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Université de Kolwezi

Faculté de Droit

COURS DES REGIMES MATRIMONIAUX,


SUCCESSIONS ET LIBERALITES

Maître Yav Katshung Joseph

Professeur, Avocat & Consultant

Année Académique 2015-2016


2

INTRODUCTION

La vie d’une personne est caractérisée par des événements importants


qui sont : la naissance, le mariage et la mort.

Le mariage entraîne avec lui, un certain nombre de problèmes. Il se


posera non seulement le problème quotidien de la vie commune et de la
répartition des charges. Surgiront aussi les questions suivantes :

Qui va gérer ou administrer les biens que les époux ont eu avant ou
pendant le mariage et qu’ils sont appelés à utiliser ? Et quel sera le sort de
ces biens après le mariage (en cas de divorce ou de décès d’un conjoint) ?
Il faut aussi y ajouter les dettes contractées au cours de sa vie et les
donations faites aux proches et aux tiers qui nécessitent une
réglementation pour la vie harmonieuse en société.

Appelés à former une seule chair, un seul être, les époux sont égaux et
se doivent amour, affection et entraide tout au long de leur union. Et par
conséquent, pendant cette union, il est souhaitable sinon nécessaire que
soit réglementée adéquatement la façon de gérer leurs économies (1). Il
devra aussi être réglementée, la répartition de ces économies et biens
entre les mariés ou leurs ayants-cause à la dissolution du mariage (2) ou
du régime.

Comme épinglé ci-haut, la vie en couple entraîne avec lui son cortège de
problèmes qui doivent trouver une solution en droit.

1
Dans la plupart de cas, la vie du couple engendre certaines économies ou ressources communes,
2
Le mariage se dissout par : le décès d’un conjoint, le divorce, le remariage du conjoint de l’absent.
3

Pour quelques-uns de ces problèmes et notamment ceux concernant la


contribution aux charges du ménage, l’affectation des biens des époux
aux besoins communs, le sort des économies faites ensemble, on ne voit
comment il serait possible de les régler adéquatement sans tenir compte
de la communauté d’existence que le mariage établit entre les époux, de
ce fait le recours à la technique des régimes matrimoniaux (droit
patrimonial de l’association conjugale) est plus que nécessaire.

Mais en analysant de près nous constatons que parmi les problèmes


relevés ci-haut, certains reçoivent une solution identique pour tous les
ménages (foyers).
C’est le cas de la contribution aux charges du ménage. Par contre, d’autres
problèmes reçoivent des solutions différentes selon la volonté et le choix
des époux à cette fin. On est ainsi amené à distinguer dans la catégorie
des régimes matrimoniaux, régime primaire (3), d’une part, et les régimes
secondaires (4).

Le régime matrimonial détermine le sort des biens des époux et les règles
de leur gestion en fixant les pouvoirs des époux à cette fin. Il organise ainsi
la satisfaction des besoins du ménage et éventuellement
l’association des époux dans les gains.
C’est donc l’aspect économique de l’état du mariage.

Après l’étude du sort de nos biens pendant le mariage, l’on traitera


aussi du sort de nos biens après notre mort. C’est d’ailleurs à cette
période que se passent pas mal de scènes. On assiste dans nos villes et
dans la plupart des centres urbains du pays où, à la mort du chef de

3
Dans tout ménage ou foyer, si démuni soit-il ; existe un régime matrimonial qualité de primaire. Cela veut
tout simplement dire que dans tout ménage, les époux contribuent chacun en ce qui le concerne aux
charges du ménage. Ainsi donc, la contribution aux charges du ménage est le régime matrimonial
primaire.
4
Secondaires par rapport à primaire. Ici, les époux doivent choisir un régime parmi les trois (la séparation
des biens, la communauté réduite aux acquêts, la communauté universelle). S’ils ne choisissent pas, la loi
le fait pour eux.
4

ménage, la femme et les enfants sont jetés dans la rue, pendant que les
membres de famille du défunt (de cujus) se partagent tranquillement la
succession.

Combien de fois n’a-t-on pas vu, au décès du mari, une pauvre veuve
chargée d’enfants, dépouillée par les parents de son défunt mari ?
C’est ainsi que devant ces innombrables scènes, il devient impérieux de
mettre fin à pareille pratique par l’intervention d’une législation
appropriée : les successions. Avec comme particularité, de privilégier
d’abord les enfants et le conjoint survivant. Les libéralités seront aussi
abordées pour voir dans quelle mesure les donations et les legs doivent
être faites sans préjudicier les droits des héritiers.

Enfin, les Sûretés consacreront le dernier chapitre de notre cours. En


effet, une créance quelle qu’elle que soit, n’a de valeur pour le créancier,
que dans la mesure de son paiement. Or pour le créancier, l’éventualité
de ne pas être payé est loin d’être théorique. Il court donc le danger de ne
pas être payé par la négligence du débiteur, la fraude du débiteur,
l’aliénation sans fraude, dette nouvelle du débiteur pouvant diminuer son
patrimoine, etc. Ainsi, ces dangers d’insolvabilité du débiteur à
l’échéance, constituent une situation de fait qui incite le créancier a
s’entourer d’autres garanties pour ainsi être payé. Telle est la situation
de base qui donne ouverture à la notion juridique de SURETE.

Plan :
Partie 1 : LES REGIMES MATRIMONIAUX
Partie 2 : LES SUCCESSIONS
Partie 3 : LES LIBERALITES
Partie 4 : LES SURETES
5

PARTIE I : LES REGIMES MATRIMONIAUX

GENERALITES

Le mariage est l’acte civil, public et solennel par lequel un homme et une
femme qui ne sont engagés ni l’un ni l’autre dans les liens d’un
précèdent mariage enregistré, établissent entre eux une union légale et
durable dont les conditions de formation, les effets et la dissolution sont
déterminés par le code de la famille (5).

Le mariage engendre un certain nombre de droits et de devoirs pour les


époux. C’est ce qu’on appelle « les droits et devoirs respectifs des époux ».
Il n’est pas possible d’y échapper.

Ces droits et devoirs respectifs des époux sont repris dans les articles
453 et suivants du code de la famille, que l’officier de l’état civil lit aux
époux au moment de la célébration ou de l’enregistrement du mariage.

Les droits et devoirs fondamentaux naissent de plein droit, par l’effet


même du mariage, indépendamment de la volonté des époux et de leur
régime matrimonial.
Parmi ces droits figurent :

Le devoir de cohabitation
Les époux ont le devoir d’habiter ensemble et d’avoir ensemble une vie de
couple. On dit communément qu’il faut « le partage du toit, de la table et
du lit ».

5
Article 330 du code de la famille.
6

Le devoir de secours
Ce devoir d’ordre matériel, vise l’obligation pour le conjoint d’aider
financièrement l’autre conjoint qui se trouve dans le besoin.
Il est donc fonction de la gêne d’un conjoint, en comparaison avec
l’aisance de l’autre conjoint. Il implique également que les époux doivent
partager le même train de vie.

Le devoir d’assistance
Le devoir d’ordre moral, constitue le devoir le plus complet (6), car il
recoupe tous les autres devoirs. Chaque époux doit veiller au bien-être de
son conjoint. Ce devoir d’assistance peur prendre diverses formes : devoir
d’affectation, de patience, de respect.

Le devoir de contribution aux charges du mariage


Le devoir de secours constitue un minimum, tandis que la notion de
contribution aux charges du mariage constitue le quotidien des époux.

Par charges du mariage, il faut entendre tous les besoins personnels


des époux et des enfants vivants avec eux : les frais de logement commun
et d’entretien de la maison, les frais médicaux des conjoints et les frais
d’éducation et d’entretien des enfants (nourriture, vêtements, loyers,
électricité, loisirs, frais d’études des enfants, etc.)

Chaque époux contribue aux charges du mariage selon ses facultés et


son état, c'est-à-dire selon ses revenus potentiels.

Exemple : Monsieur gagne 100.000 FC par mois ; Madame gagne


300.000 FC par mois. Les besoins du ménage sont de 200.000
FC par mois. Madame contribuera donc à concurrence de

6
Nicole CAHEN, Christine DALCQ, Marie-Françoise DUBUFFET, Olivier RALET, Manuel de droit civil
les personnes, 3e éd. Revue et corrigée Labor, Bruxelles, 1995, p.72
7

150.000 FC par mois, et Monsieur à concurrence de 50.000


FC par mois.

La contribution peut s’effectuer en nature.

Exemple : Si madame n’a pas d’activité professionnelle, monsieur


assumera les besoins du mariage, elle pourra contribuer en
prenant en charge l’entretien de la maison et la garde des
enfants. Il est dès lors logique que si c’est madame qui a une
activité professionnelle qu’elle assume les besoins du mariage
et que monsieur s’occupe de la garde des enfants et de
l’entretien de la maison.

Notons qu’en pratique, cet exemple de contribution en nature, pose des


problèmes en RDC. En effet, dans la plupart de cas, les hommes ne
l’entendent pas de cette oreille et c’est ainsi que nous voyons les dames
refuser de contribuer aux charges du mariage quand bien même elles ont
une activité professionnelle. Aussi, les femmes considèrent que c’est
seulement les hommes qui doivent le faire et leurs revenus appartiennent à
leurs familles d’origine.

Si un des époux refuse de contribuer aux charges du mariage, l’autre


époux peut demander au juge de paix du lieu de la résidence conjugale,
l’autorisation de percevoir directement le salaire dû à son époux par son
employeur. C’est la délégation de sommes qui oblige ceux qui ont des
dettes envers l’époux qui manque à ses devoirs de payer cette dette entre
les mains de l’autre conjoint.

