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BOUAYAD EseenDiff
BOUAYAD EseenDiff
MAROC :
QUELLE APPROCHE BANCAIRE CURATIVE ?
Résumé :
1
Le contexte économique, dans sa globalité, impose aujourd'hui à l'entreprise marocaine les
exigences de la mise à niveau économique et juridique. Cet environnement et l'évolution des
modes de financement (Faiblesse des capitaux propres et recours systématiques aux concours
bancaires aux taux relativement élevés) rendent vulnérables nombre d'entreprises marocaines,
de taille moyenne, pour la plupart. Néanmoins beaucoup de défaillances pourraient être
évitées. En effet, les difficultés sont visibles plusieurs années à l’avance. Le dirigeant peut
donc, prévoir ces difficultés en amont compte tenu de la gestion des risques dans sa stratégie.
La prévision des difficultés passe obligatoirement par la mise en place d’un dispositif de
gestion cohérent et fiable, orienté prospectivement.
Les défaillances sont généralement prévisibles et pourraient être évitées à temps par un
contrôle de gestion plus rigoureux. Ainsi est-il donc, crucial de développer des outils de
détection précoce des entreprises en difficultés ?
Une gestion dynamique améliorée et préventive serait un soutien et non un couperet. Plusieurs
indicateurs révélateurs de crise peuvent être appréciés, quelles autres solutions s’offrent aux
dirigeants pour sortir leur société du marasme ?
Mots clés :
Entreprise en difficultés; cessation de paiement ; diagnostic ; outils de détection ; continuité
d’exploitation.
Summary
Economic context, in its entirety, requires today the Moroccan business requirements making
economic and legal level. This environment and changing modes of financing (equity
weakness and systematic recourse to bank loans to relatively high rates) make them
vulnerable to many Moroccan companies, medium-sized, mostly. Nevertheless, many failures
could be avoided. Indeed, difficulties are seen several years in advance. The leader can
therefore predict these difficulties upstream considering the risk management strategy.
Forecasting difficulties must go with the establishment of a consistent and reliable device
management oriented prospectively.
Failures are usually predictable and could be avoided by controlling time management more
rigorous. So it is therefore crucial to develop tools for early detection of firms in difficulty?
Dynamic management is improved and preventive support and not a chopper. Several useful
indicators of crisis can be appreciated, what other options are available to leaders to get their
company out of the doldrums?
Keywords
Business difficulties insolvent; diagnostic detection tools; going concern.
Introduction
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L’environnement économique a profondément évolué en quelques mois et beaucoup
d’entreprises marocaines sont entrées dans une zone de fortes turbulences qui risque de mettre
en jeu leur survie. Or, chaque année plusieurs sociétés disparaissent au Maroc, le plus souvent
parce que leurs dirigeants n’ont pas pris, en temps utile, les décisions qui leur auraient permis
d’éviter cette disparition. En effet, aucune entreprise n’est armée, en marche normale, pour
faire face à une situation de crise grave et, lorsqu’elle survient, le dirigeant est le plus souvent
désemparé, notamment par méconnaissance des solutions à sa disposition.
A contrario, quand les dirigeants de sociétés en difficulté financière ont su tirer le meilleur
parti des solutions, internes ou externes, à leur disposition, ils ont réussi à sauver leur
entreprise dans 95% des cas.
Problématique
Manager les entreprises en difficulté ? Est-ce possible ? Existe-t-il une recette miracle pour
passer de la défaillance à la croissance ? Manager revient à élaborer une stratégie pour
conduire au mieux les intérêts de l’entreprise, renouer avec le cercle vertueux de la croissance
économique, maintenir les emplois.
La loi de sauvegarde des entreprises, au Maroc, tente d’apporter un nouveau regard sur les
difficultés économiques des entreprises. Il s’agit, en grande partie, de mettre fin au fatalisme
qui visait à penser que la cessation des paiements était synonyme de liquidation judiciaire et
qu’aucune autre issue n’était envisageable. Désormais, la priorité affichée est la sauvegarde
des entreprises, le maintien de l’activité économique et des emplois. Parallèlement, depuis
quelques années, le traitement des entreprises en difficulté a fortement évolué, du fait de la
réforme du cadre législatif et réglementaire applicable, et de l’évolution favorable de
l’environnement opérationnel dont il bénéficie.
