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Cours de
psychosociologie
Enseignant : Anis TURKI
2011-2012
Cours de psychosociologie
UEep1 : Les
caractéristiques des
groupes restreints, la
dynamique de groupe, le
leader et le leadership,
l’approche sociométrique,
l’autorité et la cohésion.
J’aime la Psychosociologie 2LFEP 2010-2011
4-Les théories du leadership : ......................... 23
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LE GROUPE
« Les grandes constructions mythiques sous-
tendent l’autoreprésentation du groupe, de sa
valeur, de ses finalités et la justification de son
fonctionnement pour l’ensemble social.
Notons ici la puissance des métaphores
organiques qui traversent ces représentations : le
groupe pour être efficace doit être doté d’un
« esprit de corps » et ses « membres », du même
« sang », doivent faire corps avec leur « chef » et
avec tous ceux auxquels est confiée la fonction de
penser et de décider : « la tête », le « cerveau ».
C’est dans le même registre métaphorique que le
groupe est réputé dangereux, imprévisible comme
une « femme saoule » »
Victor Hugo
1-La psychosociologie :
En fait, bien qu’il soit à présent très employé, le
mot psychosociologie est récent et il n’a conquis 2-Historique des recherches de groupe :
que depuis peu le droit de cité. Beaucoup ● Aux Etats-Unis :
confondent purement et simplement psychologie
sociale et psychosociologie. De fait, la différence
n’est pas très facile à établir. Il existe cependant
un mode d’approche des problèmes humains que
l’on peut qualifier de psychosociologie.
La psychosociologie s’exerce à deux niveaux :
- elle étudie, d’une part, les relations
interpersonnelles en référence à la vie sociale. Les C’est entre 1925 et 1935 qu’une véritable
communications entre les personnes sont psychologie scientifique des groupes prend son
inséparables du contexte social. C’est en ce sens essor aux Etats-Unis. Elle est parallèle à une
que l’on parle de psychosociologie industrielle réflexion philosophique qui privilégie la relation
pour dire que l’on étudie les relations à autrui dans la formation de la personnalité
industrielles ; humaine (George H. Mead), et le rôle de groupe
- d’autre part, la psychosociologie analyse primaire dans la socialisation des instincts
les groupes restreints. Alors que le psychologue individuels (Charles H. Cooley). Selon G. H.
social considère les grands groupements que sont Mead, la personnalité de l’enfant se développe en
les classes sociales, les communications et les relation avec des « autruis significatifs », membres
comportements de masse, le psychosociologue de la famille et camarades de jeux ; l’enfant
observe les petits groupes, dont les membres n’apprend pas seulement les règles du jeu ; il
peuvent se connaître et entretenir des relations intériorise les attitudes des autres par suite d’une
directes. [164] disposition naturelle à prendre le rôle d’autrui et
La psychosociologie est une branche de la peut ainsi prendre conscience de lui comme
psychologie sociale qui a son originalité propre. distinct des autres. Avec Cooley, on peut dire que
l’homme se trouve comme animal groupal : « Il ne
faut pas croire que l’unité du groupe primaire soit faite
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seulement d’harmonie et d’amour. Cette unité ● En France :
implique toujours des différenciations et généralement Durkheim et la conscience collective :
des rivalités ; elle comporte l’affirmation de soi et les Sans distinguer entre groupe restreint et société
diverses passions individuelles ; mais ces passions sont globale, Durkheim, le fondateur de l’Ecole
socialisées par la sympathie et se plient, ou tendent à se Sociologique Française, à la fin du XIX ème siècle,
plier, à la discipline d’un esprit commun ». jette les bases d’une théorie de groupe.
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Le groupe devient un instrument de résolution de
ses propres problèmes dans la poursuite de ses
objectifs. L’activité concernant la tâche se
caractérise par l’émergence des solutions et
structure interpersonnelle rend le groupe apte à
s’utiliser comme ressource à l’atteinte des
objectifs communs. [221]
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Mais l’équipe constitue un type particulier de
groupe restreint. Sa spécificité tient à une forte
solidarité de ses membres qu’indique l’origine du
mot. Celui-ci provient du Germain Skip qui a
donné esquif et qui signifie bateau. L’équipe c’est
l’équipage embarqué pour un même sort. Le
destin de l’équipe est partagé par tous les
membres. Ce risque collectif retrouvé
4-L’équipe sportive : typiquement dans la cordée d’alpinistes où le lien
Pour Fleurance Ph. en sports collectifs, l’équipe interpersonnel est matérialisé, où la défaillance de
n’est pas un assemblage de virtuoses sains et l’un des membres peut être fatale à tous, mais où
forts, mais un groupe humain cohérent où les chacun peut être sauvé par ses compagnons.
plus fines nuances de chaque personnalité L’observateur découvre au sein de l’équipe
doivent participer volontairement à l’essence de ce qui caractérise les groupes
l’épanouissement harmonieux et constant d’une restreints : une association et une coopération
personnalité collective originale. [72] intime< le résultat de cette association est de
On a proposé récemment (1993) une définition point de vue psychologique une certaine fusion
complète de l’équipe sportive : « une équipe des individualités en un tout commun de sorte
sportive est un collectif d’individus qui possèdent une que la vie commune et le but du groupe
identité collective, qui ont des but et des objectifs deviennent la vie et le but de chacun. La façon la
communs, qui partagent un sort commun, qui plus simple peut-être de décrire cette totalité est
développent des modèles structurés d’interaction et des de dire qu’elle est un nous ; ceci implique l’espace
modalités de communication, qui manifestent une de sympathie et d’identification mutuelle dont le
interdépendance personnelle et à la tâche, une terme nous est l’expression naturelle.
attraction interpersonnelle réciproque et se considèrent Comme la note Maisonneuve, la notion d’équipe
eux-mêmes comme un groupe » ce dernier critère, a pris une extension certaine à partir de la fin de
subjectif, renvoie à ce que Erickson (1972) a la deuxième guerre mondiale. Alors que « ce terme
appelé l’identité « sentie » qui est avant tout une restait confiné au domaine du labeur matériel (l’équipe
réalité subjective, réflexive et nécessairement d’ouvriers) ou de certains jeux collectifs, le terme a été
ressentie par l’individu. La définition insiste en utilisé et prôné dans un très grand nombre de secteurs
outre sur les similitudes des membres du groupe sociaux et à des niveaux très variés de
qui sont nécessaires pour qu’émerge une équipe, responsabilités ». Pour l’auteur, ce phénomène est
l’émergence d’une identité repose ici sur dû à une transformation des rapports
l’existence de l’identique dans le collectif. interpersonnels. Le commandement autoritaire
Pour Chapuis R. et Thomas R. (1988) une équipe étant contesté, le travail d’équipe se développe
de sport collectif se compose aussi d’individus car, dans ce type de groupe, les relations sont
qui pratiquent la même activité, s’imprègnent plus égalitaires que dans les autres organisations.
d’un même savoir technique. Elle présente donc
une sensibilité particulière et se caractérise par un 4-1-Les différents types d’équipes sportives :
mode d’expression spécifique conforme à sa Le terme d’équipe sportive désigne des groupes
personnalité de base. [50] de concurrents pour lesquels les tâches à
L’équipe sportive constitue un moyen efficace accomplir sont de nature différente ? Ainsi
pour le développement harmonieux de la lorsqu’une équipe d’athlétisme participe à un
personnalité ; elle présente toutes les sollicitations championnat, le résultat collectif s’obtient par
pouvant inciter chacun à participer à l’évolution simple addition des places ou des points obtenus
d’une praxie qui met en rapport l’intention du par chaque membre qui agit relativement
pouvoir actualisé par le projet final, les projets indépendamment de ses coéquipiers. En
particuliers, et les normes du groupe. revanche, lors d’un match de football, les joueurs
doivent coordonner très finement leurs actions.
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Entre ces deux types extrêmes d’équipes s’en
situent deux autres pour lesquels les articulations
des actions entre partenaires, sans présenter la
précision de celles des joueurs de sports collectifs,
nécessitent cependant une certaine harmonie. Les
équipes de relais en athlétisme ou en natation, les
équipes de rameurs en aviron constituent l’un de
ces types intérimaires, l’autre regroupe les
équipes où tous les concurrents effectuent la
même tâche, mais sans lien mécanique, telle une - équipes de cyclistes, les équipes de coureurs de
équipe de cyclistes. cross-country sont les prototypes.
