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INTRODUCTION

Aujourd’hui, on parle soit de droit boursier, soit de droit des marchés financiers. Ces
notions sont quasiment synonymes. La Bourse au sens matériel est un lieu où se rencontrent les
professionnels pour échanger des titres (la Bourse de New-York, de Paris, de Londres). Toute
Bourse est un marché financier au sens de marché organisé (vente de valeurs mobilières, actions
et obligations). Mais tout marché n’est pas une bourse (Bourse de commerce, Bourse du
travail).

Quant au marché financier, c’est « un marché contrôlé, où les prix (le cours) des valeurs qui y sont
cotées dépend directement de la loi de l’offre et de la demande »1 Le marché financier constitue un circuit
de financement spécialisé. C’est un lieu de rencontre entre une offre et une demande de
capitaux à long terme dont le support est une valeur mobilière (actions, obligations).

Les marchés financiers sont un moyen d’accroissement des possibilités de financements


des entreprises. La quasi majorité des pays étrangers dispose d’une place financière. En France,
Belgique, on a Euronext, aux USA on a Wall Streets.

Conscient de l’importance des marchés financiers dans leur développement économique,


les États africains vont mettre en œuvre ces instruments de financement de l’économie. Plusieurs
places boursières vont ainsi faire leur apparition sur le continent africain.

Les États membres de l’UEMOA (Union économique et monétaire Ouest africaine) vont
créer à la suite du marché financier d’Abidjan un marché financier régional en 1996. Il s’agissait,
lors de sa création, de l’unique marché financier au monde commun à plusieurs États (Bénin, le
Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo). Divers
objectifs furent assignés à ce marché financier régional à savoir : trouver une solution aux
problèmes de financement des économies de l’Union, remédier à la faiblesse de la culture
boursière, instaurer un climat de confiance, mobiliser l’épargne régionale et internationale, créer
un marché conforme aux standards internationaux.

A l’instar des pays membres de l’UEMOA, les États membres de la CEMAC2 vont
également se doter d’un marché financier régional.

1
Maurice COZIAN et Alain VIANDIER, Droit des sociétés, 11ème édition, Paris Litec, 1998, p. 396.
2
Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale.

1
Les règles régissant ces différents marchés vont constituer le droit des marchés financiers.
Celui-ci peut être défini comme l’ensemble des règles applicables aux activités des marchés
financiers et relevant du droit de la bourse et des marchés financiers.

Afin de cerner le droit des marchés financiers de l’espace UEMOA, il convient au


préalable de préciser ses sources (A). A la suite de cette précision, une présentation des différents
marchés financiers (B) sera effectuée. Pour clore cette introduction, il sera mis en exergue les
avantages et inconvénients du recours aux marchés financiers (C).

A. Les sources du droit des marchés financiers régional UEMOA


Le droit des marchés financiers repose sur des sources issues à la fois de l’acte uniforme
sur les sociétés commerciales et les GIE (AU/DSCGIE) et les textes spécifiques au droit des
marchés financiers.

Concernant le droit commercial sur les sociétés commerciales, de nombreuses


dispositions sur les sociétés commerciales régissent le marché régional financier UEMOA. Ainsi,
le Titre 4 du livre 1 Partie 1 de l’acte uniforme sur les sociétés commerciales régit l’appel public à
l’épargne. Le Titre 2 sur les valeurs mobilières et autres titres émis par les sociétés anonymes.

S’agissant de la réglementation sur les marchés financiers, nous pouvons citer :

- La Convention du 03 juillet 1996 portant création du Conseil régional de l’épargne publique et


des marchés financiers. Cette convention met en place une autorité de régulation du marché
financier régional : la CREPMF.

- L’Annexe portant composition, organisation, fonctionnement et attributions du CREPMF qui


fixe la composition et les conditions de fonctionnement du CREPMF.

- Le Règlement général relatif à l’organisation, au fonctionnement et au contrôle du marché


financier régional de l’UMOA.

Le CREPMF étant une autorité de régulation, elle émet de nombreuses instructions (qui
ont pour objet de préciser la portée des règlements) qui constituent des sources importantes du
droit des marchés financiers régional UMOA. On peut citer quelques instructions telles que :
l’instruction n°40/2009 relative à la structure de gestion des intervenants commerciaux du
marché financier UMOA. L’instruction n°6/97 relative à l’habilitation des apporteurs d’affaires,
conseils en investissements boursiers et démarcheurs. L’instruction n°37/2009 relative aux
conditions d’exercice de l’activité d’agence de notation sur le marché financier régional.

2
- Le Règlement général de la BRVM

-Le Règlement général du Dépositaire Central/Banque de Règlement de l’UEMOA

B. Les différents marchés financiers


Il existe différents marchés que l’on peut distinguer selon la qualité de l’instrument qu’on
y échange. On a ainsi le marché des actions et le marché des obligations dit marché obligataire.
En fonction de la qualité de l’instrument, on peut distinguer selon types 3 marchés
financiers. Le marché primaire : C’est le marché des valeurs mobilières émises pour la première
fois, un marché du neuf, des actions neuves. C’est le marché où ont lieu les premières cotations
en bourse (les introductions en bourse). L’entreprise vend directement ses actions à des
actionnaires. C’est la raison pour laquelle on assimile le marché primaire à un marché des
actions neuves. On distingue le marché primaire du marché secondaire. C’est le marché sur
lequel les actionnaires se revendent les actions des sociétés. Ce marché est assimilé au
marché d’actions d’occasion. C’est le marché des valeurs existantes, celui de la revente (Bourse).
On a enfin les marchés dérivés : ce sont des marchés qui proposent des instruments à terme
comme les produits dérivés. Un produit dérivé, c’est tout actif dont la valeur ou le prix dérive de
celle d’un actif sous-jacent. Les produits dérivés peuvent porter sur tous effets, valeur mobilières.
Le produit dérivé d’une action peut donner le droit d’acheter une action à un prix fixé jusqu’à une
date donnée.

Selon la législation qui leur est applicable, il est également possible de distinguer les
marchés financiers. On distingue le marché réglementé ou organisé qui bénéficie d’une certaine
reconnaissance officielle (c’est un marché géré par une entreprise de marché ayant la forme d’une
société commerciale), des marchés qui en sont dépourvus et dont la réglementation diffère. Un
marché non réglementé est un marché où les valeurs ne font pas l’objet d’une procédure
d’admission et où les sociétés cotées ne sont pas soumises à des obligations de diffusion
d’informations3. Autrement dit, les opérations d’échange, de retrait ou de rachat des titres inscrits
sur un marché non réglementé sont réalisées hors intervention et contrôle des autorités de
marché.

Selon les transactions, on distinguera le marché de gré à gré du marché réglementé. Le


marché de gré à gré est un marché sur lequel la transaction est conclue directement entre le
vendeur et l'acheteur. Il s'oppose à un marché organisé (ou Bourse), où la transaction se fait avec
la Bourse.

3
Anne-Dominique Merville, L’essentiel du Droit financier, éditions Gualino, 2016, p. 22.

3
C. Intérêts et dangers du recours aux marchés financiers
Intérêts. S’agissant des intérêts du recours aux marchés financiers, il en existe deux
principaux. Le premier est pour les émetteurs : ce sont les États et les entreprises. La Bourse leur
permet de se financer sur les marchés boursiers en émettant des titres et en les vendant.

En complément de l’autofinancement et de l’endettement auprès des banques, le marché


financier est un moyen efficace de financement des entreprises. Du côté des investisseurs, c’est
un moyen de rentabiliser leur épargne en investissant à long terme.

Dangers de la bourse. Les principaux dangers ont trait au phénomène de la spéculation


qui peut prendre une dimension phénoménale. Quant au deuxième danger, il est relatif à la
volatilité de la bourse (les cours peuvent monter et descendre juste après et de manière très
importante, ce qui rend difficile toute prévision).

A la suite de cette introduction, les développements qui suivront se feront selon le plan
suivant :

Titre I : La structure organisationnelle du marché financier régional UEMOA

Titre II : Les instruments financiers et les opérations de marché

Titre III : Les abus de marché

TITRE I. La structure organisationnelle du marché financier régional


UEMOA
Afin de garantir une protection efficace des marchés financiers et de donner confiance
aux potentiels investisseurs, l’UMOA a mis en place un organe communautaire de contrôle et de
surveillance du marché financier régional. Il s’agit du Conseil Régional de l’Épargne Publique et
les Marchés Financiers (CREPMF).

Hormis la régulation des marchés financiers, l’activité du secteur financier a fait l’objet
d’un encadrement. En effet, les structures et acteurs du marché financier ont fait l’objet d’une
réglementation. Après avoir présenté le régulateur financier régional (Chapitre 1), il convient
d’aborder les acteurs du marché financier régional (Chapitre 2).

CHAP. I. Le régulateur financier régional


Le 03 juillet 1996, le Conseil des ministres de l’Union Monétaire Ouest Africaine
(UMOA) procéda à la création à Dakar du Conseil Régional de l’Épargne Publique et les Marchés
Financiers (le CREPMF). Le CREPMF, organe régulateur du marché financier régional UMOA,
est chargé « d’une part, d’organiser et de contrôler l’appel public à l’épargne, et d’autre part, d’habiliter et de
contrôler les intervenants sur le marché financier régional » conformément à l’article 1er de la Convention
du 03 juillet 1996 instituant le CREPMF.

4
La création d’un organe de régulation des marchés financiers n’est pas spécifique à
l’espace UEMOA. Au niveau de la zone CEMAC4, on a la Commission de Surveillance du
Marché Financier (COSUMAF)5. Au niveau de la France, on l’autorité des marchés financiers
(AMF).

Après avoir effectué une présentation générale de la CREPMF (Section I), il convient
d’énoncer ses pouvoirs (Section II).

SECTION I. Présentation générale du CREPMF

Le CREPMF est une autorité administrative indépendante, personne morale de droit


public, présenté comme le gendarme de la bourse. Autrement dit, c’est l’autorité qui veille à la
régularité des opérations boursières. Il a pour fonction de veiller à la protection des épargnants et
au fonctionnement régulier du marché financier.

Afin de mieux cerner cette autorité de régulation, il convient de préciser ses missions (A),
sa composition (B) et ses moyens et ressources (C).