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A la limite, une entreprise d’apparence prospère se trouve toujours sous la menace de
sérieuses difficultés4. La notion d’entreprise en difficulté est ainsi dynamique et complexe,
rebelle à une détermination simple de ses éléments constitutifs. Cela se vérifie lorsque l’on
tente d’établir des critères permettant de déceler la défaillance5.
Evidemment, la multiplicité des critères est à la fois le résultat de la variété des situations qui
peuvent se présenter, et du rôle que l’on veut leur assigner ; prévoir une situation dangereuse à
terme nécessite une précision d’analyse plus complexe que le simple constat d’un état avéré
de cessation de paiements.
A ces différents facteurs d’imprécision de la notion d’entreprise en difficulté, s’ajoute
l’hétérogénéité des causes des défaillances d’origine interne ou d’origine externe à
l’entreprise6. Les signes visibles de ces difficultés 7sont extrêmement variés et vont depuis
l’apparition de certains déséquilibres ou difficultés jusqu’aux reports d’échéances, un
règlement tardif des impôts, taxes et cotisations sociales, l’inscription de privilèges, de
protêts, un recours permanent au découvert bancaire ou encore des cessions d’actifs, une
paralysie des organes de gestion etc.
Chacune des causes spécifiques entraîne son lot de conséquences, et l’accumulation des
facteurs d’aggravation financière et sociale désespérée. Il apparaît ainsi difficile de donner
une définition de l’entreprise en difficulté, concept économique plus que juridique. De
manière très simplifiée on peut dire qu’une entreprise entre en crise financière quand elle ne
dispose plus - ou qu’en raison des difficultés qu’elle rencontre, elle anticipe qu’elle ne
4
Il suffit, par exemple, qu’un nouveau brevet soit déposé et exploité pour que sa production soit à terme moins compétitive, ou que le
principal dirigeant, possesseur de la majeure partie du capital, soit victime d’un accident, ou encore que survienne une crise économique ou
une mésintelligence entre les associés.
5
La détérioration d’une exploitation se produit généralement en trois temps : dans un premier stade, malgré des résultats florissants, un
esprit averti peut déjà percevoir certains signes d’accumulation probable de difficultés ou certains éléments de fragilité ; la deuxième phase
voit ces difficultés potentielles se concrétiser dans la réalité économique et financière de l’entreprise ; et si aucune mesure n’est prise
efficacement, la troisième sera constituée par le dénouement au travers d’une procédure de concours ou de décisions nécessaires d’une
liquidation partielle ou totale ou d’une absorption.
6
Les facteurs internes tiennent ou bien aux dirigeants ou bien à la production, ou bien encore à l’état financier de l’entreprise. Il s’ajoute
souvent des causes de difficultés tenant aux structures de l’entreprise, la forme juridique choisie se révélant inadaptée, ou à des conflits
internes entre les principaux associés, rendant la nominations d’un administrateur provisoire nécessaire, ou encore à un excès de dimension
provoquant une opérations de scission ou de liquidation de certaines unités de production. Dans tous les cas, les causes des difficultés
internes à l’entreprise sont innombrables, se cumulent et peuvent s’ajouter à des facteurs d’origine externe. Par contre, les facteurs de
difficultés extérieures à l’entreprise n’ont bien souvent qu’un effet révélateur ou aggravant et on constate leur faible incidence -sauf
exception- sur les défaillances des entreprises. Ils correspondent aux variations de la politique du crédit, aux événements aléatoires affectant
l’économie –crises sectorielles, régionale ou nationale- ou à la défaillance d’un débiteur important ou de plusieurs d’entre eux.
7
Si l’on s’accorde généralement pour reconnaître qu’il est possible de prévoir deux ou trois ans à l’avance le caractère insurmontable de
certaines difficultés, il est moins aisé d’établir des critères offrant une fiabilité suffisante et ayant un caractère de généralité tels qu’ils
puissent être utilisés pour l’ensemble des entreprises. La définition objective du moment à partir duquel une entreprise se trouve en péril
s’avère impossible ; la pratique tout comme le droit positif mettent l’accent sur les conséquences des difficultés telles qu’elles se traduisent
dans les bilans, que ce soit pour fixer une condition d’ouverture d’une procédure collective de liquidation des biens ou pour utiliser d’autres
techniques de redressement de l’entreprise. Les critères retenus, juridiques pour les premières, ou économiques pour les secondes, ont
tendance à ne prendre en considérations que l’aspect strictement financier et comptable. Or, malgré d’incontestables progrès dans ce
domaine, il est admis que les comptes publiés par les sociétés commerciales africaines jouent moins que dans d’autres pays européens et
américains, le rôle d’outil de diagnostic pour leurs associés comme pour leurs partenaires, principalement pour des raisons tenant au poids
des contraintes fiscales. Il en résulte un scepticisme largement répandu à l’égard du caractère significatif des données fournies par les
documents comptables des sociétés, et de nombreux risques dans la recherche, à l’aide par exemple de la technique de ratios, des moyens de
prévision des difficultés.