Il existe donc quatre genres d’équipes sportives - Enfin, dans la dernière catégorie, le terme
qui se distinguent selon un degré d’interaction d’équipe est employé pour désigner un groupe
entre les membres et une différenciation des rôles où les membres effectuent des tâches séparées.
plus ou moins prononcés. L’interaction est faible, mais la différenciation des
- En sport collectif elle représente le groupe rôles peut être élevée. [50]
principal. Souvent le terme d’équipe sportive est Au-delà des définitions données à propos du
employé pour les désigner exclusivement, et c’est groupe, les caractéristiques de certains d’entre
essentiellement de ces équipes dont il sera eux ont été discutées. F. Lorenzi-Cioldi distingue
question dans cet ouvrage. Les interactions entre notamment le groupe « collection » et le groupe
les équipiers sont très complexes et la « agrégat ». Le groupe « collection » désigne un
différenciation des rôles, élevée. ensemble d’individus ayant chacun sa spécificité,
- Dans la seconde catégorie, celle des disciplines et qui conservent leur singularité. C’est
où il s’agit de trouver une certaine cadence dans généralement un groupe dominant, dans lequel
l’effort collectif, comme en aviron, en tandem, en chaque membre est présenté comme autonome et
relais, l’interaction diminue, ainsi que la responsable.
différenciation des rôles. Ici, il est possible de On retrouve ces idées de groupe « collection » et
distinguer deux sous-groupes. Dans l’un, les de groupe « agrégat » en sport collectif. Dans une
efforts sont effectués simultanément ; c’est le cas équipe en réussite, chaque joueur est distingué
par exemple d’une équipe de rameurs, dans des autres, il a une personnalité qui le différencie,
l’autre, les efforts sont réalisés séquentiellement, et on insiste sur la diversité des joueurs qui
les équipes de relais le caractérisent. forment le groupe. Dans l’équipe en difficulté, au
La différenciation des rôles est quelque peu plus contraire, les discours renforcent l’idée que tous
élevée et l’interaction un peu moins forte dans sont dans l’embarras et que ce n’est pas le
celui-ci par rapport à celui-là. moment de faire paraître des différences entre les
- L’importance de ces deux variables décroît joueurs. [167]
encore dans la troisième catégorie, dont les La valeur de l’équipe n’est pas fonction de
l’addition des capacités individuelles, mais de
leurs combinaisons dans une complémentarité
active. L’équipe sportive se présente comme un
ensemble dynamique se distinguant par
l’originalité de ses structures fonctionnelles et par
la complexité de ses structures émotionnelles. Elle
agit en tant que force opérationnelle par
l’organisation de son potentiel physique,
intellectuel et technique ; elle agit aussi en tant
que force intégratrice des courants affectifs pour
le maintien de sa cohésion. La recherche de buts
communs lui confère une originalité propre et
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impose à chacun un statut et un rôle. Ainsi, Quant au terrain sur lequel il pénètre, il est hélas
l’équipe peut présenter un degré d’organisation un champ de bataille soumis aux pressions
élevé et une grande diversité de styles, en multiples de l’ambition, du gain, de la vanité ou,
fonction des nécessités opérationnelles. tout simplement, du désir de vaincre à tout prix.
Confronté à la nécessité d’atteindre des objectifs L’entraînement à la pratique du sport collectif
et régulièrement soumis à évaluation, le groupe constitue un cas d’école. L’entraîneur doit faire
sportif présente sans doute dans le registre preuve de finesse pour créer, préserver et
affectif les trois manifestations décrites par Gilles entretenir les dynamiques collectives et
Arnado : individuelles. Il s’agit de bien connaître les enjeux
- il est le foyer d’anxiétés individuelles de la compétition pour chaque équipier et pour
suscités par l’exposition au jugement d’autrui sur l’équipe, de maîtriser le rapport entre le collectif
sa compétence, son utilité, son style, voire son et les individualités, d’identifier le réseau des
être même. Des craintes identitaires du type relations et des décisions dans l’équipe, de faire
angoisses de morcellement ou de fragmentation preuve d’autorité et de mansuétude<
du soi peuvent être générées par les positions Pour Rey J. P. l’entraîneur fait face à des
concurrentielles entretenues par la logique phénomènes qu’il faut à tout prix comprendre et
sportive. En période de crise, d’échec, l’existence maîtriser. Comment s’y prendre pour construire
de ce type d’anxiétés peut limiter l’expression de une équipe de sport collectif ? Au-delà de
point de vues divergentes, endiguer l’adhésion aux valeurs d’entraide et de
l’émiettement des actions afin de préserver au coopération, il est confronté à des dilemmes et
groupe sa valeur contenante et protectrice ; des problèmes pratiques difficiles ; comment être
- il est un champ propice aux tentatives de impartial et équitable ? Comment créer et
valorisations narcissiques ; au sein d’un groupe maintenir la cohésion et l’entraide ? Peut-il
de tâche, engagé dans une recherche de développer la créativité dans ce groupe ? Par
production, face au responsable hiérarchique quels moyens ? Quelles sont les modalités de
peuvent se gagner statuts et reconnaissances, se pratiques ? Autant de problèmes qui, non
négocie ambitions et revendications personnelles, envisagés, sont susceptibles de déclencher des
jusqu'à faciliter l’affirmation de véritables crises et qui, bien résolus, contribuent à la réussite
perversions narcissiques ; de l’équipe et cimentent une culture sportive.
- il est enfin un carrefour de stratégies où [196]
s’entrecalent objectifs conscients et inconscients, Autant de responsabilités qui nécessitent un
où s’expriment des conflits de rôles, où se tissent savoir approfondit de la nature humaine, des
des réseaux d’influence enchevêtrés. Cette spécificités des groupements humains, une
animation pourrait être décrite selon la logique culture très large, une observation pénétrante et
d’autres paradigmes, par exemple celui de la la connaissance des stratégies et des techniques
sociologie des organisations et se référer aux qui peuvent être déployées. L’appel au
logiques d’acteurs dans un système et à leurs psychologue du sport et au Préparateur
stratégies de pouvoir. D’un point de vue Psychologique et Mentale s’avère indispensable.
psychanalytique, l’agitation interne d’un groupe Dans la réflexion sur l’optimisation de la
peut viser à satisfaire les fantasmes de chacun, ou performance dans le sport de haut niveau, la
bien à confronter des rôles intégrés, acceptés par recherche des facteurs centraux de la performance
le groupe (rôle d’organisateur<). collective se présente comme la plus complexe. La
En fait, on trouve dans l’équipe de sport collectifs, psychologie du sport s’intéresse depuis les années
et de façon aussi vive que dans tout groupement 70 aux phénomènes de groupe observables dans
humain, le problème essentiel de la relation. Que les équipes de sports collectifs de haut niveau, en
suis-je pour les autres ? Suis-je reconnu et particulier avec les premiers travaux de Rainer
estimé ? Telle est la question que se pose, de Martens sur la cohésion (Martens et Peterson,
manière consciente ou inconsciente, le joueur qui 1971) [168]
prend le risque de s’intégrer à la collectivité.
