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Remerciements

1
A terme de cette recherche, je suis convaincue que, malgré la volonté et la persévérance, Il
m’aurait été difficile d’en venir à bout sans le précieux soutien de nombreuses personnes.
En premier lieu, je tiens à remercier mon directeur de thèse, Professeur Hassan
BOUGANTOUCHE, pour la confiance qu'il m'a accordée en acceptant d'encadrer ce travail, pour
sa disponibilité, ses précieuses orientations et pour tout le temps et l’effort qu’il a consacré à
diriger cette recherche.

Je souhaite exprimer ma gratitude:

A Mme HAMIMIDA, M KASBAOUI, MMOKHTARI, M OUIA, et à M BENSGHIR, pour


avoir accepté d’assumer la lourde tâche de rapporteurs et examinateurs de ce travail de recherche.

A M NACIRI et encore une fois à Mme HAMIMIDA et M OUIA pour avoir consacré du temps à
examiner ma thèse et pour leurs précieuses remarques durant la prés-soutenance.

Au MICNT, en la personne de Mme FATIMA EZZAHRA AIT ELHABTI, responsable du


Service de Développement des Clusters, pour m’avoir reçu à plusieurs reprises toujours avec le
même enthousiasme, pour m’avoir consacrée tout le temps qu’il me fallait, et pour m’avoir fourni
des informations et des documents qui m’ont été bien utiles pour ma recherche.

Au cluster MENARA, en la personne de son directeur M SOUFIAN CHORRHBI, pour m’avoir


accordé l’opportunité d’assister à des activités du cluster, et ainsi de témoigner de la cuisine
interne du cluster.

A l’AMEE (ex ADEREE), en la personne de M AZIZ EJMILA, directeur des affaires générales,
pour l’intérêt qu’il a porté à mon sujet de recherche, pour son aide en me fournissant des
documents qui m’ont été d’une grande utilité.

Au Ministère Délégué de l’Eau, en la personne de M ABDESSALAM ZIAD, pour m’avoir


accueillie dans son bureau et m’avoir consacré tout le temps nécessaire pour répondre à mes
questions.
A la GIZ, en la personne de Mme IMANE MOUBACHIR, conseillère technique junior, pour
m’avoir fourni une documentation enrichissante.

2
A M. AMOR AMINE, mon père, mais que je cite ici en tant que l’Ex directeur de l’ONEE/BE
Benslimane, pour ses précieux conseils qui m'ont guidée dans mon travail et m'ont aidée à trouver
des solutions pour avancer.

Mon travail de recherche sur le terrain a été particulièrement facilité par plusieurs personnes, que
je tiens à remercier, à savoir :

La RADEEMA, en la personne des ingénieurs M YASSINE BISSI et M MOHAMMED


KHIMANI, pour m’avoir reçue dans la station de traitement de Marrakech, pour l’intérêt qu’ils
ont manifesté à l’égard de mon sujet de recherche, et pour tout le temps et l’effort qu’ils ont
consacré pour faire de ma visite une visite fructueuse.

La RADEEC, en la personne de M MOHAMMED SADKI, pour m’avoir consacré un après midi


de son temps pour me permettre de faire la visite de la station de traitement de Settat et pour
toutes les explications qu’il a eu l’amabilité de me fournir sur le site.

L’AMEPA, en la personne de M HASSAN BOURASSE, directeur exécutif, pour m’avoir reçu


dans son bureau et m’avoir fourni des réponses à toutes mes questions, ainsi que de valeureux
documents qui ont servi à enrichir ma recherche.

L’ABH/Echaouia Ourdigha, en la personne de M MOHAMMED BOUTAIB pour m’avoir reçue


et d’avoir répondu à toutes mes questions et partagé avec moi ses propres questionnements
concernant mon sujet de recherche.

La NOVEC, en la personne de M ADIL DAHBI, Ingénieur-chef de groupe, pour avoir partagé


avec moi généreusement son expérience qui a illuminé le chemin de ma recherche.

Et puis il y a mes parents, ma sœur et mon frère pour leur soutient inconditionnel, leurs précieux
conseils et leur support, ainsi que mes amies Hajar, Karima et Meryem, pour leur bonne humeur
dans les moments difficiles et leurs encouragements, pour tout cela et pour bien d’autres choses,
je leurs dis à toutes et à tous merci infiniment.

3
Plusieurs noms m’échappent certainement, et je m’en excuse.

4
Table des matières
Table des Cartes…………………………………………………………………………………11
Table des encadrés……………………………………………………………………………..12
Table des figures……………………………………………………………………………….13
Table des schémas……………………………………………………………………………..14
Table des tableaux…………………………………………………………………………….14
Glossaire et lexique…………………………………………………………………………….15
Résumé…………………………………………………………………………………………18
Introduction Générale………………………………………………………………………….19
Contexte de la recherche………………………………………………………………………20
Problématique de recherche……………………………………………………………………23
Positionnement épistémologique………………………………………………………………24
Cadre théorique…………………………………………………………………………………24
Démarche générale…………………………………………………………………………….25
Architecture de la thèse………………………………………………………………………..27
Carte routière pour la lecture de la thèse……………………………………………………..30
Chapitre1er : Le cluster, un levier économique au service de la consolidation de la
performance et l'innovation…………………………………………………………………31
Introduction……………………………………………………………………………………32
Section1. L’agglomération d’entreprises : Un phénomène polymorphe, qui a évolué dans le
temps……………………………………………………………………………………………32
1.1 Le district industriel…………………………………………………………………………33
1.2 Système productif localisé………………………………………………………………….35
1.3 Clusters ……………………………………………………………………………………..36
1.4 Pole de compétitivité (PdC)…………………………………………………………………38
Section 2. Caractéristiques et rôles des Clusters……………………………………………….40
2.1 Objectifs des Clusters………………………………………………………………………40
2.2 Typologie………………………………………………………………………………….. 41
2.2.1 Typologie des clusters selon leurs vocations principale et type d’acteurs prédominants…41
2.2.2 Typologie des Clusters selon leurs caractéristiques structurelles « héritées »……………44
2.2.3 Typologies des clusters selon les rôles des acteurs et leur interaction ……………………47
2.2 Les Cluster au service du développement territorial durable………………………………50
2.3 Clusters et attractivité des territoires……………………………………………………….51
Conclusion………………………………………………………………………………………52
Chapitre 2ème : Les politiques de création et de soutien au développement des clusters
entre la théorie et la pratique…………………………………………………………………55
Introduction…………………………………………………………………………………….56
Section 1. Les politiques de développement de clusters selon les approches théoriques……….56
1.1 L’approche microéconomique…………………………………………………………….57
1.1.1 L’approche porterienne………………………………………………………………….57
1.1.2 Le développement de clusters selon M. Porter…………………………………………59
5
1.2 L’approche Macro économique …………………………………………………………..61
1.3 L’approche de l’économie géographique…………………………………………………62
1.4 L’approche relationnelle……………………………………………………………………65
Section 2. Les politiques de développement de clusters d’après les recommandations des
institutions internationales……………………………………………………………………..67
2.1 Les programmes de promotion de clusters………………………………………………..68
2.2 Les instruments de promotion des pôles d’activité……………………………………….69
2.3 Gouvernance et rôle des pouvoirs publics au niveau régional et national………………70
Section 3. Evaluation de politiques de clusters et indicateurs de performances……………..71
3.1 Méthodologie et processus d’évaluation …………………………………………………..72
3.1 Les indicateurs d’évaluation de performance des clusters……………………………….72
Conclusion……………………………………………………………………………………..75
Chapitre 3ème : Les Clusters, un outil de valorisation du territoire dans une économie
mondialisée Le cas marocain ……………………………………………………………77
Introduction……………………………………………………………………………………78
Section 1. Les Clusters dans le monde………………………………………………………..78
1.1 Les clusters aux Etats-Unis : l’esprit d’initiative et l’encouragement de l’innovation à
l’origine du succès……………………………………………………………………………..79
1.2 En France : les pôles de compétitivité, un modèle en cours de maturité ………………….83
1.3 En Espagne : le rôle crucial des pouvoirs publics dans le développement des clusters...85
1.4 En Allemagne : Kompetenznetze ou les réseaux de compétences au financement
autonome………………………………………………………………………………………..87
Section 2. Les Clusters au Maroc : redéploiement industriel et réaménagement du territoire….88
2.1 Les clusters dans les politiques économiques de développement industriel………………89
2.1.1 Le Maroc Compétitif……………………………………………………………………..89
2.1.2 Plan Emergence…………………………………………………………………………..90
2.1.3 Le Pacte National de l’Emergence Industrielle………………………………………….90
2.1.4 Plan d’Accélération Industrielle 2014-2020…………………………………………….91
2.2 L’expérience marocaine des agglomérations économiques et de clusters : Présentation et
cartographies des différentes formes de polarisation des compétences………………………92
2.2.1 Les P2I et Technopoles…………………………………………………………………. 92
2.2.2.Les Clusters………………………………………………………………………………97
2.3 Synthèse de l’expérience Marocaine des Clusters………………………………………..99
2.3.1 Synthèse de l’expérience marocaine……………………………………………………101
Conclusion…………………………………………………………………………………….103
Chapitre 4ème : Le transfert de technologie au sein des clusters…………………………..106
Introduction…………………………………………………………………………………..107
Section 1. Le transfert international de technologie dans les clusters………………………108
1.1 Le transfert de technologies et les canaux de diffusion technologique…………………108
1.1.1 Qu’est ce que le transfert de technologie?...........................................................................108
1.1.2 Renforcement des capacités d’absorption des technologies chez le pays récepteur …..109
6
1.1.3. Les paradigmes actuels de transfert international de technologie……………………110
1.1.3.1 Transfert de technologie et des flux financiers Nord-Sud……………………………110
1.1.3.2 Transfert de la technologie au niveau mondiale à travers le commerce et les flux
d'investissement……………………………………………………………………………….111
1.1.3.3 Transfert de technologie dans le cadre des accords de coopération internationale public-
privé……………………………………………………………………………………………111
Section 2. Le cluster, un milieu favorable aux transferts de technologies et à la diffusion des
connaissances…………………………………………………………………………………112
2.1 Les clusters, un milieu favorable au transfert international de technologies………………112
2.1.1 Le rôle de des filiales de FMN dans le transfert international de technologie dans le cadre
d’un cluster…………………………………………………………………………………….113
2.1.2 Les Spillovers induits par la localisation des FMN au sein d’un cluster………………114
2.2 Le transfert de technologie au sein des clusters : de l’université à l’entreprise ………….116
2.2.1 Centre de transfert de technologie……………………………………………………….117
2.2.2 Mission et objectifs………………………………………………………………………118
2.2.3 Le modèle français : Sociétés d’accélération du transfert de technologie (SATT)…….119
2.2.4 Technology transfer office : le modèle américain…………………………………….122
2.3 Startups : nouvelle génération d’entreprises au service de l’innovation et de la création de
l’emploi………………………………………………………………………………………..130
2.3.1 Objectif et missions……………………………………………………………………..131
2.3.2 Développement d’une startup………………………………………………………….132
2.3.3. Financement ……………………………………………………………………………133
Conclusion…………………………………………………………………………………….135
Chapitre 5ème : Modèle de politique publique pour la création et le développement de
cluster dans un pays en voie de développement…………………………………………….136
Introduction……………………………………………………………………………………137
Section 1. Initiation du cluster………………………………………………………………..138
1.1 Mesures transversales…………………………………………………………………….138
1.2 Mise en place de la structure du cluster………………………………………………….141
1.2.1 Identifier la problématique…………………………………………………………….141
1.2.2Identifier les parties prenantes………………………………………………………….142
1.2.3 Déterminer les objectifs…………………………………………………………………143
1.3 Définir le type du cluster (forme, localisation, relation entre E/ses, etc.)………………..144
1.3.1 La forme d’organisation du cluster…………………………………………………….145
1.3.2 Le mode de gouvernance du cluster……………………………………………………146
1.3.3 Le rôle des entreprises locales et des branches des firmes multinationales (FMN)………147
1.3.4 La sélection des sites de la politique de clustring et le chois de la localisation des entreprises
du cluster………………………………………………………………………………………148
1.4. L’appuie financier et partenariat public privé……………………………………………150
1.4.1 Les différents besoins de financement de clusters…………………………………….150
1.4.2 Les différentes sources de financement………………………………………………..151
7
1.4.2.1 Le financement public………………………………………………………………..151
1.4.2.2 Le financement privé…………………………………………………………………151
1.4.2.3 Le financement par le partenariat public-privé (PPP)……………………………….152
Section 2. L’accompagnement……………………………………………………………….152
2.1 Mise en place de la cellule d’animation ………………………………………………….153
2.2 Initiation d’un centre de transfert de technologie pour la collaboration intra-cluster …..154
2.3 Promotion de collaborations inter-cluster…………………………………………………155
Section 3. L’évaluation de la performance du cluster et durabilité post projet…………….156
3.1 L’évaluation de la performance du cluster………………………………………………156
3.2 La durabilité post projet du cluster………………………………………………………159
Conclusion…………………………………………………………………………………….160
Chapitre 6ème : Les clusters éco technologiques : saisir l’opportunité économique
dans les contraintes du développement durable……………………………………………162
Introduction……………………………………………………………………………………163
Section 1. Contexte d’émergence et caractéristiques de l’industrie des écotechnologies……164
1.1 Qu’est ce que les écotechnologies?........................................................................................164
1.1.1 Les écotechnologies……………………………………………………………………..165
1.1.2 Les technologies propres ou Cleantech ………………………………………………….166
1.1.2 Les technologies vertes ou Greentech…………………………………………………..166
1.2 Les segments de l’industrie des écotechnologies ………………………………………….167
1.2.1 Les écotechnologies préventives ou intégrées ………………………………………….168
1.2.2 Les écotechnologies curatives ou externes……………………………………………….168
1.3 Pourquoi un tel engouement pour les écotechnologies? ………………………………….169
1.3.1 Les motivations des Etats pour encourager l’économie verte ………………………….170
1.3.2 Les motivations des entreprises pour s’investir dans une économie verte……………..171
Section 2. La dynamique du marché mondial des écotechnologies ………………………….174
2.1 Les perspectives de croissance de l’industrie des écotechnologies………………………174
2.2 Le transfert des technologies vertes……………………………………………………….179
2.2.1 Paradigmes de transfert d’écotechnologie……………………………………………..179
2.2.2 Mécanismes de transfert d’écotechnologies…………………………………………..180
2.2.3 Les défis face à l'adoption de la technologie verte…………………………………….181
2.3 Les politiques publiques environnementales et des stratégies gouvernementales en faveur de
l’industrie des écotechnologies……………………………………………………………….182
2.3.1 Brésil, les déchets de l'un sont les trésors de l'autre……………………………………..183
2.3.2 Kenya, la production de l’énergie est une affaire de tous……………………………..184
Section 3. Les clusters, des écosystèmes favorables à l’essor des industries éco
technologiques…………………………………………………………………………………186
3.1 Qu’est ce qui distingue les clusters éco technologiques des autres?.....................................187
3.1.1 Des clusters orientés business ET développement durable…………………………….187
3.1.2 Des clusters constitués majoritairement de PME………………………………………188
3.1.3 Des clusters aux positionnements distincts……………………………………………..190
8
3.2 Les conditions d’émergence d’un cluster éco technologique…………………………….191
3.2.1 Des clusters éco technologiques issus de stratégie top down…………………………..191
3.2.2 Des clusters éco technologiques issus de stratégie bottom up ………………………….192
Conclusion……………………………………………………………………………………..193
Chapitre 7ème : Les écotechnologies appliquées à l’industrie des eaux non
conventionnelles : Exemple du secteur de l’eau au Maroc…………………………………195
Introduction…………………………………………………………………………………..196
Section 1. La problématique du secteur l’eau : faire correspondre les ressources de plus en plus
limitées aux besoins de plus en plus grandissants…………………………………………….197
1.1 La ressource en eau, un bien économique à valeur sociale………………………………197
1.1.1 Les besoins en eau………………………………………………………………………197
1.1.2 Le rôle social de la ressource en eau……………………………………………………199
1.1.3 Le rôle économique de la ressource en eau…………………………………………….200
1.2. Les acteurs du secteur de l’eau…………………………………………………………..201
1.2.1 Les acteurs publics………………………………………………………………………201
1.2.2 Les acteurs privés…………………………………………………………………………202
1.2.3 Les acteurs internationaux……………………………………………………………….203
Section 2. Les écotechnologies dans le secteur de l’eau et l’assainissement …………………..204
2.1 Les écotechnologies, des solutions adaptées à diverses problématiques …………………..204
2.2 L’innovation et la diffusion des écotechnologies d’adaptations liées à l’eau …………..207
2.2.1 Les tendances de l’activité de l’invention dans le secteur de l’eau……………………..207
2.2.2Les tendances du transfert international des écotechnologies dans le secteur de l’eau …..210
Section 3. Le marché de l’eau au Maroc et dans le Monde ………………………………….211
3.1 Le marché de l’industrie de l’eau dans le monde ………………………………………….211
3.1.1 Les tendances de développement du marché mondial de l’eau et de l’assainissement …..211
3.1.2 La place des technologies de l’eau parmi les lignes technologiques les plus porteuses…216
3.2 Le secteur de l’eau au Maroc…………………………………………………………….219
3.2.1 Panorama du secteur de l’eau au Maroc………………………………………………219
3.2.1.1 Bilan des besoins en eau Maroc………………………………………………………219
3.2.1.2 Ressources mobilisables en eau au Maroc…………………………………………..220
3.2.2 Le recours aux ressources d’eau non conventionnelles ………………………………….223
3.2.2.1 Le dessalement des eaux de mer…………………………………………………….223
3.2.2.2 La valorisation ou réutilisation des eaux usées épurées (REUE)………………………225
Conclusion…………………………………………………………………………………….228
Chapitre 8ème : les modalités de la mise en place d’un Cluster dédié au développement de
l’industrie de l’eau au Maroc…………………………………………………………………230
Introduction……………………………………………………………………………………231
Section 1. Initiation du cluster…………………………………………………………………232
1.1 Mesures transversales…………………………………………………………………….237
1.2 Mise en place de la structure du Cluster Ô……………………………………………….237
1.2.1 La problématique……………………………………………………………………….237
9
1.2.2 Les parties prenantes……………………………………………………………………238
1.2.3 Les objectifs…………………………………………………………………………….242
1.2.3.1 Des objectifs orientés Renforcement de l’Industrie………………………………….242
1.2.3.2 Des objectifs orientés Recherche & Développement………………………………..243
1.3 Définir le type du cluster………………………………………………………………….244
1.3.1 La forme d’organisation du cluster…………………………………………………….244
1.3.2 Le mode de gouvernance du cluster……………………………………………………245
1.3.3Le rôle des entreprises locales et des branches des firmes multinationales (FMN)…….245
1.3.4 La localisation du Cluster Ô…………………………………………………………….246
1.4 L’appuie financier et partenariat public privé……………………………………………246
1.4.1Les différents besoins de financement du cluster………………………………………247
1.14.2 Les différentes sources de financement………………………………………………247
Section 2. L’accompagnement……………………………………………………………….249
2.1 Mise en place de la cellule d’animation………………………………………………….249
2.2 L’initiation d’un bureau de transfert de technologie pour la promotion de la collaboration
intra-cluster…………………………………………………………………………………….250
2.3 La promotion de collaborations inter-cluster…………………………………………….251
Section 3. L’évaluation de la performance du cluster et durabilité post projet…………….251
3.1 L’évaluation de la performance du cluster………………………………………………251
3.2 La durabilité post projet du cluster………………………………………………………..254
Conclusion…………………………………………………………………………………….255
Conclusion générale……………………………………………………………………………257
Bibliographies …………………………………………………………………………………263

10
Table des Cartes
 Carte N° 1 : Cartographie des P2I au Maro…………………………………………. 95

11
Table des encadrés
 Encadré N°1 : Districts industriels, une success story à l’italienne ………………….36
 Encadré N°2 : Présentation des Pôles de compétitivité Français spécialisés dans l’eau et
l’assainissement…………………………………………………………………217

12
Table des figures
 Figure N° 0 : Carte routière de la thèse ………………………………………………31
 Figure N°1 : la construction du model de cluster industriel ……………………….43
 Figure N2 : la construction du model de cluster recherche …………………………. 44
 Figure N°3 : la construction du model de cluster intégré R&D/Industrie …………45
 Figure N°3 : modèle des districts Marshalliens ……………………………………48
 Figure N°4 : Modèle du Hub-and-Spoke ou le réseau en étoile ……………………49
 Figure N°5 : Modèle Satellite Platform cluster model ou le réseau en étoile ………50
 Figure N°6 : State centered cluster model/cluster centré sur une institution publique.50
 Figure N°7 : Tableau de bord Identification et Caractérisation du Cluster (ICC) :
structuration générale ……………………………………………………………….76
 Figure N°8 : Le partage de l’économie américaine entre Traded Clusters et Local
Clusters, 2013 ………………………………………………………………………81
 Figure N°9 : Les catégories des PdC selon leur poids économique et leur visibilité
international…………………………………………………………………………84
 Figure N°10 : Le poids des entreprises par secteur dans les PdC et dans l’économie
française …………………………………………………………………………….85
 Figure N°11 : Composition des instances de gouvernance des pôles (2011) ………85
 Figure N°12 : Évolution des dépenses en R&D en Euskadi …………………………87
 Figure N°13 : Rétrospective des initiatives de clusters en Allemagne.....................88
 Figure N°14 : Sources du budget des BTT par taille du budget de la recherche de
l’institution de recherche…………………………………………………………..129
 Figure N°15 : Les types de financement selon le stade de développement d’une
startup……………………………………………………………………………….134
 Figure N°16 : l’évolution du pourcentage des Brevets « verts » dans l’ensemble des
brevets déposés au niveau mondial……………..…………………………………..166
 Figure N°17 : Segmentation des écotechnologies…………………………………170
 Figure N°18 : Volume global des six marchés leaders des technologies environnementales
et de l'efficacité des ressources en 2013 (en milliards
d'euros)………………………………………………………………………………176

13
 Figure N°19 : La répartition des marchés leaders des technologies environnementales et
de l'efficacité des ressources au niveau mondial en 2013 (en pourcentage)……………177
 Figure N°20 : Volume de marché en 2011, volume de marché prévu en 2025 et croissance
annuelle moyenne 2011–2025…………………………………………..178
 Figure N°21 : Perspectives d’évolution des taux de croissance annuels du PIB au niveau
mondial avec les deux scénarios : adoption de l’économie verte et le statu quo ou
business-as-usual. ……………………………………………………………179
 Figure N°22 : L’évolution de la participation de producteurs indépendants dans la réponse
à la demande de pointe au Kenya (en MW)………………………………187
 Figure N°23 : L’activité d’invention dans le secteur de l’eau sur la période 1990-2010
(nombre des inventions patentées)…………………………………………………209
 Figure N°24 : classement des pays inventeurs des les technologies d'adaptation liées à
l'eau, durant la période 2000-2010………………………………………………….210
 Figure N°25 : Evolution du taux de transfert international des inventions dans le secteur
de l’eau…………………………………………………………………….211
 Figure N°26 : Le développement du marché mondial de la gestion durable de l'eau par
segment de marché, 2013-2025 (milliards d'euros, variation annuelle moyenne en
pourcentage)……………………………………………………………………….213
 Figure N°27 : L’évolution du marché mondial de l’eau et de l’assainissement entre 2007
et 2012………………………………………………………………………..215
 Figure N°28 : Le classement des lignes technologiques relatives à la gestion durable de
l’eau parmi les diverses lignes technologiques ayant de grands volumes (en milliards
d'euros) du marché mondial en 2013 et un taux de croissance rapide (la variation annuelle
moyenne 2013- 2025 en pourcentage)………………………….218
 Figure N°28 : Répartition des usages de l’eau au Maroc en 2009……………………...220
 Figure N°29 : Evolution prévisionnelle des besoins en eau potable (Mm3/an)……220
 Figure N°30 : Evolution de la disponibilité d’eau en m3/an/habitant au Maroc…221
 Figure N°31 : l’évolution des apports annuels entre 1946 et 2011…………………222
 Figure N°32 : Stratégie Nationale de l’Eau- Economie de l’eau……………………223
 Figure N°33 : Types de STEP intégrant existant et projets en 2009………………228

14
Table des schémas
 Schéma N°1 : Diamant de M.PORTER ……………………………………………60
 Schéma N°2 : structuration de la gouvernance d’une SATT………………………123
 Schéma N°3 : Processus d’évaluation d’innovation ………………………………127
 Schéma N°4 : les catégories des parties prenantes dans la structuration d’un cluster….143
 Schéma N°5 : exemple des acteurs du secteur de l’eau selon le niveau de leur
intervention………………………………………………………………………...204
 Schéma N°10 : La réutilisation des eaux usées épurées dans le cycle de
l’assainissement……………………………………………………………………227

15
Table des tableaux
 Tableau N°1 : Les formes d’organisation territoriale ………………………………40
 Tableau N° 2 : Présentation des P2I/Technopoles au Maroc ………………………97
 Tableau N° 3 : Clusters labialisés au Maroc jusqu’en 2015 …………………………99
 Tableau N° 4 : Analyse SWOT des clusters au Maroc ……………………………102
 Tableau N°5 : Contribution financière du transfert de technologie aux institutions…....130
 Tableau N°6 : Critères d’évaluation de performances de cluster……………………159
 Tableau N°8 : Motivations and influences for technology adoption………………175
 Tableau N°9 : Les segments de marché et les lignes clés de la technologie sur le marché
de la gestion durable de l'eau………………………………………………206
 Tableau N°10:Les prévisions des taux de croissances annuel moyen des cinq premiers
sous-secteurs d’investissement éco technologiques par RobecoSAM1 sur la période 2014-
2018…………………………………………………………………………207
 Tableau N°11 : Les transferts internationaux de technologies d'adaptation liées à
l'eau.......................................................................................................................211
 Tableau N°12 : Principaux projets de dessalements ayant été prévu d’être lancés durant la
période 2013 – 2016………………………………………………………226
 Tableau N°13 : Etat de l’assainissement au Maroc par ABH en 2009……………228

1
RobecoSAM est un spécialiste de l'investissement axé exclusivement sur l'investissement développement durable. Il offre la
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16
Glossaire et lexique
- AEP : Alimentation en Eau Potable
- ADEREE : Agence de Développement des Energies Renouvelables et de l’Efficacité
Energétique
- AMDI : Agence Marocaine du Développement Industriel
- AMEE : Agence Marocaine de l’Efficacité Energétique (ex : ADEREE)
- AMEPA : Association Marocaine de l'Eau Potable et de l'Assainissement
- APD : Aide Publique au Développement
- BAD : Banque Africaine de Développement
- BCG : Boston Consulting Groupe
- BM : Banque Mondiale
- BMBF : le Ministère fédéral de l'Enseignement et de la Recherche Allemand
- BTT : bureau de transfert de technologie
- BTP : Bâtiment et Travaux Publics
- B to B : Business to Business
- CA : Chiffre d’Affaire
- CEES : Conseil Economique, Environnemental et Social
- CD2E : Association de Création et de Développement des Eco-entreprises Française
- CDG : Caisse de Dépôt et de Gestion
- CIADT : Comité interministériel de l’aménagement et du développement du territoire
- COFACE : Compagnie Française d'Assurance pour le Commerce Extérieur
- DATAR : Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité
régionale en France
- DEPS/SIAS : Direction des Etudes et des Prévisions Financières/
- DGE : Direction Générale des Entreprises en France
- DIACT : Délégation Interministérielle à l'Aménagement et à la Compétitivité des
Territoires en France
- FAO : Food and Agriculture Organisation (Organisation des Nations unies pour
l'alimentation et l'agriculture)
- FDI : Fonds de développement industriel
- FiT : Feed-in Tariff
17
- FMN : Firme Multinationale
- FSI : Fond public de Soutien de l’Innovation
- IDE : Investissement Direct Etranger
- GTZ : Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (Agence allemande de
coopération internationale)
- MEEDDM : Le ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la
Mer en France
- MEMEE : Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement
- MICNT : Ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies
- MIT : Massachusetts Institute of Technology
- MMM : Métiers Mondiaux du Maroc
- OCDE : L'Organisation de coopération et de développement économiques
- OCP : Office Chirifien du Phosphate
- OFPPT : Office de Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail
- ONEE/BE: Office National de l’Eau et de l’Electricité/Branche Eau
- ONU/CEA : Organisation des Nations unies/ Commission Economique pour l’Afrique
- P2I : Plateformes Industrielles Intégrées
- PdC : Pôle de Compétitivité
- PIB : Produit Intérieur Brute
- PNA : Programme National d’Assainissement Liquide et d’Epuration des Eaux Usées
- PNRS : Politique Nationale au Brésil sur les Déchets Solides au Brésil
- PME : Petite et Moyenne Entreprise
- PMI : Petite et Moyenne Industrie
- PNUD : Le Programme des Nations unies pour le développement
- PNUE-PAM : Programme des Nations Unies pour l’Environnement/ Le Plan d'Action
pour la Méditerranée
- PPP : Partenariat Public-Privé
- PVD : Pays en Voie de Développement
- R&D : Recherche et Développement
- RADEEMA : Régie Autonome de Distribution d’Eau et d’Electricité de Marrakech
- REUE : Réutilisation des Eaux Usées Epurées

18
- RGC : règlement général de la construction
- RIOB : Réseau International des Organismes des Bassins
- SATT : Sociétés d’accélération du transfert de technologie
- SPL : Système Productif Localisé
- STEM : Science, Technology, Engeneering & Mathematics
- SWOT : strengths (forces), weaknesses (faiblesses), opportunities (opportunités), threats
(menaces)
- TIC : Technologies d’Information et de Communication
- TPE : Toute Petite Entreprise
- UNECE : Commission Economique des Nations Unies pour l’Europe / Convention
d’Helsinki : Convention sur la Protection et l’Utilisation des Cours d’Eau transfrontaliers
et des Lacs Internationaux
- UNESCO / Eau : Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la
culture/Eau
- WIPO : The World Intellectual Property Organization (Organisation mondiale de la
propriété intellectuelle)

19
Résumé
La situation hydrique au Maroc est dépendante des pluies, et subit sévèrement l’impacte du
changement climatique, ce qui annonce une situation de stress hydrique prochaine. Cette
raréfaction de la ressource représente un défi mais aussi une opportunité économique pour les
entreprises qui peuvent fournir des solutions d'efficacité, d’optimisation et de réutilisation.
L’analyse d’études d’institutions internationales, de rapports ministériels et de littératures
spécialisées, croisée avec des interviews avec les professionnels du secteur de l’eau ainsi que mes
propres observations, m’a orienté vers la proposition d’un modèle pour la création d’un cluster
dédié à l’industrie de l’eau. Cette thèse propose un modèle de cluster adapté à la fois au contexte
d’un pays en voie de développement et aux spécificités d’un secteur stratégique qui est celui de
l’eau. Le Cluster Ô, sera dédié au développement de la filière eau au Maroc, et particulièrement
d’une industrie à haute valeur ajoutée technologique, basée sur l’innovation, le renforcement de
la recherche, la promotion du transfert technologique et la valorisation des capacités nationales.

Mots clés
Cluster ; Transfert de technologie ; développement durable ; industrie de l’eau.

Abstract
The Moroccan’s water situation is manly dependent on rainfall, and suffers severely from the
impact of climate change, which signals a situation of water stress. This scarcity of resources
represents a challenge, but also an economic opportunity for companies that can provide
solutions for efficiency, optimization and reuse. Analysis of previous studies and reports from
international institutions, ministerial reports and specialized literature, crossed with interviews
with professionals in the water sector and my own observations, has led me to propose a model
for the creation of a cluster dedicated to the water industry. This thesis proposes a cluster model
adapted to the context of a developing country and to the specificities of the strategic water
industries sector. The Cluster Ô will be dedicated to the development of the water sector in
Morocco, particularly an industry with high technological added value, based on innovation,
scientific research, promoting technology transfer and enhancing national capacities.

Key words
Cluster, technology transfer, sustainable developpement, water industry.
20
Introduction Générale

21
Contexte de la recherche
Problématique
Positionnement épistémologique
Cadre théorique
Démarche générale
Architecture de la thèse

La prise de conscience de l’intensification de la concurrence à l’échelle mondiale et de


l’épuisement du modèle basé sur les avantages comparatifs a éveillé l’intérêt des pays pour les
politiques de la promotion de l’innovation en recherche d’avantages compétitifs. Au Maroc, cette
dynamique s’est enclenchée depuis quelques années, et a donné lieu à plusieurs formes
d’agglomérations d’entreprises. Conscients de l’importance de la transformation qui est entrain
de s’opérer et de son impact sur les secteurs stratégiques, nous avons choisi de consacrer notre
travail de recherche à l’étude du phénomène d’agglomération d’entreprises, dit cluster, et que
nous allons illustrer par l’étude du potentiel de la mise en place d’un cluster dédié au secteur de
l’eau, un secteur d’importance stratégique au niveau économique et social au Maroc.

Dans ce qui suit, nous allons présenter le contexte qui nous a inspiré nos questions, notre
problématique et la motivation pour aller au bout de notre recherche.

Contexte de la recherche

Les clusters, une réponse locale aux défis de la globalisation


Depuis le début des années 70, la question autour de la forme d’organisation territoriale
économique qui serait la plus pertinente a suscité de plus en plus l’intérêt des chercheurs
(Raffestin (1986) ; Beccatini (1989) ; Lévesque, Klein & Fontan (1998) ; Lartigue, Largier,
Soulard & Tarquis (2008)). L’intégration de la donnée géographique – l’espace – pour
comprendre les phénomènes économiques est, depuis, incontournable (Caron, Angeon, &
Lardon, 2006). Diverses formes d’agglomération d’entreprises, entre districts industriels
(Marshall, 1890), systèmes productifs localisés (Garofoli, 1992), clusters (Porter, 1990) et pôles
de compétitivité (Lartigue et al, 2008) offrent, sur une base territoriale, des réponses à la
concurrence de plus en plus accrue, à travers l’émergence de projets collaboratifs favorisant
l’innovation et le transfert des technologies. La mondialisation réduit, si ce n’est qu’elle annule

22
l’effet des avantages comparatifs traditionnels, ce qui met les entreprises face à une concurrence
ardente de par le monde et les incite à se relocaliser dans des pôles de compétences dynamiques
et évolutifs offrant une atmosphère industrielle (Marshall, 1919), des avantages compétitifs
(Porter, 1997) et des externalités positives (Castro, Chabalaut et Tixier, 2010). Grâce à la
proximité géographique, ces différentes formes de pôles permettent aux entreprises de développer
des relations de coopération et de compétition, et de créer un écosystème favorable à l’échange,
au transfert des connaissances, à l’innovation et à la production de valeur ajoutée au niveau local.
Des succes stories telles que les districts de chaussures italiens en Émilie-Romagne, Hollywood,
la Silicon Valley en Californie, la Silicon Wadi à Tel-Aviv, Sophia Antipolis en France et les
clusters high-tech en Inde, en Grande-Bretagne ou en Chine ont inspiré plusieurs régions et
territoires de par le monde pour la création et le développent de pôles de compétences dans
différents secteurs d’activité, et ont en fait un outil indispensable pour le développement
territorial et l’appui à une économie basée sur la connaissance et l’innovation. Ainsi, le cluster est
concept qui s’adapte à différents contextes, et différents secteurs d’activité, ce qui en a fait le
cheval de bataille des politiques publiques dans différentes économies développées et ceux en
voie de développement (Porter, 2004).
À tous ces avantages qu’offre l’agglomération d’entreprises en cluster (la proximité
géographique, la fertilisation croisée des compétences, le partage des coûts dans les structures de
recherche mutualisées, les débordements technologiques, la facilitation des interactions B To B,
et le tissage de réseaux et de liens de confiances entre acteurs, le développement de capacité de
lobbying) s’ajoute le potentiel des clusters à promouvoir les processus de transfert de
technologies, essentiel au renforcement de la compétitivité dans l’économie du savoir qui
caractérise l’évolution actuelle, à travers les relations marchandes et non marchandes.
L’innovation et le progrès technique sont considérés comme des facteurs incontournables de la
croissance économique dans la « Technological Socity » (Ellul, 1964).
Un cluster reflète les particularités du territoire sur lequel il est implanté (Caron P, Angeon V,
Lardon S, 2006), le niveau de culture d’entreprenariat, d’innovation et de transfert de
connaissances chez ses membres, mais aussi les spécificités de son secteur d’activité.

L’eau, une ressource, une contrainte et une opportunité


Les défis climatiques et la prise de conscience des dommages que causent les contraintes
écologiques à l’environnement ainsi qu’aux économies, ont imposé une réorientation des
23
investissements vers les industries éco technologiques. Cette transition, en plus de la réduction de
l’empreinte écologique humaine et de l’action pour le développement durable, elle promet d’être
porteuse d’emplois et d’amélioration de la compétitivité des entreprises et ainsi celle des
économies.
Parmi les problématiques environnementales, celles relatives au réchauffement climatique, aux
énergies renouvelables et à la pollution (liquide, solide et de l’air) sont certes celles qui
accaparent le plus l’attention des médias et qui drainent d’importants investissements. Toutefois,
la problématique de l’eau- la pénurie d'eau conjuguée à une baisse notable de la qualité et de
l’absence de l’assainissement ou l’absence d’un assainissement convenable — représente
d’énormes risques environnementaux, sanitaires et économiques.
L’eau est une problématique locale, sa répartition au niveau mondiale est inégale, mais elle ne
peut être transportée à grande échelle pour remédier à cette inégalité. Les innovations
technologiques et dans les modes de partenariat entre les différents acteurs du secteur de l’eau
(gouvernement, secteur privé, chercheurs et universitaires, organisations non gouvernementales
et communautés locales) sont les seules à pouvoir apporter des solutions à caractère durable à la
problématique de l’eau. Les nouvelles technologies, ou innovations éco technologiques, et les
nouveaux modèles de collaborations sont autant d’opportunités qu’offre l’industrie de l’eau.
Au Maroc, l’eau joue un rôle stratégique dans le développement socio-économique.
Cependant, le contexte général du pays est marqué par une dégradation relative de la ressource en
eau, son irrégularité prononcée dans le temps et sa grande variabilité dans l’espace. Le contexte
hydrique est ainsi marqué par une raréfaction de la ressource en eau aggravée par la
surexploitation des nappes phréatiques, devant être économisées comme réserves stratégiques,
couplée à une hausse significative des besoins en eau potable des différentes catégories de
consommateur (ménage, industrie, agriculture et tourisme). Les pénuries d’eau, conjoncturelles et
structurelles, sont appelées à s’aggraver, et une situation de stress hydrique est prévue à l’horizon
2030 (ONEE/Branche Eau, 2011). Le recours aux ressources en eau non conventionnelles
(dessalement de l’eau de mer et réutilisation des eaux usées épurées) est ainsi une solution
inévitable, toutefois couteuse. Cette situation, malgré que critique, représente une opportunité
économique qui réside dans le développement d’une industrie nationale de l’eau. Développer les
capacités nationales dans ce secteur permettra réduire l’atomisation du secteur de l’eau au Maroc,
couvrir les besoins locaux avec des compétences nationales, préparer une offre d’expertise

24
nationale cohérente et exportable et créer de l’emploi vert. Des études, corroborant notre
réflexion, ont été conduites par le Département de l’Environnement marocain avec l’appuie du
PNUD dans le cadre du projet YES GREEN, dont l’objectif était de cartographier les
opportunités d’emplois verts, avaient identifié quatre secteurs ayant un fort potentiel de création
d’emplois dont celui de l’eau et de l’assainissement (ONU/CEA, 2015).
Le cluster, conçu comme « un cadre conceptuel, une construction empirique, et un outil politique
» (Asheim et al, 2006), permet aux gouvernements de promouvoir et consolider le développement
de secteurs ciblés. C’est un écosystème particulièrement favorable au développement des
écotechnologies de manière générale, et à l’innovation technologique dans le secteur de l’eau et
de l’assainissement en particulier. Cette distinction revient au rôle que jouent les clusters dans la
fertilisation croisée des connaissances et expériences à différents niveaux et parmi une multitude
d’acteurs, ce qui est indispensable à l’essor des industries éco technologiques de manière
générale et de l’industrie de l’eau et des ressources en eau non conventionnelles de manière
particulière.

Que peut-on encore découvrir sur les clusters, particulièrement dans le contexte d’une économie
en voie de développement telle que l’économie marocaine et dans des secteurs aussi pointus que
les industries éco technologiques et particulièrement le secteur de l’eau ? Cette question/réflexion
a donné lieu à une problématique que nous allons présenter ci-dessous.

Problématique de recherche
Le cluster représente un modèle idéal pour soutenir le développement d’un secteur économique
spécialisé, basé sur l’innovation et ayant un ancrage territorial. Nous partons alors d’une idée que
le développement d’une industrie de l’eau solide, compétitive et exportable, exige l’initiation
d’un cluster qui répond à des orientations stratégiques de longues portées, et de longue durée.

Ainsi, notre problématique est la suivante :

À quelles conditions l’initiation d’un cluster dédié à l’industrie de l’eau peut-elle jeter les
fondements d’une filière industrielle dédiée aux technologies de valorisation des ressources
en eau non conventionnelles au Maroc ?

De cette problématique, découlent les questions suivantes :


Q1 : Le cluster, est-il la forme d’agglomération d’entreprises la plus adéquat au contexte
économique marocain?

25
Q2 : Quel model de cluster peut-il être le plus adapté au contexte d’une économie en voie de
développement et spécialement de l’économie marocaine ?

Q3 : Comment structurer un cluster au tour de l’industrie de l’eau de manière à amener tous les
acteurs à collaborer activement ?

Les essais de réponses à ses questions ne feront pas l’objet d’un seul chapitre, un chapitre final,
un point culminant de notre recherche, au contraire, ils vont se construire et s’étaler au fil des
chapitres, comme ce sera présenté dans l’architecture de la thèse, reflétant le paradigme
épistémologique que nous avons adopté dans notre thèse, à savoir le paradigme constructiviste.

Positionnement épistémologique

Depuis le début de notre recherche, c’est la nature du sujet, la complexité du contexte de


recherche et le chevauchement des questions de départ qui nous ont subtilement guidés vers le
paradigme constructiviste et la compréhension par l’exploration. Une exploration où chaque
étape permettait d’éclairer le chemin vers celle qui la suivait, et nous a permis ainsi de bâtir, au
fur et à mesure que nous avancions, notre réflexion autour des différentes questions de départ,
notre compréhension des spécificités du terrain de recherche et ainsi la construction d’un modèle
qui réalise notre objectif de recherche. Dans notre thèse, il ne s’agit pas de vérifier une théorie, ou
de décrire une réalité. À travers cette thèse, nous nous sommes essayés à l’exercice de construire
des réponses, sans prétendre qu’elles soient l’unique façon possible de faire les choses, mais
comme étant le choix le plus optimal et « viable » parmi de multiples possibilités, « non pas
parce qu'elles correspondraient à la réalité des choses telles qu'elles sont, mais dans la mesure
où elles leur permettent d'organiser le monde des expériences et de résoudre les problèmes
auxquels ils ont à faire face » (Ruel, 1992). Ce qui est l’essence du paradigme constructiviste que
nous adoptons.

Cadre théorique
Quel que soit le choix épistémologique et la démarche de recherche utilisée, le processus de
recherche se présente comme une construction itérative, marquée de va et de vient entre terrain et
littérature, phases amont et avale. Ainsi, les chances de se perdre en cours de route sont assez
importantes. Nous nous sommes alors, armés d’un cadre théorique riche et pertinent, afin de

26
donner des fondements à la perspective que nous adoptons pour nous saisir de la dynamique des
clusters et pour orienter notre recherche de manière générale.

Voici alors les théories qui ont contribué au fondement de notre étude, citées dans l’ordre dans
lequel nous les avons évoquées, accompagnées des noms de quelques une des grandes figures de
ces courants théoriques :

- L’économie industrielle (Marshall, Schumpeter, Ascheim, Aydalot) ;

- Le commerce international (Markusen) ;

- La micro-économie (Porter) ;

- La macro-économie (Fujita, Champagne) ;

- L’économie géographique (Weber, Hoover, Krugman, Raffestin, Rosenfield, Moine) ;

- L’approche relationnelle et socio culturelle (Beccatiné, Brusco, G. DI Méo, Chabalaut


Suire R., Vicente J. Oldenburg, Torre) ;

- L’économie de la connaissance (Ellul, Glachant, M. Dussaux, D. Ménière, Y.


Dechezleprêtre, A, Eaton J., Kortum S., Albors, Abrams).

Quant au volet développement durable/Ecotechnologie et écotechnologie de l’eau de notre thèse,


nous avons fondé notre étude et notre réflexion sur la base de publications d’organisations telles
que l’OCDE, l’ONU, le PNUD, la FAO, la BM, l’UNESCO / Eau, etc.

Démarche générale
La première question qui est à l’origine de notre recherche est la suivante, « Comment
développer une industrie nationale dédiée au secteur de l’eau et l’assainissement en général, et
aux technologies relatives aux ressources en eau non conventionnelles en particulier, qui soit
structurée, compétitive et exportable ? ». C’est cette question, un peu flou est tenant plus à
l’intuition qu’à une question de recherche, inspirée par le contexte climatique et économique du
Maroc, qui a donné lieu à notre problématique. Après une longue réflexion et de multiples
lectures, aucune réponse évidente ne s’est présentée. Le secteur de l’eau a ses spécificités et
contraintes propres et joue un rôle critique au niveau social, économique ainsi que politique, il ne
peut être comparé à d’autres secteurs industriels tels que le textile, l’agroalimentaire ou

27
l’automobile. Ainsi, bâtir notre réflexion sur les modèles de développement de ces secteurs était
simplement inenvisageable.
Nous avons alors croisé lectures et recherche sur le terrain. Nous avons commencé par des
lectures de littérature grise, à savoir des journaux et revues que nous avons renforcés avec des
études (ADI, 2012 ; GTZ, 2009 ; etc.) et rapports officiels marocains (CEES, 2014 ; DEPS/SIAS,
2012 ; DEPS/SIAS, 2015 ; MEMEE, 2013 ; MEMEE, 2014 ; MICNT, 2009 ;OCP, 2014 ;
ONEE/BE, 2013 a et b ; etc.), et des rapports d’organisations mondiales (BAD, 2014 ;
ONU/CEA, 2015 ; FAO, 2001 ; PNUE-PAM, 2009, etc.). Quant à la recherche sur le terrain,
nous avons organisé des interviews avec les différents acteurs du secteur de l’eau, dont on cite :
des responsables et ingénieurs à l’Office National de l’Électricité de l’Eau/Branche Eau ; le
directeur de la Recherche et Planification de l’Eau dans le Ministère Délégué Chargé de l’Eau ;
des ingénieurs de bureau d’études travaillant sur des projets de dessalement particulièrement la
NOVEC ; des techniciens et ingénieurs responsables des stations d’épuration des eaux usées des
villes de Settat et de Benslimane ; des techniciens et ingénieurs responsables de la station de
traitement et de réutilisation des eaux usées épurées de la Régie autonome D’Eau et d’Électricité
de Marrakech (RADEEMA) ; des ingénieurs de l’Agence Marocaine de l’Efficacité Energétique
ou AMEE (ex Agence de Développement des Énergies Renouvelables et de l’Efficacité
Energétique ou ADEREE) pour leur implication dans les projets de réutilisation des eaux usées
épurées et de la valorisation énergétique des boues ; l’Agence du Bassin Hydraulique chaouia ;
responsable et membres de L’Association Marocaine de l’Eau et des Professionnelles de
l’Assainissement (AMEPA), plusieurs dirigeants d’entreprises actives dans le secteur de l’eau et
de l’assainissement rencontré dans des salons (Pollutec Casablanca 2013 , 2014 et 2015) ainsi
que des responsables politiques et des représentants de la société civile rencontrés dans des
événements tels que The Global Conferance Rabat Round.
Cette démarche à fait ressortir deux observations majeures : 1 — Le manque, voire l’inexistence,
de coordination et d’échange entre les institutions et les acteurs du secteur. 2— La dépendance
aux entreprises étrangères (importation de produits de traitement, de membranes, de composantes
électriques, électromécaniques et technologiques, gestion déléguée et/ou réalisation des stations
de projets de dessalement et de réutilisations des eaux usées épurées) qui détiennent la
technologie d’une part, ce qui est aussi dû à la faiblesse de la R&D au niveau national et à
l’absence de sa valorisation industrielle des résultats de la recherche, et qui disposent de

28
l’efficacité managériale et de l’efficience des processus, ce qui est dû à l’accumulation de
l’expérience et un transfert actif de technologie et des innovations managériales.
C’est là que le modèle de cluster s’est présenté comme la réponse la plus adaptée à notre
problématique. Nous nous sommes alors mis sur la piste de cette forme d’agglomération
d’entreprises naissante au Maroc. Nous avons alors réinvesti le terrain en multipliant les visites
au Service de Développement des Clusters au MICNT, participé aux ateliers et journées d’étude
organisés par le ministère et par les clusters marocains pour examiner la réalité du contexte
marocain à la lumière des fondements théoriques présentés dans le cadre théorique.
Ainsi, l’organisation de la structure « linaire » selon laquelle nous avons rédigé la présente thèse
ne reflète pas l’évolution de nos réflexions et de notre recherche, mais plutôt l’évolution logique
de la formulation des réponses à la problématique de recherche.

Notre démarche de recherche consiste à construire des réflexions, des questions et des essais de
réponse en travaillant, avec, naturellement, des itérations entre les phases en aval et les phases en
amont qui ont permis l’enrichissement du cadre initial, et l’émersion de nouveaux concepts.

Architecture de la thèse
La présente thèse est rédigée selon le dispositif de rédaction anglo-saxon. Ce choix au détriment
d’une organisation en parties, comme le dicte le dispositif de rédaction francophone, s’est
présenté le plus adéquat au fil de la rédaction. Nous avons consacré la partie la plus importante de
notre recherche à l’étude des clusters, que nous avons ensuite cernée dans un champ plus restreint
qui est le secteur de l’eau. L’organisation en parties aurait donné lieu à deux parties de volumes
considérablement déséquilibrés.
La thèse est ainsi organisée en huit chapitres, que nous présentons comme suit :

Le premier chapitre est consacré à la définition du concept agglomération d’entreprises sous ses
différentes manifestations, ainsi qu’à la présentation des caractéristiques, rôles et types de
clusters. L’objectif de ce premier chapitre est de construire une image cohérente sur la réalité des
clusters et leur rôle dans la consolidation de la performance et la compétitivité des territoires.

Le deuxième chapitre explore quatre approches théoriques ayant contribué à la formation de


politiques de création et de développement de cluster dans différents pays, confortées par les
recommandations des institutions économiques internationales. Il s’agit de l’approche

29
microéconomique, l’approche macroéconomique, l’approche de l’économie géographique et
l’approche relationnelle, ainsi que les recommandations des organismes internationaux suivants :
l’Organisation de Coopération et de Développement Economique, la Banque Mondiale et l’Union
Européenne.

Le troisième chapitre essaye d’apporter une réponse à la première question de recherche


découlant de notre problématique concernant l’adéquation du modèle de cluster au contexte
économique marocain. Il présente en une première section un tour d’horizon des expériences
réussies de cluster, selon différentes configurations territoriales à travers les exemples américain,
français, espagnole et allemande. La seconde section est consacrée à l’étude de l’expérience
marocaine des agglomérations d’entreprises. Cette seconde section additionnée au premier
chapitre, ont fait l’objet d’un article publié dans la revue française « Marché et Organisations »,
Nº 26, sous l’intitulé « Les clusters au Maroc : vers l’émergence d’une nouvelle politique
industrielle territoriale ».

Le quatrième chapitre explore les différentes facettes du transfert de technologie au sein des
clusters sur différents niveaux, à savoir le transfert international des de technologies depuis des
pays/entreprises plus développés vers les pays/entreprises moins développés, et le transfert de
technologies depuis le monde de la recherche académique vers les applications industrielles
économiquement viables et rentables.

Le cinquième chapitre essaye d’apporter une réponse à la seconde question de recherche


découlant de notre problématique concernant le modèle de cluster le plus adapté au contexte
d’une économie en voie de développement. Il propose une politique publique, à la lumière des
éléments et comparaisons qui ont été évoqués dans les chapitres précédents, pour la création et le
développement de cluster adapté au contexte de pays en voie de développement.

Le sixième chapitre introduit l’industrie des écotechnologies comme l’opportunité à saisir afin
de concilier croissance économique et développement durable. Les clusters présentent ainsi des
écosystèmes propices au développement des innovations éco technologiques.

Le septième chapitre nous amène à l’application des écotechnologies dans le domaine des
ressources en eau non conventionnelles, comme solutions adaptées à diverses problématiques.

30
Suivi d’une présentation du secteur de l’eau au Maroc qui nous amène à l’étude de cas de qui est
le cœur de la présente thèse ?

Le huitième chapitre est l’aboutissement de cette thèse et la réponse à la troisième question de


recherche découlant de notre problématique, à savoir la conception d’un modèle de cluster adapté
au contexte économique et politique marocain, et dédié à l’industrie de l’eau. Après une synthèse
des éléments des sept chapitres précédents, ce chapitre propose un modèle de cluster dédié au
développement des l’industrie de l’eau adapté au contexte local marocain. Ce modèle est
structuré selon trois étapes, à savoir : l’initiation du cluster, l’accompagnement du cluster et enfin
l’évaluation de la performance du cluster ainsi que la durabilité post projet. Ce dernier chapitre,
fait l’objet d’une communication à l’université Anglia Rusking, Cambridge en Angleterre, dans
le cadre de la Ninth International Conference on Climate Change: Impacts and Responses, sur la
base d’un article qui y sera publié suite à la communication, dont l’intitulé est « The proposal of a
Cluster dedicated to the development of the water industry in Morocco».

31
Carte routière pour la lecture de la thèse

32
Chapitre1er :

Le cluster, un levier économique au service de la


consolidation de la performance et l'innovation

33
Introduction
La mondialisation de l’activité économique et des entreprises constitue une des tendances des
plus importantes de l’histoire de l’économie mondiale. Dans ce contexte marqué par la
complexité et les changements rapides et perpétuels, le développement des économies se base sur
les groupements d’entreprises territorialisés, faisant valoir les logiques de réseaux, pour une
innovation collaborative plus en pointe.
Les travaux d’A. Marshall (1890) représentent l’œuvre fondatrice du modèle d’agglomération des
entreprises. A. Marshall a présenté les avantages liés au rassemblement des entreprises dans le
cadre d’une agglomération, districts, sur un même territoire : la réalisation d’économie d’échelle
externe due à la réduction de coût des intrants ; la création d’un bassin de main-d'œuvre
spécialisée favorisant la rencontre entre l’offre des compétences des travailleurs et la demande
des firmes en termes de compétences spécialisées. Ce qui permet l’intégration des marchés des
biens, des services, des capitaux et de la main-d’œuvre. De ce modèle, ont été déclinées d’autres
formes d’agglomération d’entreprises: système productif local, cluster, technopole et pôle de
compétitivité, adaptés à la logique économique et répondant à des besoins spécifiques à chaque
pays, mais toujours intégrant à la fois une logique territoriale et une logique d’innovation.
Mais c’est seulement avec la publication du « The Competitive advantage of nations » du
professeur M. Porter en1990 que la notion de cluster a été popularisée. La Silicon Valley (semi-
conducteurs et technologies d’information), Hollywood (industrie du cinéma) ou London Finance
City (finance internationale) en sont les exemples les plus remarquables de cluster. Depuis, tous
les gouvernements cherchent à se doter de cluster, ou d’autre forme d’agglomération
d’entreprises, qui pourra développer la compétitivité de leurs économies nationales, soutenir
l’innovation et garantir une visibilité internationale de leurs territoires.

Dans ce chapitre, nous allons commencer par arborer un tour d’horizon de la littérature relative
aux clusters, définitions, enjeux et typologies, puis nous allons présenter le rôle des clusters dans
l’aménagement de l’espace régional et le développement des territoires.

Section 1 : L’agglomération d’entreprises : Un phénomène polymorphe, qui a évolué dans


le temps

34
La théorie économique a présenté diverses formes d’agglomération d’entreprises, entre districts
industriels, systèmes productifs localisés, clusters ou grappes d’industries et pôles de
compétitivité, mettant en avant des caractéristiques distinctes et des facteurs de succès et de
performance différents. Ci-dessous, nous allons présenter les cadres d’analyse de chacun de ces
types d’agglomération d’entreprises.

1.1 Le district industriel


Il décrit un modèle de développement industriel qui a fleuri aux États-Unis et en Europe entre les
années 1970 et 1980, mais dont l’essor revient à l’expérience italienne. Il s’agit de
« l’organisation industrielle de la Troisième Italie2 se caractérisant par une forte présence de
PME ayant une faible capacité et une main-d’œuvre moins chère par rapport aux régions plus
industrialisées d’Italie. […] Au contraire du principe d’intégration verticale, les PME ne
participent qu’à certaines phases de production. Cela entraine l’introduction du couple
coopération/compétition, un des caractères les plus spécifiques de ces districts industriels. »
(Nguyen, 2009). C’est un concept qui trouve ses origines dans les travaux de Marshall (1980),
ayant défini les districts industriels comme « des systèmes productifs, géographiquement définis,
caractérisés par un grand nombre de petites et moyennes firmes qui sont respectivement
impliquées dans les différentes étapes concourant à la production d’un produit homogène ». Il a
démontré l’efficacité dont fait preuve une organisation industrielle basée sur un réseau de petites
et moyennes entreprises, spécialisées dans un même domaine et liées par des relations
marchandes ou non marchandes, du fait que « la concentration industrielle est une condition
nécessaire à la réalisation de la division du travail, facteur principal de la loi de productivité
croissante » (Courlet, 2001). Ainsi, Marshall (1980) a défini, toujours dans ses Principes de
Politiques Economique, le district industriel par trois caractéristiques d’œuvre spécialisée, des
industries complémentaires et un échange de connaissances permanent. Le développement et la
circulation de la connaissance se fait de manière spontanée, car tous vivants dans une
« atmosphère industrielle ». Cette conception du district industriel a été confortée par les travaux
de Beccatini (1989), qui le présente comme « une entité socio territoriale caractérisée par
l’association active, dans une aire territoriale circonscrite et historiquement déterminée, d’une
communauté de personnes et d’une population d’entreprises industrielles. Dans le district, à la

2[1]
Italie du Nord-est et du Centre.

35
différence de ce qui se produit dans d’autres milieux, par exemple la ville manufacturière, la
communauté et les entreprises tendent, pour ainsi dire, à s’interpénétrer ». Beccatini (1989),
dans sa définition, souligne les aspects caractérisant les districts industriels, à savoir : l’aspect de
proximité géographique et l’aspect économique en plus de l’aspect social, qui ne figurait pas dans
la définition de Marshall (1890).
Les éléments clés d’un District se matérialisent dans : un mode de fonctionnement articulé autour
du marché et des relations de coopérations ; relations non marchandes (échanges mutuels de
services gratuits). Les districts industriels évoluent dans une atmosphère qui s'appuie aussi bien
sur la proximité géographique que sur la spécialisation dans une même branche, constitue une
« atmosphère industrielle » moins tangible que les institutions, mais tout aussi essentielle pour la
coopération et l'innovation (Lévesque et al, 1998) :

« Les secrets de l'industrie cessent d'être des secrets ; ils sont pour ainsi dire dans l'air,
et les enfants apprennent inconsciemment [pour] beaucoup d'entre eux. On sait apprécier
le travail bien fait ; on discute aussitôt les mérites des inventions et des améliorations qui
sont apportées aux machines, aux procédés, et à l'organisation générale de l'industrie. Si
quelqu'un trouve une idée nouvelle, elle est aussitôt reprise par d'autres, et combinée avec
des idées de leur crû ; elle devient ainsi la source d'autres idées nouvelles. Bientôt, des
industries subsidiaires naissent dans le voisinage, fournissant à l'industrie principale les
instruments et les matières premières, organisant son trafic, et lui permettant de faire
bien des économies diverses » (Marshall, 1890).
Il s’agit de « code de comportement relevant de la coutume, qui discipline l'activité de tous les
opérateurs ». (Brusco, 1994), une liaison avec le système institutionnel local, voir national. Ainsi,
les entreprises faisant partie d’un district industriel jouissent de soutien et d’appui de la part des
institutions ou administrations locales, leur permettant l’accès aux services qu’elles n’auraient
pas pu s’offrir de manière individuelle.

Le 5ème rapport sur les districts industriels d’Intesa Sanpaolo, qui analyse les comptes financiers
de 13 098 entreprises appartenant à 144 districts industriels, confirme que celles-ci ont de
meilleures performances, notamment à l’export. Dans leur ensemble, les entreprises des districts
industriels ont enregistré, en moyenne, une croissance de leur chiffre d’affaires (CA) de 9,6% en
2010 et de 5,8% en 2011, contre 7,7% et 4,3% pour celles hors districts. Les secteurs les plus

36
performants ont été ceux de la métallurgie (avec une croissance du CA de 8,8% en 2011), de la
mécanique (+7,5%), de l’alimentaire (+6,2%) et de la mode, le plus emblématique avec une
hausse de 8,6% du CA en 2011 pour les entreprises en districts, contre 4,1% pour celles hors
districts. Toutefois, le niveau d’avant la crise demeure encore loin, sauf pour la mode et
l’alimentaire. Après une prévision de contraction moyenne du CA de 2,8% en 2012, le retour à la
croissance devrait être graduel (augmentation du CA limitée à 1,1% en 2013 puis à 4% en 2014).

Ambassade de France en Italie, Service Economique - Regards sur l'économie italienne -


2013

Encadré N°1 : Districts industriels, une success story à l’italienne

Marshal (1890) dans sa définition du modèle du district industriel n’avait pas mis l’accent sur
l’importance des relations sociales entre les membres constituants du district. C’est en analysant
les relations entre les membres de districts de régions rurales en Italie formés autour de très
petites entreprises que Becattini (1989) a relevé le rôle majeur du capital social dans l’évolution
de ces districts. Les relations de confiances ont permis de développer l’échange et la
collaboration entre acteurs, éléments décisifs pour le succès de ce type d’agglomération
d’entreprise.
1.2 Système productif localisé

À la lumière des études réalisées sur les districts industriels italiens, plusieurs réflexions ont été
portées sur des formes similaires d’agglomération d’entreprises dans d’autres pays. Ainsi, le
concept de Système Productif Localisé (SPL), ou Système Local de Production, découle de celui
du district industriel. Cette forme d’agglomération d’entreprises a été observée en France. Il
s’agit d’« une organisation productive particulière localisée sur un territoire correspondant
généralement à un bassin d’emploi. Cette organisation fonctionne comme un réseau
d’interdépendances constituées d’unités productives ayant des activités similaires ou
complémentaires qui se divisent le travail (entreprises de production ou de services, centre de
recherche, organismes de formation, centre de transfert et de veille technologique, etc.) »
(DATAR, 2002). On en cite, étant l’un des plus anciens SPL, le SPL Cosmetic Valley, spécialisé
en parfums et cosmétique, regroupant les plus grandes marques françaises de produits
cosmétiques de Luxe. Le SPL Cosmetic Valley est, actuellement, labellisé pôle de compétitivité.