A. Les missions du CREPMF

Le Conseil Régional est chargé d'une mission générale de protection de l'épargne investie
en valeurs mobilières et tout autre placement donnant lieu à une procédure d'appel public à
l'épargne dans l'ensemble des États membres de l'Union Monétaire Ouest Africaine. Il est seul
habilité à :

- Réglementer et à autoriser, par la délivrance d'un visa, les procédures d'appel public à
l'épargne par lesquelles un agent économique émet des titres ou offre des produits de placement
dans l'Union, que ceux-ci fassent ou non l'objet d'une inscription à la cote de la Bourse Régionale

-Formuler le cas échéant, un veto sur l'émission et sur le placement par appel public à
l'épargne de nouveaux produits financiers susceptibles d'être négociés en bourse ;

-Habiliter et contrôler l'ensemble des structures privées du marché. A cet effet, il agrée la
Bourse Régionale et le Dépositaire Centrale/Banque de règlement ainsi que les intervenants
commerciaux: les sociétés de gestion et d'intermédiation, les sociétés de gestion de patrimoine, les
sociétés de conseils en valeurs mobilières, les apporteurs d'affaires et les démarcheurs ;

-Autoriser les agents des structures privées à exercer les métiers de la Bourse par la
délivrance de cartes professionnelles.

4
La Communauté Économique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC) est une organisation sous régionale
d’intégration économique qui regroupe six pays d’Afrique Centrale : Cameroun, Congo, Gabon, Guinée
Équatoriale, République Centrafricaine, Tchad.
5
Daniel Ebénézer KEUFFI, La régulation des marchés financiers dans l’espace OHADA, Thèse Doctorat Droit,
Universités de Strasbourg (France) et de Dschang (Cameroun), 2010, p. 28 et s.

5
B. La composition du CREPMF

L'organe de tutelle du marché est composé des membres suivants :

- Un représentant de chaque État membre, nommé par le Conseil des Ministres de l'Union
Monétaire Ouest Africaine (UMOA) sur proposition de l'État concerné, en raison de sa
compétence et de son expérience en matière financière, comptable ou juridique.

- Le Gouverneur de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) ou son


représentant ;

- Le Président de la Commission de l'Union Économique et Monétaire Ouest Africaine


(UEMOA) ou son représentant ;

- Un magistrat spécialisé en matière financière, nommé par le Conseil des Ministres de l'UMOA
sur la base d'une liste proposée par le Président de la Cour de Justice de l'UEMOA ;

- Un expert-comptable réputé, nommé par le Conseil des Ministres de l'UMOA sur la base d'une
liste proposée par le Président de la Cour des Comptes de l’UEMOA.

Les membres du Conseil Régional nommés par le Conseil des Ministres de l’UMOA le
sont pour un mandat de trois ans, renouvelable une fois. Le Président du Conseil Régional est
nommé par le Conseil des Ministres parmi les représentants des États qui exercent cette charge à
tour de rôle. La durée de son mandat est également de trois ans, renouvelable une fois.

Les membres du Conseil Régional ainsi que toutes les personnes qui concourent à son
fonctionnement ne peuvent, dans le cadre de l'exercice de leur mission, faire l'objet de poursuite
civile ou pénale, ceci pour garantir l'indépendance et l'efficacité du Conseil Régional. Le Conseil
Régional se réunit en session ordinaire au moins deux fois par an.

C. Les moyens et ressources du CREPMF

Les ressources du Conseil Régional sont constituées par les commissions, redevances,
frais ou toute autre recette qu'il perçoit au titre de ses activités, notamment lors de la délivrance
des visas et des cartes professionnelles, de l'agrément des structures du marché ainsi que les
commissions sur les transactions boursières.

Le budget annuel du Conseil Régional est soumis au Conseil des Ministres de l'UMOA
pour approbation. La Cour des comptes de l'UEMOA assure le contrôle de l'ensemble des

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comptes du Conseil Régional. Le Conseil Régional peut également recevoir toute subvention,
donation ou legs de toutes personnes morales ou physiques, des États, des Gouvernements et
organismes étrangers, à condition que l'utilisation de ces ressources n'affecte pas son autonomie
et son indépendance.

SECTION II. LES POUVOIRS DU CREPMF

L’organe de régulation doit mettre en œuvre des règles qui sont fondées sur le pouvoir
réglementaire délégué dont il est investi (Parag.I). Il dispose en outre d’un pouvoir de contrôle
(Parag.II) et d’un pouvoir de sanction (Parag. III).

PARAG. I. Le pouvoir réglementaire du CREPMF

Le CREPMF doit fixer à travers ses règlements généraux les principes qui régissent
l’organisation des marchés et l’intermédiation financière (A). Les activités du marché financier
reposent sur des principes déontologiques définis par le régulateur, lesquels principes doivent être
respectés par l’ensemble des acteurs du marché (B).

A. L’organisation du marché financier régional

Les autorités de régulation ont le pouvoir de fixer les principes généraux d’organisation et
de fonctionnement des marchés ainsi que les règles relatives à l’exécution des transactions sur ces
marchés.

Les autorités CREPMF vont également définir le statut des structures de marché, et
désigner les entreprises qui vont jouer ce rôle. Aux termes de l’article 12 du Règlement « Au regard
des impératifs de protection de l’épargne investie en valeurs mobilières cotées, d’une compétition honnête et équitable
entre les intermédiaires boursiers, il échoit au Conseil Régional d’agréer en qualité de Bourse Régionale des Valeurs
Mobilières, une société de droit privé constituée en société anonyme.

Sur le même fondement, il revient au Conseil Régional d’agréer une société de droit privé constituée en société
anonyme à l’effet d’assumer les fonctions de Dépositaire Central/Banque de Règlement. »

L’article 14 dudit Règlement précise que « Dès leur agrément par le Conseil Régional, la Bourse
Régionale des Valeurs Mobilières et le Dépositaire Central/Banque de Règlement acquièrent le statut
d’Institutions Financières Spécialisées.

Elles sont expressément soustraites aux dispositions de la loi bancaire. »

7
Ces deux structures du marché financier régional que sont la BRVM et le DC/BR
bénéficient d’une concession exclusive de service public sur l’ensemble des territoires des États
membres de l’UMOA à compter de leur agrément.

B. La fixation des règles déontologiques

Tous les professionnels intervenant sur les marchés financiers, y compris les régulateurs
eux-mêmes, sont tenus au respect de règles déontologiques. La déontologie, qui peut se définir
comme un "ensemble de devoirs et de règles qu’impose à des professionnels l’exercice de leur
métier", est destinée, en matière financière, à assainir et moraliser le marché par une
autodiscipline des professionnels.

Par le biais des Règlements Généraux, la CREPMF va fixer les principes déontologiques
applicables tant aux régulateurs financiers qu’aux structures du marché.

Le Règlement Général du CREPMF impose une obligation déontologique à la charge des


membres du CREPMF. Ils sont tenus, conformément à l’article 4 du Règlement précité, à une
obligation de discrétion absolue quant aux faits et actes dont ils ont connaissance dans l’exercice
ou à l’occasion de leurs fonctions si ces faits et actes ne sont pas publics. Le non respect de cette
obligation entraîne des sanctions disciplinaires et judiciaires. Le régulateur doit inspirer à la fois
confiance et respect aux différents acteurs du marché. C’est la raison pour laquelle, ils sont
astreints à un devoir de réserve voire même de neutralité.

L’obligation de discrétion qui pèse sur les membres du CREPMF a pour objet la
protection du secret des affaires. Dans le cadre de leurs fonctions, les membres du CREPMF à
travers leurs pouvoirs de réglementation, d’injonction, de sanction et de règlement des différends
ont connaissance de certaines informations dont la divulgation pourrait causer des préjudices
considérables aux acteurs du marché. C’est ce qui justifie qu’en plus d’encourir des sanctions
disciplinaires en cas de violation d’une telle obligation, les membres du CREPMF peuvent être
poursuivis à titre individuel en réparation par les personnes lésées du fait de cette indiscrétion.

S’agissant des règles déontologiques communes à tous les professionnels du marché,


l’article 5 du Règlement précité précise que, « Toutes les activités exercées par les structures de marché et les
intervenants commerciaux, directement ou par l’intermédiaire de leurs filiales, doivent être accomplies avec diligence,
loyauté, neutralité et impartialité. » Ces règles déontologiques ont pour finalité de moraliser le monde
des affaires et surtout de le protéger contre certaines dérives de la spéculation.

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C. La supervision de l’intermédiation financière

La supervision de l’activité d’intermédiation financière par l’autorité de régulation revêt


plusieurs aspects. Le CREPMF va, outre la réglementation des activités financières, octroyer
l'agrément nécessaire à leur exercice. Le CREPMF va préciser le statut de chacun de ces
intermédiaires à travers son Règlement Général et veiller constamment au respect de cette
réglementation.

Les structures du marché que sont la BRVM et le DC/BR peuvent, en tant qu’institutions
spécialisées, édicter leurs propres règlements généraux qui vont s’appliquer aux intermédiaires
financiers à l’égard desquels elles disposent de pouvoirs d’autorisation, de contrôle et de sanction.

Il faut souligner que la mise en œuvre des décisions des structures de marché précitées est
soumise à l’approbation du CREPMF qui peut à cette occasion exercer sa faculté d’opposition.
Les règlements généraux des structures de marché doivent être approuvés par l’organe de
régulation. De même que certaines décisions telles que la suspension ou la radiation de la côte,
qui doivent être confirmées lorsqu’elles ne sont pas initiées directement par l’organe de
régulation. Selon l’article 178 dudit Règlement Général relatif à l’Organisation et au
fonctionnement du CREPMF, « Le Conseil Régional, apprécie la nature, la licité et la proportionnalité des
sanctions prises à titre conservatoire par la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières et le Dépositaire
Central/Banque de Règlement ». Notons enfin, que les régulateurs disposent d'un pouvoir permanent
de contrôle et d'enquête sur l'activité des entreprises de marché ainsi que sur toutes les personnes
agissant pour leur compte.