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La plupart des travaux ont tout d’abord été celles centrées sur la coaction. De même, un
centrés sur cette notion de cohésion, qui s’est certain nombre d’études de psychologie sociale
progressivement enrichie, devenant un concept dans le milieu du travail apportent des
multidimensionnel intégrant à la fois la cohésion enseignements utiles à l’entraîneur, telles celles
sociale et la cohésion fonctionnelle (liée à la de Deutsch [61] qui a montré qu’un groupe
tâche), puis différenciant l’intégration au groupe fonctionne mieux sur un mode coopératif que sur
de l’attraction pour le groupe (Brawley, Carron et un mode compétitif. En effet, la compétition inter
widmeyer, 1987) [37] membres tend à réduire la cohésion. Lorsque les
De nombreux travaux ont d’abord mis en responsables établissent un rapport entre le
évidence les relations entre cohésion de l’équipe salaire et la productivité en milieu industriel, la
et performance (Carron et Chelladurai, 1981). [43] cohésion du groupe de travail s’en ressent. Ces
Mais cette hypothèse a été parfois réfutée dans le faits doivent évidemment intéresser les
cadre de recherches sur les équipes entraîneurs d’équipes professionnelles dans
professionnelles qui mettent en évidence lesquelles les joueurs sont inégalement rétribués.
l’indépendance entre la cohésion sociale et la Il en est de même des travaux de Seashore sur la
performance de l’équipe (Davids et Nutter, 1988). dimension du groupe. Celle-ci influence plusieurs
Finalement les travaux semblent insister surtout facteurs, notamment le moral et la cohésion.
sur l’importance de l’intégration des joueurs à la 4-2-Le public et ses influences :
tache de l’équipe pour l’amélioration de la L’une des particularités de l’équipe sportive est
performance collective ( Shangi et Carron, 1987 ; qu’elle est soumise à une influence externe lors de
Brawley et Widmeyer, 1987) [208]. l’accomplissement de sa performance et de son
Un autre axe de réflexion a porté plus rendement. Le public est un facteur de rentabilité
particulièrement sur les relations ou d’inhibition. Le public véhicule les rumeurs,
entraîneurs/entraînés (Carron et Bennett, 1977) les amplifie et les déforme. Il participe de cœur à
[42] et sur la notion de style de leadership des l’action, apprécie les qualités du jeu, manifeste ses
entraîneurs (Chelladurai, 1984) [51]. Sur ces sentiments, vit et réagit différemment selon son
différents champs d’étude, l’excellent ouvrage de éducation sportive. Qu’il soit partial ou impartial,
G. Luschen et G. Sage « Handbook of social science il représente toujours le témoin aimé ou redouté
of sport », permet de situer l’état des recherches, qui sanctionne l’effort, qui crée, entretient ou
car il comporte une bibliographie internationale détruit
d’environ 3000 titres sur 134 travaux répertoriés Le dialogue équipier public, parfois très fruste,
dans la section « organisation, administration, explique les attitudes faciles de cabotinage qui
planification, politique », à peu près un tiers traitent satisfont le goût partagé de l’exhibitionnisme.
des organisations, soit seulement une Mais le dialogue devient parfois aussi très
quarantaine. La section « groupes restreints, émouvant ; le joueur, porté par la foule s’engage
équipes, phénomènes relationnels » comporte 172 au delà de ses forces habituelles ; il incarne
titres dont la moitié est constituée par des vraiment le personnage que l’on désire qu’il soit.
recherches centrées sur l’équipe, soit donc la Les passions s’exaltent en parfaite communion,
double de celles des organisations. Il existe jusqu’au délire : l’homme appartient alors à la
pourtant une demande de la part des entraîneurs. foule et l’exprime en s’exprimant.
Toutes ces recherches permettent de disposer Le public agit sur les dirigeants et décerne parfois
aujourd’hui d’outils d’évaluation fiables qui leurs décisions ; il agit aussi sur l’entraîneur et le
permettent de décrire certains paramètres de la rend responsable de la qualité des prestations.
situation d’une équipe (niveau de cohésion, Le joueur tient à rester digne du rôle qu’on lui
modalité de leadership de l’entraîneur, accorde ; il lui arrive même de s’identifier au
personnalité). personnage que l’on se fait de lui. Dans la
D’autres recherches effectuées en psychologie majorité des cas, il aime être admiré par la foule
sociale s’avèrent très instructives pour et éprouve le besoin d’être soutenu et même
l’entraîneur d’équipes sportives, notamment protégé par elle. En réalité, il se sent très frêle en
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face de la puissance qu’elle représente, et le fait Pour ces raisons, elles s’avèrent déstabilisantes
d’en être admiré devient une garantie contre son puisque l’athlète ne peut gérer selon ses propres
abandon. capacités d’adaptation les affects suscités. Certes
Le public agit aussi sur les décisions des l’entraîneur averti joue le rôle de pare excitation
dirigeants en lui imposant ses préférences. et tempère ces effets, catalyse l’élaboration. Il n’en
L’argent qu’il consent à donner pour les reste pas moins que le sportif peut osciller de la
spectacles de qualité lui permet d’exiger d’être grandiosité à la rage narcissique selon que ces
entendu quant aux choix des joueurs. Cette réalité gratifications lui sont octroyées ou retirées, selon
explique l’intérêt que ces derniers attribuent à toutes les modalités de la relation soi objet, en
l’opinion publique. Ils savent que leur sécurité fonction de son degré de vulnérabilité narcissique
dépend souvent de l’appréciation de ces et de sa tolérance aux influences extérieures.
personnes anonymes qui remplissent les stades, Lorsque le soutien populaire et l’explosion du
et qu’elle dépend aussi, par voie de conséquence, public soutiennent l’effort de l’athlète, celui-ci
des médias. peut nourrir l’illusion de la toute-puissance. La
Les relations que ces derniers entretiennent avec symbiose vécue avec les adorateurs ouvre un
les spectateurs peuvent dans certains cas devenir espace indéfini où s’engouffre le fantasme de
pathologiques. grandeur. Elle alimente un vécu de coïncidence à
Nos recherches dans ce domaine sont révélatrices soi-même, de totalité, voire un certain « sentiment
d’une inquiétude latente dont sont victimes les océanique ». Mais la compétition fragilise par
joueurs immatures. Certains entraîneurs utilisent l’actualisation des imitations fonctionnelles, elle
cette inquiétude pour rendre les joueurs plus étalonne sans pitié les valeurs et l’athlète adulé
dociles, plus malléables. Leur conception est devient la proie des critiques et dénonciations sur
relativement acceptable dans la mesure où les la place publique.
joueurs conscients de leurs responsabilités Celui-ci orienterait et maintiendrait l’énergie
peuvent surmonter leurs propres difficultés, mais libidinale du sportif vers une représentation
cette façon d’opérer peut être dramatique pour les idéalisée de soi, vers la recherche insatiable de
joueurs vulnérables car l’inquiétude se toute puissance, vers le dépassement permanent,
transforme souvent en angoisse et l’angoisse vers le franchissement des limites (Labridy, 1993).
engendre des comportements de repli. [100]
L’action de ces contempteurs ou zélateurs Par son identité, sa conformité, son antériorité
farouches semble recéler les mêmes ambiguïtés : dans la même quête, l’entraîneur apparaîtrait à
leur caractéristique commune est de détenir, par l’athlète comme son miroir, il cristallise la
l’affichage d’une dimension spéculaire un projection de son Moi Idéal narcissique.
pouvoir puissant de mise en jeu de l’identité de Quand à l’institution sportive, elle crée et
l’athlète, de responsabilisation, de jugement : soit maintient la possibilité d’une satisfaction
de pouvoir induire dans le très court terme le hallucinatoire du désir narcissique. Elle accrédite
désenchantement, la perte d’illusion et d’amour, en l’occurrence d’une représentation héroïque de
ou tout au contraire l’illusion et la complaisance soi et cautionne sans cesse l’illusion de la toute
narcissique. Antonelli (1968) avait décrit lors des puissance, le vertige du solipsisme.
premiers travaux en psychologie du sport un Dans l’actuel contexte social, le sport tend en effet
syndrome du champion fait de suffisance, à perdre sa signification première au profit du
mégalomanie, hypertrophie du Moi< développé sport instrument de pouvoir ou de séduction. Les
par l’athlète en réaction à de rapides et entraîneurs sont trop souvent conduits à utiliser
spectaculaires promotions sur la place publique. la volonté de puissance des joueurs ou le désir de
De telles inductions sont puissantes dans leurs plaire comme procédés pédagogiques. Ce
effets et réversibles. Elles épousent souvent des système de formation rend finalement ces
rythmes accélérés dont la temporalité n’est pas derniers trop sensibles aux réactions du public et
celle de l’élaboration psychologique ; elles de la presse. ? Cette explication est confirmée par
connaissent des inversions spectaculaires de sens. les faits. Comment expliquer l’inhibition de
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certaines équipes face à leur public si on rejette
sur le plan de l’analyse l’importance considérable
de l’attitude des spectateurs et de la presse ?
Comment expliquer la raison qui incite certaines
équipes à préférer jouer à l’extérieur sur leur
propre public leur est favorable ?
En définitive, l’émancipation des joueurs suppose
une longue maturation de leur affectivité. Si
l’action se nourrit d’émotions celles-ci doivent
être maîtrisées.
