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Lili Rivet Loonen, 1e5 : 05/01/2023

DISSERTATION : Comment expliquer l'échec de l'unité populaire et de Salvador Allende ?:

Il y a cinquante ans, Salvador Allende arrivait en tête des élections présidentielles


chiliennes. Un mois plus tard, le Parlement le nommait à la tête de l’État : la révolution qu’il
prétendait réaliser s’acheva par un coup d’État et la mise en place d’une dictature militaire le
11 Septembre 1973. Durant les années 60, le Chili dont l’économie est marquée par de fortes
tendances inflationnistes, se modernise profondément. Si la démocratie chrétienne est au pouvoir
depuis 1964 et conduit des réformes progressistes (notamment un début de réforme agraire, la
modernisation du système d’éducation), elle ne peut empêcher la montée en puissance de la
gauche et de son représentant emblématique : Salvador Allende, représentant de la gauche
chilienne. Bien qu’intéressé par des expériences plus radicales comme la révolution Cubaine, il
prône une transition pacifique et démocratique vers le socialisme, devenu populaire au milieu des
années 60, il doit vite affronter l’hostilité de la droite conservatrice. Suivis par l’Unité Populaire, une
coalition entre les partis de centre gauche et de la gauche du Chili, ce partis fut créer afin de
permettre a Salvador Allende au pouvoir. Cependant il existe de nombreuses tendances politiques
différentes au sein de cette coalition. Mais pourtant le Parti Socialiste était réticent à l’idée de la
soutenir, il était en quelque sorte le candidat logique à prendre. Par conséquent, on devine
l’extrême fragilité de cette alliance et les divisions profondes susceptibles d’émerger.
Salvador Allende avait pour but la nationalisation des secteurs clés de l'économie, la réforme
agraire, il voulait aussi répartir les richesses de façon égalitaires. Ce qui nous conduit à nous
demandez pourquoi et surtout comment l’Unité Populaire et Salvador Allende ont échoué.
Afin de répondre à cette problématique nous verrons dans un premier temps l’élection du 4
septembre 1970 et la « voie chilienne vers le socialisme, La démocratie chrétienne au
pouvoir et les différences avec l’Unité Populaire et en dernière partie la contre-révolution et
crise de la démocratie chilienne.