37
Le SPL s'inscrit dans un « processus de décentralisation territoriale de la production » (Garofoli,
1992), il se définit selon trois critères (Caron et all, 2006) : l’intégration réticulaire, la dynamique
d’apprentissage et l’ancrage territorial. La notion de SPL présente de fortes similarités avec celle
de District : coopérations entre des acteurs économiques dans un territoire donné ; effets de
proximité ; relations avec le système institutionnel local. Toutefois, le SPL peut être constitué
autour d’entreprises de différentes tailles, PME, PME et grandes entreprises ou même entre
grandes entreprises. Ces entreprises ne sont pas nécessairement concentrées dans une seule
branche, ou spécialisées dans différentes étapes du processus de production d’un même produit.
Le SPL a principalement permis d’« encourager toutes les formes de coopération », avec les
objectifs suivants (Lartigue et al, 2008) : accroitre les performances économiques des territoires ;
développer l’économie relationnelle et la cohésion territoriale ; rechercher des effets leviers par la
multiplication des partenariats public-privé ; promouvoir un comportement coopératif chez les
PME par le développement de coopérations stratégiques et d’alliances.
1.3 Clusters
Le terme cluster a été introduit par le professeur Porter dans son ouvrage « les avantages
compétitifs des nations » en 1990. C’est grâce aux travaux de Porter sur la théorie des Clusters
que cette forme d’agglomération d’entreprises a été popularisée dans les pays développés comme
dans les pays en voie de développement. Porter (1990) définie le cluster comme « une
concentration géographique d’entreprises liées entre elles, de fournisseurs spécialisés, de
prestataires de services, de firmes d’industries connexes et d’institutions associées, dans un
domaine particulier, qui s’affrontent et coopèrent ».
D’autres théoriciens et praticiens se sont essayés à donner une définition au cluster. Rosenfeld
(2002) l’a défini comme « une masse critique d’entreprises, suffisante pour attirer des services,
des ressources et des fournisseurs spécialisés, ayant des relations systémiques fondées sur des
complémentarités et des similarités, sur une étendue géographique limitée. » Une autre définition
donnée par le Ministère Français de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la
Mer, présente le cluster comme une « Concentration sur un espace géographique donné d’un
groupe d’acteurs interreliés (sociétés industrielles, organismes de recherche, d’enseignement
supérieur et de valorisation) partageant une vision commune de la dynamique de croissance et
une stratégie commune de développement économique ou technologique visant l’excellence et la
visibilité internationale ». (MEEDDM, 2010)

38
Grâce à l’effet de proximité qu’il permet, le cluster bénéficie d’un avantage concurrentiel de
taille, permettant l’intensification des interactions positives entre quatre facteurs, comme
synthétisés par « le diamant » de Porter, menant à l’agglomération de firmes complémentaires et
au développement économique d’un territoire donné. Il propose que la colocalisation des firmes
donne lieu à des comportements unissant coopération et concurrence (la coopétition). Ainsi, les
firmes peuvent coopérer pendant certaines phases de la chaine de valeur, en particulier au niveau
de la recherche et développement, mais être en concurrence pendant les étapes de
commercialisation.

Le cluster est un modèle compétitif. Pourquoi ?


Le cluster présente les trois éléments avancés par Marshall expliquant la compétitivité d’une
agglomération d’entreprises :

•L’accès à un bassin d’emploi compétent : la concentration géographique sectorielle attire et


développe des compétences particulières au sein des entreprises. Ce qui permet de créer
un bassin actif riche en main-d'œuvre qualifiée et adaptée aux besoins des entreprises du
cluster.

•La spécialisation accrue des fournisseurs : le système local d’entreprise crée un marché sur
lequel la demande est fortement exigeante en termes de qualité et de quantité. Ce qui
pousse toute entreprise à se spécialiser davantage tout en collaborant avec d’autres
entreprises pour diminuer les coûts de transaction.
•La proximité géographique : la concentration spatiale des infrastructures et des institutions
ainsi que des industries permet le transfert formel et informel de connaissance,
d’informations tacites et de savoir-faire.

Une autre source de la compétitivité des clusters, selon Schumpeter (1934), serait le rôle
fondamental de l’entrepreneur dans l’activité économique. Par les idées qu’il traduit en nouveaux
produits et les risques qu’il prend, en étant installé dans son environnement local, il développe la
compétitivité d’un territoire. Cette création d’entreprise par essaimage favorise l’émergence
spontanée de cluster, et donc une concentration géographique d’entreprises concurrentes
(Schumpeter, 1934).

39
Krugman (1980) quant à lui, explique que l’avènement de petits évènements accidentels peut
déclencher un processus cumulatif dans lequel la présence d’entreprises et de main-d'œuvre
qualifiée, incite d’autres entreprises et travailleurs à s’installer dans le même endroit, conduisant
à la naissance spontanée de cluster, qui une fois a vu le jour, tend à se renforcer dans cette zone
géographique (Lartique et al, 2008).
1.4 Pole de compétitivité (PdC)
Il n’existe pas une définition unanimement acceptée des PdC. Comme les autres formes
d’agglomérations, c’est un milieu novateur se situant sur un territoire donné, où l’interaction
entre les acteurs génère un processus cognitif et institutionnel qui met en place un climat
favorisant le développement d’un dynamisme local, politique, culturel, écologique,
technologique, administratif et économique. Dont le « rôle est de renforcer les synergies et
d’améliorer la dynamique collaborative entre les acteurs publics et privés dans le but de
renforcer les capacités d’innovation et la compétitivité à long terme des entreprises. La création
de richesse et d’emplois à l’échelle des territoires et des régions est souvent sous-entendue
comme objectif final » (Bocquet & Mothe, 2009).

Les pôles de compétitivités ou clusters « à la française », sont définis par la loi de finances
française de 2005, qui instaure les pôles de compétitivités, de la manière suivante : « un pôle de
compétitivité est sur un territoire donné l’association d’entreprises, de centres de recherche et
d’organismes de formation, engagés dans une démarche partenariale, destinée à dégager des
synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction d’un (ou de) marché (s)
donné (s) »3.

Ils sont souvent assimilés aux clusters ou aux districts industriels. Cependant, les PdC présentent
des distinctions significatives par rapport aux formes organisationnelles précédemment citées. En
effet, le caractère émergent propre aux clusters ne se trouve pas dans les pôles qui sont à l’inverse
labélisés par l’État et de ce fait institutionnalisés sous des conditions relatives aux politiques de
développement industriel de chaque pays. Cette forte présence de l’État dans la construction des
pôles (conditions pour leur création, le suivi des modes de gouvernance, les résultats obtenus et
leur performance) ainsi que leur composition constitue une spécificité des pôles par rapport aux
autres réseaux territoriaux (Aliouat et al, 2010).
3
Loi de finance française de 2005, article 24

40
Il existe plusieurs distinctions entre les différents types de réseaux d’innovation classiques et les
pôles de compétitivité, on en cite les plus marquants :
• Les pôles de compétitivité (réseaux de connaissances) peuvent absorber des temps de
coordination plus longs que les réseaux d’innovation qui sont plus sensibles aux risques
d’obsolescence ;
• Les pôles de compétitivité sont coordonnés et pilotés par des entrepreneurs
institutionnels, alors que les autres formes d’agglomérations économiques comprennent
des firmes pivots ;
• Les pôles de compétitivités résultent nécessairement d’une impulsion politique, alors
que les clusters, SPL ou autres, émergent d’initiative d’entreprises ;
• Les pôles animent une interaction entre des organismes de formation, de recherche et
des entreprises, alors que les réseaux d’innovation classiques peuvent ne contenir que
des entreprises.

Enfin, une différence majeure entre toutes les formes d’agglomération économique est la
composition des membres des structures d’une part et dans le caractère plus ou moins émergent
ou au contraire impulsé de ces organisations (Defelix, Colle & Rapiau, 2008). Dans le tableau
comparatif suivant, le pôle s’apparente à une forme hybride d’agglomération des activités, à mi-
chemin entre le SPL et le Cluster.

La collaboration est
La collaboration est
reconnue et renforcée
voulue par les acteurs
par les pouvoirs
eux-mêmes
publics
Les partenaires sont tous des
Districts industriels SPL
entreprises
Les partenaires sont des
organisations variées (entreprises, Clusters Pôles de compétitivité
organismes d'enseignement et de

41
recherche, organisations de
soutien…)
Tableau N°1: Les formes d’organisation territoriale
Source: essai de synthèse par Defelix et al. (2008)

Jusqu’aujourd’hui, ce qui distingue une forme d’agglomération d’entreprise d’une autre et


différencie le PdC des autres modèles n’est pas clairement défini. Les modèles que nous avons
vus ci-dessus, entre district, SPL, cluster ou PdC sont souvent utilisés de manière interchangeable
malgré les différences conceptuelles que nous avons déjà citées. Dans la littérature anglo-
saxonne, l’expression Cluster revient le plus souvent pour décrire les agglomérations
d’entreprises de façon générale. Nous allons alors adopter ce terme dans ce qui va suivre de notre
recherche.
Section 2. Caractéristiques et rôles des Clusters
2.1 Objectifs des Clusters

L’objectif principal des Clusters est la stimulation de l’innovation par une fertilisation croisée des
individus et des organisations grâce à la création d’une proximité institutionnelle autour de
valeurs suffisamment partagées, et par les effets de réseau entre institutions publiques et privées
facilitant les échanges de connaissances.

Ces objectifs se situent à plusieurs niveaux, tant nationaux et régionaux ainsi qu’au niveau
organisationnel des pôles et en termes de coopération entre les acteurs (Aliouat et al, 2010) :
• Au niveau national : le pôle se doit d’assurer une visibilité internationale de la recherche et de
l’innovation nationale, également, de développer l’attractivité d’un territoire pour faire face
aux délocalisations ;
• Au niveau régional : permettre une différenciation des régions en développant une expertise
visible et attractive tout on développant l’emploi au sein de la région. Et de permettre à la
région de se positionner dans une compétition nationale et internationale ;
• Au niveau du cluster : Développer des synergies pour des projets innovants afin d’obtenir des
financements et donc de pouvoir s’étendre. L’enjeu ici est à la fois national (pour obtenir une
reconnaissance et un financement étatique) et international (pour être reconnu et légitime
comme acteur décisif du secteur d’activité) ;

42
• Au niveau des acteurs du cluster : en fonction du type d’acteurs (industries, recherche ou
formation) et en fonction des coopérations préexistantes, les acteurs cherchent à tisser de
nouveaux liens et moyens au travers de leur participation au pôle. Les acteurs cherchent
également à développer de l’innovation applicable sur un marché donné. Il est primordial pour
les acteurs d’un pôle de compétitivité de maitriser l’ensemble de la chaine de valeur d’un
secteur donné pour être réactif et proactif sur le marché mondial.

Malgré la concurrence existante entre les entreprises membres d’un pôle, ils peuvent avoir en
objectifs en commun. Il s’agit parfois, selon A. Mendez4 de « mettre en commun ce qu’elles ne
savent pas faire ». L’exemple des entreprises du pôle français Arômes, saveurs et senteurs qui
gardent jalousement leurs savoir-faire, mais collaborent pour la mise en œuvre de la directive
REACH, problème nouveau pour chacune d’entre elles. D’autres pôles cherchent l’accès à des
compétences et à des ressources qui manquent sur leur territoire.
2.2 Typologie
Les études et recherches faites au sujet de la typologie des pôles de compétitivité, convergent
vers le constat qu’il n’existe pas une seule démarche pour classer les Clusters. Il existe une
grande diversité de critères de classification, qui varient selon le cadre historique de la création
du Cluster, son cadre institutionnel et les objectifs qui lui son assignés. Cette même diversité au
niveau des aspects typologiques ne permet pas d’appliquer les mêmes stratégies au management
des Clusters ni d’adopter une démarche d’évaluation cohérente ou des mesures de performance
unifiées. Nous allons ainsi voir trois différentes catégories de critères d’identification de clusters :
la typologie selon la représentativité des acteurs, la typologie des Clusters selon leurs
caractéristiques structurelles « héritées » et la typologie des clusters selon les rôles des acteurs et
leur interaction.
2.2.1 Typologie des clusters selon leurs vocations principale et type d’acteurs prédominants

Le choix de la vocation du cluster implique l’attractivité de différents acteurs dans des


proportions différentes. Les acteurs dont le poids et la représentativité sont les plus importants,
décident de l’orientation des stratégies et des actions du cluster et ainsi de son identité. On peut

4
Ariel MENDEZ cité dans « Typologie des pôles de compétitivité basée sur leurs caractéristiques « héritées » », Travaux en ligne
N°13, DATAR, 2012.

43
distinguer alors trois types de clusters selon leurs vocations et leurs acteurs les plus dominants :
Les clusters business, les clusters "recherche" et les clusters intégrés R&D/Industrie5.

 Les clusters business : Des clusters constitués majoritairement par des entreprises et des
industrielles qui rayonnent internationalement par le capital-marque de groupes ou de
filiales de firmes multinationales, qui investissent massivement dans la R&D privée.
L’ensemble de ces acteurs gravite autour d’entités industrielles qui jouent le rôle de
locomotives, dictant les orientations stratégiques et impactant l’emploi, l’innovation et
l’attractivité de leurs territoires.

Figure N°1 : la construction du model de cluster industriel


Source : Source : « Les clusters mondiaux dans le domaine des écotechnologies : enseignements, perspectives et
opportunités », rapport du MEEDDM, avril 2010

 Les clusters recherches : Des clusters dont la vocation est d’animer et coordonner une
communauté scientifique, composés majoritairement de centres de recherche et d’unités

5
« Les clusters mondiaux dans le domaine des écotechnologies : enseignements, perspectives et opportunités », rapport du MEEDDM, avril 2010

44
industrielles, autour d’une même thématique. Ils agissent comme incubateurs pour la création
de startups, afin de favoriser la visibilité nationale et internationale des équipes de recherche.

Figure N2 : la construction du model de cluster recherche


Source : Source : « Les clusters mondiaux dans le domaine des écotechnologies : enseignements, perspectives et
opportunités », rapport du MEEDDM, avril 2010

 Les clusters intégrés R&D/Industries : Des clusters qui constituent des écosystèmes
permettant une meilleure valorisation de la recherche et de l’innovation et permettre la
production et la commercialisation les solutions issues des laboratoires de R&D. Dans ce
type de cluster, l’ensemble des acteurs est représenté également, et prend les décisions et
décrète les orientations stratégiques par concertation.

45
Figure N°3 : la construction du model de cluster intégré R&D/Industrie
Source : Source : « Les clusters mondiaux dans le domaine des écotechnologies : enseignements, perspectives et
opportunités », rapport du MEEDDM, avril 2010

2.2.2 Typologie des Clusters selon leurs caractéristiques structurelles « héritées »


La DATAR6 (2012) suggère, dans le cas français, de « construire des catégories, tant pour les
pôles de compétitivité que pour les grappes d’entreprises, au sein desquelles les caractéristiques
structurelles et les contextes sont suffisamment proches, pour pouvoir jauger de manière
pertinente les différentes dimensions de la performance atteinte. » 7

Pour aboutir à la construction d’une typologie des pôles, l’étude, sus mentionnée, menée par la
DATAR (2012) précise qu’il faut définir les contours du pôle en se basant sur : sa thématique
principale, ses membres, sa taille, son territoire, les formes d’innovation caractérisant son
domaine d’activité ainsi que la forme de coopération initiale qui a fait émerger le pôle.

6
La DATAR est la délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale, qui est un service du Premier ministre Français.
7 « Typologie des pôle de compétitivité basée sur leurs caractéristiques « héritées » », Travaux en ligne N°13, DATAR, 2012.

46
• La thématique peut être examinée selon plusieurs critères : le secteur d’activité, pouvant être
homogène ou hétérogène (activités hybrides) couvrant divers champs d’activité économique,
mais partageant les mêmes enjeux stratégiques ; les orientations de recherche, permettant
d’évaluer les effectifs de chercheurs disponibles sur le territoire du pôle ainsi que les moyens
mis en disponibilité de la recherche, tout en étant là une variable difficile à cerner d'une
manière objective ; les technologies, pouvant être cernées en identifiant les champs
sémantiques associés aux brevets produits par les pôles (cette identification permettra de
vérifier si la thématique du pôle correspond et valorise les avantages comparatifs du territoire
sur lequel il se trouve) ; la spécialisation du pôle, pour la mesurer, on prend comme indice de
spécialisation du pôle dans son secteur le rapport entre la part du pôle dans l’effectif salarié
national du secteur ; Le poids du pôle sur sa thématique, qu’on peut mesurer par des
indicateurs tels que la part du pôle dans l’effectif salarié national du secteur, ou en part de
l’effectif de chercheurs dans l’effectif des chercheurs des organismes nationaux sur la même
orientation scientifique, ou en part nationale de brevets du pôle sur la thématique du pôle.

• La taille et structure des acteurs peut être estimée par : Le nombre de membre et
d’entreprises et établissements adhérents ou par le nombre des employés. Cet indicateur
n’étant pas suffisamment pertinent, le ratio du nombre de participants actifs (fondé sur l’étude
du montant des cotisations, taux de membres participants aux projets ou impliqués dans
certaines actions du pôle) sur le nombre d’adhérents enregistrés et donc plus représentatifs de
la taille « réelle » du pôle ; la composition par type d’acteurs, dont les plus importants sont les
PME/PMI, les grandes entreprises, les établissements d’enseignement supérieur et de
recherche, et autres organismes ; la gouvernance, qui pourrait être cernée par les proportions
respectives des types d’acteurs parmi les adhérents du pôle, au sein du conseil
d’administration, au sein du bureau exécutif et au sein du comité de labellisation. Cependant,
c’est un indicateur à prendre avec précaution, du fait qu’il ne reflète pas forcément le poids
réel des acteurs dans la prise de décision.

• La pertinence du territoire qui passe par plusieurs indicateurs : les projets de pôle
comportent une délimitation d’un territoire du pôle, décrivant la localisation effective des
membres ou des participants aux actions et aux projets du pôle. Il existe une corrélation entre
l’orientation du pôle et la concentration territoriale de ses membres qui se présente ainsi : les

47
pôles situés sur un territoire réduit sont orientés vers le marché. Ceux s’étendant sur un
territoire plus vaste, associant plusieurs régions, sont plutôt orientés vers le développement de
technologies ; les ressources du territoire mobilisables par le pôle, qui peuvent être les
effectifs de chercheurs, les dépenses de R&D, les publications, les brevets, les titulaires de
master, ingénieurs ou docteurs formés sur le territoire ; la spécialisation technologique du
territoire mesurée par le ratio entre le poids national du territoire dans une technologie donnée
(mesuré par le nombre des brevets) et son poids national dans l’ensemble des technologies ; la
concentration géographique du pôle à diverses échelles ( région, zone d’emploi,
commune…) ; L’ancrage des acteurs sur le territoire, ne pouvant être cerné qu’on étudiant
l’organisation spatiale de la chaine de valeur complète (maillons situés dans le pôle, maillons
importants situés hors du pôle et localisations géographiques de ces maillons, intensités des
relations avec ces maillons externes) et comparer la configuration spatiale du pôle aux
configurations spéciales des acteurs-leaders ou dominants dans le domaine d’activité.

• Régime de concurrence et d’innovation ou les actions prioritaires pour favoriser la


compétitivité d’un pôle dépendent des spécificités sectorielles et des formes de la concurrence
dans le domaine du pôle : le régime de concurrence dont les principaux déterminants sont les
facteurs de compétitivité, la structure du marché, le poids des règlements, le poids des grands
donneurs d’ordre du territoire, les stratégies des entreprises dans le secteur
(innovateurs/suiveurs, généralistes-intégrateurs-spécialistes…) ; le régime d’innovation.

• Tradition de coopération sur laquelle s’appuient les pôles pour faciliter la collaboration
entre acteurs.

Cette classification faite par la DATAR (2012), aussi pertinente qu’elle soit, ne pourra être
appliquée que dans le cas français, les pôles de compétitivité étant des organisations qui reflètent
les caractéristiques de leurs territoires d’implantation. Toutefois, ces critères peuvent servir pour
constituer une charte de classification ou une grille d’évaluation des politiques des pôles de
compétitivité.
Aussi, il est à noter que, d’une part, les pôles sont multiformes, et qu’il n’existe pas à ce jour de
consensus sur la meilleure forme ni sur les indicateurs de caractérisation et de mesure de la
performance les plus pertinents pour rendre compte de leur activité. Et d’autre part, les pôles de

48
compétitivité passent par plusieurs étapes dans leurs cycles de vie, leur typologie va
probablement évoluer avec le temps.
2.2.3 Typologies des clusters selon les rôles des acteurs et leur interaction

Afin de comprendre le modèle de cluster du point de vue des relations entre les acteurs, nous
avons choisi d’exposer la classification des clusters selon les rôles des membres de clusters et le
type d’interactions qu’ils entretiennent, proposée par Markusen (1996)8. Définissant ainsi quatre
modèles :

• Modèle des districts Marshalliens qui est, comme expliqué plus amplement dans la
section précédente, une concentration des entités productives dans un espace
géographique permettant des interactions positives, l’échange de savoir et l’accumulation
des connaissances. Dans ce modèle, le cluster est constitué de petites et moyennes
entreprises homogènes, entretenant des relations de collaboration et de concurrence. Le
cluster est soumis à la dynamique du marché, puisqu’aucune des entreprises n’a la taille ni
le pouvoir pour exercer un contrôle direct sur le cluster.

Figure N°3 : modèle des districts Marshalliens


Source : Catalin Boja, “Clusters Models, Factors and Characteristics”, International Journal of Economic Practices and
Theories, Vol. 1, No. 1, 2011.

8
Markusen, A. (1996), Sticky places in slippery space: a typology of industrial districts, Economic Geography 72, 293–313 cité dans Catalin Boja, “Clusters
Models, Factors and Characteristics”, International Journal of Economic Practices and Theories, Vol. 1, No. 1, 2011.

49
• Hub-and-Spoke ou le cluster en étoile est un modèle où il y a peu d’entreprises dominantes
qui représentent le noyau du cluster et sont entourées par de nombreuses petites entreprises
avec qui elles sont en interaction directe. Une grande partie du cluster est constitué de
fournisseurs de matières premières ou de services externes ou spécialisés dans une phase
précise de la chaine de production. Les petites entreprises sont en relation directe avec les
grandes firmes et dépendent de leurs stratégies.

Figure N°4 : Modèle du Hub-and-Spoke ou le réseau en étoile


Source: Catalin Boja, “Clusters Models, Factors and Characteristics”, International Journal of Economic Practices and
Theories, Vol. 1, No. 1, 2011.

• Le Satellite plateforme cluster ou le modèle de plateforme satellitaire est constitué d’un


groupe de filiales ou de branches d’entreprises situées hors du cluster, qui se sont implantées
dans un espace géographique donné, offrant une main-d'œuvre ou des intrants à faibles coûts,
ou afin de bénéficier de prérogatives, facilité ou exonérations offertes par le gouvernement.
La particularité caractérisant le modèle de la plate-forme satellitaire est qu'il n'y a pas des
relations directes entre les entreprises membres du cluster, chacune est entièrement contrôlée
par la société mère située à distance.

50
Figure N°5 : Modèle Satellite Platform cluster model ou le réseau en étoile
Source : Catalin Boja, “Clusters Models, Factors and Characteristics”, International Journal of Economic Practices and
Theories, Vol. 1, No. 1, 2011.

• Le State centered cluster model ou le cluster centré sur institution publique est un modèle
défini autour d'une organisation publique, gouvernementale ou à but non lucratif qui encadre
les relations économiques entre les membres du cluster. Cette institution est entourée par de
nombreuses PME qui bénéficient de contrats public-privé. Le State centered cluster model
peut être comparé au Hub-and-Spoke model, sans le contrôle du secteur privé.

Figure N°6: State centered cluster model / cluster centré sur une institution publique

51
Source: Catalin Boja, “Clusters Models, Factors and Characteristics”, International Journal of Economic Practices and
Theories, Vol. 1, No. 1, 2011.

2.2 Les Cluster au service du développement territorial durable

À l’ère de la globalisation, les gouvernements déploient tous leurs efforts pour mettre en place
des politiques publiques permettant de valoriser les territoires, leurs compétences et leurs
ressources, pour les propulser au-devant de la scène économique internationale. Il n’est plus
possible de réagir à la globalisation, à travers les stratégies des firmes multinationales, sans
passer par une réponse locale qui consacre les régions et le territoire. Autrement dit, la
concurrence globale entre nations se matérialise par une coopération au niveau local des
territoires : le phénomène de glocalisation, ou le « think global, act local».

Le territoire est une notion qui peut être perçue sous différents angles. D’abord par l’attribut
spatial, comme présenté par Raffestin (1986) « le territoire est une réordination de l’espace ».
Mais aussi comme une construction abstraite résultant de l’action de la société, comme précisé
par G. DI Méo (1998) « le territoire est souvent abstrait, idéel, vécu et ressenti plus que
visuellement repéré ». Sur une base d’étude territoriale, le développement durable est définit
comme une démarche de« diversification et d’enrichissement des activités économiques et
sociales sur un territoire à partir de la mobilisation et de la coordination de ses ressources et de
ses énergies » (Worms et Pinton, 1997). Ainsi, développer le territoire revient à conjuguer les
actions de multiples composantes (environnementale, sociale, institutionnelle, économique,
etc…) sur un espace géographique donné, permettant de donner une identité spécifique à ce
territoire. C’est là où apparait l’importance des agglomérations des entreprises, inspiré par les
districts Marshalliens, permettant d’exploiter les ressources d’un territoire dans le cadre d’un
réseau organisé, garantissant le développement, la visibilité et la compétitivité du territoire, et
donc de ses composantes, au niveau international. La nouvelle ère d’économie glocale nécessite
une nouvelle configuration de l’aménagement du territoire.

Joignant les deux définitions précédentes du territoire, Moine (2005) le présente comme « un
système complexe dont la dynamique résulte de la boucle de rétroaction entre un ensemble
d’acteurs et l’espace géographique qu’ils utilisent, aménagent et gèrent. » Ces interactions entre
les acteurs d’un même territoire nécessitent une coordination indispensable pour maintenir la
stabilité et la cohérence entre les actions et les finalités affectées à ce territoire, dans le cadre

52
d’une politique publique et en vue d’un développement territorial durable. Il s’agit alors de
« l’établissement d’un projet de territoire associant les acteurs locaux à sa conception et le
respect des principes de développement durable » (Caron P, Angeon V, Lardon S, 2006).

Ce regain d’intérêt pour le territoire a remis à jour le débat, suscité en premier par A.Marchal, lui-
même inspiré de la théorie des Avantages Comparatifs de David Ricardo, sur la concentration
géographique d’entreprises pour le développement de la compétitivité et de la visibilité d’un
territoire. L’agglomération d’entreprises, sous ses différentes formes, produit d’importantes
externalités positives, et permet d’atteindre une masse critique favorisant l’échange de
connaissances et l’accès aux intrants et aux compétences, ce qui permet au territoire de
développer un avantage compétitif. Qu’ils s’agisse de district industriel, de système productif
local ou de pôle de compétitivité, les entreprises jouent un rôle prépondérant dans la structuration
de l’espace, et la consolidation des liens entre les acteurs par la mobilisation de « nouveaux
acteurs dans le cadre des réseaux de soutien », « l’action de concertation favorisant des relations
de partage entre acteurs autour d’un consensus pour créer une logique interinstitutionnelle
transversale » et la création d’« activité critique et innovatrice » (Arocena, 1985). Il n’existe tout
de même pas une formule unique pour réussir le développement territorial, c’est une notion qui
varie selon la configuration régionale de chaque pays.
2.3 Clusters et attractivité des territoires

Les îlots de compétences ou agglomération d’entreprises constituent un outil validé et performent


aux mains des gouvernements pour le développement territorial et la consolidation de la
compétitivité à l’échelle internationale. Les pays de l’hémisphère nord renforcent leurs régions
afin de faire face au mouvement de délocalisation qui menace leur compétitivité à l’échelle
internationale (perte d’avantages concurrentiels) et pour maintenir l’emploi local. De l’autre côté,
d’autres pays, dont le Maroc, investissent dans les développements de la compétitivité des
territoires pour attirer les investissements directs étrangers, bénéficier du transfert de technologie
et ainsi développer les compétences indigènes. Le mémorandum européen des clusters 9 affirme
clairement que « Les clusters utilisés comme réseau européen de “plateformes” territoriales de
politiques publiques peuvent jouer un rôle de catalyseur d’innovation » (Laffitte, 2008). D’une
part, le groupement des entreprises, de laboratoire de recherche et d’organismes de formation et

9
Laffitte, P. « Mémorandum européen des clusters », Conférence européenne sur les clusters, Stockholm, janvier 2008.

53
leurs interactions dans le cadre de pôle de compétitivité, permet à ces organisations de bénéficier
de ressources complémentaires, pouvant être rares et spécifique à un territoire donné. D’autre
part, ce groupement conduit à la création de nouvelles ressources en savoir et savoir-faire qui
valorisent le territoire, contribuent à la création et le développement de son identité, renforcent
visibilité à l’internationale, et constituent une locomotive de croissance économique pour
l’économie régionale favorisant la dynamique et l’attractivité locale.

Parallèlement aux politiques industrielles de création et d’appuis aux clusters qui tentent de
« développer des modes de coopération au sein des régions qui peuvent augmenter les
externalités positives » (Castro, Chabalaut et Tixier, 2010), le développement territorial résulte
aussi de la capacité de ses acteurs à développer une coopération avec d’autres territoires pouvant
être concurrents (coopétition).
Conclusion du chapitre

Depuis quelques décennies, les gouvernements de différents pays portent une attention
particulière sur les agglomérations d’entreprises de manière générale et les clusters en particulier.
La définition la plus courante des clusters s’appuie sur la notion de concentration géographique
d’entreprises et d’autres acteurs tels que les universités, les laboratoires de recherche, les centres
de formation ainsi que les acteurs institutionnels. Toutefois, il n’existe pas une définition qui fait
l’unanimité, mais plutôt un ensemble de concepts. La définition avancée par Porter reste la plus
répandue « une concentration géographique d’entreprises liées entre elles, de fournisseurs
spécialisés, de prestataires de services, de firmes d’industries connexes et d’institutions
associées, dans un domaine particulier, qui s’affrontent et coopèrent ». Cette forme
d’agglomération permet de valoriser le territoire, l’économie de la connaissance, l’innovation et
l’esprit de l’entreprenariat pour apporter une réponse à la concurrence rude est accrue imposée
par les mécanismes de la mondialisation.

La forme de cette agglomération d’entreprises a évolué avec le temps, présentant divers niveaux
d’ancrage territorial, fonctions, type d’acteurs, et diverses formes d’organisation. Tels que le
district industriel, le système productif local, le cluster et le pôle de compétitivité.
Le district industriel est une concentration géographique de PME, dont l’essor revient à
l’expérience italienne, caractérisée par une main-d'œuvre spécialisée, des industries
complémentaires et un échange de connaissances permanent. Ce qui permet une forme avancée
54
de la division du travail et ainsi l’amélioration de la compétitivité de l’ensemble des entreprises
évoluant dans cette atmosphère industrielle.
Le système productif local est une autre forme d’agglomération d’entreprises, découlant
principalement du concept de district. Le SPL a vu le jour en France, c’est une forme
d’agglomération d’entreprises qui peut être constituée d’entreprises de différentes tailles, qui ne
sont pas nécessairement concentrées dans une seule branche. Le SPL permet de seller des
partenariats publics-privé, d’améliorer les performances économiques des territoires et
promouvoir les réseaux d’entreprises.
Le cluster, un terme, popularisé avec les travaux de Porter dans les années 90, revient souvent
pour désigner les agglomérations d’entreprises de manière générale. Cette forme
d’agglomération, comme les précédentes profitant de la concentration géographique, constitue
une masse critique d’entreprises qui présente des avantages spécifiques, dont l’accès à un bassin
d’emploi compétent ; la spécialisation accrue des fournisseurs ; la proximité géographique, afin
d’attirer talents, investissements et capitaux.
Le pôle de compétitivité, ou clusters français est un ensemble d’acteurs sur un territoire donné
qui agissent selon une démarche partenariale afin de renforcer les synergies et les capacités
d’innovation ainsi que la compétitivité des entreprises du pôle de compétitivité, et par conséquent
renforcer la compétitivité de leurs territoires. Le pôle de compétitivité se distingue
particulièrement du cluster ou du district par le rôle important de l’Etat dans la construction des
pôles.
La réussite de ces différentes formes d’agglomération d’entreprises dépend de plusieurs éléments,
à savoir une dynamique interne particulière à chaque forme ainsi que les relations
qu’entretiennent les acteurs membres de ces agglomérations avec leur environnement.
Les clusters dynamiques font preuve d’une capacité de mobilisation des acteurs dans une
démarche volontaire permettant la densification des réseaux et la facilitation de l’échange de
connaissances et la mise en place de relations de coopétition qui servent la compétitivité et la
visibilité au niveau international du territoire.
Le cluster représente une notion élastique, mais complexe, ainsi tout cluster constitue un
microenvironnement unique, avec une histoire, une dynamique interne et des facteurs de réussite
qui lui sont particuliers.

55
Après avoir éclairci la notion d’agglomération économique et de cluster à travers ce retour sur les
différentes formes d’agglomération économiques et leur évolution à travers le temps, ainsi que la
mise en exergue du rôle prépondérant de ces agglomérations en général, et des clusters en
particulier dans le développement de la compétitivité des territoires à travers l’innovation et la
consolidation des compétences. Nous allons, dans le chapitre suivant, étudier les facteurs de mise
en place et de développement de clusters selon différentes approches théoriques et d’après les
recommandations des institutions internationales, afin de réunir une sorte de « toolbox »
permettant de déterminer les bases communes de tout modèle de cluster réussi.

56
Chapitre 2ème :
Les politiques de création et de soutien au
développement des clusters entre la théorie et la
pratique

57
Introduction
Un cluster reflète les spécificités de son secteur d’activité, les particularités du territoire sur
lequel il est implanté et le niveau de culture d’entreprenariat, d’innovation et de transfert de
connaissances chez les membres du cluster. De nombreux travaux se sont intéressés à
l’agglomération des firmes et industries. Il existe des travaux théoriques et d’autres empiriques
ayant traité cette question de différents angles d’analyse. Conscient de la particularité de cette
forme organisationnelle, nous allons procéder, dans ce chapitre, au croisement des théories que
nous avons jugé, à travers nos lectures et recherches, les plus remarquables de développement de
clusters selon quatre perspectives (microéconomique, macroéconomique, économie géographique
et approche relationnelle), avec les recommandations des institutions internationales tels
l’Organisation de Coopération et de Développement économique, la Banque Mondiale et
l’Observatoire Européen des Clusters, pour pouvoir dresser un cadre théorique permettant
d’appréhender la question de développement de cluster et ainsi être à même de proposer un
modèle de cluster dans les chapitres qui viennent. Par la suite, nous allons traiter de la
méthodologie et des critères de l’évaluation des performances de clusters afin de pouvoir assurer
un suivi de la structure du cluster et d’opérer les ajustements nécessaires au bon moment.
L’objectif de ce chapitre et de déterminer, à travers les différentes approches théoriques et les
recommandations des institutions internationales, les facteurs à déployer et les actions à
entreprendre pour dresser un modèle qui servira de structure de base, pour proposer une politique
de cluster appropriée au contexte des pays en voie de développement de manière générale, et
pour répondre à la problématique initiale, à savoir le développement de l’industrie de l’eau au
Maroc dans le cadre d’un cluster.

Section 1. Les politiques de développement de clusters selon les approches théoriques


Plusieurs auteurs se sont penchés sur l’étude des groupements des entreprises en agglomération.
Comme présenté dans le premier chapitre, le débat a commencé avec à A. Marshall et les districts
italiens. Néanmoins, le regain d’intérêt qu’a connu cette notion ces dernières décennies est grâce
à la notion de cluster introduite par le professeur M. Porter dans son ouvrage « l’avantage
compétitif des nations ». M. Porter a traité la notion de cluster d’un point de vue particulièrement
micro-économique, tel qu’on peut voir dans son modèle « Le Diamant ». D’autres auteurs ont
traité le concept d’agglomération d’entreprises en général, le cluster en particulier, selon d’autres
perspectives. Économie géographique, macro-économie et science sociale.

58
Ce soubassement théorique permettra la compréhension de la capacité de la mise en réseau de
différents acteurs à générer différentes formes d’externalités positives.

1.1 L’approche microéconomique


Plusieurs auteurs ont fait des contributions importantes à l’étude des agglomérations d’entreprises
dans une perspective microéconomique. Les travaux de M. Hoover et B. Ohlin s’intéressaient à
expliquer comment une entreprise ou industrie individuelle était influencée par la colocalisation
et comment elle pouvait être plus productive, étant en agglomération, que celles qui évoluent
individuellement. Ce qu’ils expliquent par la réalisation d’économie d’échelle et l’encouragement
et la facilitation des interactions B to B.
Néanmoins, ce sont les travaux de M. Porter sur les clusters qui ont été à l’origine de la
popularisation de ce concept. Malgré une définition souvent critiquée pour être vague (Martin R.
& Sunley P, 2003), l’Observatoire Européen des Clusters (European Clusters Observatory)
permet d’accéder sur sa page web10 à une liste de clusters européens et non européens (Turquie,
Israël, etc.), sélectionnés sur la base de la définition de M. Porter.
On a opté pour le modèle de M. Porter, ou l’approche porterienne, pour représenter la perspective
microéconomique du développement des clusters, puisqu’il est le père de la théorie moderne des
agglomérations d’entreprises, la théorie des clusters.

1.1.1 L’approche porterienne


Pour faire face à la concurrence, les entreprises doivent développer leur compétitivité, ce qui
permet aux territoires de détenir des avantages compétitifs. Les agglomérations des entreprises,
plus particulièrement les clusters, comme définis par Porter(1990) « (rassemblement) sur un
même espace, de masses critiques d’inhabituels modèles de réussite compétitifs dans des
domaines particuliers »11 représentent une forme d’organisation de territoires, qui permet,
toujours selon Porter(1990), d’améliorer la concurrence et la compétitivité dans un écosystème
d’affaires, par trois manières : le développement de la productivité des entreprises membres du
cluster ; l’encouragement de l’innovation ; et la stimulation de la création de nouvelles
entreprises dans le même domaine (ou l’attractivité des investissements) ce qui renforce le cluster
lui-même.

10 www.clusterobservatory.org
11 « Critical masses-in one place- of unusual competitive success in particular fields ».

59
M. Porter en introduisant la notion de cluster a traité le phénomène d’agglomération d’entreprises
selon une perspective microéconomique. Sur la base d’études des secteurs industriels de dix pays,
il a établi quatre groupes de conditions essentielles à la consolidation de la compétitivité d’un
territoire et qui représentent les avantages dont bénéficient les entreprises membres d’un cluster,
au sein de ce cluster.
Ces avantages sont résumés dans son modèle « le diamant » (Porter, 1990), se présentent comme
suit :
1) Les ressources : Il s’agit des ressources basiques dont une entreprise ou une industrie
a besoin. Incluant les ressources naturelles ; les facteurs de productions ; la main
d’œuvre (technique et scientifique) ; le financement ; les infrastructures
(administration, information, équipement) ; les centres de recherches. Pour que ces
inputs, qualifiés de généraux et relativement abondants, soient une source de
compétitivité, ils doivent être efficients, de haute qualité et développent un certain
niveau de spécialisation par rapport aux activités du cluster ;
2) L’environnement : Politique, législatif et économique devant être stable,
encourageant l’investissement, stimulant l’innovation. Des politiques antitrust, de
commerce et d’investissement étranger jouent un rôle majeur dans la création d’un
climat de concurrence saine ;
3) Le marché local : Un marché assurant une demande suffisante en quantité et en
qualité, des consommateurs avérés et exigeants pour les produits du cluster, poussant
les clusters à un mouvement perpétuel d’innovation. La demande locale permet
d’identifier les segments du marché où les firmes peuvent se différencier. Toujours au
niveau local, les pouvoirs publics peuvent stimuler l’innovation par la mise en place
de normes de qualité, de sécurité et de respect d’environnement ;
4) Tissu local : Un tissu local riche d’industries connexes, d’assistance, de fournisseurs
de matériel, de composantes et de services. La productivité et la compétitivité sont
d’ordre plus important dans le cadre d’un cluster que dans le cas de firmes ou industries
isolées.

60
Schéma N°1: Diamant de M.PORTER
Source: Diamond of competitive advantage, M. Porter (1990)

Ainsi, le cluster offre aux entreprises membres d’énormes opportunités dont la possibilité de
développement de relations efficientes, le partage des technologies et connaissances, création de
nouvelles entreprises plus facilement, identification et implémentation des innovations bien en
avance que dans d’autres contextes, ainsi qu’un accès aux « biens communs »12 tels que des
bassins de main-d'œuvre spécialisée et hautement qualifiée, des infrastructures adaptées, un
savoir technologiques.
1.1.2 Le développement de clusters selon M. Porter
Dans les pays développés, ainsi que les pays en voie de développement, les pouvoirs publics
jouent un rôle crucial, à travers la mise en place de politiques industrielles, dans la création
d’environnement favorable à la croissance et au développement de la compétitivité des
économies. Les politiques industrielles sélectives, orientées vers des secteurs industriels
particuliers et qui interviennent en faveur de « champions nationaux », ont des effets

12 Public goods.

61
interventionnistes et portent généralement une distorsion à la compétitivité. Porter (1998)
préconise une politique orientée clusters qui soit transversale, plus efficiente, portant moins de
distorsions à la compétitivité et qui est plus en phase avec la nature de la concurrence
économique moderne.
Comme expliqué dans le premier chapitre, certains clusters sont crées grâce à une impulsion des
pouvoirs publics, une démarche top-down, suite à des appels à projets ou un soutien transversal
aux agglomérations d’entreprises et réseaux d’innovations. D’autres clusters émergent
spontanément, une démarche bottum-up, grâce à la volonté et la collaboration des entrepreneurs.
Dans les deux cas, les pouvoirs publics interviennent pour l’accompagnement et le soutien des
clusters à plusieurs échèles.
Ce rôle des pouvoirs publics doit se traduire par la mise en place d’une politique publique de
clusters qui se décline sur plusieurs points, dont les principaux sont :
 Commencer par une collecte d’informations qui précisent l’identité du cluster, souvent
masquée par des systèmes standards de classifications industrielles. Des informations
telles que la structure du cluster, ses membres, l’emploi dans ces entreprises et la
performance globale du cluster permettront aux pouvoirs publics de mettre en place des
politiques publiques efficaces et d’engager des investissements efficients et de constituer
des réponses pertinentes aux besoins des clusters;
 Organiser les membres de clusters (par la mise en place de cellule d’animation par
exemple), si le secteur privé ne s’en est pas occupé. Une fois cette structure
d’organisation mise en place, les pouvoirs publics doivent faire, activement, partie du
dialogue avec les autres composantes du cluster afin de connaitre les contraintes
auxquelles font face les membres, comprendre les obstacles locaux, et évaluer l’efficacité
de la politique publique mise en place;

 Inciter les membres de clusters à s’engager dans des investissements collectifs dont
bénéficieront tous les membres, tels que les centres de recherche universitaires, les
moyens de validations des innovations technologies13, etc. ;

 Mettre en place un processus de labellisation, basée sur plusieurs normes, auxquelles les
clusters chercheront volontairement à se conformer, pour bénéficier d’une certaine

13
testing facilities

62
crédibilité et visibilité, au niveau national et international. La politique des pôles de
compétitivité français et les Spitsencluster allemands en sont des exemples réussis ;

 Organiser des compétitions au niveau national (Clusters-program awards based) pour


stimuler la compétitivité entre clusters nationaux.
Particulièrement dans les économies émergentes, la promotion de la formation des clusters
revient à commencer le processus au niveau le plus fondamental (POR, 1998). Développer le
système éducatif, le niveau des compétences, et les capacités technologiques, améliorer
l’environnement institutionnel, et permettre aux entreprises l’accès au marché financier en
intégrant le système bancaire dans une démarche participative pour la consolidation de
l’innovation et de la compétitivité, doivent être les priorités des pouvoirs publics pour préparer un
écosystème favorable à la création et surtout la pérennisation des clusters.
1.2 L’approche Macro économique
L’approche macroéconomique souligne les avantages dont bénéficie une économie nationale de
la création et du développement de clusters, ou d’agglomération d’entreprises de manière
générale. Aussi, les politiques publiques à portée macroéconomique, devraient être de nature à
encourager et stimuler la création, le développement et la pérennisation des clusters.

Le macro économiste A. Marshall a été le premier à présenter les avantages du développement


des agglomérations, et par là à expliquer l’essor des districts industriels. Ses travaux ont posé le
premier jalon dans le développement d’autres théories jusqu’à arriver à la théorie des clusters. A.
Marshall (1919) évoque le rôle de l’« atmosphère industrielle » (qui est particulière aux districts.
Cette atmosphère favorise « la communication sociale et les aptitudes au travail de ses habitants.
Elle est propice à l’accumulation des savoirs spécialisés (et) à la diffusion des connaissances »
(Champagne, 2008). Ces agglomérations d’entreprises ou d’industries, grâce aux relations de
proximité, permettent de réaliser d’importantes baisses des coûts de transaction et de production,
à travers les effets des économies internes et des économies externes. Les économies internes
dépendent des ressources des entreprises individuelles, de leur organisation et de l’efficience de
leur direction, alors que les économies externes tiennent au développement général de l’industrie
de la localisation et la concentration d’entreprises (Marshall, 1920). A. Marshall a aussi expliqué
comment les firmes ou industries d’une même branche cherchant à être co-localisés sur un même

63
territoire créaient un marché constant de compétences14 qui donne à ces firmes ou industries un
accès à des bassins d’emploi spécialisés. Plus généralement, les externalités marshalliennes
peuvent être résumées comme suit : 1) la production de masse permettant une économie
d’échelle ; 2) La formation de hautes compétences ; 3) D’importants inputs spécialisés ; 4)
Infrastructures modernes et adaptées. (Fujita, M., & Thisse, J.-F, 1997.

Autrement dit, l’émergence d’agglomération d’entreprises ou de clusters mène à une haute


concentration de compétences spécialisées sur un territoire donné, et par conséquent à la
consolidation de la compétitivité nationale. Pour intervenir à ce niveau, les pouvoirs publics
doivent donner une attention particulière aux régions industrielles et renforcer les bassins
d'emploi spécialisés.

Selon Porter (1998), une politique à portée macroéconomique est nécessaire pour développer un
environnement favorable au développement de la productivité et un écosystème d’innovation,
mais pas suffisante. Plusieurs pays se sont investis dans la libéralisation et la stabilisation au
niveau macroéconomique (par le désengagement des entreprises publiques, la libéralisation des
marchés et le renoncement aux politiques de subvention (directes)), ce qui ne peut assurer une
prospérité économique que si les fondements microéconomiques de la croissance et de la
productivité sont assurés. La théorie des clusters suggère que pas seulement la taille du marché
local ou de la demande interne qui est importante, mais c’est surtout la qualité de cette demande
qui a un impacte sur la stimulation de l’innovation.
Le rôle des pouvoirs publics est donc d’assurer un contexte qui encourage l’évolution à travers
des politiques relatives aux lois antitrust, la propriété intellectuelle, les impôts, et les normes de
qualité, de sécurité et de respect de l’environnement.

1.3 L’approche de l’économie géographique


Depuis le 18ème siècle un grand nombre d’économistes, dont Adam Smith et David Ricardo, ont
soutenu l’idée du rôle central que joue la géographie dans l’économie. La théorie des avantages
comparatifs, selon laquelle chaque nation devrait se spécialiser dans le domaine pour lequel elle
détient des ressources importantes, ce qui lui permettra de réduire les coûts sur une base
territoriale, a été durant longtemps la pierre angulaire du commerce international et de

14
A constant market of competence.

64
l’économie géographique- l’étude du chois de la localisation de l’activité économique et de ce qui
l’explique.
Les économistes ont traité l’économie géographique selon plusieurs angles, dans l’objectif
d’expliquer des phénomènes tels que la localisation ou délocalisation des investissements,
l’agglomération ou la dispersion des activités économiques, les externalités d’agglomération, les
rôles des territoires et les enjeux du développement local, en mettant l’accent particulièrement sur
les avantages et les effets de la proximité géographique sur l’essor d’une industrie ou commerce
(Krugman, 1993).

Weber(190915) a introduit dans son ouvrage « Theory of the location of industries », la notion
« d’économie d’agglomération », notion qui découle des connexions entre les activités
économiques lors de l’implémentation de plusieurs firmes ou industries sur une aire
géographique restreinte. Il s’agit d’une force centripète qui trouve son origine dans les
externalités dont bénéficient toutes les firmes ou industries localisées sur le même territoire.
Weber(1909) estime que trois facteurs sont décisifs, pour trouver la localisation optimale avec un
coût minimum pour l’implantation d’une unité de production : 1) distance optimale de transport ;
2) Couts de main-d’œuvre ; 3) l’agglomération d’entreprises. Sur la base des travaux d’A. Weber,
Hoover(1937) a distingué deux types d’économies d’agglomération : les économies de
localisation et les économies d’urbanisation. Les économies de localisation représentent une sorte
d’économies d’échelle liées à la concentration d’activités industrielles similaires ou voisines sur
un même territoire. Les économies d’urbanisation sont des économies externes à l’entreprise ou
au secteur d’activité industrielle. Elles résultent de la diversité sectorielle sur un territoire avec la
concentration de la population et des services associés (Catin, 1994,1995).

Les théories d’économie géographique ont continué d’évoluer à travers le temps. Les travaux de
P. Krugman (1993) ont jeté la lumière sur ce qu’il présente comme « la nouvelle économie
géographique », et ont enrichi les débats sur les délocalisations et les politiques d’attractivités des
territoires. La nouvelle économie géographique analyse les instruments qui expliquent
l’organisation de l’espace économique, la polarisation des activités et les mécanismes de
politique économique à initier pour pousser les firmes à s’agglomérer sur un territoire donné.

15
Cet ouvrage a été édité en langue allemande en 1909, et traduit en anglais en 1929. On a choisi de mentionner
l’année d’édition en langue allemande pour situer l’apport d’A. Weber dans le temps par rapport aux autres théories.

65
Dans son raisonnement, P. Krugman (1993) considère le coût de transport comme une variable
clé, et donc les décisions des producteurs sont établies sur la base de la proximité de leurs clients
et fournisseurs. Du fait que la force de travail est un facteur mobile de production, qui se déplace
vers les centres de production, cette même force de travail devient consommateurs. Ce qui attire
d’autres entreprises ou industries, fournisseuses, compétences et les mène à s’agglomérer sur un
même espace et donc bénéficier des avantages tels que la proximité du marché, les opportunités
de travail et l’échange de connaissances.

Ainsi, la proximité géographique, accentue l’influence des facteurs sociaux, culturels et


environnementaux, permet d’accroitre les bénéfices de la productivité et de l’innovation ce qui en
résulte des milieux innovants : d’importantes concentrations géographiques de firmes et
d’industrie. Comme expliqué par Grandi (2005) « tous ces aspects (facteurs sociaux, culturels et
environnementaux) se combinent pour créer un système unique d’externalités, développant un
« milieu », ce qui stimule l’innovation et l’apprentissage. ». Et inversement, la possibilité d’une
accessibilité réciproque aux savoirs et aux technologies constitue un motif primordial aux firmes
et industries pour se localiser à proximité d’autres membres. Créant par là des opportunités
d’échange et de partage de connaissance.

Néanmoins, la proximité géographique peut générer certains inconvénients dans certains cas : elle
peut être source d’externalités négatives. Lorsque les orientations stratégiques de certains
membres du cluster peuvent porter préjudice à d’autres membres. Quand, par exemple, certains
membres du cluster choisissent un positionnement stratégique qui réduit l’attractivité d’autres
acteurs ayant opté pour une orientation stratégique différente (Canina L., Enz C. & Harrison J,
2005). Une grande concentration géographique peut être source de conflit, rendant difficile le
partage des infrastructures. Une forte concentration peut aussi, conduire à différentes réactions
face à la concurrence : une concurrence exacerbée qui mène à la rétention de l’information et nuit
au partage de connaissances et échanges de savoir-faire ; ou une situation de proximité cognitive
qui provoque de l’inertie et réduit les capacités d’innovation au sein d’un cluster.

Les travaux des auteurs d’économie géographique ont mis l’accent sur les externalités, incluant à
la fois des externalités économiques (optimisation des inputs, baisse des couts des intrants,
proximité des fournisseurs et consommateurs) et les débordements technologiques (transfert de

66
technologies, échange de connaissances, création de bassin d’emploi spécialisé), dont chaque
type est susceptible de conduire à l’agglomération d’activités économiques et une croissance
économique sur le territoire en question. D’autres externalités, négatives, peuvent avoir lieu et
porter préjudice au principe même de l’agglomération d’entreprises ou d’industrie.

Organiser les relations entre les membres d’un cluster est nécessaire pour anticiper les conflits et
réduire les tensions, sans porter atteinte à la performance des acteurs et garder un niveau
d’échange et de partage qui garantit le développement de l’innovation sur le territoire. Comme
expliqué par Bergman E. M. & Feser E. J., (1999) « dans une large mesure, les politiques et
analyses des clusters industriels peuvent être conçues comme l’application d’un set de théories,
anciennes, mais renouvelées, expliquant comment la géographie permet de conduire à la
croissance économique et au changement. »16.

1.4 L’approche relationnelle

L’approche relationnelle vient compléter l’approche de l’économie géographique. Elle s’intéresse


aux réseaux, à l’importance des liens entre organisations et individus, au rôle de la confiance dans
la collaboration pour les activités à haute valeur ajoutée en technologie et à la densification des
relations pour la diffusion du savoir et du savoir-faire et la création de la connaissance.

Après la proximité géographique, le développement des relations et la densification des réseaux


peuvent être perçus comme le facteur clé dans le renforcement de la performance et de la
compétitivité des clusters. « La mise en réseau des organisations co-localisées et impliquées dans
un même domaine technologique favorise l‘innovation et la compétitivité du territoire dans son
ensemble, dans une logique sectorielle d‘avantages comparatifs » (Suire R. & Vicente J., 2014).
L’échange de connaissances et de savoir au sein d’un cluster, suppose le développement de
relations non marchandes entre des organisations localisées sur un même territoire, et appartenant
au même cluster. Seulement, ces organisations ne vont par forcement trouver avantageux de
construire des relations non marchandes de connaissances (Suire R. & Vicente J., 2014). Cette
situation ne pourra avoir lieu que si chaque acteur estime que les bénéfices de l’accessibilité des

16
« In large measure, industry cluster analyses and policies may be viewed as applications of a set of well-worn but
rejuvenated theories of how geography helps drive economic growth and change »

67
connaissances externes l’emportent sur les risques de sous-appropriation de ses propres
connaissances (Antonelli C, 2005), indépendamment des bénéfices que cela peut générer pour
l’ensemble des partenaires au sein du cluster.

À ce niveau le rôle de l’intervention publique est d’impulser une forte collaboration entre les
acteurs d’un cluster et générer des relations de confiance, en mettant l’accent sur l’importance des
spillovers de connaissance pour l’ensemble des différents acteurs du cluster, chose qui ne peut
avoir lieu si chaque acteur agissait isolément et indépendamment des autres. « L’agglomération
permet de réduire l’incertitude » (Veber, 1972).
Un autre élément agi sur les liens de coopération entre organisations est l’avènement d’internet et
l’évolution des technologies de l’information et des communications (TIC). Ainsi, la proximité
n’est plus considérée comme uniquement une notion physique. Grâce aux moyens de
télécommunication et internet, les individus comme les organisations communiquent, échangent
et effectuent des transactions, facilement et en temps réel, avec des partenaires partout dans le
monde. On peut croire, que la communication par Internet est en train de remplacer la
communication en face à face, par l’usage des vidéoconférences, et d’autres formes plus
sophistiqués d’échange. Ce qui mènera, peut-être, à l’abandon des réunions d’affaires ordinaires
ou de brainstorming de groupe. Le développement de tels moyens, certes réinvente les liens
sociaux, mais jusqu’à quel point cela pourra-t-il affecter les relations de collaborations ?
Rosenfeld (1997) suggère que les échanges électroniques ne peuvent remplacer la communication
personnelle. La confiance s’établit généralement dans des conditions informelles, à trévères les
échanges autour de repas, dans des activités de teams buildings, ou autres activités à caractère
informelles. Il n’y a aucun doute sur le rôle d’accélérateur et amplificateur que jouent et joueront
les échanges électroniques dans les relations entre organisations et individus, mais la proximité
reste un élément essentiel dans les systèmes productifs.
D’ailleurs, les TIC ont contribué au renforcement du rôle des tiers-lieux dans la collaboration
pour les activités d’innovation, permettant de nouveaux dispositifs de collaboration, basés à la
fois sur le télétravail et la proximité. Le tiers lieu est « un espace où se construisent des
proximités temporaires » (Oldenburg, R, 1991) et « où se fabrique de l’actif spécifique
relationnel » (Torre, A, 2008). Des individus ayant pris l’habitude de se réunir, dans des lieux
publics par exemple, leur permettant d’échanger de manière informelle et de travailler, font ainsi
de ces lieux des tiers-lieux. Ce ne sont « ni tout à fait un domicile, ni complètement un bureau,
68
mais une zone hybride où des individus vont bénéficier d'un environnement favorable aux
échanges et au travail. » (Suire R. & Vicente J., 2014). Ces « espaces de co-working (ou)
accélérateur de projet technologiques » permettant une densification des échanges collaboratifs
qui se produisent grâce à des processus spontanés et plus souples. Internet, favorisant le travail
hors des bureaux, permet l’apparition d’un nomadisme créatif : des individus créatifs et porteurs
d’idées innovantes qui s’affranchissent des contraintes géographiques et peuvent se réunir dans
des espaces moins formels, les transformant en une sorte d’incubateurs. Les tiers-lieux se
trouvent généralement dans les grandes capitales de production technologiques et intellectuelles,
ainsi que dans des clusters ou proche des clusters technologiques.
Une typologie des tiers-lieux reconnait trois types de ces zones mutantes :
« Il existe des tiers-lieux où l'on fabrique de la connaissance, ceux où l'on échange des
connaissances et enfin ceux où l'on exploite des connaissances. Dans le premier cas, on fait
référence au laboratoire de fabrication numérique (fablab) où il s'agit de prototyper
collectivement de nouveaux objets ou produits. Dans le second cas, nous sommes en présence
d'espaces de co-working ou des travailleurs nomades se colocalisent afin de mutualiser un lieu,
une infrastructure et/ou échanger sur des problématiques communes. Enfin dans le dernier cas, il
s'agit d'accélérateur, des espaces dédiés à l'hébergement de porteurs de projet qui expérimentent
et prototypent à minima afin de mettre rapidement sur le marché. » (Suire R. & Vicente J., 2014).
La mise en place de ces espaces, obéit à la même logique que celle de la création de clusters : elle
peut être spontanée (une démarche bottom-up) ou suite à des incitations institutionnelles (une
démarche top-down). L’efficacité des tiers-lieux comme plateforme d’intermédiation entre esprits
brillants et personnes innovantes au service de l’évolution technologique n’est pas encore
vérifiée, du fait que ce phénomène est assez récent.

Section 2. Les politiques de développement de clusters d’après les recommandations des


institutions internationales

Dans les pays développés comme dans les pays en voie de développement, les théories de
clusters se sont traduites par des politiques et des programmes de création, développement et
accompagnement de clusters. Plusieurs approches ont été adoptées partant du même principe de
l’importance des agglomérations d’entreprises pour la création d’un écosystème favorable à
l’échange, à la création de valeur, au développement des compétences et à l’innovation à un

69
niveau territorial ou régional. Des organismes spécialisés- au niveau national (tels que les
agences de développement territorial, les commissions interministérielles, etc.) ou international
(organisme supranational tel que l’Union Européenne, l’Organisation de Coopération et de
Développement économique, etc.) — conduisent des études pour l’identification et la
cartographie de diverses formes d’agglomération pouvant former des clusters, ou émettent des
policy guides pour la création et le soutient des cluster à travers des appel à projet.

Pour avoir une vue d’ensemble sur les politiques de promotion de clusters, nous avons choisi
d’évoquer les approches adoptées par trois organismes internationaux, à savoir : l’Organisation
de Coopération et de Développement Economique, l’Observatoire Européen des Clusters et la
Banque Mondiale. Nous nous sommes focalisés sur les études réalisées par ces trois institutions,
pour leur caractère complet et détaillé, en mettant de côté d’autres études qui se sont inspirées
essentiellement des rapports précités. Aussi, nous n’avons pas cité le cadre théorique évoqué dans
ces rapports, puisqu’ils se réfèrent généralement à la théorie de clusters de M. Porter qui est déjà
présentée au début de ce chapitre.

2.1 Les programmes de promotion de clusters


Au niveau de l’Union Européenne, les programmes de soutien aux pôles d’activités, bien que
difficiles à identifier, ils portent généralement sur la productivité des entreprises et la promotion
de l’innovation. Ces programmes appartiennent généralement à l’un des trois axes de politiques
suivants : politiques régionales, politique de la science et de la technologie ou politique
industrielle/de l’entreprise. Favorisant ainsi, des stratégies de coopération qui obéissent aux
caractéristiques locales de chaque territoire aux stratégies uni sectorielles.

Le choix des cibles de l’intervention publique traduit une orientation stratégique et une volonté
politique particulière. Ces cibles peuvent être l’un ou la combinaison de ces éléments :
 Les régions : cibler les régions avancées permet de doper la performance économique et,
ainsi, de donner une impulsion à la croissance nationale. D’un autre côté, les régions peu
développées, si délaissées davantage, peuvent constituer un frein à la croissance nationale
et perturber la cohésion sociale.