Après cet aperçu de quelques droits et devoirs respectifs des époux, qui
naissent de plein droit du seul fait du mariage, il est nécessaire de régler
le régime des biens (actif) et des dettes (passif) qui existeront entre
8

époux, pendant toute la durée du mariage. C’est l’objet du régime


matrimonial.

Deux hypothèses sont possibles :

Si les époux n’ont pas choisi de régime matrimonial devant l’Officier


de l’Etat Civil, c’est la loi (le code de la famille) qui détermine
automatiquement les règles applicables à leurs biens et à leurs
dettes.
C’est ce qu’on appelle le régime légal ou le régime légal supplétif
que nous développerons plus loin.

Les époux peuvent choisir un régime matrimonial, devant l’officier


de l’état civil lors de la célébration ou de l’enregistrement du
mariage. Ce choix déterminera alors, suivant la volonté des futurs
époux, le régime de leurs biens et de leurs dettes. C’est donc un
régime matrimonial conventionnel.

Les régimes matrimoniaux organisés en RDC

I. Choix du régime matrimonial et son importance

Au moment où les époux se présentent pour la célébration ou pour


l’enregistrement de leur mariage célébré en famille, l’officier de l’état
civil doit les avertir de l’existence de trois régimes matrimoniaux et la
faculté qu’ils ont d’opter, et qu’à défaut pour eux de se prononcer, le
régime qui leur sera applicable sera celui dit régime légal supplétif : la
communauté réduite aux acquêts.

L’officier de l’état civil posera aux époux quel type de régime ils ont
choisi. Mais avant cela, il devra leur expliquer en peu de mots lors de la
9

publication des bans, ce dont il s’agit pour leur permettre de choisir en


connaissance de cause. Il est bon qu’ils y aient réfléchi. Dans la pratique
cependant, cela ne se fait pas. L’officier de l’état civil ne fait que lire
rapidement et d’une façon sommaire, les dispositions en rapport avec les
régimes matrimoniaux lors de la célébration du mariage. Sans que les
époux n’aient le temps de saisir les méandres et les contours de chacun
des régimes. Quelqu’un pourrait être tenté de répliquer que ce n’est pas
grave car, les époux peuvent changer de régime au cours du mariage.
Nous verrons cela plus loin.

Il actera leur réponse dans l’acte de mariage et s’ils n’ont pas choisi un
régime matrimonial, le régime de communauté réduite aux acquêts leur
sera applicable. De même, si le mariage est annulé le régime matrimonial
choisi sera considéré comme inexistant et celui de la communauté
réduite aux acquêts leur sera applicable.

Le régime matrimonial a pris une grande importance, car les Congolais


actuellement accumulent beaucoup de biens, et les hommes et les
femmes, engagent des sommes considérables pour leurs activités
professionnelles. Il faut que ces activités ne mettent pas en danger le
bien-être des ménages. Le but des régimes matrimoniaux est d’y veiller.

2. Formes possibles des régimes matrimoniaux

Contrairement aux législations française et belge où chaque ménage a le


droit de se bâtir son nid comme il l’entend, son régime matrimonial à sa
volonté (7), le législateur congolais retient trois régimes matrimoniaux
entièrement et limitativement organisés par la loi.

Les trois régimes matrimoniaux sont :


Régime de la séparation des biens ;

7
Jean Carbonnier, Droit civil, la famille et l’incapacité 2, collection Thémis, PUF, Paris, 1972, p.99
10

Régime de la communauté réduite aux acquêts ;


Régime de la communauté universelle.

a. Régime de la séparation des biens (art. 505-515)

Le régime consacre l’existence de deux patrimoines propres. Le mari et la


femme restent propriétaires des biens qu’ils apportent en ménage et de
ceux qu’ils acquièrent après le mariage tant par leur travail que d’une
autre manière.

Notons que le régime matrimonial règle la question de la propriété des


biens : chacun garde la propriété de ses propres biens.

Gestion maritale des Biens : la gestion des patrimoines communs et


propres est confiée en principe au mari. Toutefois, les époux peuvent
convenir que chacun administre ses biens, en perçoit les revenus et en
dispose librement sous réserve de contribuer aux charges du ménage et
d’obtenir l’accord de l’autre époux pour les actes importants tels que
l’aliénation (vente d’une maison par exemple), la donation, l’emprunt…
Tout cela pour empêcher des actes inconsidérés en faveur de tiers ou
contre le ménage.

Gestion Séparée des Biens : en cas d’une gestion maritale désordonnée,


c'est-à-dire qu’il peut arriver que les biens propres de l’épouse gérés par
le mari soient mis en péril par un comportement fautif et grave du mari
(une mauvaise gestion ou une inconduite notoire) à la demande de
l’épouse, le tribunal retirera au mari le bénéfice de gestion pour le
remplacer par la Gestion séparée (8).

8
Marcel Planiol et Georges Ripert, Traité pratique de droit civil français, T.IX, Régimes matrimoniaux 2e
partie, LGDJ, Paris, 1927, p.66
11

b. Régime de Communauté Réduite aux Acquêts.

C’est le régime légal supplétif, comme dit supra.


Ce régime est caractérisé par l’existence de trois patrimoines :
- les Biens Propres du mari ;
- les Biens Propres de la femme ;
- les Biens Communs des deux époux : « les Acquêts

Patrimoine Patrimoine Patrimoine


propre mari commun propre femme
Biens et dettes Biens communs et Biens et dettes
propres dettes communes propres

• Pendant la durée de ce régime, il est important de faire la


distinction entre les biens communs et les biens propres afin de
savoir lesquels des biens constituent le gage des créanciers des
époux.
• A la dissolution du régime, les biens communs seront partagés
tandis que les biens propres seront repris par l’époux auquel ils
appartiennent. La distinction des biens communs et des biens
propres est donc capitale.

1. Biens propres à chaque époux

• Tout ce qui appartient à un des époux avant le mariage (les


biens meubles comme les immeubles)

Exemples :
La maison de la future épouse
La voiture du futur mari
12

Les économies que la future épouse a mises en épargne

• Tout ce dont un des époux hérite (succession ou testament) ou


ce qu’il reçoit (donation) pendant le mariage.

Exemple :
- Une amie de la femme lui donne un frigo pour la remercier d’un service
rendu
- Le mari hérite de la fortune laissée par sa mère.

• Tous les biens qu’un époux achète avec l’argent qui lui est
propre (parce qu’il possédait cet argent avant le mariage ou
qu’il en a hérité ou l’a reçu pendant le mariage). Il s’agit donc de
tous les biens qui remplacent simplement des propres.

Exemple :

L’épouse vend la maison qu’elle héritée de son père et achète


une villa au golf ;
L’épouse achète, avec l’argent dont elle a hérité de son père,
un appartement au bel air.

• Les biens d’origine familiale restent propres, c'est-à-dire dans


la famille en dehors des alliés (selon la conception
traditionnelle)

• Les outils et ustensiles à l’exercice de la profession

• Les vêtements et objets personnels

Exemples :
- les bijoux, les lunettes …
13

- les souvenirs familiaux ;


- le diplôme, les lettres.

II. Biens communs aux deux époux : Les acquêts

• Les biens que les époux acquièrent pendant le mariage par leur
travail ou leur commerce. Les revenus de la profession de chaque
époux ;
• Les biens que les époux ont conjointement reçus par donation, dont
ils ont hérité ou qu’ils ont acheté, les cadeaux de mariage ;
• Tous les biens dont les époux ne peuvent pas prouver qu’ils sont
propres (9) (pour éviter cela, il est loisible que les époux établissent
un inventaire des biens meubles et immeubles. Toutefois, chaque
époux peut prouver sa propriété par tous les moyens).

Dettes des époux

= Principes : contribution aux dettes : les dettes dont l’un des époux
est tenu seront payées par ses biens propres et ses biens communs (art.
523).

- Dettes propres
Les dettes personnelles des époux contractées avant et pendant le
mariage sur leurs biens propres, restent propres.

Exemples :
* Le fiancé a, en vue d’acheter sa voiture, emprunté de l’argent auprès
d’un ami ;

9
René Savatier, Cours de Droit civil, TIII, 2e éd. LGDJ, Paris, 1951, p.127
14

* L’épouse, propriétaire de l’appartement qu’elle a acheté avec l’argent


dont elle a hérité de son père, emprunte de l’argent pour retaper cet
appartement.

- Dettes communes

• Les dettes contractées ensemble par les deux époux.

Exemples :
* Les époux empruntent de l’argent pour acheter une parcelle

• Les dettes contractées par l’un des époux dans l’intérêt du


patrimoine commun.

Exemple :
Le mari emprunte de l’argent pour la réfection de la maison
familiale que les époux ont achetée ensemble.

• Les dettes contractées par l’un des époux pour les besoins du
ménage ou de l’éducation des enfants

Exemples :

Les livres scolaires et les syllabus des enfants


Les frais d’entretien de la voiture de la famille

• Toutes les dettes dont il n’est pas prouvé qu’elles sont propres
à l’un des époux ;
• Toutes les dettes et tous les biens dont il n’est pas prouvé
qu’ils sont propres, tombent en communauté.
15

Gestion des biens

En principe la gestion des biens propres et communs (les acquêts)


des deux époux est confiée au mari.

