Mon premier croquis d'Architecture

Ce croquis d'Architecture est le premier acte qu'accomplit la récipiendaire après

son entrée dans la Boulomie, ce lieu où l'on veut.

Qu’est-ce qu’un croquis ?

C’est, selon le Larousse, un dessin en quelques traits, de manière à saisir l’essentiel

du modèle. C’est une représentation simplifiée mais exacte d’une observation. Son
but est d’indiquer les grandes caractéristiques sans entrer dans le détail. Il n’est pas
destiné à être repris ou retravaillé. A la différence de l’esquisse, ce n’est pas un
« brouillon », mais déjà une œuvre achevée.

L’architecture, toujours selon le Larousse, est l’art d’assembler, d’organiser des

éléments pour en faire un ensemble structuré. L’architecture, qui a inspiré la
référence au Grand Architecte de l’Univers, c’est un peu « l’Ordo ab Chao ».
C'est le premier travail structuré que nous réalisons depuis notre entrée en F. :M.:.
Les 3 coups sur la pierre brute de l'A.:, puis les 5 coups de la C.: sur la pierre
cubique, pouvaient être faits au hasard, sans réflexion particulière. Si le cercle tracé
par la nouvelle Maîtresse demandait un peu plus de dextérité, il n’était lui non plus
pas le fruit d'une pensée constructrice.
Nous passons de la simplicité élémentaire d'une action isolée, d’une forme (chaque
coup sur la pierre, un seul cercle), à la complexité créatrice d’un agencement.

Le croquis d’architecture fait écho au « Je veux et je construis », qui m’amène à

relever l'analogie entre dessin et dessein. Le dessin est la recherche du sens de la
multiplicité des choses et de leurs relations. Un dessin répond à un dessein, et
nécessite une organisation. Il nécessite aussi l’obéissance à des lois. On ne peut pas
dessiner n'importe comment. De même qu’on ne peut pas vouloir, ni construire
n’importe comment. Le dessin peut être une projection et une organisation du réel ?
Mais aussi la projection de l'esprit sur la matière. Il est la projection de notre esprit
sur notre propre matière. En cela le dessin est une voie d'introspection.
Mais un croquis d'architecture n'est pas n'importe quel dessin. Il a un dessein très
particulier. Il ne cherche pas à reproduire le réel, mais à le créer. Il est l’étape
intermédiaire qui, dans le processus de création, se situe entre l’idée, le concept, et
le réalisé.

Pour faire ses croquis, le Grand Maître Architecte utilise les instruments de l'Etui
mathématique. La Mathématique, nous dit le rituel, c'est la Philosophie. Le

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philosophe est celui qui cultive la Sagesse. Pour cela, il dispose donc des
instruments contenus dans l'étui mathématique, qui comporte 3 compas. Le premier
sert à prendre les mesures. Grâce à lui, le Grand Maître Architecte pourra évaluer
ses progrès dans chaque domaine, corriger, ajoutant ici et retranchant là, afin que
son édifice, son temple intérieur, soit solide et bien bâti, harmonieux.

Le second compas est le compas de proportion. Il permet au Grand Maître

Architecte de transposer ce qui est en haut vers ce qui est en bas et vice versa:
spiritualiser la matière en dégageant le subtil de l'épais, mais aussi mesurer par les
actes de sa vie sa progression intérieure. Le Grand Maître Architecte est, plus que
tout autre Maç:., entre le compas et l'équerre, entre le spirituel et le matériel. Il
travaille pour que l'homme puisse être relié à l'Univers. En construisant des ponts
entre le visible et l'invisible, il créé les conditions pour que circule l'Energie. Il
évoque pour moi ce tableau de William Blake, où l'on voit un vieil homme dans le
disque solaire, se penchant sur le monde en tendant un compas ouvert.

Le 3ème compas mesure les angles. Il nous invite ainsi à l'ouverture. Ouverture sur
l'autre, ouverture sur une autre façon de voir, d'appréhender la réalité.
Elargissement de notre esprit, de notre entendement, embrassement d'autres
dimensions. Pour dessiner, pour tracer des plans, il nous faut avoir une vue
d'ensemble de tout ce qui est impliqué dans l'oeuvre de construction.