L’exercice de l’activité d’intervenants commerciaux (gestion des droits individuels des


épargnants) doit faire l’objet d’un agrément par l’organe de régulation. Il en va de même des
Sociétés de Gestion et d’Intermédiation (SGI) qui sont autorisés, au moyen d'un agrément
unique, à exercer diverses activités d'intermédiation financière.

PARAG.II. Le pouvoir de contrôle du CREPMF

La CREPMF est chargé de contrôler l’appel à l’épargne public. Il veille au respect, par les
émetteurs de titres, des obligations auxquelles ils sont soumis en matière d'appel public à
l'épargne.

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Le Conseil Régional contrôle l'activité de tous les intervenants, notamment les structures
de gestion du marché et les intervenants commerciaux agréés conformément à l’article 23 de
l’Annexe portant organisation, composition du CREPMF. Il peut diligenter des enquêtes auprès
des actionnaires, des sociétés-mères et des filiales, de toute personne morale ou physique ayant un
lien direct ou indirect avec les intervenants

Il peut effectuer des contrôles sur pièces. Au cours des contrôles, il peut exiger la
production d’informations régulières, dont il fixe la teneur et les conditions de transmission. Il
arrête les dispositions comptables applicables aux intervenants du marché.

Le Conseil Régional peut convoquer et entendre toute personne susceptible de lui fournir
des informations. Les personnes convoquées ont le droit de se faire assister d’un conseil de leur
choix.

PARAG.III. Le pouvoir de sanction du CREPMF

Afin d’appréhender le pouvoir de sanction du CREPMF, il convient au préalable


d’énoncer les sanctions susceptibles d’être prononcées par l’autorité de régulation régional (A),
avant d’aborder la question des voies de recours contre ses décisions (B).

A. Les sanctions envisageables

Aux termes de l’article 30 de l’Annexe à la Convention portant composition du


CREPMF, « Toute action, omission ou manœuvre qui s’avérerait contraire à l’intérêt général du marché financier
et à son bon fonctionnement, et/ou préjudiciable aux droits des épargnants sera punie de sanctions pécuniaires,
administratives et disciplinaires, selon les cas, sans préjudice des sanctions judiciaires qui pourront être prononcées à
l’encontre de leurs auteurs sur la base d’une action en réparation intentée à titre individuel par les personnes lésées
du fait de ces agissements.» Il résulte de la lecture du texte précitée que le CREPMF peut prononcer
des sanctions pécuniaires, disciplinaires et administratives.

1) Les sanctions pécuniaires

Ce sont les articles 31, 32 et 33 de l’Annexe portant composition du CREPMF qui


régissent les sanctions pécuniaires susceptibles d’être prononcées par le régulateur régional.
Quant à l’article 32 de ladite Annexe, il ajoute que « une sanction pécuniaire sera prise à l’encontre de toute
personne qui, agissant seule ou de concert avec d’autres, aura retiré un avantage quelconque, défini notamment
comme un gain matériel ou une perte évitée, à partir :

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a) d’une manipulation du marché,

b) d’une utilisation d’informations confidentielles et privilégiées relatives au marché,

c) d’une propagation de fausses informations,

d) d’une utilisation non autorisée de l’épargne des investisseurs à des fins personnelles,

e) d’une atteinte à l’information du public. »

Les sanctions pécuniaires visent à réprimer les manquements graves à la transparence du


marché et à l’égalité des partenaires sur le marché tels que le manquement d’initié, le manquement
de diffusion de fausses informations, le manquement de manipulations de cours. Ces sanctions
qui ne visent pas nécessairement les membres d’une profession donnée, peuvent être rapprochées
de celles prononcées par le juge pénal.

Les sanctions pécuniaires susceptibles d’être prononcées par le régulateur régional doivent
répondre aux critères de proportionnalité conformément à l’article 31 de l’Annexe à la
Convention qui ajoute « le montant des sanctions pécuniaires décidées par le Conseil Régional est fonction de la
gravité des fautes, omissions et violations commises et en relation avec les avantages ou les profits tirés de ces
actes. ».

Soulignons enfin que les textes régissant les marchés financiers de l’espace OHADA ne
semblent pas interdire le cumul entre décisions de sanctions administratives et sanctions pénales.
Ainsi, en plus des sanctions pécuniaires prononcées par le régulateur, les personnes
contrevenantes peuvent se voir infliger sur la base du même fait des peines d’amende ainsi que
des peines privatives de droits et de liberté. Ce cumul de sanctions peut enfreindre la règle pénale
de non bis in dem

2) Les sanctions disciplinaires

Les sanctions disciplinaires ont pour objet de punir les mauvais comportements au sein
d’une profession réglementée. Aux termes de l’article 35 de l’Annexe à la Convention portant
composition du CREPMF, « Lorsque le Conseil Régional constate une infraction à la réglementation, et sans
préjudice des sanctions pénales ou autres encourues, il prononce une ou plusieurs des sanctions disciplinaires
suivantes : l’avertissement, le blâme, l’interdiction à titre temporaire ou définitif de tout ou partie des activités, la
suspension ou la démission d’office des dirigeants responsables, le retrait temporaire ou définitif d’un agrément ou
d’un visa accordé ou encore la radiation des listes professionnelles tenues par le Conseil Régional. »

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Ce pouvoir disciplinaire dont jouit la CREPMF lui permet de sanctionner toute faute de
nature à compromettre la profession. Constituent des sanctions disciplinaires par excellence, les
sanctions privatives de droits tels que le retrait d’agrément ou l’interdiction d’activité.

3) Les sanctions administratives

Selon l’article 34 de l’Annexe à la convention portant organisation du CREPMF, « Lorsque


le Conseil Régional constate qu’un intervenant commercial a manqué aux règles de bonne conduite de la profession
ou ne remplit plus les conditions requises pour l’agrément, il peut adresser à l’intervenant concerné :

- soit une mise en garde,

- soit une injonction à l’effet notamment de prendre, dans un délai déterminé, les mesures de redressement
nécessaires ou toutes mesures conservatoires qu’il juge appropriées.

L’intervenant, qui n’a pas déféré à cette injonction, est réputé avoir enfreint la réglementation. »

Il résulte de la lecture de cette disposition que l’autorité de régulation peut prononcer


deux types de sanction : les mises en garde et les injonctions.

** Les mises en garde

Le régulateur régional peut mettre en garde les acteurs commerciaux qui ne respectent pas
les règles déontologiques auxquelles ils sont soumis. Il s’agit d’un avertissement avant une
éventuelle sanction.

Il peut également mettre en garde les investisseurs lorsqu’il constate une offre de produits
contraire aux lois et règlements. Sur son site internet, il peut donner des conseils aux investisseurs
afin qu’ils diversifient leurs risques, et les aider à prendre la mesure de leurs engagements
financiers afin de s’engager en connaissance de cause. Conformément à sa mission générale de
protection de l’épargne publique investie dans les produits financiers, le CREPMF peut, à des fins
pédagogiques, dénoncer au public, les agissements suspects. Il peut également mettre en garde le
public contre les appels publics de l’épargne qui ne respectent pas les exigences réglementaires.

C’est ainsi que le 13 juin 2006, le CREPMF a appelé le public à la vigilance face aux
agissements de certaines structures d’investissement qui collectaient des fonds du public en vue
du placement via internet moyennant promesse de retour de rendements allant de 100 à plus de
500% de la mise initiale. Il a exigé des promoteurs de ces structures à cesser leurs agissements et à
se mettre en conformité avec la réglementation sous peine de sanctions. Par conséquent, les
mises en garde ont un caractère simplement informatif. La mise en place, à l’instar de la France
avec l’AMF, de dispositifs d’information et d’écoute du public par l’ouverture des bureaux auprès

12
des antennes régionales de la BRVM serait salutaire; ce qui favorisera l’information et la
protection du public de l’espace UEMOA.

** Les injonctions

L’autorité de régulation peut, en cas de comportements non-conformes à la


réglementation des entreprises de marché et des intermédiaires financiers, leur adresser des
injonctions. Tout comme les juges, les autorités de régulation financière ont le pouvoir
d’ordonner que soient mises fin à certaines pratiques contraires aux dispositions législatives et
réglementaires. L’injonction peut être appréhendée comme un ordre qui suppose et fait entrevoir
une sanction. La crainte de sanctions plus graves va conduire l’opérateur concerné à se conformer
aux exigences réglementaires. L’injonction va au-delà du simple « rappel au règlement » et
ordonne au contrevenant d’adopter un comportement déterminé. C’est un préalable obligatoire à
une éventuelle sanction.

B. Voies et recours contre les décisions du CREPMF

Les décisions du Conseil Régional sont exécutoires de plein droit sur le territoire de
chacun des États de l'UMOA dès leur notification à l'intéressé ou leur publication.

Les recours contre les actes du Conseil Régional, qui ont un caractère réglementaire ou
qui sont relatifs à l'agrément des intervenants du marché, sont soumis à la Cour de Justice de
l'UEMOA. Sont donc de la compétence du juge communautaire de l’UEMOA les décisions
individuelles concernant l’octroi ou de retrait d’agrément.

Les recours contre les autres actes du Conseil Régional relèvent de la compétence des
Tribunaux judiciaires des États. -Les juges judiciaires des États sont compétents, conformément à
l’article l’alinéa 2 de l’article 49 de l’Annexe à la Convention portant composition du CREPMF,
pour connaître tous les autres actes pris par le CREPMF. Peuvent ainsi être soumis aux
juridictions nationales les décisions du régulateur relatives à l’octroi ou au refus de visa à un
émetteur, les décisions de sanction infligées aux non professionnels, les décisions de sanction
infligées aux professionnels mais n’ayant pas trait à l’agrément.

Les recours doivent être formés dans un délai de deux mois à compter de la notification
de la décision au requérant, de la publication ou à défaut du jour où celui-ci en a eu connaissance.
Ces recours n'ont pas d'effets suspensifs.

13
Qu’en est-il des décisions de sanctions disciplinaires prononcées par le régulateur régional
à l’encontre d’un professionnel ? Le législateur UMOA est silencieux sur la question. il convient
de recourir à la jurisprudence étrangère. En France, il est admis que le recours devant le Conseil
d’État est de pleine juridiction en matière de sanction.