Mais, il peut aussi s’avérer que de par la volonté des époux ou par l’effet
de la loi, la gestion des biens propres ne soit pas attribuée au mari et
que chacun gère ses biens propres, c’est la gestion séparée des biens
propres.

c. Régime de Communauté Universelle.

Dans ce régime, tous les biens meubles et immeubles des époux et toutes
les dettes, tant ceux qu’ils possédaient au moment du mariage que ceux
qui leur surviennent après, tombent dans la communauté.

Patrimoine commun aux 2 époux

Biens communs
Dettes communes

En principe, les époux n’ont pas de biens personnels. Mais à dire vrai,
malgré le caractère universel de la communauté, certains biens resteront
propres aux époux :
- Les biens strictement personnels, (souvenirs de famille, diplôme,
habillement, lettres,…) ;
- Les biens qui seront attribués ou donnés gratuitement et
exclusivement à un époux ;
- Certaines indemnités, pensions ou rentes strictement personnelles (le
capital d’assurance de vie, les indemnités réparant un préjudice
physique ou morale, les rentes alimentaires, les pensions de retraite
et d’invalidité)
16

En d’autres termes, tous les biens et toutes les dettes, qu’elle qu’en soit
leur origine, tomberont dans la communauté sauf les biens strictement
personnels et les droits attachés à la personne.

Gestion des biens en cas de Communauté Universelle.

C’est le mari qui gère la communauté.


Si le mari compromet le patrimoine familial (la communauté) à cause de
sa mauvaise gestion, la femme peut demander au tribunal de paix de
décider la séparation des biens.

Partage des biens issus de la Communauté Universelle.

À la dissolution du mariage ( divorce, décès d’un conjoint, remariage du


conjoint de l’absent), on partage toute la communauté par moitié, les
quelques biens propres seront récupérés par l’époux propriétaire.

III. Notions communes à tous les régimes matrimoniaux

1. La naissance du régime matrimonial

Le régime matrimonial sort ses effets le jour de la célébration ou de


l’enregistrement du mariage.

Si les époux n’ont pas fait le choix d’un régime ?

Si au moment de la célébration ou de l’enregistrement de mariage, les


époux n’ont pas fait le choix d’un régime de biens, la loi considère qu’ils
sont mariés sous le régime de la communauté réduite aux acquêts (10).

10
De même si l’on annule le mariage
17

2. La gestion des patrimoines (Biens)

Qui gère les biens ?

Quel que soit le régime matrimonial choisi par les époux, la gestion du
patrimoine commun et propre est présumée confiée au mari, à moins
qu’il en ait été convenu autrement.

Mauvaise gestion de la part du mari. Que faire ?

Si la gestion du mari met en danger les biens communs et propres de la


femme, l’épouse peut demander au tribunal de paix que le régime de la
communauté soit remplacé par le régime de la séparation des biens.

Ainsi, la communauté sera divisée par moitié, c'est-à-dire les biens et les
dettes.

3. La modification du régime matrimonial (11)

Peut-on changer de régime matrimonial pendant le mariage ?

Oui, pendant le mariage et pour le bien du ménage, le régime peut être


changé.

Combien de fois et comment ?

Le régime peut être modifié une fois durant le mariage et à la


demande conjointe des époux. Aussi, la demande doit être motivée
d’une façon sérieuse pour l’intérêt du ménage ou à raison d’une
modification importante intervenue dans la situation des époux ou de
l’un d’entre eux.

11
C’est le principe de la mutabilité des régimes matrimoniaux
18

Exemple : les époux sont mariés sous le régime de communauté


universelle et quelques temps après, le mari devient
commerçant. En cas des difficultés, il sera responsable de ses
dettes sur l’ensemble de ses biens : il engage ainsi les biens de
la communauté.

Ainsi, pour éviter de mettre le ménage en péril, le tribunal de


paix peut autoriser la modification du régime matrimonial. Ils
choisiront par exemple le régime de la séparation des biens.

Aussi sous les mêmes conditions, les époux peuvent demander non la
modification du régime matrimonial, mais la modification du mode de
gestion de leurs biens propres ou communs.

Notons aussi, que les époux qui avaient opté pour un régime donné lors
de la célébration ou de l’enregistrement du mariage sans réellement avoir
eu connaissance des méandres et contours dudit régime puisque l’officier
de l’état civil n’avait pas bien fait son travail, ils (les époux) peuvent s’ils
le veulent et dans l’intérêt du ménage, demander conjointement le
changement du régime matrimonial. Dans la pratique, les cas de
changement de régime pour cette raison sont cependant rares.

À quel tribunal adresser la demande ?

La demande conjointe est adressée au tribunal de paix de la dernière


résidence conjugale des époux.

4. La fin du régime matrimonial

Les effets du régime matrimonial prennent fin par :


• le décès d’un des époux ;
• le divorce des époux ;
• le remariage du conjoint de l’absent ;
19

• la séparation judiciaire des biens ;


• l’adoption d’un autre régime matrimonial, etc.

La dissolution du régime matrimonial

Elle donne lieu à l’établissement d’un inventaire, chaque époux établit


ensuite un compte des sommes qu’il doit au patrimoine commun ou, au
contraire, que le patrimoine commun lui doit.

Chaque époux récupère ses biens propres (s’ils existent).


Ensuite, les dettes de la communauté sont payées et le patrimoine
restant sera entre époux.

Ce partage se fait en principe par moitié, mais les époux peuvent se


convenir autrement.

Bref, on liquide le régime matrimonial, chacun récupère ses biens


propres et on procède au partage par moitié du patrimoine commun.
20

PARTIE II : LES SUCCESSIONS

Composition du patrimoine du défunt

On sait tous qu’après le décès d’un individu ses biens sont recueillis par
ses héritiers. Mais il se pose souvent la question de savoir qui sont ses
héritiers. Pour la résoudre, il est important et cela avant tout partage, de
déterminer la consistance de son patrimoine (ses biens, ses droits
et ses dettes).

Si le défunt (le de cujus) était marié, il faut toujours liquider le régime


matrimonial (12) avant de partager la succession.

è Si le régime matrimonial était un régime de Séparation des biens.

Comme nous l’avons vu en parlant des régimes matrimoniaux, il n’y a


pas de biens communs et donc il n’y aurait pas de communauté à
partager, chaque époux a ses biens propres.
La succession se composera donc uniquement du patrimoine propre
du défunt (de cujus).

Biens propres du défunt Biens propres du conjoint


(mari ou femme) suivant (mari ou femme)

= Succession

12
Que les époux avaient choisi ou celui que la loi leur impose s’ils n’ont pas fait de choix (communauté réduite aux
acquêts)
21

è Si le régime matrimonial était un régime de Communauté réduite


aux Acquêts :

Dans ce régime, il y a trois patrimoines repartis comme suit : les époux


ont chacun un patrimoine propre, aussi ils ont ensemble un patrimoine
commun.

La succession se compose donc de la moitié du patrimoine commun et


de la totalité du patrimoine propre du défunt (de cujus).

Communauté

1/2

Biens propres du défunt ½ des biens biens propres


communs du conjoint
suivant
= Succession

Ainsi donc, au décès d’une personne le conjoint survivant reprendra ses


biens propres et aussi l’autre moitié de la communauté (biens communs)
en vertu de son régime matrimonial. (13)

è Si le régime matrimonial était un régime de Communauté


Universelle

Ici nous l’avons vu, il y a prépondérance des biens communs et donc, au


décès d’une personne, les biens communs (patrimoine commun) seront
partagés par moitié et le conjoint survivant reprendra sa part.

13
Nous développerons plus loin cette question du conjoint survivant.
22

Communauté

½ ½

Moitié des biens communs è succession

Types de succession

Toute succession s’ouvre au domicile ou à la résidence du de cujus, et


pas au lieu du décès comme nous le vivons.

Lorsqu’une personne décède (le de cujus), ses biens seront transmis à


d’autres (ses héritiers) soit en vertu de la loi (succession ab intestat),
soit en vertu d’un testament (succession testamentaire).
Il existe donc deux types de successions :
- la succession testamentaire ;
- la succession légale ou ab intestat.

1. la Succession Testamentaire

a. Notion

Souvent nous avons peur de rédiger nos testaments car d’aucuns


considèrent que c’est s’attirer la mort. Un parent sérieux doit songer à
l’avenir. Il est donc bon qu’un père de famille, une mère de famille qui
possède quelques biens songe à rédiger un testament.

La succession est testamentaire lorsque le défunt a décidé, par


testament, du sort de tout ou partie de ses biens au profit d’une ou
plusieurs personnes qu’on appelle légataires.
23

Si le défunt a d’enfants, de conjoint survivant, des père et mère, des frère


et sœur, … il ne peut disposer que d’une partie de ses biens (le quart),
car la loi en réserve à ces derniers la majeure partie.

Si le défunt n’a pas d’enfants, de conjoint survivant, des père et mère,


des frères et sœur, des oncles et tantes ou tout autre parent, il peut
léguer la totalité de ses biens à toutes personnes de son choix.

D’un individu qui est mort sans avoir fait de testament, on dit : « il est
décédé ab intestat ».

b. Sortes ou Formes de Testament.

Le Testament est un écrit contenant l’expression de dernière volonté de


son auteur (le testateur) (14).

Il y a trois sortes ou formes de testament organisées en RDC :

b.1. Testament Authentique

Il est celui établi par le testateur et rendu authentique par le notaire ou


l’officier de l’état civil de son domicile ou de sa résidence.

b.2. Testament Olographe

Il est celui écrit en entier de la main de son auteur, daté et signé par
lui.