4
disposera plus à échéance relativement courte - de la trésorerie nécessaire à la continuité de
son exploitation.
Plus concrètement l’entreprise n’est, ou ne sera bientôt, plus à même d’assurer le paiement
des salaires, le paiement des fournisseurs, le remboursement des emprunts aux échéances
prévues, le financement des investissements nécessaires à la continuité opérationnelle, et le
paiement des éventuels coûts de restructuration nécessaires à cette continuité.
Une crise financière ne résulte que très rarement d’un seul facteur et n’arrive en général pas
d’un seul coup. Elle est quasiment toujours précédée de mini alertes, le plus souvent sous-
estimées ou ignorées par le dirigeant et son équipe.
Les signaux d’alerte peuvent provenir de l’intérieur de l’entreprise comme de l’extérieur, être
de nature financière ou non.
Les objectifs, ainsi cités de cet article, constituent les axes de notre plan de recherche. Dans
un premier temps, après une présentation rapide du cadre réglementaire de la prévention et du
traitement des entreprises en difficulté au Maroc, nous étudierons le concept l’entreprise en
difficulté au Maroc et les principaux indicateurs, dans le cadre de l’analyse explicative, qui
permettent au professionnel de prévenir le risque de défaillance d’une entreprise. Cette
exposition sera complétée par une étude empirique basée sur une enquête auprès des
professionnels en contact direct avec les entreprises en difficulté.
Nous étalerons ensuite, dans le cadre d’un questionnaire, ayant pour but de mettre en évidence
des indicateurs d’une situation susceptible de conduire à une rupture de la continuité
d’exploitation, et ce pour une prévention par l’information comptable et financière.
Nous proposerons quelques mesures de gestion de l’entreprise en difficulté et comment
préparer la sortie de la crise via une stratégie de communication.
une avancée significative par rapport à l’ancien système de faillite. Il a eu, en effet, le mérite
d’introduire pour la première fois certaines dispositions nouvelles, notamment avec
l’instauration des procédures de la prévention et du règlement amiable des difficultés des
entreprises, devenue, dans la législation marocaine, une catégorie à part entière.
Cette loi a été mise en application le 3 octobre 1997. Ainsi, le législateur marocain, conscient
de la nécessité de préserver les entreprises en difficulté, a mis en place des procédures d’alerte
interne et externe, susceptibles de prévenir les difficultés des entreprises, puis une procédure
de règlement amiable permettant le redressement de celles qui sont temporairement
défaillantes.
5
Deux orientations marquent l’esprit de la loi n°15-95 du 1 er août 1996, formant le code de
commerce, organisant le traitement des difficultés des entreprises :
Permettre à des organes d’alerte internes (commissaires aux comptes, associés) et
externes (président du tribunal) de déclencher une procédure d’alerte, en informant les
dirigeants des entreprises sur la nécessité de prendre des mesures de gestion rapides,
dès l'apparition des premiers signes de difficultés.
Permettre au débiteur d'organiser contractuellement avec ses créanciers les moyens de
sauvetage de l'entreprise, à l’aide d’un conciliateur et sous l'égide du président du
tribunal, sans pouvoir juridictionnel.
Au regard de la législation marocaine des affaires8, les notions de prévention et de traitement
amiable des difficultés des entreprises sont très récentes. Cette législation, à travers les
motivations économiques qui justifient son adoption, tente d’appréhender les difficultés des
entreprises lorsque celles-ci cessent de fonctionner de manière harmonieuse et sans qu'une
rupture dans la continuité de leur exploitation ne se produise.
Bien que le Maroc ait emprunté au modèle français les outils de prévention et du traitement
amiable des difficultés des entreprises, avec l’ambition d’éviter autant que possible leurs
défaillances, l'utilisation de ces procédures par les personnes concernées (chefs d’entreprises,
commissaires aux comptes, tribunaux de commerce) reste globalement faible.