L’article 15 alinéa 2 du Règlement n°01/96/CM/UEMOA du 05 juillet 1996 portant


Règlement de procédures de la Cour de Justice de l’UEMOA semble toutefois pencher pour la
qualification de recours en excès de pouvoir lorsqu’il dispose que « la Cour est compétente pour
connaître (…) du recours en appréciation de légalité. Le recours en appréciation de légalité est dirigé contre les actes
communautaires obligatoires ; les règlements, les directives ainsi que les décisions individuelles prises par le Conseil
et la Commission. Ce recours est ouvert à toute personne physique ou morale, contre tout acte d’un organe de
l’Union faisant grief ». Il semblerait que les actes du régulateur financier UEMOA soient visés.

CHAP. II. L’organisation du marché financier régional /Les acteurs du


marché

Selon l’article 7 du Règlement général relatif à l’organisation, au fonctionnement et au


contrôle du marché financier régional de l’UMOA, « Les acteurs du marché financier régional sont : a) les
structures de marché : la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) et le Dépositaire Central/Banque de
Règlement ;

b) les intervenants commerciaux : les Sociétés de Gestion et d'Intermédiation (SGI), les Sociétés de Gestion de
Patrimoine (SGP), les Conseils en Investissements Boursiers, les Apporteurs d'Affaires et les Démarcheurs.

Ils sont agréés par le Conseil Régional. »

Il résulte de l’analyse du texte précité que les acteurs du marché sont les structures de
marché (Section I) et les intervenants commerciaux (Section II). A la suite de leur présentation,
il convient d’énoncer sommairement leurs obligations (Section III).

SECTION I. Les structures centrales du marché

Les structures centrales du marché sont la BRVM et le Dépositaire Central/Banque de


Règlement (DC/BR). Conformément à l’article 15 du Règlement Général du CREPMF, les
structures du marché financier régional de l’UEMOA que sont la BRVM et le DC/BR jouissent
d’une concession exclusive de service public sur l’ensemble du territoire des États membres. En
vertu de la disposition précitée, les États membres de l’UEMOA ne peuvent mettre en place des

14
marchés financiers nationaux. Il ne peut y avoir de coexistence entre les marchés financiers
nationaux avec le marché financier régional ou avec des antennes nationales du marché financier
régional. Nous allons présenter la BRVM (Parag. I) ensuite le DC/BR (Parag. II).

Parag. I. La BRVM

A l’origine de la BRVM se trouve la Bourse des Valeurs d’Abidjan. Inaugurée le 02 avril


1976, cette Bourse nationale a eu un bilan assez mitigé. Ce marché financier ivoirien va subir une
transformation et devenir un marché financier commun aux huit États : c’est la Bourse Régionale
des Valeurs Mobilières (BRVM). C’est une institution financière spécialisée créée le 18 décembre
1996 dont le capital est souscrit par des acteurs économiques régionaux de l’Afrique de l’Ouest.
Elle est commune aux huit États membres de l’UEMOA: Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire,
Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. La BRVM a démarré ses activités le 16 septembre
1998. Son siège est situé à Abidjan et elle est représentée dans chaque État de l’Union par une
Antenne Nationale de Bourse (ANB). L'exclusivité conférée à la BRVM sur le marché financier
régional de l'UEMOA signifie qu'il ne saurait exister aucune autre plateforme de négociation des
instruments financiers sur le territoire des États membres si ce n'est une entité démembrée de la
BRVM.

Il en va autrement dans l’espace CEMAC où la qualité d’entreprise de marché reconnue à


la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) ne s’applique qu’à l’exercice de
cette mission au plan régional. En Afrique centrale, les marchés financiers nationaux peuvent
coexister avec le marché financier régional ou avec des antennes nationales du marché financier
régional. Ainsi, le marché financier camerounais, dénommée Douala Stock Exchange (DSX)
coexiste avec les antennes du marché financier régional.

Il convient de présenter les missions (A) et pouvoirs de la BRVM (B)

A. Les missions de la BRVM

La BRVM qui est une société anonyme a pour missions principales: l’organisation du
marché boursier, la publication des transactions boursières, la diffusion des informations sur la
Bourse, la promotion et le développement du marché.

Elle établit ses propres règlements et instructions qui doivent être conformes au
Règlement Général de l’autorité de tutelle, le CREPMF. Les décisions de la BRVM sont soumises
à l’approbation du CREPMF, organe de surveillance, qui peut à cette occasion exercer sa faculté
d’opposition. Les règlements généraux de la BRVM doivent être approuvés par l’organe de
régulation. Il en est de même de nombreuses décisions comme par exemple la suspension ou la

15
radiation de la cote qui doivent être confirmées lorsqu’elles ne sont pas initiées directement par
l’organe de régulation.

B. Les pouvoirs de la BRVM

Il s’agit entre autres du pouvoir de sanction, du pouvoir d’avis et du pouvoir de


surveillance et de contrôle

*** Le pouvoir de sanction

Selon l’article 10 du Règlement général de la BRVM, « la BRVM dispose d’un pouvoir de


sanction immédiate, dans le cas d’agissements contraires à l’intérêt du marché ». Ce pouvoir de sanction que
lui a délégué le CREPMF s’exerce tant à l’égard des SGI qu’aux personnes travaillant pour leur
compte sur le Site Central et les Antennes Nationales de la BRVM.

En vertu de ce pouvoir de sanction, la BRVM peut notamment décider d’évincer de la


séance de cotation, la Société de Gestion et d’Intermédiation (SGI) ou la personne concernée.
Cette décision qui doit être motivée est soumise au CREPMF. L’entreprise de marché qu’est la
BRVM exerce ainsi la police du marché grâce à son pouvoir d’admission, de suspension et de
retrait de la cote d’instruments financiers.

Les sanctions de nature disciplinaire frappant les actionnaires ou adhérents de la BRVM


(sanctions disciplinaires relatives à l’activité des professionnels du marché et non celles
concernant le personnel) qui ont enfreint les dispositions réglementaires de la BRVM, font l’objet
d’un recours devant le CREPMF. Conformément à l’article 177 du Règlement général relatif à
l’Organisation, au fonctionnement du marché financier régional, le CREPMF est l'instance de
recours de pleine juridiction contre toutes les décisions des structures de marché qu'il agrée. Le
délai de recours devant le Conseil Régional est fixé à 30 jours, à partir de la date de réception de
la notification de la décision aux parties par LRAR.

Selon l’article 187 du Règlement précité, la décision de l’instance de recours est rendue en
dernier ressort à l’égard de chacune des parties concernées.

****Pouvoir d’avis

Si l’agrément des SGI relève de l’autorité du CREPMF, un avis technique conforme de la


BRVM est requis pour la fonction de négociateur-compensateur. La BRVM dispose d’un délai de
30 jours, à compter de la remise du dossier complet pour donner son avis.

****Pouvoir de surveillance et de contrôle

16
Dans le cadre de sa mission, la BRVM s’assure que les personnes placées sous sa propre
autorité ou agissant pour son compte respectent leurs obligations professionnelles. La détention
d’une carte professionnelle est obligatoire pour certaines fonctions au sein de la Bourse
Régionale.

La Bourse Régionale veille à la régularité des opérations effectuées par les Sociétés de
Gestion et d’Intermédiation (SGI) ou par des personnes agissant pour le compte de ces sociétés.
Elle exerce ces contrôles notamment par la présence des responsables de la Bourse Régionale sur
le site Central et sur les Antennes Nationales lors des séances de cotation.

Parag. II. Le Dépositaire Central / Banque de Règlement (DC / BR)

Le Dépositaire Central/Banque de Règlement (DC/BR) est une entité privée. Le siège du


DC/BR est à Abidjan. Il est représenté dans chaque État membre de l'UEMOA par une Antenne
Nationale de Bourse. Il est chargé de la conservation et de la circulation des valeurs mobilières
pour le compte des émetteurs et des intermédiaires financiers agréés par le CREPMF. Il fait
office de banque de règlement et peut détenir les encaisses des négociateurs (comptes espèces).
Plus simplement, c’est une sorte de banque interne au marché financier de l’UEMOA.

Après avoir présenté ses missions (A), il convient d’énoncer ses pouvoirs (B).

A. Les missions de la DC/BR

Le Dépositaire Central/Banque de Règlement assure les missions suivantes :

-la centralisation de la conservation des comptes courants des valeurs mobilières pour le compte
de ses adhérents ; Le dépositaire central tient à jour dans ses comptes, pour chaque émission dont
il a connaissance, la quantité totale de titres émis et la quantité détenue par chaque établissement
inscrit en compte chez lui (ce qui simplifie l’administration des titres)

-Le règlement et la livraison des opérations de bourse en organisant pour chaque Société de
Gestion et d'Intermédiation (SGI), la compensation valeur par valeur entre les titres achetés et
vendus (plus simplement une fois l'opération négociée, l'investisseur se tourne vers son
dépositaire afin que celui-ci prenne en charge la partie "post-marché". En effet pour que

17
l'opération soit dûment enregistrée il faut procéder à l'échange des titres fournis par le vendeur
contre les espèces fournies par l'acheteur. C’est le règlement-livraison.

-le règlement des soldes résultant des compensations relatives aux opérations de marché et le
paiement des produits (intérêts, dividendes, etc.) attachés à la détention des valeurs mobilières ;

- En sa qualité d’agence de codification : d’avoir la responsabilité de déterminer et d’affecter les


codes relatifs aux adhérents et aux valeurs afin de permettre leur identification lors des opérations
réalisées sur le marché

-il met en action le Fonds de Garantie en cas de défaillance d'un adhérent.

B. Les pouvoirs du DCBR

*** Pouvoir d’avis

L’avis technique favorable du DCBR, en ses qualités de dépositaire des titres et de


Banque de Règlement, est requis dans le cadre de la procédure d’agrément d’une Société de
Gestion et d’Intermédiation ou d’une banque/conservateur de l’UMOA par le Conseil Régional.
Le DCBR dispose d’un délai de 30 jours pour se prononcer sur la capacité d’une Société de
Gestion et d’Intermédiation, d’une banque/conservateur de l’UMOA et d’un émetteur candidats
à assurer la fonction de teneur de comptes titres, et ce dans de bonnes conditions.