En 1970, la candidature d’Allende est portée par une coalition de partis de gauche, l’Unité
Populaire (UP). Celle-ci est composée du Parti socialiste dans lequel Allende milite, du Parti
communiste ,des centristes du Parti radical et d’un parti chrétien de gauche , une coalition
solide rejointe un an plus tard par la Gauche Chrétienne. Le 4 septembre 1970, trois millions
d’électeurs votent pour élire leur nouveau président. À l’issue de l'élection présidentielle,
Salvador Allende, obtient une majorité relative de 36% face aux autres candidats à la
présidence : un peu plus d'un million de votes, soit le tiers des voix exprimées. L'élection
d'Allende doit donc être ratifiée au Congrès, qui eux vont choisir le nouveau président.
Durant les semaines qui vont suivre, un longue et rude discussion parlementaire s’engage
dans lequel les Etats Unis vont tout faire pour éviter que Allende soit élu. Pour cela
Washington met au point un plan pour pousser l’armée chilienne a s’insurger. Cette tentative
va échouer dans des circonstances dramatiques. Un accord secret sera passé entre Tomic
et Allende pour lui permettre de devenir président lors du vote du congrès le 24 octobre.
Pour conduire son programme politique ambitieux et radical, Allende compte sur les vastes
pouvoirs confiés au président, le régime chilien est présidentialiste, mais sa légitimité
électorale reste fragile car quarante mille voix le séparent seulement d'Alessandri, le
candidat de la droite. Des « statues de garanties » sont instaurer afin de faire en sorte que la
gauche ne touche pas a la construction de l’Etat, une interdiction « d’exercer des pouvoirs
appartenant aux autorités politiques » et neuf points sont installer afin qu’elles soient
respectées : maintien du pluralisme des partis politiques ; respect de la liberté de la presse ;
maintien de la liberté de réunion ; respect de la liberté de mouvement ; reconnaissance de
l’enseignement privé ; inviolabilité de la correspondance ; liberté du travail.
Allende qualifie son programme de « voie chilienne vers le socialisme ». Ce
programme rompt avec la bipolarité de la Guerre froide qui partage le monde en deux, les
Etats-Unis et l'URSS incarnant deux modèles idéologiques, sociaux, économiques et
politiques. Le nouveau président du Chili propose de sa propre voie adaptée aux conditions
locales, en assemblant les modèles socialiste et libéral. La voie chilienne choisit par Allende
est un processus révolutionnaire. Il réalise une transition vers le socialisme en s’appuyant
sur la légitimité démocratique d’une élection libre et le soutien du peuple chilien. Allende
compte donc beaucoup sur la mobilisations des organisations sociales de la gauches avec
les syndicats ouvriers et paysans, les associations de quartier, de jeunes, et de femmes.
Salvador Allende veut avancer et faire bouger les choses, tout en préservant les libertés de
chacun, pour lui la « voie chilienne » est un programme qui propose d'avancer vers le
socialisme tout en préservant les institutions libérales, une révolution à la fois socialiste et
démocratique.
Il instaure et met rapidement en œuvre la programme de l’Unité Populaire. La production
devra être augmentée et réorientée, pour satisfaire les besoins de la population. Des
contrôles des prix sont mis en place pour les produits de première nécessité pour favoriser la
consommation populaire. Les mesures sociales envisagées concernent entre autres le
rattrapage des salaires, l'extension de la sécurité sociale, la construction de logements.
Enfin, la politique étrangère du nouveau gouvernement vise avant tout l'indépendance
économique et politique du pays et la normalisation des relations avec Cuba. Allende installe
veut aussi instaurer une réforme agraire mais elle est plus compliquée à mettre en œuvre. Il
fut décidé d’exproprier les fermes de plus de 80 hectares dont les terres n’étaient souvent
guère exploitées. Dans le Sud du pays, les grands propriétaires organisèrent de grandes
manifestations avec le soutien de militants d’extrême droite.

La fin de l'Unité Populaire et ses trois années de gouvernement on put permettre un