70
 Les secteurs : d’une part, le développement des secteurs dynamiques peut leur procurer un
avantage concurrentiel. D’autre part, soutenir les secteurs fragiles peut préserver des
emplois et permettre la restructuration des économies régionales.
 Les acteurs ou groupes d’acteurs particuliers : PME, universités, multinationales, etc.

L’intervention publique s’avère nécessaire sur plusieurs niveaux, cependant, la mise en place de
programmes généraux couvrant plusieurs ou tous les secteurs, ou plusieurs ou toutes les régions
peut mener à une dilution des ressources et désorganisation des priorités.

Il existe, comme déjà cité, deux méthodes d’identification des pôles d’activités : 1) l’approche
descendante (top-down) où les pôles résultent d’une volonté politique en répondant à des appels à
projets spécifiques aux secteurs que veut booster le gouvernement à travers d’une politique
publique dédiée. 2) l’approche ascendante (bottom-up) où les pôles surgissent spontanément suite
à la volonté des entrepreneurs ou industriels, qui par la suite sont soutenus par une politique
publique.

2.2 Les instruments de promotion des pôles d’activité


En général les politiques publiques pour la promotion de l’esprit de l’innovation et le
renforcement des relations de collaboration à ancrage territorial, ont recours plusieurs instruments
dont l’objectif est :
 L’engagement des acteurs par la création de réseaux de partenariat, les incitant à
s’organiser, en groupement inclusifs autour de questions clés par secteur ou de question
trans sectorielle ;
 La mise en place de services collectifs, dont la nature est définie par la mise en commun
des intérêts et des besoins des acteurs. Ces services collectifs se présentent comme des
interventions horizontales, dont en cite : les achats groupés, les bases de recherches de
partenaires, la participation aux foires commerciales, la certification de normes, la
labellisation, la collecte et la diffusion d’informations économiques et commerciales, les
structures de formation et centres de compétences pour le perfectionnement ciblé du
personnel ;
 La promotion de la R&D collaborative à grande échelle, dans le cadre de programmes
favorisant les projets multi-acteurs et multisectoriels, et mettant l’accent sur l’innovation
et les possibilités de commercialisation. L’objectif étant de remédier aux faiblesses des

71
systèmes d’innovations et soutenir les spin-offs et la création de nouvelles entreprises
porteuses de nouveaux projets innovants.
Quant aux instruments de financement, ils diffèrent selon le niveau de soutien au pôle d’activités.
Trois catégories de financement sont identifiées :
 Les financements pour la formation de partenariats. Il s’agit de petits investissements
destinés au financement de lancement d’une initiative de création de pôle.
 Les investissements « légers » dans la R&D et services collectifs, qui visent à financer les
projets de collaboration des pôles, ainsi que les projets « légers » de R&D.
 Les investissements « lourds » dans la R&D. Ce sont les financements destinés aux
grands projets de R&D qui nécessitent des sommes plus ou moins importantes sur une
longue période ou des sommes très importantes sur une courte période.
Ces dépenses de financement ne sont pas que publiques. Les programmes de soutien aux pôles de
compétences prévoient une obligation de cofinancement par différentes sources. Obliger le
secteur privé à participer au cofinancement des programmes permet d’atteindre plusieurs
objectifs, dont celui de vérifier le degré d’implication des participants dans les projets, qui se
traduit leur disposition à investir de leurs fonds propres ; inciter les participants à être plus
efficaces ; lever des fonds supplémentaires ; et multiplier l’effet de capital au démarrage des
programmes.

2.3 Gouvernance et rôle des pouvoirs publics au niveau régional et national


La nature du programme de soutien au pôle d’activité et le cadre de gouvernance définissent le
niveau de gouvernement qui devrait être impliqué dans l’initiation ou le financement du
programme. Chaque niveau de gouvernement, qu’il soit local, régional, national ou supranational,
dispose de différents outils et compétences dont peut bénéficier un pôle d’activité. Les pouvoirs
publics au niveau national jouent un rôle important dans l’intensification des synergies sur
l’ensemble du territoire et à différents niveaux. Généralement, les pouvoirs publics aux niveaux
régionaux souffrent d’une faiblesse financière, cela explique la nécessité de l’intervention du
gouvernement par des politiques à l’échelle nationale pour éviter une situation de « déséquilibre
vertical ». L’intervention d’un niveau national de gouvernement, grâce à une vue d’ensemble,
permet aussi de remédier aux situations de « disparités horizontales » résultantes des disparités de
performances infrarégionales. L’intervention au niveau central se traduit aussi par des stratégies

72
nationales initiées par un ministère chef de fil, et impliquant des commissions interministérielles
ou inter agences qui sont chargées d’élaborer les programmes et plans nationaux.
Néanmoins, les politiques de développement de pôle d’activités reposent essentiellement sur la
maitrise du contexte local, les relations entre acteurs régionaux ainsi qu’une parfaite connaissance
des contraintes et opportunités à ce niveau, ce qui confère un rôle important aux pouvoirs publics
au niveau régional.
Une articulation des rôles entre niveaux national et régional, qui se traduit par une responsabilité
partagée, est nécessaire pour harmoniser les politiques sur tout le territoire et envers tous les
types d’acteurs et accroitre l’efficacité potentielle des politiques.
Quant à la gouvernance des pôles d’activités, elle est généralement organisée par les structures
suivantes :
 Les structures d’organisations telles que les groupements d’intérêt économique, les
consortiums, etc. ;
 Les organisations professionnelles sectorielles, telles que les fédérations.
 Un « noyau leader » constitué des entrepreneurs les plus engagés qui pilotent la démarche
du développement du pôle.
Le comité de coordination, qui doit être constitué des leaders du secteur privé et des responsables
d’institutions partenaires (universitaires, représentants des pouvoirs publics, etc.).

Section 3. Evaluation de politiques de clusters et indicateurs de performances


Les politiques industrielles sont de plus en plus orientées vers le développement de clusters.
L’importance des moyens mis en œuvre dans les programmes dédiés aux clusters, en termes
d’investissements financiers et d’engagement des pouvoirs publics, appelle à un besoin
d’évaluation de l’efficacité et la pertinence de ces programmes et de la performance des
structures de clusters. Deux volets d’évaluation sont à considérer : 1) Une évaluation du
dispositif national de politiques de clusters, en termes de cohérence, de pertinence et d’efficacité.
2) Une évaluation de la performance et des projets du cluster.

Les politiques de clusters opèrent sur différentes échelles avec différents objectifs, affichés ou
implicites. Les objectifs des dispositifs de soutien aux clusters varient entre : soutien à
l’innovation, soutien à la compétitivité des entreprises, et soutien au développement des
territoires. Cette diversité des objectifs implique une diversité des politiques à adopter et ainsi une

73
diversité des dispositifs d’évaluation. Dans notre recherche, nous nous sommes penchés
essentiellement sur les indicateurs relatifs à l’évaluation de la performance des clusters, et non
pas celle des politiques publiques à l’origine de l’initiative de cluster.

3.1 Méthodologie et processus d’évaluation


Plusieurs indicateurs sont nécessaires pour évaluer les performances de clusters. Ces indicateurs
s’inscrivent dans deux approches méthodologiques : l’approche qualitative, qui repose sur la
collecte d’informations par la recherche documentaire, les sondages ainsi que les interviews, mais
aussi par le recours à l’évaluation de la vision collective des membres de clusters (Rosenfeld S.,
1997) ; et l’approche quantitative, qui repose sur l’analyse de données statistiques. Toutefois,
pour réaliser une évaluation pertinente, il est plus intéressant de recourir aux deux approches,
quantitatives et qualitatives, afin d’appréhender la question de la performance des clusters et leur
impact dans sa globalité.
Combinant approche qualitative et approche quantitative, le processus d’évaluation de cluster mis
en place par la Commission Européenne17 , se déroule en quatre grandes phases :
1) La phase de cadrage et lancement : la réalisation d’un référentiel d’évaluation permettant
d’identifier les différents niveaux d’impacts souhaités ;
2) L’analyse quantitative : la compilation des données issues d’informations internes des clusters
relatives aux membres ;
3) L’analyse qualitative : entretiens individuels et confrontation des constats dans le cadre
d’ateliers, de groupes de travail entre les parties prenantes ;
La phase d’évaluation : l’analyse des principaux constats et la rédaction de rapport d’évaluation.

3.2 Les indicateurs d’évaluation de performance des clusters


Le caractère multidimensionnel d’un cluster en fait un objet d’évaluation complexe, nécessitant le
recours à un éventail de différents d’indicateurs, dont des indicateurs de caractérisation et des
indicateurs d’impact (Chalaye, 2011).

17
« Synthèse de l’évaluation à 3 ans de la politique de Clustering » Etude sur la région de Wallonie, Commission
européenne, Octobre 2011.

74
Les indicateurs de caractérisation donnent une vu d’ensemble sur l’identité du cluster, l’évolution
de ses membres et des réseaux ainsi que sur les liens de collaboration entre eux. En retranscrivant
le cadre d’analyse de Chalaye (2011), ces indicateurs se déclinent en six grandes catégories :
 La structure générale du cluster : comprend les déterminants structurels du
fonctionnement du cluster, à savoir la structure économique, la structure géographique et
la structure de gouvernance du cluster. La structure économique renvoie aux
organisations impliquées dans le pôle et à leurs statuts (entreprises, universités, centres
techniques, de formation…). Selon la composition du pôle, sa dimension sera plus ou
moins industrielle, technologique et/ou scientifique. La structure géographique,
considérée comme une donnée discriminante, se manifestant par la concentration des
activités intensives en savoir au sein de grandes métropoles, bénéficiant des avantages de
proximité plus que d’autres industrie ou service. La structure de la gouvernance, qui se
matérialise dans la cellule d’animation du cluster (les qualités de l’animateur de la
cellule, son réseau de contacts, sa maitrise des questions concernant le cluster, etc. la
mise en place de projets clairs impliquant les membres du cluster selon une vision
commune.) peut-être considérée comme un élément important parmi les facteurs de
succès d’un cluster.
 La capacité de R&D : les dépenses publiques en R&D, le degré d’implication du secteur
privé dans le financement de la R&D, les capacités de centre de recherche, les ressources
humaines (nombre des chercheurs tant dans les centres de recherche d’entreprises, dans
les centres de recherche publics ou dans les laboratoires universitaires en partenariat
avec le cluster), publications et brevets déposés, etc.
 La capacité d’innovation : La capacité de cluster à produire de l’innovation technologique
ou non technologique (par exemple organisationnelle ou marketing) à partir des ressources
financières et humaines qui lui sont allouées.

 Les liens de coopération : se déclinant en deux catégories, la collaboration au sein du


cluster et le degré d’ouverture du cluster. La collaboration au sein du cluster favorise la
mise en commun des problématiques et des ressources ainsi que la diffusion des
connaissances tant explicites que tacites et la construction de réseaux. La nature des
relations, l’intensité des échanges et le degré d’implication dans les réseaux traduisent le
niveau du capital social et de la confiance qui existent dans le cluster (Rosenfeld S.,

75
1997). Le degré d’ouverture vis-à-vis de l’extérieur permet de faire connaitre le cluster,
d’échanger des connaissances avec des clusters sur d’autres territoires et ayant la même
thématique (interclustring), et de bénéficier et d’exploiter des connaissances produites
ailleurs.
 Le secteur : le positionnement sectoriel influence fortement la performance du cluster.
Le degré de spécialisation ou de diversité des compétences se reflète sur le niveau
d’innovation. D’une part, la diversité des compétences permet une plus grande
possibilité de combinaisons de savoirs. D’autre part, la spécialisation permet de saisir
des connaissances de pointe produites ailleurs, les assimiler et les incorporer dans les
processus d’innovation propres au cluster.
 Environnement territorial : les caractéristiques de l’environnement de cluster ont un
impact important sur le succès du cluster. Des éléments tels que les infrastructures de
transport et de communication, les infrastructures de formation (nombre d’universités
membres du cluster, grandes écoles et centres de formation), et le marché local du travail
doivent être pris en considération et entrer dans le canevas d’évaluation de la performance
du cluster.

Concernant les indicateurs d’impact, Chalaye (2011) a identifié deux niveaux d’analyse :

 Un impact direct sur les performances des membres de cluster. Cet impact peut être
évalué en termes comptables, de productivité, d’exportations et d’emplois, en gros, il se
rapporte aux performances des entreprises membres ;
 Un impact, plus indirect, concerne les effets d’entraînement sur l’ensemble de
l’économie, se manifeste dans l’effet de cluster sur son territoire en termes de
développement et d’attractivité économique, de développement de l’emploi pouvant avoir
un impact positif sur l’attractivité résidentielle et donc sur les secteurs de services.
Chalaye (2011) ne manque pas de soulever la difficulté de produire des indicateurs pertinents
permettant d’obtenir des données fiables et représentatives à l’échelle des clusters.
Le schéma suivant résume les indicateurs de performances précités ainsi que les niveaux
d’hiérarchie les reliant.

76
Figure N°7: Tableau de bord Identification et Caractérisation du Cluster (ICC) : structuration générale
Source: Chalaye S. « Évaluer c'est observer : les difficultés d'une observation pertinente des clusters», Reflets et
perspectives de la vie économique, 2011

Conclusion
L’étude des différentes approches nous a permis de dégager un ensemble d’éléments cruciaux qui
expliquent l’engouement que suscitent de plus en plus les clusters, et leurs clés de succès. La
proximité géographique, la réalisation d’économie d’échelle, la fertilisation croisée des
compétences, les débordements technologiques, facilitation des interactions B to B, le tissage de
réseaux et de liens de confiances entre acteurs et autres facteurs crée un écosystème où les
entreprises développent des externalités positives qui profitent à leur territoire par le
développement de compétence et la stimulation de la capacité de créer et/ou d’attirer de nouvelles
entreprises ce qui mène le cluster à se renforcer lui-même.

77
Le rôle des pouvoirs publics dans l’essor de la compétitivité des territoires et la mise en place
d’écosystèmes favorables au développement des clusters et de stimulation des entreprises, des
projets et des collaborations à fins innovantes, se manifestent dans l’engagement de politiques
transversales, qui s’accompagne de dispositifs d’évaluation des performances des clusters. Par la
comparaison de l’évolution d’un certain nombre d’indicateurs de performance tout au long de la
durée d’activité du cluster, l’évaluation permet d’identifier les succès et les échecs, et fournit un
éclairage sur les performances du cluster, permettant son perfectionnement et son évolution.
Lorsqu’un certain recul temporel.

78
Chapitre 3ème :
Les Clusters : un outil de valorisation du territoire
dans une économie mondialisée
Le cas marocain

79
Introduction
Dans le contexte économique mondial actuel, les pays développés et ceux en voie de
développement ont fait le pari des pôles et des agglomérations d’entreprises, afin de consolider la
compétitivité des territoires et ainsi de l’économie nationale.
Des succes stories telles que les districts de chaussures italiens en Émilie-Romagne, Hollywood,
la Silicon Valley en Californie, la Silicon Wadi à Tel-Aviv, Sophia Antipolis en France et les
clusters high-tech en Inde, en Grande-Bretagne ou en Chine ont inspiré plusieurs régions et
territoires de par le monde pour la création et le développent de pôles de compétences dans
différents secteurs d’activité, et en ont fait un outil indispensable pour le développement
territorial et l’appui à une économie basée sur la connaissance et l’innovation. Ainsi, les pays
développés et ceux en voie de développement ont fait le pari des pôles et des agglomérations
d’entreprises (Porter, 2004), sous leurs différentes formes. Ne faisant pas l’exception, le Maroc
s’est investi dans le renforcement de la compétitivité territoriale, à travers des politiques
volontaristes, économiques et industrielles, afin de permettre l’éclosion d’une industrie forte en
valeur ajoutée et l’ancrage d’une logique d’innovation et de compétitivité territoriale.
Dans ce chapitre, nous allons présenter quelques expériences d’agglomération d’entreprises, afin
d’en tirer les facteurs de succès et les éléments ayant favorisé le développement et la réussite de
ces clusters dans différents environnements et sous différentes contraintes. Le manque
d’informations accessibles sur les clusters dans des économies en voie de développement
comparables au Maroc, permettant une analyse comparative de l’impact des clusters sur leurs
territoires nous a poussés à étudier les expériences suivantes : les clusters américains, les clusters
basques, les pôles de compétitivité français et les Kompetenznetz allemands. Nous allons ensuite,
essayer de donner un aperçu sur l’expérience marocaine dans le développement des clusters à
travers les politiques économiques et industrielles, et conclure par une matrice SWOT
synthétisant l’expérience marocaine.
Section 1. Les Clusters dans le monde

L’un des clusters les plus connus au niveau mondial et qui a inspiré plusieurs pays est la Silicone
Valley à San Fransisco aux États-Unis. Malgré une réputation internationale plutôt récente, datant
des années 80 et 90, ce cluster crée autour d’une trentaine d’universités dont Stanford et
Berkeley, existe bel et bien depuis plus de 120 ans. Les États-Unis ont axé leur développement
économique sur l’innovation et la création de valeur, et ainsi, ont fait des clusters leur cheval de

80
bataille. De l’autre coté de l’atlantique, et dans l’objectif de renforcer sa position concurrentielle
face aux pays émergents, particulièrement la Chine, l’Union Européenne, suite au conseil
européen de Lisbonne en l’an 2000, a pris des mesures de long terme pour soutenir les capacités
d’innovation par la R&D et permettre aux pays membres d’être au-devant de la scène
internationale dans les secteurs les plus compétitifs. De ce même objectif ont découlé plusieurs
politiques en matière d’innovation et de compétitivité, adaptées au contexte particulier de chaque
pays. Si les objectifs et les enjeux des pays européens en matière d'innovation et de compétitivité
sont les mêmes, la mise en œuvre des politiques diffère d'un pays à l'autre.

Pour porter un éclairage sur l’expérience de création et développement des clusters, nous avons
choisi de présenter, en plus de l’expérience américaine, les expériences de trois pays européens.
Notre volonté d’approfondir, dans de futurs travaux, la recherche sur les clusters au Maroc dans
le cadre de la régionalisation avancée, et notre souci de faire des recherches qui évoluent suivant
une même logique ont fait que nous avons choisi l’organisation territoriale comme critère de
sélection des pays dont les expériences nous serviront de base pour étudier les clusters. Ainsi, les
pays européens que nous allons présenter sont les suivants: La France, État unitaire décentralisé,
où les grandes orientations politiques sont dictées par le pouvoir central, mais dont l’application
est déléguée aux autorités territoriales ; L’Espagne, un pays unitaire qui a évolué vers un système
d’autonomie territoriale ; et L’Allemagne, pays fédéraliste où les Länder partagent la
souveraineté étatique avec l’État fédéral et où les collectivités locales jouissent d’une autonomie
juridique garantie par la Constitution de la fédération (OCDE, 2005).

1.1 Les clusters aux Etats-Unis : l’esprit d’initiative et l’encouragement de l’innovation à


l’origine du succès
Les États-Unis ont depuis longtemps axé leur politique d’innovation autour des clusters. Le plus
célèbre exemple de cluster au niveau mondial n’est autre que la Silicon Valley en Californie, une
success-story que toute économie voudrait pouvoir reproduire sur son territoire et qui, auprès des
clusters tels que Hollywood, route 128 ou le Research Triangle, a valu aux clusters américains
une réputation presque mythique.

81
Selon le US Cluster Mapping18, ils existent 67 clusters, dont 51 sont des Traded Clusters et 16
sont des Locals Clusters. Les Traded Clusters sont des groupes d'industries connexes qui
desservent des marchés au-delà de la région dans laquelle ils se trouvent, mais qui tendant à se
localiser seulement dans les régions qui offrent des avantages compétitifs spécifiques. Ils
couvrent différents domaines d’activité dont on cite : Aéronautique & Défense ; Agriculture ;
Habillement ; Automobile ; Biopharmaceutique ; Les services aux entreprises ; Mine de charbon ;
Communications ; Construction ; Éducation ; Energie électrique ; Services environnementaux ;
Transport de l’eau ; Services financiers ; Pêche ; Agroalimentaire ; Chaussure ; Sylviculture ; etc.
Quant aux Locals Clusters, ce sont des industries qui servent le marché local. Ils sont localisés
dans toutes les régions du pays, quels que soient les avantages concurrentiels qu’offre la région.
Par conséquent, l'emploi dans un Locals Cluster est généralement proportionnel à la population
de la région où est localisé le cluster. Tout comme les Traded Clusters, les Locals Clusters
couvrent plusieurs domaines d’activité dont on cite : l’industrie du divertissement ; l’industrie de
l’alimentation et boisson ; immobilier ; logistique ; commerce du détail ; etc.

Figure N°8 : Le partage de l’économie américaine entre Traded Clusters et Local Clusters, 2013
Source : Réalisé par l’auteur depuis les données de l’US Clusters Mapping site web

Contrairement aux clusters européens, les clusters américains ne sont pas localisés sur un seul et
même territoire. Chaque cluster rassemble plusieurs sous-clusters qui sont localisés dans

18
http://clustermapping.us/cluster consulté le 15/12/2015

82
différentes régions des États-Unis. Le Traded Cluster actif en l’industrie aérospatiale et la
défense (Aerospace Vehicles and Defense) par exemple, s’étale sur plus que 40 États, dont 10
représentent les principales régions, à savoir : Washington, Californie, Texas, Connecticut,
Kansas, Arizona, Florida, Georgia, New York et Massachusetts.

Les clusters américains présentent certaines spécificités qui leurs sont propres et qui expliquent le
niveau de leurs performances. Les particularités culturelles constituent des facteurs décisifs de
réussite. L’esprit d’initiative et la fibre entrepreneuriale fortement ancrés, facilite le passage de
l’idée au projet, de la recherche appliquée à la création d’entreprise, et aussi facilite le montage
de projets collaboratifs. Cette particularité culturelle représente en soi un facteur de succès qui ne
peut être simplement imité ni transposé à une autre culture. La confiance qu’offrent les
investisseurs aux porteurs de projets est un autre élément culturel des plus remarquables : « les
investisseurs financent plus facilement un entrepreneur ayant subi deux échecs et un succès
qu’un autre n’ayant eu qu’un succès commercial : le premier aura en effet forgé son expérience,
appris des ses échecs et démontré son esprit d’entreprendre et sa persévérance. » Massachusetts
Technology Transfer Center, Boston19.

L’efficacité du mode de gouvernance de la recherche20 est un autre facteur de succès de la


politique d’innovation des États-Unis et ainsi des Clusters américains : L’autonomie des
universités leur permettant de définir les orientations stratégiques et de commercialiser leurs
brevets. La concentration de l’investissement en R&D dans les régions à haut potentiel
technologique est un autre élément qui booste les capacités d’innovation de ses régions et attire
les talents et les compétences. En 2013, 56% des compétences qui travaillent à la Sillicon Valley,
ayant un niveau licence ou plus dans l’une des disciplines STEM (Science, Technology,
Engeneering & Mathematics) sont nées hors des États-Unis (Henton D., Kaiser J., Held K. ;
2015).

Autre spécificité des clusters américains réside dans la complexité de leurs dimensions. Plusieurs
clusters se positionnent sur plusieurs thématiques. La Silicon Valley est un exemple d’un cluster

19,4
Cité dans « Les clusters américains : cartographie, enseignements, perspectives et opportunités pour les pôles de
compétitivité français », 2008.

83
couvrant plusieurs thématiques appartenant à différents secteurs technologiques. C’est un cluster
constitué depuis plus de 120 ans autour de l’Université de Stanford, il couvre l’électronique,
l’informatique et Internet, les biotechnologies et les nanotechnologies, et s’engage actuellement
dans les technologies propres. Cependant, le cluster ne possède pas de structure de gouvernance
propre et centralisée, comme on en trouve nécessairement dans les clusters européens.
Généralement, les clusters américains comptent sur le leadership industriel et le développement
spontané des liens collaboratifs, sans avoir recours aux institutions pour assurer la gouvernance
du cluster et jouer un rôle fédérateur au sein du réseau.

Aussi, l’étendue géographique des clusters américains constitue un élément remarquable : les
limites géographiques des clusters sont difficiles à cerner et généralement en constante évolution.
Le cluster Aerospace Vehicles and Defenseen en est un exemple.
Les clusters américains constituent chacun un microenvironnement complexe et unique. Ils ont
pour dénominateur commun la démarche de création bottom-up suite à l’initiative de leaders
industriels et la valorisation de l’excellence académique au profit de la création de valeur et la
promotion de l’esprit de l’innovation.
Le financement des universités et des laboratoires de recherches public a pour source les
subventions des États, mais aussi une recherche continue de sources de financements propres aux
universités, tels que la vente des brevets et licences, la création des start-ups ou le partenariat
avec le secteur privé. Ces modes de financement permettent aux universités, origines de la
compétitivité des clusters américains, d’allier un fort dynamisme entrepreneurial et une grande
autonomie vis-à- vis des pouvoirs publics.
Les facteurs ayant favorisé l’émergence et la consolidation de l’expérience des clusters
américains sont à la fois endogènes et exogènes, on en cite : L’excellence de la recherche et de
l’enseignement qui bénéficie d’une renommée internationale ; l’efficience du transfert des
technologies et l’échange de savoir et de connaissances ; la fibre entrepreneuriale et le gout du
risque ; l’esprit collaboratif qui facilite la mise en place de partenariat dans une logique de
gagnant-gagnant ; la valorisation du capital humain et l’accompagnement des jeunes talents ;
l’exploitation de toutes les sources de financement possible avec une tendance au financement
privé permettant une plus grande indépendance des stratégies et des actions ; la diversité des
thématiques des clusters et au sein des clusters, permettant de réduire les risques économiques
inhérents à une grande spécialisation ; l’encouragement de toutes formes de partenariat et de
84
projet collaboratifs ; le développement d’un cycle d’auto-renforcement au sein du cluster
favorisant l’attractivité de nouveaux talents et de financement tout en stimulant la croissance.

1.2 En France : les pôles de compétitivité, un modèle en cours de maturité


Dès 1997, la France a œuvré pour la création et le développement de plateformes favorisant le
partenariat technologique et contribuant à l’attractivité de son économie, à travers d’une politique
industrielle conduite par la DATAR, qui a contribué à l’émergence d’une centaine de SPL. En
2001, le Comité interministériel de l’aménagement et du développement du territoire (CIADT) a
lancé une nouvelle politique industrielle, basée sur le triptyque innovation-attractivité-
compétitivité, qui a donné lieu à 71 Pôles de compétitivité aujourd’hui.

Ces 71 pôles sont répartis en 3 catégories sur l'ensemble du territoire français, selon leur poids
économique et leur visibilité à l’internationale.

Figure N°9 : Les catégories des PdC selon leur poids économique et leur visibilité internationale
Source : Enquête auprès des directions de pôles de compétitivité, étude d’évaluation des pôles de compétitivité 2012,
Bearing Point, Erdyn, Technopolis

Comme toute politique industrielle, la politique française visant à promouvoir la création des
pôles de compétitivité ciblait en particulier les entreprises du secteur secondaire, et donc a le
mérite d’avoir atteint son public cible avec 56% des entreprises adhérentes aux PdC qui sont dans
le secteur secondaire. Ce qui confirme l’ancrage industriel des activités des PdC, ainsi, tous les
secteurs industriels sont investis depuis l’aéronautique jusqu’aux nanotechnologies en passant par

85
l’agroalimentaire et l’automobile. Il est à noter qu’il existe une part importante d’entreprises
tertiaires représentées au sein des pôles comme il est présenté par le graphique suivant :

Figure N°10 : Le poids des entreprises par secteur dans les PdC et dans l’économie française
Source : Enquête auprès des directions de pôles de compétitivité, étude d’évaluation des pôles de compétitivité 2012,
Bearing Point, Erdyn, Technopolis

Les PdC sont constitués en majorité d’entreprises (72%) qui participent à hauteur de 51% dans la
gouvernance des pôles. Les PME qui représentent 60% des entreprises membres des pôles
retrouvent une place relativement plus importante dans les instances de gouvernances des pôles,
néanmoins elles ont un poids deux fois moins important que ce qu’elles représentent en termes
d’adhésion. Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et grandes entreprises jouent toujours le
rôle de locomotive dans le cadre des pôles et ont le plus de poids dans les orientations
stratégiques du pôle.

86
Figure N°11 : Composition des instances de gouvernance des pôles (2011)
Source : Enquête auprès des directions de pôles de compétitivité, étude d’évaluation des pôles de compétitivité 2012,
Bearing Point, Erdyn, Technopolis
*Autres : collectivités territoriales, organisations professionnelles et autres associations.

Au-delà des cellules d’animation des pôles qui veillent sur la mise en œuvre des stratégies et la
coordination entre les membres, le suivi des politiques des pôles relève d'un groupe de travail
interministériel, composé par la DIACT (Délégation Interministérielle à l'Aménagement et à la
Compétitivité des Territoires) et la DGE (Direction Générale des Entreprises), au Ministère de
l'économie, des finances et de l'emploi.
Le financement des projets des PdC émane de plusieurs sources : Etat (fonds unique
interministériel - FUI) ; Agences (ANR, OSEO-AII) et Caisse des Dépôts et Consignations ;
Collectivités territoriales. Des exonérations fiscales sont octroyées aux entreprises implantées en
zone de R&D et dont les pôles participent à des projets de recherche.
Les PdC français couvrent un large spectre de secteurs d’activités industrielles, depuis l’agro
alimentaire jusqu’aux technologies de pointe, et sont fortement dépendent des programmes de
soutiens gouvernementaux.

1.3 En Espagne : le rôle crucial des pouvoirs publics dans le développement des clusters
Le Pays Basque espagnol, ou la région d’Eukasdi est un exemple de succès de politique de cluster
dans le développement et la croissance de son territoire. Fruits d’une réflexion politique avancée,
confortée par l’expertise extérieure de la référence mondiale en matière de clusters Michael
Porter, les clusters constituent depuis 1991 l’axe de la politique industrielle basque.

87
Avec seulement 5 % de la population espagnole, la région Euskadi ou Pays Basque, l’une des 17
communautés autonomes d’Espagne, participe à hauteur de 9 % à l’ensemble de la production
industrielle nationale, ce qui est dû en grande partie à sa politique industrielle axée sur le
développement et le soutien aux Clusters. Le réseau des clusters basques couvre plusieurs
secteurs dont la majorité est industrielle (Institue France-Eukasdi, 2005) : Activités portuaires ;
Aéronautique ; Automobile ; Construction navale ; Electroménager ;
Electronique/Informatique/Télécommunication ; Energie ; Environnement ; Machine-outil ;
Papier ; Sciences du management ; Transport et logistique ; Audiovisuel.
Le succès des Clusters du Pays Basque se manifeste par leur longévité : créés pour la plupart dans
les années 90, ils sont maintenant au nombre de 13 et constituent le pivot de l’économie du Pays
Basque espagnol. Ils génèrent aujourd’hui plus de 45 % du PIB de la région (Institue France-
Eukasdi, 2005).

Le taux d’investissement en recherche et développement par rapport au PIB en Eukasdi est de 1.5
%(Eurostat 2003), le taux de l’EU de la même période étant 1.8% (Eurostat 2003), ce qui
explique la concentration remarquable de centre de recherche public dans la région.

Figure N°12: Évolution des dépenses en R&D en Euskadi


Source: « Des pôles de compétitivité pour dynamiser l’industrie française? Le succès des « clusters » au Pays Basque
espagnol». Dossier de press de l’Institue France-Eukasdi, 2005.

Contrairement aux pôles de compétitivité français, les clusters basques sont créés et développés
dans le cadre de partenariat opérationnel entre entreprises, organismes de recherche, et pouvoirs
publics. Ces derniers jouent un rôle actif dans le fonctionnement des réseaux de clusters, par la

88
participation à la conception des stratégies, le financement des cellules d’animation (aucun
avantage fiscal n’est accordé aux entreprises membres des clusters) et le suivi des projets en étant
membres à part entière dans les clusters.

1.4 En Allemagne : Kompetenznetze ou les réseaux de compétences au financement


autonome
C’est en octobre 1995 que le Ministère fédéral de l'Enseignement et de la Recherche (BMBF) a
lancé un concours intitulé « BioRegio » afin de booster l’industrie des biotechnologies en
Allemagne. Ainsi, le gouvernement a encouragé la mise en réseau des différentes sources de
financement de R&D et d’entreprises innovantes dans le cadre de réseaux de compétences.
D’autres politiques de soutient aux entreprises et à l’innovation ont suivi. Suite au succès recueilli
par ce projet pilote, l’Allemagne a décidé de rassembler les acteurs et les compétences dans
chacun de ses domaines d'innovation. Elle a ainsi créé en 1998 un label de qualité, sans
financement direct associé : « Kompetenznetze ». L’initiative Kompetenznetze Deutschland se
définit comme le « club des meilleurs clusters d’innovation », qui labellise « des grappes
d’innovation à profil régional et activités suprarégionales », équivalents des pôles de
compétitivité français. Cette labellisation permet aux clusters une visibilité à l’international, et
survient en contrepartie de plusieurs exigences à savoir « la concentration et l’ancrage régional, la
structuration entre les acteurs, la qualité de la collaboration, la durabilité, la capacité
d’innovation… ». Cette initiative compte 113 réseaux de compétence répartis sur 18 domaines
d’innovation et couvrant 30 régions. Les clusters membres de cette initiative ne bénéficient
d’aucun type de financement public.

La politique de clusters en Allemagne se caractérise par la coexistence de différents programmes,


mis en œuvre par l'État fédéral (Ministère fédéral de l'économie, Ministère fédéral de
l'Enseignement et de la Recherche - BMBF) ou par les Lander. Après l’initiative Kompetenznetze
Deutschland, le programme Go-Cluster a vu le jour en 2012, pour permettre d’harmoniser les
politiques de soutien à l’innovation et d’avoir une vue d’ensemble sur les ex-Kompetentznetze
(réseaux de compétences), les Spitzencluster (cluster de technologies de pointe) et les clusters
régionaux.

89
Figure N°13 : Rétrospective (non exhaustive) des initiatives de clusters en Allemagne
Source : Fourmond S., «L’innovation par la mise en réseau des compétences », l’initiative Kompetenznetze Deuschland,
2010.

En Allemagne, l’innovation et la R&D occupent une place centrale dans les politiques
industrielles du pays. La part de la recherche et développement de l’industrie se voit augmenter
depuis 2010 avec +3.7 % et +7.2 % en 2011. Néanmoins, le financement de la R&D n’est pas
toujours de source publique : avec 50.3 Mds € en 2010 de financement privé, l’Allemagne a pu
atteindre 2.9 % du PIB en dépenses de R&D. Les efforts de financement publics en R&D ciblent
en particulier les établissements d’enseignement supérieur (39 %), et aux organismes de
recherches publics (48 %) et seulement 13 % de financement public est consacré à la R&D au
secteur privé. Pourtant, il n’existe aucune mesure de financement aux clusters ou soutien à la
R&D basée sur des instruments fiscaux.

Section 2. Les Clusters au Maroc : redéploiement industriel et réaménagement du territoire


Depuis la fin du programme d’ajustement structurel, l’économie marocaine, en manque
d’orientation stratégique, était basée sur l’exploitation des produits naturels et de production
traditionnelle à peu de valeur ajoutée. L’industrie, dans l’absence d’une vision claire, perdait en
vitesse. Des réformes structurelles pour renforcer l’économie, orienter le développement
industriel et donner une impulsion aux secteurs clés se sont avérées indispensables, voire même
urgentes.

90
À partir de 1995, et à travers les différentes politiques industrielles adoptées au Maroc, le
gouvernement a pu identifier des secteurs porteurs permettant de diversifier l’offre de production
marocaine, redynamiser l’économie et booster la compétitivité du pays.
Dans ce contexte, la composante territoriale est devenue de plus en plus importante et surtout
impossible à négliger. La relance économique et le développement de la compétitivité et de
l’innovation passant nécessairement par le renforcement de la compétitivité régionale. Le
développement des modes de coopération au sein des territoires et dans des secteurs à fort
potentiel d’innovation, permettant des externalités positives et des débordements technologiques.

Les axes de développement économique et industriel ont mis des années à s’établir. À travers un
retour sur les politiques économiques du Maroc, nous allons retracer l’évolution du processus
d’identification et de développement des secteurs dits porteurs. Ce même processus qui a mené à
la mise en place d’une stratégie d’installation des Plateformes Industrielles Intégrées (P2I) et
Technopôles, ainsi qu’une stratégie de soutien et de labellisation des Clusters en vue de créer des
écosystèmes propices à une fertilisation croisée de l’innovation et des compétences.

2.1 Les clusters dans les politiques économiques de développement industriel

2.1.1 Le Maroc Compétitif


En 1995, le gouvernement a lancé la politique économique "Maroc Compétitif", orientée vers le
développement de secteurs de production à haute valeur ajoutée et la création de cercle vertueux
de la croissance. Cette politique a identifié quatre grappes pilotes qui ont constitué les axes de
cette nouvelle orientation de développement sectoriel. Il s’agit des secteurs suivants : Tourisme ;
Textile ; Produits de la mer ; Electronique. Plusieurs mesures ont été prises pour accompagné
cette nouvelle politique, dont la création, sous l’impulsion de la Banque Mondiale, de
l’association « Le Maroc Compétitif », structure mi-publique mi-privée qui devait veiller sur la
coordination des projets des grappes et de réaliser des études sectorielles pour évaluer et assurer
le suivi des grappes21.

Le Maroc Compétitif avait ouvert la voie pour un développement économique et industriel axé
sur les politiques sectorielles, en jetant les bases d’une économie spécialisée à travers les grappes

21« LE MAROC COMPÉTITIF : LES GRANDS AXES DU PLAN D'ACTION STRATÉGIQ » L’Economiste, Édition N° 241 du
01/08/1996, http://www.leconomiste.com/article/le-maroc-competitif-les-grands-axes-du-plan-daction-
strategique#sthash.d120vWJx.dpuf consulté le 25/05/2015

91
et a permis de varier les partenaires commerciaux en élargissant l’horizon des exportations hors
du partenaire historique qui est la France.

2.1.2 Le Plan Emergence


Dix ans après le « Maroc Compétitif », et avec l’ambition de redynamiser l’économie marocaine
et renforcer le tissu industriel par la promotion de nouveaux secteurs porteurs, le ministère de
l’Industrie et du Commerce avait initié une nouvelle stratégie volontariste, le « Plan
Émergence ». Cette nouvelle stratégie a identifié sept domaines porteurs, baptisés les Métiers
Mondiaux du Maroc « MMM », à savoir : Offshoring ; Automobile ; Electronique ;
Transformation des produits de la mer ; Aéronautique ; Textile et cuir ; Agroalimentaire.

Les objectifs de cette stratégie étaient de booster les exportations industrielles, créer 400 000
emplois, porter la part des MMM dans la croissance industrielle à 70%22 à l’horizon 2015 et
surtout de profiter du contexte mondial des délocalisations pour attirer les IDE.

Plusieurs mesures on été adoptées pour accompagner cette stratégie, dont en cite particulièrement
la création de zone et de plateformes industrielles dédiées, avec un cadre incitatif attrayant ainsi
qu’un programme de formation à la carte pour un appuie ciblé aux nouvelles branches
industrielles investies par le plan Émergence. Il s’agit d’offrir des sites clés en main pour les
activités d’externalisation. Les secteurs industriels ont aussi bénéficié de la création de
Plateformes Industrielles Intégrées (P2I),
Le plan Émergence avait entamé une nouvelle orientation industrielle, ralliant la recherche de la
compétitivité, l’innovation et le renforcement du tissu industriel sur une base de spécialisation
territoriale zones industrielles aménagées pour recevoir des constructeurs automobiles,
aéronautiques et de composantes électroniques. L’agro alimentaire et les produits de la mer ne
sont pas en reste, des pôles agro industriels ainsi que des pôles de développement des produits de
la mer ont été programmés suivant le modèle des pôles de compétitivités français.

2.1.3 Le Pacte National de l’Emergence Industrielle


Actualisant le Plan Émergence, l'État et le secteur privé ont scellé ensemble Le Pacte National
pour l'Émergence industrielle en formalisant un contrat programme couvrant la période 2009-
22 « NOUVELLE STRATEGIE INDUSTRIELLE – PLAN EMERGENCE »
http://www.fondationinvest.ma/Investisseursmdm/Documents/ASSIST_INVEST/PRE_INVEST/Envir_des_affaires_Macro-
Eco_du_Maroc/La_strategie_de_developpement_sectoriel.pdf
Consulté le 14/10/2015

92
2015, mobilisant et coordonnant les actions de l'État et des opérateurs économiques. Ce contrat
programme est venu consolider la compétitivité des entreprises concernant l’ensemble du tissu
des entreprises marocaines (y compris tourisme et BTP).

Le contrat programme a été conçu autour de l’idée fondamentale qui est celle de focaliser les
efforts de relance industrielle sur les secteurs où le Maroc possède des avantages compétitifs. Les
objectifs, comme pour le plan Émergence, sont : l’augmentation du PIB industriel ; la réduction
du déficit commercial ; l’accompagnement de l’investissement industriel nation et l’attractivité
des IDE ; la contribution à la politique d’aménagement du territoire.

Dans la même logique que le plan Émergence, l’aménagement des P2I, a représenté l’un des
outils principaux du Pacte National de l’Émergence Industrielle. L’objectif étant d’améliorer les
zones industrielles locales et en créer d'autres, plus intégrées pour mettre à la disposition des
investisseurs nationaux et étrangers des sites d’accueil dotés d’infrastructures adaptées à leurs
besoins. Le ministère a mis en place l’Agence Marocaine du Développement Industriel (AMDI)
pour assurer la veille et le suivi des projets relatifs aux P2I. En parallèle avec ces mesures, le
Ministère de l’Industrie a lancé l’Initiative Maroc Innovation pour l’identification et le
développement de clusters existants et le soutien à la création de nouveaux clusters. C’est à
travers des appels à projets et la mise en place d’ateliers sectoriels, que le ministère a fait
connaitre cette politique dans les milieux industriels.

2.1.4 Le Plan d’Accélération Industrielle 2014-2020

Malgré la multiplication des efforts et des politiques industrielles volontaristes depuis plus d’une
décennie, la part du PIB industrielle dans le PIB national s’est vue régressée de 16.62 % en 2003
à 14.57 % en 2012. Une baisse accompagnée, naturellement, d’une perte dans l’emploi industriel
ainsi qu’une baisse des exportations industrielles, symptomatique d’une perte en vitesse en
termes de compétitivité et d’une situation de désindustrialisation alarmante23.
Le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie Numérique, a
lancé en 2014 le plan d’« Accélération Industrielle » avec l’ambition de porter la part du PIB

23
Cette situation de désindustrialisation peut être expliquée, entre autres causes, par le détournement des capitaux marocains vers
les finances, les services et le BTP, suite à l’ouverture du Maroc sur l’Europe, la Turquie et les USA, alors que l’économie était
encore fragile, non compétitive et qui n’avait tout de même pas réussi sa mise à niveau.

93
industriel dans le PIB national de 14 % à 23 % à l’horizon 2020 ainsi que la création de 500 000
emplois sur les dix années avenirs.
Pour « se donner les moyens de son ambition » comme l’avait exprimé le Ministre de l’Industrie,
du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie Numérique, le Plan a été accompagné par la
création d’un Fond d’Investissement industriel doté d’une enveloppe budgétaire de 20 milliards
de dirhams sur 7 ans. Les aides et subventions accordées par le FDI seront conditionnées par
l’emploi généré, la création de valeur et les volumes d’exportation. Un foncier locatif de 1000
Ha sera mis à la disposition des investisseurs nationaux et internationaux. Le plan a aussi prévu
d’accompagner les acteurs productifs qui évoluent dans le noir vers le formel, par la création du
statut de l’auto-entrepreneur et l’appui au TPE à travers d’une fiscalité adaptée et d’autres
mesures pour faciliter son intégration dans le tissu économique.
Une autre mesure mise en place par le Plan d’Accélération Industrielle est le développement
d’écosystèmes industriels suivant la logique « développement industriel-compétitivité des
territoires » qui a été instaurée avec les premières P2I il y a dix ans. L’objectif étant de réduire
l’atomisation du secteur industriel, construire un tissu industriel plus intégré et moins fragmenté,
tout en permettant aux PME de bénéficier d’alliance stratégique avec les grandes entreprises à
travers les groupements d’intérêts économiques.
Les groupements d’intérêts économiques sont des rassemblements d’entreprises, particulièrement
des PME, autour d’une grande entreprise (entreprises leaders nationales, groupement
professionnel ou investisseurs étrangers) qui servira de locomotive dans un secteur donné.

2.2 L’expérience marocaines des agglomérations économiques et de clusters : Présentation


et cartographies des différentes formes de polarisation des compétences
La succession des différentes politiques économiques et industrielles au Maroc a donné
naissances à différents types de pôles de compétences. Des zones aménagées pour recevoir les
activités industrielles aux clusters labellisés, ces pôles de compétences forgent l’identité des
territoires qui les accueillent. Dans ce qui suit, nous allons présenter les différentes formes
d’agglomérations d’entreprises qui existent au Maroc, classées selon leur vocation : les pôles de
compétences exclusivement dédiés à la croissance et les pôles tournés vers la croissance et le
renforcement de l’innovation.

2.2.1 Les P2I et Technopoles

94
La mise en place des P2I, dans le cadre de la politique industrielle « Plan Émergence », s’était
effectuée par l’installation, en un premier temps, d’un réseau de 16 P2I, dont quelques une sont
des zones industrielles déjà existantes qui ont nécessité une mise à niveau afin de correspondre
aux besoins et exigences des investisseurs.

Le programme P2I comprend 3 types de plateformes24 :


• Les P2I généralistes : ouvertes à tous secteurs, et pouvant combiner plusieurs quartiers
sectoriels ;
• Les P2I sectorielles : dédiées à un secteur spécifique, elles peuvent cependant comporter des
quartiers réservés à des secteurs proches du secteur principal (ex. quartier Électronique
embarquée dans une P2I Automobile) ;
• Les P2I Quartiers régionaux/nationaux : zones généralistes réservées aux acteurs d'un tissu
industriel provenant d’une même région d’un pays étranger.

Aujourd’hui, le Maroc dispose de plus d’une vingtaine de P2I, dont plusieurs ont évolué pour
devenir des technopoles25 spécialisées ou mixtes.

La localisation territoriale des pôles est présentée par la carte suivante :

24 « Pacte pour l’Emergence Industrielle », Contrat programme, Ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles
Technologies. 2009.
25
Une autre expression pour désigner les pôles de compétences, Technopole « concentrations géographiques locales
d’entreprises innovantes, situées à proximité de centres de recherche et de formation scientifiques, dans le but de former ensemble
un microsystème innovant » (Ruf, 91)

95
Carte N° 1 : Cartographie des P2I au Maroc
Source : site internet du ministère de l’Industrie, du Commerce de l’Investissement et de l’Economie Numérique26.

L’examen de cette cartographie dégage clairement un déséquilibre dans la répartition des P2I sur
le territoire marocain en faveur de la région du nord et du centre.

Et dans le tableau suivant, nous présentons les technopoles et P2I dédiées exclusivement à
l’industrie et à l’Offshoring, d’autres pôles à vocations touristiques existent à Marrakech

26
http://www.medz.ma/cartographie-des-projets consulté le 08/05/2015

96
(Aguedal et Zahrat Annakhil), Fès (Oued Fès golf City), Tanger (Ghandouri), mais ne seront pas
traité dans le présent article, car ne faisant pas partie de notre recherche.

P2I /Technopole Région Secteur Activités


Chimie ; parachimie ; Industries
mécanique et métallurgique ;
Jorf Lasfar Jadida Industrie
stockage d’énergie (pétrole
gaz) ; autre (industrie lourde).
Automobile ; électronique
Atalantic free embarqué ; industrie mécanique
Knitra Industrie
zone et métallurgique ; plasturgie et
industrie du verre.
Aéronautique ; électronique
MidParc Grand Casablanca Industrie embarqué spéciale ; la défense ;
le médicale.
Agro Industrie ; industrie
Agropolis Meknes-Tafilal Industrie support ; logistique ; activités
commerciales.
Valorisation produits de la mer ;
Sous-Massa-
Haliopolis Industrie autre activité industrielle ;
Daraa
logistique ; services.
Industrie métallique, mécanique
et électrique ; industrie textile et
cuire ; industrie chimique et para
Technopole oujda Orientale/Oujda Industrie/offshoring chimique ; agro industrie ;
activité commerciale ;
développement durable ;
Offshoring ; Cleantech.
Technopolis Rabat-Salé- Activité industrielle tertiaire à
Industrie/offshoring
Industrie Zemour-Zair haute valeur ajoutée et

97
multimédia.

Technopolis Rabat-Salé-
Offshoring
Offshoring Zemour-Zair Offshoring.
Industrielle non polluante ;
industrie métallique et
Parc Selouane Orientale /Nadour Industrie
mécanique ; agro-industrie ;
parachimie ; commercial.
Agro Industrie ; industrie
Agropol Berkane Orientale/Berkane Industrie support ; logistique ; activités
commerciales.
Activité artisanal de matériaux
Zone activité Ait Taza-Hussiama- de construction ; mécanique ;
Industrie
Kamra Taounat construction métallique ; textile
et cuire ; agro-industrie.
Valorisation des produits de la
Laayoune- mer ; industrie support ;
Zone Industriel de
Boujdour-Sakia Industrie industrie liée au développement
Boujdour
Lhamra de la ville ; activité de
commerce et service.

Casanearshor Grand Casablanca Offshoring Offshoring et tertiaire

FesShor Fes-Boulmane Offshoring Offshoring et tertiaire

OujdaShor Oriental/Oujda Offshoring Offshoring et tertiaire


Zone franche
d'exploitation Tanger Industrie Industrie
Tanger
Zone SAPINO Industrie/
Grand Casablanca Industrie/ Offshoring
Casablanca Offshoring
Tableau N° 2 : Présentation des P2I/Technopoles au Maroc
Source : réalisé par l’auteur en synthétisant des données de documents internes de MedZ27.

27 Filiale de CDG Développement, dont la vocation est d’aménager et commercialiser les cites industriels au Maroc.

98
2.2.2 Les Clusters
Comme expliqué dans le chapitre précédant, le cluster est une association d’entreprises,
universitaires, institution de recherche, administration et autres acteurs, sur un territoire donné,
agissant selon une stratégie commune de développement dans l’objectif de créer des modes de
coopérations et des écosystèmes innovants afin d’augmenter les externalités positives et favoriser
une fertilisation croisée des compétences et des connaissances pour « créer et maintenir un
savoir-faire et des connaissances “localisées”, mais concurrentielles à l’échelon mondial »
(Godefroy, 2007).
Depuis 2009, le Maroc a lancé l’Initiative Maroc Innovation, en parallèle avec le Pacte National
de l’Émergence Industrielle, pour le soutien à la création des Clusters sur tout le territoire
national et visant tous les secteurs économiques. L’objectif principal de cette initiative est de
créer des écosystèmes d’innovation favorables à l’échange de connaissances et de compétences.
Le Maroc étant très en retard sur la question, avec 1.87 de chercheurs/1 millier de populations
actives et une position de 70ème dans l’indice de l’innovation du BCG 28, l’appui et le
développement de l’innovation préoccupent de plus en plus les décideurs marocains.

La promotion des clusters par la coopération entre pouvoirs publics et le secteur privé, à travers la
mise en place d’un environnement favorable aux synergies et permettant d’améliorer la
dynamique collaborative entre les différents acteurs, permet d’atteindre différents objectifs dont
les plus importants sont le renforcement des capacités d’innovation, la compétitivité à long terme
des entreprises, la création de richesse et d’emplois à l’échelle des territoires et des régions.
Au Maroc, la promotion et l’encouragement des initiatives de clusters se font à travers le soutien
aux clusters labellisés. La labellisation des clusters se fait selon deux processus, l’un est
spontané : les entreprises qui, étant au courant de la stratégie du ministère, s’organisent autour
d’un secteur donné, en partenariat avec des acteurs universitaires pour préparer une proposition
cohérente avec une vision claire et des objectifs quantifiables, qu’ils soumettent au ministère.
Le deuxième processus est celui initié par le ministère qui lance des appels à projets ou organise
des ateliers sectoriels ciblant les secteurs porteurs dans la même logique que la politique
industrielle en vigueur. Les industriels des secteurs en question sont ainsi informés de la stratégie
en place et sont sensibilisés à l’intérêt de se regrouper en cluster.

28 Boston Consulting Groupe

99
Le ministère de l’Industrie, dans le cadre d’un contrat programme avec le cluster, prévoit une
subvention financière aux clusters labellisés qui s’élève à 2 000 000.00 Dhs (approximativement
184 000.00 €) annuellement pour une durée de 3 ans. Ce soutien financier ainsi qu’un soutien en
terme de formation et d’accompagnement, sont conditionnés par l’évolution des performances du
cluster en termes de croissance des entreprises dans le cluster, du nombre d’évènements du
cluster, du nombre de projets de R&D collaboratifs entre membre de cluster et avec autres
clusters, du nombre d’emplois crée en R&D, de start-up créée, de brevets déposés ou
commercialisés, du nombre de formations mutualisées au sein du cluster, etc.
De cette stratégie sont nés 11 clusters :
Cluster Secteur
MNC : Maroc Numérique Cluster TIC et Economie numérique
CE3M : Cluster Electronique, Mécatronique et Mécanique du
Maroc Electronique et mécanique
MMC : Morocco Microelectronics Cluster Microélectronique
OTT : Océanopôle TAN-TAN Produit de la mer
Produits de luxe,
MENARA : Marrakech Exclusivity Networks for Advanced Agroalimentaire
Research on Art’s Living et cosmétique
Valorisation des produits de la
AHP : Agadir Haliopôle mer
Pêche et traitement des
Océanopôle de Tan Tan produits de la mer
Environnement et Matériaux de
EMC : Efficacité Energétique des Matériaux de Construction construction
Développement du secteur
CISE-Maroc : Cluster Industriel pour les Services industriel des services
Environnementaux environnementaux
MDC : Moroccan Denim Cluster Textile (jeans)

C2TM : Cluster des textiles Techniques du Maroc Textile


Tableau N° 3 : Clusters labialisés au Maroc jusqu’en 2015
Source : réalisé par l’auteur

100
D’autres clusters se sont développés hors du champ de la stratégie du ministère. Le Cluster
Solaire créé récemment, n’a pas sollicité l’aide du ministère puisque parrainé et soutenu par
MASEN29, ainsi que le cluster E-Medina de l’aménagement urbain dans la région du grand
Casablanca, en sont des exemples.
Le cluster solaire, premier cluster industriel en énergie solaire, s’inscrit dans le cadre du plan
solaire NOOR et est ouvert aux partenariats privés et publics souhaitant travailler en synergie
pour développer une filière industrielle compétitive. Le cluster E-Medina Casablanca Smart City
quant à lui, a pour objectif d’initier et accompagner des projets innovants répondants aux
problématiques urbaines de la ville de Casablanca.
D’autres clusters pourront être confirmés pour un avenir proche. Des groupements industriels
sont en train de se former dans différentes filières, dans l’objectif de constituer des clusters
pouvant répondre aux appels à projets du ministère, et bénéficier ainsi de labellisation. La filière
automobile devrait être à l’origine de création de clusters dédiés, un cluster généraliste et l’autre
autour de pièces pour l’automobile30. Un cluster de l’aéronautique devrait voir le jour dans la
Nouacer Aerospace City dans la région de Casablanca31 également.

2.3 Synthèse de l’expérience Marocaine des Clusters

2.3.1 Analyse de l’expérience marocaine des clusters


Depuis le début des années 2000, le Maroc multiplie les efforts pour construire une économie
spécialisée, basée sur l’innovation, ayant un ancrage territorial et permettant d’offrir aux
entreprises marocaines une visibilité internationale. Une succession de politiques économiques et
industrielles a permis d’identifier plusieurs secteurs sur lesquels le Maroc peut se positionner et
détenir un avantage compétitif, couvrant l’industrie de l’Automobile, l’Aéronautique & Spatial,
l’Électronique, le Textile & cuir et l’Agroalimentaire, ainsi que l’Offshoring. Le lancement du
programme d’appui et de labellisation des clusters, ainsi que la création de P2I et technopole,
malgré une répartition géographique déséquilibrée comme nous l’avons vu, permettent la création

29 Moroccan Agency fo Solar Energy


30 POMMIER, P. « Clusters au Maghreb : Vers un modèle de cluster maghrebin spécifique », Etude et Analyse, Institue
de Prospective Economique du Monde Méditerranéen. Juillet 2014.
31 « Le secteur aéronautique marocain face aux nouvelles mutations mondiales », Direction des Etudes et des Prévisions

Financières DEPS/SIAS, Ministère de l’Economie et des Finances, Septembre 2012.

101
d’un écosystème favorable pour le développement des startups innovantes et à l’attractivité des
IDE.

Pour accompagner et renforcer cette démarche, le gouvernement a adopté plusieurs mesures dont
l’ouverture de centres de formation, pour accompagner les secteurs industriels et favoriser leur
essor, ainsi que des dispositifs d’appui à l’Entreprenariat et à l’innovation ont été adoptés pour
encourager l’initiative privée. Des mécanismes de financement ont été mis en places dont le Fond
Hassan II pour le Développement économique créé en l’an 2000 et le Fond de Développement
Industriel accompagnant la Stratégie d’Accélération Industrielle. Néanmoins, la relation entre
entreprise et université ainsi que la valorisation de la R&D constituent le maillon faible dans la
chaine de développement de clusters et d’écosystème innovants. La lourdeur des procédures
administratives, desquelles dépendent les entreprises, est un autre bémol.
Le renforcement de la coopération entre clusters marocains appartenant à différentes filières
permettra l’échange de retour d’expérience et les bonnes pratiques managériales. Aussi, des
relations inter clusters appartenant aux mêmes filières, au niveau international, dans des secteurs
tels que la mécanique ou la mécatronique ; L’agroalimentaire et les activités de pêche et produits
de la mer ; Les TIC ; Les énergies renouvelables et les services environnementaux favoriseront
l’échange et le transfert de technologie et peuvent déboucher sur la réalisation de projets
industriels communs.

La matrice SWOT ci-dessous, synthétise les données et observations que nous avons présentées.
Sans prétendre dresser un bilan de l’expérience marocaine des clusters, la matrice servira à
faciliter la compréhension de cette expérience.

Forces Faiblesses

-Collaboration préexistante (ex : de -Répartition territoriale déséquilibrée en

Technopole au Cluster) faveur des régions du nord et du nord-ouest


-Lourdeurs des processus administratifs
-Institutions de formation adaptée aux -Prédominances des grandes entreprises
besoins des secteurs industriels dans les structures de gouvernances
-Financement de l’État conditionné par les -Manque de valorisation de R&D

102
résultats (clusters labélisés) -Culture de l’innovation
-Hétérogénéité et diversités des domaines -Manque des études d’évaluation de
d’activités performances au niveau des clusters
-Plans sectoriels claires -Evaluation des résultats des plans et
-Infrastructures logistiques et TIC stratégies au niveau du ministère de
l’industrie et des organismes de tutelle

Opportunités
-Startups innovantes
-Attractivité des IDE à investir pour créer Menaces
plus de synergie - Faiblesse voire inefficacité du processus
-Partenariat inter-cluster au niveau national de transfert de technologie
et international -Compétition d’autres pays émergents
-Une grande volonté de coopération de -Manque d’intégration réelle des universités
l’État et du secteur privée

Tableau N° 4: Analyse SWOT des clusters au Maroc


Source: réalisée par l’auteur

2.3.2 Synthèse de l’expérience marocaine


L’initiation et le soutient des clusters constituent un outil qui a prouvé son efficacité pour soutenir
une économie nationale, booster l’innovation, assurer la spécialisation et la visibilité des
territoires au niveau international. Le Maroc, à l’instar des expériences internationales, et grâce à
des politiques publiques industrielles volontaristes, pari sur les technopoles et les clusters pour
renforcer la compétitivité du tissu industriel, donner une impulsion à l’innovation et l’économie
de la connaissance, redynamiser les secteurs clés et également promouvoir la spécialisation et
l’attractivité des territoires.

Les politiques économiques et industrielles engagées au Maroc ont permis un redéploiement


industriel basé sur une approche territoriale, par l’initiation de différentes formes
d’agglomération d’entreprises, avec différents niveaux de spécialisation. Malgré une réorientation
toute récente des politiques publiques vers la promotion des agglomérations d’entreprises au

103
Maroc, l’évolution des pôles de compétences est remarquable : 16 technopoles dédiées à
l’industrie ou à l’offshore, 11 clusters industriels labellisés et d’autres clusters évoluant
séparément de la stratégie du ministère, ainsi que plusieurs projets encours de développement
dont des groupements d’intérêts économiques et d’autres clusters industriels.

La particularité des pôles de compétences au Maroc réside dans la démarche top-down de leur
mise en place. Hormis les quelques clusters nés spontanément grâce à l’initiative d’entrepreneurs
et hors de la politique du Ministère de l’Industrie, toutes les autres formes d’agglomérations
d’entreprises au Maroc, à savoir P2I, Technopoles ou Cluster labellisé ont vu le jour ou ont été
soutenus par les pouvoirs publics. Il en ressort la place importante qu’occupe l’État dans
l’initiative de cluster. Toutefois, les entrepreneurs dans différents domaines d’activités sont de
plus en plus conscients de l’intérêt du regroupement dans le cadre d’un cluster.
L’expérience marocaine connait quelques faiblesses qui risquent de ralentir l’évolution des pôles
de compétences. La répartition territoriale déséquilibrée en faveur des régions du nord et du nord-
ouest peut nuire au développement équilibré et équitable des régions. La prédominance des
grandes entreprises dans les structures de gouvernance des clusters, les liens faibles qui relient les
entreprises avec les universités et la lourdeur des procédures administratives constituent aussi des
freins au renforcement des performances des clusters et des entreprises qui en sont membres.
Cependant, la ferme volonté des pouvoirs publics à accompagner un secteur privé qui commence
à se mobiliser, pour la réorientation de l’économie nationale vers une économie de connaissance
et d’innovation à haute valeur ajoutée, promet d’assurer un environnement économique et
institutionnel propice à la coopération, à l’attractivité des IDE, au développement des entreprises
et startups innovantes et la multiplication des expériences de cluster sur différents niveaux.
Malgré l’expérience récente des pôles de compétence et particulièrement des clusters au Maroc,
qui n’a pas atteint la maturité nous permettant « to pick a winner » parmi les diverses formes
d’agglomérations d’entreprises qui existent, le cluster, toutefois se présente comme un modèle
d’agglomération d’entreprises qui peut s’adapter le mieux à différents contextes économiques et
permettre l’essor d’industrie à haute valeur ajoutée technologique.