Le sport collectif ne doit pas être un combat de
gladiateurs où le vaincu est à la merci du public
qui exige du vainqueur le respect de sa propre
logique « vaincre ou mourir ». Si le sport spectacle
présente des vertus quand il répond aux
exigences de l’esthétique, lorsqu’il devient le
jouet de l’économie, ses vertus disparaissent au
profit d’intérêts trop particuliers : il s’enferme
alors dans le cercle infernal de la surenchère
mercantile ; il dépouille l’homme de sa propre
liberté ; il rend esclave de l’argent. Si nous
réfléchissants à la signification humaine et sociale
du sport collectif, celle-ci lui restitue sa dimension
culturelle car elle en fait un instrument de
formation de la personnalité. A l’inverse, il ne
viendrait jamais à l’esprit de prétendre que le
sport spectacle est un instrument de formation,
sauf si nous acceptons le principe de
l’exploitation de l’homme pour l’homme. [50]
Finalement quand on parle de sport collectif,
d’équipe, de jeu collectif, il est nécessaire de faire
référence aux théories de groupe qui ont déjà subi
l’épreuve de la validation et de l’expérimentation.
Certes, il est toujours possible de dire que le sport
collectif est plus, et peut être autre chose qu’une
équipe est plus et autre chose qu’un simple
groupe de tâche. Toutes les explications qui sont
données du fondement des liens affectifs, de la
signification existentielle du sport collectif, de la
diversité des finalités qui conduisent
l’organisation et le fonctionnement de l’équipe et
des groupes restreints sont multiples et la
connaissance de l’étude psychanalytique du
groupe est un moyen essentiel pour la lecture des
interactions et du phénomène de groupe.
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rôles attribués au leader englobent souvent des
rôles de manager. Ainsi, Chambon (1998) évoque
deux objectifs généraux essentiels pour un leader :
la gestion des moyens humains et matériels pour
atteindre des résultats déterminés ; la
transformation de ces moyens et de leur
organisation pour atteindre des objectifs nouveaux
à redéfinir. Un leader - manager ou un leader
« La fonction première du leadership est de produire transformatif selon l’objectif général poursuivi par
plus de leaders, pas plus d’adeptes » le leader.
A la suite des travaux de J. L. Moreno, les
RALPH Nader psychosociologues l’appellent souvent le « leader
sociométrique », car, au sein d’un groupe, il laisse
4-5-L’approche transformationnelle :
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Cours psycho-sociologie 2010-2011 2LFEP Institut Supérieur du Sport et de l’Education
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des contacts ou des rapprochements affectifs (là matrice sociométrique. A partir de celle-ci,
où ils sont volontaires). D’autres procédés plusieurs indices sont calculés selon que l’on
pourront être l’analyse de réseaux de retienne le nombre de choix, ou de rejets, reçus,
communications, des structures adoptées par les émis ou attendus par un sujet. Ces indices sont
groupes de travail, etc. mais il continuait de dire bien présentés dans un ouvrage de Parlebas
(comme ses disciples) que la sociométrie telle (1992) ; aussi nous nous contenterons de les
qu’il l’entendait permettait de saisir les sources mentionner. Le questionnaire sociométrique
spontanées du contact humain, de la relation permet d’apprécier les degrés de popularités et
sociale dont nous ne percevrions, sinon, que des d’impopularité d’un membre en groupe, son
manifestations stéréotypées et déformées. A ce expansivité, son antipathie. Cet outil est
titre, la sociométrie, « géographie également employé pour évaluer le statut
interpsychologique » (J. Maisonneuve) est sociométrique de chaque membre : leader, sujet
irremplaçable pour l’étude du moi en situation, rejeté, négligé, isolé ou solitaire. Sur le plan
de l’être au centre de son atome sociale. groupal on peut apprécier le degré de cohésion
socio-affective du groupe, ainsi que la sensibilité
relationnelle groupale et le réalisme perceptif
groupal. Toutefois, les deux derniers indices sont
calculés à partir de la somme des émissions des
membres du groupe ; ils ne reflètent donc pas
fidèlement la réalité du groupe.
La fidélité du questionnaire sociométrique
s’obtient par le calcul des corrélations entre les
différents items qui mesurent un même critère. La
validité de l’outil paraît problématique ; elle
dépend de l’honnêteté des réponses des sujets.
Aussi, un grand soin est apporté à la
2-Le questionnaire sociométrique : détermination des critères du questionnaire, à la
Le questionnaire sociométrique (Moreno, 1970) perception de la situation par les individus, aux
analyse la structure des relations affectives conditions de passation. De plus, Parlebas (1992)
informelles dans un groupe restreint. Il indique la suggère de tester la validité de cet outil par une
position sociale de chaque membre, les réseaux comparaison des réponses recueillis au test
de relations vécues subjectivement par les sociométrique à d’autres résultats à l’aide d’une
membres, la structure socio-affective du groupe. autre technique.
Le questionnaire comprend généralement quatre Le questionnaire sociométrique décrit à un
types de questions. On demande aux membres moment précis la structure affective informelle
d’un groupe : d’un groupe, le statut sociométrique de ses
1- avec quels partenaires membres. S’il permet de mieux connaître un
ils souhaiteraient s’associer pour vivre une groupe, il reste descriptif et n’explique pas les
situation particulière, réaliser une activité ? ; relations interpersonnelles mises à jour. Par
2- avec quels partenaires ils ne souhaiteraient pas contre, il peut aider à construire un groupe en
s’associer pour vivre cette situation particulière, fonction de critères déterminés (pour faire
réaliser cette activité ? ; correspondre les structures informelles et
3- par qui croient-ils être choisis ? ; formelle), ou de travailler avec un collectif sur ses
4- par qui croient-ils être rejetés ? relations interpersonnelles (pour « valoriser » les
En fonction des hypothèses de recherche, rejets), sa cohésion socio-affective.
l’observateur peut imposer, un nombre précis de Utiliser à plusieurs reprises dans une saison, cet
réponses à chacune des situations, comme une outil renseigne sur l’évolution de la dynamique
organisation hiérarchique des réponses. Les du groupe, car les indices calculés peuvent être
réponses des individus sont reprises dans une comparés.
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Indice de cohésion :
3-Le sociogramme :
Avec les réponses aux questions, on pourra faire = ∑choix [202]
la carte sociométrique du groupe ou le N (N -1)
sociogramme qui nous permet de repérer :
- les « étoiles », personnages populaires du 6-Limites de la sociométrie et analyse
groupe, choisis en bonne place par beaucoup relationnelle :
de participants ; Dans son plus récent ouvrage, J. Maisonneuve
- les « paires », les « trois », les « quadrettes », les souligne les limites de ces méthodes
« cliques », sous groupes dont les membres se d’investigation :
choisissent entre eux ; - Elles « laissent entiers les problèmes
- les « isolés », les « rejetés », considérés comme d’interprétation ».
marginaux par rapport à la vie du groupe, à - Elles « saisissent les repères, mais non les
ses besoins et à ses objectifs. processus mêmes de l’interaction » ;
La disposition des liens de communications - Elles ne tiennent pas compte des facteurs
informelles constitue un réseau dont on sait qu’il personnels et des facteurs sociaux qui
est aussi la carte de canaux non officiels par où déterminent tant la forme que le contenu des
passent les informations parallèles et les rumeurs. relations dyadiques. [11]
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1-1-Le principe :
Rappelons la propriété du triangle équilatéral suivant
L’autorité dans le groupe laquelle la somme des distances de tout point intérieur
aux trois côtés est égale à la hauteur ; il suffit que les
1-Le modèle théorique de Norman et R. F. Maier : échelles portées sur les hauteurs (ou les projections sur
Norman et R. F. Maier ont eu l’idée qu’étant donné les côtés) soient exactement les mêmes.
qu’il s’agit de représenter les possibilités de On a donc: MD + ME + MF = AH = I.
composition de trois variables, il est aisé de recourir à
un graphique triangulaire.