***Pouvoir de sanction

Le DCBR est autorisé à suspendre, interdire ou annuler toute opération ou prendre


immédiatement les mesures qui s’imposent en cas de constatation par ses soins de la non
conformité d’une opération de la part d’un ou plusieurs adhérents. En cas d’action grave ou
répétée, contraire à son Règlement Général, à ses instructions, avis et circulaires relevées par le
Dépositaire Central / Banque de Règlement à l’encontre d’un adhérent, il peut décider de cesser
toute activité pour le compte de ce dernier.

***Pouvoir de contrôle

Il exerce son contrôle dans le cadre de ses activités. Toute irrégularité, infraction ou
manquement aux règles de marché et/ou aux principes qui régissent la conservation des valeurs
mobilières et le processus de règlement/livraison des opérations, susceptible de nuire ou de

18
porter atteinte à la sécurité et à l’intégrité du marché ou à la sécurité et à l’intégrité des avoirs des
titulaires, doit être immédiatement signalé au CREPMF qui est habilité à diligenter des missions
de contrôle au sein des Adhérents concernés.

SECTION II. Les intervenants commerciaux


Il faut distinguer les acteurs commerciaux d’une autre catégorie d’intervenants
commerciaux que sont les agences de notation et les garants.

PARAG. I. Les acteurs commerciaux


Il faut distinguer les intermédiaires à compétence générale (A) de ceux à compétence
spéciale (B) et les OCPVM (C).

A. Les intermédiaires à compétence générale

Il s’agit d’intermédiaires autorisés, au moyen d'un agrément unique, à exercer la totalité


des activités d'intermédiation financière (la réception et transmission d'ordres de bourse, la
négociation, la tenue de compte, la conservation et la compensation, la gestion de portefeuille, le
démarchage financier, le conseil en gestion de patrimoine ou le placement des valeurs mobilières).

Ces intermédiaires à compétence générale sont désignés dans l’espace UEMOA sous la
dénomination de Sociétés de Gestion et d’Intermédiation (SGI). Les Sociétés de Gestion et
d’Intermédiation sont une catégorie d’établissements financiers expressément soustraite à la
réglementation bancaire. Elles sont obligatoirement constituées sous la forme juridique de
sociétés anonymes. Elles ont reçu l’agrément du CREPMF pour exercer l’activité de négociateur
en bourse. Comme condition à leur agrément, les SGI doivent présenter des garanties suffisantes,
notamment en ce qui concerne la composition et le montant de leur capital, leur organisation,
leurs ressources humaines, techniques et financières, l’honorabilité de leurs dirigeants ainsi que les
dispositions propres à assurer la sécurité de la clientèle (contrôle interne).

Outre ces mesures préventives, chaque SGI est tenue de contribuer à un Fonds de
protection des épargnants chargé d’indemniser la clientèle en cas de défaillance de la SGI.

B. Les intermédiaires à compétence spéciale

Ce sont des professionnels indépendants, personnes physiques ou personnes morales qui


agissent soit en mettant en contact les clients et les intermédiaires à compétence générale, soit en
effectuant ou en préparant leurs clients à effectuer de façon éclairée leurs opérations en bourse.

19
On distingue les SGP (1), les conseillers en placement (2), les conseillers en
investissements boursiers (3), les apporteurs d’affaires (4), les démarcheurs (5).

1) Les SGP (société de gestion de portefeuille)

Les SGP sont des personnes morales qui, par le biais de placements et négociations en
bourse effectués par les SGI, interviennent discrétionnairement dans la gestion des titres qui leurs
sont confiés sur la base d’un mandat de gestion établi avec leurs clients. Ces sociétés ne doivent
pas détenir les titres et/ou les fonds de leurs clients. Les Sociétés de Gestion de Patrimoine
doivent justifier de l’honorabilité et de l’expérience professionnelle de leurs dirigeants, salariés et
mandataires en contact direct avec la clientèle. En vue de solliciter leur agrément, les SGP sont
tenues de fournir un dossier dont le contenu est précisé par une instruction du Conseil Régional.

2. Les conseillers en investissements boursiers

Ce sont les personnes physiques ou morales qui orientent le choix de leurs clients sans se
substituer à eux quant à leurs décisions finales. Il est fait interdiction aux Conseils en
investissements boursiers, personnes physiques ou morales, de recevoir de leurs clients des
dépôts de fonds, de titres ou de transmettre des ordres de bourse aux SGI pour le compte des
clients qu’ils conseillent. Notons enfin, que nul ne peut, à titre de profession habituelle, sans
habilitation préalable du CREPMF, fournir des conseils en matière d’investissements, à caractère
boursier notamment, à des tiers.

3) Les apporteurs d’affaires

Les Apporteurs d’Affaires sont des personnes physiques ou morales qui transmettent les
ordres de leurs clients aux SGI et (ou) qui mettent en relation un client avec une SGI ou une SGP
pour l’ouverture d’un compte de titres et pour les conseils en placement ou la gestion sous
mandat. Les personnes physiques ou morales agréées à cet effet, les établissements bancaires sont
autorisés à effectuer des activités d’Apporteurs d’affaires.

4. Les démarcheurs

Sont considérées comme activités de démarchage, toutes opérations auxquelles se livre


celui qui se rend habituellement soit au domicile ou à la résidence des personnes, soit sur leurs
lieux de travail, soit dans les lieux ouverts au public et non réservés à de telles fins en vue de
conseiller la souscription, l’achat, l’échange, la vente de valeurs mobilières ou, la participation à
des opérations sur ces valeurs. Nul ne peut, à titre de profession habituelle, sans l'agrément
20
préalable du CREPMF, exercer les activités de démarcheurs. Une instruction du CREPMF
précise les éléments du dossier d’agrément à fournir.

C. La gestion collective des droits des épargnants

Aux termes de l’article 72 du Règlement général relatif à l’organisation et au


fonctionnement du marché régional UMOA, « La gestion collective déléguée s’effectue au sein des
"Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières" (OPCVM) regroupés en :
a) Sociétés d'Investissement à Capital Variable (SICAV),
b) Fonds Communs de Placement (FCP), copropriété de valeurs mobilières,
c) ou toute autre forme de placement collectif agréée par le Conseil Régional »
Un OPCVM est un organisme financier qui collecte l’épargne des agents économiques en
émettant des actions ou des parts. L’épargne ainsi collectée est utilisée pour constituer un
portefeuille de valeurs mobilières. Les OPCVM sont regroupés soit en sociétés d’investissement à
capital variables (SICAV), soit en fonds commun de placements (FCP) ou toute autre forme
d’organisme de placements collectifs en valeurs mobilières agréée par le CREPMF. Le
dénominateur commun propre à ces deux catégories d’OPCVM réside dans leur objet qui
consiste en la gestion collective d'un portefeuille d'instruments financiers. La particularité des
organismes de gestion collective réside dans le fait qu’ils s’interposent plus ou moins
complètement entre l’épargnant et la société émettrice.

Les OPCVM sont tenus de solliciter le visa du Conseil Régional avant le début des
opérations de souscription. Peuvent créer les OPCVM, les banques, les SGI et toute autre
structure habilitée à cet effet par le CREPMF.

PARAG. II. Les autres intervenants commerciaux

Il s’agit des agences de notation et des garants

A. Les agences de notation

Les agences de notation sont des établissements indépendants qui évaluent la qualité des
émetteurs et leur attribuent une note établissant leur fiabilité en tant que débiteurs. Dans la
pratique, l’agence mandatée a accès à l’ensemble des documents et des responsables de son client.
Au terme du processus d’évaluation, l’agence donne une notation à son client. Si le client n’est
pas satisfait de sa notation, il peut refuser celle-ci. Dans une telle hypothèse, la note ne sera pas
publiée. Si le contrat avec l’agence est maintenu, la notation est en principe rendue publique.

Les notations des instruments de financement à moyen terme (plus d’un an) ou long
terme (10 ans ou plus), vont de AAA (triple A), qualité de crédit la plus élevée, à D, défaut de

21
paiement constaté ou imminent. La notation à court terme juge de la capacité du débiteur à
remplir ses engagements à un an au plus.

Les critères sur lesquels se fondent les agences de notation sont :

-pour une entreprise : des critères comptables, de gestion, d’examen des risques, de perspectives
économiques

-pour un État : la situation économique, la stabilité politique, monétaire et budgétaire

- pour une opération : la modélisation de l’opération et de ses flux financiers permettant une
évaluation du risque de défaut et de la perte possible.

C’est l’instruction n°37/2009 relative aux conditions d’exercice de l’activité d’agence de


notation sur le marché régional de l’UMOA qui introduit la notation dans l’espace UEMOA.
L’exercice de l’activité de l’agence de notation sur le marché financier régional est soumis à
l’approbation du CREPMF. Il y a actuellement dans l’UMOA deux agences de notation à savoir
la West Africa Ratings Agency (Wara) et la Bloomfield Investment Corporation. L’agence de
notation West Africa Ratings Agency (Wara) a confirmé la note “BBB” attribuée à Coris Bank
international. Parmi les atouts du groupe bancaire burkinabé qui préparait son entrée en Bourse,
Wara a retenu sa croissance rapide, son caractère innovant et sa bonne gestion des risques.
L’adoption de la notation permet aux investisseurs d’avoir une meilleure appréciation des risques
pris suivant les émetteurs et les émissions.

B. Les garants

En finance, un garant désigne une personne qui apporte une garantie financière lors d'une
transaction. Plus largement, le garant est une personne, physique ou morale, ayant souscrit un
engagement légal qui lui impose de servir de garantie. C’est l’instruction n°38/2009 relative à
l’approbation des garants dans le cadre des opérations d’appel public sur le marché financier
régional de l’UMOA qui traite des intervenants. Sont habilitées à être garants les personnes
morales suivantes : les organismes financiers internationaux et régionaux, les institutions
publiques d’aide au développement, toute entité approuvée par le CREPMF. Les garants sont la
BOAD, le Fonds de Solidarité Africain, GUARANTCO LTD, PROPARCO.