Leur application s’est souvent soldée par un échec. Le nombre annuel de disparition
d’entreprises n’a pas diminué depuis la mise en application de la loi n°15-95 du 1er août
1996. Plus de 95% des procédures collectives sont conclues par une liquidation judiciaire
chaque année. L’objectif que s’était donné le législateur marocain en 1996 n’a donc pas été
atteint.
6
Le manque de cohérence homme – méthode – machine.
Il résulte que la défaillance d’une entreprise revêt trois formes : elle peut être économique
(lorsqu’il y a baisse de la rentabilité), financière (difficulté de trésorerie) ou judiciaire (action
de dépôt de bilan).
7
Evolution des entreprises en difficulté. Source : M.C.I – Tribunaux de commerce.
Il y a lieu de signaler que la plus part de ces unités sont implantées dans des zones
industrielles aménagées.
8
Plus encore, l’appartenance à un groupe de société préserve les entreprises les plus
vulnérables de l’échec. Cependant, ces entreprises absorbées peuvent se trouver face à des
dissolutions sans pour autant avoir la possibilité de passer devant un juge. La baisse du chiffre
d’affaire est un facteur clé de la vulnérabilité des entreprises. Sa situation peut être désespérée
quand le profit s’effondre suite à un chevauchement des difficultés et l’absence de leur
traitement consécutif. On parle de la dégradation de la profitabilité de l’entreprise.
1- Indicateurs d’Exploitation
Il n’est pas envisageable de dresser une liste exhaustive de signaux annonciateurs d’une crise
financière. Nous avons listé les évènements suivants, qui, compte tenu des décalages
exploitation / trésorerie, ne se traduisent pas, le plus souvent, par des tensions immédiates de
trésorerie, mais sont des signaux d’alerte à ne pas négliger :
diminution du carnet de commandes, révélateur anticipé de tensions sur le marché
dont il faut analyser rapidement les causes, internes ou externes ;
diminution du chiffre d’affaires, révélateur d’une évolution du marché, mais souvent à
retardement en raison du décalage entre facturation et encaissement ;
augmentation du nombre de litiges clients, révélateur de problèmes de qualité
augmentation des délais d’encaissement des créances clients, révélateur de tension de
trésorerie chez les clients ;
difficultés d’approvisionnement, liées par exemple à la pénurie de matières premières
ou la défaillance d’un fournisseur significatif ;
retard de fabrication, lié par exemple à des mouvements sociaux révélateur anticipé de
pénalités voire de pertes de commandes ;
augmentation du prix des matières premières, produits intermédiaires, produits finis,
ou des frais d’approvisionnement (par exemple des transports) ;
augmentation de certains coûts de production (énergie, salaires), également révélateur
anticipé d’une baisse des marges si l’entreprise ne les répercute pas sur ses propres
clients ;
augmentation des stocks, révélateur anticipé de tensions sur la trésorerie et de pertes
liées à l’obsolescence potentielle des produits en stock ;
augmentation des frais généraux supérieure à celle du chiffre d’affaires ou de la marge
brute.
Il est essentiel que le dirigeant prenne conscience qu’une crise financière prend en général ses
racines très en amont des tensions de trésorerie, et que s’il attend ces tensions pour prendre
des décisions, il risque fort de ne pas avoir le temps de les mettre en oeuvre.
2- Indicateurs Financiers
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Les signaux sont multiples, mais ils arrivent en général avec un temps de décalage par rapport
aux indicateurs d’exploitation, puisqu’ils n’en sont que la résultante.
Les points essentiels à surveiller dans toute activité sont :
une diminution significative de la trésorerie ;
une augmentation du besoin en fonds de roulement ;
une augmentation des frais financiers ;
des difficultés à rembourser les emprunts ;
l’atteinte des limites d’autorisation de crédits, au sens large : découvert, ligne
d’escompte, etc.
l’incapacité à négocier une augmentation de concours bancaire ;
la croissance du ratio endettement / capitaux propres.
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Le rôle du comité d’entreprise et des délégués du personnel a été renforcé en cas de difficultés
avérées puisque ces derniers peuvent désormais communiquer au Président du Tribunal ou au
Ministère Public « tout fait révélant la cessation des paiements » de l’entreprise.
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2. L’endettement de l’entreprise s’est-il accru récemment ?