Autocratie
A
Laisser-faire Démocratie
B F H C
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« Paternaliste » « Majoritaire »
L-F D
« Laisser-faire avec discussion »
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joueurs, en tenant compte de leurs capacités physiques,
Le comportement des joueurs peut être passif sans être techniques et psychologiques. En effet, la diversité des
apathique. Quelquefois il peut être actif et même tâches exige la distribution des rôles et la mise en place
enthousiaste chez les jeunes et chez les sujets frustes. de modèles spécifiques d’action. Chaque coéquipier
L’autorité de l’entraîneur est alors tolérée sans réaction, devient donc titulaire d’un statut qui officialise le sens et
sans inhibition. La structure autocratique crée donc une le niveau de sa participation à l’intérieur de l’équipe.
relation de conditionnement liant l’entraîneur et les
joueurs. Celle-ci est parfois efficace mais elle exige d’être
entretenue. L’équipe n’accède pas à l’autonomie et la
présence de l’entraîneur lui est indispensable.
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Joueurs
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3-L’expérience de Lippit et White : mutuelle entre ses membres est faible. Quant au groupe
Comportements du moniteur dans les expériences de où règne le laisser faire, les actes agressifs sont les plus
Lippit et White
Lippit et white ont eu l’idée de faire une Comportement Caractéristiques des groupes
expérience avec trois groupes d’enfants, avec du moniteur autocratique démocratique Laisser-faire
une tâche qu’est la construction de masques de Prise de Par le chef seul En commun Indétermination,
décision avec le chef faible
théâtre et avec un style d’autorité différent pour
(discussion) participation du
chacun selon le tableau ci-dessous. Les
chef
conclusions auxquelles aboutit cette expérience Détermination Données par le Objectifs Aucune aide du
concernent l’efficacité et le « moral » du groupe. des activités et chef généraux chef qui fournit
En ce qui concerne l’efficacité, les des techniques tracés par le à la demande du
expérimentateurs devaient constater que le chef en matériel ou des
groupe « autoritaire » est plus productif que le indiquant informations
groupe « démocratique ». Il faut en effet du quant les
temps à ce dernier pour répartir les rôles et alternatives
prendre les décisions, par contre le groupe Répartition de Par le chef Division Aucune
démocratique effectue un travail de meilleure la tâche spontanée du intervention du
travail chef
qualité. Quant au groupe dans lequel règne le
Composition Par le chef Libre choix Aucune
« laisser faire », son inefficacité est totale. Pour
des groupes de par chacun intervention
ce qui est du « moral » du groupe, on constate travail
qu’il est bien meilleur dans le groupe Appréciations De type De type Aucune, pas de
démocratique. La satisfaction des enfants et la « personnel » objectif commentaire
sympathie mutuelle sont ici maximales. Les (encouragement
consignes de travail sont mieux acceptées, mieux critique).
assimilées, parce que décidées en commun, que Participations Aucune part Y prend part Aucune part
dans le groupe autoritaire où elles sont aux activités
imposées. Ainsi, par exemple, lorsque le nombreux (batailles, détérioration de matériel). La
dirigeant disparaît quelques minutes, les enfants satisfaction de ses membres est minimale du fait de
s’arrêtent immédiatement et commencent à chahuter l’inefficacité du groupe dont les actions non coordonnées
dans le groupe autoritaire alors qu’ils continuent à ne permettent pas une progression de la tâche.
travailler dans le groupe démocratique. De plus, les
frustrations créent dans le groupe autoritaire et
l’agressivité qui en résulte, sont beaucoup plus fortes que
dans le groupe démocratique. Enfin, la sympathie
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Selon l’hypothèse de travail de l’expérimentateur, le
C’est dans les groupes autocratiques que l’on constate mode de direction du groupe a des effets différents selon
(par rapport aux groupes démocratiques) : les buts et les attentes des étudiants. D’après lui, pour les
- un maximum d’hostilité vis-à-vis du chef et un étudiants d’origine socio culturelle modeste, les études
minimum de sociabilité entre les membres. sont un moyen de promotion sociale. Il s’agit d’acquérir
- Un maximum de compétition et d’agressivité entre les des connaissances et des techniques utilisables pour un
membres. métier futur. Ils attendent donc que l’enseignant les
- Un minimum de « conscience » apporté à dirige dans cette voie.
l’accomplissement de la tâche (la performance diminue Les étudiants issus de milieux socioculturels plus aisés, et
en l’absence du chef) ; en particulier les jeunes filles, au contraire, viendraient à
- Un maximum de difficulté à suppléer le chef en cas de l’Université moins pour acquérir des connaissances
départ de celui-ci. utilisables dans un métier ultérieur, que pour acquérir
Une observation plus précise montre qu’il y a, en fait, une sorte de vernis culturel. Ces étudiants préfèreraient
deux modes de réaction bien distincts parmi les groupes donc un enseignement moins dirigé et plus libre.
à commandement autocratique : les uns sont Pour tester ces hypothèses, Desaunnay divise à l’intérieur
ouvertement agressifs, alors que les autres sont en de chaque groupe les étudiants en deux catégories : ceux
apparence apathiques ; mais dans ce dernier cas, les dont le père possède au moins le baccalauréat et ceux
sentiments d’hostilité à l’égard du chef demeurent dont le père ne le possède pas le baccalauréat
beaucoup plus intenses qu’ils ne le sont dans les groupes constituant le critère pratique permettant de regrouper
« démocratiques » ou « laisser faire ». les étudiants selon leur origine socioculturelle. Tous les
De semblables expériences, souvent répétées et étudiants répondent à la première séance de travaux
étendues des adultes, ont toujours montré la supériorité dirigés à un test de culture générale et sociologique afin
du commandement de style « démocratique », non de vérifier s’il existe une égalité de niveau initial des
seulement du point de vu de la satisfaction des connaissances dans les deux groupes. (Albouy S., 1976)
participants, mais aussi du point de vue de la [2]
performance des groupes. Ces résultats qui portent uniquement sur deux groupes
restreints, peuvent-ils être généralisés à d’autres
étudiants ? Il faudrait pour cela des expériences plus
vastes, plus complètes.
Cette expérience a, malgré tout, le mérite de montrer
que l’on ne peut apprécier la valeur d’un style particulier
de direction, sans tenir compte des caractéristiques des
individus composant le groupe.
D’autres variables que le type de direction, d’ailleurs,
peut avoir un effet sur l’efficacité et le moral du groupe,
en particulier la manière dont les communications
s’établissent en son sein.
Lippit et Whyte ont comparé la quantité d’agression
entre les membres dans un groupe de garçons soumis à
des atmosphères autocratiques et démocratiques. Les
personnalités et les types d’activités ayant été maintenus
4-L’expérience de Desaunnay : constants, on peut attribuer le changement au climat
Desaunnay, enseignant en sociologie, chargé de deux social ou à la forme de leadership différente. Ils
groupes de travaux dirigés a adopté dans l’un d’eux un trouvèrent qu’en autocratie la moyenne d’agressivité
style de direction démocratique et dans l’autre un style entre les membres du groupe est soit très haute, soit très
de direction autoritaire afin d’observer les effets de ces basse ; en démocratie, elle se situe à un niveau plus
deux types de direction. L’expérience est similaire à celle moyen.
de Lewin, Lippit et Whyte. En particulier la définition des Supposons que chacun de ces niveaux d’agressivité soit
deux styles de direction est très voisine. Par contre, la en équilibre quasi stationnaire, et demandons-nous
tâche est différente puisque, dans la première quelles sont les forces qui ont tendance à élever le niveau
expérience, il s’agit d’une activité créatrice et, dans et quelles sont les forces qui ont tendances à l’abaisser ?
l’expérience de Desaunnay, de l’apprentissage de Un facteur est le type d’activité : un jeu sauvage offre
connaissances. plus de chance pour des conflits qu’un jeu calme ; une
certaine quantité de bagarre peut être amusante pour
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des garçons. Les forces contre l’agression intergroupe Chapuis R et Thomas R. indiquent que dans le temps vécu
peuvent être l’amitié entre les membres, la présence par chaque individu d’une façon particulière. Cette
d’un leader adulte et la solennité de la situation. [2] différence des niveaux de maturité se traduit par des
Didier Anzieu évoque que la conduite autoritaire ou comportements spécifiques à l’entraînement et au cours
laisser-faire ne crée pas nécessairement un climat de de matchs. Les échecs chez un joueur immature peuvent
groupe agressif et mauvais et que la conduite avoir des conséquences dramatiques sur ses attitudes
démocratique ne provoque pas nécessairement un bon face à ceux qui réussissent. A l’inverse, ses succès
climat. L’expérience des groupes réels le montre risquent d’engendrer une hypertrophie du Moi. Les
abondamment. Certains groupes sont heureux et observations montrent à l’évidence que la qualité des
efficaces avec une conduite autoritaire ou avec une liens qui unissent les joueurs est fragile. Il suffit parfois
conduite laisser-faire, car ils ont trouvé la conduite qui d’une seule brebis galeuse pour provoquer
correspond aux formes et au niveau de leur organisation l’effondrement d’équipes pourtant cohérentes.