104
Conclusion
Un cluster est un écosystème organisé, spontané ou impulsé, sur un territoire donné, constitué de
différents acteurs (entreprises, organismes de recherches, centres de formation, universités,
institutions…), entretenant des relations marchandes et/ou non marchandes, fondées sur des
complémentarités, qui maintiennent un niveau de coopétition dans un domaine particulier. Cette
forme d’agglomération d’entreprises est devenue, depuis quelques décennies, le cheval de bataille
des pouvoirs publics dans plusieurs pays grâce aux avantages qu’elle procure aux entreprises, au
territoire sur lequel elle est ancrée et à l’économie nationale de manière générale.

Aux États Unis comme en France, en Espagne, en Allemagne ou au Maroc, différentes formes
d’agglomération d’entreprises prolifèrent et trouvent un grand encouragement de la part des
pouvoirs publics. Sans chercher à faire une comparaison entre les différents modèles
d’agglomération dans ces pays, du fait de la diversité des contextes historiques, économiques,
culturels et sociaux, nous avons essayé de mettre la lumière sur les éléments de succès de chaque
modèle afin d’en tirer des leçons.
Les clusters américains puisent leurs forces des spécificités historiques et culturelles du pays.
Plusieurs facteurs ont fait des clusters américains un idéal que tout autre gouvernement voudrait
dupliquer pour renforcer la compétitivité de ses régions. Même si on ne peut pas parler d’un
modèle de cluster américain dans le sens strict du terme, du fait que chaque cluster est le fruit de
différents facteurs d’influences, certains éléments clés reviennent dans toutes les expériences
réussies. La fibre entrepreneuriale et l’esprit de l’initiative, étant à l’origine de tout projet et
collaboration, ne font pas défaut dans le contexte économique américain. L’investissement très
important en R&D au niveau des universités et des laboratoires de recherche booste le processus
de l’innovation et permet aux entreprises et aux clusters d’être à la pointe de la technologie. La
valorisation du capital humain et la politique d’attractivité qui vise à attirer et garder les talents et
les compétences en particulier dans les domaines scientifiques et techniques. Et le leadership
industriel des clusters qui est encouragé et accompagné par les pouvoirs publics au niveau des
États.

En France, le besoin de favoriser les partenariats technologiques et du renforcement de


l’attractivité des territoires a donné lieu à une centaine de SPL, qui à leurs tour ont donné lieu à
71 Pôles de compétitivité aujourd’hui. La politique française d’innovation promeut la création

105
des pôles de compétitivité pour consolider la compétitivité de son secteur secondaire. Le modèle
français est basé sur le rôle important que jouent les structures d’animation, afin d’organiser les
activités de chaque cluster et veiller sur le renforcement des réseaux et des projets collaboratifs au
sein du cluster, sous les orientations et avec le soutien des pouvoirs publics.

L’exemple du Pays Basque espagnol illustre le succès de la politique publique de cluster adossée
à une politique industrielle. Il se caractérise par un réseau de clusters couvrant plusieurs secteurs
dont la majorité est industrielle, un important investissement dans la R&D et l’évolution et
adaptabilité aux exigences de l’économie locale et à la compétitivité internationale qui se
traduisent par la longévité des clusters.
Le modèle allemand s’est bâti au fil des expériences. Du concours « BioRegio » au programme
Go-Cluster, en passant par l’initiative Kompetenznetze Deutschland, l’Allemagne a investi dans
le développement de ses réseaux innovants et la mise en avant de ses régions en permettant aux
Spitzenclusters une meilleure visibilité internationale. Les politiques industrielles allemandes
sont axées sur la R&D. Les pouvoirs publics, au niveau fédéral ou au niveau des landers, jouent
un rôle d’orientation des investissements vers les domaines stratégiques, mais le financement des
réseaux d’innovation se fait en la majeure partie par le secteur privé, ce qui dénote l’engagement
du secteur pour le développement des activités novatrices.

Quant à la récente expérience marocaine, elle se manifeste à travers des différentes formes
d’agglomérations qui ont été initiées et soutenues par les pouvoirs publics et à travers les
politiques industrielles. Chaque forme d’agglomération d’entreprises répond aux besoins des
filières industrielles selon le niveau de spécialisation que la politique industrielle, étant à l’origine
de l’initiative, souhaite atteindre. Cette diversité des types de pôles reflète alors l’évolution des
objectifs des politiques publiques, ayant pour but de s’adapter à l’évolution de l’économie au
niveau international et d’adapter l’offre aux besoins des entrepreneurs nationaux et des
investisseurs étrangers.

À travers ces différentes expériences, on comprend qu’il n’existe pas un modèle unique pour le
cluster réussi. Les déterminants de développement et de réussite de chaque cluster dépendent de
facteurs historiques, culturels, politiques et sociaux. Cependant, quelques éléments cruciaux
reviennent à travers l’étude de chaque cas, il s’agit de :

106
 La prise de conscience de l’importance de développer les capacités innovatrices et une
offre à haute valeur ajoutée pour garantir la compétitivité des régions face à la
mondialisation de l’économie ;
 La volonté de plusieurs acteurs, à savoir les entreprises, les laboratoires de recherches, les
institutions de formation et des pouvoirs publics, de créer un écosystème favorable au
partage et l’échange les compétences, connaissances et savoir-faire ;
 Le rôle des pouvoirs publics dans la structuration et/ou l’encouragement du
développement des réseaux novateurs, qui se traduit par plusieurs actions tels le soutien
financier, l’orientation stratégique des acteurs économiques et académiques ;
 L’investissement très important en R&D dans les laboratoires publics et privés, et la
valorisation du capital humain ;
 La forte implication du secteur privé tant au niveau du financement qu’au niveau de
l’organisation et du tissage des réseaux entre les différents acteurs ;
Ces éléments, ainsi que ceux qui ressortent du chapitre précédant, serviront à constituer une
proposition de modèle de cluster pour les pays en voie de développement, et en particulier pour le
contexte marocain.

107
Chapitre 4ème
Le transfert de technologie au sein des clusters

108
Introduction

Jusqu'à la fin des années 1950, la thèse selon laquelle l’importance et le potentiel productif d’une
économie reposaient uniquement sur deux éléments, à savoir : le travail et le capital, était
largement acceptée. Jusqu’à ce que Robert Solow, économiste au Massachusetts Institute of
Technology (MIT), a remporté son prix Nobel pour avoir remis en question cette thèse. Solow a
réalisé qu'il doit y avoir un élément manquant dans la formule qui explique l’expansion
économique d'après-guerre aux États-Unis d’Amérique, suivie par l'Europe et le Japon, une
expansion d’un niveau qui dépassait la simple somme des inputs de capitaux et du travail. Cet
ingrédient manquant est universellement connu comme l'application de nouvelles connaissances,
ou autrement dit l’innovation technologique (WIPO, 2005). La capacité à intégrer et à mettre en
œuvre avec succès une nouvelle technologie est un facteur clé pour permettre aux entreprises
d'évoluer et aux économies de rester compétitives.

La capacité de création ou d'absorption des innovations technologiques est devenue un élément


essentiel pour les entreprises afin d'améliorer ou de maintenir leur position concurrentielle sur le
marché. Posséder un bien tangible permet seulement son utilisation, alors que la maîtrise des
connaissances qu’ils renferment, c’est-à-dire sa composante informationnelle (Glachant, M.
Dussaux, D. Ménière, Y. Dechezleprêtre, A. ; 2013) permet non seulement de le réparer, mais
aussi de le reproduire et même d’incorporer cette connaissance à d’autres procédés afin de les
améliorer ou de créer de toutes nouvelles inventions. Cette composante informationnelle,
autrement dit la technologie derrière cette innovation, peut faire l’objet d’une large diffusion et
être infiniment réutilisée, il s’agit là du transfert de la technologie.

Un cluster, écosystème qui assure la proximité géographique, la fertilisation croisée des


compétences, les débordements technologiques, la facilitation des interactions B to B, et le
tissage de réseaux et de liens de confiances entre acteurs, constitue un milieu favorable à
l’innovation technologique, mais aussi au transfert et à la diffusion de nouvelles technologies à
travers des relations marchandes et non marchandes.
Dans ce chapitre, nous allons tout d’abord dresser un état des lieux du paysage actuel en matière
de transfert international de technologies. En suite, nous allons présenter le potentiel des clusters
à promouvoir les processus de transfert de technologies à travers des structures dédiées.

109
Section 1. Le transfert international de technologie dans les clusters

1.1 Le transfert de technologies et les canaux de diffusion technologique


Le transfert de technologie consiste en la diffusion des connaissances et des compétences qui
contribuent au développement des entreprises, les gouvernements, les organismes -
communautaires et les particuliers qui se tournent vers la technologie comme une clé pour
atteindre leurs objectifs dans une « société technologique32 » (Ellul, 1964). Dans ce contexte, les
transferts internationaux de technologies sont souvent porteurs d’avantages économiques
significatifs au pays récepteur en lui permettant d’acquérir, à moindres frais et dans un temps
réduit, des connaissances et des inventions qui améliorent ses résultats macroéconomiques
(OCDE, 2012).

1.1.1 Qu’est ce que le transfert de technologie?


Autres que l’investissement dans la R&D, il existe plusieurs manières pour qu’une entreprise
puisse acquérir de nouvelles technologies. Le transfert de technologie permet de multiplier les
bénéficiaires des résultats de la R&D, dans un cadre organisé et respectant des modalités qui
profitent à toutes les parties à savoir le diffuseur de la technologie et le récepteur de la
technologie.

L’Organisation International de la Propriété Intellectuelle (WIPO) définit le transfert de


technologie comme étant « le processus par lequel une technologie, une expertise, un savoir-faire
ou des installations développées par une seule personne, entreprise ou organisation est transféré
à une autre personne, entreprise ou organisation. Le transfert de technologie efficace aboutit à la
commercialisation d'un nouveau produit ou service ou à l'amélioration d'un produit ou d'un
procédé existant »33. Sur un plan macro-économique, les transferts de technologie sont examinés
généralement selon la thèse de « l’écart technologique » analysant les politiques économiques
volontaristes visant à accompagner les pays en voie de développement dans l’acquisition et la
maitrise de la technologie. Sur un plan micro-économique, le transfert de technologie est
considéré comme un acte de diffusion épidémiologique (Hendrick, 1996).

32
« Technological socity » qui est traduite aussi par « société technicienne ».
33
http://www.wipo.int/export/sites/www/sme/en/documents/pdf/technology_transfer.pdf consulté le 14/06/2016.

110
Les transferts de technologies peuvent porter sur des technologies incorporées ou non
incorporées, et s’effectuent par des moyens relevant ou non de l’économie de marché. Ainsi, une
première distinction entre les canaux marchands de transfert de technologies et les transferts de
connaissances qui ne se font pas sur le marché, les canaux non marchands (OCDE, 2012) :

 Canaux marchands de transfert de technologies : Echanges de biens et de services ;


Investissement direct étranger ; Joint-ventures ; Octroi de licences ; Entreprises
conjointes ; Franchises ; Mouvements transfrontaliers de personnel ; Les projets clé en
main.

 Canaux non marchands de transfert de technologies : Imitation et ingénierie inverse ;


Rotation du personnel ; Information en diffusion publique (journaux, résultats d’essais,
demandes de brevets).

Des études empiriques (OCDE, 2012) confirment nettement que les transferts de technologies se
font essentiellement par les échanges commerciaux, l’investissement direct étranger et l’octroi de
licence. La différence entre l’importance donnée à l’un ou l’autre de ces moyens dépend en partie
des caractéristiques du pays récepteur de la technologie : capacité de recherche nationale ;
efficacité des régimes de droits de la propriété intellectuelle ; etc. Et de la nature de la
technologie transférée : possibilité d’imitation ; et d’ingénierie inverse.

1.1.2 Renforcement des capacités d’absorption des technologies chez le pays récepteur
Encourager le transfert technologique nécessite un travail de fond au niveau des politiques
économiques tant au niveau du pays à l’origine de la technologie qu’au niveau du pays
destinataire de la technologie. D’une part, comme nous avons déjà vu, le détenteur de
l’innovation technologique craint que « des politiques agressives de transfert technologique les
dépossèdent d’actifs intellectuels d’importance stratégique dans la concurrence internationale ».
Ce qui nécessite le renforcement des mécanismes de protection de la propriété intellectuelle.
D’autre part, le récepteur de la technologie, généralement il s’agit des pays en voie de
développement, estime « le transfert de technologies comme un processus onéreux qui devrait
être en partie pris en charge par les pays développés ». Ce qui exige des interventions au niveau
du financement des transferts de technologie, un élément qui constitue une sérieuse barrière à la
diffusion de la technologie pour certains pays en voie de développement en plus de l’intervention
au niveau du développement de la capacité d’absorption des innovations technologiques

111
(Glachant, M. Dussaux, D. Ménière, Y. Dechezleprêtre, A. ,2013). Ainsi, il est important de
veiller à rassembler les conditions générales appropriées pour encourager la diffusion des
technologies à l’échelle internationale.
Le transfert de technologie n’a jamais été une mince affaire. Généralement, le pays récepteur de
la technologie a besoin de détenir un haut niveau de compétence et d’aptitude (Rosenberg, 1982)
pour pouvoir en bénéficié.
Les exemples de projets de transfert de technologies qui n’aboutissent pas sont nombreux, la
cause est généralement unique : la capacité faible et inadéquate des pays récepteurs à
implémenter la technologie.
La capacité d’absorption d’un pays, c’est-à-dire son aptitude à absorber avec succès les
innovations technologiques étrangères, dépend de plusieurs facteurs : disponibilité du personnel
technique qualifié ; information sur les technologies disponibles ; institutions sociales réduisant
les coûts de transaction ; etc. Eaton J. et Kortum S. (1996) expliquent comment des pays tels le
Japon et les pays européens membres de l'OCDE, ayant de fortes capacités d'absorption, profitent
de la quasi-totalité de leurs gains de productivité que procure le transfert des innovations
technologiques étrangères. Les capacités d'absorption facilitent également la diffusion locale de
connaissances provenant du commerce international et des IDE et élargissent ainsi la diffusion de
ces connaissances au sein même du pays récepteur (Glachant et al ,2013).

1.1.3 Les paradigmes actuels de transfert international de technologie


Selon BREWER (2008), les aspects du transfert de technologie internationale varient selon trois
cadres institutionnels : l’aide publique au développement Nord-Sud, l’investissement
international privé et le commerce, et les accords de coopération international public-privé.
Ces trois paradigmes reflètent différentes notions de caractéristiques clés du processus de
transfert de technologie :

1.1.3.1 Transfert de technologie et des flux financiers Nord-Sud :


Il est généralement utilisé dans le contexte des conventions internationales (exemple : les
transferts de technologie résultant des aides dans le cadre de Convention-cadre des Nations Unies
sur les changements climatiques. Il s’agit là de transferts unidirectionnels de technologie depuis
les pays développés vers les pays en développement, basés sur « l’écart technologique ». Les
niveaux et les tendances dans l'aide publique au développement (APD) des programmes

112
bilatéraux et multilatéraux sont les principaux déterminants des niveaux et de la composition des
transferts de technologie.

1.1.3.2 Transfert de la technologie au niveau mondiale à travers le commerce et les flux


d'investissement
Résulte des politiques commerciales et des investissements internationaux. Ce cadre de transfert
de la technologie est basé sur le rôle des entreprises, en particulier les entreprises multinationales,
comme facilitateurs - et parfois même des inhibiteurs - des flux internationaux de technologie, en
particulier par le commerce et l'investissement étranger direct dans les biens et services. Il ne
s’agit pas d’un transfert nord-sud de technologie, vu le caractère changeant de la géographie
internationale du transfert de technologie, expliquée par l'importance croissante des pays en
développement en tant que sources de technologies.

1.1.3.3 Transfert de technologie dans le cadre des accords de coopération internationale


public-privé

Les accords de coopération internationaux impliquant à la fois le secteur public et les entités du
secteur privé, engagés dans des projets spécifiques. De tels arrangements sont développés pour
surmonter les défaillances du marché liées aux investissements du secteur public dans les
infrastructures à long terme et de surmonter les obstacles à la diffusion internationale de la
connaissance. L’exemple de l’Union Européenne qui a conclu des accords bilatéraux avec la
Chine et l'Inde et qu'il a participé à plusieurs accords plurilatéraux basés sur des technologies
spécifiques, illustre le rôle des accords de coopération internationale publique-privé dans la mise
à niveau des économies émergentes et la diffusion des innovations technologiques.

Quant à la nature de la relation entre les parties prenantes à un projet de transfert de technologie
et le choix du type de l’accord, ils résultent souvent d’un long processus de négociation entre ces
parties. Un résultat qui dépend d’un certain nombre d’éléments, y compris certains des éléments
suivants présentés par la WIPO34:

- La complexité et le niveau de développement de la technologie qui consiste à acquérir ;


- Les besoins réels du bénéficiaire ;

34
« Overview of contractual agreements for the transfer of technology »
http://www.wipo.int/export/sites/www/sme/en/documents/pdf/technology_transfer.pdf consulté le 14/06/2016.

113
- La capacité technologique du cessionnaire et la capacité d'utiliser et/ou adapter la technologie
achetée ;
- La pertinence, la disponibilité et l'efficacité des coûts de technologies alternatives,
- Le prix à payer (en espèces ou en nature) par le destinataire,
- Les autres termes et conditions proposés pour le transfert, comme le soutien offert pendant et
après le transfert dans l'absorption et l'adaptation de la nouvelle technologie, ou des droits sur des
améliorations ou adaptations apportées par le bénéficiaire,
- Le pouvoir de négociation des deux parties (qui, à son tour, dépend de variables telles que la
taille, le secteur technologique, la demande pour la technologie, le nombre de concurrents, etc.)
- Le type de relation envisagée entre les deux parties (par exemple à long terme, à court terme ou
l'achat unique de produits / services.)
- Les questions relatives à la responsabilité des produits, indemnité, garantie, etc.,
- Si le soutien technique et de la formation pour l'utilisation de nouvelles technologies et de
l'équipement connexe est nécessaire.
La mise en accord sur les facteurs ci-dessus a une influence sur la capacité de négocier un accord
mutuellement bénéfique par les deux parties, diffuseur et récepteur de l’innovation
technologique.
Section 2. Le cluster, un milieu favorable aux transferts de technologies et à la diffusion des
connaissances
La première vocation des clusters est la mise en relation de différents acteurs dans le cadre de
proximités géographique, cognitive et intellectuelle, qui favorise la fertilisation croisée des
connaissances et des compétences. Par les moyens qu’il offre, un cluster est un terrain favorable à
l’attraction des IDE et ainsi à l’implémentation de filiale d’entreprises multinationales. Ce qui
favorise l’intégration et à la mise en œuvre de nouvelles technologies transférées par les
différents canaux que nous avons déjà cités. Aussi, c’est un milieu propice à l’innovation et à la
diffusion des nouvelles technologies depuis les laboratoires universitaires vers le monde de
l’entreprise.

2.1 Les clusters, un milieu favorable au transfert international de technologies


Les pays innovants sont les plus productifs, mais grâce au transfert international de technologie,
leurs innovations stimulent la croissance ailleurs (Gerschenkron, 1962).

114
Malgré l’importance que joue le commerce international dans la diffusion des innovations et des
nouvelles technologies, l’IDE est potentiellement le plus important véhicule international de
transfert de technologie pour les entreprises. Les entreprises mères (étrangères) implémentent des
filiales munies de gouvernance d'entreprise plus efficace, et tendent à transférer une technologie
plus récente plus rapidement que les contrats de licence et le commerce international (Mansfield
& Romeo 1980). Ainsi, nous allons consacrer ce qui suit au transfert de technologie à travers les
IDE et l’implémentation de filiale de FMN dans les clusters.

2.1.1 Le rôle de des filiales de FMN dans le transfert international de technologie dans le
cadre d’un cluster

L'IDE est un facteur clé pour alimenter et favoriser le développement économique. Les firmes
multinationales, agents de l'IDE, agissent sur plusieurs niveaux, en fournissant les capitaux qui
mobilisent le travail et d’autres facteurs de production, mais ils peuvent également agir en tant
que canaux de transfert de technologie. Les multinationales transfèrent la technologie brevetable
sous une forme dite « Hard » (produits, équipements, matériaux, etc.), mais elles créent aussi des
externalités positives en transférant des technologies dites « soft » (compétences de gestion,
connaissances tacites, etc.) et par la stimulation de la concurrence dans leurs secteurs particuliers
et adjacents (Thompson, E. R., & Poon, J. P. H., 1998). Les clusters favorisent l’essor de ces liens
intra et inter industries par lesquelles des spillovers de technologies dites « soft » affectent les
économies locales (Altenburg, T., & Meyer-Stamer, J. (1999).

En plus de la capacité d’absorption, la quantité de connaissances transférées et diffusées dans un


pays récepteur dépend des canaux à travers lesquels le transfert international de technologies va
s'opérer. Généralement, la diffusion de connaissances résulte de transactions commerciales via la
rétro-ingénierie, la circulation de main-d'œuvre qualifiée ou les interactions avec les fournisseurs
et des distributeurs locaux (Keller, 2004).
Le commerce de biens manufacturés et des équipements reste beaucoup moins riche en savoir
que les IDE, et les IDE que les concessions de licences (Glachant et al. 2013). Les sociétés
locales peuvent en effet pratiquer la rétro-ingénierie sur les produits importés ou acquérir des
connaissances via leurs relations commerciales en étant que client ou distributeur avec la société
d'origine. Coe et al. (1997) avancent que la part d’importations de machines et d'équipements

115
dans le PIB a un effet positif sur la productivité totale des facteurs des pays en voie de
développement.
Malgré l’importance de l’apport du commerce international dans le processus de transfert
international de technologie, les investissements directs étrangers impliquent de loin plus de
transfert de connaissances. Les investissements directs étrangers sont probablement le canal le
plus important et le moins cher du transfert direct de technologie, ainsi que, la diffusion des
connaissances intra-industrielles indirectes aux pays en développement (Blomström et Kokko
1997). Les IDE offrent la possibilité d'exploiter les connaissances au sein de leurs filiales
étrangères et non seulement dans leur pays d’origine. Ils offrent également la possibilité aux
employés locaux l’opportunité de se familiariser avec la dans un environnement ou la technologie
est maitrisée, et peuvent par la suite travailler au sein d’une autre société du pays récepteur et
garantir une diffusion technologique plus importante.
Grâce à la proximité géographique et aux relations marchandes et non marchandes, les
entreprises locales peuvent également augmenter leur productivité en observant les entreprises
étrangères voisines pour bénéficier des effets de démonstrations, d'imitation et d'entraînement
(Kokko, 1992), ou en devenant leur fournisseur ou leur client.
2.1.2 Les Spillovers induits par la localisation des FMN au sein d’un cluster
Les spillovers, la diffusion des connaissances ou les débordements technologiques, se produisent
à la suite de l'introduction de nouvelles technologies et de compétences managériales par les
filiales des firmes multinationales, grâce à l’effet de la proximité géographique offerte par
l’agglomération dans des clusters, et qui sont généralement plus avancé que celles des entreprises
locales.
Il existe différentes façons à travers desquelles la diffusion des connaissances des sociétés
étrangères affiliées ou firmes multinationales peuvent accélérer le changement technique et
l'apprentissage technologique chez les entreprises locales, Kokko (1992) et Perez (1998) en
présentent les suivantes :
 La concurrence avec la société étrangère affiliée peut augmenter les spillovers intra-
industriels en stimulant le changement technique et technologique. Une plus grande
pression concurrentielle incite les entreprises locales à introduire de nouveaux produits
pour défendre leur part de marché et adopter de nouvelles méthodes de gestion pour
accroître la productivité.

116
 La coopération entre filiales étrangères, les fournisseurs en amont et clients en aval,
favorise la diffusion des connaissances (retombées verticales). Pour inciter leurs
fournisseurs à améliorer et mettre à niveau leurs normes de qualité, les filiales étrangères
fournissent souvent des ressources afin d’améliorer leurs capacités technologiques.
 Le capital humain peut « déborder » depuis les filiales étrangères vers d'autres entreprises
locales, par la circulation de main-d'œuvre qualifiée entre les entreprises. Ces retombées
sont particulièrement importantes pour les entreprises qui ne disposent pas des capacités
technologiques et des compétences managériales pour rivaliser sur les marchés
internationaux.
 La proximité des entreprises locales aux filiales étrangères peut parfois conduire à des
démonstrations ou imitations : lorsque les filiales étrangères introduisent de nouveaux
produits, équipements, processus ou formes d'organisation, il se peut, dans le cadre de
projets de coopération, qu’elles fournissent une démonstration de l'efficacité de leurs
innovations aux entreprises locales partenaires. Les entreprises locales peuvent également
imiter les filiales étrangères par le biais de l'ingénierie inverse, les contacts personnels et
de l'espionnage industriel.
 Enfin, une concentration des activités industrielles connexes peut aussi encourager la
formation de grappes industrielles, agglomérations d’entreprises ou clusters qui
encouragent davantage les IDE et les retombées locales.
Étant donné que les bénéfices du transfert international de technologie et des connaissances,
issues des IDE et des clusters, sont facilités par de multiples mécanismes communs de spillovers
verticaux et horizontaux, il semble raisonnable de penser qu’implémenter des IDE dans des
clusters préexistants ou en formation devrait être plus efficace en matière de transfert de
technologie, que des IDE dans un même secteur, mais qui sont géographiquement dispersés
(Thompson, E. R, 2002). Toutefois, les firmes multinationales peuvent être très efficaces lorsqu’il
s’agit de protéger leurs avantages technologiques et ainsi prévenir de potentiels spillovers (Görg
et Greenaway, 2001) qui risqueraient de mettre en péril leur avantage concurrentiel. Aussi, toutes
les retombées ne sont pas nécessairement positives. L'IDE peut générer des externalités négatives
lorsque les entreprises étrangères munies de technologies avancées supérieures à celles indigènes
poussent les entreprises locales à abandonner leurs parts de marché, et créent ainsi un effet
d'éviction.

117
Les IDE et les clusters se basent, séparément, sur des mécanismes communs pour assurer la
diffusion des connaissances, le transfert de technologie et le développement économique. Le
spillover technologique et le transfert de technologies tacites à travers l’IDE, quelque en soit le
secteur d’activité, présent sur un territoire donné lui offrant la proximité géographique avec
d’autres acteurs de son secteur ou de secteurs adjacents, comme dans le cadre d’un cluster, seront
de toute évidence largement plus effectifs que si le secteur d’activité auquel appartient l’IDE, est
géographiquement dispersé.

2.2 Le transfert de technologie au sein des clusters : de l’université à l’entreprise


La théorie des clusters met l’accent sur le rôle important des facteurs internes à l'entreprise dans
la compétitivité et l'innovation. Cependant, d’autres caractéristiques externes et régionales sont
nécessaires pour la création d’un véritable cluster concurrentiel. Les universités représentent un
tel « facteur régional » qui influence les aspects de la compétitivité du cluster. Les universités,
par leurs activités de formation et de R&D, constituent un atout qui améliore la qualité des
intrants et le niveau des employés, par la mise à niveau du capital humain et la diffusion des
connaissances. Les universités favorisent également la diversité économique.
Les activités de recherche donnent lieux à deux effets, ayant un caractère complémentaire, sur la
croissance de la productivité de l'entreprise (Cohen et Levinthal, 1989) : d’une part, la R&D
développe directement le niveau de la technologie des entreprises par d’innovations, par effet
d'innovation. D'autre part, elle augmente la capacité d'absorption de l'entreprise - capacité à
identifier, assimiler et exploiter les connaissances transférées, par le développement de l'effet
d'absorption.

Alors que le transfert de technologie tenait essentiellement aux brevets, il inclut désormais des
licences, des consortiums de recherche, de programmes de vulgarisation industrielle (assistance
technique), les entreprises issues de spins off, des parcs de recherche, des incubateurs des
startups, services de consulting industriel, et les fonds de capital-risque (Matkin, 1997). Le
transfert de technologie peut également inclure la diffusion des connaissances par des moyens
plus informels, tels que les réunions entre les universitaires et les professionnels de l'industrie.

La chaîne de valeur opérationnelle du transfert de technologie est constituée de cinq étapes qui
commencent bien évidemment par la recherche, la transformation de la recherche en

118
divulgations35 d'invention, inventions divulguées qui sont brevetées, les brevets en licences et
licences en argent. Cependant, la nature précoce des technologies issues des laboratoires de
recherche universitaire (innovations pas complètement adaptées à la forme commerciale que
réclame le marché par exemple), fait qu’il existe généralement un décalage de cinq à quinze
années entre le moment où la communication sur l'innovation est faite et celui où une telle
technologie connaît un succès commercial suffisant pour apporter un retour significatif, si jamais
c'est le cas (Thomas, A. 2007).

Motiver les chercheurs universitaires pour s’investir dans les activités de commercialisation de
leurs inventions ou découvertes revient à leur fournir un appui, par la mise à leur disposition de
directives pratiques, organiser des séminaires de formation réguliers pour montrer au personnel
enseignant et chercheur comment faire une divulgation officielle, relier les activités de
commercialisation au développement de carrière universitaire, et mettre en place des incubateurs
d’entreprises ou startups. Aussi il est impératif que les chercheurs puissent bénéficier de manière
juste des revenus futurs possibles des licences, ou de la participation dans les startups.

Il est indispensable pour les pays en voie de développement de veiller sur le développement de
leurs écosystèmes d'innovation, est de mettre en place des programmes adéquats pour pouvoir
tirer parti de la recherche universitaire. Toutefois, comme le soulignent Parrilli, Aranguren, et
Larrea (2010) « la simple juxtaposition des centres de R & D, des laboratoires, des universités,
de capital-risque ne peut pas produire de l'innovation si elles ne possèdent pas une interaction
efficace ». D’où l’importance de mettre en place des organismes suffisamment qualifiés tels que
les Centres de transfert de technologie afin maintenir le dialogue et assurer le feed-back entre le
monde universitaire et le monde de l’entreprise et de faciliter la création de startups innovantes.

2.2.1 Centre de transfert de technologie


Comme souligné dans les chapitres précédents, les externalités de connaissances non marchandes
au sein d’un cluster ont lieu principalement à travers la mobilité de la main-d'œuvre, les spins
offs locaux et les interactions entre les différents acteurs locaux (universitaires, chercheurs,
fournisseurs, clients, concurrents et autres…). En ce qui concerne les externalités marchandes, les

35
Invention disclosure

119
centres de transfert de technologie jouent un rôle important en tant que pourvoyeur de flux et
d’échange de la connaissance.
Les centres de transfert de technologie font partie du système d'innovation sur un territoire,
appelés aussi Instituts Scientifique par Porter (1990), ils sont définis comme « des instituts de
technologie qui offrent des services aux entreprises afin de compléter leurs connaissances, et
offrent des services tels que la formation, l'information, l'intermédiation (avec les universités),
l'évaluation technologique et le conseil, ou de la R & D et des projets d'innovation » (Albors, JO
Blanca de-Miguel, B. Hervas, LJ Hidalgo, A. 2012). Ce sont les principales infrastructures
technologiques de pointe, qui constituent les systèmes d'innovation dans les régions et les
clusters.
Cependant, la littérature économique qui traite le phénomène des centres de transfert de
technologie montre qu’il est principalement basé dans des clusters hight tech (Albros, 2012), ce
qui est un élément à considérer lors de la mise en place de politiques d’innovation dans les pays
en voie de développement dont les clusters ne sont pas spécialisés dans les technologies de
pointe, ou peu le sont. Le rôle des centres de transfert de technologie dans le développement des
PME/PMI localisées dans des clusters low tech, mériterai d’être approfondi par de futures études
empiriques.

2.2.2. Mission et objectifs

Albors et al(2012) expliquent que les centres de transfert de technologie utilisent généralement
un modèle d'innovation en trois étapes : construire les capacités (d'innovation), à l'aide du
financement de base et d'autres aspects de financement tels que les coopérations avec les
universités ; étendre ces capacités dans le travail pré concurrentiel en coopération avec
l'industrie ; et enfin les utiliser pour fournir des services avec la maturation des technologies.
Aussi, les centres de transfert de technologie explorent de nouvelles possibilités et diffusent les
nouvelles technologies et ainsi que leurs applications au sein des clusters (Galaskiewicz 1985), ce
qui en fait des intermédiaires de connaissances dans un processus « d'épaississement
institutionnel36 » (Velluzzi 2010) qui revient à renforcer la compétitivité et la performance des
entreprises co-localisées.

36
Institutional thickening.

120
Une étude faite par Garcia Quevedo et Mas-Verdu (2008) suggère que les services offerts par les
centres de transfert de technologies peuvent être classés selon les fonctions qu’ils développent :
les activités liées à la diffusion des connaissances (formation, information, et démonstration) ; les
activités favorisant l'interaction entre les agents dans l’écosystème d’innovation, en particulier les
entreprises, la promotion de la coopération ou l'amélioration des opérations d'information basée
sur les connaissances et l'expérience des agents (intermédiation) ;les activités de nature plus
individuelle, consistante en la fourniture de services spécifiques à des entreprises spécifiques
(formation sur mesure, évaluation technologique et conseil).
Il est impératif de distinguer le rôle des centres de transfert de technologie et celui des universités
au sein d’un cluster : les centres de transfert de technologie visent principalement la collaboration
et le transfert des connaissances à l'industrie dans le cadre de leur mission de base, tandis que les
universités sont principalement motivées pour collaborer avec l'industrie en raison du besoin de
mobiliser des ressources supplémentaires nécessaires pour financer la recherche et d'autres
activités universitaires (Cohen et al. 1998).
Les centres de transferts de technologie jouent un rôle clé dans le système d'innovation de leurs
territoires ou clusters, en créant et diffusant les connaissances et en servant l’offre de la
connectivité entre les agents d'innovation. Cependant, les spécificités de ces centres varient selon
la culture d’innovation et les capacités d’initiative des acteurs et les incitations institutionnelles.
Pour illustrer cette diversité, nous allons présenter le modèle français, à travers les Sociétés
d’Accélération du Transfert de Technologie et le modèle américain à travers les Technology
transfer offices.

2.2.3 Le modèle français : Sociétés d’accélération du transfert de technologie (SATT)

Dans l’exemple français, les SATT opèrent comme des gestionnaires de la propriété intellectuelle
pour le compte de tiers. Les pôles de compétitivité quant à eux, ils ont le souci de la cohérence et
de la complémentarité des portefeuilles de brevets relatifs à la vie de l’écosystème d’innovation.
Ainsi, ces deux entités partagent les mêmes soucis sur la solidité et l’impact des portefeuilles de
brevets. Une homologie dans l’objectif et une complémentarité des activités, relient les SATT et
les PdC et impose une coopération pour éviter la redondance des actions et le double effort.37

37
http://www.anrt-valoris.fr/documents/maturation-poles-satt-valoris-121112.pdf consulté 22/06/2016.

121
Les sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT) ont été créées dans le cadre
du Programme des Investissements d’Avenir, au sein de l’action « Valorisation », et bénéficient
d’un financement de l’État de 856 millions d’euros dont une part importante est consacrée à la
propriété intellectuelle et à la maturation des projets innovants 38. Ce sont des structures de droit
privé : des sociétés par actions simplifiées. Une SATT est une structure à vocation locale, créée
par un ou plusieurs établissements, affiliée à des universités et/ou à des organismes de recherche
et dotée du plus grand nombre d’équipes de valorisation de sites universitaires. Elles agissent
comme un outil de financement de la valorisation et de la maturation des résultats de la recherche

Il existe 14 SATT sur le territoire français, auxquels est confiée la valorisation des résultats de
recherche des 160 établissements de recherche. Ces structures « de proximité et de confiance»
jouent un rôle déterminant dans la simplification des relations entre chercheurs universitaires et
entreprises.

Objectif et missions

Une SATT a pour objectif de repérer et d’évaluer les inventions issues des laboratoires de la
recherche publique pour les accompagner dans leur parcours jusqu’à leur transfert vers des
entreprises et ainsi leur mise sur le marché.
Elles visent à assurer le transfert technologique des innovations issues de la recherche
universitaire vers le monde de l’entreprise. Pour cela, elles ont une double mission :
 Financer les phases de maturation de projets issus de la recherche publique ;
 Assurer une prestation de services de valorisation principalement au profit de leurs
actionnaires locaux (détection des innovations valorisables, gestion et commercialisation
de la propriété intellectuelle, veille, etc.).

Une SATT veille à assurer sa mission de simplifier, accélérer et faciliter le transfert des
découvertes et des compétences depuis la recherche publique aux applications concrètes en
accord avec les besoins des entreprises, en assurant des activités telles que les dépôts de brevets,
les opérations de preuve de concept, les créations de start-up, le licensing, etc., afin de maximiser

38
http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid25488/societes-d-acceleration-detransfert-de-technologies-satt.html consulté
le 22/06/2016.

122
l’impact socio-économique des résultats de la recherche académique et favoriser la création
d’emplois.

Leur principale activité est donc « d'investir dans des projets de maturation d’inventions et de
preuve de concept pour créer in fine, par les avancées de la R&D, de la valeur et des emplois
dans des entreprises, existantes ou nouvelles, qui vont exploiter ces innovations. »39
Activités

Les SATT assurent l’activité du transfert de technologies ainsi que la maturation des inventions
issues de ces unités de recherche, grâce à la proximité et aux relations qu’elles entretiennent avec
les unités de la recherche publique en portant le risque technologique et financier inhérent à ces
projets.

Afin de simplifier et de professionnaliser le transfert des innovations technologiques issues de la


recherche académique vers les marchés socio-économiques, les SATT interviennent sur toute la
chaîne du transfert40 :

 Identification des projets innovants à valeur ajoutée et positionnement par rapport à la


concurrence et aux besoins du marché ;
 Protection des résultats de recherche par le dépôt et l’entretien de titres de propriété
intellectuelle et industrielle ;
 Mise en place et gestion des projets de maturation validés ;
 Commercialisation jusqu’au transfert au monde économique sous forme de licensing et de
création de start-up.
Financement et gouvernance
Les SATT ont le statut de Société par Actions Simplifiées, elles disposent d’un capital de 1
million d’euros répartis à 67 % pour les établissements publics de recherche en régions et à 33 %
pour la Caisse des Dépôts et Consignations pour le compte de l’État. Les SATT sont dotées d’un
apport en quasi-fonds propres sur 10 ans, versé en 3 tranches qui sont conditionnées par des
étapes d’évaluation de la performance. Leurs actionnaires académiques confient mandat et
licence exclusifs aux SATT pour la valorisation de leurs résultats de recherche. Les

39
http://competitivite.gouv.fr/les-investissements-d-avenir-une-opportunite-pour-les-poles-de-competitivite/les-societes-d-
acceleration-du-transfert-de-technologie-satt-752.html
40
http://www.satt.fr/

123
établissements de recherche restent propriétaires de leur propriété intellectuelle et notamment des
titres de propriété industrielle tels que les brevets41. Pour ce qui est des revenus de licences ou
cessions de transfert opérés, ils sont répartis d’un commun accord avec l’ensemble des
actionnaires, à savoir la SATT, le laboratoire de recherche et les chercheurs. 

Les SATT bénéficient d’importants financements de la part de l’État, ce qui traduit l’intérêt que
porte l’État français au soutient de l’innovation, à la valorisation de la recherche universitaire et
au transfert des innovations technologiques de la recherche publique vers le marché économique.

La gouvernance des SATT s’organise comme suit :

Schéma N°2 : structuration de la gouvernance d’une SATT


Source : http://www.satt.fr/

Il convient de remarquer que, malgré des objectifs communs et leur localisation sur un même
territoire, le périmètre d’action et les thèmes abordés par les SATT et les pôles de compétitivité
diffèrent. Les pôles de compétitivité sont monothématiques, alors que les SATT traitent plusieurs
thématiques. Généralement une SATT a plusieurs axes thématiques différents sur son périmètre
géographique, mais seulement une partie de ses thèmes sont couverts par les pôles en question.
Autrement dit, une SATT a des relations avec plusieurs pôles de son territoire (ANRT-ValoRIS,
2012).

2.2.4 Technology transfer office : le modèle américain


Aux Etats-Unis, dans chaque université, l'objectif du transfert de technologie peut être considéré
comme se situant quelque part dans un triangle isocèle délimité par trois facteurs : le service, les
revenus et la conformité. Pour certaines institutions, les revenus attendus des licences sont un

41
www.satt.fr/wordpress/que-sont-les-satt/ consulté le 11/06/2016

124
objectif majeur du processus de transfert de technologie. Pour d'autres, servir le corps professoral
et de recherche des universités et les projets de recherche est l'objectif qui prime (Capelli, 2005).

Un bureau de transfert de technologie est une unité d'affaires avec l’objectif de « chercher la
juste valeur marchande de la propriété intellectuelle de l'université... au profit de l'université, du
personnel et de la communauté universitaire » (Innes, 2006). Il y a différentes appellations pour
les centres de transfert de technologie à l’américaine, qui diffèrent d’une institution de recherche
à l’autre. On peut trouver Office of Technology Transfer, Office of Technology Developpement,
Office of Technology Managment, Office of technology Licencing, etc. Toutefois, leur vocation
est la même.

C’est en 1980 que le Congrès a adopté la loi « Bayh-Dole Act1 » qui permet aux universités
américaines, aux centres hospitaliers universitaires et aux instituts publics de recherche d’avoir le
droit systématique de s’approprier les inventions et innovations développées grâce au
financement fédéral. Depuis, ces institutions ont mis en place les bureaux de transfert de
technologie qui assurent la protection de la propriété intellectuelle de leurs inventions, et les
concèdent aux entreprises, celles déjà établies sur le marché ou des startups, en vue de les
développer et les commercialiser (Abrams, I. Leung, G. Stevens, A. 2009).

Objectif et missions

Capelli (2005) présente l’exemple de l’université de Pittsburgh, qui estime que l’objectif
principal de tout bureau de transfert de technologie, et duquel dépend sa réussite, tient à la qualité
des services qu’il offre à la fois au personnel de la recherche et à aux partenaires industriels
potentiels.

Les missions du bureau de transfert de technologie de l’université de Pittsburgh se divisent en


deux catégories : celles au service de la communauté scientifique et des chercheurs de
l’université et celles au service des entreprises et industrielles.
Pour la communauté universitaire, les services du bureau de transfert de technologie
comprennent :
 Gérer de la propriété intellectuelle ;
 Conclure de « bonnes affaires » avec les start-ups et les autres détenteurs de licences ;

125
 Fournir de l’information, de la formation et des conseils aux chercheurs sur la propriété
intellectuelle et le transfert de technologie.

Pour le milieu industriel, les services du bureau de transfert de technologie comprennent :


 Tendre un pont entre la science et les affaires
 Permettre aux acteurs du milieu des affaires d’accéder aux actifs de propriété intellectuelle
de l'université, dans ce cas-là ceux de l’université de Pittsburgh.
 Travailler avec des industriels et des investisseurs privés pour retrouver dans le
portefeuille de propriété intellectuelle disponible ce qui correspondra à leurs intérêts, ou
les initier aux résultats des chercheurs de renoms, penchés sur de nouvelles générations
d'innovations ;
 Accompagner les entreprises pour tisser des relations d'affaires avec les innovateurs
universitaires et les entrepreneurs du gouvernement fédéral.

Activités

Le bureau de transfert de technologie joue un rôle majeur dans la promotion et le développement


de transfert de technologie dans les universités. Dans l’exemple de l’université de Pittsburgh, et
afin de développer l’esprit d’Entreprenariat au sein de l’université, d'attirer des doctorants
brillants, et d'améliorer la recherche universitaire, les principales activités de tout bureau de
transfert de technologie consistent généralement en l’octroi de licences, la gestion de la propriété
intellectuelle et l'éducation.
• Licencing
Commercialiser les innovations développées à l'université d'une manière efficace et rentable
permet au bureau de transfert de technologie de fournir un excellent service à la communauté
universitaire. En conséquence, l’octroi des licences et la génération de revenus sont les fonctions
clés du bureau. Le processus d’octroi de licence consiste en la pratique des activités suivantes :
Déterminer la juste valeur marchande des licences : La juste valeur marchande
représente la valeur actuelle nette de la propriété intellectuelle propre de l'université.
Déterminer la juste valeur marchande de la propriété intellectuelle d'une innovation
dépend généralement de la possibilité d'établir sa valeur relative. La valeur relative

126
s’obtint en examinant la valeur d'une licence comparable qui est actuellement sur le
marché ou qui en cours de développement pour le lancement sur le marché
Déterminer la structure de la transaction : Une fois que la juste valeur marchande est
déterminée, le bureau et l'acheteur de la licence négocient, en utilisant les meilleures
pratiques commerciales, une structure de la transaction qui respecte cette juste valeur
marchande convenue. Meilleures pratiques d'affaires impliquent la structuration de
l'accord de licence pour aborde à la fois les risques et les revenus
• Gestion de la propriété intellectuelle :

La seconde fonction majeure du bureau de transfert de technologie à l’université de Pittsburgh est


la gestion de la propriété intellectuelle.
Une innovation suit le parcours suivant : Quand une invention a vu le jour par un chercheur de
l’université, une déclaration d'invention est soumise au bureau de transfert de technologie. Cette
déclaration est soumise par la suite par voie électronique afin d’entrer dans la base de données
qui est utilisée pour le suivi et les rapports de toutes les inventions de l’université. Une fois par
mois, un comité distinct, composé de divers enseignants des disciplines scientifiques
d’ingénierie. Ce Comité de transfert de technologie se réunit pour déterminer quelle déclaration
d’invention devrait être considérée pour le dépôt d'une demande de brevet, celle qui nécessite un
complément de données, et celle qui peut être commercialisée comme outils de recherche non
patentés ou sous droits d'auteur.

127
Schéma N°3 : Processus d’évaluation d’innovation
Source: traduit par l’auteur depuis Capelli, C. C. 2006 « Technology Transfer Practice Manual: Technology Transfer
Office as a Business Unit », Association of University Technology Managers, USA.

 Education
La troisième grande fonction du bureau de transfert de technologie, est d’assurer des services
d'éducation au profit de la communauté des chercheurs universitaires. Il s’agit d’offrir des
présentations lors de réunions départementales du personnel, des séminaires, la distribution de
matériel éducatif et des conseils personnalisés sur les politiques universitaires de la propriété
intellectuelle, les questions relatives au transfert de technologie aux divulgations d'inventions et
aux demandes de brevet ultérieures.

Quant à la performance des bureaux de transfert de technologie, elle dépend étroitement des
certains facteurs de succès (Thomas A, 2007 ; York et Ahn, 2012 ; Tseng A et Raudensky M,
2014) :
 L’importance de la quantité d'activité de recherche et le nombre de divulgations ;
 La qualité des activités de recherche ;
 Le prestige institutionnel ;

128
 La maturité du bureau de transfert de technologie avec le temps, ce qui permet
d'accumuler les expériences réussies, et d’avoir un « effet réseau » avec les partenaires
dans le monde de l’entreprise, qui peut avoir pour impact une baisse des coûts de
transaction en raison de la confiance construite avec des partenaires commerciaux ;
 La focalisation sur la génération des revenus ;
 La stratégie commerciale et marketing ;
 La veille et le benshmarking des performances ;
 Le type de recherche42 ;
 Le positionnement géographique et l’effet positif de la localisation dans des clusters
technologiques denses ;
 L'importance de l’investissement et l'appui institutionnel.

Financement et gouvernance

Une étude conduite par des chercheurs américains (Abrams et al, 2009) auprès des directeurs des
bureaux de transfert de technologies a révélé d’importantes données sur, entre autres, les
dépenses ainsi que les sources de financement de ces unités, les proportions de la participation
des institutions de recherche et celles des revenus des transferts de technologie dans leur
financement.
L’analyse de ces données fournit les informations suivantes :
 Les établissements universitaires dépensent en moyenne 0,6 % de leurs budgets de
recherche sur le transfert de la technologie résultant de leurs programmes de recherche.
Ces dépenses étant réparties comme suit : 45 % couvre les frais de la protection des
brevets et 55 % couvre les coûts d'exploitation du bureau de transfert de technologie ;
 Plus de la moitié des programmes de transfert de technologie apportent moins d'argent
que les coûts de fonctionnement du programme, et seulement 16 % réalisent l’autonomie
financière, apportant un revenu suffisant qui, après les distributions aux inventeurs et à la
recherche, laisse des fonds suffisants pour couvrir les coûts de fonctionnement du
programme ;

42
Originellement dite « the flavour of the reaserche »

129
 20,3 % des bureaux de transfert de technologie sont tenus de financer 50 % ou plus de
leur budget de fonctionnement du revenu qu'ils génèrent ;
 57 % des bureaux de transfert de technologie attachés aux institutions de recherche,
universités et laboratoires de recherche sont entièrement financés par leurs institutions.
Alors que 38 % des bureaux de transfert de technologie rattachés aux centres de recherche
hospitaliers le sont ;
 Le financement des bureaux de transfert de technologie est reçu généralement de diverses
sources : 47 % de ces unités reçoivent une partie de leur budget de l'institution et une
partie des revenus de licence.
 L’évidente corrélation entre la taille du budget de recherche d'une université et comment
son bureau de transfert de technologie est financé. Comme expliqués dans la figure ci-
dessus, plus de 60 % des bureaux de transfert de technologie rattachés à de très petites
universités sont entièrement financés par l'institution, alors qu'aucune unité de cette
catégorie n’est entièrement financée par le revenu des licences. En revanche, dans les
grandes et très grandes universités, 15 % des bureaux de transfert de technologie sont
entièrement financés par les revenus des licences, et relativement peu sont financés
entièrement par l'institution ;

Figure N°14: Sources du budget des BTT par taille du budget de la recherche de l’institution de recherche
Source: traduit par l’auteur depuis (Abrams et al, 2009)

 Comme l’explique le tableau ci-dessous, plus de 50 % des bureaux de transfert de


technologie sont déficitaires sur leurs activités de transfert de technologie, alors que
seulement 16 % réalisent l’autosuffisance, c’est-à-dire que ce sont des unités qui arrivent
à conserver du revenu net après les distributions aux inventeurs, à la recherche, à la
protection des brevets et aux coûts d'exploitation;
130
Finances Nombre %
Déficitaire* 68 52,30%
Gross profitable** 27 20,80%
Net profitable*** 14 10,80%
Auto-suffisant**** 21 16,20%
Total 130 100%
Tableau N°5: Contribution financière du transfert de technologie aux institutions
Source: (Abrams et al, 2009)

Les composantes du tableau précédent sont expliquées comme suit :


* Les dépenses totales dépassent le revenu total.
** Le revenu total dépasse les charges totales.
*** Le revenu total moins la distribution des droits des inventeurs dépasse les dépenses totales.
**** Le revenu total moins la distribution aux inventeurs, aux laboratoires, à l’université, etc.
dépasse le total des dépenses

On peut conclure de ces informations que le budget des bureaux de transfert de technologie aux
États-Unis est, dans la majorité des cas, dépendant du financement de leurs institutions de
recherches. Que les revenus des transferts de technologie ne réalisent l’auto suffisante que dans
les cas des universités à grand budget, on peut alors risquer d’en déduire que l’importance des
revenus des licences est relatif à l’importance quantitative et qualitative des résultats de recherche
qui, elle aussi dépend de l’importance du budget alloué à la recherche.
Le transfert de technologie continue de croître, car malgré la dépendance des bureaux de transfert
de technologie aux financements institutionnels, cela n’altère pas leur dévouement à leur premier
objectif, celui de la promotion de la recherche, l’accompagnement et l’offre de service aux
universitaires et le transfert de technologie vers l’industrie, ce qui mène à la création des emplois
et des entreprises, génération de revenu, etc.
La maximisation du profit n’est pas l’objectif N°1 des BTT aux États-Unis, ce qui vient en
premier c’est l’offre de services aux équipes de chercheurs universitaires et la promotion du
transfert de technologie vers l’industrie. « It’s not about the money43» c’est, à juste titre, le mantra
de la communauté de transfert de technologie (Batalia, M. 2006).

43
Ce n’est pas pour l’argent.

131
Les conclusions que nous avons faites dans le chapitre précédent concernant l’importance du rôle
que joue l’État dans la régulation et le développement d’une économie basée sur l’innovation
dans le cas français sont confirmées par les observations concernant la mise en place des SATT,
qui sont des institutions publiques à financement public. Pareil pour l’exemple américain, les
conclusions du chapitre précédant sont corroborées par les observations concernant la mise en
place des BTT, qui sont mis en place suite à l’initiative des universités, ce qui confirme la
libéralisation du champ d’action des universités disposent de toute la marge de manœuvre
nécessaire pour initier et gérer des projets relatifs à la propriété intellectuelle, à la
commercialisation des licences et à la génération de revenus pour les laboratoires de recherche.

2.2.2 Startups : nouvelle génération d’entreprises au service de l’innovation et de la création


de l’emploi

Le transfert de technologie de l'université vers l’industrie se matérialise sous différentes formes,


dont la publication des résultats de la recherche, la production annuelle de nouveaux diplômés
universitaires intègre le monde du travail, et la commercialisation des licences chez des
entreprises déjà établies sur le marché ou à travers des Spin outs, c’est-à-dire la création de
startups innovantes qui portent l’innovation universitaire vers la concrétisation sur le marché
commercial.

Selon Patrick Fridenson44, historien des entreprises, une startup est définie par les quatre
conditions suivantes :

 Une forte croissance potentielle ;


 Utiliser une technologie nouvelle ;
 Avoir besoin d’un financement massif, les fameuses levées de fonde ;
 Être sur un marché nouveau dont le risque est difficile à évaluer.

Une startup, est surtout une entreprise construite autour d’un état d’esprit particulier d’un groupe
de personnes porteur d’un projet innovant, animés par une même passion et une même volonté de
réussir sur un nouveau marché. Selon Robert Langer45 « Ça ne marche jamais aussi bien avec les
grandes entreprises. Elles concentrent leur énergie à démontrer pourquoi la nouvelle technologie

16
Idem
45
Inventeur et Professeur d’ingénierie chimique et biochimique au Kenneth J. Germeshausen à la MIT, Etat Unis.

132
ne fonctionnera pas. Je préfère toujours commencer une nouvelle entreprise : elle livrera un
focus total, de l'énergie, de la passion et de l'engagement » (WIPO, 2005). Toutefois, et malgré le
remarquable avantage, de réunir une équipe d’innovateurs passionnés qui portent et défendent le
projet, la création de startup est beaucoup plus risquée que la cession de licences aux entreprises
déjà établies.

Selon le guide des startups, publié par le bureau de transfert de technologie de l’Université de
Stanford aux États-Unis (2016), les facteurs clés d’une startup réussie commencent par un
concept convaincant, une opportunité commerciale intéressante, un avantage concurrentiel, un
business plan solide, et un management expérimenté. Le rôle de la chance et du timing n’est pas
négligeable non plus. De nombreuses startups échouent même si elles portent une technologie de
base innovante et prometteuse. Le lancement d'une startup réussie nécessite en plus des facteurs
technologiques, d’importants facteurs humains tels l'engagement, le dévouement et la
persévérance.
Il est important de distinguer une startup d’une petite entreprise. Plusieurs éléments entrent en
jeu, dont les sources de financement du projet, la planification à l’avance d’une solution de sortie
(dans le cas des startups, pour garantir le retour sur investissement des financeurs), mais le
facteur qui distingue le plus une startup et une petite entreprise est avant tout la perspective de
croissance de l’entreprise. La startup est une étape dans la vie d’un projet, un état
temporaire. Les étapes suivantes sont généralement l’échec du projet ou sa réussite. L’échec se
traduit par la disparition de la startup à cause d’un business model qui n’est pas viable. Alors que
la réussite, peut se traduire de trois différentes manières : le développement de la startup et sa
croissance commerciale et financière sans changement de sans business model ; l’absorption de la
startup par une plus grande entité ; ou l’évolution de la startup pour devenir une entreprise plus
classique dans l’approche (business model, management, financement…) tout en gardant l’esprit
startup (par exemple, Twitter, Facebook, Google, etc.)46.

2.3.1 Objectif et missions


L’objectif primordial d’une startup est de maximiser les chances d’un transfert de technologie
réussi depuis les laboratoires de recherches vers le marché. Ces technologies sont généralement
encore à un stade précoce et nécessitent un investissement important pour les amener sur le

46
http://1001startups.fr/dis-cest-quoi-une-start-up/ consulté le 09/07/2016.

133
marché. Pour ce faire, le bureau de transfert de technologie qui veille à la création des startups,
préconisent des entrepreneurs dont la passion touche à la limite de l'optimisme irrationnel et qui
ont la foi dans la technologie en question, ainsi que la volonté d’engager leur propre temps et
ressources afin de développer ces inventions.

2.3.2 Développement d’une startup


Avant de se lancer dans l’aventure commerciale de création d’une startup, le bureau de transfert
de technologie de l’université de Harvard à travers son Guide des Startups (2011) suggère aux
innovateurs voulant initier une startup de considérer d’abord les questions suivantes :
 L'invention est une technologie de rupture? Sinon, comment serait-il être classé ?
 Combien de temps faudra-t-il pour lancer sur le marché un produit commercial basé sur
cette technologie?
 Quel est le niveau de risque associé au lancement de la startup?
 La technologie derrière l’initiative de startup a-t-elle des applications claires et un marché
défini?
 Qui détient la propriété intellectuelle?
 Quels seront les rôles des membres de l’équipe de lancement de la startup: employé à
temps plein, membre consultatif du conseil d'administration, membre de direction ou
consultant?
 En termes d’évolution, quels sont les objectifs à long terme de la startup ? Développer la
startup et la positionner sur le marché en vue d’une acquisition ou d'une éventuelle offre
publique initiale47? Ou, construire une petite entité, mais qui puisse être durable sur le
marché?
 La croissance de la startup aura t elle besoin d’investissement privé? Si tel est le cas, le
ou les entrepreneurs envisageraient ils de vendre la startup ou la rendre publique48?
 Quelle est la valeur actuelle (avant investissement) de la startup? La valeur de la startup
avant investissement dépend de plusieurs facteurs dont le stade de développement de la
technologie, l’existence de données relatives à une proof of concept, d’un prototype qui
marche, est surtout de clients prêts à payer pour le produit.

47
Une levée de capitaux par l’introduction en bourse.
48
La réponse à cette question est primordiale pour les investisseurs privés qui comptent sur ces stratégies de sortie pour obtenir un
retour sur leurs investissements.

134
L’efficacité et la performance d’une startup au lancement dépendent de deux types de travaux. Le
premier est un « travail intellectuel ». Il s’agit là de saisir l'opportunité pour créer et affiner une
histoire crédible, reflétant les valeurs et les perspectives d'évolution de la startup, ce qui va attirer
les ressources nécessaires. Le second est en fait de rechercher les ressources nécessaires:
propriété intellectuelle (la technologie porteuse), le financement, le management, les équipements
et l'espace de travail. Une start-up qui attire le financement nécessiterait entre 1000 et 2000
heures pour être créée (Thomas, A. 2007).

2.3.3 Financement
Après la technologie porteuse et la volonté de l’équipe d’innovateurs, le financement est le
facteur clé pour d’abord la viabilité ensuite le développement et la croissance d’une startup. Dans
le cycle de vie d’une startup, elle peut avoir recours à différents types de financement, ce qui en
décide, c’est le un stade de développement qu’elle a atteint, ce qui implique différents défis et
donc différents besoins de financement.
La figure suivante présente les différents types de financement qui accompagne la startup dans
chaque stade de son évolution.

Figure N°15: Les types de financement selon le stade de développement d’une startup
Source: Kerray, Z. 2013 « Le financement du stade précoce de l’innovation (Early Stage): Quelques pistes de réflexion » in
(Diamane, M. et Koubba, S. 2015).

135
Ces financements correspondent à quatre phases décrites par Diamane, M. et Koubba, S. (2015)
pouvant être résumés comme suit :
 Phase d’amorçage et de démarrage :
C’est une phase critique dans la vie d’une startup à cause de l’importance du risque qui lui est
associé. Durant cette phase, la startup n’a pas encore commencé à commercialiser son produit et
donc ne génère pas de chiffre d’affaires. Incapables d’évaluer les perspectives de succès
commercial de la startup, les investisseurs n’y voient qu’un placement à haut risque pour leur
financement, par conséquent il est très difficile d’obtenir un financement à ce stade. L’amorçage
d’une startup nécessite un investissement initial assez important qui est assuré généralement par
les fonds d’amorçage universitaire, des business angels, d’éventuels prix reçus lors de la
distinction dans des concours d’innovation, des aides publics sous forme d’exonérations fiscales
et des fonds personnels des entrepreneurs et de leurs proches (3F).

 Phase de développement initial :


Durant cette phase, malgré la mise sur le marché d’un produit fini, l’activité commerciale reste
relativement faible. Ainsi, les banques sont toujours réticentes, et le financement est reçu des
investisseurs publics spécialisés ou encore aux business angels.

 Phase de croissance
La phase de croissance dans le cycle de vie d’une startup nécessite une augmentation du
financement afin de développer ses capacités de production et de distribution, mais aussi un
accompagnement en management. À ce stade, l’intervention d’un capital-risqueur prend un sens.
Aussi, il devient possible de faire appel au financement bancaire grâce aux premiers résultats
financiers.

 Phase de maturité :
À ce niveau, la startup est plus à même d’accéder à des emprunts bancaires et ouvrir son capital
au public via une introduction en bourse (IPO). Le désengagement des capital-risqueurs suit l’une
des quatre « stratégies de sortie » suivantes : 1) Trade sale, c’est-à-dire revendre la totalité de
l’entreprise à une autre société. Une stratégie de sortie rapide à mettre en œuvre et peu couteuse ;
2) Secondary sale : c’est-à-dire la cession par le capital-risqueur de sa part dans le capital de la
startup à un autre investisseur ; 3) Buy out : c’est-à-dire le rachat de la participation du capital-

136
risqueur par le ou les entrepreneurs/fondateurs de la startup ; 4) Initial Public Offering : c’est
l’introduction en bourse de la startup, ce qui lui permet de renforcer sa notoriété, et permet au
capital-risqueur de revendre ses actions.
La création et le soutient d’une startup est un moyen pour l’équipe des chercheurs, le staff
universitaire et les membres du bureau de transfert de technologie, pour faire progresser les
innovations de manière plus efficace et plus rapide que dans un laboratoire académique ou une
grande entreprise.