3. La rotation des clients et des stocks est-elle moins bonne que la rotation
moyenne dans son type d’activité ?
4. L’entreprise utilise-t-elle des fonds empruntés à court
terme pour financer des investissements à long terme ?
5. Les fonds propres de l’entreprise sont-ils insuffisants par rapport au
total de son bilan ?
Lorsque la réponse à une question est positive, il conviendrait de rechercher les raisons
fondamentales de cette réponse.
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solutions et de permettre aux dirigeants de prendre des décisions sur la restructuration ou la
liquidation de la société ainsi que toute autre solution définitive.
Il est inutile de rappeler l’importance de la comptabilité analytique au niveau de l’évaluation
des stocks. D’autre part, la décision de suppression de cette comptabilité d’exploitation peut
être considérée comme une faute à charge de l’organe de gestion en cas de faillite de la
société.
Elaboration du business plan
Etablir le budget de la société en difficulté. Il est de l’intérêt de l’organe de gestion que ce
plan soit établi le plus sincèrement et le plus complètement possible. Cet exercice légalement
obligatoire se révèle comme un outil de suivi efficace s’il a été élaboré avec soin et avec le
concours du professionnel. On peut souhaiter que, l’établissement de ce business plan, le suivi
et la comparaison de celui-ci avec la réalisation de l’activité, constituent un outil
généralement très apprécié par les décideurs au sein de l’entreprise pour vérifier les chances
de « going concern » de l’entreprise.
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Le dirigeant doit, dès l’apparition des signaux annonciateurs de difficultés financières, sortir
de son environnement habituel et s’entourer d’un ou plusieurs professionnels spécialisés
rompus à ce genre de situation qui vont :
apporter un regard neuf sur la situation et lui permettre d’en prendre très vite la juste
mesure ;
lui permettre de prendre rapidement les bonnes décisions et notamment de choisir, si
nécessaire, la meilleure solution judiciaire ;
l’accompagner dans la définition et la mise en oeuvre des modalités de sortie de crise.
Ces professionnels sont les avocats et experts-comptables spécialisés, les experts
opérationnels spécialisés (cabinets de management de transition et de retournement), les
administrateurs judiciaires.
B- Le Diagnostic « Flash »
Cette première analyse, très rapide, doit permettre de comprendre la nature et l’origine de la
crise, d’avoir une vision claire de la situation financière de l’entreprise et d’identifier les
éléments de la situation qui vont orienter le choix du cadre de sortie de crise, notamment, le
choix éventuel d’une procédure judiciaire amiable ou collective. Les axes d’analyse
nécessaires à cette prise de décision sont essentiellement, d’une part la compréhension de
l’origine des difficultés et, d’autre part, l’analyse de la situation financière à date et à très
court terme. On peut caractériser la nécessité de recourir à une procédure judiciaire par le
constat suivant : le dirigeant ne parvient pas à mettre en oeuvre seul une solution pérenne avec
ses partenaires financiers. S’il n’est pas toujours une nécessité, le recours à un cadre juridique
est en revanche très souvent utile au dirigeant, la loi lui offrant une palette de procédures
répondant de façon adaptée aux différentes situations de crise financière dans lesquelles
l’entreprise peut se trouver. Enfin, il convient ici de rappeler que la déclaration de cessation
des paiements est obligatoire pour toute entreprise en état de cessation des paiements.
Comprendre les origines des difficultés
En premier lieu, le chef d’entreprise, le cas échéant avec l’aide de ses conseils, doit être à
même de se forger rapidement une opinion a priori sur l’origine des difficultés et sur les
possibilités et conditions de retournement.
S’agit-il de difficultés conjoncturelles ou structurelles ? Sont-elles liées au business model de
l’entreprise, au contexte économique, au positionnement de l’entreprise sur son marché, à un
problème de rentabilité, à la perte d’un client majeur, à une insuffisance ponctuelle de
trésorerie ? Par ailleurs, certains éléments de contexte ont une incidence forte sur la capacité
de retournement de l’entreprise. Ces éléments sont d’ordre essentiellement humain et «
stratégique ». On peut citer :
un environnement social et humain rendant difficile la possibilité réelle de retourner
l’entreprise : départ de cadres clés, démotivation des salariés, environnement syndical
extrêmement dur ;
la volonté, ou non, de la part du dirigeant, des organes de gouvernance et des
actionnaires de poursuivre l’activité et de s’y impliquer ;
l’existence de repreneurs potentiels ;
la conformité ou non de l’entreprise à son environnement réglementaire : la mise aux
normes de sécurité et/ou environnementales d’un site industriel peut s’avérer trop
lourde à supporter dans une entreprise déjà en difficultés financières.