Il peut être écrit à la machine (dactylo, ordinateur,…) à condition que le


testateur indique cette circonstance par une mention manuscrite, et qu’il
date et signe de sa main.

14
Réné Dekkers, Précis de droit civil belge, LIII : les régimes matrimoniaux, les successions, les donations
et les testaments, Bruylant, Bruxelles,1955
24

b.3. Testament Oral

Il est celui qui est fait verbalement par une personne sentant sa mort
imminente et en présence d’au moins deux témoins majeurs. Dans ce
cas, il ne pourra régler que certaines questions notamment les
funérailles, la tutelle des enfants mineurs, et petits legs. Ce genre de
testament est évoqué d’office si le testateur ne décède pas dans les 3
mois.

c. Les effets

Un testament peut, jusqu’au décès de son auteur, toujours être révoqué,


modifié ou complété.

En cas de plusieurs testaments, c’est le plus récent qui prévaut.

Si toutefois le testament le plus récent ne révoque pas expressément le(s)


précédent (s), on appliquera les dispositions du (des) testament (s)
antérieur (s) dans la mesure où elles sont compatibles avec les
dispositions du testament le plus récent.

d. Le testateur peut-il disposer de tous ses biens ?


Non, quelle que soit la forme du testament, la personne qui fait son
testament (le testateur) ne peut pas entamer la réserve successorale (part
revenant aux héritiers de la première catégorie qui sont les enfants).

Ainsi, le testateur ne disposera entièrement à son gré de son patrimoine


que lorsqu’il n’existe aucun héritier réservataire (c'est-à-dire aucun
enfant né dans le mariage, né hors mariage mais reconnu du vivant de
son père et des enfants adoptifs).

Mais cela ne suffit pas, car même en l’absence d’enfants cités ci-haut, le
testateur ne peut disposer comme il l’entend de son patrimoine. Il ne
25

pourra le faire que lorsqu’il n’existerait aussi aucun héritier de la


deuxième catégorie (c'est-à-dire le conjoint survivant, les père et mère et
les frères et sœur).

Si le testateur a un héritier réservataire (ou plusieurs), il ne peut


disposer que de la quotité disponible. Ainsi donc, la masse de biens
dont le testateur peut disposer (quotité disponible) sera donc de ¼ s’il y a
des enfants.

Si le testateur n’a pas d’enfants, la quotité disponible ne peut dépasser ½


des biens s’il y a au moins deux groupes de la deuxième catégorie qui
sont représentés, et 2/3 s’il n’y a qu’un seul groupe.

Le testateur peut faire ce qui lui plaît de la quotité disponible,


exactement comme il aurait fait de la totalité de sa succession s’il n’avait
pas d’héritier réservataire.

Si le testateur entame la réserve successorale, les legs seront réduits à la


quotité disponible. Ainsi, le testament ne sera pas annulé et aucun
légataire ne sera exclu.
En somme, l’auteur du testament doit observer très strictement les règles
imposées par la loi quant à la destination des biens : les enfants ont le
droit de se partager les trois quarts de la succession et les autres
héritiers, le reste. (Voir les détails au point suivant).

Le testateur peut désigner dans le testament une personne chargée


d’exécuter ses dernières volontés et décisions après sa mort, c’est
l’exécuteur testamentaire qui a un grand rôle à jouer et surtout dans
nos sociétés africaines où à la mort d’un père, la femme et les enfants du
défunt se retrouvent dans la rue, abandonnés à leur triste sort et sans
biens.
26

2. La succession Légale ou ab intestat.

a. Notion

D’un individu qui est mort sans avoir fait de testament, on dit : « il est
décédé ab intestat (15). »
La succession est légale ou ab intestat lorsque le défunt meurt sans
avoir fait de testament (valable).

Dans ce cas, ses biens seront attribués selon l’ordre établi par la loi
au profit de ses héritiers.

Ainsi, ses héritiers légaux se partagent les biens qu’il possédait suivant
les règles posées par le code de la famille.

b. Qui peut hériter (Catégories d’héritiers) ?

Le code de la famille détermine les catégories d’héritiers en tenant


compte de l’importance de la succession. Il distingue les grands
héritages et les petits héritages.

b.1. Les héritiers légaux dans les grands héritages :


b.1.1. Catégories d’héritiers dans les grands héritages.

Par grand héritage on entend tout héritage dépassant 100.000 Zaïres


(16). Et donc, si nous sommes en présence d’un grand héritage, les
héritiers légaux sont :

15
Robert Villers, Rome et le droit privé, éd. Albin Michel, Paris, 1977, p.464
16
Ici, il est impérieux de noter qu’à cette époque 100.000 Zaïres représentaient une fortune. Si en 1972, un
Zaïre était l’équivalent de 2 USD, pour apprécier la valeur de cette somme, il sied de recourir à la partie
du dollar américain et le Zaïre en 1987. Mais nous pouvons dire que c’était une fortune.
27

1ère Catégorie : les enfants nés dans le mariage, ceux nés hors mariage
mais reconnus du vivant de leur auteur, ainsi que les
enfants adoptifs.

2e Catégorie : cette catégorie comprend trois groupes :

a. le conjoint survivant (veuf ou veuve) ;


b. les père et mère du défunt ;
c. les frères et sœurs du défunt.

3e Catégorie : les oncles et tantes paternels et maternels

4e Catégorie : A défaut des héritiers de la 3e catégorie, tout parent ou allié


dont le lien de parenté ou d’alliance a été constaté par le
tribunal de paix.

5e Catégorie : A défaut des 4 catégories, c'est-à-dire en cas de déshérence


la succession est dévolue à l’Etat.

N.B. Quel que soit sa catégorie, l’héritier qui décède avant le de cujus en
laissant des enfants, sera représenté à la succession par ces derniers.
C'est-à-dire, si un héritier est décédé avant la mort de ses parents et a
des enfants, ce sont les enfants de cet héritier qui viennent à la
succession par le mécanisme ou jeu de représentation.

Le mécanisme ou jeu de représentation permet donc à un héritier de


venir en lieu et place d’un parent prédécédé qui aurait hérité s’il avait
survécu.

Exemple : le père défunt laisse trois enfants. Un des trois enfants était
décédé avant son père en laissant lui-même deux enfants. Ces
deux enfants recevront la part d’héritage qui était destinée à
leur père.
28

Par ailleurs, lorsque les père et mère du défunt (de cujus) ou l’un d’eux
sont décédés avant lui, mais que leurs père et mère ou l’un d’eux (grands
parents du défunt) sont encore en vie, ceux-ci viennent à la succession
en lieu et place des père et mère du défunt (de cujus).

Exemple : le père de monsieur X meurt dans un crash d’avion. Quelques


années après, en visite chez ses grands-parents avec ses deux
filles, X se noie et meurt. Ses deux filles recevront une partie
de l’héritage en tant qu’héritières de 1ère catégorie (le ¾ des
biens) et les grands parents recevront par représentation la
part d’héritage (le 1/4) qui était destinée aux père et mère de
X, s’ils avaient survécu.

b.1.2.Quelles sont les parts de chaque catégorie dans les grands


héritages ?

Si le défunt était marié, son régime matrimonial sera liquidé, ce qui


permet de déterminer la part de ses biens propres. C’est sur cette part
appelée masse successorale (et non sur tous les biens du couple) que le
partage entre héritiers s’opérera comme suit :

1e les enfants (héritiers de la 1ère catégorie) recevront ¾ des biens ; et le


partage se fait par portions car tous ses enfants sont égaux dans la
succession ; il s’agit des enfants nés dans le mariage, ceux nés hors
mariage mais reconnus du vivant de leur auteur et les enfants
adoptifs ;
2e les héritiers de la 2e catégorie (veuve ou veuf, père et mère du défunt,
frères et sœurs du défunt) recevront :
a. ¼ des biens si les enfants sont présents :

• Chacun des trois groupes reçoit 1/12


29

Ainsi donc, hormis ses biens propres le veuf ou la veuve recevra


1/12 des biens de son défunt conjoint. De même, les père et mère
du défunt se partagent 1/12 des biens ;
Enfin, les frères et sœurs du défunt se partagent 1/12 des biens
quel que soit leur nombre.

• S’il n’y a que deux groupes présents, chaque groupe aura 1/8 des
biens.
C'est-à-dire s’il n’y a soit que (la veuve ou le veuf) et (les père et
mère de défunt). Soit (la veuve ou le veuf) et (les frères et sœurs du
défunt), soit encore (père et mère) et (les frères et sœurs du défunt),
chaque groupe aura 1/8.

• S’il n’y a qu’un seul groupe, il aura 1/8 des biens, le reste rentre à
la 1e catégorie (les enfants).

b. Tous les biens si les enfants ne sont pas présents (s’il n’y a pas
d’enfants).

3e les oncles et tantes du défunt ne viennent à la succession que si le


défunt ne laisse pas d’héritiers de la 1e catégorie et de la 2e catégorie.
Le partage s’opère par égale portion. (17)
4e en l’absence de tous ces héritiers, tout autre parent ou allié dûment
reconnu viendra à la succession.
5e s’il n’y a toujours pas d’héritier, pareille succession sera déclarée en
déshérence, et provisoirement confiée à l’Etat pendant un an.

Après un an, les héritiers qui pourront se présenter, recevront les biens
du défunt dans l’état où ils se trouvent déduction faite des frais de garde,
de gestion et des dispositions faites par l’Etat.