C'est pourquoi l'architecture exige la connaissance, voire l’excellence, dans toutes

les autres sciences. Cela se traduit entre autres dans notre rituel par les noms
donnés aux différentes officières:
la Présidente est SUBLIME Grand Maître, accumulation de qualificatifs
décrivant qu'elle a atteint un haut niveau de réalisation et de connaissance, une
grande élévation spirituelle
les Surveillantes deviennent les Excellents Gardiens, afin de souligner
qu'elles ont la maîtrise totale de leur fonction
l'Oratrice est maintenant Rhéteur. Si l'oratrice est simplement celle qui parle,
le rhéteur possède l'art de l’éloquence
la trésorière est l’Econome, montrant par ce titre qu'elle ne se contente pas de
détenir le trésor, mais qu'elle sait parfaitement le gérer
l’Hospitalière est le Bienfaisant. Elle ne fait pas qu’accueillir et protéger les
hôtes, elle a un rôle plus actif, qui témoigne de plus de discernement, puisqu’elle
agit pour le bien.
l’Experte est devenue Grand Maître Empirique, montrant par cette
appellation qu’elle n’a pas seulement une connaissance, mais en plus une grande
expérience de son rôle

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 la Maîtresse des cérémonies enfin est à présent qualifiée de grand maître
liturgiste. Si les cérémonies se réfèrent plutôt aux événements profanes, la liturgie a
définitivement un caractère plus spirituel. Elle est l’ordre du service divin.

La cérémonie de passage au degré de grand Maître architecte se fait avec toujours

au moins 3 récipiendaires. La disparition d'Hiram oblige les maîtres à se prendre en
charge eux-mêmes. Ils doivent donc s’appuyer les uns sur les autres, s’entraider.
Leçon d’humilité, au seuil de ce nouveau grade. Un seul Grand Maître Architecte
ne peut rien, il faut être plusieurs pour construire le Temple. Même s’il s’agit de
notre Temple intérieur, nous ne pouvons y parvenir sans l’aide, sans le regard, sans
la vigilance de l’autre. Et dans la mesure où ce même temple est aussi celui de
l’humanité tout entière, il nous faut unir nos forces pour le bâtir, selon des croquis
que nous devrons confronter, pour, ensemble, trouver le juste plan. Je ne
m’appesantirai pas sur le symbolisme du trois, qui est si riche et si divers, et qui
représente sans doute ici l’organisation de la manifestation, et la réalisation de
l'unité.

Mais pourquoi un croquis d’architecture et pas un dessin, ou un plan ?

Rappelons-nous qu’un croquis est une esquisse rapide, qui saisit l’ensemble des
formes, sans s’appesantir dans les détails. Mais qui est déjà une mise en ordre, une
organisation.

Alors, s’il nous est demandé de tracer ce croquis dès notre entrée dans l’archiloge,
avant de nous élever aux grades suivants, serait-ce une épreuve ? Afin de vérifier
que nous possédons l’essentiel des connaissances qui nous permettront de continuer
à avancer et de concevoir, c’est à dire de conceptualiser une idée et de la transposer
dans la réalité.

A ce niveau, nous passons à l’acte. C’est une extériorisation, une mise en pratique
de ce que nous avons découvert en nous.

De quoi se compose ce premier croquis ? D’un cercle et d’une ligne droite.

Le cercle, nous l’avions déjà tracé, comme premier travail de Maîtresse maçonne.
Mais c’était un cercle isolé, qui était la représentation d’un symbole en lui-même.
Le cercle de notre croquis est-il différent ?

Toutes les figures géométriques dérivent de ces 2 figures élémentaires : le cercle,

ou la courbe, et la ligne droite. A partir d’elles on peut bâtir le monde.