Cette analyse permet d’identifier si :
la poursuite de l’activité est possible avec de nouveaux financements mais sans
restructuration majeure ;
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la poursuite de l’activité est possible sous réserve de cessions d’activités et/ou
d’évolution du capital ;
la poursuite de l’activité n’est pas possible.
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Les procédures amiables : Elles sont par nature confidentielles, permettant justement de
traiter les difficultés dans des conditions favorisant la sortie de crise : par exemple,
renégociation de la dette avec les établissements financiers. Dans ce cas il n’y a donc ni
nécessité ni intérêt à informer des tiers non directement parties prenantes aux négociations.
La communication vis-à-vis des tiers parties prenantes aux négociations prend le plus souvent
la forme d’un plan d’affaires permettant d’exposer l’origine des difficultés, le projet
d’entreprise et les mesures de retournement. Ce plan d’affaires comprend un volet financier
important exposant les résultats prévisionnels, les besoins de financement et les capacités de
remboursement en résultant sur une période de trois à cinq ans.
Le risque est inhérent à toute activité. Pour minimiser le risque de crise, l’entreprise doit :
d’une part, agir aussi en amont que possible sur certains risques pouvant impacter son
fonctionnement et sa rentabilité, qu’ils soient opérationnels, humains, commerciaux ou
financiers. Il existe une méthode appelée « Risk management ». La démarche consiste
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à identifier les risques potentiels auxquels l’entreprise peut être soumises, en évaluer la
criticité, mettre en place des outils de détection et de réaction en cas de survenance ;
d’autre part, mettre en place des tableaux de bord performants, qui fourniront des
indicateurs avancés de certaines dérives (diminution de la performance opérationnelle,
baisse de la rentabilité, consommation excessive de capitaux...) : ces signaux d’alerte
permettront de déclencher très en amont les analyses puis les actions correctives
nécessaires.
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disposition, négligent le principe par lequel, l'information a un caractère préventif, du moins
en ce qui concerne l'entreprise présentant des signes de difficulté. Cet aspect d'analyse
subjective par le banquier, fondée sur la seule, garantie en sa faveur, peut engager sa
responsabilité en cas de défaillance de l'entreprise créditée. Une information fiable et
prospective placera le banquier dans une meilleure position d'appréciation à temps de la
gravité d'une situation financière de l'entreprise embarrassée. En effet, il n'y a point de doute
que le banquier peut jouer un rôle important dans le cadre de la prévention des difficultés de
l'entreprise. De nombreux instruments ont été mis en place par le Maroc avec la collaboration
de plusieurs organismes de financements et/ou de soutiens.
Les grandes banques marocaines ont même mis en place des financements spéciaux pour la
mise à niveau et le sauvetage des entreprises qui présentent certaines faiblesses financières,
commerciales ou techniques. Ces financements concernent les entreprises viables,
susceptibles d'être repêchées et qui se trouvent en difficulté. Parmi les restructurations
réussies par les banques marocaines, sont celles opérées sur des entreprises bien avant que
leurs difficultés ne deviennent insurmontables. Le droit marocain accorde aux banques un
large champ de manœuvre dans la prévention qu'elles peuvent entamer même avant la
procédure d'alerte comme après. Il est donc permis au banquier, bien informé, d'agir par
anticipation sur la vie de l'entreprise.
Somme toute, il s'agira pour le banquier de mettre en place un système d'alerte dans le cadre
duquel il pourra jouer un rôle primordial de nature à sauvegarder ses intérêts et ceux des
autres partenaires économiques de l'entreprise; d'autre part, il convient de mettre en valeur la
prévention par l'information fiable et en temps opportun.
Le diagnostic proposé ci-après, basé sur les relations avec les tiers recense à une date la
plupart des événements en les classant en trois catégories : préoccupant, grave, très grave, et
les synthétise pour donner un état de la situation de l’entreprise et en déduire une des
démarches de prévention existantes.
Le diagnostic peut être établi par le dirigeant seul ou avec l’aide d’un professionnel du chiffre.