17
Art. 761 du code de la famille.
30

Si cinq années après la publication personne ne vient réclamer, la


succession est définitivement acquise à l’Etat.

N.B. Il ne faut pas confondre la déshérence avec la succession


vacante.

La succession est vacante lorsqu’elle n’est réclamée par l’autorité


administrative ou militaire du lieu où le décès a eu lieu en dressant
l’inventaire de tous ces biens. Par la suite, elle cherchera les membres de
la famille du défunt.

Les biens périssables seront vendus et l’administration assurera la


gestion de cet argent en attendant de retrouver les membres de la
famille. L’administration pourra transmettre les biens du défunt, à
l’administrateur du territoire d’origine à charge de les remettre à l’ayant
droit coutumier (membre de la famille) s’il existe.

Les biens non périssables feront l’objet de liquidation, leurs produits


seront en principe transmis à l’administrateur du territoire.
Notons cependant, qu’il est rare en Afrique et surtout en RDC qu’en
succession soit vacante.

b.2. Les héritiers légaux et leurs droits dans les petits héritages

Les règles que nous venons de voir concernent les héritages d’une
certaine importante. Elles sont pour souci ou mission d’établir une juste
répartition des biens entre les différents héritiers.

Si l’héritage est peu important, cette division risque de réduire à rien la


part de chacun des enfants.
31

Par petit héritage, il faut entendre celui ne dépassant pas 100.000


Zaïres (18).
Les petits héritages sont attribués exclusivement aux enfants de
l’époux décidés et à leurs descendants par représentation. Sont donc
exclus, les héritiers de la deuxième et de la troisième catégories.
C’est dans cette logique de privilégier les enfants, que la loi dit si la
succession comporte une maison, elle sera exclusivement accordée
aux enfants (19).

Aussi, si le défunt n’a pas désigné l’enfant qui reprendra la succession


dans le testament, chacun des enfants par ordre de primogéniture (par
ordre de naissance) à la possibilité de reprendre la succession pour
assurer les charges prévues par la coutume en faveur des autres enfants
(éducation, instruction, entretien, entraide…)

Notons que ce droit de reprise doit être homologué, accepté par le


tribunal de paix dans les 3 mois après l’ouverture de la succession.

• Les bénéficiaires de la réserve héréditaire ou héritiers


réservataires

La réserve héréditaire (successorale) est la portion (le ¾) de la


succession dont on ne peut priver certains héritiers, appelés héritiers
réservataires.
La quotité disponible est la partie restante (le ¼), qui peut faire
l’objet d’une donation ou d’un testament en faveur de quiconque.

1. Héritiers réservataires de la première catégorie

Les héritiers de la première catégorie (les enfants nés dans le mariage,


ceux nés hors mariage mais reconnus du vivant de leur auteur, les

18
Nous devons suivre la même logique que dans les grands héritages.
19
Nous parlerons de cela au point relatif au partage
32

enfants adoptifs, ainsi que leurs descendants si ceux-ci viennent par


représentation) sont des héritiers réservataires.

On ne doit pas porter atteinte à la quote-part revenant aux héritiers de la


1e catégorie en faveur d’héritiers des autres catégories.

Les héritiers de la première catégorie ont en plus, une réserve en


nature :
- lorsque la succession comporte une maison, celle-ci est
exclusivement attribuée aux héritiers de la 1e catégorie (les
enfants) ;
- lorsqu’elle comporte plusieurs maisons, l’une d’elles est
exclusivement attribuée aux héritiers de la 1e catégorie (les
enfants) (20).

Le code de la famille favorise avant tout est surtout les enfants (21).
Notons que l’aliénation éventuelle de cette maison ne peut être opérée
qu’avec l’accord unanime des enfants tous devenus majeurs et à
condition que l’usufruit prévu au bénéfice du conjoint survivant ait cessé
d’exister.

2. Héritiers réservataires de la deuxième catégorie

Les héritiers de la deuxième catégorie (conjoint survivant, père et mère


du défunt et les frères et sœurs du défunt) sont aussi héritiers
réservataires, mais ils le seront uniquement à défaut des héritiers de la
première catégorie (les enfants) (22).

21
Bompaka Nkeyi, Le problème des successions au Zaïre, état de la question et examen du projet de la loi
relatif au code de la famille, in Lettre de L’IRES, n°9 10/1986, UNIKIN, Kinshasa, p.15
22
Voir article 853 du code de la famille.
33

3. Droits du Conjoint Survivant

Le législateur du code de la famille a tout mis en œuvre pour assurer la


protection du conjoint survivant (veuf ou veuve) (23).

Comme dit ci-dessus, le conjoint survivant est retenu comme héritier de


2e catégorie, il est à ce titre héritier réservataire (24). En d’autres termes,
il est dans la deuxième catégorie des héritiers réservataires.

En outre, le conjoint survivant a certains droits spéciaux25 :

- il a l’usufruit (il peut les utiliser ou les louer mais non les vendre)
des biens suivants : la maison qu’il habitait avec le défunt et les
meubles meublants.
- Il a la moitié d’usufruit du terrain qu’il exploitait et le commerce
qu’il exerçait, l’autre moitié revenant aux héritiers de la 1e
catégorie (les enfants).
- En cas de mise en location de la maison habitée par les époux, le
loyer de celle-ci est partagé en deux parties égales entre le conjoint
survivant (veuf ou veuve) et les héritiers de la 1e catégorie (les
enfants)

Si le conjoint survivant se remarie ou se méconduit dans la maison


conjugale, il perd le droit à l’usufruit des biens dont nous venons de
parler.

23
Bompaka Nkeyi, Les droits de la femme au regard du code de la famille, in Justitia, n°1, vol.3, PUL,
Lubumbashi, RDC, pp.11 et 12
24
Katamea Valentin, Analyse critique des droits du conjoint survivant dans le code de la famille, in Justitia,
n°1, vol.3, PUL, Lubumbashi, RDC, p.85
25
Réné Dekkers, Op. cit, p.49
34

4. Conséquence de l’existence d’Héritiers réservataires

Si le défunt a donné de son vivant ou par testament certains biens à une


ou plusieurs personnes et qu’il se fait que cela entame la réserve d’un
héritier réservataire, cette donation ou ce legs sera réduit à due
concurrence. Il ne sera maintenu que dans la mesure où il ne dépasse
pas la quotité disponible. Nous verrons cela à la troisième partie de ce
cours.

• Comment s’opère le partage ?

- les héritiers légaux choisissent leur part avant les légataires


universels (26)
- lorsque seuls les héritiers de la deuxième catégorie sont présents,
le conjoint survivant (veuve ou veuf) choisit d’abord sa part, puis
les père et mère et enfin les frères et sœurs, le partage s’opère en
principe en nature, les héritiers recevant des lots de même valeur
ou qui leur sont plus utiles.

Si l’égalité ne peut pas être établie, les héritiers ayant reçu une part
supérieure à leur part légale compenseront en donnant une soulte à ceux
ayant reçu moins.

- en cas de contestation sur la répartition, un conseil de famille


composé de trois membres de la famille du défunt (de cujus) dont
deux au moins ne sont pas appelés à la succession ou, à défaut,
d’une ou deux personnes étrangères acceptées par les héritiers,
proposera une solution.

Si la contestation persiste, elle sera protée devant le tribunal.

26
Le légataire universel est celui a qui on a donné la totalité des biens par le testateur, ou la quotité
disponible.
35

• Peut-on déshériter quelqu’un ?

Déshériter une personne est le fait de lui priver à succéder suite à un


comportement déterminé. (27)

Oui, on peut déshériter pour cause d’indignité celui qui :

1. a été condamné pour :


- avoir causé la mort ou voulu attenter à la vie du défunt ;
- dénonciation calomnieuse ou faux témoignage ayant pu entraîner
pour le de cujus une condamnation à au moins cinq ans de prison.

2. a rompu les relations parentales avec le de cujus ;

3. a délibérément négligé de donner des soins au de cujus alors qu’il


en avait l’obligation légale ou coutumière ;

4. a intentionnellement détruit, a fait disparaître ou a altéré le


testament du défunt sans accord ou qui s’est prévalu, en
connaissance de cause, d’un faux testament ou d’un testament
devenu sans valeur ;

5. abusant de l’incapacité physique ou mentale du de cujus, a capté


(cherché à gagner par des manœuvres frauduleuses) dans les trois
mois qui ont précédé son décès, tout ou partie de l’héritage.

27
L’exclusion pour cause d’indignité successorale ne doit pas être confondue avec l’exhérédation, qui est
une clause par laquelle le testateur, dans son testament, prive de façon expresse certains héritiers ou l’un
d’entre eux de leurs droits dans l’héritage.
36

• Accepter purement et simplement « la succession » (28)

Dans ce cas, l’héritier vient purement et simplement aux droits du


défunt. Il devra payer les dettes du défunt, même si elles sont plus
importantes que l’actif de la succession et il engagera donc son propre
patrimoine pour payer les dettes du défunt.

Cette forme d’acceptation peut être expresse quand l’héritier prend acte de
sa qualité d’héritier par écrit. Elle peut être tacite, lorsque l’héritier pose un
acte qui montre clairement son intention d’accepter la succession.

• Renoncer à la succession

Toute personne peut renoncer à la succession dans les trois mois à dater
du jour où elle a connaissance de sa vocation successorale.
Cette renonciation ne se présume pas, elle doit être faite par écrit et
signifiée au liquidateur dans les trois mois.