SECTION III. Les obligations des acteurs commerciaux

Les obligations qui pèsent sur les agents commerciaux sont assez nombreuses et
différentes les unes des autres. Il peut s’agir d’obligations prudentielles et comptables, de
l’adhésion à un mécanisme de garantie des titres, et de participation à la lutte contre le

22
blanchiment d’argent. Nous en présenterons quelques unes en distinguant les obligations
générales des obligations relevant du contrat et celles concernant l’obligation d’information.

PARAG. I. Les obligations générales

Nous en présenterons trois.

A. Les obligations prudentielles et comptables

Les normes ou règles prudentielles désignent l’ensemble des règles de gestion globalement
destinées à assurer la stabilité financière des établissements de crédit 6, d’un secteur économique
donné. Ces normes visent à garantir la solvabilité et l’équilibre de la structure financière des
acteurs commerciaux. Les règles prudentielles applicables aux émetteurs, aux intermédiaires
financiers et aux structures de marché relèvent du CREPMF en zone UEMOA.

Les règles prudentielles sont issues de l’AU/DSCGIE et sur l’acte uniforme sur
l’harmonisation des comptabilités. Il s’agit des dispositions de nature quantitative et qualitative
qui s’appliquent aux sociétés faisant publiquement appel à l’épargne ou dont les titres sont cotés à
la bourse des valeurs d’un ou de plusieurs États parties au Traité OHADA. L’article 824 de
l’AU/DSC-GIE fixe le capital social minimum des sociétés anonymes faisant appel public à
l’épargne à au moins 100.000.000 de francs CFA. Ce capital doit être maintenu à ce seuil
minimum, en deçà, la société en question doit se transformer en une société d’une autre forme, ce
qui a pour conséquence la cessation de l’appel public à l’épargne et donc, le changement d’activité
pour la plupart des entreprises concernées. Cette exigence du capital social minimum s’applique
aux sociétés émettrices, mais aussi aux intermédiaires financiers et aux structures du marché qui
ne peuvent pour la plupart être constitués que sous la forme de sociétés anonymes (Voir
instruction n°40/2009 relative à la structure de gestion des intervenants commerciaux du marché
financier régional de l’UMOA qui vise les SGI, SGP, les SICAV). Si le capital de ces dernières
sociétés venait à tomber en dessous du seuil minimum de 100.000.000 de francs CFA, elles
perdraient de ce fait leur agrément dans la mesure où elles seraient obligées d’adopter une forme
sociale non compatible avec l’exercice d’une activité boursière. Le contrôle du respect de cette
règle est assuré par les commissaires aux comptes dont au moins deux principaux et deux

6
Anne-Dominique Merville, L’essentiel du Droit financier, éditions Gualino, 2016, p. 94.

23
suppléants sont obligatoirement désignées dans toutes les sociétés anonymes consistant à certifier
que les états financiers de synthèse sont réguliers et sincères.

Une règle prudentielle de base imposée aux SGI est le paiement de cotisations versées au
Fonds de Garantie du Marché dans les conditions fixées par la BRVM.

B. L’obligation relative à la lutte contre le blanchiment d’argent

Le système financier peut être utilisé pour recycler de l’argent dont la provenance est
douteuse. Les sommes peuvent être déposées et permettre l’achat de produits financiers. Ils sont
ensuite convertis, échangés, puis réintégrer dans les circuits divers afin de conférer au fonds une
apparence de légalité.

Dans l’espace UMOA, c’est l’instruction n°35/2008 relative à la lutte contre le


blanchiment de capitaux au sein des acteurs agrées du marché financier régional de l’UMOA qui
traite de la question. Le champ d’application de cette instruction est assez large puisqu’elle
concerne tous les acteurs à savoir la BRVM, DC/BR, la SGI, SGP, les OCPVM, les sociétés de
gestion des OCPVM, les BTCC, apporteurs d’affaires, démarcheurs etc. Le CREPMF met à la
charge des acteurs précités des obligations de vigilance qui vise « les clients » et de déclarations
qui visent les opérations. Ces obligations sont relatives à la connaissance des clients et à la
surveillance des opérations de ces derniers. Concrètement, il s’agit de vérifier l’identité des
personnes, leur profession, leur patrimoine, résident ou non- résident, exercice de fonctions
politiques.

Le CREPMF met à la charge des différents acteurs du marché financier régional une
obligation de déclaration de soupçon. Ils doivent procéder à la déclaration d’opérations suspectes.
Ils doivent déclarer auprès de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières
(CENTIF) les opérations portant sur des sommes qui pourraient s’inscrire dans un processus de
blanchiment de capitaux (sommes remises par la clientèle qui pourraient provenir du trafic de
stupéfiants ou du crime organisé ; opérations qui portent sur des sommes qui pourraient provenir
du trafic de stupéfiants ou du crime organisé ; toute opération dont l’identité du donneur d’ordre
ou du bénéficiaire est douteuse).

C. Les obligations de déclaration de soupçon d’abus de marché

En vertu de l’obligation générale de vigilance qui pèse sur les acteurs du marché, ceux-ci
sont tenus de mettre en œuvre les procédures adaptées de manière à permettre la détection des

24
opérations susceptibles de constituer une opération d’initié ou une manipulation de cours. Après
s’être forgé une opinion sur le caractère suspect de l’opération, il doit en informer le CREPMF. Il
existe des signaux constitutifs d’abus connus des acteurs commerciaux.

PARAG. II. Les obligations spécifiques au contrat (contractuelles)

Nous évoquerons deux obligations principales à savoir les obligations relevant du contrat
liant le prestataire au client, les obligations d’informations dues aux clients.

A. Les obligations relevant du contrat liant le prestataire au client

L’intermédiaire financier est lié à son client (investisseur ou émetteur) par un contrat régit
à la fois par le droit des marchés financier et le droit commun des contrats. Ces obligations
résultent du mandat qui lie le prestataire à son client. Selon l’article 1991 du code civil, le
mandataire est tenu d’accomplir le mandat tant qu’il en demeure chargé et répond des
dommages-intérêts qui pourraient résulter de son inexécution. Conformément à l’article 1993 du
code civil, il a l’obligation de rendre compte au mandant de l’exécution de sa mission. Il pèse ainsi
sur le mandataire une obligation de diligence et de loyauté.

La jurisprudence étrangère a considéré que commet une faute, le gérant de portefeuille qui
ne respecte pas son obligation contractuelle d’informer ses clients de l’évolution de leur
portefeuille notamment en pleine crise financière ce qui prive ces derniers d’une chance de
prendre les mesures nécessaires pour limiter leurs pertes. Toutefois, la théorie de l’aléa financier
interdit toute action fondée sur la baisse de cours des titres détenus.

B. Les obligations d’informations dues aux clients

Le CREPMF met à la charge du gestionnaire un devoir de connaissance de son client.


Dans le cadre de son activité de conseiller en investissement financier et de gestion de
portefeuille, l’intermédiaire financier doit obtenir les informations sur la situation de son client. Il
doit s’enquérir auprès de ses clients ou de ses potentiels clients de leurs expériences et
connaissances en matière d’investissement, de leur situation financière, de leur objectif
d’investissement afin de leur conseiller les instruments financiers appropriés.

Il doit vérifier et apprécier les connaissances et l’expérience du client en matière boursière.


Il doit le mettre en garde sur les risques propres aux produits ou instruments financiers.

25
TITRE II. LES INSTRUMENTS FINANCIERS ET LES OPERATIONS DE
MARCHE

CHAP. I. Les instruments financiers

La Bourse Régionale offre trois types de produits financiers à savoir les actions, les
obligations et les droits

Section I. Les actions


Après avoir défini les actions (Parag. I), il convient de préciser les droits des actionnaires
(Parag. II).

Parag. I. Définitions des actions

L’action est une part du capital d’une société par actions. C’est un titre de propriété (ou
titre de participation) qui confère à son détenteur la propriété d’une fraction d’une entreprise
(société). En d’autres termes, l’action représente un droit de propriété ou un titre de participation
dans une société.

Il y a plusieurs types d’actions. L’action ordinaire qui est un titre représentatif d’une
participation ou d’une part de propriété dans une entreprise. Il donne un droit de vote lors des
assemblées des actionnaires. L’action ordinaire est la plus connue des actions. L’action privilégiée
qui est une action d’une société accordant à son détenteur le droit de recevoir un dividende fixe
avant les actions ordinaires et une somme fixe en cas de liquidation. Notons enfin, que le marché
des actions est le plus connu de la BRVM.

Parag. II. Droits des actionnaires

Les actionnaires sont titulaires de droits pécuniaires et non pécuniaires.

- Droits pécuniaires de l’actionnaire : l’actionnaire bénéficie d’un certain nombre de droits


financiers. Il peut toucher des dividendes distribués par la société dans les conditions fixées dans
les statuts. Il peut toucher les bénéfices mis en réserve et dispose d’un droit préférentiel de
souscription en cas d’augmentation de capital par apport en numéraire.

- Droits non pécuniaires de l’actionnaire : il bénéficie d’un droit de vote à l’assemblée générale
des actionnaires ; chaque action ordinaire donnant droit à une voix. De façon générale, il a un
droit d’information sur la société. L’actionnaire peut à tout moment prendre connaissance des
documents sociaux (rapport annuel, résolution d’assemblée générale etc.). Il peut décider de la

26
politique future de l’entreprise (investissement à réaliser, élargissement des secteurs d’activité,
ouverture internationale, etc.)

Section II. Les Obligations

Une obligation est un titre de créance. Ce sont des titres de créances représentatifs de
dettes. Une obligation donne droit au paiement d’un intérêt et au remboursement du capital.

Le porteur de l’obligation (l’épargnant ou l’investisseur qui achète une obligation) est un


créancier de l’émetteur de l’obligation (emprunteur). Il a prêté à l’émetteur. vis-à-vis du porteur
ou détenteur d’une obligation, l’émetteur s’oblige à :

- lui rembourser le prêt à son échéance

- lui payer un intérêt sur la somme empruntée : cet intérêt est aussi appelé coupon.

Le détenteur d’une obligation perçoit un revenu connu à l’avance ou dont la révision se


réalise dans des conditions précisées au moment de l’émission. En cas de faillite de l’émetteur, le
détenteur d’une créance est prioritaire sur l’actionnaire. A la différence des actions qui ne sont
émises que par les sociétés privées, les obligations le sont aussi par les administrations publiques
et semi-publiques. L'émetteur (emprunteur) peut être un État, une collectivité locale ou une
entreprise publique ou privée.