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La droite représente la direction à prendre, l'esprit de décision, la volonté (la
Boulomie est ce lieu où l'on veut). Elle est l'image de cet élan vers l'infini, qu'est
notre recherche, notre quête de la Parole Perdue.
Le cercle, lui, est le champ de cette recherche. Il représente la projection de l'esprit
sur la matière, projection dans laquelle sont rassemblées toutes les sciences, de
l'astronomie à la biologie moléculaire, en passant par la géométrie, l'arithmétique,
etc.... Car les sciences ne sont rien d'autre que notre façon de voir le monde.
En réunissant dans un même croquis la droite et le cercle, c'est toute la mission du
Grand Maître Architecte que nous traçons.
En examinant les degrés qui précèdent celui de Grand Maître Architecte dans les
grades de perfection, plusieurs éléments apparaissent qui montrent comment ils
contribuent et débouchent logiquement sur le 12eme.

Le 4eme, en exacerbant la notion de Devoir et en l’exhortant à rechercher la Parole

Perdue, prépare l’initié à sa tache et à ses responsabilités futures.

Le Maître Parfait, en comprenant la nature de la Connaissance qui est une

participation directe au Principe, parvient à appréhender la nature des choses et des
lois qui régissent l’univers comme sa propre conscience. Cette Connaissance est le
fondement indispensable à toute œuvre de construction.

Le 6eme degré, celui de Secrétaire Intime, nous apprend la valeur de la

transgression lorsqu’elle est motivée, non par l’égoïsme ou l’intérêt personnel, mais
par des desseins élevés. La transgression est essentielle à tout processus créateur.
Sans elle, il n’y aurait que répétition du passé.

Le Prévôt et Juge sait organiser la composante matérielle de la vie tout en.

connaissant l’ordre intime des choses et de la nature humaine. Ces qualités sont
requises pour tracer un croquis d’Architecture, car il faut comprendre les relations
profondes au sein de la matière pour pouvoir concevoir de façon réaliste son
organisation. Pour bâtir l’ébauche de son Temple intérieur, le Grand Maître
Architecte doit d’abord comprendre l’ordre supérieur qui détermine les causes,
c’est en cela qu’il doit être un Juste.

L’Intendant des bâtiments explore et connaît tous les secrets de la construction. Il

devait connaître à fond les 5 ordres d’architecture et devait terminer les travaux
d’une certaine chambre secrète. Après avoir exploré le fond des choses, la
connaissance de leur forme est nécessaire pour déterminer leur agencement.
L’aspirant connaît les 5 points de la fidélité : agir, intercéder, prier, aimer ses frères
et les secourir. Ce sont les actions qui doivent découler naturellement de la

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connaissance de la justice, acquise au degré précédent. Lorsqu’il dessinera son
premier croquis d’architecture, le nouveau Grand Maître Architecte devra garder
présente à l’esprit cette géométrie du comportement qui devra diriger ses actions.

Les 9eme et 10eme degrés, représentent la nécessité pour l’initié d’éliminer en lui
les assassins de la lumière pour que son croquis soit pur.

Le Sublime CHEVALIER élu est l’initié qui a atteint l’HARMONIE. Car le

Chevalier ne domine pas la matière symbolisée par le cheval, il l’utilise, canalisant
et orientant son énergie pour la réalisation de son but. C’est bien avec de la matière
et de l'énergie que le Grand Maître Architecte devra accomplir son oeuvre de
construction.

Il est moins question dans ce 12eme degré d’exploration intérieure, d’introspection,

que de comme l’annonce d’emblée le premier croquis d’Architecture que nous
traçons dès notre entrée dans l’Archiloge. Par la suite, nous apprendrons à paufiner
ce premier jet, à développer cette première intuition du tout.

Il nous faudra d'abord apprendre les bases, mettre en ordre la chambre des dessins,
délayer l'encre de Chine, coller le papier sur les planches. Nous atteindrons alors
l'âge de la plénitude, c'est à dire que nous nous serons totalement réalisées, nous
aurons atteint notre épanouissement.

Alors le génie pourra parler, qui est ce trait de lumière qui échappe à tout contrôle
et engendre la conviction intime la plus forte. Immanent en chaque personne, le
génie est l'être spirituel qu'il nous faut réveiller pour qu'il nous guide, par la voix de
l'intuition et de la conscience supra rationnelle.

C'est cela qui fait du Grand Maître Architecte un créateur, un visionnaire du futur,
et c'est cela que nous exprimons en traçant notre premier croquis d'Architecture.

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