Si l’héritier ne sait pas écrire, il peut le déclarer verbalement au


liquidateur dans les trois mois en présence de deux témoins qui signent
avec le liquidateur cette renonciation verbale.

L’héritier qui renonce est censé n’avoir jamais été héritier, sa part est
dévolue aux autres héritiers légaux ou testamentaires qui ont accepté la
succession.

Bref, personne n’est obligée d’accepter une succession ou un legs. Il a trois


mois pour se décider. Mais en cas d’acceptation, il doit supporter le passif
de la succession (les dettes) en proportion de sa part.

28
En France ou en Belgique, il est organisé un autre type d’acceptation qui est l’acceptation sous bénéfice
d’inventaire également appelé acceptation bénéficiaire, où l’héritier ne devra payer les dettes du défunt
qu’à concurrence de l’actif successoral. Ici, les biens de la succession ne se confondent pas avec ceux de
l’héritier qui lui, n’est tenu des dettes successorales que sur les biens de la succession. Le code de la
famille ne l’organise pas.
37

• La liquidation de la succession

Une fois la succession ouverte, les héritiers connus et ayants acceptés, il


reste de déterminer maintenant ce que la succession apporte à chacun
d’eux activement et passivement, c'est-à-dire déterminer la part de
chaque héritier.

• Qui peut être désigné liquidateur ?

1. dans les successions ab intestat (sans testament) : c’est le plus


âgé des héritiers, ou s’il désiste, celui que les héritiers vont
désigner ;
2. s’il y a un testament : celui qui est désigné par le testament, ou le
légataire universel, ou le plus âgé de ceux-ci, s’il en a plusieurs ;
3. si les héritiers sont mineurs ou interdits, le liquidateur doit être
confirmé par le tribunal ;
4. lorsque les héritiers ne sont pas connus, ou sont trop éloignés, ou
renoncent à l’hérédité, ou encore en cas de grave contestation sur
la liquidation, le tribunal désigne un liquidateur.

• Quelle est la fonction (rôle) du liquidateur ?

Le liquidateur a pour tâche principale d’administrer la succession.

A ce titre :
¾ il fixe d’une manière définitive ceux qui doivent venir à la
succession ;
¾ assure les propositions de partage en tenant compte des aptitudes
de chaque héritier et veille à leur exécution conformément à
l’accord ou une décision judiciaire intervenue ;
¾ paie les dettes de la succession qui sont exigibles et les legs
particuliers faits par le défunt ;
38

¾ assure l’exécution du testament et rend le compte final de sa


gestion aux héritiers ou au tribunal compétent, s’il s’agit d’un
liquidateur judiciaire.

• Le liquidateur doit-il suivre un ordre pour payer les dettes et


les charges de la succession ?

Oui, dans le règlement des charges de la succession, le liquidateur doit


respecter l’ordre suivant :

1. payer les frais de funérailles du défunt ;


2. payer les salaires et traitements dus par le de cujus ;
3. payer les frais d’administration et de liquidation de la succession ;
4. payer les dettes du de cujus ;
5. payer les legs particuliers faits par le de cujus.

• Le liquidateur a-t-il droit à une rémunération ?

Oui, le liquidateur a droit à une rémunération si le travail qu’il a


accompli justifie celle-ci, soit d’accord avec les héritiers légaux, soit dans
les conditions déterminées par le de cujus, soit dans les conditions
déterminées par le de cujus, soit par décision du tribunal en cas de
liquidation judiciaire.

• Le liquidateur peut-il démissionner ?

Nul n’est obligé d’accepter les fonctions de liquidateur, et la démission


n’est admise que pour de justes motifs acceptés par le tribunal. Le
désistement ne devient effectif que lorsqu’il est accepté par le tribunal et
qu’un autre liquidateur est désigné.
39

• Quel est le rôle du bureau administratif des successions

Il est institué en milieu rural à l’échelon de la commune et en milieu


urbain à l’échelon de la ville, un bureau administratif des successions
chargés d’aider les liquidateurs dans leurs fonctions.

Pour les petits héritages, le liquidateur de la succession doit saisir le


bureau des successions dans les trois mois de son entrée en fonction.
Pour les autres successions, le liquidateur peut consulter le bureau afin
qu’il établisse un projet de liquidation de la succession.

La taxe rémunération est de 1 % de la valeur de la succession.


40

PARTIE III : LES LIBERALITES

1. Définition
Une libéralité est un acte par lequel une personne transfère à une autre
un droit patrimonial sans en attendre une contrepartie égale.

2. Des espèces des libéralités


- La loi n’admet comme libéralité que:

1. la transmission des biens entre vifs ou donation;

2. la transmission des biens pour cause de mort ou legs;

3. le partage d'ascendant;

4. la donation des biens à venir en faveur d'un époux ou d'un futur


époux, ou l'institution contractuelle;

5. la double donation ou la substitution fidéicommissaire.

6. Les libéralités pour cause de mort ou legs sont également régies


par les dispositions sur les successions.

- Les libéralités sont faites par acte authentique ou sous-seing


privé ou par simple tradition.

NB : Les libéralités au profit des provinces, des communes, des


collectivités, des établissements publics ou d'utilité publique n'ont leur
effet qu'autant qu'elles sont acceptées par l'autorité compétente.

Cette acceptation lie le donateur dès qu'elle lui a été notifiée. Cette
notification peut être constatée par une déclaration du donateur
authentiquement certifiée au bas de l'acte portant acceptation.

Lorsque la libéralité a pour objet des biens susceptibles d'hypothèque, la


transcription des actes contenant a libéralité et l'acceptation ainsi que la
notification de l'acceptation, doivent être faites au bureau du
conservateur des titres immobiliers dans la région où les biens sont
41

situés.

3. Des formes des libéralités

Toute libéralité qui transfère à l'ayant cause (la personne à qui les droits
d'une autre ont été transmis) un droit sur la totalité des biens est
universelle.

Elle est à titre universel lorsque le droit transmis a pour objet une
quote-part des biens dont la loi permet de disposer, ou tous les
immeubles, ou tous les meubles, ou en-core une quotité fixe de tous les
immeubles ou de tous les meubles.

La libéralité est à titre particulier lorsque le droit transmis a pour objet


un seul bien déterminé.

4. Du consentement du disposant et du gratifié.

Il n'y a point de libéralité valable si le disposant ou le gratifié n'est pas


sain d'esprit. Le tribunal prononce la nullité de la libéralité à cause des
altérations, même mineures ou partielles, de la volonté. Ces faits sont
prouvés par toutes voies de droit.

Même s'il émane d'un tiers, le dol est une cause de nullité de la libéralité.

La crainte révérencielle envers le père, la mère ou un autre ascendant,


sans qu'il y ait de violence exercée, peut être une cause de nullité de la
libéralité.

5. De la capacité de disposer et de recevoir

En principe, toute personne physique ou morale peut disposer de ses


biens ou recevoir une libéralité. Toutefois, les incapacités prévues par la
loi sont impératives. Toute convention contraire est de nul effet.

5.1. Des incapacités de disposer.

Le mineur ne peut disposer de ses biens, même par représentation.


Toutefois, le mineur marié peut donner à l'autre époux, moyennant le
consentement et l'assistance de ceux dont le consentement est requis
pour la validité de son mariage; avec ce consentement, il peut donner
tout ce que la loi permet à l'époux majeur de donner à l'autre conjoint. Si
cette donation est antérieure à la célébration du mariage, elle sera précisée
dans l'acte de mariage.
42

Le mineur de quinze ans accomplis ne peut disposer que par testament


et jusqu'à concurrence seulement de la moitié des biens dont la loi
permet au majeur de disposer.

Le mineur émancipé peut faire, sans l'assistance de son curateur, des


présents d'usage ou des aumônes, s'ils sont en rapport avec sa fortune.

L'interdit est assimilé au mineur et toute libéralité lui est interdite,


même par représentation.

Les prodigues et faibles d'esprit placés sous curatelle peuvent


disposer par testament. Les donations ne leur sont permises que
moyennant l'assistance de leur curateur.

Toute libéralité faite par le failli, après le jugement déclaratif de faillite


et pendant la période suspecte, est nulle.29

5.2. Des incapacités de recevoir

Les enfants non conçus au jour de l'acte de donation ou de décès du


testateur ne peuvent recevoir aucune libéralité, sous réserve des
dispositions relatives à l'institution contractuelle et à la substitution
fidéicommissaire.

Aussi, les groupements ou établissements sans personnalité morale ne


peuvent recevoir aucune libéralité.30

La donation ou le testament au profit d'un enfant conçu n'a son effet


qu'autant que l'enfant est né viable.

Les libéralités faites à des personnes incertaines sont nulles.

Les prodigues et les faibles d'esprit placés sous curatelle doivent être
assistés de leur curateur pour accepter une libéralité avec charges, un
legs universel ou à titre universel.

29
L'action en nullité n'appartient qu'à la masse des créanciers. Le failli peut, pendant la période suspecte,
faire une donation rémunératoire à condition qu'elle constitue un paiement en espèce et pour une dette
échue. Il peut par testament disposer de ses biens, mais ses légataires ne peuvent être payés qu'après la
masse des créanciers

30
Les personnes morales de droit public ou de droit privé ne peuvent recevoir toute espèce de libéralité que
conformément aux dispositions légales ou statutaires qui les régissent.
43

Les entités administratives non dotées de la personnalité morale ne


peuvent accepter toute espèce de libéralité que moyennant l'autorisation
du Gouvernement.