Section III. Les droits

Il s’agit des droits de souscription qui confèrent à un actionnaire ordinaire le droit


d’acheter d’autres actions à un prix fixé à l’avance. Les droits de souscription confèrent au
détenteur d’action le droit d’acheter d’autres actions à un prix fixé à l’avance émis dans le cas
d’opération de capital ayant pour but de lever des fonds auprès des actionnaires et du public.

Les droits de souscription visent à préserver les intérêts des anciens actionnaires dont la
part dans l’entreprise risque d’être réduite par l’arrivée de nouveaux investisseurs. Les anciens
actionnaires bénéficient d’une priorité d’achat sur les nouvelles actions émises, représentées par
un droit de souscription ou d’attribution. Le droit de souscription ou d’attribution peut être coté
pendant la durée de l’opération capitalistique.

CHAP.II. Les opérations de marché


Toutes les sociétés des pays membres de l’UEMOA qui remplissent les conditions
d’admission requises peuvent lever directement des capitaux auprès du public. Ainsi, le capital
minimum exigé des entreprises souhaitant voir leurs titres cotés sur l’une des places financières de
27
l’espace OHADA est fixée à 100.000.000 F CFA (article 824 de l’AU/DSCGIE). Il s’agit là d’une
exigence commune à toutes les sociétés faisant appel public à l’épargne, laquelle exigence est
renforcée par d’autres dispositions particulières à la Bourse. L’admission des actions aux
différents compartiments (segments de marché) de la BRVM est fonction de critères relatifs à la
capitalisation boursière (taille boursière), aux profits et au pourcentage des actions diffusées dans
le public.

La BRVM dispose de trois compartiments. Pour être admise au premier compartiment de


la BRVM, l’entreprise candidate doit présenter une capitalisation boursière égale ou supérieure à
500.000.000 (cinq cent) millions de F CFA et avoir une marge nette sur chiffre d’affaires sur
chacune des trois dernières années de 3% (article 62 du Règlement général de la BRVM). Pour les
actions inscrites au second compartiment, la capitalisation boursière requise est d’au moins 200
millions F CFA (article 63 du Règlement général de la BRVM) .

Les obligations émises par les sociétés et les emprunts des États sont admis au
compartiment obligataire. Le compartiment obligataire de la BRVM n’est accessible qu’aux
emprunts dont le nombre total à l’émission est supérieur à 25.000 titres. La valeur nominale
minimale de l’émission est de 500 millions F CFA.

Après avoir présenté le déroulement d’une opération de Bourse, il convient de présenter


quelques opérations particulières de bourse les offres publiques.

SECTION I. Le déroulement de l’opération de bourse


L’investissement en Bourse se fait par l’entremise d’une Société de Gestion et
d’Intermédiation (SGI). Celle-ci exécute les ordres d’achat et de vente qui lui sont transmis,
effectue la tenue de compte et conseille dans la gestion de portefeuille. Les titres échangés sont
comptabilisés auprès de la SGI ou du Conservateur. Le compte auprès de la SGI est appelé
compte titre; il est semblable à un compte de dépôt ordinaire, sauf qu’il est destiné à recevoir des
titres.

Les ordres d’achat et de vente saisis par la SGI à l’Antenne Nationale de Bourse de l’un
des pays de l’UEMOA, sont acheminés dans le système de négociation, situé au siège social à
Abidjan, via le réseau satellite.

Parag. I. Le cheminement d’une opération d’achat ou vente


1) Communication de l’ordre d’achat ou de vente à une SGI.

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2) Enregistrement et saisie, par la SGI, de l’ordre dans le système de négociation à l’Antenne
Nationale de Bourse.

3) Centralisation au Site Central de tous les ordres d’achat et de vente venus de toutes les
Antennes Nationales de Bourse.

4) Après confrontation des ordres d’achat et de vente, et détermination des prix, la transaction est
enregistrée, puis confirmée successivement par courrier par la Bourse à la SGI, puis par la SGI au
client.

Les séances de cotation ont lieu trois fois par semaine : lundi, mercredi et vendredi. La
Bourse envisage d’évoluer vers une séance quotidienne pour atteindre des séances de cotation en
continu. Le montant de la transaction et les frais d’intermédiation sont réglés le jour même.

Parag. II. Le règlement des transactions

Il faut noter que pour les ordres d’achat, le donneur d’ordre doit obligatoirement avoir en
compte auprès de la SGI, les fonds nécessaires au règlement de la transaction. Celle- ci entraînera
simultanément le crédit du compte titre et le débit du compte espèces, et ce pour permettre à la
SGI d’honorer ses obligations vis-à-vis du Dépositaire Central / Banque de Règlement (DC
/BR), le 5e jour ouvert suivant le jour de la transaction.

Pour les ordres de vente, le donneur d’ordre de vente doit avoir les titres en compte
auprès de la SGI, au moment de passer son ordre. La transaction entraînera, le débit du compte
titre et le crédit du compte espèces, ceci à la suite du virement ordonné par le DC / BR au profit
de la SGI, le 5e jour ouvré suivant le jour de transaction.

SECTION II. Les offres publiques

L’ensemble des offres publiques visant les sociétés cotées sur le marché financier
UEMOA doivent respecter les règles établies par le CREPMF. Les offres publiques sont
soumises au préalable au CREPMF qui contrôle et publie un certain nombre d’informations sur
leur déroulement et se prononce sur leur recevabilité : l’avis de dépôt du projet d’offre, l’examen
du prix, le calendrier de l’offre, le contrôle de l’information diffusée par les sociétés concernée
(l’initiateur et la cible) et le résultat de l’offre. On distingue plusieurs types d’offres publiques.

Parag. I. Les OPA, OPE, OPV

29
L'Offre Publique d'Achat "OPA" s'entend de la procédure par laquelle une personne
physique ou morale fait connaître publiquement qu'il s'engage à acquérir à un prix déterminé une
quantité de titres d'un autre émetteur.

L'Offre Publique d'Échange ou "OPE" est une opération par laquelle une personne
physique ou morale annonce publiquement aux actionnaires d’une société cotée (la cible) qu’elle
s’engage à acquérir les titres en échange d’autres titres. L’OPE ne diffère de la procédure d'OPA
qu'en ce que les titres visés par l'initiateur de l'offre sont payés en d'autres titres et non en
numéraire.

Cette procédure d’achat ou d’échange se fait selon certaines conditions strictes et sous
certains délais. Dans le cadre d’une OPA, l’initiateur propose un prix d’achat des titres de la cible.
Quant à l’OPE, l’initiateur propose aux actionnaires de la cible, la remise en échange d’un autre
titre que le leur (émis ou à émettre)

S’agissant de l’Offre Publique de Vente, "OPV", c’est la procédure par laquelle un(ou
plusieurs) détenteur (s) de titres fait connaître publiquement son intention de céder une quantité
déterminée de titres à un prix ferme et définitif.

Parag. II. Les OPR

L'Offre Publique de Retrait, ou "OPR" s'entend d'une offre publique d'achat qui vise les
actionnaires minoritaires d'une société, avec l'objectif avoué de faire procéder par les actionnaires
majoritaires, à la radiation des titres de cet émetteur de la cote.

Les cas d’ouverture :

-le retrait peut être demandé par un minoritaire : les minoritaires vont contraindre les majoritaires
à acheter leurs titres lorsque le poids de ceux-ci et la perte de liquidité dévalorisent leurs
participations ou lorsque la société connaît des changements substantiels de nature à affecter la
rentabilité de ces participations.

- le retrait demandé par un majoritaire : le ou les actionnaires majoritaires qui détiennent au moins
95% des droits de vote d’une société dont les actions sont admises aux négociations sur un
marché réglementé ou cessé de l’être peuvent déposer un projet d’offre publique de retrait visant
les titres de capital non détenu par eux.

-Le retrait en cas de transformation de la société : Lorsqu’une société anonyme dont les titres au
capital sont admis sur un marché réglementé est transformée en société en commandite par

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actions, la ou les personnes qui contrôlaient la société avant sa transformation ou le ou les
associés commandités sont tenus dès l’adoption de l’AG des actionnaires de la résolution tendant
à la transformation de la société, de déposer un projet d’offre publique de retrait.

- Le retrait en cas de modification juridiques ou économiques de la société (principe de fusion-


absorption)

TITRE III. LES ABUS DE MARCHE

Afin de garantir l’égalité de traitement des investisseurs et assurer la transparence, la


majorité des législations sur les marchés financiers vont réprimer les abus de marché.

Aux termes l’article 32 de l’Annexe à la Convention portant composition du CREPMF


« Une sanction pécuniaire sera prise à l’encontre de toute personne qui, agissant seule ou de concert avec d’autres,
aura retiré un avantage quelconque, défini notamment comme un gain matériel ou une perte évitée, à partir :
a) d’une manipulation du marché,
b) d’une utilisation d’informations confidentielles et privilégiées relatives au marché,
c) d’une propagation de fausses informations,
d) d’une utilisation non autorisée de l’épargne des investisseurs à des fins personnelles,
e) d’une atteinte à l’information du public. » Ce texte vise différents manquements dont ceux d’initié, de
propagation de fausses informations, et de manipulations des cours.
Quant à l’article 36 de l’Annexe portant composition, organisation et fonctionnement du
CREPMF, il précise que « Sera passible de poursuites judiciaires, toute personne qui, de manière
intentionnelle :
a) ne respecte pas la restriction, la suspension, ou l’interdiction d’activité professionnelle qui lui aura été notifiée par
le Conseil Régional,
b) répand de fausse informations dans le public sur la bourse et ses produits,
c) réalise une manœuvre en bourse destinée à entraver le fonctionnement régulier du marché,
d) passe outre une décision de rejet de candidature ou de retrait de visa prise par le Conseil Régional,
e) enfreint les monopoles de négociation en bourse et de tenue de comptes titres dévolus aux sociétés de gestion et
d’intermédiation,
f) commet un délit d’initié.
En outre, dans le cas d’une personne morale, les dirigeants de droit ou de fait seront passibles des mêmes
poursuites, s’ils ont eu connaissance de ces agissements. » Ce texte vise différents délits dont ceux d’initié,
de propagation de fausses informations, et de manipulations des cours.
Nous ne présenterons que trois types d’abus de marché à savoir :

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-Les pratiques d’initié

-Les pratiques de diffusion d’informations fausses ou trompeuse

-Les pratiques de manipulations de cours

CHAP I. Les sanctions des pratiques d’initié


Certaines personnes peuvent, à raison de leur position au sein d’une société, détenir des
informations privilégiées dont l’utilisation ou l’exploitation illicite pourrait avoir une incidence sur
le cours de la valeur : c’est l’opération d’initié.

