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En 1970, la candidature d’Allende est portée par une coalition de partis de gauche, l’Unité
Populaire (UP). Celle-ci est composée du Parti socialiste dans lequel Allende milite, du Parti
communiste ,des centristes du Parti radical et d’un parti chrétien de gauche , une coalition
solide rejointe un an plus tard par la Gauche Chrétienne. Le 4 septembre 1970, trois millions
d’électeurs votent pour élire leur nouveau président. À l’issue de l'élection présidentielle,
Salvador Allende, obtient une majorité relative de 36% face aux autres candidats à la
présidence : un peu plus d'un million de votes, soit le tiers des voix exprimées. L'élection
d'Allende doit donc être ratifiée au Congrès, qui eux vont choisir le nouveau président.
Durant les semaines qui vont suivre, un longue et rude discussion parlementaire s’engage
dans lequel les Etats Unis vont tout faire pour éviter que Allende soit élu. Pour cela
Washington met au point un plan pour pousser l’armée chilienne a s’insurger. Cette tentative
va échouer dans des circonstances dramatiques. Un accord secret sera passé entre Tomic
et Allende pour lui permettre de devenir président lors du vote du congrès le 24 octobre.
Pour conduire son programme politique ambitieux et radical, Allende compte sur les vastes
pouvoirs confiés au président, le régime chilien est présidentialiste, mais sa légitimité
électorale reste fragile car quarante mille voix le séparent seulement d'Alessandri, le
candidat de la droite. Des « statues de garanties » sont instaurer afin de faire en sorte que la
gauche ne touche pas a la construction de l’Etat, une interdiction « d’exercer des pouvoirs
appartenant aux autorités politiques » et neuf points sont installer afin qu’elles soient
respectées : maintien du pluralisme des partis politiques ; respect de la liberté de la presse ;
maintien de la liberté de réunion ; respect de la liberté de mouvement ; reconnaissance de
l’enseignement privé ; inviolabilité de la correspondance ; liberté du travail.
Allende qualifie son programme de « voie chilienne vers le socialisme ». Ce
programme rompt avec la bipolarité de la Guerre froide qui partage le monde en deux, les
Etats-Unis et l'URSS incarnant deux modèles idéologiques, sociaux, économiques et
politiques. Le nouveau président du Chili propose de sa propre voie adaptée aux conditions
locales, en assemblant les modèles socialiste et libéral. La voie chilienne choisit par Allende
est un processus révolutionnaire. Il réalise une transition vers le socialisme en s’appuyant
sur la légitimité démocratique d’une élection libre et le soutien du peuple chilien. Allende
compte donc beaucoup sur la mobilisations des organisations sociales de la gauches avec
les syndicats ouvriers et paysans, les associations de quartier, de jeunes, et de femmes.
Salvador Allende veut avancer et faire bouger les choses, tout en préservant les libertés de
chacun, pour lui la « voie chilienne » est un programme qui propose d'avancer vers le
socialisme tout en préservant les institutions libérales, une révolution à la fois socialiste et
démocratique.
Il instaure et met rapidement en œuvre la programme de l’Unité Populaire. La production
devra être augmentée et réorientée, pour satisfaire les besoins de la population. Des
contrôles des prix sont mis en place pour les produits de première nécessité pour favoriser la
consommation populaire. Les mesures sociales envisagées concernent entre autres le
rattrapage des salaires, l'extension de la sécurité sociale, la construction de logements.
Enfin, la politique étrangère du nouveau gouvernement vise avant tout l'indépendance
économique et politique du pays et la normalisation des relations avec Cuba. Allende installe
veut aussi instaurer une réforme agraire mais elle est plus compliquée à mettre en œuvre. Il
fut décidé d’exproprier les fermes de plus de 80 hectares dont les terres n’étaient souvent
guère exploitées. Dans le Sud du pays, les grands propriétaires organisèrent de grandes
manifestations avec le soutien de militants d’extrême droite.