fantasmatique et ils deviennent malheureux et Ils couvrent plus ou moins bien son étendue. Si les sujets
désordonnés autrement. Inversement une conduite réfléchis ont tendance à balayer du regard l’ensemble
démocratique n’obtient les résultats mis en évidence par des signaux émanant de ce champ, les sujets impulsifs
l’expérience Lewinienne que si les membres du groupe et fixent leur regard sur quelques zones de ce champ,
le chef ont, au cours de leur développement individuel, laissant dans l’ombre des pages entières de l’espace
dépassé le stade oedipien pour entrer dans la période de visuel. Il s’agit, là aussi, d’un problème de personnalité.
latence et que s’ils investissent le groupe précisément à [50]
ce niveau. Ceci était d’ailleurs le cas des garçons pré Des difficultés proviennent aussi des joueurs pas assez
pubères qui s’étaient portés volontaires pour participer à mûrs ou trop impliqués dans une situation personnelle.
l’expérience de Lewin, Lippit et White. [9] Les idées précaires, les stéréotypes, les habitudes de
penser et d’agir découlant d’expériences antérieures très
marquantes risquent de rendre les équipiers
momentanément imperméables aux sollicitations de
l’entraîneur. Les oppositions générales proviennent
finalement de la complexité des facteurs
psychosociologiques qui apparaissent au cours de la
rencontre – équipier – entraîneur. Lorsque celui-ci
recherche un effet à valeur psychologique pour atteindre
un objectif précis, il doit normalement connaître non
seulement la personnalité de son interlocuteur ; mais
encore son état émotionnel du moment et ses intentions.
Il doit agir dans le sens des motivations de l’équité, et
proposer une action qui allie l’utile à l’agréable.
D’après Haiman, un groupe productif et jouissant d’une
pleine maturité peut être défini grosso modo comme
celui qui, dans le cadre des principes démocratiques,
progresse vers ses buts avec un maximum d’efficacité et
un minimum de perte d’efforts et de temps.
5-La maturité psychologique du groupe : Un groupe ayant acquis de la maturité est celui qui :
Selon Beal G. M., Bohlem G. M. et Raudabaugh J. N. pour 1- Reconnaît le bien fondé et les limites des procédés
que le groupe acquière de la maturité, il faut redoubler démocratiques.
d’attention dans la définition des buts, des rôles et des 2- Crée un schéma psychologique de liberté permettant
principes de base, et dans le choix des techniques. Il faut à chacun d’exprimer ses sentiments et ses points de
aussi savoir créer des occasions de satisfaction vue.
personnelle et développer par là même l’identification de 3- Entretient un niveau élevé d’intercommunications.
l’individu au groupe et la cohésion de celui-ci. Enfin 4- Possède une claire compréhension de ses projets et
chaque membre particulier doit être aidé et rassuré dans de ses buts.
l’accomplissement de sa tâche, en même temps que doit 5- Possède assez d’initiative et d’esprit de suite pour
lui être donné une chance de réaliser et d’exprimer sa apporter à ses problèmes une solution rationnelle et
satisfaction personnelle à travers l’accomplissement efficace qui se traduit par une action.
d’objectifs à court terme. [25] 6- Reconnaît que les moyens doivent s’accorder aux fins.
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7- Regarde les réalités en face et base son action sur des La question reste du côté des moyens, des interventions
faits, non sur des vues de l’esprit. et de la réponse du groupe aux transformations et aux
8- S’emploie à répartir et à faire partager les charges de changements proposés.
la direction.
9- Utilise intelligemment les différences d’aptitudes de « Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous
ses membres et reconnaît la nécessité (à laquelle il se ne faisons rien, c'est parce que nous ne faisons rien
plie) de recourir parfois à des gens de l’extérieur. qu'elles sont difficiles »
10- Maintient un équilibre approprié entre la (Albert Einstein)
productivité du groupe et la satisfaction d’autres
besoins ressentis par le groupe.
11- Fait le nécessaire pour que fusionnent d’une
façon satisfaisante les principes, besoins et buts
individuels et ceux du groupe.
12- Est objectif quant à son propre fonctionnement ;
sait faire face aux problèmes d’ordre socio affectif et
instaurer les modifications voulues.
13- Sait déceler la fatigue, la tension, l’atmosphère
passionnelle, etc., et prendre les mesures qui
s’imposent dans ces différents domaines.
14- Etablit l’équilibre approprié entre la solution des
problèmes et la marche en avant du groupe.
15- Equilibre l’usage des méthodes ayant fait leurs
preuves et l’acceptation de tout changement de
méthode exigé par les circonstances.
16- Cultive un haut degré de solidarité, mais sans
jamais brimer l’essor des individualités.
17- Etablit un équilibre propice entre l’esprit de
coopération et l’esprit de compétition de ses membres.
18- Maintient l’équilibre entre l’élément passionnel
et l’élément rationnel. [25]
Le but de notre expérience ne saurait-il d’amener notre
groupe à cet état de maturité psychologique et
d’autonomie de fonctionnement ?
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figure. La même idée fut reprise par Landers qui
« Le soldat américain moyen de la seconde guerre distingue des variations de caractéristiques de
mondial, pour garder son courage sous le feu ne tâches dans les différents sports. [103]
fit pas appel ni à son idéal patriotique ni à sa Ce modèle ne rend malheureusement pas compte
haine pour l’ennemi. Ce qui soutient son moral des observations citées plus haut et réalisées sur
fut surtout le sens du devoirs envers son équipe certaines équipes de Basket ou les chercheurs
particulière et ses rapports primaires avec ses notèrent une élévation de la performance suite à
camarades de combat » une aggravation des conflits internes.
La cohésion
1-L’équipe dans les sports collectifs et la
cohésion :
De nombreuses études ont été consacrées à la
relation entre la cohésion de l’équipe et sa Des travaux réalisés en psychologie sociale par
performance. Un postulat traditionnel du milieu Lambert [102] peuvent permettre d’émettre une
sportif veut que la réussite soit directement autre hypothèse explicative. La relation entre la
fonction de la cohésion, et de nombreux termes tension intragroupe et la performance ne serait
sont employés pour caractériser ce fait, esprit pas linéaire mais curvilinéaire. La performance
d’équipe, unité collective, etc. il faut cependant s’élèverait d’abord avec l’augmentation de la
noter que de nombreuses observations tension intragroupe, elle passerait par un
contredisent l’existence d’une relation linéaire maximum puis diminuerait. Lambert distingue
entre performance et cohésion. Les premiers deux types d’influence individuelle dans une
travaux réfutant l’hypothèse d’une telle liaison tâche collective, l’influence directe qui s’effectue
sont dus à l’allemand Hans Lenk qui observa par la participation à la tâche et l’influence
deux équipes de rameurs. Malgré les conflits indirecte qui assure une plus ou moins grande
internes très prononcés elles obtinrent des succès coordination des énergies mises en jeu.
grandissants, l’une étant championne du monde « Nombreuses sont les tâches coopératives pour
en 1962, l’autre médaille d’argent aux jeux lesquels il existe un but commun qui est généralement
olympiques de 1964. Il s’agissait de bateaux de la réalisation de la performance maximale, et des buts
huit rameurs dans lesquels ont notait l’existence secondaires, plus ou moins compatibles les uns avec les
de cliques. autres, qui concernent le plus souvent la satisfaction
Pour expliquer ces contradictions observées dans des besoins individuels. Un exemple type est celui
les résultats des divers travaux, Viet formula d’une équipe sportive dans laquelle tous les membres
l’hypothèse d’après laquelle l’effet des conflits ont intérêts à coopérer au mieux pour assurer le succès
intragroupe varierait suivant les différents types de leur équipe et qui, par ailleurs, ont intérêt à se
d’équipe. Au sein des disciplines ou les efforts mettre en vedette, au détriment de leur groupe, pour
sont parallèles, telles l’athlétisme ou la natation et assurer leur sélection dans les compétitions futures ».
celles ou les efforts s’ajoutent, telle que l’aviron Lorsque le degré de compétition intragroupe
ou le tir à la corde (les distinctions proposées augmente, Lambert formule trois hypothèses :
entre les types d’équipe), l’influence des conflits l’influence directe au niveau du groupe
internes serait bénéfique. s’élève.