Conclusion du chapitre
Le transfert de technologie est un processus qui permet de multiplier les bénéficiaires des
résultats de la R&D sur plusieurs niveaux.
Les transferts internationaux de technologie jouent un double rôle, en apportant des avantages
économiques significatifs au pays récepteur en lui permettant d’acquérir, à moindres frais et dans
un temps réduit, des connaissances et des inventions qui améliorent ses résultats
macroéconomiques d’une part. Et d’autre part, la mise à niveau technologique du pays récepteur
en fait un partenaire commercial encore plus intéressant pour le pays exportateur de la
technologie. Les clusters jouent le rôle de catalyseur pour ce type de transfert de technologie, à
travers la mise en place d’une plateforme attractive aux Investissements Directs Etrangers, le
développement d’un écosystème propice à la diffusion des innovations technologiques et
managériales et la mise en réseaux des entreprises locales avec celles étrangères grâce aux effets
de la proximité géographique, institutionnelle et cognitive.
Un autre niveau de transfert de technologie, qui a lieu dans les clusters, est celui opéré au sein des
universités et des laboratoires de recherches à travers des centres de transfert de technologie. Ces
centres de transfert de technologie jouent le rôle de médiateur entre l’université et le marché. Ils
permettent de traduire les innovations faites dans les laboratoires de recherche académique en
produits commercialisés sur un marché donné. Cette médiation passe par plusieurs étapes depuis
l'évaluation de l’innovation, le brevetage, les licences, jusqu’à, le cas échéant, la création de
startups.

137
Chapitre 5ème :
Modèle de politique publique pour la création et le
développement de cluster dans un pays en voie de
développement

138
Introduction
L’innovation est devenue le moteur principal du développement économique et industriel. La
formation de clusters joue un rôle déterminant dans le renforcement de l’innovation et du
processus d’urbanisation et d’industrialisation d’une région, et inversement, l’environnement
socio-économique influence et favorise la formation et le développement de clusters. Les
gouvernements, partout dans le monde, mettent en place des politiques de soutien à l’innovation
sur une base territoriale, et à la croissance à travers l’initiation et le soutien à la création et au
développement de milieux industriels innovants : districts, clusters, pôles de compétitivité ou plus
généralement des pôles d’activité.
Dans la littérature économique, les clusters sont généralement des entités qui émergent
spontanément, résultant d’un processus d’autoformation, basé sur l’initiative d’entrepreneurs
voulant s’organiser au sein d’un secteur d’activité ou d’une branche d’activité sur un territoire
donné, et ayant prouvé la viabilité de leur idée ou, autrement dit, passé le test du marché (Porter,
1998). Ainsi, les pouvoirs publics qui veulent soutenir les clusters investissent, efforts et
financement, dans la collaboration avec le secteur privé pour renforcer les clusters existants et
favoriser l’expansion des clusters émergents au lieu de s’engager dans la création de clusters
nouveaux.

Pourtant, de plus en plus de gouvernements mettent en place des politiques industrielles de


clusters, pour orienter la création de clusters vers des domaines particuliers ou sur des territoires
choisis. Ces politiques répondent à des orientations stratégiques de longues portées, et de longue
durée, visant à renforcer l’innovation dans des domaines industriels choisis, leur conférer des
avantages compétitifs et conforter la visibilité des territoires ciblés au niveau international.
L’expérience allemande qui a connu un grand succès, citée plus en détail précédemment,
« BioRegio » qui avait pour objectif de booster l’industrie des biotechnologies en Allemagne,
illustre l’intérêt qu’ont les gouvernements à orienter les efforts du secteur privé selon une vision
stratégique. Aussi, les expériences françaises et espagnoles représentent des cas intéressants qui
illustrent les avantages que procure l’accompagnement des pouvoirs publics aux clusters pour un

139
fonctionnement plus efficace. De telles expériences réussies de politiques de cluster inspirent les
pays en voie de développement49 (PVD) ainsi que les pays émergents50.

Toutefois, tous les modèles de développement des clusters ne sont pas adaptés à tous les
contextes socio-économiques. Ainsi, pour engager une politique de cluster dans un PVD, en
s’inspirant des modèles réussis déjà cités, tout en prenant compte de leurs contextes socio-
économico-culturels locaux, les pouvoirs publics jouent un rôle majeur de catalyseur par son
influence sur l'environnement des affaires, la mise à niveau des infrastructures, la mise en réseaux
des acteurs, et le développement d’un environnement de confiance entre les différentes parties
prenantes.
Conscients que chaque territoire ou région constitue des écosystèmes à part, que chaque industrie
a sa propre chaine de valeur qui structure les liens et les interactions entre les différents acteurs,
et qu’il n’existe pas de modèle de cluster « one size fits all », dans ce qui suit nous allons essayer
de proposer un modèle général, de mise en place et de développent de cluster approprié au
contexte des PVD, suivant une politique descendante (top-down), qui peut être par la suite adapté
aux particularités des différentes industries et de régions. Ce modèle pourra servir de base pour la
mise en place d’une politique de cluster autour de trois grands axes : la formation du cluster ; les
mesures d’accompagnement et la procédure d’évaluation de la performance du cluster.

Section 1. Initiation du cluster


Pour la mise en place d’une politique de cluster, il y a des mesures générales, appartenant aux
différents niveaux théoriques (micro-économie, macroéconomie, économie géographique et
approche relationnelle), qu’il faut respecter et qui s’appliquent pour tout type de cluster, et
d’autres mesures spécifiques à chaque secteur d’activité et territoire. Ainsi, une initiative de
cluster se fonde sur différentes mesures, dont certaines sont d’ordre transversal agissant sur
l’environnement général du cluster, et d’autres sont spécifiques à la structuration du cluster
même.

1.1 Mesures transversales


La mise en place d’une politique de cluster n’est pas une action qui peut être entreprise de
manière isolée. Dissociée de son environnement, la Cluster Policy ne peut prétendre à atteindre

49
Exemples de PVD : Maroc, Viêt-Nam, Cameroun, Thaïlande, Bangladesh.
50
Exemples de pays émergents : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Indonésie, Turquie.

140
les objectifs qui lui sont assignés, tel que le développement territorial, la création d’emploi, la
stimulation de l’innovation ou la promotion des exportations. Plusieurs mesures d’ordre
transversal doivent être prises pour améliorer l’environnement général de l’économie nationale et
ainsi créer un écosystème favorable à l’innovation, à la croissance et au développement.
Le rôle du gouvernement, particulièrement dans un pays en voie de développement, est d’agir au
niveau le plus fondamental pour consolider un climat d’entreprenariat, d’innovation et de
coopération, en adoptant plusieurs mesures d’ordre général, qui ont un impact sur l’économie en
général et sur les clusters en particulier, en veillant à :
 Assurer la stabilité de l’environnement politique par l’instauration d’un climat de
confiance dans les institutions ;
 Assurer la stabilité de l’environnement législatif par la mise à jour de la législation du
commerce et de commerce extérieur, et améliorer la souplesse du cadre juridique pour les
entreprises en général, et pour les agglomérations et clusters en particulier ;
 Assurer la stabilité et l’attractivité de l’environnement économique pour créer un climat
de concurrence saine, par la mise en place de politiques antitrust, de cadre et d’instruments
permettant de protéger les actifs de propriété intellectuelle des entreprises créatrices et
innovantes, de système d’imposition favorable à l’investissement national et à l’attractivité des
IDE et de normes de qualité, de sécurité et de respect de l’environnement compatible avec les
exigences des clients au niveau international ;
 Investir dans le système éducatif et dans la formation à travers l’adaptation de l’offre de
formation ainsi que la recherche appliquée aux besoins des entreprises, selon une vision
stratégique ;
 Mettre à niveau les infrastructures de transport, de télécommunication et les capacités
technologiques ;
 Faciliter l’accès des entreprises et startups au marché financier et améliorer les produits et
offres des banques qui leur sont destinés.

D’autres mesures, toujours d’ordre transversal, mais particulières aux clusters, doivent être
adoptées. D’une part, des mesures permettent, de mieux connaitre les clusters en places et
d’identifier les grappes d’entreprises susceptibles de devenir des clusters. D’autre part, des
mesures visant à la stimuler la création de nouveaux clusters, resserrer les liens entre entreprises
et universités et encourager le développement de nouveaux projets innovants.

141
Il s’agit d’abord d’entamer une collecte d’informations et de centraliser les données pour
identifier et mieux connaitre les clusters existants. Des informations standards telles que la
structure du cluster, ses membres et les types d’acteurs dominants, sa taille, son territoire,
l’emploi dans ses entreprises et la performance globale du cluster, et d’autres plus spécifiques tels
que le nombre des brevets déposés par les entreprises du cluster, les projets de recherche reliant
entreprises et universités, la relation qu’entretien le cluster avec son territoire à travers des
ressources du territoire mobilisées par le cluster. La collecte et le traitement de ces informations
permettent aux pouvoirs publics de mieux connaitre les clusters, et ainsi de constituer des
réponses pertinentes aux besoins des clusters et des entreprises qui les constituent par la mise en
place des politiques publiques efficaces et d’engager des investissements efficients. Ces
informations doivent être mises à jour de manière périodique afin d’effectuer un suivi de
l’évolution de l’activité des clusters et de ses membres.
Il est indispensable de noter que le manque d’informations justes et précises, concernant les
clusters et les entreprises qui les constituent, peut affecter la validité des résultats des analyses
techniques, et donc influencer négativement le processus de prise de décision et rendre les
initiatives qui en découlent plutôt arbitraires.
Les mesures qui visent l’encouragement des clusters et la stimulation de l’innovation au sein de
leurs entreprises, se matérialisent dans l’encouragement d’une concurrence saine qui mettra à
l’épreuve l’innovation managériale et de production des entreprises et de leurs clusters. La mise
en place de processus de labellisions garantissant une certaine crédibilité vis-à-vis des acteurs
nationaux et internationaux, ainsi qu’une visibilité au niveau national qu’international, sur la base
de plusieurs normes auxquelles les entreprises chercheront à se conformer. Aussi, l’initiation de
compétition au niveau national avec pour objectif de primer les clusters les plus innovants ou
selon d’autres critères qui répondent aux orientations stratégiques de l’économie nationale, peut
pousser les clusters à être plus compétitifs et les entreprises à développer des liens de
collaborations plus étroites avec les acteurs de leur environnement.
Le rôle des pouvoirs publics, de manière générale, est donc de créer un climat favorable et
d’assurer les moyens nécessaires au développement de clusters déjà existants et la création de
nouveaux clusters, à travers des politiques relatives à des secteurs autres que l’industrie (tels que
l’éducation, le transport, les télécommunications, le secteur bancaire, le foncier, etc.). Toutefois,
il est indispensable aux pouvoirs publics de veiller à établir un équilibre dans les politiques qui

142
s’adressent aux différents clusters de manière à ne pas ignorer les clusters émergents, et leurs
donner l’attention nécessaire à leur développement, ni concentrer les efforts de façon particulière
sur les grands clusters, déjà bien établis, et dont les résultats en font des champions nationaux

1.2 Mise en place de la structure du cluster


Les politiques publiques de cluster, quel que soit le contexte où elles sont mobilisées, se basent
sur les points suivants : identifier et sélectionner des secteurs ou sous-secteurs industriels clés ;
encourager l'innovation et d’autres aspects technologiques du développement régional par la
promotion des réseaux d’entreprises et des coopérations inter-firmes ; développer l’interaction
industrie gouvernements (Ahedo, 2004).

1.2.1 Identifier la problématique


La mise en place d’une structure de cluster impulsé par une politique publique est différente de
celle relative à un cluster émergent. Comme déjà expliqué, un cluster émergent est une structure
spontanée, qui a émergé par la mise en réseau de plusieurs entreprises ou industries et autres
acteurs colocalisés sur un territoire donné, dont les activités complémentaires les rassemblent par
des liens de coopétition, et qui s’est organisé dans le cadre d’un réseau territorialisé, et se
présentent ainsi comme un cluster dont les objectives et la stratégie sont, en quelque sorte,
prédéterminés par les relations et les activités historiques des membres du cluster. Quand au
cluster né d’une impulsion étatique, il est créé pour répondre à un ou à des besoins spécifiques
selon une vision stratégique.
L’initiative de clustering née d’un contexte particulier. Et se veut un moyen d’apporter des
réponses à une problématique bien définie, à la lumière desquelles il y aura la définition des
partenaires, des objectifs et du plan d’action. Pour définir cette problématique, l’organisme
gouvernemental dédié à la mise en place et le suivi des clusters en concertation avec les parties
prenantes, doit se poser plusieurs questions, dont en cite : le cluster sera-t-il crée pour soutenir et
diversifier une filière industrielle et renforcer sa compétitivité et sa visibilité à travers la
promotion de la compétitivité des entreprises qui en font partie ? Ou aura-t-il pour vocation la
création de richesse et le développement du territoire ? Ce qui revient à préciser si la création de
clusters sera l’instrument d’une politique (développement de territoire ; l’attractivité des
investissements et des IDE ; création de postes d’emplois et renforcement d’un bassin de
compétences.) ou l’objectif d’une politique (développement d’une filière à travers le

143
renforcement de ses entreprises ; la stimulation de la création de nouvelles entreprises ;la
promotion du travail en réseau et le développement de réseaux efficients reliant entreprises,
laboratoires de recherche, universitaires et institutionnelles.). Il est indispensable de savoir si le
cluster sera envisagé comme un moyen ou une fin en soi (Palacio, 2005).
La problématique, une fois définie, permet de replacer l’initiative de clustering dans un contexte
précis et de bien cerner le secteur d’activité à investir.

1.2.2 Identifier les parties prenantes


Identifier les partenaires qui sont impliqués dans l’initiative est une étape de grande importance
dans le processus. Ces partenaires ou parties prenantes, définis comme étant « tout groupe ou
individu qui peut influencer ou être influencé par la réalisation des objectifs de la firme »
(Freeman, 1984), apportent chacun un lot de problèmes individuels et d’enjeux en commun qui
mènent à la définition des objectifs et ensuite de la stratégie générale qui est déclinée par la suite
en plusieurs actions. Ils sont regroupés dans des catégories et représentés par le schéma suivant :

Schéma N°4 : les catégories des parties prenantes dans la structuration d’un cluster
Source : Paris P, « Diffusion de la démarche cluster dans trois pays du Maghreb », ONUDI, 2013

Sur le schéma ci-dessus apparaissent différentes catégories d’acteurs qui constituent, à


différents niveaux, l’environnement immédiat du cluster. On distingue alors la chaine
principale de transformation (fournisseurs Unités en amont Unités principalesUnités en

144
aval Marché), et les différents partenaires qui composent le milieu des entreprises dites unités
principales. Sans en donner une liste exhaustive, on peut détailler quelques exemples de ces
acteurs comme suit :
 Unités principales : les entreprises qui constituent le noyau du cluster, et portent le cœur
du métier du cluster ;
 Unité en amont : fournisseurs de matières premières, de produits et de services
nécessaires à la production ;
 Unité en aval : entreprises de commercialisation, services marketing, communications ;
 Autorités : partenaires institutionnels, dont les ministères, les commissions
interministérielles, les agences de développements, les représentants des pouvoirs locaux ;
 Services publics : guichet unique ;
 Recherche et innovation : laboratoires de recherche publics ou privés, les universités ;
 Formation professionnelle : institutions de formation professionnelle et de formation
continue ;
 Organisation professionnelle : associations professionnelles et fédérations ;
 Institutions financières : banques, secteur financier et fonds d’investissement publics ;
 Services privés d’appui ;
 Entreprises de soutiens : autres entreprises de services.
Parmi ces parties prenantes, il est important d’identifier les éléments qui constituent le leadership
industriel, qui portent une grande volonté d’agir et de l’enthousiasme pour le projet du cluster.
Ces mêmes acteurs constitueront par la suite les éléments de la gouvernance opérationnelle du
cluster.
La création d’une plateforme de dialogue, ralliant tous ces acteurs, est primordiale pour échanger
sur les objectifs que chacun attend de la création de ce cluster, et pour trouver des moyens
effectifs afin de concerter les avis et répondre à toutes les attentes qui sont parfois identiques,
mais peuvent aussi êtres contradictoires.

1.2.3 Déterminer les objectifs


Sur la base d’un dialogue auquel tous les acteurs prennent part et selon une démarche
participative, une étude de faisabilité permet de déterminer les objectifs du cluster, desquels
découle le plan d’action à entreprendre permettant de mieux orienter les efforts et allouer les

145
moyens de financement. Il s’agit là de conduire différentes études afin d’avoir une vue
d’ensemble sur l’environnement économique, le marché et la performance du secteur auquel
appartient le cluster. Des études telles l’analyse SWOT du cluster, l’analyse de la chaine de
valeur, l’analyse des tendances du marché au niveau national et international, la segmentation du
marché, l’analyse des cinq forces de Porter pour chaque produit ou segment de marché à investir,
et l’analyse du positionnement du cluster vis-à-vis de la concurrence, etc. (Banque Mondiale,
2009). Ces études, confortées d’un benchmarking international de cluster appartenant au même
domaine d’activité, permettent de dresser des objectifs mesurables, relatifs à l’activité du cluster
et de ses membres. Les objectifs de clusters peuvent être par exemple : bâtir un certain nombre de
projets collaboratifs de R&D entre entreprises, universités et laboratoire de recherche privé ;
augmenter l’effectif en R&D d’un certain nombre chaque année ; atteindre un objectif en nombre
de brevets déposés sur une période précise ; augmenter le chiffre d’affaires à l’international des
entreprises membres ; conduire un certain nombre d’action d’animation par an permettant de
promouvoir un écosystème propice à l’innovation et à la mutualisation des connaissances ; mettre
à la disposition des membres du cluster des formations thématiques relatives à la gestion des
ressources humaines, le développement à l’international, la propriété, etc. ; participer aux
manifestations commerciales à l’international pour assurer la visibilité des acteurs, du cluster et
ainsi du territoire ; etc.
Sur la base de ces objectifs, et à partir d’une vision collective partagée par les différentes parties
prenantes, le cluster élabore une stratégie « sur mesure » qui va s’étaler généralement sur trois ou
cinq ans, pour atteindre ces objectifs et concrétiser les attentes des différents acteurs.
Un cluster est un système complexe, réactif à son environnement et en évolution permanente. Les
éléments qui déterminent la stratégie du cluster sont aussi en constante évolution. Ainsi, les plans
d’action adoptés au départ sont des processus ouverts, sujets à des révisions régulières.

1.3 Définir le type du cluster (forme, localisation, relation entre E/ses, etc.)
Pour mettre en œuvre une stratégie de cluster, il faut d’abord déterminer le type de cluster à
promouvoir. Ce qui revient à déterminer le mode d’organisation du cluster, la localisation du
cluster, le type et le rôle des entreprises qui y seront implémentées, et la qualité des interactions
entre ces entreprises d’une part, et entre ces entreprises et les institutions publiques d’autre part.
Ce sont des choix stratégiques à opérer, impliquant le poids économique des entreprises qui

146
seront membres du cluster, et leurs pouvoirs à exercer une influence sur les autres acteurs et sur
leur environnement.
Ces éléments étant interdépendants, leur identification n’obéit pas forcément à un ordre
particulier.

1.3.1 La forme d’organisation du cluster


Le choix de la forme ou du mode d’organisation du cluster dépend de la démarche de sa mise en
place. Parmi les formes d’organisation, proposées par Markusen (1996) présentées dans le
premier chapitre, et pour respecter la particularité des clusters nés suite à une démarche
descendante (top-down) dans un PVD, impulsés et accompagnés par les pouvoirs publics, nous
avons opté pour trois formes d’organisation qui peuvent répondre, aux différents objectifs de la
politique de clustering déjà exposé :

• Modèle des districts Marshalliens. Dans ce modèle, le cluster est constitué de petites et
moyennes entreprises homogènes, entretenant des relations de collaboration et de
concurrence. Ce modèle est favorable lorsque les entreprises qui constituent le cluster sont
des petites et moyennes entreprises ou petites et moyennes industries locales, de tailles
relativement similaires et donc aucune des entreprises n’a la taille ni le pouvoir pour
exercer un contrôle direct sur le cluster.
• Hub-and-Spoke ou le cluster en étoile, est un modèle où il y a peu d’entreprises
dominantes qui représentent le noyau du cluster et sont entourées par de nombreuses
petites entreprises avec qui elles sont en interaction directe. Ce modèle d’organisation est
favorable dans deux cas : lorsque le noyau de cluster est une ou plusieurs grandes
entreprises locales « des champions nationaux », autour des quelles plusieurs petites et
moyennes entreprises ou petites et moyennes industries locales se développent. Ou
lorsque le cluster est constitué autour de branches de firmes multinationales qui
entretiennent des relations directes avec les entreprises et industries locales, qui dépendent
de leurs stratégies.
• Le State centered cluster model ou le cluster centré sur une institution publique est un
modèle défini autour d'une entreprise publique, une organisation gouvernementale ou une
organisation à but non lucrative qui encadre les relations économiques entre les membres
du cluster. Ce modèle peut être favorable lorsqu’il s’agit d’un secteur d’activité considéré

147
par le gouvernement comme très sensible, et qui demande une gestion directe par les
pouvoirs publics pour ne pas se retrouver sous le contrôle du secteur privé.

La typologie du cluster selon la représentativité des acteurs dépend des objectifs qui lui ont été
fixés. La première vocation du cluster influence sa politique d’attractivité et le type des acteurs
qui y adhérera. Nous avons cité dans le chapitre premier, il y a trois types de cluster selon la
représentativité de ses membres : le cluster industriel, le cluster R&D et le cluster intégré
R&D/Industrie.

1.3.2 Le mode de gouvernance du cluster


La gouvernance dans un cluster peut être définie comme « un mécanisme de régulation
permettant d’insuffler une dynamique collective capable de lever les obstacles naturels à la
coopération » (Aliouat et all, 2010).
La structure de gouvernance d’un cluster est la structure qui agit en parallèle avec la cellule de
l’animation. Il s’agit du conseil d’administration, constitué des représentants de toutes les parties
prenantes qui décident des orientations stratégiques du cluster. La constitution de la structure de
gouvernance dépend essentiellement du mode de gouvernance adopté par le cluster. Ehlinger et
al. (2007) distinguent trois modes de gouvernance :
 Un mode de gouvernance territoriale fondé sur la coordination entre un ensemble
d’acteurs jouissant d’une proximité géographique et dont les antécédents organisationnels
et/ou institutionnels sont différents. Cette coordination a pour objectif la création et la
pérennisation d’un projet de développement territorial.
 Un mode de gouvernance associatif, où des organismes privés prennent en charge la mise
en place des actions collaboratives et veillent à leurs exécutions. Ce mode de gouvernance
est assimilé au mode de gestion des districts.
 Un mode de gouvernance bâtit autour d’un organisme pivot. Il s’agit généralement d’une
entreprise importante, une sorte de « champion national » autour de laquelle se développe
un tissu industriel de PME/PMI.
Parmi ces différents modes de gouvernance, la gouvernance territoriale parait comme la plus
adéquate pour un cluster initié par une démarche volontariste (top-down) des pouvoirs publics.
L’intérêt de ce mode de gouvernance réside dans l’opportunité de rassembler les différents
acteurs d’un cluster dans le cadre de projets collaboratifs, et ainsi faire bénéficier le cluster de

148
différents apports. Les représentants des pouvoirs publics doivent faire partie du dialogue au sein
de la structure de gouvernance et veiller à rester à l’écoute de besoins des membres du cluster,
d’une part, et de leur communiquer la vision stratégique du gouvernement pour la filière en
question, d’une autre part.
Toutefois, une sous représentativité des PME/PMI dans la structure de gouvernance peut créer
une situation où le cluster évolue à deux vitesses.

1.3.3 Le rôle des entreprises locales et des branches des firmes multinationales (FMN)
Le modèle d’organisation d’un cluster repose en particulier sur le type des entreprises qui le
constituent et sur les liens que celles-ci entretiennent, comme nous l’avons vu dans les différentes
configurations présentées ci-dessus. Initier un cluster composé majoritairement de PME/PMI
locales ou majoritairement de branches de FMN implémentés dans le territoire en question, ou
composé à la fois d’entreprises locales et de branches de FMN, est un choix stratégique qui
découle des objectifs établis dans la politique de cluster.
Pour les pays en voie de développement, l’implantation de branche de FMN peut jouer un rôle de
catalyseur pour le développement économique et industriel. L’apport des FMN peut être sous
plusieurs formes : apport de ressources financières ; transfert de technologie et de savoir-faire ;
connaissances managériales ; liens préétablis avec les marchés mondiaux ; réseaux de distribution
bien organisés à l’échelle internationale (Hayter, 1997). De tels apports incitent les
gouvernements à adopter des politiques d’attractivité aux IDE et d’organiser les clusters autour
de branches de FMN. En effet, en plus des coûts des facteurs de production et de la taille du
marché local, les agglomérations industrielles et la stabilité de l’environnement des affaires
constituent les éléments principaux d’attractivité des IDE (Campos & Kinoshita , 2003).
Néanmoins, M. Porter proscrit aux pays en voie de développement une politique de cluster
fondée complètement sur la dépendance aux FMN ou aux IDE. « Il est rarement dans l’intérêt
d’une multinationale de faire d’un pays en voie de développement un centre majeur pour la
production de composantes sophistiquées ou pour conduire de la R&D fondamentale » (Porter,
1990). Ainsi, M. Porter préconise une stratégie de cluster qui repose essentiellement sur les
entreprises locales et les initiatives endogènes : «Une stratégie de développement basée
uniquement sur les entreprises étrangères peut condamner une nation à rester une économie
fondée sur les facteurs de production... Aussi, les multinationales peuvent se relocaliser si les

149
coûts des facteurs de production évoluent ou si les salaires deviennent trop élevés » (Porter,
1990).
Dans l’économie d’un pays en voie de développement, la participation de FMN dans un cluster
peut être une partie du processus d’industrialisation, pour tous les avantages que cela peut
procurer, mais sans être le centre de la politique, à une certaine phase du processus du
développement du cluster, l’attention doit être portée sur les entreprises locales. Ceci peut
prendre forme par l’implantation d’une branche de FMN dans le cluster autour de laquelle
gravitent plusieurs entreprises locales qui lui fournissent des services et à qui est sous-traitée la
production de composantes, pour assurer un certain niveau de transfert de technologie et de
pratiques managériales.
L’évolution des entreprises locales est certes un processus souvent plus lent, et moins rentable
dans l’immédiat, relativement à l’implantation de branche de FMN. Mais sur la durée, le
développement d’entreprises locales constitue le fondement à un secteur industriel indépendant
des coûts des facteurs de production et qui est fortement enraciné dans le territoire.
Le développement d’environnement des affaires qui encourage l’entreprenariat est prioritaire
pour l’essor d’une industrie nationale et pour réduire la dépendance vis-à-vis des branches de
FMN et des investissements étrangers.

1.3.4 La sélection des sites de la politique de clustring et le chois de la localisation des


entreprises du cluster

Grâce aux opportunités qu’offrent le développent des moyens de transport et de communication,


les entreprises peuvent délocaliser leurs activités en partie ou en totalité là où ils peuvent
bénéficier de bas niveau de salaires, d’intéressants couts d'intrants ou d’avantages fiscaux
attractifs, suivant le principe des avantages comparatifs. Cependant, des sites offrant pareils
avantages manquent généralement d’infrastructures adéquates, d’environnement novateur ou
autres avantages compétitifs (Porter 1998) qui compensent de loin les avantages comparatifs, et
que seuls des pôles dynamiques tels que les clusters peuvent offrir. Par conséquent, les décisions
d’implantation doivent répondre à la fois à des exigences de relatives au total des coûts des
systèmes et la capacité d'innovation de l’environnement, et pas uniquement les coûts des intrants.

150
La sélection de sites pour la localisation du cluster, a pour objectif de favoriser la concentration
territoriale d’acteurs innovants et de parties prenantes actives dans les domaines stratégiques du
cluster. Cette localisation permet une visualisation du périmètre géographique de l’action du
cluster, ainsi que le potentiel futur de son étendue.

La définition de ces zones n’obéit plus uniquement à la règle de la localisation optimale avec le
coûtminimum pour l’implantation d’une unité de production (distance optimale de transport vis-
à-vis des infrastructures portuaires et aéroportuaires et couts de main-d’œuvre). La localisation de
l’agglomération d’entreprises s’effectue en premier lieu suivant la vocation du cluster :

 Développement du territoire : si le gouvernement tend à développer un territoire donné à


travers la mise en place d’une initiative de cluster, la localisation de l’agglomération aura
lieu sur le territoire en question, à travers une politique d’attractivité des investissements
afin d’attirer les IDE, inciter les FMN à relocaliser des branches dans le cluster, pousser
les entreprises souhaitant bénéficier de la politique à se relocaliser dans l’espace dédié à
l’initiative, et promouvoir la création de nouvelles entreprises par les entrepreneurs
locaux ;

 Développement d’une filière industrielle : si le gouvernement tend à promouvoir un


secteur d’activité en particulier, la localisation de l’agglomération des entreprises se fera
suivant la première localisation et les liens historiques des entreprises appartenant au
secteur industriel cible de la politique du cluster. Autrement, la localisation optimale pour
le développement d’un secteur d’activité sera sur le territoire offrant des facteurs de
production, sociaux, culturels et environnementaux qui, combinés, peuvent créer un
système d’externalités, développant un « milieu », ce qui stimule l’innovation et
l’apprentissage;

 Développement technologique : pour les clusters technologiques, la démarche consiste à


analyser les « blocs de compétences » et les potentiels de recherche des universités51 et
bâtir autour des entités innovantes un écosystème favorable à l’échange avec les
entreprises et au développement et la commercialisation des produits à haute valeur
ajoutée technologique;

51
Problèmes économiques « faut il avoir peur des délocalisations ?» n° 2859, du mercredi 29 septembre 2004.

151
 Développement d’une filière de sous-traitance : dans le cas des clusters de sous-
traitances, le point de départ est bien sûr l’entreprise pivot au tour de laquelle se
développera le tissu de sous-traitants52.

Un positionnement clair et cohérent du cluster revient à assurer une corrélation entre la


localisation, le choix de la thématique et les objectifs à moyen et long terme du cluster. Toutefois,
si la simple colocalisation d'entreprises, des fournisseurs et des institutions, peut créer un
potentiel d’innovation à haute valeur ajoutée, elle ne garantit pas nécessairement la réalisation de
ces innovations et l’obtention de la valeur économique recherchée. Pour maximiser les avantages
de l’appartenance à un cluster pour les entreprises, et l’impact du cluster sur son territoire, il
nécessaire d’installer un environnement de confiance permettant la prolifération des projets
collaboratifs, les échanges et les initiatives innovatrices.

1.4 L’appuie financier et partenariat public privé


1.4.1 Les différents besoins de financement de clusters
Identifier les sources de financement d’un cluster, revient à répondre à des besoins financiers qui
apparaissent à deux niveaux, certains sont immédiats et d’autres qui se créent au fur et à mesure
que l’activité du cluster se développe. Lors du lancement du cluster, les besoins financiers se
matérialisent dans l’emploi et les salaires de l’équipe de la cellule d’animation du cluster,
l’organisation des formations et des réunions, la participation aux salons et foires au niveau
national et international, et puis la mise en place des biens communs à savoir les équipements, le
ou les laboratoires de recherche en commun, les infrastructures et les moyens technologiques. Ce
sont les coûts de structure et d'organisation directement liés à la mise en place du cluster. Ces
besoins en financement sont identifiés durant les étapes avancées de la mise en place du cluster,
lors du développement de la proposition du plan de financement, et sont précisés dans le contrat
programme qui relie le cluster avec le partenaire représentant des pouvoirs publics.
Au cours de la vie du cluster, l’appel aux consultants, experts ou bureaux d’études pour la mise
en place de nouveaux partenariats ou l’investissement dans de nouveaux projets engendre des
besoins financiers. Ce sont les coûts relatifs au fonctionnement journalier et au développement du
réseau d'entreprises. Aussi, le lancement de nouveaux produits ou services nés des projets en

65 Idem.

152
commun des membres du cluster, ce qui nécessite un investissement pour financer le passage de
l’innovation au marché.

1.4.2 Les différentes sources de financement


Des initiatives stratégiques telles que la mise en place d’un cluster nécessitent différents niveaux
d’investissement, ainsi le financement émane de plusieurs sources et/ou de différents
partenariats : le financement public, le financement privé et le partenariat public-privé.
1.4.2.1 Le financement public
Il peut être sous forme d’aides directes ou indirectes. Les aides directes ciblent l’amélioration des
performances individuelles des entreprises, dans l’objectif d’améliorer la performance générale
des entreprises sur un territoire. Cependant, les aides directes, si elles ne sont pas octroyées dans
le cadre d’une politique claire et solide, elles peuvent induire des effets d’aubaines, c’est à dire
des « situations où les récipiendaires des incitations financières viennent capter dans la manne
publique des moyens financiers qu’ils auraient été disposés à mobiliser par eux-mêmes en
l’absence de mécanismes incitatifs à la collaboration » (Suire R. & Vicente J, 2014), ou des
effets d’éviction de la dépense publique, où des entreprises s’engagent dans des initiatives de
clusters, pour recevoir des subventions publiques sans donner des contreparties évidentes. Les
aides indirectes quant à elles, elles visent à créer un environnement propice à la fertilisation
croisée des connaissances et l’encouragement de la capacité d’innovation des organisations, dans
l’espoir de favoriser l’amélioration de la performance individuelle. Cette forme de subvention
permet de soutenir financièrement les projets de collaboration et le développement de réseaux.
Les subventions de l’État couvrent essentiellement l’élaboration, l’actualisation et le suivi de la
stratégie du pôle; la labellisions de projets collaboratifs R&D; le reporting et autres missions
ponctuelles et partiellement sur les dépenses pour stimuler l’innovation, la recherche et le
développement collaboratif entre entreprises et laboratoires (ex. usine à projet, animation réseau).
1.4.2.2 Le financement privé
Il s’agit de l’apport de fond par le secteur privé en général, des firmes membres du cluster en
particulier. Il s’agit principalement de la dynamique d’autofinancement. L’autofinancement d’un
cluster est constitué des cotisations de ses membres, qui sont une source de financement
conséquente, et des revenus de prestations de services commercialisés auprès des membres
(conseil marketing, formations…). La capacité d’autofinancement du cluster est un indicateur
majeur sur le dégrée d’implication et d’activité de ses membres le développement des recettes

153
privées du cluster associé à une rationalisation des dépenses, permet au cluster d’assurer une
assise financière correcte et optimisée.
Les fonds de financement de l’innovation représentent une autre source de financement
potentielle à laquelle le cluster peut avoir recours afin de financer des actions spécifiques.
1.4.2.3 Le financement par le partenariat public-privé (PPP)
Dans les économies en voie de développement, en plus des fonds d’autofinancement, les clusters
dépendent fortement des financements publics. Le partenariat public-privé (PPP) est la forme de
financement la plus rependue. Le partenariat public-privé est basé sur des principes
simples permettant un équilibre mutuel. Il s’agit d’un contrat qui relie deux partenaires selon des
règles préétablies stipulant des objectifs quantifiables et des délais à respecter. Le partenariat
public-privé favorise une évaluation réaliste des couts et le respect des délais agréés par les
partenaires en début de contrat53. Toutefois, les pouvoirs publics préconisent la progression de la
part des ressources privées dans le financement des pôles afin d’impliquer les entreprises
davantage et d’exiger plus d’engagements de leurs parts dans les projets et les collaborations au
sein du cluster.
Le rôle des pouvoirs publics, particulièrement dans les pays en voie de développement, est de
créer un environnement favorable au développement de la compétitivité à travers des politiques
transversales, efficientes, et qui portent moins de distorsions à la compétitivité. Ainsi, les
financements publics ne doivent pas s’orienter vers les subventions directes de certaines
entreprises ou d’une filière, mais de s’engager pour le financement des initiatives stratégiques à
fort potentiel de développement, et d’appuie les projets collaboratifs de R&D. En contrepartie, les
clusters soutenus par l’État, ou clusters labellisés, sont tenus par l’obligation et la responsabilité
d’engager des actions collaboratives de R&D et de renforcer les liens intra cluster et inter
clusters.

Section 2. L’accompagnement
Une fois que le cluster voit le jour, la viabilité et la réussite du cluster dépendent essentiellement
de la mobilisation et de l’implication des membres du cluster et du respect des valeurs partagées.
Il s’agit de développer une structure dynamique autour d’un noyau dur de précurseurs. Veiller à
ne pas se retrouver face à la situation où le cluster compte un nombre important de membres mais

53
Ouhssain M. & Arrifi M., 2009, « Financement des projets de dessalement des eaux », Revue HTE, N°142.

154
qui soient peu impliqués et peu coopératifs. Cette situation mène à la dilapidation des moyens
financiers, et la démotivation des membres, et à la désorganisation des actions. Accompagner un
cluster naissant revient à mettre en place une cellule d’animation efficace, à structurer l’entité de
gouvernance du cluster et stimuler le réseautage et la création de lien intra-cluster et inter-cluster,
au niveau national et international.

2.1 Mise en place de la cellule d’animation


Un cluster est un rassemblement d’entrepreneurs, d’universitaires et d’institutionnels, autour
d’une thématique, et qui collaborent afin d’atteindre des objectifs en commun. La réussite de
cette collaboration nécessite la mise en place d’une structure de coordination : la cellule
d’animation.
Un besoin commun aux clusters des pays développés et des pays en voie de développement est le
besoin de développer une atmosphère de confiance. Générer une atmosphère de confiance
s’effectue à travers la multiplication des actions menées en commun entre les membres du
cluster, le développement de relations non marchandes par l’échange de savoir et de savoir-faire.
La cellule d’animation joue un rôle essentiel pour organiser le cluster, monter les projets
collaboratifs et coordonner les actions menées, ainsi qu’assurer la médiation entre le leadership
industriel, les représentants des pouvoirs publics, les universitaires et les centres de recherches
afin de soutenir dans la durée une dynamique de réseau public privé. La recherche et la gestion de
l’information, la conduite de benchmarking, la veille stratégique, la promotion de la filière et le
lobbying, sont aussi des rôles qui incombent à la cellule de l’animation.

Dans certaines expériences de pôles ou de clusters, les cellules d’animation, pouvant n’être pas
suffisamment dotées en personne ou en financement, les adhérents au cluster peuvent jouer un
rôle plus important en s’investissant davantage dans la vie du cluster. Dans d’autres cas, les
structures d’animations bien organisées et fortement dotées peuvent faire appel aux
professionnels et aux cabinets de conseil pour assurer le montage des projets collaboratifs et des
dossiers de R&D54.

La cellule d’animation est la structure qui soutient le projet de cluster dans la durée,
l’accompagnement des pouvoirs publics à cette structure depuis sa création, par l’organisation de

54
Etude d’évaluation des pôles de compétitivité, Bearing Point, Erdyn, Technopolis, 2012.

155
formations et le coaching, est nécessaire pour assurer le développement souhaité au sein du
cluster.

2.2 Initiation d’un centre de transfert de technologie pour la collaboration intra-cluster


L’initiation d’un centre de transfert de technologie au sein du cluster revient à mettre en place
une sorte de guichet unique, qui offre des services de qualité à la fois aux chercheurs et aux
industriels, afin de valoriser la recherche publique et assurer le passage des innovations issues de
la recherche universitaire vers une application correspondante aux exigences des industriels.
C’est une institution qui a pour objectif de valoriser la recherche publique, on investissant dans la
maturation des projets.
Dans un cluster naissant, le centre de transfert de technologie se charge, d’une part,
d’accompagner les chercheurs et les industriels pour la mise en place d’une charte de
collaboration qui permettra aux chercheurs d’orienter leurs efforts pour répondre aux besoins du
marché. D’autre part, le centre de transfert de technologie permettra l’éclosion des innovations
issues de la recherche et développement appliqué aux divers secteurs industriels on leur
proposant des prestations de maturation des projets innovants, la réalisation de la preuve
de concept, les études de marché, le dépôt de brevet, le licensing et les services juridiques, la
commercialisation et la création ainsi que l’accompagnement des startups.
Toutefois, la réussite et l’efficacité d’un centre de transfert de technologie tiennent à
l’engagement des organismes actionnaires ou membres du centre et à l’importance des fonds qui
lui seront dédiés.
Les actionnaires ou membre du centre de transfert de technologie sont d’abord les universités
membres du cluster ou relevant du même espace géographique sur lequel s’étend la portée du
cluster, ainsi que les centres de recherches qui adoptent les mêmes thématiques de recherche ou
sont actifs dans domaines connexes, ainsi qu’un ou des organismes gouvernementaux.
Quant au financement, il s’agit, souvent, d’un fond commun constitué des apports des différents
membres/actionnaires. Les universités et les centres de recherche participent par des apports
relatifs à leurs capacités de financement, mais les organismes gouvernementaux assurent un
apport de financement régulier et souvent le plus important. Les prestations de services que
propose le centre de transfert de technologie sont bien évidement des services payant, mais dont
le retour sur investissement n’est pas souvent pas assez pour réaliser l’autosuffisance du centre, et

156
donc considéré comme un apport marginal, du quel la survie de centre ne peut dépendre.
2.3 Promotion de collaborations inter-cluster
La collaboration intra-cluster, c’est-à-dire entre les membres même du cluster, est à la fois la
finalité de la création du cluster et le moyen de son développement. On ne peut parler de
d’actions communes, d’échange de connaissances et d’expériences et de fertilisation croisée, s’il
n y a pas un mécanisme de collaboration en évolution constante entre les membres du cluster.
Promouvoir la collaboration entreprises-entreprises et entreprises-universités permet d’actionner
un levier essentiel à la dynamique de l’innovation et au développement de l’économie de la
connaissance. La création et l’activation des liens entre les start-up locales et les entreprises ayant
atteint un certain niveau de maturité, les institutions financières, les universités et les centres de
recherches, permettent de favoriser la réussite et la pérennisation du cluster. Encourager et
maintenir le dialogue entre professionnels et chercheurs universitaires peut encourager la mobilité
professionnelle entre les milieux universitaires et industriels, ce qui est une forme de
collaboration intra-cluster, autre que la mise en place de projets en commun, de formation ou
d’actions promotionnelles. La consolidation de la place de la PME dans les réseaux d’entreprises,
dans des cadres moins formels que les réunions de travails classiques, des tiers lieux, en est aussi
une autre forme.
La cellule d’animation, comme déjà expliqué, rempli le rôle de facilitateur et veille à la mise en
réseau de tous les acteurs du cluster pour l’émergence de collaborations actives et fructueuses.
Mais cela ne peut aboutir si les membres de cluster n’expriment pas une volonté ferme pour
concrétiser les objectifs du cluster à travers les diverses collaborations qu’il peut y avoir, et qui
traduisent cette volonté par des actions concrètes.

La collaboration inter-cluster peut revêtir deux formes : la mise en réseau de clusters nationaux
ayant des thématiques différentes et appartenant à des filières différentes ; et la collaboration
entre clusters partageant la même thématique sans appartenir au même territoire.
La mise en réseau entre clusters nationaux, dans le cadre d’ateliers par exemple, permet de mettre
en commun les expériences des différentes parties prenantes vis-à-vis de problématiques
communes mais d’ordre transversal, telles que l’accès au marché financier, l’optimisation des
moyens logistiques, les relations avec les pouvoirs publics, la recherche de bonnes pratiques
managériales, etc.

157
L’établissement de partenariats et de projets collaboratifs avec des clusters étrangers partageant la
même thématique, favorise le transfert de technologie, la mise en place de collaborations
commerciales dans une logique de gagnant-gagnant, l’initiation de formations et d’échanges de
compétences entre les membres des clusters partenaires.
L’une des conditions de réussite d’un cluster réside dans la masse critique que constitue
l’assemblement des différents acteurs du cluster, entreprises-laboratoires de recherche-
universités-pouvoirs publics. Toutefois, malgré un nombre importants de parties prenantes, la
masse critique ne peut être significative et influente que s’il y a densification des réseaux entre
les différents acteurs, entretien constant des liens entre eux et la multiplication des projets
collaboratifs. L’échange sur les différentes problématiques et le partage d’une vision collective
des challenges et opportunités font que les différents acteurs s’approprient les objectifs de
l’initiative clustring.

Section 3. L’évaluation de la performance du cluster et durabilité post projet

3.1 L’évaluation de la performance du cluster


Après une première phase de la durée de vie du cluster, qui va de 3 à 5 ans, vient le moment pour
effectuer une évaluation des performances du cluster. L’évaluation, selon des critères objectifs et
homogènes, permet d’apprécier la réalisation des objectifs initiaux du projet de cluster et d’avoir
une vision plus claire sur les actions futures à engager afin d’améliorer le mécanisme de soutien
au cluster. Décider de la viabilité du cluster et ainsi du maintien ou non du label cluster, peut
aussi, éventuellement, avoir lieu suite à cette évaluation.
Les objectifs de la première phase de la vie d’un cluster portent généralement sur la structuration
du cluster et la mise en relation des acteurs, l’encouragement de l’émergence des projets de R&D
collaboratifs et la visibilité internationale. L’évaluation des performances du cluster se focalise
sur ces trois grands axes, et bien sûr sur les objectifs qui en découlent.
L’évaluation du progrès et des performances du cluster peut être effectuée, à travers la collecte et
le traitement des données chiffrées sur des critères mesurables relatifs aux éléments suivants :
 L’évolution des différents volés de la stratégie du cluster (communication et marketing,
commercial, réseautage…) pour vérifier si les actions menées suivent toujours la
trajectoire tracée par la thématique et les objectifs du cluster, et de pouvoir rectifier les
actions dans le temps ;

158
 L’évolution de la part de l’investissement privé dans le modèle financier du cluster, qui
est un fort indicateur sur l’implication des membres du cluster, sur la viabilité du projet et
sur la possibilité d’autonomisation du cluster ;
 L’évolution des exportations, du niveau des salaires, l’emploi, etc. ;
 Le nombre de projets collaboratifs, ce qui démontre la capacité du cluster à tisser des liens
et structurer des réseaux entre les mondes de la recherche académique, de l’enseignement
supérieur, de la formation et des entreprises ;
 L’évolution du nombre des brevets, des nouveaux produits et/ou services crées ;
 La création de nouvelles entreprises et de startups.

Pour conforter et expliquer les résultats de l’analyse des données quantitatives collectées, il est
nécessaire de recueillir des informations d’ordre qualitatif, tels les avis des membres du cluster et
leurs perceptions des actions, du niveau de confiance entre les acteurs, des projets et de
l’évolution du cluster, par la conduite d’entretiens avec les adhérents. Ces entretiens, collectifs et
individuels, s’adressent aux parties prenantes, dont les membres du conseil, l’équipe de la cellule
d’animation, un certain nombre d’acteurs tels que les dirigeants d’entreprises, les chercheurs et
académiques, les responsables publics locaux dont l’activité est reliée au cluster, etc.

Dans le tableau suivant sont recueillis quelques indicateurs de performances de cluster, classés
selon leur nature quantitative ou qualitative et selon les catégories d’actions de cluster.

159
Tableau N°6 : Critères d’évaluation de performances de cluster
Source : « Les clusters mondiaux dans le domaine des écotechnologies : enseignements, perspectives et opportunités »,
rapport du MEEDDM, avril 2010

Les résultats de cette évaluation permettent d’abord de comprendre les différents challenges
auxquels fait face le cluster, ainsi qu’identifier le type de projets qui demandent plus de
financement ou différentes formules de financement, de déterminer les fonctions du cluster qui
nécessitent un renforcement, et de mobiliser les actions adéquates afin de faire progresser les
objectifs stratégiques du cluster. L’évaluation donne une meilleure visibilité pour entamer le
processus de régulation et « ajuster les mesures d’accompagnement.
Toutefois, malgré un calendrier préalable des objectifs d’un cluster, ceux-ci peuvent prendre du
temps, plus que prévu, pour atteindre une certaine maturité et devenir facilement visible. Il est
donc nécessaire de se mettre d’accord au préalable sur des critères d’évaluation qui permettraient
de faire un suivi de l’évolution du cluster de manière périodique tout en gardant une marge de
flexibilité.
Et comme expliqué plus haut, nous avons choisi délibérément de traiter l’évaluation des
performances du cluster et omettre l’évaluation de la politique de clusters. Toutefois, les résultats
de l’examen des performances du cluster, rapportés aux spécificités économiques, sociales et
politiques du cluster, peuvent donner une idée sur l’efficacité et la portée de la politique publique
de clustering.

160
3.2 La durabilité post projet du cluster
Le modèle de base de cluster que nous avons proposé pour les pays en voie de développement,
est un modèle dont l’initiation, la consolidation et la régulation reviennent en grande partie aux
pouvoirs publics. Ce sont ainsi, les pouvoirs publics, à travers des services ou cellules dédiés, qui
mènent l’action de construction du cluster depuis la sélection des partenaires industriels et
académiques, créent une atmosphère favorable à la mise en relation des acteurs, offrent les
subventions, fixent les critères d’appréciation et mènent l’évaluation des performances du cluster.
Le rôle des pouvoirs publics survient tout au long du cycle de vie du cluster par
l’accompagnement adapté et le suivi à objectif régulateur.
Cependant, le développement ou l’atrophie d’un cluster dépendent de plusieurs facteurs
endogènes et exogènes, dont les limites deviennent floues et difficiles à distinguer au fur et à
mesure que le cluster évolue.
Au début de notre proposition de modèle de cluster, nous avons mis l’accent sur les mesures
transversales, dont l’objectif est la mise en place d’un environnement favorable aux
collaborations et aux échanges ce qui permet le développement des activités des entreprises et
ainsi du cluster. Par conséquent, la région profite de la croissance économique générée par les
entreprises du cluster ayant atteint une masse critique, entrainant l’amélioration des
infrastructures tangibles (logistique, moyens de télécommunications, etc.), l’attractivité de
fournisseurs spécialisés et de compétences à profils pointus, et la création d’un climat
entrepreneurial. Ces effets qui résultent du développement soutenu du cluster, entrainent la
création de cercle vertueux qui est en-soi déclencheur d’un processus d’auto renforcement au sein
d’un cluster.

Cela dit, malgré les efforts qu’investissent les parties prenantes, la mise en place de stratégie
claire et ciblée, la mobilisation de mesures concrètes ainsi que l’exigence en termes d’efficacité
des dispositifs organisationnels, l’essor du cluster repose sur la capacité de ces parties prenantes à
s’approprier le projet du cluster et se saisir du mécanisme qui leur a été proposé par les pouvoirs
publics, d’une part, et sur les liens et connexions qu’entretiennent les parties prenantes et de
l’intensité de leurs interactions qui finissent par faire du « collectif d’acteurs un acteur collectif,
doté d’un projet d’ensemble » (Bossard-Préchoux, V. & Bréchet, J P. 2009), d’autre part.

161
« C’est bien en développant ensemble des compétences singulières (propres ou partagées)
que les acteurs d’un collectif pourront opérationnaliser leur projet et faire vivre le
collectif, permettant d’enraciner leur compétitivité dans le réseau et le territoire
d’accueil. Paradoxalement, les compétences collectives du pôle étant plus fortes que la
somme des compétences initiales de chacun des membres, il semble que c’est en liant
leurs compétences à celles d’un collectif que les acteurs gagnent en autonomie et en
capacité de mettre en œuvre leurs projets propres. » (Bossard-Préchoux, V. & Bréchet, J
P. 2009).
Une fois le cluster crée, se déclenche une réaction en chaîne qui se nourrit d’une multitude de
causes et d’effets, et dont l’évolution est étroitement liée à l’environnement socio-économico-
culturel du cluster, ainsi qu’aux challenges de la concurrence auxquels fait face le cluster. C’est
ainsi que sont façonnés l’identité et le devenir du cluster comme une entité unique et une
expérience singulière.
Conclusion
Dans les pays en voie de développement, les clusters influencent le développement régional par
le processus d’urbanisation et d’industrialisation. La volonté de faire naître de nouvelles
initiatives innovantes, créer des relations entre acteurs jusqu’alors indépendants, augmenter la
capacité des régions à développer et à améliorer leurs environnements d'affaires, leurs
infrastructures physiques, sociales et culturelles, et encourager l’innovation, la compétitivité et
l’attractivité des territoires, est à l’origine des politiques publiques de la création de clusters.
Les pays en voie de développement, sont caractérisés par des contextes socio-économico-
culturels spécifiques, qui mettent les pouvoirs publics au premier plan pour l’engagement
d’initiatives de clustering à travers des politiques publiques adaptées aux contextes de leurs pays.
Ces politiques publiques, dédiées à l’appui aux agglomérations d’entreprises, peuvent avoir l’une
de ces deux finalités : appuyer les systèmes productifs existants afin de les accompagner dans le
renforcement de leurs compétitivités; ou initier la création de nouveaux systèmes autour de
noyaux industriels, scientifiques ou technologiques.
Il n’existe pas de formule de politique publique optimale, unique ou « magique » pour générer de
nouveaux clusters. Les expériences les plus connues de clusters réussis ne peuvent être ni
généralisées ni transposées telles qu’elles sont, mais constituent des sources d’inspiration de best
practices et de démarches qui peuvent être adaptées aux différents contextes locaux.

162
Cependant, une politique publique de développement de clusters dédiés aux pays en
développement est nécessairement basée sur un cadre qui définit clairement les buts et objectifs
que le cluster sera appelé à atteindre, définit en détail la nature du cluster, spécifie une stratégie
qui décrit les actions à entreprendre, prévoit à long terme l'horizon de planification, et spécifie les
sources de financement.
Toutefois, le rôle et la portée des politiques publiques de création de cluster sont limités à la mise
en place du dispositif du cluster, sa promotion, son accompagnement, son orientation et son
encouragement. C’est seulement lorsque les acteurs du cluster s’approprient le projet du cluster et
partage une vision unique des objectifs à atteindre et des moyens à engager pour y arriver, que le
cluster puisse devenir effectivement une entité productive d’externalités positives et ainsi
constituer l’écosystème favorable à l’innovation et la consolidation de la compétitivité.
Dans ce chapitre nous avons essayé de dresser les éléments essentiels dans la construction d’un
cadre pour la politique publique de création de cluster, sans prétendre que c’est LE modèle
unique et ultime. Chaque cluster constitue un microenvironnement particulier et subit les
influences de différents facteurs internes et externes. Ces facteurs doivent être pris en
considération et mobiliser dans le cadre du modèle présenté afin de ressortir avec une politique de
clustering adaptée au contexte du territoire, du domaine d’activité et du cluster en question.

163
Chapitre 6ème
Les clusters éco technologiques : saisir l’opportunité
économique dans les contraintes du développement
durable

164
Introduction
Depuis 1987, on ne parle plus uniquement de développement mais de développement durable. Le
rapport « Notre avenir à tous » publié par la Commission des Nation Unies pour l’Environnement
a défini le développement durable comme un « développement qui répond aux besoins du présent
sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Le développement
durable est basé sur trois piliers interdépendants, à savoir : la croissance économique, la
préservation de l’environnement, et l’équité sociale. Il est depuis, considéré comme le moteur à
une croissance voulue plus équitable et favorable à la préservation de l’environnement. Avec les
dernières crises qu’a connues le monde depuis 2007, les acteurs politiques et économiques au
niveau mondial ont commencé à remettre en question la capacité du modèle actuel de croissance
économique à maintenir la prospérité à long terme, et moins encore à pallier aux inégalités. La
récession a permis de repenser le modèle économique actuel et de reconsidérer le développement
et la croissance dans une logique de durabilité, permettant d’assurer la création d’emploi, la
réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’optimisation de l’utilisation des ressources et la
préservation de l’environnement. « L’économie verte » s’est présenté comme l’une des voies qui
peuvent mener à réaliser et promouvoir le développement durable (Arib, 2014). L'économie
verte est un terme qui a été introduit en 1989 dans un rapport pionnier, commandité par le
gouvernement du Royaume-Uni à un groupe d’économistes de l'environnement, Pearce,
Markandya et Barbier, pour conseiller le gouvernement sur la définition consensuelle du terme
«développement durable» et les implications du développement durable pour la mesure du
progrès économique et l'évaluation des projets et des politiques 55.
À mesure que l’on cessait d’opposer développement économique, création de richesse et
protection de l’environnement, et que la notion de développement durable commençait à
s’imposer, une part de l’activité économique s’est en effet fortement orientée vers les «
écotechnologies » : ces produits, procédés et services dans le domaine de la technologie
environnementale consacrée à la maîtrise des impacts environnementaux des activités humaines
et de gestion durable des ressources naturelles. Une transformation verte, ou un « verdissement »
de l’économie se sont déclenchés, pour passer du statuquo actuel, appelé aussi le Business As
Usual, à une économie verte.

55
« Green economy », Sustainable development, Department of Economics and Social Affairs, UN.
https://sustainabledevelopment.un.org/index.php?menu=1446 consulté le 01-02-2016

165
C’est dans cette perspective que les clusters jouent un rôle très important. Le rôle du cluster dans
le renforcement des écotechnologies consiste en le rassemblement des activités de recherche, des
entreprises partenaires et d'investisseur, l’incubation, la constitution d’une masse critique qui peut
négocier avec les pouvoirs publics afin d’engager des améliorations du cadre juridique en terme
d’approvisionnement vert, de subventions et d’incitations pour le marché. Toutefois, les clusters
verts ont leurs spécificités qui les distinguent des clusters classiques, en termes d’orientation
stratégique, de positionnement sur le marché, de membres et de conditions d’émergence.

Section 1 : Contexte d’émergence et caractéristiques de l’industrie des écotechnologies


Pollutions de l’air, des sols et des eaux, raréfaction des matières premières, changement
climatique : les conséquences environnementales des activités humaines n’ont jamais été
ressenties de manière aussi aiguë. Et jamais, non plus, elles n’ont suscité une telle mobilisation.
C’est une occasion de repenser notre modèle de développement économique (Hammer, S. et al.
2011).
Précisément, qu’est-ce qu’une écotechnologie et en quoi ce type d’innovation peut-il être le fer de
lance de l’économie verte ? Et comment l’industrie des écotechnologies peut-elle contribuer au
développement de cette nouvelle approche économique?
1.1 Qu’est ce que les écotechnologies?
L’enjeu de la croissance verte est de relier l’économie, tel qu’on la connait actuellement, avec
une vision à moyen et long terme d’une économie verte. L’économie verte se doit de suivre une
trajectoire qui soit à la fois génératrice d’activité, d’emplois et de bien-être. Cette transition sera
en effet un processus de « création destructrice », au cours duquel de nouveaux produits et de
nouvelles activités apparaissent, au détriment d’anciens produits ou d’anciennes activités. Jusqu’à
la disparition ou, au moins, la diminution de certaines activités économiques dont l’empreinte
écologique est des plus graves.
En plus de la mise en place de lois et de normes encourageant l’économie verte, celle-ci se fonde
sur la création de nouvelles technologies innovantes qui remplacent les technologies et pratiques
utilisées jusqu’à maintenant et devront remédier aux dégâts causés par ces dernières. L'innovation
verte, telle que mesurée par le nombre de brevets, a accéléré au cours des dernières années, en
raison de la demande croissante et une gamme de mesures visant à favoriser la croissance verte
(OECD, 2013).

166
Figure N°16 : l’évolution du pourcentage des Brevets « verts » dans l’ensemble des brevets déposés au niveau mondial.
Source : Base de données des indicateurs de croissance verte de l'OCDE

Clé pour l’accélération de la transition vers une croissance plus verte, l'innovation technologique
verte revient souvent sous différentes appellations et terme connexe, désignant les produits et
services issus d’une industrie au service de l’économie verte, dont on cite : Ecotechnologie,
technologie propre ou Cleantech, technologie verte ou Greentech. Sachant qu’il n'y a pas de
définition communément acceptée ou convenue au niveau international des innovations
technologiques environnementales, nous allons essayer de définir ces différentes appellations à
travers les explications trouvées dans différents rapports d’imminentes organisations
internationales, et par la suite, souligner ce que ces explications ont de commun.

1.1.1 Les écotechnologies


Selon le Plan d’action de l’Union européenne en faveur des écotechnologies (2004), les
écotechnologies incluent l'ensemble des technologies dont l'emploi est moins néfaste pour
l'environnement que le recours aux technologies habituelles répondant aux mêmes besoins. Elles
ont pour vocation de produire des bien et services visant à mesurer, prévenir, limiter ou corriger
les atteintes à l'environnement (eau, air, sol) et les problèmes liés aux déchets, au bruit et aux
écosystèmes. Ceci inclut les technologies, les produits et les services qui réduisent le risque
environnemental et minimisent l’utilisation des ressources.

167
1.1.2 Les technologies propres ou Cleantech
D’après le Masterplan Cleantech (2011), les Cleantech désignent un mode de production durable
qui respecte les ressources et regroupent les technologies, les processus de fabrication et les
services qui contribuent à protéger et à préserver les ressources et les systèmes naturels. Tous les
maillons de la chaîne de création de valeur sont concernés, allant de la recherche et
développement jusqu’aux exportations, en passant par la production de biens d’investissement.

1.1.3 Les technologies vertes ou Greentech


Selon le rapport de la Commission Economique et Sociale de l’Asie et Pacifique des Nations
Unies (2012), une technologie verte peut être généralement définie comme la technologie qui a le
potentiel d'améliorer considérablement la performance environnementale par rapport à d'autres
technologies. Elle est liée à l'expression «technologies écologiquement rationnelles », qui a été
adopté en vertu de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le Programme de
développement, bien qu'il soit plus largement utilisé. Sur la base de l'Agenda 21 56, les
technologies écologiquement rationnelles visent à « protéger l'environnement, sont moins
polluantes, utilisent toutes les ressources d'une manière plus durable, recycler plus de leurs
déchets et produits, et traitement des déchets résiduels d'une manière plus acceptable que les
technologies pour dont ils étaient substitués ».
La technologie verte ne signifie pas seulement les technologies individuelles, mais aussi des
systèmes, y compris le savoir-faire, des procédures, des biens et des services et de l'équipement,
ainsi que les procédures organisationnelles et managériales.

