Vous êtes sur la page 1sur 2

T.F.l 1A.

2 PORTRAIT • MARDI 7 JUIN • JUBILË DE L_A REINE D'ANGLETERRE • 11 H 30 ET

LA REINE
Depuis vingt-cinq ans qu'elle est montée sur le trône
d'Angleterre, certains journaux français dits << spéciali-
sés ,, ont suivï les moindres -agissements d'Elizabeth Il.
Des révél.a tions sensationnelles tous les quinze jours et
sans. jamais prononcer les noms des premiers ministres
en exercice. Voici résumé, COT'1me si nous n'avions lu que
.cette presse, le dernier quart de siècle britannique.

que la Reine d'Angleterre était


·quatre fois moins riche que le sul-
tan du Koweit, roitelet du pétrole
gui, lui au moins, n'avait pas
besoin de " liste civile », ce budget
• Tout le monde s'en souvient royal inventé par les peuples dans
- · même ceux qui n'étaient pas le seul but d'importuner les grands
nés, grâce aux piles de revues de ce monde avec de sordides
entassées dans une vieille ar- détails matériels. ·
moire de grand-mère - : le Ces vingt-cinq dernières années,
6 février 1952, on couronnait la au cours desquelles la vie n:a pas
reine. Quelle reine ? La Reine ! cessé d'augmenter, ont été . bien
Quand on dit la Reine, tous les difficiles pou·r la famille d'Elizabeth.
Français comprennent : la Reine Surtout depuis la crise: Alors que
d'Angleterre, Elizabeth, celle qu'on certains journaux à sensation vou-
appelait Lilibeth quand elle n'était draient accréditer la légende d'une
encore que la fille du roi George VI,
l'épouse de Philip Mountbatten,
duc d'Edimbourg, la maman de
Charles, d'Anne et d'Andrew, la de certains présidents. Un prési-
sœur de Margar~t (ah, celle~là, dent, c'est pourtant moins qu'une
Margaret !..: Mais n'anticipons pa_
s)·. reine, non ? - même les Français
sentent ça, rien qu'à lire leur his-
On couronnait la Reine, donc, et de toire de France. Sauf peut-être
quel couronnement! Grandiose, notre avant-avant-dernier prési-
fastueux, éclatant de tous les ors dent, qui était tout de même as§ez
et de tous les feux de l'Empire ! royal...
Vingt-cinq ans, déjà. Le temps
passe inexorablement sur les cou- Courageuse Elizabeth. La Reine ne
ronnes des rois et des reines, s'est jamais départie, sous ses
comme sur nous autres. Pauvres étonnants petits chapeaux, d'une
de nous, pauvres d'eux. Parce que tranquille dignité. Elle en a eu bien
les rois et les reines, finalement, besoin.
sont des hommes et des femmes Lors de l'histoire d'amour de sa
comme tout le monde, avec les sœur Margaret et du beau Peter
joies et les soucis de tout le Townsend, un roturier-, en 1954.
monde : des soucis d'argent et des immense fortune · (Le Monde du Lors des frasques de la même
soucis de famille. 7 février dernier : " Les ch§teaux, Margaret pour oublier son cha-
D'argent. En 1952, . déjà... Cette /es carosses, /es écuries, le yacht grin d'amour, en 1955. Et lors de
année-là, Elizabeth s'adressa à ses royal et la fortune personnelie se- la nouvelle histoire d'amour de
fidèles Communes pour leur faire crète de la souveraine, sans doute Margaret, toujours, et d'un autre
savoir que la fille de George VI l'une des plus importantes du roturier, Tony, en 1961. Tony et
était prête à faire face aux soucis monde»)... Et l'entretien, alors? Margaret, ce qu'ils ont pu exaspé-
accablants de la Couronne... à con- Avez-vous pensé aux frais d'entre- rer l'Angleterre, ces deux-là 1
dition que ceux-ci ne soient pas tien? En 1962, Elizabeth est prête à sévir.
compliqués par des problèmes En tout cas, le Parlement lui ac- Tous les soucis sont pour elle.
d'argent. On apprit avec stupeur corde un budget inférieur à celui (Philip, lui, sait s' amus~r : il est le