Tous les événements cités sont classés à priori dans une des trois catégories de gravité. Dans
une entreprise donnée, chaque événement peut présenter des aspects particuliers et l’examen
de la situation de fait peut amener à changer la catégorie de gravité de l’événement ; ainsi, les
inscriptions de privilège peuvent selon leur montant et leur nombre être inscrites en
préoccupant, grave ou très grave.
Le total des événements par catégorie de gravité n’entraîne pas ipso facto les conclusions du
diagnostic. Il y a une réflexion d’ensemble à conduire. C’est cette réflexion qui est proposée
au dirigeant lors des rendez-vous conseils.
Nous nous intéressons dans cette recherche à la mise en place d’une grille de diagnostic des
pour le dépistage précoce des difficultés, et donc de mortalité des entreprises. Si l’on parvient
à prévoir suffisamment tôt le risque de défaillance d’une entreprise, il sera dans un certain
nombre de cas possible d’y remédier, nonobstant la diversité et la multiplicité des causes à
l’origine de ces défaillances.
Notre objectif est de mettre au point un outil de diagnostic pouvant être utilisé rapidement sur
un grand nombre d'entreprises. Cet outil s'adresse à ceux qui ont un portefeuille d'entreprises
et qui doivent dans ce portefeuille pouvoir séparer les entreprises saines des entreprises
défaillantes.
Grille de diagnostic :
Catégorie de Gravité
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Evénement menaçant Préoccupant Grave Très
grav
6- Procès Clients ; X
Importants Dénonciation du bail avec offre de renouvellement à
(selon risque des conditions financières impossibles. X
de perte).
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7- Cotations Rating ou scoring : selon degré X X
Diverses.
8- Relations Experts-comptables : suspension des travaux du fait X
avec du non règlement des honoraires ;
les conseils Avocats : suspension des travaux du fait du non
extérieurs et règlement des honoraires. X
autres
9- Procédures Commissaire aux comptes : procédure d’alerte : X X
d’alertes apprécier le niveau ;
existantes. Chef d’entreprise : procédure d’alerte : voir les
conclusions du rapport ; X X
Tribunal de commerce : convocation -prévention par
le président. X X
Catégorie de Gravité
Conclusion
Le mouvement d’imprégnation ou d’inspiration auquel a eu recours le législateur marocain
pour compléter son dispositif législatif, ne pourra qu’être considéré comme une démarche
intéressante et enrichissante.
La présentation des apports du droit marocain en matière d’amélioration du processus
préventif à travers des réformes juridiques, institutionnelles et réglementaires, mais aussi par
la sensibilisation au recours aux modes alternatifs de règlement des conflits constitue une
avancée grandiose. Elle vise à rompre avec l’esprit qui régnait dans le climat des affaires ; cet
esprit était dominé par une peur irraisonnée de recourir au tribunal pour anticiper les
difficultés. Alors que l’intervention du tribunal est informelle, c’est un simple protecteur des
intérêts des parties en début de négociations, visant à donner à ces pourparlers un caractère
plus sérieux.
L’assistance aux entreprises en difficultés est centrée sur l’apport temporaire, à côté du chef
d’entreprise, d’un manager expérimenté dans le domaine de la gestion de crise et du
retournement.
Celui-ci doit être capable de mettre en place très rapidement de nouveaux outils et de
nouvelles procédures destinés à optimiser la gestion de la trésorerie à court terme de
l’entreprise.
La crédibilité supplémentaire apportée par ce professionnel auprès des banques, son support
technique et le transfert d’une partie de la pression quotidienne des fournisseurs et des
banques sur ce manager, permettent à la direction de redéployer une partie de son temps et de
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son énergie sur la résolution des problèmes de fonds nécessaire à la sortie de crise et de
préparer la phase suivante de redressement. Pour garantir le succès il convient encore :
d’associer au processus et de traiter avec respect l’ensemble des parties prenantes
internes et externes, en particulier les instances représentatives du personnel ;
de respecter les règles de bonne gestion, écartant ainsi tout risque de sanction civile,
patrimoniale ou pénale ;
de ne pas hésiter à recourir à un renfort extérieur, solution privilégiée qui permet
souvent d’obtenir des résultats inattendus et spectaculaires.
Enfin rappelons qu’une crise peut aussi être pour l’entreprise une occasion unique de se
remettre en cause. Une entreprise qui a réussi à surmonter ses difficultés en ressort souvent
renforcée et mieux armée pour rebondir sur ses marchés.
Bibliographie
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