Une autre définition, qu’on trouve sur le web, du Greentech ou de la technologie verte, explique
que le terme « vert » qui est associé à ces technologies n’est pas relatif à la nature ou à
l’environnement, mais plutôt à la verdure du billet du dollar, le billet vert. Cette définition,
moins académique, suggère que les écotechnologies sont « le pétrole » de l’avenir, et que c’est un
marché porteur et une source d’enrichissement pour les investisseurs qui s’y consacrent.
Dans la suite de notre travail de recherche, nous allons utiliser le terme écotechnologie pour
désigner les innovations technologiques au service de l’environnement et du développement
durable.

56
L’Agenda 21 est le programme d’actions pour le 21e siècle orienté vers le développement durable. http://www.developpement-
durable.gouv.fr/Qu-est-ce-qu-un-Agenda-21-local.html consulté le 06-02-2016

168
1.2 Les segments de l’industrie des écotechnologies
Grâce à leur performance environnementale, les écotechnologies se caractérisent par rapport aux
technologies habituelles, utilisées pour répondre aux mêmes besoins, par une moindre empreinte
sur l’environnement. Elles permettent à la fois une optimisation de l’emploi des ressources par
l’augmentation du rendement, la possibilité de récupération et l’utilisation de nouveaux
« gisements ».
D’après les définitions précédentes, on pourrait penser que les écotechnologies sont uniquement
ces technologies appliquées dans les entreprises du secteur de l’environnement, telles que les
industries du traitement de l’eau, de l’air, des sols, des déchets, de productions d’énergies
propres, ou de productions de biens de consommation respectueuses de l’environnement.
Toutefois, ces technologies apportent une amélioration environnementale en se substituant
directement ou indirectement à une technologie polluante ou en réduisant les effets polluants dans
la chaine de production de tous types d’industrie, et peuvent s’appliquer à n’importe quel stade de
production, de l’amont au niveau de la conception (bureau d’études, ingénierie), à l’aval
(distribution, commercialisation), en passant par le process de production et l’industrialisation57.
Ainsi, les entreprises, tous secteurs confondus, ont la possibilité d’intégrer des procédés qui
visent à réduire leurs effets négatifs sur l’environnement en préservant les ressources, en
réduisant les émissions polluantes, ou en maitrisant les risques environnementaux, et cela à
travers la mise en œuvre d’écotechnologies58.
Les écotechnologies touchent de nombreux champs techniques et secteurs d’activité, la
segmentation de cette industrie n’obéit pas à un seul critère, plusieurs catégories peuvent être
prises pour références. Nous avons privilégié la segmentation selon les types d’actions qui
traduisent l’impact environnemental des écotechnologies. Cet impact se matérialise à travers
deux types d’actions les plus remarquables, à savoir : les actions préventives, et les actions
curatives ou end of pipe.
Il existe aussi les écotechnologies de surveillance telles que les mesures métrologiques ou les
observations des sites et des milieux (eau, air, sols, biodiversité)59, et d’autres qualifiées de

57 Définition de l’Institut National de la Statistique et Des Etudes Economiques, France http://www.somme-ecoactivites.fr/eco-


entreprise-energie-renouvelable-somme/les-eco-technologies-un-relais-de-croissance-pour-les-entreprises-francaises.html
consulté le 28-01-2016
58 Définition de l’Institut National de la Statistique et Des Etudes Economiques, France
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/ecotechnologies.htm
59 D’apres le Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, France. http://www.developpement-

durable.gouv.fr/Les-eco-technologies-au-service-du.html consulté le 28-01-2016

169
managériales, correspondant à la mise en œuvre de bonnes pratiques sur le processus visant à
réduire l’impact environnemental à la source.

1.2.1 Les écotechnologies préventives ou intégrées


Le Ministère Français de l'Économie, des Finances et de l'Industrie définit les écotechnologies
préventives ou intégrées comme les technologies qui modifient les systèmes classiques de
production humaine afin de réduire l'effet de ceux-ci sur l'environnement. Elles interviennent
bien en amont des technologies curatives et sont généralement mises en œuvre pour des raisons
économiques ou sous l'effet des réglementations. Elles ont vocation également à améliorer les
performances des écotechnologies curatives60. Il s’agit de technologie dont l’objectif est d’assurer
la prévention à la source. L'intérêt de leur mise en place est triple : elles permettent de réduire les
coûts de traitement en fin de chaîne, les coûts des pertes de matières premières devenues des
polluants et les coûts liés aux taxes et redevances pour l'environnement (Laforest V. et Berthéas
R., 2005).

1.2.2 Les écotechnologies curatives ou externes


Le Ministère Français de l'Économie, des Finances et de l'Industrie définit les écotechnologies
curatives ou externes comme des technologies mises en œuvre ou développées dans une intention
environnementale afin de réduire l'effet des rejets issus des systèmes de production et de
consommation. La gestion des déchets et le traitement des rejets liquides sont les principaux
secteurs utilisant ces technologies61.

Ainsi, les écotechnologies sont des produits ou des services, qui visent à mesurer, prévenir,
limiter ou corriger l’impact sur l’environnement. Ces innovations vertes peuvent être orientées
vers la consommation ou être intégrées dans la chaine de production de n’importe quelle
industrie, ce qui leur donne un caractère horizontal. Enfin, la viabilité et le succès des
écotechnologies sont fortement dépendants de l’évolution de la recherche et développement dans
les différents secteurs industriels. La dépendance à la R&D est une caractéristique commune aux
écotechnologies et qui est des plus importantes. Les écotechnologies se distinguent par leur
valeur ajoutée environnementale. Au risque d’être rapidement obsolètes, et à cause des
différentes problématiques environnementales, de plus en plus complexes à cause de

60
Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, France. Consulté le 28-01-2016.
http://archives.entreprises.gouv.fr/2012/www.industrie.gouv.fr/portail/secteurs/ecotech.html
61
Idem.

170
l’accélération des effets du changement climatique, ces technologies doivent être constamment
renouvelées dans un processus d’amélioration continue.

Figure N°17 : Segmentation des écotechnologies


Source : Segmentation Ernst & Young, sur la base des classifications de l’OCDE (1999), Commission Européenne (2002 et
2006) et des publications du réseau Cleantech Venture, cité dans (MEEDDM, 2010)

1.3 Pourquoi un tel engouement pour les écotechnologies?


Avec toutes les bonnes intentions du monde, si une innovation telle un nouveau concept, un
nouveau procédé ou un nouveau produit, n’apporte pas un intérêt économique ou ne permet pas
d’éviter des pertes économiques mesurables, les chances pour que cette innovation voit le jour
restent minimes. Conscient de cette réalité et s’inspirant du sens même de développement
durable, qui s’appuie sur « une vision à long terme prenant en compte le caractère indissociable
des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement. »
(Québec, 2006), les environnementalistes ou les économistes de l’environnement, ont adopté un
langage économique, expliquant l’opportunité économique qui réside dans la contrainte
écologique et environnementale.

En plus des tensions et conflits autour des matières premières et de l’énergie qui, nécessitant de
nouvelles solutions, ont créé un contexte favorable à l’émergence de nouvelles technologies, ainsi
qu’à l’incitation des États pour engager des politiques publiques volontaristes favorisant l’essor

171
de l’industrie des écotechnologies. Les scénarios prospectifs proposés par les économistes de
l’environnement permettent d’imaginer un future avec et sans économie verte.
En 2009, l’économiste environnementaliste Barbier, a proposé un scénario d’après-crise,
retraçant une reprise de la croissance selon un schéma de business a usuel. Il a estimé que la
demande énergétique mondiale va augmenter de 45 % en 2030, a prévu une hausse des prix du
pétrole à 180 $ US le baril, une augmentation du gaz à effet de serre (GES) de l’ordre de 45 % en
2030, conduisant à l’augmentation de la température moyenne mondiale, à la dégradation
écologique et la rareté de l'eau. Ces dégradations de l’environnement auraient un impact
remarquable sur l’économie mondiale. Barbier a ainsi prédit des pertes équivalentes à 5 %
jusqu’à10% du produit intérieur brut mondial (PIB), ainsi qu’une aggravation de la situation des
pays pauvres, qui auraient à souffrir d’une augmentation des coûts supérieurs à 10 % de leur PIB.
En opposition à ce scénario, l’adoption de bonnes mesures politiques en faveur de l’économie
verte pourra relancer l'économie mondiale, créer des emplois, protéger les groupes vulnérables et
réduire la dépendance au carbone, la dégradation des écosystèmes et de la rareté de l'eau.
Toutefois, les motivations pour s’engager dans la voie d’une économie verte et adopter les
écotechnologies varient selon si l’on se positionne dans une dimension macroéconomique, au
niveau des États, ou microéconomique, au niveau des entreprises.

1.3.1 Les motivations des Etats pour encourager l’économie verte

Dans le contexte du développement durable de la protection de l’environnement et de


l’éradication de la pauvreté, l’économie verte a constitué l’un des thèmes essentiels dans le cadre
du processus de « Rio +20 ». Cette notion a rompu ses amarres avec l’univers des spécialistes en
économie de l’environnement et rejoint le flux général du discours politique. Les déclarations des
chefs d’État et des ministres des Finances, les communiqués du G20 et les acteurs du
développement durable et de l’éradication de la pauvreté y font de plus en plus allusion (PNUE,
2011).
Au niveau mondial, le motif premier est celui d’accroître la prospérité de la société avec moins de
ressources naturelles et en réduisant la consommation d’énergie. Pour ne pas se retrouver à
dilapider le capital naturel mondial, il importe d’améliorer significativement l’efficacité des
ressources. Compte tenu de la tendance à l’élévation des prix dans le contexte de la raréfaction

172
des ressources, l’économie mondiale est face à l’obligation d’accroître sa productivité par une
utilisation plus efficace des ressources.
L’économiste environnementaliste Stern (2006) a proposé un scénario basé sur un investissement
annuel équivalant à 2 % du produit intérieur brut (PIB) mondial total dans les écotechnologies. Si
cet investissement est soutenu jusqu’en 2050, il permettrait d’assurer une croissance économique,
à moyen et long termes, égale ou supérieure au scénario fondé sur le business as usuel. Une telle
stratégie s’appuie sur la préposition selon laquelle il en coûterait moins cher aux États de prévenir
les risques environnementaux et d’agir dès maintenant que lorsque les risques se matérialisent et
leurs conséquences deviennent ingérables.

1.3.2 Les motivations des entreprises pour s’investir dans une économie verte

De plus en plus de pays ont pris conscience de la nécessité d’impliquer tous les acteurs
économiques et sociaux dans la démarche de verdissement de l’économie, les risques écologiques
étant le problème de tous. Cette acceptation croissante de l’obligation de se conformer à un mode
de production et de consommation respectueuse de l’environnement, stimule la demande
mondiale pour les produits verts, des processus et des services qui peuvent aider à maîtriser les
défis posés par le changement climatique et la rareté des ressources. Ainsi, de plus en plus
d’entreprises se conforment aux exigences de respect de l’environnement, par l’intégration de
méthodes respectueuses de l’environnement ou des écotechnologies dans leur chaine de
production, ou en se spécialisant dans des filières de production d’écotechnologies.

Si l’accroissement de la demande sur marché des écotechnologies explique l’orientation des


entreprises vers la production des écotechnologies, elle n’explique pas pourquoi les entreprises
intègrent les écotechnologies dans leur chaine de production, malgré les coûts engendrés, dans
certains cas, par une telle démarche.
Le 1er baromètre sur l’intégration des écotechnologies dans les entreprises régionales de la région
Nord-Pas-de-Calais en France, menée novembre 2014, a porté la lumière sur les motivations qui
ont poussé les entrepreneurs de la région à intégrer ou à vouloir intégrer les écotechnologies au
sein de leurs entreprises. Les réponses des chefs d’entreprises ont varié entre :
 Donner à l’entreprise une orientation développement durable ;
 Répondre à de nouvelles contraintes réglementaires ou normes (qualité, sécurité, etc.) ;

173
 Répondre aux demandes des clients ;
 Recherche de compétitivité-rentabilité ;
 Recherche d’une nouvelle image de l’entreprise ;
 Conquête de nouveaux marchés ;
 Apparition d’une nouvelle technologie ;
 Recherche d’un nouveau modèle économique ;
 Mise au point d’une nouvelle technologie (innovation en interne) ;
 Faire face à la pression des concurrents.
Cette étude fait ressortir les motifs prioritaires à cette réorientation à savoir : la réduction des
coûts grâce aux économies sur les coûts d'énergie à travers l’amélioration de l'efficacité
énergétique, par exemple ; et les exigences des clients. D’autres moteurs dans ce processus de
transformation : l’image, la réduction des coûts d'entrée, ainsi que les normes (Luken et Van
Rompaey 2008).
Toutefois, l’engagement dans la voie des technologies vertes ira de pas sûrs lorsque l’intégration
des écotechnologies au sein des entreprises sera suite à une orientation stratégique et non
seulement une réponse aux normes en vigueur.

Le tableau suivant met en évidence les différentes motivations et les facteurs influençant
l'adoption de nouvelles technologies du point de vue des différentes parties prenantes et sur
différents niveaux.
Les parties prenantes Les motivations Domaines d'influence
• Fiscalité
• Import / export
• Les politiques d'innovation
Gouvernements • Objectifs de développement
• L'éducation et le renforcement
• National / fédéral • Objectifs environnementaux
des capacités
• régional / état / provincial • Avantage compétitif
• Les programmes de
• Local / municipal • La sécurité
réglementation
• Développement institutionnel
• Crédit et de l'investissement

174
• Investissements
• R & D de la technologie /
commercialisation
• marketing
Entreprises du secteur privé
• Développement des
• Transnational
• Bénéfices compétences / capacités
• Nationale
• Retour sur investissement • Acquisition d'informations
• Entreprises locale / micro
• Part de marché • Transfert de technologie
entreprises
• Avantage compétitif • voies de transfert de
(Y compris les producteurs et
technologie
les utilisateurs)
• Les politiques de prêt / crédit
(producteurs, financiers)
• Sélection de la technologie
(distributeurs, utilisateurs)
Les institutions
internationales de
développement :
• Connaissances de base et • Recherche et développement
• Les banques multilatérales
appliquée • La commercialisation des
• Les organismes d'aide
• Recherche technologies
bilatérale
• enseignement • Transfert de technologie
• D'autres organismes (Fonds
• Le transfert de connaissances • voies de transfert de
pour l'environnement
• crédibilité perçue technologie
mondial, Organisation
mondiale du commerce,
Nations Unies, OCDE)
Médias / groupes publics :
• Promotion et publicité
• TV, radio, journaux • Diffusion de l'information •
• Les programmes éducatifs
• Écoles Éducation • Sensibilisation •
• programmes communautaires
• Les groupes Des décisions éclairées • le
• Lobbying pour les ressources
communautaires bien-être collectif
• Diffusion de l'information
• ONG

175
Les consommateurs • Les décisions d'achat
• survie • Qualité de vie •
individuels: • Sélection de l'information
Information • Des solutions
• Urbain • voies d'apprentissage
abordables
• Rural • Application des connaissances
Tableau N°8 : Motivations and influences for technology adoption
Source : traduit par l’auteur depuis (Luken et Van Rompaey 2008)

Section 2. La dynamique du marché mondial des écotechnologies


Actuellement, peu de pays ont amorcé une réelle transition vers ce nouveau paradigme de
croissance (Barbier, 2010). Toutefois, depuis les récentes crises économiques, plusieurs États ont
mis en œuvre un « stimuli vert » afin de relancer la croissance de leurs économies et favoriser la
création d’emplois dans les filières d’écotechnologie. Bien qu’il n’existe pas de définition
communément acceptée des investissements verts, leur part a atteint 15 % du total mondial des
mesures de relance économique en 2009, soit 463 milliards $ US (Barbier, 2010).
La contribution des pays émergents à la croissance verte a augmenté. Bien qu'ils aient le plus
souvent recours à l’adaptation les innovations produites ailleurs à leurs besoins locaux par le biais
d’innovation incrémentale62.
L'activité économique propre d’une entreprise est mesurée en termes des établissements et des
emplois qui sont associés à cette entreprise, qui produisent des biens et/ou des services avec une
valeur ajoutée environnementale, ou qui utilisent les méthodes ou des technologies à valeur
ajoutée environnementale appliquées de manière unique à ces produits (Muro M., Rothwell J,
2011).

2.1 Les perspectives de croissance de l’industrie des écotechnologies


Le verdissement de l'investissement à l'échelle mondiale est une condition préalable pour
atteindre une croissance et un développement durable. L'investissement requis pour l'eau,
l'agriculture, les télécommunications, l'énergie, les transports, les bâtiments, l'industrie et le
secteur forestier, selon les projections actuelles de croissance, se dresse à environ 5 trillions de
dollars américains par an d'ici 2020 d’après le rapport du Forum Économique Mondial, The
Green Investment Report (2013).

62 En opposition à l’innovation de rupture, plutôt radicale, l’innovation incrémentale est une amélioration des process actuels.

176
D’autres analyses montrent que, à l’échelle globale, les investissements dans les écotechnologies
sont en forte croissance depuis plusieurs années et ils étaient devenus depuis 2007, le second
poste d’investissement du capital-risque derrière les technologies de l’information, et devant les
biotechnologies. La croissance du marché des écotechnologies est estimée a + 6 % par an et
pourrait atteindre plus de 500 milliards d’euros en 2020, à l’échelle mondiale, pour les marchés
de l’eau et de la valorisation des déchets (Ribeyron, 2009).
Le volume total du marché des technologies environnementales et de l’efficacité des ressources a
enregistré entre 2007 et 2013 une hausse annuelle moyenne de 11,9 % et atteint 2’ 536 milliards
d’euros en 2013. Ce montant total se décompose en les volumes des six marchés de technologie
verte suivants : L'efficacité énergétique ; la gestion durable de l'eau ; la production, stockage et
distribution d'énergie respectueuse de l'environnement ; L’efficacité des matériaux ; la mobilité
durable ; et la gestion des déchets et le recyclage.

Figure N°18 : Volume global des six marchés leaders des technologies environnementales et de l'efficacité des ressources
en 2013 (en milliards d'euros)
Source: Traduit par l’auteur depuis « GreenTech made in Germany 4.0 Environmental: Technology Atlas for Germany »,
Federal Ministry for the Environment, Nature Conservation, Building and Nuclear Safety (BMUB), Germany, July 2014.

177
Ce graphique présente le bien-fondé économique d’une réorientation des investissements publics
et privés en faveur de la transformation de secteurs clés essentiels au verdissement de l’économie
mondiale.

Figure N°19 : La répartition des marchés leaders des technologies environnementales et de l'efficacité des ressources au
niveau mondial en 2013 (en pourcentage)
Source : Traduit par l’auteur depuis « GreenTech made in Germany 4.0 Environmental: Technology Atlas for
Germany », Federal Ministry for the Environment, Nature Conservation, Building and Nuclear Safety (BMUB),
Germany, July 2014.

« Selon les prévisions, les six marchés directeurs définis dans cette étude – production, stockage
et distribution d’énergie, efficacité énergétique, efficacité des matières premières et des
matériaux, mobilité durable, économie circulaire et gestion durable de l’eau – connaîtront une
progression annuelle de 6,5 % et parviendront à un volume total de 5’ 385 milliards d’euros d’ici
(2011) à 2025. Cette étude prédit les plus grands volumes de marché pour les produits et les
services relatifs à l’efficacité énergétique qui pourraient atteindre en 2025 un volume mondial
exprimé en valeur actuelle de plus de 1’ 365 milliards d’euros. Elle prévoit les taux de croissance
les plus élevés avec une hausse annuelle moyenne de 9,6 % pour les écotechnologies dans le

178
domaine de la mobilité durable. Ces estimations du marché montrent une évaluation consolidée
de douzaines d’études de marchés et de potentiels réalisées au niveau mondial et national »63.

Figure N°20 : Volume de marché en 2011, volume de marché prévu en 2025 et croissance annuelle moyenne 2011–2025
Source : «Masterplan Cleantech – Une stratégie de la Confédération en matière d’efficacité des ressources et d’énergies
renouvelables», Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication DETEC,
Mai 2015

Un scénario d’investissements verts à hauteur de 2 % du PIB mondial offre une croissance à long
terme sur la période 2011- 2050 au moins égale à celle d’un scénario optimiste de business-as-
usual, tout en évitant d’importants inconvénients tels que les effets du changement climatique,
une plus grande rareté de l’eau et la perte de services environnementaux. Si, dans un scénario de
statu quo, on exclut les impacts négatifs potentiels des changements climatiques ou la perte
majeure de services environnementaux, la croissance économique mondiale sera néanmoins
entravée par la pénurie croissante des ressources énergétiques et naturelles. Même en utilisant des
hypothèses prudentes, un scénario d’investissements verts obtient des taux de croissance annuels

63
Selon l’étude «Umwelttechnologie-Atlas Deutschland», citée dans «Masterplan Cleantech – Une stratégie de la Confédération
en matière d’efficacité des ressources et d’énergies renouvelables», Département fédéral de l’environnement, des transports, de
l’énergie et de la communication DETEC, Mai 2015.

179
plus élevés à échéance de 5-10 ans et une augmentation des stocks de ressources renouvelables
qui contribue à la richesse mondiale. Étant donné qu’elle favorise l’investissement dans les
principaux services éco systémiques et dans un mode de développement à faible taux d’émission
de carbone, cette croissance économique est caractérisée par un découplage significatif des
impacts environnementaux et s’illustre également par une baisse considérable de l’empreinte
écologique mondiale (PNUE, 2011b).

Figure N°21 : Perspectives d’évolution des taux de croissance annuels du PIB au niveau mondial avec les deux scénarios :
adoption de l’économie verte et le statu quo ou business-as-usual.
Source : PNUE, 2011 b

Les projections à long terme suggèrent que, sans la volonté politique, la poursuite de la
croissance et le développement économique selon le scénario business-as-usual aura de graves
répercussions sur les ressources naturelles, les écosystèmes dont dépendent le bien-être humain et
l’économie mondiale.

2.2 Le transfert des technologies vertes


La productivité économique est, presque dans tous les domaines, corrélée à l’accès aux
technologies. Dans les secteurs de l’activité en lien avec l’environnement, et particulièrement
pour répondre aux défis du changement climatique, développer, démontrer, déployer et diffuser
les technologies écologiquement rationnelles, où les écotechnologies, s’avèrent curiaux ? Le

180
transfert des technologies vertes est un pas nécessaire sur le chemin vers une réponse globale et
efficace aux défis environnementaux.
Le transfert de technologies vertes est alors défini comme un « vaste ensemble de processus qui
concernent l’échange de connaissances, d’expérience et de biens entre les différentes parties
prenantes et qui favorisent l’adaptation aux changements climatiques ou l’atténuation de leurs
effets… » (Metz et al. Pour le GIEC, 2001). Il ne s’agit pas d’un processus passif unidirectionnel,
pour inciter aux transferts des écotechnologies selon Glachant et al (2013), généralement depuis
les pays industrialisés vers les pays en développement, il faut considérer les facteurs de l'offre et
de la demande.
Au niveau de l'offre, les investisseurs qui participent au transfert de technologie réclament un
environnement favorable dans les pays bénéficiaires, pour la réception des technologies
transférées. Il s’agit là, en particulier, de l'infrastructure pour soutenir la production et la capacité
d’absorption ainsi que les règlements qui encouragent le développement de la technologie verte.
Au niveau de la demande, il doit y avoir une demande locale (facteurs d'attraction) pour faciliter
l’absorption des technologies vertes.
Afin de favoriser le transfert de technologies vertes à travers le renforcement des capacités
d’absorption, les gouvernements des pays en développement doivent tabler sur des stratégies
durables pour soutenir la croissance verte et créer un cadre institutionnel qui leur permet
d'absorber, d'adapter et d'améliorer les composants et les systèmes transférés.

2.2.1 Paradigmes de transfert d’écotechnologie

Les flux de transfert d’écotechnologie les plus importants se passent encore entre les pays
industrialisés. Cependant, le transfert des technologies depuis des pays développés vers les
économies émergentes commence à prendre de l’ampleur avec 1 % à 30 % des flux de transferts
mondiaux (Glachant et al, 2013).
De plus en plus de flux de transfert d’écotechnologies se passent dans les plus grandes économies
émergentes, comme la Chine, le Brésil et l'Inde. Le canal de transfert le plus fréquent est l'achat
et la vente directe de bien et d’équipement. À l’instar des flux Nord-sud traditionnels, les flux
d’écotechnologies Sud-Sud deviennent aussi de plus en plus courants, par exemple les
exportations de technologies solaires en provenance de la Chine. Les flux Sud-Nord gagnent

181
aussi en importance, par exemple les exportations de technologies éoliennes en provenance de
l’Inde et de la Chine (Brewer, 2008).

2.2.2 Mécanismes de transfert d’écotechnologies

Plusieurs mécanismes de transferts d’écotechnologies sont observés. Il y a le mécanisme basé sur


les flux de financement de matériel qui a pour principal objectif de fournir des financements
supplémentaires pour encourager l’investissement dans du matériel technologique vert dans les
pays en développement (ex : crédits carbone). Cette approche de financement du matériel permet
d’équiper en technologie propre un pays, mais ne tenant pas compte de l’importance du
renforcement des capacités d’innovation locales, elle n’encourage pas le renforcement des
capacités d’absorption qui in fine permettront de faciliter l’adoption des technologies et mettre en
place un processus de développement à long terme.

Un autre mécanisme est celui basé sur les accords multilatéraux sur l’environnement. Ces accords
contiennent des dispositions concernant la facilitation de l’accès et le transfert de la technologie
(GEF, 2011) :

 Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) : a créé
le mécanisme pour la technologie en décembre 2010 pour appuyer les mesures
d’élaboration et de transfert de technologies en matière de réduction et d’adaptation ;
 Convention de Stockholm : exige le recours aux meilleures techniques et aux meilleures
pratiques environnementales disponibles afin de réduire les émissions de polluants
organiques persistants résultants d’une production non intentionnelle (incinérateurs de
déchets, production d’aluminium, combustion à ciel ouvert de déchets, etc.) ;
 Protocole de Montréal : a annoncé la décision sur la destruction respectueuse de
l’environnement des réserves de substances qui appauvrissent la couche d’ozone (SACO).
Le Fonds multilatéral est invité à poursuivre les efforts qu’il déploie dans des projets
économiques de destruction des réserves de SACO, au moyen des technologies
appropriées ;
 Convention sur la diversité biologique : reconnait que l’accès à la technologie et son
transfert entre Parties, est essentiel à la réalisation de ses objectifs.

182
Le transfert de technologies vertes, ne devrait pas se limiter aux efforts traditionnels de
financement de matériel. Une approche plus globale centrée sur le renforcement des capacités et
des systèmes d’innovation est nécessaire pour consolider les capacités d’absorption des pays
récepteurs et leur permettre de mieux profiter de ces transferts.

2.2.3 Les défis face à l'adoption de la technologie verte


Le transfert de l’écotechnologie, depuis les pays industrialisés vers les pays en voie de
développement, obéi à plusieurs logiques, à savoir les cessions des brevets, les cessions de
brevets gratuites dans le cadre de coopérations, les financements d’achat du matériel éco
technologique, les formations, etc. Toutefois, elle est une réalité que les technologies vertes sont
plus chères que les technologies conventionnelles, ce qui influence les processus de transferts des
écotechnologies. Les écotechnologies sont en fait plus onéreuses, car elles tiennent compte des
coûts environnementaux qui sont externalisés dans de nombreux procédés de production
classiques. Aussi, le caractère relativement récent des écotechnologies fait que les coûts de
développement et de formation associés peuvent rendre, ces technologies, encore plus coûteuses
en comparaison avec les technologies conventionnelles.
D'autres facteurs sont à considérer lorsqu’on envisage un transfert de technologie verte, telle que
l'infrastructure de soutien, la disponibilité de la technologie, les capacités des ressources
humaines et des éléments géographiques. Par conséquent, ce qui pourrait être une technologie
verte envisageable dans un pays ou une région peut ne pas l’être ailleurs.
Selon la perspective et l’angle de vue, d’autres obstacles peuvent faire face à l’adoption et la
mobilité des écotechnologies. Du point de vu macroéconomique, ces obstacles peuvent être,
comme déjà cité, institutionnelle, technologique, financière, politique, culturelle ou morale. Du
point de vue microéconomique, celui d'une entreprise, les coûts de mise en œuvre d’une
écotechnologie, le manque d'information, l’incompréhension des sources des intrants et de
matières premières chimiques ou alternative, la méconnaissance des procédés et technologies de
traitement alternatif, l'incertitude face aux impacts des écotechnologie sur la performance, le
manque de ressources humaines et des compétences spécialisées, etc. sont autant d’éléments qui
constituent des obstacles probables à l'adoption de technologies vertes.

Des exemples les plus concrets apparaissent dans les processus de transfert de technologie verte
vers les pays en voie de développement. Les Pays en voie de développement considèrent le

183
transfert de technologies comme un processus onéreux qui devrait être en partie pris en charge
par les pays industrialisés. Aussi, les lois relatives à la propriété intellectuelle, y sont perçues
comme un obstacle potentiel à la diffusion des innovations, qui devrait connaitre « un
relâchement » afin de favoriser le transfert des écotechnologies.
Cette question de droit de propriété intellectuelle consiste un frein à la diffusion technologique du
coté des pays développés, qui eux craignent que « des politiques ambitieuses de transfert
technologique n’endommagent la compétitivité de leurs entreprises ».

Depuis la signature de la Convention climat suite aux négociations climatiques en 1992, le


principal résultat concret est la mise en place en 2013 du « Mécanisme technologique », dispositif
de coordination dont objectif est de « faciliter la mise en place de mesures importantes de
développement et le transfert technologique pour soutenir l'action d’atténuation et d’adaptation
au changement climatique », mais qui jusqu’alors a été l’origine d’un nouveau forum
pour poursuivre la discussion sur des solutions plus concrètes, qui restent à être élaboré.
Essentiellement le développement du transfert des technologies est profitable à la fois aux pays
industrialisés et aux pays en voie de développement. Pour aboutir à une diffusion
d’écotechnologies, des connaissances et des compétences à l’international, les politiques
économiques doivent créer des conditions de marché favorables afin d’inciter les acteurs privés et
les détenteurs des technologies à agir.

2.3 Les politiques publiques environnementales et des stratégies gouvernementales en


faveur de l’industrie des écotechnologies
L’économie verte suscite un engouement indéniable partout à travers le monde. Cette nouvelle
réalité résulte-t-elle d’une simple mode ou assiste-t-on aux balbutiements d’un profond
changement sociétal.
Selon le PNUE, l’économie verte est une économie qui entraîne une amélioration du bien-être
humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques
environnementaux et la pénurie de ressources. Sous sa forme la plus simple, elle se caractérise
par un faible taux d’émission de carbone, l’utilisation rationnelle des ressources et l’inclusion
sociale. Dans ce type d’économie, la croissance des revenus et de l’emploi doit provenir
d’investissements publics et privés qui réduisent les émissions de carbone et la pollution,
renforcent l’utilisation rationnelle des ressources et l’efficacité énergétique et empêchent la perte

184
de biodiversité et de services environnementaux. Il faut que ces investissements soient catalysés
et appuyés par des dépenses publiques ciblées, une réforme des politiques et des modifications de
la réglementation.
Les pouvoirs publics sont alors appelés à adopter une politique environnementale dans la
perspective de ce qu’on appelle « L’hypothèse de l’innovation induite » : la politique publique
peut favoriser l’innovation en changeant les prix relatifs des facteurs ou en introduisant des
contraintes de production. Un changement au niveau des prix relatifs des facteurs de production
ou au niveau du coût d’opportunité associé à l’exploitation des ressources environnementales,
motiverait les entreprises à inventer de nouvelles méthodes de production pour faire des
économies sur l’utilisation d’un facteur devenu relativement cher (Hicks, 1932).
Quant au secteur privé, et malgré l’idée selon laquelle « Les marchés libres n’ont pas pour
vocation de résoudre les problèmes sociaux » (Muhammad Y. & Weber K., 2007), il est
nécessaire pour ce secteur de comprendre et de mesurer l’opportunité économique réelle que
représente la transition vers une économie verte dans de nombreux secteurs clés et de réagir aux
réformes des politiques et aux signaux de prix par une hausse des niveaux de financement et
d’investissement (PNUE, 2011a).
Plusieurs exemples de transitions vers le verdissement d’un ou de plusieurs secteurs dans des
pays émergents ou en voie de développement méritent d’être imités et reproduits ailleurs, nous
allons-en citer l’exemple de secteur du recyclage au Brésil, et celui de la production privée des
énergies propres au Kenya, tous deux présentés dans les rapports du PNUE (2010, 2011a, 2011b).

2.3.1 Brésil, les déchets de l'un sont les trésors de l'autre


Le recyclage des déchets permet de préserver les ressources naturelles par la réutilisation de
matériaux issus de déchets et de réduire la consommation d’énergie, l’émission de gaz à effet de
serre et la consommation d’eau, liées à la production industrielle64. La politique nationale au
Brésil sur les déchets solides (PNRS) mise en place par une loi du 2 août 2010 a pour but
d’exploiter efficacement le potentiel d’une tradition de recyclage ancrée dans sa culture. Le
niveau de récupération au Brésil, pour de nombreux matériaux, est égal ou supérieur à celui des
pays industrialisés. Quelque 95 % des cannettes en aluminium et 55 % de toutes les bouteilles en
polyéthylène sont recyclés. Environ la moitié du papier et du verre est récupérée. Ces activités de

64Le recyclage des déchets, Site du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Le-recyclage-des-dechets.html

185
recyclage génèrent au Brésil une valeur proche de 2 milliards de dollars et évite l’émission de 10
millions de tonnes de gaz à effet de serre. En dépit de cette belle réussite, environ 5 milliards de
dollars de matériaux recyclables partent en décharges. Le recyclage de la totalité coûterait 0,3 %
du PIB.
La gestion des déchets et le recyclage donnent du travail à plus de 500 000 personnes au Brésil,
les « catadores ». La plupart occupent des emplois informels de collecteurs de déchets
caractérisés par des revenus faibles et très instables et des conditions de travail déplorables. En
1999, un mouvement organisé des « catadores » a vu le jour, avec l’objectif d’organiser les «
catadores » et conquérir un cadre juridique qui cherche à valoriser et protéger la catégorie. Le
mouvement a motivé l’initiative des gouvernements locaux. Ainsi, 60 000 travailleurs du
recyclage ont été organisés en coopératives ou associations et ont obtenu des emplois formels et
des contrats de service. Grâce à un salaire égal à plus du double que les collecteurs de déchets à
leur compte, ils ont pu sortir leur famille de la pauvreté. Depuis il y a eu au Brésil la définition
des politiques de gestion des déchets et à la législation qui régule l’action des «catadores », les
principales sont : le Décret présidentiel 5940 de 2006 qui prévoit l’obligation pour les institutions
publiques fédérales de séparer les déchets recyclables, et les destiner aux associations et
coopératives de « catadores » de matériel recyclable ; la Loi 11445 d’assainissement urbain de
2010 qui, entre autres, prévoit que les coopératives de recyclage puissent être contractées par les
institutions publiques sans appel d’offre, qui agissent aujourd’hui en parallèle aux entreprises de
nettoyage public des mairies ; et la Politique Nationale de Déchets Solides de 2010 (Ambassade
de France en Brésil, 2014). Ses dispositions couvrent la collecte, la mise au rebut finale et le
traitement des déchets urbains, dangereux et industriels au Brésil. Le PNRS est le fruit d’un large
consensus basé sur un dialogue social entre le gouvernement, le secteur de la production, les
acteurs de la gestion des déchets et le monde universitaire. (PNUE, 2011 b)
Des initiatives pareilles permettent d’enclencher des changements économiques, mais aussi
culturels qui tendent vers l’adoption de l’économie verte. Ce sont des changements de
comportement de tous les acteurs qu’il convient d’encourager activement par des politiques
ciblées et cohérentes afin de réorienter les investissements vers des choix durables, socialement
responsables et respectueux de l’environnement.

2.3.2 Kenya, la production de l’énergie est une affaire de tous

186
Pour accélérer la mise en œuvre de projets d’énergie renouvelable, le gouvernement du Kenya a
mis en place un programme qui ouvre le marché de la production des énergies propres aux
investisseurs privés comme aux institutionnels, en étant le garant du prix : la politique du prix de
rachat garanti.
Un prix de rachat garanti (FiT, Feed-in Tariff) est un instrument politique utilisé pour encourager
la croissance de l’industrie des énergies renouvelables en garantissant aux producteurs
d’électricité à partir du soleil, du vent et d’autres sources renouvelables, un marché pour
l’électricité qu’ils produisent et ainsi un retour sur investissement. Les FiT obligent les
entreprises d’énergie responsables du fonctionnement du réseau national à acheter l’électricité
des sources d’énergies renouvelables à un prix préétabli suffisamment attractif pour encourager
de nouveaux investissements dans le secteur des énergies renouvelables. En créant un marché de
rachat d’énergie renouvelable et en veillant à sa stabilité, cette politique permet d’une part de
réduire les coûts administratifs et intermédiaires en éliminant les processus conventionnels
d’enchères ou de négociation, et d’autre part, d’encourager les investisseurs privés à réaliser des
installations de production d’énergie fiables et efficace, afin d’optimiser les retours sur
investissement.
Ces tarifs de rachat d’électricité garantissent le paiement d’une somme fixe par unité produite à
partir de sources renouvelables ou une prime en sus des prix du marché de l’électricité. Ces tarifs
ont été mis en œuvre dans plus de 30 pays en voie de développement et dans 17 pays développés.
Ainsi, le Kenya a introduit un tarif de rachat de l’électricité produite par les éoliennes, la
biomasse et la petite hydroélectricité en 2008 et étendu cette politique en 2010 à la géothermie,
au biogaz et à l’énergie solaire. Cette politique pourrait stimuler une capacité de génération
d’électricité estimée à 1 300 MW dans les années à venir ou quasiment doubler la capacité
installée (PNUE, 2011b).

187
Figure N°22 : L’évolution de la participation de producteurs indépendants dans la réponse à la demande de pointe au
Kenya (en MW)
Source : “Les impacts de la production indépendante d’électricité au Kenya” www.proparco.fr
*KenGen est la société publique de production d’électricité

Ce graphique montre l’évolution de la part de l’énergie produite par des producteurs


indépendants dans la production nationale du Kenya sur la période allant de 2005 jusqu’à 2012.
La part des producteurs indépendants a doublé sur cette période. Cette évolution traduit la
réussite de la politique du gouvernement à attirer les investisseurs indépendants et à les impliquer
dans le verdissement de leur économie et de leur énergie.

Section 3. Les clusters, des écosystèmes favorables à l’essor des industries éco
technologiques
Gérer les risques du changement climatique implique des efforts d’adaptation et d'atténuation qui
se traduisent par une prise de décisions dont les implications atteindront l’environnement et les
économies des générations futures. Il n’existe pas d'approche unique pour réduire les divers
risques environnementaux dans tous les milieux, les efforts engagés — et ceux qui restent à
engager — sont spécifiques à chaque contexte. Les stratégies efficaces de réduction des risques et
d'adaptation sont celles qui prennent en considération les aspects qui reflètent la vulnérabilité et

188
l'exposition de chaque société aux risques du changement climatique tout en respectant la
dynamique socioéconomique locale.

Dans une vision quasi statique de l’économie actuelle, les contraintes environnementales
apparaissent principalement comme une source de coûts additionnels limitant l’activité
économique. Alors que, lorsque l’on envisage l’objectif d’une économie durable,
l’environnement y apparaît comme une dimension intégrée de l’activité économique, génératrice
d’activités et enjeux fédérateurs de la société (Crifo, P. Crassous-Doerfler, R. Flam, M, 2010).
Unir ces deux visions, à savoir l’économique et l’environnementale dans le respect des objectifs
du développement durable, nécessite la mise en place de plateformes favorisant le croisement et
le développement des objectifs économiques et environnementaux.
Les clusters éco technologiques, représentent des écosystèmes où l’éco-innovation occupe une
place de choix et est le moteur de la compétitivité des entreprises. Un nombre croissant de
clusters s’investissent directement ou indirectement dans cette dynamique en contribuant à
l’émergence de nouvelles écotechnologies. Toutefois, étant encore émergent et peu structuré, le
secteur des écotechnologies connait peu de clusters d’envergure mondiale. Les politiques
publiques, dans des pays tels que la France, la Norvège ou la Finlande, veille à donner une
impulsion à l’industrie des écotechnologies et favorise la mise en place de clusters dédiés.

3.1 Qu’est ce qui distingue les clusters éco technologiques des autres?
Durant les deux dernières décennies, on a pu remarquer une tendance de développement de
grappes de technologies propres dans le monde entier. Ce qui se présente comme une promesse
d'aide à faire avancer le la croissance verte, la création d'emplois dans des domaines éco
respectueux et financement de la nouvelle génération de technologies durables. « L’analyse des
clusters éco technologiques mondiaux montre que la plupart des démarches locales en faveur des
écotechnologies sont récentes et ont été initiées dans les années 2000 » (MEEDDM, 2010) ce qui
conditionne leur profil et leur positionnement.

3.1.1 Des clusters orientés business ET développement durable


Les politiques publiques étaient généralement axées sur l’attraction de l'investissement direct
étranger et la fourniture d'installations subventionnées pour les investisseurs étrangers et/ou pour
les nouvelles entreprises nationales. Plus récemment, l'accent est mis sur la compétitivité des
entreprises nationales, ce qui explique l’intérêt pour les politiques de clusters et des instruments
189
similaires pour construire la coopération et le partage des connaissances entre les entreprises,
notamment les PME selon une approche régionale de l'innovation (OCDE, 2010). Ces politiques
ciblent divers secteurs industriels, le secteur des écotechnologies n’est pas en reste, toutefois, la
nature récente de ce secteur conditionne les politiques qui s’y adressent. Le secteur des
Cleantech comme une industrie distincte, malgré les sommes d’argent immenses qu’il draine, est
un secteur en pleine expansion certes, mais qui est encore à ses débuts. L'industrie éco
technologique réunit une large palette de produits et services, ce qui englobe la production et le
stockage des énergies propres, la gestion des déchets, la mobilité durable, le traitement des eaux
usées, etc. Malgré les différences entre ces industries, elles partagent toutes un point commun :
« l’usage d’une nouvelle technologie innovante pour créer des produits et des services qui sont
en concurrence favorable sur le prix et les performances, tout en réduisant l'impact de l'homme
sur l'environnement » (Burtis, 2004).
Les clusters qualifiés d’éco technologiques développent des technologies, services ou produits,
qui ont des impacts moindres sur l’environnement ou qui participent aux efforts d’adaptation ou
d’atténuations aux risques climatiques. Ils participent au développement durable en limitant les
impacts environnementaux des produits et services qu’ils développent sans nécessairement
afficher d’engagements spécifiques pour le développement durable. « Leur prise en compte de ce
sujet peut cependant s’étendre à d’autres actions telles que le soutien au développement et à la
réalisation de stratégies territoriales de développement durable » (MEEDDM, 2010). Ainsi, les
clusters éco technologiques sont des agglomérations d’entreprises ou d’industries qui participent
à l’application et au renforcement des stratégies de développement durable et au soutien de la
croissance économique, en offrant une plateforme favorable à l’éclosion des différentes branches
du secteur des écotechnologies et participent au développement, au transfert et à la diffusion des
innovations eco friendly.

3.1.2 Des clusters constitués majoritairement de PME


Les clusters éco technologiques se distinguent par un nombre de membres relativement réduit, en
comparaison avec des clusters qualifiés de traditionnels. Ils se caractérisent aussi par leur
jeunesse (la majorité a vu le jour depuis les années 2000), une forte volonté d'expansion et leur
composition en une grande majorité de PME avec quelques grandes entreprises ou des filiales de
firmes multinationales.

190
Comme expliqué plutôt dans les chapitres précédents, le phénomène des clusters est assez récent,
celui des clusters éco technologiques l’est encore plus. Ce qui se traduit par un manque dans la
quantité des études et des données statistiques permettant une analyse chiffrée précise et
exhaustive du développement et de l’évolution des clusters éco technologiques dans le monde. Le
choix est ainsi tombé sur l’étude du cas français, s’appuyant sur l’étude du MEEDDM de 2010,
pour illustrer la composition des clusters à vocation environnementale.
Ainsi, d’après l’étude de la MEEDDM (2010), la constitution des clusters verts est dominée par
les PME avec une part supérieure à 60 %, et qui va jusqu’à 80-90 % le plus souvent. Ce qui
s’explique, probablement, par l’âge relativement jeune des secteurs et des technologies auxquels
appartiennent ces entreprises.
Toujours selon le MEEDDM (2010) les clusters éco technologiques comprennent les acteurs
suivants :
 Des institutions publiques
 Des investisseurs privés
 Des organismes publics de financement
 Des incubateurs ou parcs scientifiques
 Des centres de recherche et de formation
 Des agences de développement économique et d’attractivité et de promotion de territoire.
 Réseaux d’acteurs locaux
 Réseaux d’acteurs internationaux
 Tissu local d’entreprises : non-forcement membres mais qui participent au développement
de l’écosystème local et au développement du cluster de nombreuses institutions phares
des territoires sont membres actifs des clusters ou bénéficient des activités et retombées
de celui-ci.
Toutefois, il est intéressant de noter que certains de ces clusters, malgré leur jeune âge, sont axés
sur un nombre important de grandes entreprises ou de firmes multinationales. L’exemple du pôle
Hydreos, dédié aux technologies et à la gestion de l’eau, réunissant plus de 70 membres dont de
grands groupes comme Veolia, Saint-Gobain Pont-à-Mousson, Suez Environnement ou encore
Nestlé Waters en plus des PME plus petites, par exemple, spécialisées dans les résines

191
synthétiques pour la fabrication de tuyau de canalisation ou dans l'instrumentation65. On peut
tenter de donner une explication à la composition typique de ce pôle par l’importance stratégique
du secteur auquel il est dédié, le secteur de l’eau. Les entreprises françaises dans le secteur de la
gestion déléguée de la distribution d’eau et de l’assainissement se sont forgé une renommée
internationale, en réalisant en 2004 un chiffre d’affaires à l’international de 7,2 milliards de €
(UBIFRANCE et Les Missions Economiques, 2010), soit une fois et demi celui réalisé en France
dans la même période qui était de l’ordre de 5,1 milliards de € (UBIFRANCE et Les Missions
Economiques, 2010).

3.1.3 Des clusters aux positionnements distincts


D’après l’étude du MEEDDM (2010), les clusters éco technologiques mondiaux se positionnent
selon l’une des deux approches suivantes :
- Adopter une thématique distincte et s’y spécialiser, comme c’est le cas de Cluster Solaire
marocain qui se positionne sur le solaire photovoltaïque, ou le cluster Eau en Israël qui se
positionne sur les thématiques liées à la gestion de l’eau ;
- Adopter une approche généraliste avec un positionnement sur un panel de thématiques
comme c’est le cas pour Øresund, un cluster transfrontalier entre le Danemark et la Suède
qui couvre différentes thématiques liées à l’’ industrie agroalimentaire, ou Envirolink, un
cluster qui était focalisé sur les questions relatives à la gestion des déchets (recyclage et
récupération), la gestion des eaux et la dépollution des sols. Aujourd’hui, Envirolink
regroupe d’autres entreprises actives dans l’énergie éolienne (Onshore et Offshore) et
l’énergie marémotrice.

Le positionnement des clusters éco technologiques est tout d’abord conditionné par les
caractéristiques du territoire, les atouts sectoriels préexistants et les politiques publiques engagées
par les pouvoirs publics locaux. Toutefois, les clusters éco technologiques se positionnent le plus
souvent sur un panel de thématiques orientées de plus en plus vers la croissance verte plutôt que
sur une thématique ou technologie spécifique. Cette approche permet aux clusters de s’adapter
aux évolutions (besoins/attentes des acteurs, contexte politique, opportunités de
développement…) du marché local et international.

65
D’après Georges Pottecher, directeur général d'Hydreos (en 2012) http://www.lenouveleconomiste.fr/lesdossiers/affaires-
publiques-les-clusters-eco-technologiques-13455/ consulté le 31/07/16.

192
Le verdissement de nombreux clusters aux activités traditionnelles au niveau mondial reflète par
ailleurs une réorientation stratégique remarquable des tendances industrielles qui se traduit par
une intégration croissante des écotechnologies dans leurs thématiques (le passage de la
construction à l’éco construction).

3.2 Les conditions d’émergence d’un cluster éco technologique


L’innovation éco technologique constitue la réponse clé aux risques du changement climatique et
à la dépréciation des actifs environnementaux. Les gouvernements dans leurs efforts
d’atténuation et d’adaptation engagent des politiques favorables au développement des industries
éco technologique locales et à l’attraction d’IDE de nature éco technologique. La formation de
clusters éco technologiques joue un rôle déterminant dans le renforcement de ce processus, et
inversement, l’environnement socio-économique et les incitations gouvernementales influencent
et favorisent la formation et le développement de clusters éco technologiques.

3.2.1 Des clusters éco technologiques issus de stratégie top down


L’initiative du lancement d’une plateforme industrielle dédiée aux écotechnologies est souvent
l’œuvre des entités publiques. Particulièrement dans les pays en voie de développement, une
approche top Down où les gouvernements mettent en place des politiques de soutient à
l’innovation verte sur une base territoriale, et à la croissance à travers l’initiation et le soutien à la
création et au développement de milieux industriels innovants, est nécessaire.
Les spécificités propres aux clusters éco technologiques font appel à des conditions particulières
pour l’émergence et le développement de tels écosystèmes (MEEDDM, 2010) :
- Une politique publique orientée environnement et en faveur des écotechnologies ;
- Une forte implication des structures publiques locales ;
- Des forces régionales préexistantes ;
- Une implication forte du secteur privé et de quelques grandes entreprises ;
- Des liens étroits entre les acteurs du territoire préexistants à la création du cluster ;
- Des expériences préalables dans le développement de clusters.

L’intervention des pouvoirs publics locaux dans la création des clusters éco technologiques revêt
une grande importance, et pas seulement dans les pays en voie de développement, plusieurs pays
développés adoptent la même politique, à différents niveaux locaux, régionaux et nationaux
(MEEDDM, 2010) : « ville (par exemple pour Cleantech San Diego), agence de développement
193
économique (LAKES dans le cas de Lahti), régions (länder dans le cas de Solar Valley) ;
gouvernement (dans le cas d’Israël) afin de soutenir un secteur déjà fortement développé sur le
territoire (Lahti, Solar Valley) ou de “verdir” les activités du territoire (San Diego) ».

Des clusters éco technologiques français on cite le cluster Rhône-Alpes Eco-énergies qui illustre
l’exemple des clusters nés suite à la volonté des pouvoirs publics locaux qui se matérialise dans
la politique de développement économique territorial initiée par la Région. Créé en 2007 par la
région Rhône-Alpes. Le cluster Rhône-Alpes Eco-énergies comptait en 2012, 200 membres
spécialisés en techniques de construction respectueuses de l’environnement. Aussi, le pôle
baptisé Hydreos issu d’une initiative régionale, spécialisé en la gestion des Eaux, a été labélisé en
2010 « Pôle de compétitivité ». Le pôle Hydreos est constitué de plus que 70 membres dont de
grands groupes comme Veolia, Saint-Gobain Pont-à-Mousson, Suez Environnement ou encore
Nestlé Waters, ainsi que des PME plus petites spécialisées dans les résines synthétiques pour la
fabrication de tuyau de canalisation ou dans l'instrumentation66.

Il est alors, nécessaire de mettre en place des politiques qui permettent aux partenariats public-
privé de voir le jour, de mobiliser des financements, d’inciter les industriels à adopter des chaines
de valeurs écologiques, afin que les clusters de technologies propres puissent continuer à se
développer et croître.

3.2.2 Des clusters éco technologiques issus de stratégie bottom up


Comme expliqué dans le 3ème chapitre, l’émergence du cluster sur un territoire est le plus souvent
le fait de ces institutions publiques, sauf dans le cas des clusters américains, où généralement la
volonté de faire émerger une agglomération des entreprises est davantage portée par les acteurs
privés qui, suite à leurs initiatives, cherchent l’appui des organismes. Des exemples de clusters
éco technologiques issus d’initiatives privées, même s’ils ne sont pas trop nombreux, ils existent
un peu par tout dans le monde. C’est le cas pour Cleantech San Diego67 (Californie), Solar
Valley68 (Chine) et Envirolink69 (New Zealand). Les acteurs privés trouvent alors un soutient
considérable en les pouvoirs publics, grâce aux leviers financiers, politiques et réglementaires

66
D’après Georges Pottecher, directeur général d'Hydreos en 2012.
67
Présentation du cluster CleanTech San Diego http://cleantechsandiego.org/about/ consulté le 02/08/16.
68
Présentation du cluster Solar Valley http://solarvalleychina.com/ consulté le 02/08/16.
69
Présentation du cluster Envirolink http://www.envirolink.co.nz/about-us consulté le 02/08/16.

194
dont ils disposent qui en font de partenaires stratégiques des clusters éco technologiques
naissants.
En effet, une minorité de clusters éco technologiques se structurent exclusivement par la volonté
et les efforts d'entrepreneurs sans que les pouvoirs publics y soient intervenus d’une quelconque
manière. Le cluster français Durapôle spécialisé dans l'environnement et les filières vertes en est
un exemple.

« Il est né de l'initiative de plusieurs PME du plateau de Saclay, notamment Force-A, qui est une
entreprise dans le domaine de l'agriculture raisonnée, et Leosphère qui est spécialisée dans
l'analyse de l'air. Une plateforme d'Initiative locale, Scientipôle Initiative, a accordé un prêt
d'honneur aux deux entreprises. À partir de là est née l'idée de créer un regroupement de PME
dans le secteur des cleantech »70. Le cluster Durapôle est construit autour de deux axes à savoir
l’innovation collaborative et la mise en marché collaborative.

La création de Cluster dédié aux écotechnologies permet de consolider la position concurrentielle


des entreprises, d’échanger et d’accéder plus facilement aux technologies clés et aux réseaux de
compétences, en favorisant les collaborations entre les différents secteurs technologiques et en
renforçant les liens entre la recherche privée et la recherche publique (OCDE, 2010).

Conclusion chapitre
La croissance verte est devenue une réalité économique mondiale. Investir et de s’investir dans
l’économie verte n’est plus qu’un choix stratégique qui pour sortir des crises financières et
économiques, mais plutôt une nécessité à laquelle toutes les économies doivent répondre afin
d’assurer un avenir viable au niveau environnemental, mais aussi économique. La mutation de la
Silicon Valley en « Green Valley » aux États-Unis ou la conquête chinoise du leadership mondial
dans la production de masse du secteur des énergies renouvelables sont autant d’exemples de
cette nouvelle réalité (Crifo et al, 2010). C’est désormais une mobilisation au niveau mondial des
acteurs privés et publics pour soutenir une économie équitable et durable, qu’on remarque à
travers l’évolution dans les investissements publics et privés dans les différentes filières
industrielles de l’économie verte est l’un des moyens favorisant la croissance verte.

70
http://www.lenouveleconomiste.fr/lesdossiers/affaires-publiques-les-clusters-eco-technologiques-13455/ consulté le
26/07/2016.

195
Les innovations éco technologiques, préventives ou curatives, portent la réponse aux besoins de
développement durable en remédiant aux problèmes à caractères économique, social et
environnemental dans le cadre d’une « économie poste-carbone ». L’expansion des filières éco
technologiques et les perspectives d’évolution reflètent à la fois, et expliquent l’engouement des
acteurs publics et privés pour le développement de ces secteurs dans une perspective abandonnant
le scénario du business-as usual, et adoptant de bonnes mesures politiques en faveur de
l’économie verte afin de relancer l'économie mondiale, créer des emplois, protéger les groupes
vulnérables et réduire la dépendance au carbone, la dégradation des écosystèmes et de la rareté de
l'eau.
Ces observations mettent la lumière sur le rôle déterminant des politiques publiques en faveur du
développement des marchés et de structures qui soutiennent le développement des innovations
éco technologiques durant cette transition.
Les clusters éco technologiques offrent un écosystème dynamique et complémentaire,
rassemblant les acteurs du secteur privé et du secteur public, favorable au développement des
innovations nécessaire pour l’essor des écotechnologies et de l’économie verte de manière
générale.

196
Chapitre 7ème :
Les écotechnologies appliquées à l’industrie des eaux
non conventionnelles : Exemple du secteur de l’eau au
Maroc

197
Introduction

L’accès à l’eau potable et à l’assainissement est l’un des besoins les plus fondamentaux pour
l’être humain. Ce droit doit être garanti de manière égale pour tous les groupes de la société
qu’ils soient des populations riches ou pauvres, rurales ou urbaines. En effet, un des objectifs du
Millénaire pour le développement comprenait un meilleur accès à l’eau potable, à
l’assainissement et à l’hygiène (PNUD, 2006). Malgré une nette évolution dans l’accès à l’eau
qu’on voit dans l’accès de 91 % de la population mondiale à un point d’eau amélioré en 2015,
contre 76 % en 1990, on ne peut négliger qu’environ 663 millions de personnes sont toujours
sans accès à une eau potable et 1.8 milliard de personnes dans le monde utilisent une source d'eau
qui est contaminée par des matières fécales, selon les chiffres des Nations Unies71. Un autre
problème et qui n’est pas des moindres et l’accès à l’assainissement, ce sont 2,4 milliards de
personnes dans le monde n’ont pas accès à une installation d’assainissement améliorée. Parmi
elles, 946 millions pratiquent la défécation en plein air. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé
préconise de passer des Objectifs du Millénaire pour le Développement aux Objectifs de
Développement Durable qui portent sur un accès universel et de qualité à l’eau potable, à
l’assainissement et à l’hygiène. Ce qui ne pourra être réalisé s’il n’y a pas des mesures sérieuses
pour résorber les inégalités d’accès entre les différents groupes sociaux.

En outre, la demande en eau devrait augmenter au niveau mondial en raison de la croissance


démographique et économique, et les effets du changement climatique sont susceptibles d'affecter
les quantités disponibles en eau potable à cause de l'augmentation des températures, l'élévation du
niveau de la mer et de la variabilité des précipitations.
Certaines régions dans le monde seront beaucoup plus affectées que d’autre par des formes plus
sévères de stress hydrique, à savoir le bassin méditerranéen, l'ouest États-Unis et le Canada,
l'Afrique du Sud et le nord-est du Brésil.
Afin de pouvoir faire face à ce problème, il est nécessaire d’apporter de grandes améliorations
dans tous les domaines relatifs au secteur de l’eau, telle que la gestion de l’eau et l’optimisation
de la ressource dans l'agriculture, l’industrie, la production d'énergie et l’usage des ménages.
Aussi, les politiques publiques doivent concentrer leurs actions sur l’encouragement et le
développement de l’innovation éco technologique relative aux différents domaines du secteur de

71 http://www.un.org/sustainabledevelopment/water-and-sanitation/ consulté le 08/09/16

198
l’eau, tels que les moyens d’approvisionnement, de l’efficacité de la ressource, les cultures
résistantes à la sécheresse, l’assainissement, la valorisation des eaux usées, la collecte des eaux de
pluie, etc. La diffusion des écotechnologies est aussi essentielle pour réussir l’adaptation aux
défis de l’eau et du changement climatique, particulièrement dans les pays en voie de
développement.
Le Maroc, pays méditerranéen, est parmi les pays menacés par le stress hydrique dans un avenir
proche. Le secteur de l’eau au Maroc est ainsi un secteur sensible qui fait appel aux efforts des
pouvoirs publics, des acteurs de la société civile et qui présente un marché considérable pour le
secteur privé.

Section 1. La problématique du secteur l’eau : faire correspondre les ressources de plus en


plus limitées aux besoins de plus en plus grandissants

L’eau est vitale pour la vie. Elle ne peut être traitée comme un simple bien marchand. Les
pouvoirs publics ne permettent généralement pas de laisser agir les mécanismes du marché et les
forces de la concurrence pour la répartition de cette ressource essentielle à la vie. Partout dans le
monde, le secteur de l’eau est considéré comme un secteur stratégique qui revêt un caractère
prioritaire. Pourtant, c’est un secteur qui connait de plus en plus l’intervention des entreprises
privées, qui draine d’importantes sommes d’investissements et qui pose diverses problématiques
qui font appellent aux innovations éco technologiques et ainsi aux industries qui y sont reliées.

1.1 La ressource en eau, un bien économique à valeur sociale


1.1.1 Les besoins en eau
L’eau est omniprésente ce qui donne une impression d’abondance de la ressource, pourtant c’est
une ressource qui est inégalement partagée : « 9 pays se partagent 60 % des ressources en eau
douce (le Brésil, la Colombie, la Russie, l’Inde, le Canada, les États-Unis, l’Indonésie, le Congo
et la Chine), alors que l’on trouve dans certains pays considérés comme abondants en eau des
régions dévastées par le manque d’eau (en Inde par exemple) » (Baechler, 2012). Le plus gros
consommateur d'eau douce est de loin la culture irriguée (environ 70 % de la consommation
mondiale de l'eau, environ 80 % de la consommation de l’eau au Maroc). Dans de nombreux
marchés des pays en développement et émergents, cette valeur dépasse parfois sensiblement 90
%. La superficie agricole irriguée sur Terre a plus ou moins doublé au cours des 50 dernières
années. Les seconds utilisateurs les plus importants sont les secteurs industriels et de l'énergie
199
avec une part combinée de l'ordre de 20 %. Enfin, les ménages privés représentent environ 10 %
de la consommation (FAO, 2011). Ajouter à ces besoins : la production de l’énergie qui est une
autre cause de hausse de la consommation de l’eau pour le refroidissement des centrales
électriques et l’augmentation de la production de bioénergie a des impacts potentiellement
importants sur la qualité et la disponibilité de l’eau ; le gaspillage qui est à l’origine de
l’aggravation ou même la cause de la rareté de l'eau, des pénuries et aussi le stress de l'eau (les
pertes dues à des tuyaux qui fuient infiltration et à la fois dans les systèmes publics de fournitures
et de l'agriculture d'irrigation sont dans certains cas, loin au-dessus de 50 %, même dans les pays
industrialisés) ; la pollution est les eaux non traitées qui polluent le reste, ainsi L'ONU indique
que plus de 80 % des eaux usées dans les pays en développement et les marchés émergents flux
non traités dans les lacs, les rivières et les mers.
Aussi, plus de 2,5 milliards de personnes, soit 38 % de la population mondiale, manquent
d’installations sanitaires convenables et près d’un milliard de personnes n’ont toujours pas accès
à l’eau potable (UNICEF, 2006) ainsi, les risques liés au manque de l'eau douce dû au
changement climatique ont augmenté de façon significative avec l'augmentation des
concentrations de gaz à effet de serre. La fraction de la population mondiale qui connaît une
pénurie d'eau et la fraction affectée par de graves inondations fluviales n’ont cessé d’augmenter
avec l’augmentation du niveau de réchauffement climatique au 21e siècle.