14
.. 12 H • T.F.l J.EUDI 8 JUIN • JUBILt DE LA REINE D'ANGLETERRE • 22 H 50

TEI.ERAMA
,.,
1. JUIN 19n
•14 2 9

JUBILE
mari de la Reine, pas le roi...). Mar- Bien sûr, elle a connu aussi de
garet aime trop le twist ; l'une des hons moments. En mars 1960, par
belles-mères de Tony joue un vau- exemple. Pour la naissance du petit
deville au théâtre ; Lord Oxman- frère d'Anne et de Charles : An-
town, demi-frère de Tony, est ar- drew. Elizabeth a trente-trois ans,
rêté pour ivresse au volant ; et puis, c'est son troisième enfant, il est né
c'était facile à prévoir, ça ne va à trois heures trente. On savait que
plus entre Tony et Margaret... le chiffre trois portait bonheur à la
Les soucis finissent par avoir de famille royale, ()'lais même Nostra-
graves conséquences sur la santé. damus n'aurait pas osé aller jus-
Fin 196~, les téléspectateurs atter- que-là... Merci, vous êtes merveil-
rés ont découvert le visage épuisé leuse, lui a dit Philip. Les Anglais
de la Reine sur leur petit écran . sont contents de leur Reine.
Elizabeth est, à quarante-deux ans,
une reine accablée et une femme
frustrée. La presse a osé l'atta-
quer: La royauté coOte cher. Philip
lui a dit: Nous sommes démodés.
d'être annobli : quel affront pour la
Lés étudiants ont invité Cohn-
Reine) .. Cette Anne ! Tout le por-
Bendit pour conspuer la royauté.
Son fils Charles est bien jeune, trait de sa tante ...
sinon ... Et il faut faire face à l'opposition:
Pas l'opposition de celui des deux
Trois ans plus tard, l'angoisse. Elle partis; conservateurs et travail-
apparaît fardée comme une momie. listes, qui n'est pas au pouvoir, non,
Elle n'a plus la force de lire sès ils s'arrangent entre eux : celle de
discours. A cause de ses quintes William Hamilton. Le seul député
de toux, elle a toujours un mou- ang~ais républicain. !laceuse Eliza-
choir à la main. On ne peut pas beth d'être- une potiche, là reine-
s'empêctfer de penser à son grand- mère d'être fa retraitée la plus
père, George V, qui a traîné une chère du monde, Charles ·un bon à
rien, Anne un laideron mal élevé ...
Et puis les nuages sont revenus. Le fameux numour britannique ?
Leur ombre n'épargne pas Bùckin- Pas du tout Il paraît qu'il est sin-
gham. Il faut toujours du temps cère et que son père, qui était déjà
pour que la vérité apparaisse : au- anti-royaliste, lui a inculqué très tôt
jourd'hui seulement, alors qu'Elisa- un idéal républicain. William Hamil-
beth fête ses vingt-cinq ans de ton est l'homme le plus détesté du
règne et ses trente ans de mariage, Royaume-Uni.
on sait ce qu'a été vraiment son Tout cela n'empêche pas Elizabeth
roman d'amour avec Philip. Eh de paraître à nouveau radieuse à
bien ! On peut révéler que leur ma- l'approche des fêtes d\l Jubilé.
riage n'·a pas toujours été facile. Il Anne, qui vivait jusque-là le drame
y a eu des accrochages en privé. de Fabiola, va .avoir un enfant. Ce
Et en public - dignité oblige - sera l'enfant du miracle. Son mé·
des bouderies ! · nage en sera peut-être consolidé.
Il y a aussi les enfants. Comme Et puis, dans la . grande tourmente
toutes les mères du monde, les qui emporte, depuis quelques an-
reines se font du souci pour leurs nées, ce qui reste de l'Empire bri-
enfants. En plus royal, c'est fout. Il tannique, la monarchie est, semble~
mauvaise bronchite jusqu'à la mort, faut songer à marier Charles qui a t-il, la seule chose que la crise ne
et à son père, Geôrge VI, emporté bien grandi et qui montera un jour remette pas en cause. Bien fait
par u~ cancer du poumon. Philip la . ~ur le trône comme sa maman. La
pour William Hamilton.
supplie de s'arrêter. On prononce princesse Marie Astrid. de Luxem- De quoi jubiler, n'est-il pas ?
le mot abdication ... Les médecins bourg serait un parti inespéré. Mais
disent : Elle devrait partir un mois il faut d'abord empêcher Anne de Fait ici, à Paris, en France, un
au soleil. Elle ref4se : sa place est divorcer d'avec Mark Philips (un dimanche:
en Angleterre. autre roturier et qui. lui, a refusé Jacques BERTRAND 8

15

Vous aimerez peut-être aussi