Il existe deux types de sanctions des pratiques d’initiés. Il y a deux sanctions possibles
pour réprimer un même comportement. Ces sanctions comportent des éléments communs
comme les personnes visées, l’information et les modes de commission et les différences comme
le caractère intentionnel du délit et les peines et sanctions.

SECTION I : Le délit d’initié

Aux termes de l’Article 37 de l’Annexe portant composition, organisation et


fonctionnement du CREPMF, « Le délit d’initié consiste en la communication ou l’utilisation d’une
information privilégiée à des fins autres que celles à raison desquelles elle est détenue.

Une information privilégiée est une information non publique, particulière et précise qui, si elle était rendue
publique, pourrait avoir une incidence sur la valeur d’un actif ou sur le cours d’un produit coté. »

Le délit est une infraction pénale relevant de la procédure (procès, instruction) et des
juridictions pénales. Il est punissable d’amendes ou de peines de prison. La condamnation
suppose que l’intention de celui qui a commis le délit soit établie.

Il faut noter que conformément à l’article 38 de l’Annexe portant composition,


organisation et fonctionnement du CREPMF, l’autorité régional de régulation peut ester en
justice auprès des juridictions nationales.

PARAGI.I. Les personnes punissables au titre du délit

Est « initiée » une personne qui détient une information précise sur un instrument
financier, qui n’a pas encore été rendue publique, et qui, si elle l’était, aurait un impact significatif
sur le cours de cet instrument financier. Un « initié » commet un délit d’initié s’il utilise cette
information ou la transmet à une autre personne.
Il faut distinguer les initiés primaires : c’est à le Président, les directeurs généraux, les
membres du directoire d’une société, les personnes physiques ou morales exerçant dans cette
société les fonctions d’administrateur ou de membre du conseil de surveillance ainsi que les
représentants des personnes morales.

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Les initiés secondaires : personnes disposant de l’information privilégiée à l’occasion de
leur profession exemple le secrétaire général, le commissaire aux comptes, l’avocat

Les initiés tertiaires : toute autre personne « possédant en connaissance des informations
privilégiées »

PARAG. II Les éléments constitutifs de l’infraction

Il faut distinguer l’élément matériel de l’élément moral

A. L’élément matériel

Il y a deux conditions :

-l’existence d’une information privilégiée. L’information doit être confidentielle et précise.


L’information doit être déterminante de l’opération réalisée. Une information est publique à
partir du moment où elle est communiquée officiellement par la société émettrice. L’information
est qualifiée de précise lorsqu’elle fait mention d’un ensemble de circonstances ou d’un
événement qui s’est produit ou qui est susceptible de se produire, et s’il est possible d’en tirer une
conclusion quant à l’effet possible de ces circonstances ou de cet événement sur le cours des
instruments financiers concernés ou qui leur sont liés. Notons que l’information n’a pas à être
certaine.

- l’utilisation directe ou par interposition de l’information privilégié ou la communication de


l’information privilégiée. Exemple d’évènements susceptibles de constituer une information
privilégiée : information relative à la performance d’exploitation, changement de contrôle au sein
de la société, émission d’obligation, augmentation de capital

B. L’élément moral

Le délit d’initié requiert la preuve d’un élément moral c’est-à-dire l’intention coupable de
son auteur. Il faut établir la volonté d’utiliser une information que l’on sait privilégiée avant que le
public en ait connaissance.

SECTION II : Le manquement d’initié

Commet un manquement d’initié, toutes personnes précédemment énoncées qui utilise


une information privilégiée qu’elle détient pour acquérir ou vendre des titres (exemples : achat de
titres avant le lancement d’une OPA pour les revendre après et réaliser ainsi une plus value) ou si
elle transmet cette information à un tiers.

La répression du manquement d’initié ne vise pas ici la société émettrice en tant que telle,
mais plutôt les dirigeants et de façon générale toutes les personnes qui sont susceptibles de se

33
trouver en possession de l’information privilégiée à l’occasion de l’exercice de leurs professions
ou de leurs fonctions.

Le manquement aux règles édictées par le CREPMF (manquement d’initié, de


manipulation des cours, manquement à l’information du public et manquement aux obligations
professionnelles) relève de l’appréciation du CREPMF. Celui-ci ne peut infliger que des sanctions
pécuniaires et/ou des sanctions disciplinaires.

a) les éléments constitutifs

L’article 37 de l’Annexe portant composition, organisation et fonctionnement du


CREPMF, définit l’information privilégiée comme une information non publique, particulière et
précise qui, si elle était rendue publique, pourrait avoir une incidence sur la valeur d’un actif ou
sur le cours d’un produit coté.

Par conséquent, une information est privilégiée si elle est :

-précise (exemple information sur un projet de prise de participation au capital d’une société. elle
doit être assortie d’éléments suffisants)

- non connue du public : l’information devient publique lorsqu’elle est donnée dans un
communiqué de la société

B) l’obligation d’abstention

La personne qui détient une information privilégiée doit s’abstenir de l’utiliser (sauf motif
impérieux)

CHAP. II. Les sanctions de la diffusion ou propagation d’informations fausses ou


trompeuses

L’information joue un rôle essentiel dans le fonctionnement des marchés financiers. Le


fait de répandre dans le public des informations fausses ou trompeuses, concernant un émetteur
d’instruments financiers constitue un comportement de nature à fausser le fonctionnement du
marché de capitaux.

Section I. Le délit de la diffusion d’informations fausses ou trompeuses

A. Les personnes punissables


La diffusion ou propagation d’informations fausses ou trompeuses peut être le fait de
l’émetteur lui-même par la voix de ses représentants, d’un actionnaire, d’un tiers
B. Les éléments constitutifs

1) Le caractère trompeur de l’information


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Il doit s’agir d’information sur la situation de l’émetteur dont les titres sont négociés. Il doit s’agir
d’une information et non pas d’une rumeur.

2) la diffusion ou propagation de l’information

La diffusion ou propagation doit se faire par tout support

C) éléments moral

Il faut caractériser l’élément intentionnel du délit. Ce qui suppose l’établissement de la


mauvaise foi.

Section II. Le manquement de la diffusion d’informations fausses ou trompeuses

Les émetteurs sont tenus de respecter un certain nombre d’obligations au titre de


l’information périodique et permanente. L’information périodique recouvre les informations
données à échéances régulières par l’émetteur (sur une base annuelle, semestrielle, trimestrielle).
L’information permanente comprend l’obligation pour un émetteur de porter dès que possible à
la connaissance du public (communiqué) toute information non publique susceptible d’avoir une
influence sensible sur son cours de bourse.

L’information donnée doit être exacte, précise et sincère. Les informations publiées au
titre de l’information périodique et permanente constituent des informations réglementées.

Le CREPMF peut prononcer une sanction contre toute personne ayant porté atteinte à la
bonne information du public par la communication d’une information inexacte, imprécise ou
trompeuse.

A. Les éléments constitutifs

Sont concernées en priorité les personnes soumises à des obligations légales


d’informations : les émetteurs et leurs dirigeants. Mais aussi toutes les personnes qui dans le cadre
de leur activité ou spontanément communiquent ou diffusent une information.

La notion de fausse information. Il s’agit des informations qui donnent ou sont


susceptibles de donner des indications, des informations inexactes, imprécises ou trompeuses sur
les instruments financiers.

B. L’élément moral

Pour constituer un abus de marché, la diffusion de fausse information doit être faite
sciemment. Il faut distinguer la communication de fausses informations de la diffusion de fausses
informations :

-« communication » : information primaire émanant de l’émetteur

-« diffusion » : information secondaire transmise par un tiers

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CHAP. III. Les sanctions des manipulations des cours

SECTION I Le délit de manipulation de cours

A. Les éléments constitutifs

Deux preuves sont à rapporter

- des manœuvres délictueuses

-le fait qu’elles induisent autrui en erreur

Les manœuvres doivent porter sur le marché. Ce délit requiert une intervention sur le marché

B. L’élément moral

La volonté de nuire au marché doit être clairement établie. L’objet des manœuvres c’est
de fausser le jeu normal du marché. La mauvaise foi peut se déduire des conditions matérielles
des manœuvres malhonnêtes

SECTION II Le manquement de manipulation des cours

On peut citer quelques exemples de manquements

- Passer des ordres sans intention de les exécuter (placer des ordres dans le seul but de donner
une impression trompeuse sur le niveau de l’offre ou de la demande au prix donné et les retirer
ensuite du marché

-Donner une fausse impression (effectuer une transaction ou une série de transaction afin de
donner l’impression d’une forte activité ou d’un mouvement de cours)

-« bouilloire » ou Trash & cash : opérations consistant à acheter/vendre les actions d’une société
puis à diffuser des informations positives /négatives sur ces titres afin de les rendre attrayants ou
de provoquer une désaffection à leur égard et à les revendre /les racheter à un prix supérieur
/inférieur.

Bibliographie indicative

- Maurice COZIAN et Alain VIANDIER, Droit des sociétés, 11ème édition, Paris Litec, 1998,

- Anne-Dominique MERVILLE, L’essentiel du Droit financier, éditions Gualino, 2016,

- Daniel Ebénézer KEUFFI, La régulation des marchés financiers dans l’espace OHADA, Thèse Doctorat
Droit, Universités de Strasbourg (France) et de Dschang (Cameroun), 2010,

- Dr AKA Brou, Cours de Banque et Bourse, Master I Gestion, Univ. FHB.

- Les sites internet du CREPMF, BRVM.

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