimisme des agents), i.e. les erreurs sont
distribuées de façon aléatoire et se compensent sur la masse d’anticipations
effectuées. Ainsi l’hypothèse de base reste que les anticipations rationnelles se
vérifient en moyenne.

 Avantage : l’absence d’erreurs de prévisions réduit les pertes de bien-être. La justesse


des anticipations rationnelles permet aux agents de prendre des décisions optimales.

 c)     conséquences sur la formation des prix (niveau micro et macro)

 Le 19 octobre 1987, la valeur globale des actions des entreprises américaines a
enregistré une baisse de 500 milliards de dollars en un seul jour, soit une diminution
de près de 25%. Comment le modèle de l’offre et de la demande permet-il d’expliquer
d’aussi fortes variations de prix ?

La réponse tient au rôle critique joué par les anticipations sur le marché des actifs.
Des actifs comme l’or, la terre ou les actions ont une durée de vie longue. On peut les
acheter à une date et les vendre à une autre. Pour cette raison, le prix qu’un individu
accepte de payer aujourd’hui pour un actif ne dépend pas seulement des conditions
actuelles – du rendement ou du bénéfice immédiat – mais aussi des anticipations sur
les conditions de demain. Les anticipations jouent sur les prix courants puisque la
demande présente d’un actif dépendra de la valeur future anticipée de cet actif par
l’agent économique. Les marchés des actifs sont liés dans le temps.

à toute modification des anticipations relatives à l’avenir d’une variable a un impact


sur la demande présente même si aucune variation actuelle, ni des goûts, ni des
technologies, ni des revenus, ni encore des prix des autres biens n’a lieu. 

 Le calcul de la valeur actualisée permet de mesurer et de comparer les rendements


anticipés. La demande d’aujourd’hui pour un actif dépendra de la valeur actualisée
que l’on espère obtenir quand on le vendra dans le futur.

La valeur actualisée peut se modifier pour deux raisons :

 elle peut changer du fait d’une variation des anticipations faites


sur le prix attendu d’un actif au moment de la vente. L’instabilité de ces
anticipations explique en grande partie la volatilité des prix des actifs. On
appelle « bulles spéculatives » dans le prix d’un actif les augmentations
du prix de cet actif qui sont fondées uniquement sur l’anticipation d’une
augmentation de ce prix dans le futur – et non fondées sur la hausse du
rendement réel procuré par cet actif. Les prix continuent à croître aussi
longtemps que quelqu’un anticipe qu’ils vont monter. A partir du
moment où plus personne ne croit à la persistance de cette hausse, le
prix s’effondre.
 la valeur actualisée peut changer par suite d’une variation du taux
d’intérêt. Une hausse du taux d’intérêt réduit la valeur actualisée de tout
revenu que l’on prévoit de gagner dans le futur. Cela explique en partie
pourquoi les hausses des taux d’intérêt s’accompagnent souvent de
chutes de la valeur des actions en bourse, et inversement.
Bibliographie :

Samuelson & Nordhaus, Economie, Economica, 18e édition

Stiglitz, Principes d’économie moderne, De Boerk, 21e édition

Abraham-Frois, Economie politique, Economica, 7e édition

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