Elle serait néfaste dans le cas des équipes de L’influence indirecte décroît ;
sports collectifs (groupes en interaction). Cette L’influence globale croît d’abord puis
hypothèse est schématisée très simplement à la décroît.
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Performance de l’équipe
l Probabilité
d’amélioration
Sports individuels et ’
sport mixtes é
conflits Type q
d’équipe u
Sports collectifs i
Probabilité de
p baisse
e
Schéma : effets différenciés de conflits à l’intérieur d’une équipe sportive suivant le type de cette dernière.
Performance
Probabilité de
baisse
Influence directe
Influence globale
Influence indirecte
Degré de compétition
intragroupe
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Lambert vérifie le bien-fondé de ces hypothèses dans un article consacré à la performance de
par des expériences de laboratoires. Il observe le groupe sportif, observe qu’à l’analyse de la
rendement d’un groupe de cinq personnes qui cohésion se décompose en deux volets, un
doivent déplacer rapidement un mobile à l’aide premier est constitué par la dimension socio
de câbles de commande individuels, au milieu affective qui se mesure grâce à l’outil
d’un dispositif à chicanes. La tâche nécessite la sociométrique et un second, représenté par
coordination des efforts de chacun. L’auteur l’attirance vers le groupe.
manipule la tension à l’intérieur du groupe par le L’analyse statistique multidimensionnelle des
biais des récompenses. réponses au questionnaire centré sur la cohésion
Il se pourrait que les conclusions contradictoires fait bien apparaître ces deux facteurs. Nous-
enregistrées au niveau des recherches effectuées même d’ailleurs, dans nos travaux que nous
sur la liaison entre performance et cohésion de avons menés sur des équipes sportives, nous
l’équipe sportive puissent s’expliquer par les avons montré que les choix affectifs et les choix
travaux de Lambert. Effectivement, suivant le opératoires ne coïncident pas. Une certaine
moment où on observe une élévation de la intimité n’empêche pas nécessairement la
tension intragroupe, on peut noter une cohésion de se manifester. Gill montre que la
amélioration ou une détérioration de la performance n’est pas liée à l’importance des
performance. Si on se trouve dans la phase qui conflits interpersonnels, mais qu’elle est corrélée
précède l’optimum de tension intragroupe la au second facteur de la cohésion.
performance s’élèvera; en revanche si on se Une autre question se pose encore. Elle concerne
trouve dans la phase qui suit l’optimum la le sens de la causalité. Des chercheurs ont en effet
performance diminuera. trouvé des coefficients de corrélation significatifs
Ayant envisagé quelques explications des et assez élevés entre certaines dimensions de la
divergences de conclusions observées dans les cohésion et la performance. Mais quelle est la
travaux effectués par les spécialistes sur les cause et quel est l’effet ?
rapports entre performance et cohésion de On peut en effet postuler que la cohésion
l’équipe, il convient maintenant de remarquer engendre une bonne prestation de l’équipe mais
que nous avons jusqu’ici plutôt traité de aussi qu’une réussite de l’équipe entraîne une
l’influence des tensions ou des conflits à élévation de la cohésion. Martens et Peterson
l’intérieur du groupe et non pas de celle de la formule l’hypothèse d’une relation circulaire
cohésion. Or, s’ils présentent des points entre cohésion, performance et satisfaction,
communs, ces aspects ne coïncident pas. Le suivant le schéma représenté à la figure suivante :
concept de cohésion s’avère complexe et difficile Cohésion
à cerner précisément. De nombreuses définitions
en ont été proposées.
Pour Lewin il s’agit de « l’ensemble du champ de Performance Satisfaction
forces qui agit sur les membres du groupe pour qu’ils
restent dans le groupe ». Fig : relation entre cohésion, performance et
Kelly parle de « l’attrait global du groupe pour tous satisfaction.
ses membres ». Mais d’autres chercheurs voulant vérifier le bien
Muldoon est un peu plus précis. Pour cet auteur fondé d’une telle relation ont effectué des travaux
la cohésion est « un état dans lequel les membres du plus précis. Carron s’est proposé d’étudier la
groupe, travaillent ensemble à la poursuite d’un but cohésion et la performance d’une équipe à deux
commun, pensent en terme collectif de « nous », adopte moments différents, t1 et t2. grâce à ce procédé il
une attitude amicale, font en sorte de maintenir le est alors possible de donner une réponse plus
groupe en tant que tel et agissent en tant qu’unité ». rigoureuse à la question du sens de la causalité.
Le concept de cohésion apparaît donc La figure 21 montre en effet que l’on peut calculer
multidimensionnel et les facteurs socio affectifs six coefficients de corrélations, r1, r2<, r6, tel qu’ils
n’en constituent qu’un élément. Ce fait est bien sont représentés sur le schéma.
perçu par Diane Gill de l’Université d’Iowa qui,
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groupes institutionnels où il peut même
s’estomper, non sans risque pour la cohésion.
Moment t1 Moment t2 Sa force attractive dépend non seulement de
cohésion cohésion sa netteté, mais encore de son adéquation au
r1
niveau moyen d’aspiration des membres du
r6 groupe.
- l’attrait de l’action collective : bien que cette
r3 r4
r5 activité soit le moyen de poursuivre le but,
elle est aussi une source de satisfaction par
performance performance elle-même ; le sentiment de la progression
r2
vers le but constitue une médiation entre ces
deux attraits en réclamant pour critère
Fig. : Etude de la liaison entre cohésion et certains succès déterminés.
performance d’une équipe par l’observation des - L’attrait de l’appartenance au groupe : ce
deux variables à deux moments différents. facteur capital est déjà présent dans le souci
Carron. [41] d’effort commun qui anime les précédents,
qu’il s’agisse de la poursuite d’une tache
Chaque cœfficient présente une signification matérielle, d’une discussion ou d’un jeu. Il
particulière. r1 et r2 représentent des cœfficients combine divers affects où peuvent dominer
de fidélité (test-retest), r3 t r4, des cœfficients de selon les cas un sentiment de puissance
corrélation entre cohésion et performance à un (groupes en expansions, groupes de pression),
moment donné, r5, la corrélation qui indique une de fierté (groupes de prestige) ou de sécurité
influence de la cohésion sur la performance, et r6, (de tous les groupes bien établis).
de la performance sur la cohésion. La Mais il est probable que par delà ces affects le
comparaison des valeurs de r5 et r6 permet donc mobile fondamental est celui de communiquer,
une inférence causale. Les travaux de Bakeman et de s’unir de quelque façon à autrui en échappant
Helmreich [16] d’abord ; puis ceux de Carron et à l’anxiété et à la solitude. L’approche clinique de
Ball [41] ensuite, tendent à prouver que la vie affective des groupes, comme de celle des
l’influence de la performance sur la cohésion est individus, nous incline à cette interprétation.
nettement plus forte que celle de la cohésion sur C’est l’ensemble de ces facteurs qui détermine le
la performance. Les auteurs concluent même que processus d’identification des membres à leur
cette dernière est probablement inexistante. Parmi groupe et l’intensité (variable) du sentiment du
les processus psychologiques et « nous ». A ses plus hauts niveaux ce sentiment
psychosociologiques que l’on peut observer au vise à hypostasier le groupe comme valeur
sein de l’équipe sportive nous n’avons envisagé transcendante et absolue à la fois par rapport à
que la cohésion car il nous a semblé que c’était le ses membres et à toute autre valeur extérieure.
plus souvent cité et analysé par les chercheurs Ainsi s’expliquent les sacrifices personnels dont
spécialistes mais, certes, d’autres phénomènes certains sujets sont capables, et les phénomènes
auraient pu être envisagé tels que par exemple le de fanatisme.
moral, les motivations ou les réseaux de Cette identification tend à se concrétiser par des
communication, c'est-à-dire autant de concepts expressions symboliques tangibles : noms
qui sont liés les uns aux autres. spécifiques, chants, rites, cérémonies, et tous
systèmes « figuratifs ».