Les médecins, les infirmiers et les pharmaciens qui ont traité une
personne pendant la maladie dont elle meurt, ne peuvent profiter des
dispositions entre vifs ou testamentaires qu'elle a faites en leur faveur au
cours de cette maladie.

Sont exceptées :

1. les dispositions rémunératoires faites à titre particulier, eu


égard aux facultés du disposant et aux services rendus.

2. les dispositions universelles, dans le cas de parenté ou


d'alliance jusqu'à la troisième catégorie inclusivement, pourvu que le
décédé n'ait pas d'héritier d'une catégorie supérieure en ligne directe et à
moins que le bénéficiaire de la disposition ne soit lui-même du nombre
de ces héritiers. Les mêmes règles sont applicables aux ministres de
culte.

6. De l'objet et de la cause des libéralités

Est nulle toute libéralité dont l'objet est contraire à l'ordre public ou aux
bonnes moeurs. Une disposition entre vifs ou testamentaire, déterminée
par un mobile contraire à la loi ou aux bonnes moeurs, est de nul effet.

Toute libéralité qui comprend une chose d'autrui est nulle.

Dans toute disposition entre vifs ou testamentaire, les conditions


impossibles, celles qui sont contraires aux lois ou aux bonnes mœurs
sont réputées non écrites.

7. De la quotité des biens disponibles et de la réduction

7.1. De la quotité disponible

Nous avons déjà étudié de la quotité disponible dans la troisième partie


de ce cours. Relevons simplement qu’a défaut d'héritiers de deux
premières catégories, les libéralités par acte entre vifs ou
testamentaire peuvent épuiser la totalité des biens.
44

Une libéralité entre vifs faite à un héritier réservataire est réputée un


avancement d'hoirie (=une simple avance sur la succession) et doit être
rapportée à la succession du disposant, si celui-ci n'a pas dispensé la
libéralité du rapport.

Il en est de même de toute libéralité par testament faite à un réservataire.

7.2. Des rapports des libéralités

a. Définition du rapport

Le mot rapport évoque l’acte par lequel on remet dans la masse une
valeur qui était sortie. Cette idée s’explique sans peine aux donations
entre vifs que le défunt aurait fait a l’un de ses héritiers.

b. Fondement du rapport

L’obligation de rapporter les libéralités reçu du défunt se fonde sur la


volonté probable du défunt lui -même à savoir, celle de traiter ses
héritiers sur un même pied d’égalité.

c. Caractères du droit au rapport

Pour les cohéritiers auxquels il est dû, le rapport est un droit


individuel, chacun des héritiers peut le demander en ce qui le concerne.
C’est un droit réciproque entre cohéritiers ab intestat venant au
partage. C’est un droit propre, le cohéritier qui demande le rapport agit
de son propre chef et non du chef du défunt. C’est un droit accessoire
au partage.

d. Personnes tenues au rapport

L'héritier qui vient à la succession du donateur ne peut bénéficier de


dons et legs recueillis avec dispense de rapport que jusqu'a concurrence
de la quotité disponible; l'excédent est sujet à rapport. (Article 856 du
CF)

Les dons ou legs faits avec dispense de rapport sur la réserve


successorale doivent être restitués à l'hérédité et sont, par portions
égales, partagés entre tous les cohéritiers.(Article 857 du CF)

Comme on peut bien le constater, le rapport a pour but de ramener chacun


des héritiers a sa part de succession ab intestat. Il peut donc être exigé
de tout héritier venant a la succession ab intestat de celui qui a
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fait un don ou un legs.

3 conditions sont requises pour être tenu au rapport

1. Être héritier ab intestat ;


2. Venir à la succession du donateur ;
3. Avoir été gratifié par le défunt.

e. Personnes ayant droit au rapport

Le rapport n’est dû que par le cohéritier a son cohéritier. Il n'est pas


dû aux légataire ni aux créanciers de la succession.

f. Moment du rapport

Le rapport des dons ou legs ne peut avoir lieu qu'à l'ouverture de la


succession du disposant.

g. Libéralités sujettes au rapport

Les frais de nourriture, d'entretien, d'éducation, d'apprentissage, les frais


ordinaires d'équipement, ceux des noces et des présents d'usage ne
doivent pas être rapportés.

En dehors des frais cités supra, l’héritier doit rapporter tout ce qu’il a
reçu du défunt sans distinction. Ainsi, le rapport comprend tout ce qui a
été employé pour l'établissement d'un des cohéritiers ou pour le paiement
de ses dettes. Par « établissement », il faut entendre une maison pour son
fils ou sa fille aînée, les équipements ménagers, etc.

L'immeuble qui a péri par cas fortuit ou sans la faute du donataire n'est
pas sujet à rapport.

h. Comment s’effectue le rapport ?

- Le rapport des libéralités peut se faire en nature. Les biens


donnés sont remis dans la masse et soumis alors au partage ;

- En moins prenant. Le donataire/le gratifié conserve le bien donné


mais prend d’autant moins dans la masse. Exemple : Je conserve
le bien que j’ai reçu de mon père et je prends dans ma part de
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succession une partie pour rétablir l’équilibre.

- Le rapport des libéralités peut se faire en récompense. Mais rien


n’empêche au donataire de payer à ses cohéritiers la valeur de la
donation. Exemple :On garde le bien reçu en donation et on remet
dans la masse une valeur équivalente.

- Le rapport peut se faire par compensation quand tous les


héritiers doivent rapporter des sommes égales.

NB : Le rapport des biens meubles se fait en moins prenant. On garde


le bien meuble et on remet dans la masse la différence.

Le rapport des biens immeubles se fait en nature. Vous ramenez


l’immeuble, on calcule et on procède au partage.

Toutefois, il faut noter que le rapport peut être exigé en nature, à


l'égard des immeubles, toutes les fois que l'immeuble donné n'a pas été
aliéné par le donataire, et qu'il n'y a pas dans la succession d'immeuble
de mêmes nature, valeur et qualité, dont on puisse former des lots à peu
près égaux pour les autres cohéritiers.

Le rapport a lieu en moins prenant, quand le donataire a aliéné


l'immeuble avant l'ouverture de la succession; il comprend la valeur de
l'immeuble à l'époque de la réalisation.

7.3. De la réduction des libéralités excessives

a. Notion

Toute libéralité entre vifs ou testamentaire faite à un successible avec


dispense de rapport, mais qui excède la portion disponible, est sujette à
réduction ou à retranchement.

b. Principe

Le droit à la réduction est pour l’héritier réservataire une arme à la fois


défensive et offensive. Défensive, en ce sens qu’il peut l’opposer aux
donataires ou légataires qui viennent lui demander l’exécution d’une
disposition entamant sa réserve. Offensive, en ce sens qu’il une action
contre le donataire (gratifié) nanti pour le forcer à restituer ce qui lui a
été donné au-delà de la quotité disponible.
47

c. Quand s’ouvre le droit à la réduction et à qui il appartient ?

La réserve étant un droit de succession et la réduction n’étant que la


sanction de la réserve, il en résulte que :

- Le droit de demander la réduction ne peut prendre naissance


qu’au moment où s’ouvre le droit a la réserve elle-même. C’est-à-
dire au décès du disposant.

- Avant l’ouverture de la succession, les héritiers réservataires ne


peuvent pas renoncer valablement au droit de demander la
réduction des donations qui porteraient atteinte à leur réserve.

L'action en réduction ou en retranchement n'appartient qu'aux héritiers


réservataires, à leurs héritiers ou ayant cause, à l'exclusion des donataires
des légataires et des créanciers du défunt.

c. Comment s’opère la réduction

La réduction s’opère en nature. Il n’y a pas a distinguer si la donation a


eu pour objet des meubles ou des immeubles. Le réservataire peut donc
exiger la restitution totale ou partielle de la chose donnée.

Les diverses libéralités sont imputées, eu égard à la qualité des héritiers,


les unes sur la réserve, les autres sur la quotité disponible.

Les donations entre vifs ne peuvent être réduites qu'après,avoir épuisé


la valeur de tous les biens compris dans les dispositions testamentaires;
le cas échéant, cette réduction se fait en commençant par la dernière
donation en date.

Lorsque la valeur des donations entre vifs excède ou égale la quotité


disponible, toutes les dispositions testamentaires sont caduques.
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8. DES DONATIONS ENTRE VIFS

8.1. De la forme et des espèces des donations entre vifs

La donation entre vifs est un contrat de bienfaisance par lequel une


personne, le donateur, transfère actuellement et irrévocablement un droit
patrimonial à une autre, le donataire qui l'accepte.

a. Forme des donations entre vifs

La donation entre vifs ne produit d'effet qu'au jour de son acceptation


expresse par le donataire.

L'acceptation est faite du vivant du donataire soit par acte authentique


soit par acte sous seing privé.

Elle n'engage le donateur qu'à la date où elle lui est notifiée.

La propriété des biens donnés n'est transférée au donataire que pour


autant que la tradition soit réalisée.

b. Espèces des donations entre vifs

Le don manuel résulte de la remise en propriété par le donateur d'un


bien meuble et de sa réception par le donataire. La réception du bien
donné emporte l'acceptation de la donation. Il n'est soumis à aucune
condition de forme.

Tout acte à titre onéreux qui simule la transmission gratuite d'un bien
est réputé une donation déguisée. Celle-ci n'est valable qu'autant qu'elle
ne constitue pas une fraude à la loi ou aux droits des tiers.