approfondissement démocratique important au Chili. Le Premier gouvernement à être élu par
un suffrage réellement universel, l'Union populaire à fait du respect des libertés et du
pluralisme une clé de voute de la « voie chilienne vers le socialisme ». Jusqu'au 11
septembre 1973, le Chili n’a pas connu violations des droits humains. La presse est libre et
ne subit pas de pression du pouvoir. Aucune censure n'est exercée sur la presse. De plus,
les partis d'opposition agissent sans la moindre gêne et les mobilisations
antigouvernementales ne sont pas réprimées. La démocratisation sociale et économique
initiée par la DC se poursuit et s'approfondit avec le gouvernement de l’UP. Le 11 juillet
1971, le Congrès adopte à l'unanimité la loi qui nationalise les mines de cuivre. Une grande
partie du secteur bancaire est également nationalisée pour permettre à l’État de financer les
entreprises et industries publiques. Sur le plus long terme, le soutien de la production
nationale est censé limiter les importations et la dépendance extérieure aux produits
importés. Dans les régions rurales, les coopératives sont promues au détriment des petites
propriétés individuelles pour accroître la production agricole et favoriser la balance
commerciale du pays.
L’Unité Populaire déploie également une intense activité législative pour faciliter la
syndicalisation des travailleurs, mais aussi pour renforcer les droits sociaux, favoriser la
construction de logements et promouvoir l'éducation et la santé publiques. Le Congrès
décide ainsi de distribuer un demi-litre de lait par jour à tous les enfants, une mesure qui
n’est pas uniquement symbolique dans un pays où la malnutrition infantile est un véritable
fléau. Cette initiative fut pris après la « marches des casseroles silencieuses » pour
protester contre les difficultés d’approvisionnement et l’appauvrissement d’une partie de la
population. Durant la première période de gouverne de Allende, la redistribution des
revenus, l’augmentation des salaires et l’accès au travail pour tous permet un taux de
croissances économiques incroyable pour le pays. Cependant cela ne va pas durer et lors
de sa deuxième année, la naturalisation du cuivres et la partage avec les Américains va
créer des « profits excessifs » et le gouvernement va revenir sur sa décision et annoncer que
les compagnies nord-américaines d'exploitation du cuivre ne seront pas indemnisées. Les
Etats-Unis menacent de suspendre l'aide économique au Chili, leur politique visera
désormais à asphyxier l'économie chilienne.
Depuis les l'élection d'Allende, la rue devient un espace d'action politique. Des
manifestations s'organisent quotidiennement par celles et ceux qui soutiennent l'UP (Union
Populaire), pour porter des revendications, afficher leur adhésion au gouvernement ou pour
appeler à un réajustement de sa politique. Des groupes de jeunes s’installent et squattent et
un mouvement socialiste s’installe, les « sans logis ». Une pression s’installe et des fresques
révolutionnaires sont faites à Santiago par les jeunes évoquant une atmosphère de lutte, une
lutte pour un Chili nouveau. C’est un véritable climat de pression qui s’installe. En parallèle,
des formes d'auto-organisation émergent dans les quartiers populaires, où des milices
populaires sont constituées par les habitants qui construisent des logements sans attendre
l’autorisation ou l’aide de l’État. Dans les régions rurales, des Conseils communaux paysans
sont créés sous l'instigation de l'Unité Populaire et les occupations de terres agricoles se
multiplient.

Le développement d’une extrême droite qui fait de la violence une arme de déstabilisation
massive : « Patria y libertad », un mouvement extrémiste qui se rapproche progressivement
des adversaires politiques de l’Unité Populaire, participant à l’instabilité du pays tout en
mettant en péril la démocratie chilienne, par ses actions illégales, son antimarxisme enragé
et ses inclinaisons « extrêmes », certains diront même « fascistes ». Des groupes armés
agissent dans la rue, organisant des attentats et semant la terreur : cela contribue à
l’instabilité du quotidien, à l’insécurité, fragilisant le pouvoir en place ainsi que la crédibilité du
système politique à répondre à ces menaces. C’est ce climat de peur et de violence qui à
semer le désordre et ce début d’effondrement de la société créer par Salvador Allende. Des
grèves massives, soutenues par l’opposition ainsi que les Etats-Unis avec la plus importante
celle des camionneurs, des professions libérales et de nombreux commerçants, en octobre
1972. Elle paralyse le pays et nourrit une instabilité du régime démocratique. La propagande
menée par les médias, aux mains des élites traditionnelles en opposition avec l’Unité
Populaire créer une véritable manipulation de l’information pour décrédibiliser et fragiliser le
gouvernement en place et ses décisions. Les opposants désignent Allende comme le
responsable du chaos généralisé et du Mouvements de « désobéissance civile ». Malgré les
décisions prises et validées politiquement, un grand nombre de citoyens chiliens vont refuser
d’appliquer la loi et prolonger leurs refus du pouvoir étatique. Cela renforce les pénuries,
l’accès aux produits de première nécessité, tout en décrédibilisant l’aura démocratique
chilienne.
Loin de rassurer les doutes, un certain manichéisme marxiste fragilise également le
consensus social avec par exemple la visite de Fidel Castro, diabolisé par une propagande
anti-Unité Populaire agressive et par les blocages économiques des Etats-Unis, qui
prolongent d’une certaine manière l’embargo économique infligé à Cuba sur le Chili
d’Allende. En mars 1973, les élections législatives renforcent encore l’Unité Populaire,
malgré les multiples actions des opposants visant à destituer le président chilien, la majorité
de la population soutient toujours l’Unité Populaire. Cette date est cruciale, car c’est un
moment de prise de conscience, chez les adversaires d’Allende. Le cadre démocratique ne
semble pas permettre la réalisation de leur objectif. L’idée d’une solution alternative prend
alors de l’épaisseur. Idéologiquement, le maintien de la démocratie devient secondaire.
L’essentiel est de renverser l’Unité Populaire, par tous les moyens. Les divisions, au sein-
même du pouvoir, sur l’orientation de ce projet révolutionnaire ne permettent pas d’apporter
des réponses claires aux remises en question du modèle démocratique chilien : la bataille se
déplace alors progressivement en dehors des cadres démocratiques, avec une radicalisation
et une ultra-violence renforcées. À partir du début de l’année 1973, en réponse aux grèves
massives, aux oppositions et à l’insécurité qui domine le quotidien, Salvador Allende
réorganise son gouvernement en y faisant entrer quelques figures militaires. La démocratie
chilienne, fragilisée, s’appuie sur la stabilité et l’aura militaire pour clamer sa légitimité.
Malgré cette mesure symbolique, les conflits, les radicalisations et violences entre les deux
camps se prolongent, participant au chaos.