2-Les facteurs socio-affectifs de la cohésion:
Ils comprennent essentiellement : 2-1-Les facteurs socio-opératoires :
- l’attrait d’un but commun : ce but peut être Il faut considérer à cet égard :
plus ou moins clair selon l’âge et la nature du - la distribution et l’articulation des rôles. Elles
groupe. vécu comme un projet parfois en voie dépendent à la fois des activités poursuivies
de formation, il est perçu souvent de façon et des aptitudes des divers membres, en
plus ritualiste et plus prosaïque dans les
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concernant selon les cas des individus ou des organisé pour s’adapter à la tâche à laquelle il est
sous-groupes affectés à une même fonction. confronté (on parle de groupe de tâche), ses
- la conduite du groupe et le mode de membres sont souvent obligés de construire un
leadership. Quoi que fasse – ou ne fasse pas – réseau de communication, de distribuer des rôles,
le groupe, il « se conduit » dans la mesure d’affronter des conflits et des divergences.
même où il se maintient ; mais l’étude des Il est donc difficile d’anticiper les effets de la
groupes, tant formels qu’informels, relève que cohésion sur la productivité d’un groupe. les
sur cette conduite chaque membre exerce une tentatives de formulation du concept de cohésion
influence différente en intensité comme en de groupe, qu’elles mettent l’accent sur
qualité. l’engagement envers le groupe, sur le sens de la
- Il semble bien qu’aucune opération de communauté ou sur la construction d’une réalité
productivité (matérielle ou intellectuelle) ne consensuelle, n’expliquent pas la totalité des
puisse s’effectuer sans un rôle prééminent de comportements de groupe, quelle que soit leur
chef aux autres membres doit être envisagée taille ou leur degré de concentration (groupe
dans une perspective de complémentarité, car ethnique, club de supporters, etc.) Rey J. P. [196]
elle ne dépend pas de la seule attitude de ce Nous verrons, à propos des structures de l’équipe
chef mais des exigences variables de la et du leadership, que le nivellement autoritaire
situation totale (but collectif, attentes et du petit groupe détruit l’esprit d’équipe. Mais il
besoins des membres, position du groupe reste cette forme de compétition est une
dans son environnement, etc.) émulation interne, stimulant les interactions et le
dynamisme groupal, et qu’elle est plus expressive
3-La cohésion, le conformisme et le de la volonté de participation que d’un souci
déviationnisme : égocentrique. [173]
Pour Maisonneuve J. la cohésion se manifeste par
un ensemble de conduites collectives qui en sont
non seulement les symptômes, mais constituent
aussi par elles-mêmes des facteurs dynamiques.
On se trouve en face d’une causalité circulaire ;
directement issues d’une sorte de pression
interne, inhérente à toute situation collective, ces
conduites contribuent à toute situation collective,
ces conduites contribuent à renforcer cette
pression et à cristalliser le groupe. Trois d’entre
elles sont patentes et peuvent être étudiées quasi
expérimentalement dans les groupes en voie de
constitution : ce sont le conformisme, la résistance
aux déviations et l’agressivité potentielle envers
l’extérieur. [106]
L’uniformité trop marquée peut être un frein à 4-La cohésion et l’intuition :
l’initiative et à la prise de décision. Par exemple, Chapuis R. et Thomas R. indiquent qu’il existe
un joueur risque de ne prendre aucune des joueurs intuitifs qui appréhendent
responsabilité sur le terrain par crainte de ne pas « instinctivement » les signaux extérieurs et en
respecter les consignes de l’entraîneur. dégagent sans réfléchir la signification profonde.
Le professeur d’EPS, qui organise sa classe en De quelle nature est cette connaissance
équipes ou en ateliers, sait que l’on n’obtient pas immédiate ? Pour la psychologie, l’affectivité est à
toujours les meilleurs résultats avec les groupes l’origine de cette forme de connaissance. Sa
formés par affinités. Dans ce cas, les élèves démarche s’appuie sur les observations et
peuvent faire preuve de « paresse sociale » et expérimentations paraissent au profit d’une
développer des pratiques qui vont à l’encontre simple « gymnastique » mentale.
des objectifs éducatifs. A l’inverse si le groupe est
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C’est l’action motivante qui donne une direction le nom de « maturité ». La combinaison des deux
à l’intention tactique et c’est elle qui la maintient augmentée de quelques considérations
dans les limites du « possible ». extérieures constituera sa conception finale de la
Parmi ces principes, il existe un qui retient « qualité du groupe ». C’est là-dessus que sera
particulièrement notre attention, il s’agit de basée toute évaluation.
l’esprit d’adhésion à la notion de collectivité. La
particularité du sport collectif tient au fait que les 5-1-Productivité et maturité du groupe :
joueurs doivent être animés par un « esprit Beal G. M. et Bohlen J. M. ajoutent Par opposition
collectif ». L’individualisme doit laisser place à la à la productivité (qui est l’activité consistant à
solidarité. C’est finalement la solidarité vécue au résoudre les problèmes du groupe) que la
sein d’une équipe qui fait progressivement maturité représente la façon de fonctionner du
évoluer les mentalités vers des normes de jeu de groupe. Encore que le terme ne soit pas tout à fait
plus en plus cohérentes. La mémoire s’enrichit exact, il exprime assez bien les caractéristiques
d’images dynamiques où l’individu n’est jamais dont il va être question.
perçu isolément mais dans une configuration Généralement, le groupe jouissant d’une certaine
riche de potentialités d’actions globales. [50] maturité fonctionne avec efficacité ; mais nous ne
Nous allons présenter dans le prochain chapitre devons pas oublier qu’il doit par ailleurs être
les deux facteurs qui priment dans la aussi productif que possible. Une organisation
détermination de la cohésion dans une équipe ou appropriée pour ce qui relève de la solution des
un groupe de travail, qui sont la position du problèmes procède la plupart du temps de façon
leadership et la nature de l’autorité qui règne et à susciter le zèle de ses membres, à assurer de
commande les relation des individualités entre larges satisfactions personnelles, et à propager un
eux, avec leur leader, avec le responsable et avec moral élevé dans l’ensemble du groupe. Avant
le milieu environnant. que ces objectifs soient atteints, il est
généralement nécessaire d’être arrivé à un haut
degré de maturité. [25]
L’erreur provient du fait que l’idée de maturité
implique certaines qualités provenant de
l’expérience et du savoir-faire, joints à l’allant et à
l’énergie de la jeunesse. En revanche, le manque
de maturité implique l’absence de savoir-faire, en
même temps qu’une certaine instabilité inhérente
à l’extrême jeunesse.
La maturité d’une organisation ne se manifeste
pas spontanément. Elle se développe grâce à des
pratiques éprouvées et à une direction habile et
compétente. Comment développer ces deux
éléments ?
5-La maturité du groupe : Tout individu, tout ensemble d’individus possède
Ceci s’applique généralement dans deux tâches des attributs et des caractéristiques spécifiques.
qui sont celles du groupe. La solution des Les méthodes recommandables pour l’un
problèmes et la bonne marche de l’action peuvent être inopérantes pour l’autre. Il importe
concernent la sélection, la définition et la que l’effort créateur porte en direction de la
poursuite des buts répondant aux nécessités maturité ; une simple formule d’action ne saurait
communes. La seconde tâche, soit les opérations efficace.
de fonctionnement, concerne la construction, le Les principes de maturité des groupes et de
maintient et le renforcement de la structure du même que celle de dynamique de groupe. Nous
groupe et du cadre de ses diverses activités. analyserons les différentes stratégies et méthodes
La première tâche, celle qui concerne la solution recommandées et ceci selon la situation du
des problèmes « productivité » et la seconde sous groupe. La direction habile et compétente est
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fournie à travers les leaderships du groupe et la
fonction du PMP médiateurs d’une possible
transformation productive.
La maturité du groupe se révèle avant tout dans
l’art avec lequel il sait combiner avec efficacité les
aptitudes diverses des membres. C’est à travers
les aptitudes diverses de ses membres, c’est à
travers ce processus qu’un groupe sans maturité
en acquiert. Il est tout à fait possible que la façon
dont le groupe a procédé pour s’élever à un
certain stade de maturité doive subir des
transformations au fur et à mesure que les
conditions changent. [25]
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