Le développement d’une extrême droite qui fait de la violence une arme de déstabilisation
massive : « Patria y libertad », un mouvement extrémiste qui se rapproche progressivement
des adversaires politiques de l’Unité Populaire, participant à l’instabilité du pays tout en
mettant en péril la démocratie chilienne, par ses actions illégales, son antimarxisme enragé
et ses inclinaisons « extrêmes », certains diront même « fascistes ». Des groupes armés
agissent dans la rue, organisant des attentats et semant la terreur : cela contribue à
l’instabilité du quotidien, à l’insécurité, fragilisant le pouvoir en place ainsi que la crédibilité du
système politique à répondre à ces menaces. C’est ce climat de peur et de violence qui à
semer le désordre et ce début d’effondrement de la société créer par Salvador Allende. Des
grèves massives, soutenues par l’opposition ainsi que les Etats-Unis avec la plus importante
celle des camionneurs, des professions libérales et de nombreux commerçants, en octobre
1972. Elle paralyse le pays et nourrit une instabilité du régime démocratique. La propagande
menée par les médias, aux mains des élites traditionnelles en opposition avec l’Unité
Populaire créer une véritable manipulation de l’information pour décrédibiliser et fragiliser le
gouvernement en place et ses décisions. Les opposants désignent Allende comme le
responsable du chaos généralisé et du Mouvements de « désobéissance civile ». Malgré les
décisions prises et validées politiquement, un grand nombre de citoyens chiliens vont refuser
d’appliquer la loi et prolonger leurs refus du pouvoir étatique. Cela renforce les pénuries,
l’accès aux produits de première nécessité, tout en décrédibilisant l’aura démocratique
chilienne.
Loin de rassurer les doutes, un certain manichéisme marxiste fragilise également le
consensus social avec par exemple la visite de Fidel Castro, diabolisé par une propagande
anti-Unité Populaire agressive et par les blocages économiques des Etats-Unis, qui
prolongent d’une certaine manière l’embargo économique infligé à Cuba sur le Chili
d’Allende. En mars 1973, les élections législatives renforcent encore l’Unité Populaire,
malgré les multiples actions des opposants visant à destituer le président chilien, la majorité
de la population soutient toujours l’Unité Populaire. Cette date est cruciale, car c’est un
moment de prise de conscience, chez les adversaires d’Allende. Le cadre démocratique ne
semble pas permettre la réalisation de leur objectif. L’idée d’une solution alternative prend
alors de l’épaisseur. Idéologiquement, le maintien de la démocratie devient secondaire.
L’essentiel est de renverser l’Unité Populaire, par tous les moyens. Les divisions, au sein-
même du pouvoir, sur l’orientation de ce projet révolutionnaire ne permettent pas d’apporter
des réponses claires aux remises en question du modèle démocratique chilien : la bataille se
déplace alors progressivement en dehors des cadres démocratiques, avec une radicalisation
et une ultra-violence renforcées. À partir du début de l’année 1973, en réponse aux grèves
massives, aux oppositions et à l’insécurité qui domine le quotidien, Salvador Allende
réorganise son gouvernement en y faisant entrer quelques figures militaires. La démocratie
chilienne, fragilisée, s’appuie sur la stabilité et l’aura militaire pour clamer sa légitimité.
Malgré cette mesure symbolique, les conflits, les radicalisations et violences entre les deux
camps se prolongent, participant au chaos.
Le 29 juin 1973, une tentative de coup d’Etat militaire échoue, grâce au légalisme des
principaux chefs des forces armées chiliennes. Pour autant, cela dénote des divisions
profondes qui parcourent la corporation par rapport la légitimité du régime démocratique
chilien. Durant l’année 1973, les forces armées sont au centre des convoitises, au fur et à
mesure que le cadre démocratique va paraître inapte à résoudre cette crise sociétale
majeure : le commandant en chef des armées Carlos Prat, fidèle à la non-intervention de
l’armée dans la vie politique chilienne, est poussé à la démission le 23 aout 1973. Il est
remplacé par Augusto Pinochet, considéré comme son second. Les forces armées
chiliennes, très divisées par rapport à leur rôle à jouer dans ce qui est considéré comme une
crise démocratique majeure, basculent alors vers la voie du coup d’Etat militaire. Le 11
septembre 1973 au matin, le palais présidentiel de La Moneda est bombardé. Le président
Allende y met fin à ses jours avant l’arrivée des troupes militaires. Les institutions
démocratiques sont fermées, les partis politiques interdits. Ainsi s’éteint le régime
démocratique chilien, source d’espoirs et de curiosités sur le plan national mais également à
l’international. Le 11 septembre 1973, le rêve chilien devient cauchemar.
Les échecs de l'unité populaire et de Salvador Allende sont dus à de nombreux facteurs.
Premièrement, ils ont sous-estimé la résistance de l’élite économique et de la classe
moyenne. Deuxièmement, ils ont échoué à maintenir le soutien de l’armée. Troisièmement,
ils ont mal géré l’hyperinflation. Enfin, ils ont été victimes de la Guerre froide. Ces facteurs
ont tous contribué à l’échec du gouvernement d’Allende et à son renversement par le
général Pinochet. Le manque de soutien de la part des États-Unis et de l'Organisation des
États américains on aussi été décisif. De plus, les Allendistes ont eu du mal à maintenir leur
coalition politique unie et à gérer l'inflation. Enfin, la répression du régime a provoqué une
révolte populaire qui a abouti à son renversement.