Le changement climatique au cours du 21e siècle a causé une réduction significative des
ressources en eau de surface et des eaux souterraines renouvelables dans la plupart des régions
subtropicales sèches. Ce qui a mené à l’intensification de la concurrence entre les secteurs
consommateurs pour l'accès à l’eau, à savoir l’industrie, l’agriculture irriguée, l’usage
domestique, etc. Le changement climatique réduit la qualité de l'eau brute et présente des risques
pour l’eau potable de qualité même avec un traitement conventionnel, en raison de facteurs en
interaction : l’augmentation de la température ; l'augmentation des sédiments, des éléments
nutritifs, et les charges polluantes de fortes précipitations ; augmentation de la concentration de
polluants pendant les sécheresses ; et la perturbation des installations de traitement pendant les
inondations. Les incidences sur le secteur de l’eau, associées au changement climatique et
conjuguées à l’impact de la pollution, de l’urbanisation, de l’érosion et la déforestation, et de la

200
surproduction, varient selon le degré d’adaptation et le mode de développement socio-
économique de chaque pays/région.72

La problématique de l’eau ne se limite pas au besoin d’accès à l’eau potable, mais s’étend au
besoin d’accès à l’assainissement et à la qualité de la ressource.

1.1.2 Le rôle social de la ressource en eau


En 2010 l'Assemblée générale de l'ONU a reconnu l'accès à une eau de qualité et à des
installations sanitaires comme un droit humain. Le texte « déclare que le droit à une eau potable
propre et de qualité et à des installations sanitaires est un droit de l'homme, indispensable à la
pleine jouissance du droit à la vie ».
Le rôle social de la ressource en eau constitue la différence majeure entre le marché de l'eau et
d'autres marchés de biens ou de services. Alors que les prix des biens est services sont dans tous
les secteurs fixés par la loi de l’offre et de la demande, dans le secteur de l'eau, le prix est
généralement fixé par les pouvoirs publics, ne se soumet pas à la loi de l'offre et de la demande et
ne tient pas compte de la rareté de l'eau comme une ressource limitée. Toutefois, il est important
de comprendre que même si l’eau est disponible en quantités strictement fixes et que l’on utilise
l’expression « limitée » pour décrire la ressource en eau, cela ne veut pas dire que c’est une
ressource, comme les ressources fossiles, qui s’épuise, mais c’est plutôt un cycle qui se dérègle
(Orsenna, 2008) sous les effets sus cités. La problématique de l’eau a un caractère contextuel,
soumis à des conditions locales et temporelles.
Boulding (1980) a observé que « le caractère sacré de l'eau comme symbole de pureté rituelle la
met dans une certaine mesure à l'abri de la rationalité brutale du marché ». Si, pour sa fonction
sociale, l’eau comme ressource ne se soumet pas à la loi de l’offre et de la demande et son prix
doit être fixé par le gouvernement afin de la rendre accessible à toute la population, les
entreprises du secteur de l’eau quant à elles, sont soumises à la loi du marché et travaillent dans
un souci de rentabilité. Les entreprises du secteur de l’eau, comme toute autre entreprise ou
industrie, se doivent de placer ses investissements dans des marchés attractifs et porteurs. Ainsi,
les investissements se concentrent plus où le secteur privé peut trouver un marché et un taux de
rentabilité important, que là où il y a des crises humanitaires liées à la question de l’eau.

72
Le Panel Intergouvernemental sur le Changement Climatique « Changement climatique et ressources en eau par système et par
domaine » https://www.ipcc.ch/pdf/technical-papers/ccw/ccw%20fr/chapter_4_fr.pdf consulté le 27/08/2016.

201
Vu l’importance vitale de l’eau, c’est un secteur qui relève toujours d’une responsabilité politique
(Orsenna, 2008). Ainsi, au niveau des gouvernements, l’eau est toujours un secteur qui revêt une
importance majeure. Malgré la mise en place d’une politique sectorielle distincte relative au
secteur de l’eau, le secteur est néanmoins affecté par les politiques macro-économiques et les
politiques sectorielles qui ne concernent pas spécifiquement le secteur de l'eau. Ces politiques,
d’une manière indirecte, finissent par avoir un impact stratégique sur la distribution des
ressources et sur la demande cumulée dans l'économie. « La stratégie globale de développement
d'un pays, et l'application faite des politiques macro-économiques — y compris en matière de
fiscalité, de monnaie et de commerce — influent directement et indirectement sur la demande et
sur l'investissement dans les activités liées à l'eau. L'exemple le plus évident est celui des
dépenses de l'État (politique budgétaire) en matière d'irrigation, de maîtrise des crues ou de
construction de barrages. Un autre exemple, moins directement évident, est celui du commerce et
des politiques de change visant à promouvoir les exportations pour accroître les recettes en
devises. Par exemple, sous l'effet d'une dévaluation de la monnaie, les exportations de denrées
agricoles de grande valeur et fortes consommatrices d'eau peuvent s'accroître. Si une nouvelle
politique intervient pour réduire les taxes d'exportation, les agriculteurs seront d'autant plus
incités à investir dans les cultures d'exportation, donc dans les ouvrages d'irrigation
nécessaires » (FAO, 1993).

1.1.3 Le rôle économique de la ressource en eau


L’eau est une ressource indispensable à la vie. Elle procure divers avantages à l’être humain, dont
d’importants avantages, à savoir : « en tant que matière ; en tant qu'agent d'assimilation de
déchets ; pour sa valeur esthétique et récréative ; en tant qu'habitat pour le poisson et la faune
sauvage. » (FAO, 1993). Pourtant, comme déjà avancé, c’est une ressource qui ne peut être
traitée exclusivement comme un bien économique vu ses attributs sociaux. Sachant qu’une bonne
gestion de la ressource en eau est synonyme de la lutte contre la pauvreté, les instruments
économiques doivent servir, comme outils d’aide à la réflexion sur la bonne gestion de la
ressource, et non pas comme moyens d’aide à la décision. L’approche éthique devant constituer
le pilier de la prise de décision concernant le secteur de l’eau et avoir l’avantage sur les calculs
économiques.
Selon le 3e Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau
(2010), ne pas investir dans l’eau a et aura un prix considérable, proposant des exemples du coût

202
économique de l'absence d'investissement dans l'eau. D’une part, au niveau mondial, pas moins
de 2 milliards de dollars en dommages et au moins 2,5 millions de personnes ont perdu la vie à
cause des 7000 grandes catastrophes qui ont été enregistrées entre 1970 et 2010. Ainsi,
l’amélioration de la gestion de l'eau et l’investissement dans les infrastructures aideraient les pays
à réduire les dommages causés par la variabilité du climat et les phénomènes extrêmes qui
peuvent paralyser les économies. D’autre part, l’investissement en infrastructures d’eau réalisées
par le Corps des ingénieurs de l’Armée des États-Unis entre 1930 et 1999 a rapporté 6 dollars par
dollar dépensé et a permis de contrôler les dommages provoqués par les inondations, en dépit de
la croissance de la population et de la valeur des biens menacés sur cette période. Dans les pays
pauvres où le PIB par habitant se situe en dessous de 760USD, le coût des catastrophes représente
14 % du PIB (UN Water, 2010).

L’investissement dans l’eau et l’assainissement ne pose pas un problème de ressources


financières, mais soulève la question de la mise en œuvre : « Les ressources financières existent,
mais il faut les mobiliser. Il n’existe pas aujourd’hui de grandes structures de financement
mondial de l’eau. Cela dit, il y a des convergences entre la Banque Mondiale, la BERD, la
Banque Asiatique de Développement, la Banque Africaine de Développement et la Banque
Islamique de Développement. Toutes ces structures ont fait de l’eau une priorité ».73

Fournir une eau potable qui respecte les normes de santé et en quantité suffisante et réduire les
disparités d’accès à l’eau potable et aux moyens d’assainissement améliorés est un défi universel
qui constitue une cause fédératrice pour tous les acteurs publics et privés.

1.2 Les acteurs du secteur de l’eau


Le secteur de l’eau implique différents acteurs publics et privés, qui interviennent sur différents
niveaux du cycle de l’eau potable (captage, traitement, distribution, assainissement, réutilisation,
rejet), sur différentes échelles géographiques (international, national, régionale, départemental, ou
communal) et sur différents domaines (gestion des risques, lutte contre la pollution, protection
des milieux naturels, conduits des études et propositions de recommandations, etc.)

1.2.1 Les acteurs publics

73
Entretien avec Guy Leclerc, Directeur Eau et Grands Projets de PwC France
http://www.cleantechrepublic.com/2012/07/05/pwc-france-innovation-technologique-place-secteur-eau/ consulté 31/08/2016

203
L’État joue un rôle majeur dans la régulation du secteur de l’eau, en mettant en place les
politiques publiques relatives à ce secteur, mais aussi en agissant en tant qu’opérateur. Les
pouvoirs publics engagent les investissements en infrastructures, d’ailleurs l'ONU affirme que les
actions publiques en termes d’investissement dans le secteur de l’eau sont autour de 70 % dans le
monde. Aussi, ils fournissent l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, ou, quand ces activités
sont déléguées à des entités semi-publiques ou privées, les pouvoirs publics réglementent le
secteur.
Ces acteurs varient selon le niveau de leur implication :
 National : les ministères (de l’eau, de l’agriculture, de la santé, de l’environnement, des
finances…), les commissions interministérielles, le conseil de l’eau, etc. ;
 Régional : les agences des bassins hydrauliques, les régies, les directions régionales, etc. ;

Local : Les collectivités locales urbaines et rurales, etc.

1.2.2 Les acteurs privés


Les acteurs privés du secteur de l’eau varient de concessionnaires, bureaux d’études et autres
entités, selon les domaines d’intervention74 :
 Le domaine des biens d’équipement et produits chimiques : entreprises qui fabriquent des
équipements tels que vannes, pompes, systèmes intégrés de traitement de l’eau, produits
chimiques de traitement de l’eau et systèmes d’irrigation, ou d’autres équipements sur
toute la chaîne de valorisation de l’eau.
 Construction et matériaux : entreprises qui construisent des infrastructures telles que
réseaux d’eau, conduites, canalisations d’eau, usines de stockage et de traitement, ou qui
installent des compteurs d’eau, souvent en lien avec des projets de construction privés,
publics et d’infrastructures.
 Qualité et analyse : entreprises qui créent et commercialisent des produits et des services
de contrôle et de test de la qualité de l’eau, des systèmes de traitement de l’eau au point
d’utilisation et des outils de protection des ressources hydriques

Selon une étude75 de la Banque Mondiale (2008) sur les Partenariats Public-Privé pour les
services d’eau urbains, la gestion déléguée des services de l’eau accapare une part de marché de

74
http://voxia.ch/robecosam-prevoit-un-rebond-du-marche-mondial-de-leau/ consulté le 20/07/2016.

204
l’ordre de 7 % en 2007. Ainsi, la population urbaine desservie par les opérateurs privés est passée
de 94 millions d’habitants en 2000 à 160 millions fin 2007. Toujours selon cette étude, c’est un
marché partagé par vingt-huit opérateurs, dont les grands acteurs, tels les groupes français Veolia
Environnement et Suez Environnement, l’allemand RWE, l’italien Acea et les anglais United
Utilities et Severn Trent. Mais aussi des opérateurs de pays émergents tel les chinois Beijing
Capital Co ou China Water Groupe, les Singapouriens Hyflux ou Epure International, le philippin
Manila Water Co, l’indien BHEL, l’argentin Latinas Aquas et le brésilien Sabesp qui et détenu à
50 % par l’État de Sao Paulo.

Schéma N°5 : exemple des acteurs du secteur de l’eau selon le niveau de leur intervention

Source : Le secteur de l’eau http://www.exploratheque.net/articles/le-secteur-de-l-eau


consulté le 28/08/2016

1.2.3 Les acteurs internationaux

75
Cité dans l’article du Monde du 26.10.2009 «les multinationales de l’eau sont concurrencées par les acteurs des pays
émergents » http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/10/26/les-multinationales-de-l-eau-sont-concurrencees-
par-les-acteurs-des-pays-emergents_1258861_3234.html consulté le 28/08/2016.

205
Il existe aussi des acteurs internationaux qui englobent les institutions et les associations, dont les
objectifs varient entre la conduite des études et des benchmarking, la mise en place les politiques
et d’orientations mondiales en matière d’eau potable et d’assainissement, ainsi que des
programmes intergouvernementaux de coopération. Sans prétendre donner une liste exhaustive,
voici quelques-unes des institutions internationales les plus actives dans le secteur de l’eau et de
l’assainissement :
 FAO : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture ;
 OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique ;
 Organisation mondiale de la santé / Eau ;
 Programme des Nations Unies pour l’Environnement ;
 RIOB : Réseau International des Organismes des Bassins ;
 UNECE : Commission Economique des Nations Unies pour l’Europe / Convention
d’Helsinki : Convention sur la Protection et l’Utilisation des Cours d’Eau transfrontaliers et
des Lacs Internationaux ;
 UNESCO / Eau ;
 L’institue Internationale des Ressources ;
 L’Office International de l’Eau ;
Etc.

Section 2. Les écotechnologies dans le secteur de l’eau et l’assainissement


« L’eau étant lourde et fragile, il n’existe pas de marché mondial de l’eau. Par la suite, toute
réponse aux besoins d’eau est forcément locale (…) Tout dépendra toujours de la géographie. Un
progrès planétaire ne peut résulter que de l’addition de progrès locaux » (Orsenna, 2008). À
cause de la diversité des conditions climatiques et des situations géographiques dans les pays
touchés par le stress hydrique, aussi à cause des différences des niveaux de vie et donc des
besoins de consommation des populations, il n'existe pas de solution unique et universelle à la
problématique de l’eau.

2.1 Les écotechnologies, des solutions adaptées à diverses problématiques

Les innovations éco technologiques présentes de plus en plus sur les marchés émergents offrent
de nombreuses approches qui permettent d’améliorer les conditions d’accès à l’eau dans les pays

206
en voie de développement pour subvenir aux besoins des plus démunies et des populations vivant
dans des régions recluses. Les systèmes d’eau lowcost en sont un exemple : il s’agit de solutions
techniques plutôt simples et abordables qui permettent d’accéder à l’eau potable et aux
installations sanitaires pour un grand nombre de personnes et qui s’adaptent aux conditions des
zones rurales dans les pays pauvres. Un regroupement d’ingénieurs « Ingeneering For
Change »76 propose des solutions lowcost pour le secteur de l’eau, et qui sont respectueuses de
l'environnement, abordables et impliquent un minimum d'entretien. Parmi ces solutions, dix
moyens lowcost pour traiter l'eau, dont les filtres céramiques, stérilisation solaire, le charbon de
bambou, le filtre d’urgence fait maison, la bicyclette filtre, etc.

À une échelle plus grande, une plus large gamme de technologies est nécessaire : des
technologies efficaces d'irrigation, de dessalement, des installations de traitement des eaux usées,
les équipements techniques (pompes, compresseurs et accessoires), des systèmes de filtrage ou
des procédés de désinfection (avec de l'ozone ou aux rayons ultraviolets) et des installations
d'assainissement efficaces.

Tableau N°9 : Les segments de marché et les lignes clés de la technologie sur le marché de la gestion durable de l'eau

76
https://www.engineeringforchange.org/ consulté le 22/08/2016.

207
Source : Traduit par l’auteur depuis « GreenTech made in Germany 4.0 Environmental: Technology Atlas for
Germany », Federal Ministry for the Environment, Nature Conservation, Building and Nuclear Safety (BMUB),
Germany, July 2014.

Le plan (ETAP)77 en faveur des écotechnologies élaborés par la Commission Européenne,


recense des écotechnologies et des éco procédés dans le domaine du traitement de l’eau et qui
permettent de répondre aux divers besoins des populations, tels que les écotechnologies et éco
procédés relatifs à :
 La collecte et traitement des eaux pluviales en vue de la prévention des inondations et
l'utilisation de l'eau de pluie en substitution aux eaux de consommation ;
 Les méthodes de gestion de la ressource en eau ;
 Les matériels d’analyse des paramètres physico-chimiques de l’eau et des paramètres
biologiques de l’eau ;
 Les techniques de désinfection pour production d'eau potable ;
 Les techniques membranaires pour traitement de l’eau ;
 Le dessalement d’eau de mer ;
 Les traitements chimiques et physico-chimiques des eaux résiduaires ;
 Les traitements biologiques des eaux résiduaires ;
 Le traitement des boues d’épuration ;
 La décantation, floculation, flottation ;
 Les dispositifs d’absorption et d’adsorption pour le traitement des eaux ;
 Les dégrilleurs78, séparateurs d'hydrocarbures pour le traitement préalable de l’eau ;
 Les dispositifs d'assainissement autonomes…

Croissance annuelle prévue


2014 – 2018
Osmose inverse / nano-filtration 15,1 %
Microfiltration / Ultrafiltration 13,6 %
Dessalement 12,0 %
Gestion des déchets industriels solides 10,5 %

77
http://www.ecobase21.net/Technologie/PDFs/Ecotechnologies2.pdf consulté le 13/07/2016
78
Le dégrillage : retenue des matières grossières en suspension sur une grille.

208
Digestion anaérobie 10,2 %
Tableau N°10:Les prévisions des taux de croissances annuel moyen des cinq premiers sous-secteurs d’investissement éco
technologiques par RobecoSAM79 sur la période 2014-2018
Source : « RobecoSAM prévoit un rebond du marché mondial de l’eau » article du08/07/2015 http://voxia.ch/robecosam-
prevoit-un-rebond-du-marche-mondial-de-leau/ consulté le 31/08/2016

Le tableau ci-dessus présente les prévisions de croissance des cinq premiers sous-secteurs
d’investissement verts, dont quatre sont relatifs au secteur de l’eau et de l’assainissement. Ce qui
vient corroborer les constats avancés plus en haut, consternant la demande grandissante des
marchés des écotechnologies du secteur.

Aussi, d’autres innovations se développent en parallèle avec les écotechnologies et les éco
procédés classiques pour garantir une meilleure efficacité dans la réponse aux besoins d’accès à
l’eau et à l’assainissement.

2.2 L’innovation et la diffusion des écotechnologies d’adaptations liées à l’eau


Le progrès technologique améliore la situation des peuples et constitue le moteur des progrès
économiques et sociaux dans les pays origines des inventions, mais aussi dans les autres pays,
grâce à la diffusion internationale des inventions. Le secteur de l’eau, avec ses différents sous-
secteurs, est un secteur qui suscite l’intérêt des inventeurs et des innovateurs, à cause des divers
défis auxquels il est de plus en plus exposé, à savoir : l’explosion démographique, l’avancée de
l’urbanisme, le niveau de vie de plus en plus exigeant, le tout conjugué aux effets du changement
climatique.

Pour évaluer les tendances de l’activité de l’invention et la diffusion des inventions d’adaptation
relatives au secteur de l’eau, une étude commanditée par l’OCDE (2015) a analysé plus de 50.000
brevets uniques déposés dans le monde dans diverses technologies d'adaptation liées à l'eau entre
1990 et 2010.

2.2.1 Les tendances de l’activité de l’invention dans le secteur de l’eau


Cette étude montre que le nombre d'inventions développées chaque année dans ce secteur a
augmenté régulièrement sur 20 ans à un taux de croissance annuel moyen de 4,5%. Les

79
RobecoSAM est un spécialiste de l'investissement axé exclusivement sur l'investissement développement durable. Il offre la
gestion d'actifs, les indices, l'analyse d'impact et d'investissement, l'engagement, le vote, les évaluations de développement
durable, et les services de benchmarking. http://www.robecosam.com/

209
technologies dites de Demand-side et les technologies dites de Supply-side ont augmenté en
parallèle. Les technologies dites de Demand-side étant les technologies qui visent à accroître
l'approvisionnement en eau. Les technologies dites de Supply-side sont les technologies dont
l'objectif est de réduire la consommation d'eau des ménages et dans l'agriculture ainsi que
l'efficacité dans la production d'énergie dépendante de la ressource en eau.

Figure N°24 : L’activité d’invention dans le secteur de l’eau sur la période 1990-2010 (nombre des inventions patentées)
Source : traduit par l’auteur depuis Dechezleprêtre, A., I. Haščič and N. Johnstone (2015), “Invention and International
Diffusion of Water Conservation and Availability Technologies: Evidence from Patent Data”, OECD Environment
Working Papers, No. 82, OECD Publishing. http://dx.doi.org/10.1787/5js679fvllhg-en consulté le 09/08/2016

Le rapport dénote que les pays les plus déficitaires en eau ne sont pas toujours les pays où les
technologies de l'eau sont les plus fortement brevetées. En termes de nombre absolu de demandes
de brevet, le Japon, l'Europe et les États-Unis sont les trois principaux marchés pour les
technologies liées à l'eau.
Aussi, les données ont révélé que l'Australie, le Maroc et Israël sont des marchés importants pour
les technologies de l'eau. Mais aussi, montre que certains pays disposant de ressources en eau
abondantes, comme la Suisse ou la Norvège, apparaissent également comme des marchés aussi
importants pour les technologies liées à l'eau.

L’analyse des données relatives aux brevets montre que malgré l’augmentation soutenue de
l'activité d'invention dans les technologies liées à l'eau durant ces deux dernières décennies, cette
croissance a été concentrée de façon disproportionnée sur les technologies Supply-side. Une
210
hypothèse a été avancée dans le rapport pour expliquer cette tendance, est que les politiques
publiques ont accordé la priorité jusqu'ici à l'expansion de la disponibilité de l'eau plutôt qu’à la
réduction de la consommation par l’encouragement de la mise en place des mesures d'efficacité
dans l'utilisation de l'eau.

La figure suivante montre les 25 principaux pays origines d’inventions à haute valeur (c’est à dire
les inventions qui sont brevetées dans au moins deux pays) comparés au total des inventions liées
à l'eau.

Figure N°24 : classement des pays inventeurs des les technologies d'adaptation liées à l'eau, durant la période 2000-2010
Source: traduit par l’auteur depuis Dechezleprêtre, A., I. Haščič and N. Johnstone (2015), “Invention and International
Diffusion of Water Conservation and Availability Technologies: Evidence from Patent Data”, OECD Environment
Working Papers, No. 82, OECD Publishing. http://dx.doi.org/10.1787/5js679fvllhg-en

Ainsi, on remarque que plus de 70 % de l'innovation dans le secteur de l’eau du monde entier est
originaire de pays sujets à une vulnérabilité à la pénurie d'eau qui est jugée comme faible ou
modérée. C’est là un constat majeur de cette étude, en effet, à l'exception de l'Australie, l'Espagne
et Israël, les pays faisant face à de graves problèmes d'eau ne se sont pas spécialisés dans les
technologies liées à l'eau durant les 20 ans dernières années.

211
2.2.2 Les tendances du transfert international des écotechnologies dans le secteur de l’eau
Quant au transfert de technologie international dans le secteur de l’eau durant ces deux dernières
décennies, le rapport dénote une augmentation considérable de la diffusion des inventions.
Le transfert des technologies offre d’importantes opportunités pour la diffusion de solutions
d’adaptation au changement climatique.

Tableau N°11 : Les transferts internationaux de technologies d'adaptation liées à l'eau


Source : traduit par l’auteur depuis Dechezleprêtre, A., I. Haščič and N. Johnstone (2015), “Invention and International
Diffusion of Water Conservation and Availability Technologies: Evidence from Patent Data”, OECD Environment
Working Papers, No. 82, OECD Publishing. http://dx.doi.org/10.1787/5js679fvllhg-en

La proportion de brevets déposés par des inventeurs résidant dans un pays qui diffère du bureau
de la protection entre 1990 et 2008 est présentée dans la figure suivante.

212
Figure N°25 : Evolution du taux de transfert international des inventions dans le secteur de l’eau
Source: traduit par l’auteur depuis Dechezleprêtre, A., I. Haščič and N. Johnstone (2015), “Invention and International
Diffusion of Water Conservation and Availability Technologies: Evidence from Patent Data”, OECD Environment
Working Papers, No. 82, OECD Publishing. http://dx.doi.org/10.1787/5js679fvllhg-en

Les données indiquent que cette proportion a toujours été plus élevée pour les technologies
d'adaptation liées à l'eau (sauf pour les deux dernières années de l'échantillon) que pour les autres
technologies brevetées. Cependant, le rapport dénote d’importantes différences entre les
technologies Supply-side et les technologies Demand-side. Ces dernières sont beaucoup plus
susceptibles d'être transférées à l'étranger que les technologies Supply-side.
Une explication possible de ce constat est que les technologies relatives à l'offre ou Supply-side
répondent à des besoins locaux, limitant les débouchés au niveau international. Le rapport avance
une autre hypothèse, selon laquelle les technologies axées sur la demande et celles axées sur
l'offre visent deux marchés distincts dont les structures sont différentes.

Section 3. Le marché de l’eau au Maroc et dans le Monde


Selon l’institut Global Water Intelligence, la croissance du secteur de l'eau a été légèrement
supérieure à 6% chaque année depuis 200980. Cette croissance en termes de chiffre d’affaire n’a
tout de même pas eu d’impacte visible sur la résorption les déséquilibres.

3.1 Le marché de l’industrie de l’eau dans le monde


La grande diversité et disparité en termes de produits et de métiers (ingénieries, bureaux
d’Études, centres d’analyse, producteurs d’équipements, construction-génie civil, gestion…) rend
très difficile l’obtention de données statistiques et, de surcroit, une analyse chiffrée précise et
exhaustive du secteur.
Malgré l’existence de différentes études et publications des institutions internationales, les
données sur le marché de l’eau à l’échelle mondiale sont souvent fondées sur des estimations ou
des extrapolations, du fait que peu de pays tiennent des statistiques et moins encore des
statistiques régulièrement actualisées sur le volume du chiffre d’affaire du marché de l’eau.

3.1.1 Les tendances de développement du marché mondial de l’eau et de l’assainissement

80
https://www.cafedelabourse.com/archive/article/investir-eau consulté le 07/08/2016

213
Le rapport de la Deutshe Bank Researche (2010) sur les marchés mondiaux de l’eau, confronte
plusieurs estimations du chiffre d’affaire réalisé sur le marché mondial de l’eau : Roland Berger
Strategy Consultants estime que le volume global dans le secteur de la gestion durable de l'eau
totalise 360 milliards d'euros par an. La VDMA (Fédération allemande des constructeurs) estime
que le volume pour le marché de l'eau dans son ensemble auteur de 460-480 milliards de dollars
par an, Goldman Sachs l’estime à 425 milliards de dollars, et Berliner Wasserbetriebe, l'utilitaire
Berlin, l’estime à 400 milliards d’euros.

Figure N°26 : Le développement du marché mondial de la gestion durable de l'eau par segment de marché, 2013-2025
(milliards d'euros, variation annuelle moyenne en pourcentage)
Source : Traduit par l’auteur depuis « GreenTech made in Germany 4.0 Environmental: Technology Atlas for
Germany », Federal Ministry for the Environment, Nature Conservation, Building and Nuclear Safety (BMUB),
Germany, July 2014.

Ces chiffres du Technology Atlas (2014) montrent que le segment de marché pour la production
et le traitement de l'eau représente un volume de 149 millions d'euros sur le marché, est donc une

214
part de 29% du marché de la gestion durable de l'eau. Dans la période à partir de 2013 jusqu'en
2025, la croissance annuelle moyenne dans ce segment de marché sera de 6%. La croissance de la
population mondiale est un facteur clé à l’origine de cette expansion. Avec une croissance
annuelle de la population mondiale de l’ordre de 1.2% en 2016 (PRB, 2016), les besoins de
traitement de l'eau seront de plus en plus importants. Compte tenu de la menace de pénuries d'eau
dans de nombreuses régions du monde, cette ligne de la technologie jouera un rôle plus important
dans l'alimentation en eau.
Le développement démographique et le changement climatique rendent inévitable une hausse de
la demande en solutions innovantes qui optimisent l’exploitation des ressources hydriques
disponibles ou qui améliorent la qualité de l’eau potable et les moyens d’y accéder.

Quant à la ligne de la technologie de distribution d'eau qui est une partie du segment de marché
des systèmes d'eau, représentait un volume de marché mondial de 148,5 milliards d'euros en
2013, soit une part de 29 % du marché total pour la gestion durable de l'eau. La distribution d'eau
est un segment à forte intensité technologique. Le volume du marché mondial pour la distribution
de l'eau a une perspective de croissance qui équivaut 257,4 milliards d'euros par l’an 2025. Les
eaux usées et le transport est une ligne technologique est moins importante que la distribution de
l'eau en volume, et qui est encore caractérisée par de bas investissements. Le volume du marché
mondial pour la collecte des eaux usées et le transport est proportionnellement plus faible, 65,9
milliards d'euros en 2013, mais qui promet d’augmenter jusqu’à 111,1 milliards d'euros vers
2025.

Enfin, dans le segment de marché d'efficacité dans l'utilisation de la ressource en eau, le volume
du marché est réparti sur trois lignes de technologie qui diffèrent en fonction de leur domaine
d'application : les technologies d'économie d'eau dans l'agriculture, les technologies d'économie
d'eau dans les zones commerciales et industrielles, et des technologies d'économie d'eau dans les
ménages. L’évolution dans ce segment est la plus remarquable, avec une croissance annuelle
moyenne de l’ordre de 9.3 %, et un volume de marché allant de 64 milliards d’euros en 2013 à
184 milliards d’euros attendu en 2025.

Selon l’Association de Création et de Développement des Eco entreprises française (CD2E), les
principaux marchés porteurs de l’eau et de l’assainissement sont ceux des pays du moyen orient,

215
l’Afrique du Nord (pays du Maghreb) et la Chine. La figure suivante montre que ces marchés ont
connu les plus importantes évolutions en termes de volume entre 2007 et 2012 avec une hausse
de 10.6 % pour les marchés du Moyen-Orient et une hausse de 10.5 % pour les marchés des pays
nord-africains et la Chine.

Figure N°27 : L’évolution du marché mondial de l’eau et de l’assainissement entre 2007 et 2012
Source : site de l’Association de Création et de Développement des Eco-enterprises en France
http://www.cd2e.com/sites/default/files/international/newlt_export_cd2e/3-secteur%20eau.pdf

Ainsi, les pays émergents sont en tête de croissance annuelle des marchés en développement et à
forte demande. Toujours selon la CD2E, il y a et y aura une plus forte demande sur les solutions
innovantes qui apportent des réponses au niveau régional ou locale particulièrement dans les
domaines suivants : la construction et/ou la réhabilitation des stations de traitement d’eau
(classique ou de dessalement) et des réseaux ; et les contrats d’exploitation ou de gestion.

L’exemple français illustre l’importance que revêt la filière de l’eau et de l’assainissement, tirée
particulièrement par les besoins grandissants des pays émergents, présentant en 2010 des chiffres
remarquables, avec 150 000 emplois qui représentent le tiers des emplois liés à l’environnement

216
en France, et un chiffre d’affaires de 16 milliards d’euros par an81 et 100 000 personnes
employées par les entreprises françaises de l’eau à l’International selon le Ministère de
l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer82, des acteurs majeurs reconnus parmi les leaders
mondiaux ainsi qu’un tissu de 5 000 PME, en plus de 3 pôles de compétitivité spécialisés dans
l’eau labellisés en 2010, dont l’un à vocation mondiale83, à savoir le pôle DREAM, le pôle EAU
et le pôle HYDREOS.

Le pôle DREAM, Eau et Milieu


D.R.E.A.M : Durabilité de la Ressource en Eau Associée aux Milieux. Est un pôle de
compétitivité Écotechnologies fédérant en Région Centre les acteurs de la recherche et de la
formation ainsi que les acteurs économiques (ETI, PME, TPE, Start-up, grands groupes,
laboratoires, fédérations professionnelles, organismes de formation, associations, clusters et
pôles). Labellisé pôle de compétitivité écotechnologies en mai 2010, DREAM fédère plus de 80
acteurs :
 Des PME : Géo-Hyd, Ecologistique, DSA Technologies, etc.;
 Des groupes industriels : Suez Environnement, EDF, LVMH Recherche, etc. ;
 Des organismes de recherche : BRGM, CNRS, INRA, etc. ;
 Des développeurs territoriaux : Chambre Régionale d’Agriculture, CCI du Loiret,
Tours Plus, etc. ;
 Des collectivités locales : Région Centre, Communauté d’agglomération Orléans
Val de Loire, Ville d’Orléans, Conseils généraux du Loiret et de l’Indre-et-Loire,
etc. ;
 Des services de l’Etat : DIRECCTE, DREAL, etc.
Présentation du pôle DREAM sur son site http://www.poledream.org/Presentation-du-pole
Le pôle EAU

81
http://www.cd2e.com/sites/default/files/international/newlt_export_cd2e/3-secteur%20eau.pdf consulté le 29/08/2016
82
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Zoom-sur-les-metiers-de-l-eau-de-l.html consulté le 29/08/2016
83
http://www.synergile.fr/wp-content/uploads/2014/07/Chapitre-II-PDF.pdf

217
A vocation mondiale, labellisé en mai 2010, fédère les acteurs de la filière eau des régions
Occitanie et Provence Alpes-Côte d’Azur. Le pôle rassemble des entreprises, organismes de
formation et établissements de recherche afin de créer de la valeur à travers des projets
innovants dans le domaine de l’eau. Il vise aussi à développer et exporter la technologie et le
savoir-faire français dans le monde entier. La dynamique du Pôle EAU s’articule autour des 4
axes stratégiques suivants :
 Identification et mobilisation des ressources en eau ;
 Gestion concertée des ressources et des usages ;
 Réutilisation des eaux de toutes origines ;
 Approches institutionnelles et sociétales.
Le pôle EAU fédère un bon nombre de membres actifs :
 82 entreprises (TPE, PME, grands-groupes)
 22 laboratoires et instituts de recherche et de formation
 Autres partenaires : 7 associations
Présentation du pôle EAU sur son site http://www.pole-eau.com/Le-Pole/Presentation
Le pôle HYDREOS
C’est une structure au service d’adhérents, acteurs sur le marché de l’eau en Alsace et Lorraine.
Sa mission principale est d’accroître les performances du tissu économique local dans les
métiers de l’eau.
Les domaines d’activités du pôle HYDREOS sont :
 Les infrastructures durables pour l'eau
 La gestion intelligente de l'eau
 Les écosystèmes humides
Le pôle HYDREOS regroupe 125 adhérents, et a initié 29 projets financés d’un montant de 55.5
M€.
Présentation du pôle HYDREOS sur son site http://www.hydreos.fr/fr/hydreos
Encadré N°2 : Présentation des Pôles de compétitivité Français spécialisés dans l’eau et l’assainissement
Source : Présentation des pôles sur leurs sites web

3.1.2 La place des technologies de l’eau parmi les lignes technologiques les plus porteuses
Le rapport Technology Atlas (2014) distingue dix lignes technologiques spécifiques comme les
plus porteurs parmi les différents marchés des technologies environnementales au niveau

218
mondial. Ces dix lignes technologiques représentent une part importante du volume du marché
mondial total de l'environnement la technologie et l'efficacité des ressources. Ces dix lignes
technologiques ensemble représentent un volume de marché mondial de 770,4 de milliards
d’euros, ce qui représente près du tiers du total du marché des technologies environnementales.

Figure N°28 : Le classement des lignes technologiques relatives à la gestion durable de l’eau parmi les diverses lignes
technologiques ayant de grands volumes (en milliards d'euros) du marché mondial en 2013 et un taux de croissance rapide
(la variation annuelle moyenne 2013- 2025 en pourcentage)
Source : Traduit par l’auteur depuis « GreenTech made in Germany 4.0 Environmental: Technology Atlas for
Germany », Federal Ministry for the Environment, Nature Conservation, Building and Nuclear Safety (BMUB),
Germany, July 2014.

La figure ci-dessus montre l’importance des technologies relatives à la gestion durable de l'eau, et
pointe le doigt sur l’importance que revêt le secteur de l’eau comme l’un des plus grands défis à
l’échelle mondiale. Ainsi, cinq sur dix des plus grandes lignes de la technologie dans les secteurs
environnementaux et l'efficacité des ressources en termes de volume de marché mondial sont
relatives au secteur de l’eau, plus exactement : la distribution d'eau, le traitement d'eau, la
production d'eau, le traitement des eaux usées et la collecte et transport des eaux usées.

219
Le potentiel d’évolution des lignes technologiques relatives aux secteurs de l’eau et de
l’assainissement est très important, l’utilisation efficace et efficiente de la ressource en eau
devient un enjeu international.

3.2 Le secteur de l’eau au Maroc

3.2.1 Panorama du secteur de l’eau au Maroc


L’eau joue un rôle stratégique dans le développement socio-économique au Maroc. Cependant, le
contexte général du pays est marqué par une dégradation relative de la ressource en eau, son
irrégularité prononcée dans le temps et sa grande variabilité dans l’espace.

3.2.1.1 Bilan des besoins en eau Maroc


Les pénuries d’eau, conjoncturelles ou structurelles, sont appelées à s’aggraver. La croissance
rapide de la population, l’augmentation des besoins humains due aux changements dans le mode
de vie des populations, développement de certaines activités consommatrices d’eau (tourisme,
industrie…), la dégradation de l’environnement et l’impact du changement climatique font qu’il
n’est plus possible de répondre suffisamment aux besoins en eau de la population, de l’irrigation
et de l’industrie, et ont donc un impacte sur le développement économique et social du pays.
L’agriculture irriguée, reste le secteur le plus consommateur d’eau au Maroc avec plus de 87% de
l’ensemble des usages de l’eau. Cependant, c’est un des secteurs économiques des plus
importants, contribuant à l’autosuffisance alimentaire d’une part, et jouant un rôle moteur dans le
développement rural par la création d’emplois d’une autre part. Or, l’eau est soumise à de
nombreux aléas et existe en quantité très limitée. Aussi, les moyens utilisés pour le prélèvement
de l’eau pour l’alimentation en eau potable (AEP), pour l’industrie ou pour l’irrigation (prises en
rivières, au niveau des barrages, ou par pompages dans les nappes phréatiques) ont montré leurs
limites :baisse des apports d’eau de surface, envasement et eutrophisation des barrages (Perte des
volumes régularisés à cause de l’envasement d’environ 75 Mm3/an) et difficultés d’équiper de
nouveaux sites ainsi que la surexploitation (+25%) qui a mené à l’épuisement des nappes
souterraines sous les effets conjugués de la sécheresse et de pompages intensifs.

220
8% 3% 2%

Irrigation
Eau potable urbaine
Industrie
87% Eau potable rurale

Figure N°28 : Répartition des usages de l’eau au Maroc en 2009


Source : GTZ, « Potentiel de réutilisation des eaux usées épurées au Maroc, étude du secrétariat d’Etat à l’eau et
l’environnement en cours » 2009.

La demande en eau potable (hors besoins en eau d’irrigation et eau pour production industrielle)
connait une évolution annuelle continue. Le graphique suivant montre l’évolution depuis l’année
2010, ainsi que les évolutions prévisionnelles des besoins en eau potable.

Figure N°29 : Evolution prévisionnelle des besoins en eau potable (Mm3/an)


Source : “rapport sur la situation des ressources en eau et du remplissage des barrages durant l’année hydrologique”
2011-2012 - Office National de l’Electricité et de l’Eau Potable - Branche Eau

Cette évolution des besoins sera couplée, dans l’horizon 2020, d’une baisse de potentiel hydrique
allant jusqu’à 570 m3/an/hab, la plupart des nappes phréatiques seront fortement entamées et la
plupart des bassins seront déficitaires à terme à l’horizon 2030. À partir de cette date, le Maroc
221
sera à son tour touché par la pénurie et par une situation de stress hydrique que ses voisins
connaissent déjà.
Selon UN-HABITAT(2003) le stress hydrique se définit comme une insuffisance d’eau de
qualité satisfaisante, pour pouvoir répondre aux besoins humains et environnementaux. Un pays
souffrirait de stress hydrique lorsque sa disponibilité en eau est inférieure à 1700 m3 m3/an/hab.
Converti en litres par jour, cela donne environ : 4650 litres par personne et par jour84.

3.2.1.2 Ressources mobilisables en eau au Maroc


Malgré une pluviométrie moyenne de l’ordre de 140 milliards m3/an, un potentiel mobilisable des
ressources en eau de l’ordre de 22 milliards m3/an (sur ce total, 18 milliards de m3 proviennent
des eaux de surface et 4 milliards de m3 des eaux souterraines), et des ressources en eau, bien que
généreuses par rapport à la région, sont néanmoins limitées (en raison de la localisation du pays
dans une zone de semi-aridité), le potentiel disponible reste limité à 730m3/an/hab, ce qui est
largement inférieur au seuil normal, établi à 1000m3/an/hab (ONEE,2013).

Figure N°30 : Evolution de la disponibilité d’eau en m3/an/habitant au Maroc


Source : Présentation des « Opportunités dans le domaine de la gestion concédée des stations
de dessalement de l’eau de mer au Maroc» par la Société Centrale d’Equipement du Territoire

Le graphique suivant présente l’évolution annuelle durant les six dernières décennies des apports
d’eau enregistrés sur l’ensemble du territoire national. Une baisse des apports de 15% à 20% a

84
« ONU et Stress Hydrique : des statistiques ubuesques », Mediapart du 16 Octobre 2016. http://bit.ly/2rrwb1x
consulté le 27-05-2017

222
été constatée ces 30 dernières années, et qui sera davantage aggravée, selon les prévisions, par
une baisse de 10% à 15% d’ici 202085.

Figure N°31 : l’évolution des apports annuels entre 1946 et 2011


Source : rapport sur la situation des ressources en eau et du remplissage des barrages durant l’année hydrologique 2011-
2012-- Office National de l’Electricité et de l’Eau Potable - Branche Eau

Produire de l’eau et garantir une alimentation suffisante pour couvrir les besoins d’une population
en eau potable, eau d’irrigation et eau pour production industrielle, revient à exploiter plusieurs
sources d’alimentation : conventionnelles comme déjà cité (les eaux de surface et les nappes
phréatiques), et non conventionnelles. Mais avant d’avoir recours à la mobilisation de volumes
d’eau plus importants pour répondre aux besoins croissants, il est impératif de réaliser des
économies sur les volumes existants, ce qui revient à la bonne gouvernance du secteur de l’eau, la
rationalisation des consommations, l’efficacité dans l’usage de la ressource, la sensibilisation des
consommateurs et l’implication de tous les acteurs publics, privés et de la société civile dans le
processus de la préservation de la ressource.
La stratégie marocaine du secteur de l’eau a donc pour objectif de réaliser des économies de
l’ordre de 2.5 milliard m3/an, comme expliqué dans le graphe suivant :

85
Rapport « Secteur de l’eau au Maroc et stratégie de l’ONEE », Direction de planification-ONEE-Branche Eau, 2013.

223
Figure N°32 : Stratégie Nationale de l’Eau- Economie de l’eau
Source : Présentation du secteur de l’eau au Maroc et de la stratégie de l’ONEE-Branche eau - 2013

Pour pouvoir répondre aux défis avenir le Conseil Economique, Social et Environnemental
recommande dans son rapport « Gouvernance par la gestion intégrée des ressources en eau au
Maroc » de réaliser, à l’horizon 2020, une mobilisation d’eau supplémentaire annuelle de 6,4
milliards de m3 par an, représentant plus de 25% des ressources globales annuelles du pays et
plus de 6 fois les prélèvements de ressources non renouvelables actuelles, répartis comme suit :
 31 % à travers la réalisation de 400 millions de m3 par an d’eau provenant du dessalement
d’eau de mer et de la déminéralisation des eaux saumâtres ;
 27 % à travers la poursuite de la politique de barrage ;
 25 % à travers la conversion massive à l’irrigation localisée et/ou à l’aspersion;
 11 % à travers la réutilisation des eaux usées épures et l’économie d’eau à usage
industriel, touristique et domestique ;
 et 6 % à travers l’amélioration des rendements de l’adduction et de la distribution d’eau.
Ainsi, pour augmenter le volume mobilisé en ressource en eau et pouvoir répondre à
l’augmentation de la demande par une augmentation adéquate de l’offre, l’utilisation de
ressources non conventionnelles, telles que la réutilisation des eaux usées épurée pour
l’irrigation, ou le dessalement de l’eau de mer (dont le coût a baissé considérablement grâce au
développement des technologies membranaires) et plus particulièrement dans les régions du sud
marocain, est un choix incontournable.

224
3.2.2 Le recours aux ressources d’eau non conventionnelles

3.2.2.1 Le dessalement des eaux de mer


 Intérêt du dessalement de l’eau de mer

Grâce à un littoral composé à la fois de la mer méditerranéenne au nord et de l'océan Atlantique à


l'Ouest, totalisant 2 390 km de côtes, les eaux saumâtres constituent une réserve stratégique pour
le Maroc. En dépit du coûtrelativement élevé de cette technique, la déminéralisation des eaux
saumâtres est le seul moyen pour assurer l’alimentation en eau potable et industrielle des zones
ne disposant pas de suffisamment de ressources conventionnelles pour couvrir leur besoin.

La technologie de dessalement a évolué considérablement, le rendant significativement


compétitif : une technologie plus fiable, moins énergivore et plus respectueuse de
l’environnement. Ces évolutions sont susceptibles de continuer, particulièrement pour l’osmose
inverse, qui est de plus en plus présente dans le marché mondial, particulièrement aux Pays de
golf, aux États-Unis, Australie, Espagne, etc. Actuellement, la capacité mondiale de dessalement
est aux alentours de 47 millions de m3 d'eau, soit près de 21 milliards de m3 d'eau chaque
année86.

Au Maroc, le prix du m3 d’eau douce de source conventionnelle, selon les tranches de 1 à 4, et


selon l’opérateur (ONEE ou régie privée), varie de 2 à 10Dhs, c’est-à-dire une moyenne nationale
de 5Dhs. Le prix du m3 d’eau dessalée va de 8 à 9Dhs87.

L’eau dessalée pour de grandes unités coute environ deux fois plus que l’eau conventionnelle et
1,5 fois plus que l’eau réutilisée, mais avec des grandes différences selon les situations de terrain.
À capacité identique, le recyclage des eaux usées est nettement moins cher que le dessalement
d’eau de mer (l’énergie dépensée est réduite au moins de moitié). Le développement du
dessalement au Maroc a un coût important. Pour ce qui est du coût des stations programmées
dans le Plan d’Action de la Stratégie nationale de l’Eau, est estimé à 5,5 Dh/m3, dont 1,7 Dh/m3
d’investissement et 3,8 Dh/m3 de couts opérationnels. Les coûts opérationnels peuvent être
recouvert à travers la redevance d’eau potable payée au titre de la péréquation nationale sans

86
Données du 07/09/2016, ces données sont actualisées en temps réel sur le site http://www.planetoscope.com/eau-oceans/121-
production-mondiale-d-eau-potable-par-dessalement-d-eau-de-mer.html consulté 07/09/2016.
87 Entretien avec M.BOTAYEB, chef de service eau, à l’Agence du Bassin Hydraulique Chaouia Ourdigha,

225
augmentation tarifaire significative, le financement de l’investissement aura un impact sur
l’équilibre financier de l’ONEE, et devra vraisemblablement faire l’objet d’une contribution de
l’État ou d’un réajustement tarifaire88.

Toutefois, l’eau dessalée devrait d’abord être réservée exclusivement à la consommation


humaine, hors usages agricoles ou industriels. Dessaler de l’eau de mer à grande échelle pour
répondre non seulement aux besoins, mais aux « envies » d’une population qui peut se permettre
son prix est « une solution non éthique (…) qui pourrait déboucher sur un scénario
catastrophe »89. L’usage des technologies du dessalement, comme toutes les technologies et
avancées scientifiques, « se doit d’être vertueux »90.
 Bilan de l’expérience marocaine dans le domaine du dessalement et projets à venir
L’expérience marocaine en matière de dessalement de l’eau de mer pour l’alimentation humaine
a commencé en 1977 avec la première station de dessalement de la ville de Boujdour, utilisant le
procédé de compression mécanique de la vapeur pour une capacité de production de 250 m 3/j
(moins de 3 l/s). Le Maroc a accumulé une expérience importante dans les domaines de
dessalement de l’eau de mer et de l’eau saumâtre, ce sont plus de 7,5 millions de m3/an d’eau qui
est produite par l’ONEE/Branche Eau grâce au dessalement d’eau de mer ou de déminéralisation
d’eaux saumâtres. L’ONEP, actuellement ONEE/Branche Eau, a été amené, compte tenu de la
rareté de la ressource en eau ou des impératifs stratégiques, à implanter des unités de dessalement
ou de déminéralisation dans les provinces du sud, notamment à Tarfaya, Smara, Boujdour, Tan
Tan et Laâyoune.
En 1995, deux nouvelles stations de dessalement ont été réalisées par l’ONEE/Branche Eau,
utilisant le procédé d’osmose inverse, la première à Laâyoune et la seconde à Boujdour pour des
capacités respectives de 7.000 m3/j (80 l/s) et de 800 m3/j (9 l/s). En 1998, l’ONEE/Branche Eau
a lancé des opérations d’expertise et d’extension de ces stations de dessalement pour porter les
capacités respectives de ces deux stations à 150 l/s et 30 l/s.
En 2003, l’ONEE/Branche Eau a lancé une troisième opération visant à renforcer le système
d’alimentation en eau potable de la ville de Laâyoune par la réalisation d’une nouvelle station de
dessalement pour une capacité de 150 l/s. Au niveau de a ville de Tan Tan, une station de

88Boyé H, « le dessalement de l’eau de mer, une ressource alternative », PCM, N°1/09, Octobre 2009.
89
Boyé H, « le dessalement de l’eau de mer, une ressource alternative », PCM, N°1/09, Octobre 2009.
90 Idem.

226
dessalement a été réalisée 2006, pour une production de 130 l/s, et une autre à la ville d’Agadir,
en 2008 pour une production de 500 l/s ;

Tableau N°12 : Principaux projets de dessalements ayant été prévu d’être lancés durant la période 2013 – 2016
Source : Serraj M, « Secteur de l’eau au Maroc et stratégie de l’ONEE/BE » L’ONEE ONEE/BE

Deux nouvelles stations de dessalement d'eau de mer dans le Souss le ministère de l'Agriculture
prévoit une station de 223 000 m3/j, le montant de l'investissement pour la station prévu pour
cette station est de 2.5 milliards de DH pour le projet de l'agriculture. D’autres projets sont
prévus par l’ONEE pour Agadir91, Casablanca, El Hoceima et à Tanger devront être lancés en
2017/2018.

L’Office Chérifien des Phosphates Est un autre grand opérateur a mis en place un programme de
réalisation des deux stations de dessalement, une à Safi avec une capacité de 25 millions m3/an
dont la mise en service est prévue pour 2019n et une station à Jorf Lasfar dont la 1ere phase est
actuellement opérationnelle, et qui aura à terme une capacité de 75 millions m3/an (OCP, 2014).

Autre que le dessalement, la Réutilisation des Eaux Usées Epurées (REUE) et une autre solution
à la problématique hydrique nationale.

3.2.2.2 La valorisation ou réutilisation des eaux usées épurées (REUE)


 Intérêt de la REUE

Les eaux usées épurées constituent une ressource en eau considérable. Il s’agit des eaux rejetées
par les collectivités, les industries et les particuliers, et qui sont rejetées en milieu naturel,
généralement en mer, en état brut ou après en étant épurée après un traitement. La réutilisation
des eaux usées épurées ou REUE permet de récupérer directement ces eaux usées épurées, et d’en

91La mise en service de la station de dessalement d’Agadir a été prévue pour 2017 mais les travaux ont accusés des retards à
cause du report de l’appel d’offre à plusieurs reprises.

227
profiter pour différents usages après leur avoir appliqué un ou plusieurs traitements additionnels.
La réutilisation des eaux usées épurées permet d’une part d’éviter les rejets qui nuisent à
l’environnement, et d’autre part, de disposer d’une source d’un approvisionnement
supplémentaire.

Schéma N°10 : La réutilisation des eaux usées épurées dans le cycle de l’assainissement
Source : Observatoire régional de santé Ile-de-France, 2004 « Réutilisation des eaux usées épurées : considérations
sanitaires et intérêts pour l’Île-de-France »

 Bilan de l’expérience marocaine dans la REUE et projets à venir

Au Maroc, les volumes annuels des rejets des eaux usées ont fortement augmenté au cours des
trois dernières décennies. Ils sont passés de 48 millions à 600 millions de m3 entre 1960 et 2005
pour atteindre 700 millions en l'an 2010. Selon les prévisions, ces rejets continueront à croître
rapidement pour atteindre 900 millions de m3 à l'horizon 2030. Concernant la réutilisation des
eaux usées épurées, seuls 12 % sont réutilisées actuellement. Ce taux passera à 22 % en 2020 si
on collecte les eaux usées déversées en mer. Il atteindra environ 100 % à l’horizon 2030 (objectif
fixé par la stratégie du Développement du secteur de l’eau). L’usage de ces eaux usées traitées
touche le secteur agricole (couvrant actuellement une superficie d’environ 550 hectares et
atteindra 4000 hectares à l’horizon 2020), l’arrosage des golfs et des espaces verts, la recharge
des nappes et le recyclage en industrie.

228
Agence de Bassin
Nombre Capacité Ratio de Projets en
Hydraulique
de STEP journalière capacité cours
(ABH)
Loukkos 4 16 596 4,16% 4
Sebbou 5 99 175 24,85% 16
Moulouya 6 32 460 8,13% 10
Bouregreg 11 46 694 11,70% 9
Oum Er Rbii 3 16 000 4,01% 12
Gui Ziz Rhéris 2 9 462 2,37% 1
Tensif 6 102 842 25,77% 5
Sous Massa Draa 12 69 439 17,40% 10
Sahara 2 6 360 1,59% 9
Total 51 399 028 100% 76

Tableau N°13 : Etat de l’assainissement au Maroc par ABH en 2009


Source: GTZ, « Potentiel de réutilisation des eaux usées épurées au Maroc, étude du secrétariat d’Etat à l’eau et
l’environnement en cours » 2009.

Le Programme National d’Assainissement Liquide et d’Épuration des Eaux Usées (PNA), a été
lancé en 2005, conjointement par le Département de l'Environnement et le Ministère de l'Intérieur
et fixe les objectifs spécifiques pour l’horizon 2020 et 2030 suivant : Atteindre un niveau de
raccordement global au réseau de 80 % à l’horizon 2020 et 90 % à l’horizon 2030 ; rabattre la
pollution domestique de 80 % en 2020 et 90 % en 2030 ; traiter et reutiliser100% des eaux usées
collectées en 2030.

229
Figure N°33 : Types de STEP intégrant existant et projets en 2009
Source: GTZ, « Potentiel de réutilisation des eaux usées épurées au Maroc, étude du secrétariat d’Etat à l’eau et
l’environnement en cours » 2009.

Quant à la stratégie de développement du secteur de l’eau de 2009, présenté dans le rapport


national de 2011 « Projet de Renforcement des Capacités sur l’Utilisation sans danger des Eaux
Usées en Agriculture », elle a fixé un objectif pour 2030, qui est celui d’atteindre trois cents (300)
Mm3 /an des eaux usées épurées à réutiliser dans l’arrosage des golfs et des espaces verts et dans
l’irrigation des cultures qui s’y apprêtent.
Le rapport explique que le coût global du programme d’investissement est de l’ordre de 50
Milliards de Dirhams qui s’étalera jusqu’à 2020. Le scénario retenu pour financer cet important
programme étant le suivant : 70 % par les opérateurs. 30 % par des subventions de l’État
complétées par des contributions des collectivités locales et des agences de bassin.

Conclusion
Le développement démographique, l’urbanisme, l’évolution du niveau de vie ainsi que les effets
réchauffement climatique, sont tous des éléments qui laissent prévoir une dégradation de la
situation hydrique au royaume. Pour faire face à cette situation, les pouvoirs publics au Maroc ont
engagé différents plans et stratégies au niveau national pour assurer la mobilisation des volumes
d’eau suffisants, mais aussi pour assurer l’économie et l’efficacité de l’usage de la ressource, afin

230
d’offrir une réponse aux besoins de la population qui soit respectueuse de l’environnement et
dans un souci de durabilité de la ressource.
Ces besoins en approvisionnement, en gestion des ressources, en assainissement, etc. font du
secteur de l’eau au Maroc un secteur qui offre d’importantes opportunités et débouchés
commerciales pour divers acteurs tels que les services d’ingénieries et d’études, les travaux de
construction des ouvrages, génie civil, bâtiment, la fourniture et l’installation d’équipements,
canalisations, pompes, robinetterie, appareils de mesure, de régularisation et de contrôle, logiciels
de surveillance des réseaux, produits de traitement et de filtration …), le domaine de
l’exploitation, de l’entretien et de la maintenance des installations

ainsi, il est impératif de celer un partenariat entre universités, acteurs du tissu associatif,
ONEE/BE, secteur privé et acteurs gouvernementaux pour mettre en place les bases d’une
structure de R&D dans le secteur de l’eau, et particulièrement pour le développement des
ressources non conventionnelles. Différents axes de recherches pouvant être investies, telles que
le développement des méthodes organisationnelles, l’optimisation de la consommation de
l’énergie dans les stations de dessalement par le développement des procédés de récupération de
l’énergie ; la minimisation des pertes ; l’intégration de la cogénération ; ainsi que le couplage des
stations de dessalement avec l’énergie renouvelable (éolienne, solaire…). Au niveau des
technologies des membranes, développer les procédés de prétraitement des eaux prolongerait la
durée de vie des membranes, et retarderait la dégradation des installations de traitement des eaux
usées ; amélioration de la résistance des membranes face aux agents oxydants ; aussi agir sur les
additifs du prétraitement, dans l’objectif de développer des additifs naturels moins nuisibles à la
nature ; etc.
L’initiation d’une plate forme de recherche et de fédération des acteurs tel un cluster dédié pour
le secteur de l’eau et pour le développement des ressources en eau non conventionnelles au
Maroc, serait l’occasion de renforcer sa position d'acteur de référence pour le développement du
secteur de l'eau dans le continent et de capitaliser sur la grande expérience marocaine dans le
secteur de l’eau. Une expérience qui a valu au Maroc d’être élu à l'unanimité à la présidence de
l'Association africaine de l'eau en la personne du directeur général de l'Office national de
l'électricité et de l'eau potable.

231
Chapitre 8ème :
Les modalités de la mise en place d’un Cluster dédié
au développement de l’industrie de l’eau au Maroc

232
Introduction
La situation hydrique au Maroc est dépendante des pluies, et subie sévèrement l’impacte du
changement climatique. Les ressources mobilisables en deviennent rares et annonce une situation
de stress hydrique prochaine. Cette raréfaction de la ressource présente à la fois un défi, mais
aussi une opportunité pour les entreprises qui peuvent fournir des solutions d'efficacité,
d’optimisation et de réutilisation. La mobilisation d’acteurs tels que des entreprises créatives
fournisseuses de technologies de l'eau et de traitement des eaux usées, les acteurs de la recherche
académique et privée dans le cadre d’orientations stratégiques, permettra de tirer profit de cette
demande de ressource croissante au niveau national, ainsi qu’au niveau mondial.
Bien que l’expertise marocaine dans la mobilisation des ressources en eaux conventionnelles
(prospection, planification, aménagement, mobilisation, gestion, irrigation, alimentation en eau
potable….) et non conventionnelles (dessalement de l’eau de mer, déminéralisation des eaux
saumâtres, épuration et réutilisation des eaux usées domestiques et industrielles) remonte aux
années 70, une grande partie de la capacité nationale est fragmentée, avec peu d'interaction entre
les acteurs clés, et connait un retard considérable au niveau développement d’industries à haute
valeur ajoutée technologique.
Une situation similaire se produit au niveau de la recherche. De grands efforts sont déployés pour
développer des innovations relatives aux technologies de l’eau, mais qui restent des initiatives
isolées opérant de manière dissociée les unes des autres en dépit des capacités technologiques
souvent complémentaires, qui ne bénéficient pas d’une bonne visibilité et du transfert vers des
applications industrielles. De plus, le manque d’interaction entre l'industrie et la recherche
entraîne une sous utilisation des compétences nationales à tous les niveaux.
La proposition d’un Cluster Ô, dédié au développement de la filière eau, et particulièrement
d’une industrie à haute valeur ajoutée technologique, basée sur l’innovation, le renforcement de
la recherche et la valorisation des capacités nationales. Le Cluster Ô est un projet qui s’intègre
parfaitement dans la vision stratégique ayant orienté les différents plans actuellement engagés,
tels le Plan National de l’Eau, le Plan National de l’Assainissement et les Plans Directeurs
d’Aménagement et de Gestion Intégrée des Ressources en Eau.
Dans ce chapitre nous allons voir les conditions qui favoriseraient la création du Cluster Ô en
adéquation avec les besoins et le contexte marocain.

233
Section 1. Initiation du cluster
La phase d’initiation d’un cluster est une phase cruciale pour la réussite du projet. Pour amorcer
le projet de cluster en force, une planification réfléchie et qui fait appel à l’intervention des
différents partenaires stratégiques faisant preuve d’engagement, à savoir: les pouvoirs publics, les
acteurs universitaires, les grandes entreprises, les startups, les PME/PMI, les TPE et les
associations de développement économique (fédérations, etc.).

1.1 Mesures transversales


Avant de voir les détails propres à la mise en place du cluster même, nous allons d’abord
procéder à une analyse de l’environnement économique et politique marocain, à travers les
politiques et les actions engagées dans différents secteurs pour la mise à niveau et la
consolidation du climat d’entreprenariat, d’innovation et de coopération.
Ces mesures d’ordre général, ont un impact sur l’écosystème économique en général et sur les
clusters en particulier, on en cite :
 La stabilité de l’environnement politique par l’instauration d’un climat de confiance
dans les institutions : La Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur
(Coface)92 dans son évaluation économique et politique du Maroc, présente la stabilité de
l’environnement politique et le climat des affaires du pays comme un point fort du
royaume. La COFACE évalue ainsi le risque pays du Maroc à A493 , qui est jugé de
« convenable » par l‘Economiste ;

 L’attractivité de l’environnement économique : Au cours de la dernière décennie,


l'économie marocaine a connu une stabilité macro-économique associée à une baisse de
l’inflation. En 2015, le Maroc a joui d'une croissance économique dynamique de l’ordre de
4,9%, en progression par rapport à 201494, et de 2,6% en 201695, avec une prévision de
progression du taux de croissance de l’ordre de 3,2% en 2017, selon les prévisions de

92
COFACE http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Maroc consulté le 24/09/16.
93
Evaluations se situent sur une échelle de 8 niveaux, A1, A2, A3, A4, B, C, D, E dans l’ordre croissant du risque.
94 TradeSolutions de la BNP Paribas « Maroc, Le contexte économique»
https://www.tradesolutions.bnpparibas.com/fr/explorer/maroc/apprehender-le-contexte-economique?accepter_cookies=oui
95
Le Haut-commissariat au Plan « Synthèse du Budget Economique Exploratoire 2016 » http://www.hcp.ma/Budget-
Economique-Exploratoire-2016-Synthese_a1565.html consulté le 24/09/16.