Toute stipulation pour autrui, toute remise de dette, toute renonciation


translative d'un droit ou tout paiement pour autrui qui se réalise à titre
gratuit et sans simulation est réputé une donation indirecte.

Toute disposition entre vifs en considération d'un prochain


mariage est une donation en faveur du mariage. Pendant le mariage,
il est permis aux époux de se faire toute espèce de donation.

8.2. Des conditions de fond

Toute donation entre vifs sous des conditions dont l'exécution dépend de
la seule volonté du donateur est nulle.
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Est nulle la donation qui impose au donataire de payer des dettes ou


charges de donateur, autres que celles qui existaient à l'époque de la
donation ou qui seraient exprimées dans l'acte de donation.

Toute donation entre vifs dans laquelle le donateur se réserve le droit de


disposer d'un ou de plusieurs biens donnés est nulle à cet égard.
Toutefois, il est permis au donateur de faire la réserve à son profit ou de
disposer au profit d'un autre de la jouissance ou de l'usufruit des biens
meubles ou immeubles donnés.

8.3. Des exceptions à la règle de l'irrévocabilité des donations entre


vifs

Toutes donations entre époux faites pendant le mariage quoique


qualifiées entre vifs sont toujours révocables.

Toute donation entre vifs est révocable pour cause d'inexécution par le
donataire des charges sous lesquelles elle a été faite lors même que
l'inexécution est due à un cas fortuit.

La donation est également révocable pour cause d'ingratitude ou pour


cause de survenance d'enfants.

+ La donation entre vifs ne peut être révoquée pour cause d'ingratitude


que dans les cas suivants :

1. si le donataire a attenté à la vie du donateur;

2. s'il s'est rendu coupable envers lui des sévices ou injures graves;

3. s'il lui refuse aide et assistance en cas de besoin.

NB : La révocation pour cause d'inexécution des charges ou pour


cause d'ingratitude ou de survenance d'enfants n'a jamais lieu de
plein droit.

Le tribunal saisi de la demande en révocation peut accorder des délais


pour l'exécution des charges.

+ La donation ne peut être révoquée pour cause de survenance


d'enfants au donateur sauf stipulation contraire faite dans l'acte de
donation.

Dans le cas où le tribunal prononce la révocation de la donation, le


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donataire ne sera pas tenu de restituer les fruits par lui perçus de
quelque nature qu'ils soient jusqu'au moment de l'action.

Dans les trois cas de la révocation susvisés, les biens compris dans la
donation révoquée rentrent dans le patrimoine du donateur, libres de
toutes charges et hypothèques du chef de donataire.

Le donateur a, contre les tiers détenteurs des immeubles donnés,


tous les droits qu'il aurait contre le donataire lui-même.

La demande en révocation pour cause d'ingratitude ou pour cause


d'inexécution des charges doit être formée dans l'année, à compter du
jour du fait imputé par le donateur au donataire, ou du jour où le fait a
pu être connu par le donateur.

Cette révocation ne peut être demandée par le donateur contre les


héritiers du donataire ni par les héritiers du donateur contre le
donataire, à moins que, dans ce dernier cas, l'action n'ait été intentée par
le donateur ou qu'il ne soit décédé dans l'an-née du fait.

La révocation pour cause d'ingratitude ou pour cause d'inexécution des


charges ne peut porter préjudice ni aux aliénations faites par le
donataire ni aux hypothèques et autres charges réelles qu'il a pu imposer
sur l'objet de la donation.

En cas de révocation, le donataire est condamné à restituer la valeur des


objets aliénés, eu égard au temps de la demande, et les fruits à compter
du jour de cette demande.

9. DU PARTAGE D'ASCENDANT : DONATION PARTAGE ET


TESTAMENT PARTAGE

Les père et mère et autres ascendants peuvent faire, entre leurs enfants
et descendants, le partage et la distribution de leurs biens.

Si le partage se réalise par donation entre vifs, on l'appelle donation-


partage; il est le testament -partage s'il se réalise par testament.

La donation-partage est soumise à toutes les conditions et formalités


que la loi impose aux dispositions entre vifs; et le testament-partage à
celles des dispositions pour cause de mort.

Les partages faits par actes entre vifs ne peuvent avoir pour objet que les
biens présents du disposant.
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Si tous les biens que l'ascendant laisse au jour de son décès n'ont pas
été compris dans le partage, ceux de ces biens qui n'y ont pas été
compris sont partagés conformément à la loi.

Tous les enfants et les descendants des enfants prédécédés, excepté celui
ou ceux exclus pour cause d'indignité ou d'ingrati-tude, ont les mêmes
droits au partage fait par leurs ascendants. En cas d'omission, le partage
est nul.

L'action en nullité appartient aux enfants et à leurs descendants qui


n'ont reçu aucune part ainsi qu'à ceux entre qui le partage avait été fait.

10. DES INSTITUTIONS CONTRACTUELLES

Toute personne ne peut disposer, à titre gratuit, de tout ou partie des


biens qui auront composé sa succession, qu'au profit d'un futur époux
ou d'un époux et au profit des enfants à naître de leur mariage dans le
cas où le donateur survit à l'époux donataire. Le donateur s'appelle
l'instituant et le donataire l'institué.

Toute institution contractuelle, quoique faite au profit seulement des


époux ou de l'un d'eux, est toujours dans le cas de sur-vie du donateur,
présumée faite au profit des enfants et descendants à naître du manage.

Toute donation faite en faveur du mariage est caduque si le


mariage ne s'ensuit pas.

La donation faite à l'un des époux devient caduque si l'instituant survit à


l'institué et à sa postérité.

Toute institution contractuelle doit, à peine de nullité, être stipulée par


acte authentique établi soit par un notaire soit par un officier de l'état
civil.

L'institution contractuelle est portée à la connaissance de l'officier de


l'état civil, soit au moment de l'enregistrement du mariage, soit au
moment de sa célébration, soit dans l'acte de mariage.

Elle n'est opposable aux tiers que lorsque l'officier de l'état civil en porte
mention dans l'acte de mariage. L'officier de l'état civil en portera la
mention de la donation dans l'acte constatant le régime matrimonial des
époux.
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L'institution contractuelle ne s'ouvre qu'à la mort de l'instituant.


L'institution contractuelle est révocable pour cause d'inexécution des
charges imposées à l'institué ou pour cause d'ingratitude.

11. DES SUBSTITUTIONS FIDEICOMMISSAIRES .

Hormis les prohibitions établies par la loi, toute personne peut


attribuer un bien à une première personne, à charge pour celle-ci
de transmettre le même bien, après sa mort, à une seconde.

Le premier gratifié se nomme le grevé, le second, l'appelé.

Sont prohibées les substitutions par lesquelles le donataire, l'héritier


institué ou le légataire est chargé uniquement de conserver et de
transmettre un bien à un tiers.

Les substitutions fidéicommissaires sont permises entre père et


mère, entre frères et sœurs.

Les uns et les autres peuvent disposer de leurs biens, en tout ou en


partie, soit en faveur d'un ou de plusieurs de leurs enfants soit en faveur
des frères et sœurs, par acte entre vifs ou testamentaire, avec la charge
de rendre ces biens aux enfants nés et à naître, au premier degré
seulement desdits donataires.
53

Bibliographie sélective
Angélique Sita Mwla Akele, La situation matérielle de la veuve d’après le code de la
famille en RDC, in Congo Afrique, XXXX°année, CEPAS, Kinshasa, février 2000,
n°342.

Bompaka Nkeyi, Le problème des successions au Zaïre, état de la question et examen du


projet de la loi relatif au code de la famille, in Lettre de L’IRES, n°9 10/1986, UNIKIN,
Kinshasa.

Bompaka Nkeyi, Les droits de la femme au regard du code de la famille, in Justitia, n°1,
vol.3, PUL, Lubumbashi, RDC.

Jean Carbonnier, Droit civil, la famille et l’incapacité 2, collection Thérnis, PUF, Paris,
1972.

Katamea Valentin, Analyse critique des droits du conjoint survivant dans le code de la
famille, in Justitia, n°1, vol.3, PUL, Lubumbashi, RDC.

KIFWABALA TEKILAZAYA : Droit Civil Congolais : les personnes, les incapacités,


la famille, PUL, Lubumbashi, 2008

Marcel Planiol et Georges Ripert, Traité pratique de droit civil français, T.IX, Régimes
matrimoniaux 2e partie, LGDJ, Paris, 1927.

Nicole Cahen, Christine Dalcq, Marie Françoise Dubuffet, Olivier Ralet, Manuel de droit
civil les personnes, 3e éd. Revue et corrigé, Labor, Bruxelles, 1995.

René Dekkers, Précis de droit civil belge, LII ; les régimes matrimoniaux, les
successions, les testaments, Bruylant, Bruxelles, 1955.

René Savatier, Cours de Droit civil, TIII, 2e éd. LGDJ, Paris, 1951.

Robert Villers, Rome et le droit privé, éd. Albin Michel, Paris, 1977.

Yav Katshung José, A. propos de « la réduction de la part successorale de l’enfant


adoptif » en droit positif congolais, in Justitia, n°1,vol.3. P.U.L., Lubumbashi, RDC.

Yav Katshung José, L’adoption en droit congolais ; Etat de la question et examen


jurisprudentiel, Mémoire de DES, UNILU Faculté de Droit, Lubumbashi, 2002
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