Le 29 juin 1973, une tentative de coup d’Etat militaire échoue, grâce au légalisme des
principaux chefs des forces armées chiliennes. Pour autant, cela dénote des divisions
profondes qui parcourent la corporation par rapport la légitimité du régime démocratique
chilien. Durant l’année 1973, les forces armées sont au centre des convoitises, au fur et à
mesure que le cadre démocratique va paraître inapte à résoudre cette crise sociétale
majeure : le commandant en chef des armées Carlos Prat, fidèle à la non-intervention de
l’armée dans la vie politique chilienne, est poussé à la démission le 23 aout 1973. Il est
remplacé par Augusto Pinochet, considéré comme son second. Les forces armées
chiliennes, très divisées par rapport à leur rôle à jouer dans ce qui est considéré comme une
crise démocratique majeure, basculent alors vers la voie du coup d’Etat militaire. Le 11
septembre 1973 au matin, le palais présidentiel de La Moneda est bombardé. Le président
Allende y met fin à ses jours avant l’arrivée des troupes militaires. Les institutions
démocratiques sont fermées, les partis politiques interdits. Ainsi s’éteint le régime
démocratique chilien, source d’espoirs et de curiosités sur le plan national mais également à
l’international. Le 11 septembre 1973, le rêve chilien devient cauchemar.

Les échecs de l'unité populaire et de Salvador Allende sont dus à de nombreux facteurs.
Premièrement, ils ont sous-estimé la résistance de l’élite économique et de la classe
moyenne. Deuxièmement, ils ont échoué à maintenir le soutien de l’armée. Troisièmement,
ils ont mal géré l’hyperinflation. Enfin, ils ont été victimes de la Guerre froide. Ces facteurs
ont tous contribué à l’échec du gouvernement d’Allende et à son renversement par le
général Pinochet. Le manque de soutien de la part des États-Unis et de l'Organisation des
États américains on aussi été décisif. De plus, les Allendistes ont eu du mal à maintenir leur
coalition politique unie et à gérer l'inflation. Enfin, la répression du régime a provoqué une
révolte populaire qui a abouti à son renversement.

Il est difficile de comprendre pleinement l'échec de l'unité populaire et de Salvador Allende


sans connaître les détails de l'histoire. Cependant, il y a certainement plusieurs raisons qui
expliquent cet échec. Tout d'abord, il y a eu une forte opposition de la part des États-Unis,
qui ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour empêcher que le Chili devienne un exemple pour
d'autres pays d'Amérique latine.

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