234
Bank Al-Maghrib96. Quant au PIB, il a connu une croissance annuelle de l’ordre de 4.4%
en 201597. L’inflation est évaluée à 1,3% en 201698. Ces éléments, entre autres, ont permis
au Maroc de se hisser au 66e rand mondial sur 82 pays dans le classement de
l’environnement des affaires, avec une notation égale à 5.49/1099 ;

 L’attractivité des IDE : Les IDE ont connu une chute de manière générale dans la région
à cause des tensions et de l’instabilité politique. Cependant au Maroc, les IDE ont
augmenté de 9 % pour atteindre 3,6 milliards de dollars en 2015100. Ces IDE sont « en
grande partie d'origine européenne dans le domaine industriel, ces investissements sont
concentrés dans l'automobile et l'aéronautique avec les projets de groupes comme PSA,
Stelia, Figeac Aero, Delfingen, mais aussi la poursuite des programmes d'investissements
du canadien Bombardier ou du japonais Yazaki »101.

 Le développement de l’environnement juridique des affaires : la modernisation et la


restructuration de l’environnement juridique des affaires102, par la mise en place et
l’actualisation de différentes règlementations et lois telles :
o Le règlement général de la construction (RGC) ;
o La loi sur le Partenariat Public-Privé ;
o La réforme du livre V du Code de Commerce ;
o L’élaboration du projet de réforme de la charte de la Petite et Moyenne
Entreprise ;
o L’élaboration de la loi sur les suretés Mobilières ;

96
Le 360.ma du 01/07/2016 «Bloomberg Africa : fort de sa stabilité politique, le Maroc continue de renforcer son attractivité»
http://m.le360.ma/page.php?link=/economie/bloomberg-africa-fort-de-sa-stabilite-politique-le-maroc-continue-de-renforcer-son-
attractivite-77978 consulté le 24/09/16.
97
Statistiques de l’Université de Sherbrooke, Canada,
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codePays=MAR&codeStat=NY.GDP.MKTP.KD.ZG
98
Le Haut-commissariat au Plan « Synthèse du Budget Economique Exploratoire 2016 ».
99The Economist, Intelligence Unit 2014 « Business Environment Rankings Which country is best to do business

in? »http://pages.eiu.com/rs/eiu2/images/BER_2014.pdf?mkt_tok=3RkMMJWWfF9wsRogsqrBZKXonjHpfsX67eosWKexlMI%
2F0ER3fOvrPUfGjI4ES8pmI%2BSLDwEYGJlv6SgFTbjGMbht2bgMUhU%3D consulté le 24/09/16
100
Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), La Division de l’investissement et des
entreprises «Rapport sur l’investissement dans le monde 2015 : Réformer la gouvernance de l’investissement international »
http://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/wir2015overview_fr.pdf consulté le 24/09/16
101
L’Usine Nouvelle du 18/01/2016 « Maroc : en 2015, les investissements directs étrangers à leurs meilleurs niveaux depuis une
décennie» http://www.usinenouvelle.com/article/maroc-en-2015-les-investissements-directs-etrangers-a-leurs-meilleurx-niveaux-
depuis-une-decennie.N374360 consulté le 24/09/16
102
Climat des affaires au Maroc http://www.cnea.ma/fr/content/climat-des-affaires-au-maroc consulté le 26-09-2016.

235
o La simplification de la délivrance de l’attestation de paiement des impôts et taxes
grevant l’immeuble ;
o La mise en œuvre de l’Identifiant Commun de l’Entreprise, etc.
 L’élaboration de plans sectoriels : la mise en place et le développement de plusieurs
plans sectoriels ambitieux pour la consolidation de la compétitivité de l’économie du
royaume, dont en cite :
o Le Plan d’accélération industrielle ;
o Le Plan Maroc Vert pour le secteur agricole ;
o La Stratégie Energétique 2030 ;
o La Stratégie de Compétitivité Logistique ;
o La Stratégie Portuaire 2030 ;
o La Vision 2020 pour le secteur touristique, etc.

 Le développement des infrastructures de transport : Le Maroc a engagé un processus


de réforme, de libéralisation et d’introduction de la concurrence dans les différents modes
de transport : terrestre, maritime et aérien. En 2014, le Maroc disposait de 1.511 km de
réseau autoroutier, et avait atteint à cette date un taux d’accessibilité de 78 %. Quand au
réseau ferroviaire, le processus de modernisation est en cours, et sera amélioré par le projet
de Train à Grande Vitesse (TGV) d’un coût estimé à 20 milliards de dirhams103.

 L’accessibilité aux télécommunications et aux technologies d’information : L’accès à


Internet au Maroc a connu un bon en avant durant les 10 dernières années grâce aux
technologies mobiles, aux fibres optiques et aux technologies satellitaires qui ont permis
l’élargissement du service universel à l'internet haut débit. Le secteur des
télécommunications compte plus de 40 millions d’abonnés au téléphone fixe et à la
téléphonie mobile et 16 millions d’internautes. L’accès à Internet a continué sur sa
croissance grâce à la 3G qui compte 90,1 % du marché Internet estimé à 10 millions
d’abonnés, soit un taux de pénétration de 30 % en 2014, et a été renforcé en 2015 par

103
Direction des Etudes et Des Prévisions Financières, Mai 2015 « Tableau de bord sectoriel »
https://www.finances.gov.ma/depf/SitePages/publications/en_chiffres/bord_annuel/tableau_bord_sectoriel.pdf consulté le 29-09-
2016

236
l’introduction de la 4G. Aussi l’introduction du paiement en ligne sécurisé est un apport
facilitant les échanges commerciaux à travers le net104.

 Le système éducatif et l’offre en formation : L’État marocain oriente la formation de


manière à répondre aux besoins du marché. En plus de la libération du marché de la
formation ouvrant la voie aux acteurs privés pour élargir l’offre, l’État investit dans les
circuits de formation professionnelle et des sciences appliquées. Le plan de développement
de l’OFPPT, en est un exemple. À l’horizon 2017, aboutira la cinquième phase du plan de
formation de l’OFPPT, qui a permis une croissance soutenue de places pédagogiques en
2014-2015 pour atteindre 370.000 contre 310.439 places en 2013-2014105. De nouveaux
établissements au nombre de 15 ont été créés en 2015, ce qui fait un total de 336
établissements. En 2015, l’offre de formation de l’OFPPT se répartissait par niveau
comme suit : technicien et technicien spécialisés (66 %), qualification (22 %) et
spécialisation (12 %). Et par secteur : formation dédiée au secteur industriel (37 %) a été,
formation dédiée au secteur tertiaire (26 %) et formation dédiée au secteur tertiaire au BTP
(18%)106.

 Le Financement de la recherche : le financement de la R&D au Maroc est assuré en


grande partie par les fonds publics. Le fonds public de soutien de l’innovation (FSI) à
l’origine des programmes tels que Intilak, Tatwir et prestation technologique, est doté de
380 millions de dirhams. En 2010, les flux de financement de la R&D étaient de
provenance publique à hauteur de 68 %, et servaient en particulier le secteur universitaire,
à hauteur de 45 %, suivi par le privé qui finançait la R&D à hauteur de 30 %, et les fonds
de coopération internationale à hauteur de 2 %107. Les dépenses en R&D se sont
améliorées, en passant 0,29 % du PIB en 1998 à 0.73 % du PIB en 2010108.

 Le financement de Startups et d’entreprises innovantes : Le financement des startups


est encore à ses débuts au Maroc, vu le risque que comportent généralement les projets

104
Idem.
105
Selon les statistiques de l’OFPPT.
106 Direction des Etudes et Des Prévisions Financières, Mai 2015 « Tableau de bord sectoriel »
https://www.finances.gov.ma/depf/SitePages/publications/en_chiffres/bord_annuel/tableau_bord_sectoriel.pdf consulté le 29-09-
2016.
107 Idem.
108
Institut des statistiques de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture
(UNESCO)http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/GB.XPD.RSDV.GD.ZS?end=2010&locations=MA&start=2010&view
=bar consulté le 01-10-2016

237
portés par les startups. Ainsi, les startups au Maroc ont recours aux fonds publics, mais
aussi à des fonds d’investissement de capital-risque dédiés aux entreprises d’innovation en
phase d’amorçage. Tels que : Maroc Numeric Funds, le Fonds Dayam du groupe SAHAM,
le Fonds SINDIBAD (FSSA) et le Fonds « OCP Innovation Fund For Agriculture »
(Oiffa)109. Un nouveau fond pour « combler le déficit de financement qui existe
aujourd’hui sur le marché de financement des start-up»110 vient de voir le jour en juillet
2016 par la Caisse centrale de garantie (CCG) est le Fonds d'amorçage des startups et des
entreprises innovantes « Innov Invest », qui atteindra à terme les 500 millions de
dirhams111.

Aussi, un nouveau programme de financement et d’accompagnement des entreprises éco-


innovantes vient de voir le jour, il s’agit du Programme Cleantech Maroc destiné aux
startups et aux TPE-PME marocaines qui innovent dans les domaines de l’écotechnologie
et ainsi créent des emplois verts. Les lauréats vont bénéficier d’un programme
d’accélération d’entreprises comprenant des activités d’accompagnement, de coaching et
de mentoring112.

Depuis le début des années 2000, le Maroc a connu de grandes mutations sur les plans
économique, politique et social qui en ont fait une plateforme d’investissements attractive et
favorable pour le développement économique et la création d’écosystèmes innovants. Il est
impératif de continuer dans ce sens, afin de consolider ces acquis, pallier les lacunes des
différents secteurs et développer d’autres aspects nécessaires au renforcement des capacités.
Ces conditions liées à l’environnement économico-politique, conjuguées aux éléments sur les
besoins en eau sur le marché marocain, citées dans le chapitre précédant, peuvent être jugées
comme favorables pour la mise en place et le développement d’un cluster dédié à l’industrie de
l’eau.

109 Direction des Etudes et Des Prévisions Financières, Mai 2015 « Tableau de bord sectoriel »
https://www.finances.gov.ma/depf/SitePages/publications/en_chiffres/bord_annuel/tableau_bord_sectoriel.pdf consulté le 29-09-
2016.
110
Hicham Zanati Serghini, directeur général de la Caisse centrale de garantie (CCG), pour le HuffPost Maroc, article du
01/07/2016, « Un fonds de 500 millions de dirhams pour les start-up marocaines »
http://www.huffpostmaghreb.com/2016/07/01/start-up-maroc_n_10773536.html consulté le 01-10-2016.
111
HuffPost Maroc, article du 01/07/2016, « Un fonds de 500 millions de dirhams pour les start-up marocaines »
http://www.huffpostmaghreb.com/2016/07/01/start-up-maroc_n_10773536.html consulté le 01-10-2016.
112Aujourd’hui le Maroc, article du 20-09-2016, « Programme Cleantech pour les emplois verts au Maroc : Les lauréats

bénéficieront d’une dotation financière» http://aujourdhui.ma/economie/programme-cleantech-pour-les-emplois-verts-au-maroc-


les-laureats-beneficieront-dune-dotation-financiere consulté le 20-092016.

238
1.2 Mise en place de la structure du Cluster Ô
Le processus d’initiation du cluster Eau, à travers ses différentes étapes, se doit de s’intégrer
efficacement dans les stratégies nationales d’appui au secteur de l’eau et assainissement et à la
protection de l’environnement.

1.2.1 La problématique
La mise en place d’une structure de cluster impulsée par une politique publique résulte d’une
réflexion stratégique et de l’étude des besoins exprimés par le marché et/ou par les acteurs d’un
secteur, ou en prévision d’un besoin futur selon une vision stratégique.

L’initiation d’un cluster dédié à l’industrie des ressources en eau non conventionnelles est une
initiative qui répond à un besoin devenu urgent au Maroc, à savoir prévenir le stress hydrique qui
menace le pays, et renforcer les capacités d’alimentation en eau potable à travers la stimulation
de l’innovation éco technologique, la création de nouvelles entreprises et d’emplois verts et la
promotion de réseaux efficients reliant entreprises, laboratoires de recherche, universitaires et
institutionnelles.
L’eau constitue un enjeu stratégique majeur à portée nationale, ainsi le Cluster Ô devra être un
Cluster national à apporter des réponses à la problématique suivante :

Le renforcement de l’expertise nationale dans l’exploitation et le


développement des ressources en eau non conventionnelles, et la création d’un
écosystème permettant la fertilisation croisée des connaissances ainsi que la
promotion des transferts de technologies entre universitaires et industriels,
nationaux et internationaux, pour la construction d’une filière industrielle
compétitive solide, créatrice d’emplois verts, et active dans la protection de
l’environnement ainsi que le soutien de l’export de l’expertise marocaine au
niveau régional et international.

Cette problématique s’inscrit dans une vision stratégique qui est la création d’un hub national
pour consolider et développer les compétences et la compétitivité des entreprises nationales et
leur permettre d’investir les marchés internationaux.

239
1.2.2 Les parties prenantes
Identifier les partenaires qui sont impliqués dans l’initiative est une étape de grande importance
dans le processus.

En nous référant au Schéma Nº 8 présenté dans le chapitre 5, et suivant la même logique, nous
allons présenter les acteurs qui constituent l’environnement immédiat du cluster naissant. Ainsi,
le schéma distingue la chaine principale de transformation (Fournisseurs Unités en amont
Unités principales Unités en aval Marché), et les différents partenaires qui composent le milieu
des entreprises dites unités principales. Sans en donner une liste exhaustive, nous allons citer
quelques exemples de ces acteurs les plus influant, que nous avons pu identifier lors des
recherches sur le terrain et grâce aux documents fournis par Association Marocaine de l'Eau
Potable et de l'Assainissement (AMEPA) et par l’Office National de l’Électricité et de
l’Eau/Branche Eau :

 Unités principales : Les acteurs privés qui constituent le noyau de la filière Eau au Maroc
peuvent être distingués dans les familles de métiers suivantes :
o L’étude : les Bureaux d’Études (ex. : NOVEC, AAW INGÉNIEURS CONSEILS,
L’ADI, MAGHREB DIRASSAT) ;
o La veille aux respects des normes : les laboratoires de suivi de qualité et de
respect des normes (ex. : AFRILAB, LPEE) ;
o la conduite : la fabrication des conduites se fait au Maroc par des entreprises
locales (ex. : FIRST PLASTICS, PLASTIMA, FERROPLAST MAROC, 6PO,
MAFODER, SNCE, SOGEA MAROC, etc.), ainsi qu’une infime partie des pièces
spéciales113.
o Les équipements et travaux électromécaniques114 (la famille comportant la
composante technologique) : ces équipements, à savoir les équipements
électriques, électroniques et électromécaniques hydrauliques, sont
exclusivement importés de l’étranger, depuis des fabricants allemands,
espagnoles, portugais, italiens, chinois et dernièrement turques. Des
entreprises marocaines importent et commercialisent les équipements et assurent

113 Les pièces spéciales sont des pièces en fonte et/ou en acier galvanisé, par exemple : les vannes, les coudes, etc.
114 Pompes, groupes électrogènes, filtres industriels, osmose inverse, etc.

240
les travaux d’électromécanique (ex : SERTIRRA, SMADIA, EQUELEC, FENNIE
BROSSETTE, H.P Maroc, HOLDING AL BARAKA, HYDROSYSTEMES,
etc.).
o Le géni civil : la construction des réservoirs, des stations, l’exécution des forages,
etc. sont assurés par des entreprises de travaux marocaines (ex : DELTA
HOLDING, FORASOL MAROC, LA MEDITERRANEENNE DU BETON,
etc.).

 Unité en amont : Il s’agit des entreprises qui commercialisent les équipements


d’électricité, d’électronique et d’électromécaniques, et qui opèrent aussi comme
entreprises de réalisation de travaux d’électricité, d’électronique et d’électromécaniques ;

 Unité en aval : les entreprises de commercialisation, services marketing,


communications, telles que les concessionnaires distributeurs qui opèrent dans le cadre
d’une gestion déléguée des services de l’eau, de l’assainissement et d’électricité (ex :
AMENDIS – NORD, VEOLIA/REDAL Rabat et LYDEC Casablanca centre) ;

 Autorités : Partenaires institutionnels, tels que les ministères :


o Le Ministère de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Économie
Numérique ;
o Le Ministère de l’Équipement ;
o Le Ministère de l’Intérieur ;
o Le Ministère de la Santé ;
o Le Ministère de l’Économie et des Finances ;
o Le Ministère de l’Eau délégué auprès du Ministre de l'Énergie, des Mines, de
l'Eau, et de l'Environnement Maroc ;
o Le Ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime ;
o L’Office National de l’Eau et de l’Électricité/Branche Eau ;
o Les offices régionaux de mise en valeur agricole.
 Autres partenaires institutionnels, les organismes de concertation du secteur de l’eau :
o Le Haut Commissariat aux Eaux et forêts et à la Lutte contre la Désertification ;
o Les Conseils Régionaux de l’Environnement (CRE) ;

241
o Les Commissions Préfectorales et Provinciales de l’Eau (CPPE) ;
o La Commission permanente en charge des affaires de l’environnement et du
développement régional du Conseil Économique, Social et Environnemental ;
o Le Conseil Supérieur de l'Eau et du Climat ;
o Les Agences des Bassins Hydrauliques ;
o La Commission Interministérielle de l'Eau (CIE), entité qui n’est plus
opérationnelle depuis de nombreuses années115.
 Services publics : Des organismes semi-publics à savoir les régies intercommunales,
telles que :
o La REDAL de Rabat;
o La RAMSA d’Agadir;
o La RADEEMA de Marrakech ;
o La RADEEC de Settat ; etc.

 Recherche et innovation : Comme il s’agit d’un cluster d’envergure nationale, plusieurs


universités peuvent en faire partie, sans pour autant qu’elles soient localisées dans le
périmètre géographique du cluster. Ainsi, il est intéressant que plusieurs des universités
impliquées dans la recherche sur la gestion et les technologies de l’eau y adhérent, telles :
o La Faculté des Sciences et Techniques (FST) de l'Université Cadi Ayad de
Marrakech, qui offre des formations de niveau Licence et Master en Eau et
Environnement, et qui dispose aussi de laboratoire de recherche dédié ainsi que de
Centre National d’Etudes et de Recherches sur l’Eau et l’Energie (CNEREE);
o La FST de l’Université Ibn Zohr d’Agadir qui offre des formations en Gestion et
traitement des eaux;
o La FST de l’Université Moulay Ismail de Meknès, disposant de laboratoire de
recherche en Sciences de l'Eau et Ingénierie de l'Environnement et de laboratoire
d'Hydro géophysique et de Cartographie Numérique ; etc.
o L’Ecole Nationale de l’Industrie Minérale.

115
Conseil Economique, Social et Environnemental, Auto-Saisine n° 15 / 2014, « La gouvernance par la gestion intégrée des
ressources en eau au Maroc : Levier fondamental de développement durable » http://www.cese.ma/Documents/PDF/Auto-
saisines/AS_15_2014-Gouvernance-par-la-gestion-integree-des-ressources-en-eau-au-Maroc-Levier-fondamental-de-
developpement-durable/Rapport-Gouvernance-Eau-VF-16042014.pdf consulté 09-05-2016.

242
D’autres acteurs de recherche tels que les instituts nationaux de l’eau et de l’énergie
peuvent renforcer le réseau de chercheurs du cluster, dont en cite :
o L’Institut de Recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN) ;
o L’Institut International de l’Eau et de l’Assainissement (IEA) créé par l’ONEE en
2008.

 Formation professionnelle : L'Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion


du Travail (OFPPT) qui offre des formations dans les divers métiers qui rentre dans la
filière Eau/Assainissement. Aussi L’Institut International de l’Eau et de l’Assainissement,
joue un rôle important dans le renforcement de capacité des cadres et techniciens.

 Organisations professionnelles : Telles :


o Le Centre Marocain de la Production Propre ;
o L’Association Marocaine de l'Eau Potable et de l'Assainissement (AMEPA) ;
o L’Association Eau et Energie pour Tous116 « ASEET » ;
o La Société Marocaine des Membranes et de Dessalement « SMMD » ;
o Ainsi que des fédérations professionnelles telles la Fédération Nationale de
l’Electricité, de l’Electronique et des Energies Renouvelables « FENELEC ».

 Institutions financières : les banques et les fonds d’investissement et d'amorçage des


start-up et des entreprises innovantes tels :
o Le Fond Dayam du groupe SAHAM ;
o Le Fond SINDIBAD (FSSA) ;
o Le Fond « OCP Innovation Fund For Agriculture » ;
o Le Fond "Innov Invest" de (La CCG) ;
o Le «Programme Cleantech Maroc» destiné aux startups et aux TPE-PME
marocaine qui innovent dans es écotechnologies.
o Le Centre Marocain de la Production Propre (CMPP) qui finance des actions à
caractère environnemental des entreprises privées117 ;

116
http://www.aseet.org/
117
Conseil Economique, Social et Environnemental, Auto-Saisine n° 15 / 2014, « La gouvernance par la gestion intégrée des
ressources en eau au Maroc : Levier fondamental de développement durable » http://www.cese.ma/Documents/PDF/Auto-

243
 Entreprises de soutiens: autres entreprises de services.

L’identification des acteurs de la filière Eau au Maroc et de leurs fonctions met la lumière sur
deux constats majeurs qui vont façonner les différents éléments de la politique du cluster :
D’abord, on constate que les entreprises marocaines actives dans les différents métiers de la
filière Eau se sont spécialisées dans la fabrication des conduites, l’importation et la
commercialisation des équipements (électriques, électroniques, électromécaniques, hydrauliques)
et la réalisation des travaux (travaux électriques, électroniques, électromécaniques, hydrauliques
et le génie civil). Ainsi, les entreprises marocaines de la filière Eau n’exercent pas d’activités à
valeur ajoutée technologique, à savoir la fabrication des équipements électriques, électroniques,
et électromécaniques hydrauliques. L’industrie des équipements électromécaniques constitue le
maillon faible dans la chaine de valeur de la filière Eau au Maroc, pourtant ce sont les métiers
comportant une importante valeur ajoutée, particulièrement une valeur ajoutée technologique.
Aussi, il est important de souligner la multiplicité des acteurs institutionnels, aux niveaux
régional et national, ce qui implique, avec le manque de coordination, un chevauchement des
responsabilités et des attributions entre les différents intervenants.

1.2.3 Les objectifs


La définition des objectifs du cluster, dont la réalisation sera étalée sur une période de 5 ans,
permettra aux acteurs d’avancer selon une vision claire, et d’évaluer les actions engagées au bout
de la première phase de la vie du cluster sur une base prédéfinie. Selon le nombre des acteurs et
leur niveau d’implication et d’engagement, et sur la base d’un dialogue auquel tous les
intervenants prennent part dans le cadre d’une démarche participative, les objectifs à fixer seront
orientés renforcement de l’Industrie, et d’autres orientés R&D :

1.2.3.1 Des objectifs orientés Renforcement de l’Industrie


 Réaliser une collecte et centralisation de données pour identifier et connaitre le mieux les
entreprises et industriels de l'eau /assainissement (les fournisseurs de produits et services de
traitement et alimentation en eau potable/assainissement et réutilisation) ainsi que les sociétés
offrant des services de soutient (fournisseurs de logiciels, des systèmes de capteurs, systèmes de
contrôle, systèmes de télégestion, etc.);

saisines/AS_15_2014-Gouvernance-par-la-gestion-integree-des-ressources-en-eau-au-Maroc-Levier-fondamental-de-
developpement-durable/Rapport-Gouvernance-Eau-VF-16042014.pdf consulté 09-05-2016.

244
 Proposer une action « groupement d'entreprises », afin de construire une collaboration
active et efficace entre les acteurs industriels de petite taille, pour créer des groupements de TPE
et/ou de PME, afin d'offrir un portefeuille de produits et de services cohérents et
complémentaires, leur permettant de soumissionner pour les grands projets ;
 Mettre en place un « guichet unique », présentant l’Offre Maroc des compétences nationales
dans les différents métiers de la filière Eau, pour les acheteurs/clients/investisseurs nationaux et
internationaux ;

_ Conduire un nombre déterminé d’action d’animation (ex. : formations thématiques relatives à


la gestion des ressources humaines, le développement à l’international, la propriété intellectuelle,
etc.) pour les membres du cluster, avec un taux d’évolution fixé pour chaque année de la vie du
cluster.
1.2.3.2 Des objectifs orientés Recherche & Développement
 Initier au sein du cluster un «Centre multidisciplinaire de l’Eau», qui sera la référence
en matière de banc d’essai pilote des projets innovants, l’agora de la coopération entre les
chercheurs et les entreprises, et l'espace de la formation et la formation continue pour les
métiers relatifs à la filière Eau (ressources en eau non conventionnelles, changements
climatiques, couplage avec les énergies renouvelables, etc.);
 Engager un certain nombre de projets collaboratifs de R&D entre entreprises, universités
et laboratoire de recherche privé;
 Atteindre un objectif déterminé en nombre de brevets déposés sur les premières 5 ans de
la vie du cluster.

Ces différents objectifs tendent tous vers le soutien de l'innovation au sein de la filière Eau par le
développement de liens étroits entre l'industrie et la recherche. Il est essentiel de promouvoir
l’interaction entre l’industrie et la recherche, du fait que d’une part, les acteurs industriels ne sont
généralement pas conscients de la capacité des chercheurs à offrir des solutions efficaces
répondants à leurs besoins, et que d’autre part, les chercheurs n’ont pas les moyens pour
promouvoir leurs travaux parmi les industriels et transférer leurs innovations depuis la recherche
aux applications concrètes en accord avec les besoins des entreprises.

245
Toutefois, ces objectifs peuvent faire l’objet de révision au bout de la première phase de la vie du
cluster, en réaction à l’évolution de l’environnement du cluster, des besoins des acteurs et des
impératifs du marché.

1.3 Définir le type du cluster


La multiplicité des intervenants et la complexité de l’organisation des liens entre acteurs de la
filière Eau au Maroc en font sa spécificité. Les différents éléments qui définissent la typologie du
cluster Eau, doivent à la fois prendre en considération les spécificités de la filière Eau et répondre
à ses besoins.

1.3.1 La forme d’organisation du cluster


Le choix de la forme ou du mode d’organisation du cluster Eau doit permettre de réduire
l’atomisation de la filière Eau et de créer l’embryon d’un tissu industriel local intégré. Pour ce
faire, nous optons pour l’organisation en forme du State centered cluster model ou le cluster
centré sur une institution publique.
Le choix de ce modèle est dû au rôle que jouent les institutions publiques et semi-publiques dans
les secteurs de l’eau au Maroc, dans l’absence d’un tissu industriel solide et intégré, compétitive
et pérenne. L’importance de ces institutions s’affirme à travers leur rôle dans l’étude des besoins
des différents types d’usagers (agricoles, touristiques, domestiques et industriels), la mise en
place des stratégies, la planification des actions, le financement des projets, le lancement des
appels d’offres mobilisant le secteur privé et le suivi des réalisations.
Ainsi, une Agence de Promotion des Métiers de l’Eau devra être mise en place par un
consortium de représentants de l’ONEE/Branche Eau, du ministère délégué chargé de l’eau, du
ministère de l’Agriculture et de pèche maritime et des agences de bassins. Cette agence aura à
porter le projet Cluster, assurer le financement des projets collaboratifs innovants, et veiller au
développement du cluster par l’implication des acteurs privés et académiques en les fédérant
autour d’une même problématique.
Quant au type du cluster par les acteurs prédominants, un cluster intégré R&D/Industries est le
type le plus adéquat vu les spécificités de la filière Eau au Maroc comme déjà expliqué. Une
représentation des organismes de recherche, publique et privée, et des TPE/PME/PMI avec un
poids égal, sous l’égide de l’Agence de Promotion des Métiers de l’Eau, permettra de créer un

246
écosystème favorable à la valorisation de la recherche et de l’innovation ainsi que la production
et la commercialisation les solutions issues de la recherche.

1.3.2 Le mode de gouvernance du cluster


Le choix du mode gouvernance du cluster Eau est animé par les objectifs du cluster et sa forme
d’organisation. Ainsi, la gouvernance territoriale parait comme la plus adéquate pour le Cluster
Ô. L’intérêt de ce mode de gouvernance étant la possibilité de rassembler les différents acteurs du
cluster autour de la même problématique fédératrice et profiter des apports des différents acteurs.
C’est un mode de gouvernance horizontale, qui implique toutes les parties prenantes dans
l’élaboration de la stratégie du cluster, à savoir : les représentants de l’Agence de Promotion des
Métiers de l’Eau, qui représentent les pouvoirs publics et transmettent la vision stratégique du
gouvernement pour la filière Eau ; des représentants des entreprises et industrielles ; et des
représentants des la recherche publique et privée.
La gouvernance du cluster n’est, certes, pas seulement la structure bureaucratique qui planifie et
délibère sur les projets et les actions à entreprendre, c’est aussi un système tacite de coordination
entre les acteurs et à travers les réseaux informels promus par le cluster. Cette « gouvernance des
réseaux » qui est « une forme hybride de relations marchandes et non marchandes visant à
adapter, coordonner et contrôler les échanges entre des entités autonomes et hétérogènes »
(Ehlinger et al, 2007), se développe et s’amplifie lorsque le cluster offre un environnement de
confiance et écosystème favorable à la prolifération des projets collaboratifs, les échanges et les
initiatives innovatrices.
Toutefois, il est essentiel de veiller au respect d’une représentativité équitable des PME/PMI dans
la structure de gouvernance pour éviter une situation où le cluster évolue à deux vitesses.

1.3.3. Le rôle des entreprises locales et des branches des firmes multinationales (FMN)
L’importance stratégique du secteur de l’eau au Maroc ainsi que l’atomisation du marché d’une
part, et l’accumulation de l’expertise nationale dans les métiers de l’eau reconnue au niveau
régional et international d’autre part, sont autant d’éléments qui ont dicté l’orientation vers un
modèle de cluster le State Centered. Ces mêmes éléments nous orientent vers un cluster composé
essentiellement d’entreprises locales, dont le projet est porté par l’initiative endogène.
Initier le noyau d’une industrie locale à haute valeur ajoutée technologique, solide et compétitive,
est un processus qui peut être lent et peu rentable dans l’immédiat, si comparé avec

247
« l’invitation et l’accueil » de flux d’IDE à s’installer sur le territoire marocain, et générer des
emplois. Mais sur la durée, le développement d’entreprises locales en collaboration avec la
recherche et développement local constitue le fondement à un secteur industriel fortement
enraciné dans le territoire, indépendamment des coûts des facteurs de production.
1.3.4 La localisation du Cluster Ô
La sélection de sites pour la localisation du cluster, a pour objectif de favoriser la concentration
territoriale d’acteurs innovants et de parties prenantes actives dans les domaines stratégiques du
cluster. Cette localisation permet une visualisation du périmètre géographique de l’action du
cluster, ainsi que le potentiel futur de son étendue.
Le choix de la localisation du Cluster Ô, dépend de plusieurs critères et contraintes. Comme il
s’agit d’un cluster national, il n’a pas pour vocation le développement d’un territoire ou une
région en particulier, et donc n’a pas à être localisé selon ce critère.
Aussi, les acteurs des différents métiers de la filière Eau se trouvent, pour la grande majorité,
dans la région qui s’étend entre la ville de Kenitra et la ville de Marrakech. Ainsi, on ne peut pas
parler d’une agglomération d’entreprises ayant développé des liens historiques sur un territoire en
particulier, et sur lequel devrait se localiser le cluster.
La concentration géographique des projets de dessalement d’eau de mer et de réutilisation des
eaux usées épurées, ne peut être considérée comme un critère pertinent pour le choix de la
localisation du cluster non plus, à cause de la dispersion géographique de ces projets.
Quant au développement du cluster autour de blocs de compétences en termes de recherche et
développement, cette possibilité ne présente pas un critère de choix pertinent, du fait que
plusieurs universités sont actives dans la recherche relative aux technologies de l’eau et se
trouvent dans différentes régions du territoire marocain, telles que la région d’Oujda, Fès,
Marrakech, Agadir, Rabat, etc.
Toutefois, l’Agence de la Promotion des Métiers de l’Eau devra être localisée sur rabat, du fait
que tous les partenaires institutionnels s’y retrouvent. Ainsi, le choix de la ville de Rabat parait
judicieux pour la localisation du Cluster Ô, d’une part pour la proximité de l’Agence de la
Promotion des Métiers de l’Eau, et d’autre part, pour la proximité du grand complexe de
production d’eau potable du Bouregreg à Akrach, qui desserve plus que 6 millions d’usagers.

248
1.4 L’appuie financier et partenariat public privé
Dans l’initiation du cluster, la mise en place du business plan est une étape cruciale où il faut
évaluer les différents besoins et dépenses envisagés du cluster afin de proposer un budget
prévisionnel précisant les sources de financement auxquelles il y aura recours et les moyens à
mettre en œuvre pour les mobiliser.

1.4.1 Les différents besoins de financement du cluster


Les besoins en financement du Cluster Ô doivent être identifiés lors d’étape avancée de la mise
en place du cluster, pour la proposition du plan de financement. Ils sont précisés dans le contrat
programme qui relie le cluster avec le ministère de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement
et de l'Économie Numérique.
Les besoins de financement du Cluster Ô peuvent être définis comme suit :
- Dépenses de fonctionnement, les coûts de structure et d'organisation directement liés à la
mise en place du cluster : Il s’agit des dépenses relatives au loyer du siège du cluster ; les
salaires de l’équipe de la cellule d’animation du cluster ; le consommable ; etc.
- Dépenses de développement, qui répondent en premier lieu aux besoins découlant des
objectifs du cluster : il s’agit des dépenses relatives à l’organisation des formations et des
réunions ; la participation aux salons et foires au niveau national et international ; la mise
en place des biens communs à savoir les équipements, le ou les laboratoires de recherche
en commun ; les infrastructures et les moyens technologiques ; le lancement de nouveaux
produits ou services nés des projets en commun des membres du cluster, ce qui nécessite
un investissement pour financer le passage de l’innovation au marché ; l’initiation du «
Centre multidisciplinaire de l’Eau » et du bureau de transfert de technologie qui en
dépendra.

 Dépenses exceptionnelles : il s’agit des coûts engendrés par l’appel aux consultants,
experts ou bureaux d’études pour la mise en place de nouveaux partenariats ou
l’investissement dans de nouveaux projets.
1.4.2 Les différentes sources de financement
Des initiatives stratégiques telles que la mise en place d’un cluster nécessitent différents
niveaux d’investissement, ainsi le financement émane de plusieurs sources et/ou de différents
partenariats.

249
Le partenariat public privé (PPP) est le levier de financement qui convient le mieux pour des
projets d’envergure et qui s’étale sur le temps, comme le projet d’un cluster à portée
nationale.
Pour le financement de cluster Eau, le financement peut émaner de plusieurs sources
publiques, telles que :
 Le Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’investissement et de l’Économie
numérique, offre un appui financier aux clusters dans le cadre de la stratégie de promotion
des clusters dans les secteurs industriels et technologiques ;
 L’Agence de Promotion des Métiers de l’Eau, devra avoir un apport financier, qui
représente la part de participation du consortium des partenaires publics qui la constitue ;
 Le fond public de soutien de l’innovation (FSI) à l’origine des programmes tels que
Intilak, Tatwir et prestation technologique, auxquels le cluster Eau peut avoir recours pour le
financement de projet de collaborations ponctuelles;
Ainsi que des fonds privés auxquels le cluster Eau peut avoir recours pour le financement des
startups qui y verront le jour, tels que des fonds d’investissement de capital-risque, dont on
cite :
 Le Maroc Numeric Funds ;
 Le Fonds Dayam du groupe SAHAM ;
 Le Fonds SINDIBAD (FSSA) ;
 Le Fonds OCP Innovation Fund For Agriculture (Oiffa) ;
 Le fond Innov Invest de la Caisse centrale de garantie (CCG) ;
 Le Programme Cleantech Maroc.
Quant à l’autofinancement du Cluster Ô par les fonds privés, ils peuvent émaner des sources
suivantes :
 Les cotisations des membres ;
 Les prestations de services sur mesure commercialisés auprès des membres (conseil
marketing, formations particulières, etc.) ;
 La commercialisation des brevets et des inventions peut être considérée comme une
source d’autofinancement, mais généralement les programmes de transfert de technologie
apportent moins d'argent que les coûts de fonctionnement du programme.

250
Ces dernières sources de financement, même si elles ne permettent pas d’assurer l’autosuffisance
financière du cluster, l’évolution de leur part dans le financement reflétera la bonne santé du
cluster, sa rentabilité et l’évolution positive de ses activités.

Section 2. L’accompagnement
Une fois que le cluster voit le jour, sa viabilité et sa réussite dépendent essentiellement de la
mobilisation et de l’implication des membres et du respect des valeurs partagées. Il s’agit de
développer une structure dynamique autour d’un noyau dur de précurseurs. Veiller à ne pas se
retrouver face à la situation où le cluster compte un nombre important de membres, mais qui soit
peu impliquée et peu coopérative. Cette situation mène à la dilapidation des moyens financiers, et
la démotivation des membres, et à la désorganisation des actions. Accompagner un cluster
naissant revient à mettre en place une cellule d’animation efficace, à structurer l’entité de
gouvernance du cluster et stimuler le réseautage et la création de lien intra-cluster et inter-cluster,
au niveau national et international.

2.1 Mise en place de la cellule d’animation


La cellule d’animation et un organe clé dans la réussite de l’organisation de tout cluster. Cette
cellule se constitue d’un minimum de trois personnes, à savoir : une personne pour le poste de
directeur, une personne pour le poste de chargé/e d’affaire et un/e assistant/e.
Pour le Cluster Ô, la cellule d’animation aura plusieurs fonctions telles que :
- Coordonner les relations entre l’Agence de Promotion des Métiers de l’Eau, le Centre
Multidisciplinaire de l’Eau et les autres partenaires ;
- Mener des actions en commun entre les membres du cluster permettant de provoquer le
développement de relations non marchandes et de générer une atmosphère de confiance ;
- Monter et coordonner les projets collaboratifs afin de densifier les réseaux entre les
différents acteurs ;
- Assurer la médiation entre le leadership industriel, les représentants des pouvoirs publics,
les universitaires et les centres de recherches afin de soutenir dans la durée une
dynamique de réseau public privé.
- La veille stratégique, la recherche et la gestion de l’information pour la conduite de
benchmarking ;
- La promotion de la filière et le lobbying.

251
La cellule d’animation est la structure qui soutient le projet de cluster dans la durée,
l’accompagnement des pouvoirs publics à cette structure depuis sa création, par l’organisation de
formations et le coaching, est nécessaire pour assurer le développement souhaité au sein du
cluster. Ainsi, renforcer la cellule d’animation et la doter de budget suffisant pour recruter plus de
personnel qualifié, lui permettra de gagner en efficacité et de couvrir les besoins d’organisation et
de coordinations de manière optimale.

2.2 L’initiation d’un bureau de transfert de technologie pour la promotion de la


collaboration intra-cluster
L’initiation d’un bureau de transfert de technologie au sein du cluster revient à mettre en place
une sorte de guichet unique, qui offre des services de qualité à la fois aux chercheurs et aux
industriels, afin de valoriser la recherche publique et assurer le passage des innovations issues de
la recherche universitaire vers une application correspondante aux exigences des industriels.
Pour le Cluster Ô, dans une première phase, et pour éviter la multiplication des organes et des
unités de services, et donc des budgets à allouer, les fonctions du bureau de transfert de
technologie doivent incomber au Centre Multidisciplinaire de l’Eau. Ainsi, les membres du
bureau de transfert de technologie seront d’abord les universités membres du cluster ou relevant
du même espace géographique sur lequel s’étend la portée du cluster, ainsi que les centres de
recherches qui adoptent les mêmes thématiques de recherche ou sont actifs dans domaines
connexes, qui constituent le Centre Multidisciplinaire de l’Eau et en orientent la stratégie de
recherche.
Quant au financement, il s’agit, souvent, d’un fond commun constitué des apports des différents
membres/actionnaires. Les universités et les centres de recherche participent par des apports
relatifs à leurs capacités de financement, mais le financement public à travers l’Agence de
Promotion des Métiers de l’Eau devra assurer l’apport de financement régulier et le plus
important. Les prestations de services que propose le bureau de transfert de technologie sont bien
évidemment des services payants, mais dont le retour sur investissement n’est souvent pas assez
pour réaliser l’autosuffisance du centre, et donc considéré comme un apport marginal, duquel la
survie de centre ne peut dépendre.

252
2.3 La promotion de collaborations inter-cluster
La collaboration inter-cluster peut revêtir deux formes : la mise en réseau de clusters nationaux
ayant des thématiques différentes et appartenant à des filières différentes ; et la collaboration
entre clusters partageant la même thématique sans appartenir au même territoire.

Le Cluster Ô peut bénéficier de ces deux formes de collaboration inter-cluster :

 La collaboration au sein d’un réseau de clusters nationaux (Le Cluster Solaire, le Cluster
EMC de l’Efficacité Energétique des Matériaux de Construction, Le Cluster MMC :
Morocco Microelectronics Cluster, etc.) ayant des thématiques différentes et appartenant à
des filières différentes, à travers la coordination de d’ateliers ou de journées d’échange
pour mettre en commun les expériences, les problématiques communes d’ordre transversal
et les best practices en termes de management, de recherche de financement, de
communication, d’optimisation des moyens logistiques, etc. ;

L’établissement de partenariats et de projets collaboratifs avec des clusters étrangers partageant la


même thématique (ex : les Clusters français Eau Milieux Sols, Dream et HYDREOS ; Le cluster
espagnol Agrupación Sectorial del Agua ; le cluster norvégien Water Treatment Alliance ; etc.),
favorise le transfert de technologie, la mise en place de collaborations commerciales dans une
logique de gagnant-gagnant, l’initiation de formations et d’échanges de compétences entre les
membres des clusters partenaires.

Section 3. L’évaluation de la performance du cluster et durabilité post projet

3.1 L’évaluation de la performance du cluster


Après une première phase de la durée de vie du cluster, qui s’étend sur 5 ans, vient le moment
pour effectuer une évaluation des performances du Cluster Ô. L’évaluation, selon des critères
objectifs et homogènes, permet d’apprécier la réalisation des objectifs initiaux du projet de
cluster et d’avoir une vision plus claire sur les actions futures à engager afin d’améliorer le
mécanisme de soutien au cluster. Décider de la viabilité du cluster et ainsi du maintien ou non du
label cluster, peut aussi, éventuellement, avoir lieu suite à cette évaluation.
Les objectifs de la première phase de la vie d’un cluster portent généralement sur la structuration
du cluster et la mise en relation des acteurs, l’encouragement de l’émergence des projets de R&D

253
collaboratifs et la visibilité internationale. L’évaluation des performances du cluster se focalise
sur ces trois grands axes, et bien sûr sur les objectifs qui en découlent.
L’évaluation du progrès et des performances du cluster peut être effectuée, à travers la collecte et
le traitement des données chiffrées sur des critères mesurables relatifs aux éléments suivants :
 L’évolution des différents volés de la stratégie du cluster (communication et marketing,
commercial, réseautage…) pour vérifier si les actions menées suivent toujours la
trajectoire tracée par la thématique et les objectifs du cluster, et de pouvoir rectifier les
actions dans le temps ;
 L’évolution de la part de l’investissement privé dans le modèle financier du cluster, qui
est un fort indicateur sur l’implication des membres du cluster, sur la viabilité du projet et
sur la possibilité d’autonomisation du cluster ;
 Le nombre de projets collaboratifs, ce qui démontre la capacité du cluster à tisser des
liens et structurer des réseaux entre les mondes de la recherche académique, de
l’enseignement supérieur, de la formation et des entreprises ;
 L’évolution du nombre des brevets, des nouveaux produits et/ou services crées ;
 La création de nouvelles entreprises et de startups.

Pour conforter et expliquer les résultats de l’analyse des données quantitatives collectées, il est
nécessaire de recueillir des informations d’ordre qualitatif, tels les avis des membres du cluster et
leurs perceptions des actions, du niveau de confiance entre les acteurs, des projets et de
l’évolution du cluster, par la conduite d’entretiens avec les adhérents. Ces entretiens, collectifs et
individuels, s’adressent aux parties prenantes, dont les membres du conseil, l’équipe de la cellule
d’animation, un certain nombre d’acteurs tels que les dirigeants d’entreprises, les chercheurs et
académiques, les responsables publics locaux dont l’activité est reliée au cluster, etc.
Dans le tableau suivant sont recueillis quelques indicateurs de performances de cluster, classés
selon leur nature quantitative ou qualitative et selon les catégories d’actions de cluster.

254
Tableau N°…: Critères d’évaluation de performances de cluster
Source : « Les clusters mondiaux dans le domaine des écotechnologies : enseignements, perspectives et opportunités »,
rapport du MEEDDM, avril 2010

Les résultats de cette évaluation permettent d’abord de comprendre les différents challenges
auxquels fait face le cluster, ainsi qu’identifier le type de projets qui demandent plus de
financement ou différentes formules de financement, de déterminer les fonctions du cluster qui
nécessitent un renforcement, et de mobiliser les actions adéquates afin de faire progresser les
objectifs stratégiques du cluster. L’évaluation donne une meilleure visibilité pour entamer le
processus de régulation et ajuster les mesures d’accompagnement.
Toutefois, malgré un calendrier préalable des objectifs d’un cluster, ceux-ci peuvent prendre du
temps, plus que prévu, pour atteindre une certaine maturité et devenir facilement visible. Il est
donc nécessaire de se mettre d’accord au préalable sur des critères d’évaluation qui permettraient
de faire un suivi de l’évolution du cluster de manière périodique tout en gardant une marge de
flexibilité.
Et comme expliqué plus haut, nous avons choisi délibérément de traiter l’évaluation des
performances du cluster et omettre l’évaluation de la politique de clusters. Toutefois, les résultats
de l’examen des performances du cluster, rapportés aux spécificités économiques, sociales et
politiques du cluster, peuvent donner une idée sur l’efficacité et la portée de la politique publique
de cluster.

255
3.2 La durabilité post projet du cluster
Le modèle de base de cluster que nous avons proposé pour les pays en voie de développement,
est un modèle dont l’initiation, la consolidation et la régulation reviennent en grande partie aux
pouvoirs publics. Ce sont ainsi, les pouvoirs publics, à travers des services ou cellules dédiés, qui
mènent l’action de construction du cluster depuis la sélection des partenaires industriels et
académiques, créent une atmosphère favorable à la mise en relation des acteurs, offrent les
subventions, fixent les critères d’appréciation et mènent l’évaluation des performances du cluster.
Le rôle des pouvoirs publics survient tout au long du cycle de vie du cluster par
l’accompagnement adapté et le suivi à objectif régulateur.
Cependant, le développement ou l’atrophie d’un cluster dépendent de plusieurs facteurs
endogènes et exogènes, dont les limites deviennent floues et difficiles à distinguer au fur et à
mesure que le cluster évolue.
Au début de notre proposition de modèle de cluster, nous avons mis l’accent sur les mesures
transversales, dont l’objectif est la mise en place d’un environnement favorable aux
collaborations et aux échanges ce qui permet le développement des activités des entreprises et
ainsi du cluster. Par conséquent, la région profite de la croissance économique générée par les
entreprises du cluster ayant atteint une masse critique, entrainant l’amélioration des
infrastructures tangibles (logistique, moyens de télécommunications, etc.), l’attractivité de
fournisseurs spécialisés et de compétences à profils pointus, et la création d’un climat
entrepreneurial. Ces effets qui résultent du développement soutenu du cluster, entrainent la
création de cercle vertueux qui est en-soi déclencheur d’un processus d’auto renforcement au sein
d’un cluster.
Cela dit, malgré les efforts qu’investissent les parties prenantes, la mise en place de stratégie
claire et ciblée, la mobilisation de mesures concrètes ainsi que l’exigence en termes d’efficacité
des dispositifs organisationnels, l’essor du cluster repose sur la capacité de ces parties prenantes à
s’approprier le projet du cluster et se saisir du mécanisme qui leur a été proposé par les pouvoirs
publics, d’une part, et sur les liens et connexions qu’entretiennent les parties prenantes ainsi que
de l’intensité de leurs interactions qui finissent par faire du « collectif d’acteurs un acteur
collectif, doté d’un projet d’ensemble » (Bossard-Préchoux, V. & Bréchet, J P. 2009), d’autre
part.

256
Une fois le cluster crée, se déclenche une réaction en chaîne qui se nourrit d’une multitude de
causes et d’effets, et dont l’évolution est étroitement liée à l’environnement socio-économico-
culturel du cluster, ainsi qu’aux challenges de la concurrence auxquels fait face le cluster. C’est
ainsi que sont façonnés l’identité et le devenir du cluster comme une entité unique et une
expérience singulière.
Conclusion
Le rôle des gouvernements dans le développement des économies n’est plus soumis à l’ancienne
distinction binaire : laissez-faire ou interventionnisme. Porter a mis la lumière sur la nécessité
d’un équilibre dans l’action de l’État basé sur la complémentarité entre la politique sociale et la
politique économique. Cela revient à assurer «un rôle gouvernemental minimal dans certains
domaines (ex : barrières au commerce, tarification) et un rôle actif dans d'autres (ex : assurer
une concurrence vigoureuse, fournir une éducation et une formation de qualité) »118 (Porter,
1998).
L’action du gouvernement pour la promotion d’un écosystème favorable au développement
économique est social se matérialise dans les politiques de mise en place de clusters. Ce sont
ainsi des efforts organisés pour améliorer la croissance et la compétitivité d’une région à travers
l’accompagnement et l’appui de ses entreprises par le développement d’un écosystème où tous
les acteurs concernés trouvent leurs places. C’est une nouvelle forme de partenariat qui se
développe de par le monde (Solvell, Lindqvist, Ketels, 2003).
L’initiative de cluster est un processus qui passe par différentes phases. Ces phases obéissent à
une logique générale, une sorte de squelette qui porte le projet. Toutefois, les spécificités propres
à chaque initiative de cluster dépendent de plusieurs paramètres, à savoir le domaine du cluster, le
type du cluster, la démarche de l’initiative, le contexte général de l’initiative du cluster, etc.
Dans notre proposition du Cluster Ô, on prenant compte des spécificités du secteur de l’Eau et du
contexte général de l’industrie au Maroc, la démarche que nous avons trouvé la plus adéquate est
la démarche top-down, portée par l’initiative de l’État pour la mise en place d’un écosystème
organisé au tour de l’industrie de l’Eau, impliquant toutes les parties prenantes du secteur
(différents ministères et organismes gouvernementaux, le secteur privé, les instituts de R&D, les

118
“A minimalist government role in some areas (e.g., trade barriers, pricing) and an activist role in others (e.g., ensuring
vigourous competition, providing hight-quality education and training)”.

257
universités, les associations professionnelles, les organismes de financement, etc.) dans un effort
collaboratif.
Cette réforme dans la « façon de faire » qui est la création d’écosystème collaboratif, exige une
réforme dans la façon de penser la collaboration et s’accompagne par la création d’organes
spécialisés qui donnent vie et soutien ces projets, tels que, dans notre cas, l’Agence de Promotion
des Métiers de l’Eau et le Centre multidisciplinaire de l’Eau. Ainsi que des instruments novateurs
de financement, par une fiscalité environnementale adaptée, des partenariats publics privés et des
fonds dédiés. Et en fin par un accompagnement et une sensibilisation et des acteurs par le conseil,
la formation et le renforcement des compétences.

Certes, l’initiation du Cluster Ô est le projet que nous souhaitons, à travers cette thèse, voir
réaliser, mais ce n’est pas une fin en-soi, c’est plutôt le moyen pour donner de l’élan à l’industrie
de l’eau, et développer la compétitivité des entreprises nationales dans un domaine porteur, par
l’initiation de synergies avec les stratégies sectorielles existantes (énergie, agriculture, gestion des
déchets, etc.) et les stratégies transversales (emploi, formation, innovation).

258
Conclusion générale

259
Point de départ
Apports de notre recherche
Limites de la recherche
Difficultés rencontrées
Nouvelles pistes de recherche

Point de départ

Le point de départ de notre recherche a été la problématique suivante :

A quelles conditions l’initiation d’un cluster dédié à l’industrie de l’eau peut-elle jeter les
fondements d’une filière industrielle dédiée aux technologies de valorisation des ressources
en eau non conventionnelles au Maroc ?

Nous avons décliné cette problématique en trois questions :

Q1 : Le cluster, est-il la forme d’agglomération d’entreprises la plus adéquat au contexte


économique marocain?

Q2 : Quel model de cluster peut il être le plus adapté au contexte d’une économie en voie de
développement et spécialement de l’économie marocaine ?

Q3 : Comment structurer un cluster au tour de l’industrie de l’eau de manière à réduire


l’atomisation du secteur et à amener tous les acteurs à collaborer activement ?

Au terme de notre recherche, nous sommes parvenus à apporter des éléments de réponses aux
questions constituant notre problématique. Ces éléments de réponses ont pris forme au fur et à
mesure que nous avancions dans notre recherche, et constituent notre apport théorique.

Apports de notre recherche


Le premier apport de notre recherche met en lumière la dynamique de développement de clusters
selon différentes perspectives. Nous y sommes parvenus par le croisement des contributions de
quatre courants théoriques (la microéconomie, la macroéconomie, l’économie géographique et
l’approche relationnelle) avec les recommandations des organisations internationales (OEC,
OCDE, BM, etc.) issues des études statistiques et des recherches sur le terrain. Cette démarche
nous a permis de porter un regard d’ensemble sur les mécanismes de mise en place et de
développement des clusters.

260
Un autre apport concerne le benchmarking des politiques de clusters sur la base de l’organisation
territoriale. Nous avons conduit une comparaison entre les politiques de développement de cluster
dans trois pays différents. Certes, la littérature regorge de benchmarking des politiques de cluster.
Notre travail se distingue par la base sur laquelle nous avons opéré ce benchmarking, à savoir la
particularité d’organisation territoriale de chaque pays : L’État unitaire décentralisé, l’État
unitaire évoluant vers l’autonomie territoriale et l’État fédéraliste. Nous en avons conclu que le
modèle de cluster se développe et s’adapte à différents types et niveaux d’interventions des
pouvoirs publics.

État des lieux de l’expérience marocaine des clusters, consiste un des apports les plus importants
de notre travail. Il s’agit d’un premier bilan de l’expérience marocaine des agglomérations
d’entreprises de manière générale, et de la dynamique des clusters en particulier. C’est un travail
qui met en exergue les faiblesses et les forces de l’expérience marocaine ainsi que les risques et
les opportunités auxquels elle doit faire face. Toutefois, de nature exploratoire et ayant un
caractère préliminaire, notre travail nécessite d’être complémenté par des recherches futures,
quantitatives et approfondies.

Aussi, notre travail met en avant le potentiel des clusters à promouvoir les processus de transfert
de technologies à travers les relations marchandes et non marchandes. D’une part, l’attractivité
des IDE dans le cadre de clusters met les entreprises locales en situation de coopétition leur
permettant de bénéficier de différents niveaux de transfert de technologie et de best practices
managériaux. D’autre part, la consolidation des relations entre université et industrie au sein de
clusters et la valorisation de la recherche à travers des centres de transfert de technologie permet
de traduire les innovations faites dans les laboratoires de recherche académique en produits
commercialisés.

Conscients qu’un modèle de cluster « one size fits all » ne peut exister, nous avons essayé de
voir, à la lumière des théories traitant des agglomérations d’entreprises et des études sur des
expériences dans différents contextes économiques et politiques, quel modèle de cluster qui
répondrait le mieux , selon nous, aux spécificités des pays en voie de développement. Toutefois,
ce modèle doit être adapté au contexte et aux spécificités de chaque territoire, région et
industrie.

261
En essaye de réponse à notre dernière question de recherche, le principal apport de notre
recherche réside dans la conception d’un modèle de cluster dédié au secteur de l’eau et au
développement des technologies de valorisation des ressources en eau non conventionnelles , et
qui regroupe toutes les parties prenantes du secteur de l’eau au Maroc afin de donner l’essor à
une industrie nationale, compétitive et solide et pouvant être exporté.

Limites de la recherche

Les limites de ce travail, selon nous, sont comme nous l’avions présenté au début de notre travail,
la recherche empirique que nous avions effectuée est de nature exploratoire, ainsi les résultats
présentés ci-dessus sont plutôt préliminaires et nécessitent d’être corroborés par de futurs travaux
plus approfondis.

Aussi, pour constituer notre analyse nous avons eu recours à une multitude d’éléments et de
théories, ce qui peut donner une impression incertitude ou de « flottement ». Toutefois, ce choix
nous a été imposé par la complexité des terrains de recherche (les clusters et l’industrie de l’eau)
et nous a permis d’émettre une proposition riche est globale pour répondre à notre problématique.

Difficultés rencontrées
Notre recherche a commencé alors que l’expérience des clusters au Maroc était encore
embryonnaire (elle l’est toujours !). Cet état des choses a fait que nous avons avancé dans nos
investigations sans qu’ils y aient des données, statistiques ou résultats d’enquêtes préalables à
notre travail, sur lesquels construire notre réflexion et basés nos constats. Concernant l’étude des
clusters au Maroc, tout reste à faire.

En cours de notre recherche, la principale difficulté que nous avons rencontrée réside dans le
secteur industriel qui a constitué notre champ de recherche, à savoir le secteur de l’eau. Effectuer
une recherche d’ordre économique dans un secteur industriel aussi complexe et faisant appel à
plusieurs autres domaines techniques, tel que le secteur de l’eau, nécessite d’abord d’avoir une
assez bonne connaissance de cette industrie, afin de concevoir la complexité du secteur et d’avoir
un langage commun avec ses acteurs. Nous avons été confrontés au besoin de nous auto former
en science de l’ingénierie de l’hydraulique, en la mobilisation de la ressource, en la qualité et le
traitement de l’eau,… etc., pour développer nos connaissances et maitriser notre terrain de
recherche. Ce volet, qui n’apparait pas vraiment dans la rédaction de la thèse, a accaparé

262
beaucoup d’énergie et sur tout de temps, ce qui a eu un impact sur le prolongement de la durée de
réalisation de cette thèse.

De nouvelles pistes de recherche


Nos trouvailles, les limites de notre recherche, les difficultés que nous avons rencontrées et bien
des questions que nous nous sommes posées en cours de route sans pouvoir y apporter des
réponses par crainte de nous égarer du chemin de notre recherche, nous ont inspirés des
ouvertures pour de nouvelles recherches qu’il serait intéressant d’investiguer, que nous
présentons comme suit :

 Sur la base des recommandations du Conseil Économique social et environnemental, pour la


réussite de la régionalisation avancée, les régions devraient se munir d’« une charte de
coopération économique et sociale régionale réunissant l’État, les collectivités territoriales,
le secteur privé, les chambres professionnelles et les centrales syndicales. Des engagements
mutuels doivent être pris en vertu de cette charte pour instaurer, au niveau régional, un
climat de concertation continue, de coopération et de résolution de conflits éventuels dans un
cadre de dialogue responsable et constructif ». Il serait alors, intéressant d’explorer les
perspectives d’évolution des clusters au Maroc dans le cadre de la régionalisation avancée et
de la répartition des pouvoirs entre gouvernement central et régions.
 Quant à l’expérience marocaine récente de cluster, des recherches quantitatives et
approfondies, sont d’une grande nécessité pour évaluer les résultats de cette expérience, alors
qu’on en est à un peu plus que 5 ans depuis son initiation. Des études dans ce sens
permettront aux pouvoirs publics, à l’acteur académique comme au secteur privé de continuer
à avancer d’un pas sûr à la lumière de données précises et d’analyses approfondies.
 Grâce à la proximité géographique, institutionnelle et cognitive qu’il offre, le cluster constitue
l’écosystème de choix pour le transfert de technologie. C’est une problématique qui nécessite
une attention particulière par les chercheurs marocains. Il serait alors intéressant d’élaborer
des grilles de lecture pour identifier les pratiques et évaluer le degré de transfert de
technologie au sein des clusters marocains, à ses différents niveaux. Cette démarche aura le
double intérêt de cerner les relations qu’entretiennent l’université et le secteur privé au niveau
national, d’une part, et d’évaluer l’impacte des IDE sur le tissu industriel local, d’autre part.

263
 Le modèle que nous avons proposé pour la mise en place du Cluster Ô n’est pas définitif. Il
serait intéressant d’inviter des représentants de toutes les parties prenantes du secteur de l’eau
à réfléchir ensemble et à apporter leurs contributions propres dans une approche participative
pour donner à la réalisation de ce projet un aspect

La stratégie marocaine d’ouverture sur le continent africain constitue un tournant majeur dans le
paysage économique et politique du Maroc. Elle confère au pays une place de choix pour
participer aux projets de développement de ce continent dont les pays connaissent un taux de
croissance annuelle dépassant parfois les 5 %, avec un rythme soutenu depuis 15 ans. Cette
réorientation récente des relations économiques couplée à la consolidation des liens
diplomatiques encourage à envisager une ouverture du secteur privé marocain sur les économies
africaines. Le développement d’une offre Maroc, solide et cohérente, du le secteur de l’eau dans
le cadre du Cluster Ô, comme nous l’avons proposé, permettra de répondre aux besoins
d’alimentation en eau potable (AEP) et de mise à niveau des réseaux d’AEP et d’assainissement
dans les pays subsahariens, et aussi d’exporter l’expertise nationale dans le domaine de la
valorisation des ressources en eau non conventionnelles. Il serait alors fort intéressant que la
recherche puisse investir ces pistes afin d’éclairer les décisions des institutionnelles dans ce sens,
par des chiffres et des analyses, et d’accompagner le secteur privé dans l’élargissement de ses
perspectives et d’activité.

264
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