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DROIT PENAL GENERAL

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TABLES DES MATIERES

Fiche Titre Page


1 L’introduction à l’étude du Droit Pénal Général 295

2 L’infraction 298

3 La classification des infractions 301

4 La tentative 304

5 Les peines 307

6 Les mesures de sûreté 310

7 La responsabilité pénale 313

8 Les faits justificatifs 315

9 Les causes de non imputabilité 318

10 Les circonstances aggravantes 321

11 La récidive générale 324

12 La récidive aggravation 326

13 Les circonstances atténuantes 328

14 Les excuses 330

15 La complicité 333

16 Le recel 335

17 Le concours d’infractions 338

18 L’exécution des peines 341

19 Le sursis 345

20 La libération conditionnelle 347

21 L’extinction des peines 351

22 L’effacement des condamnations 355

23 Le casier judiciaire 359

24 Les établissements pénitentiaires 362

NOTES PERSONNELLES 366

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FICHE N° 1

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L’INTRODUCTION A L’ETUDE DU DROIT PENAL GENERAL

I. LES DISTINCTIONS DE BASE.


A. LE DROIT.
C’est l’ensemble des règles qui déterminent les conditions de la vie en société.
B. LES DROITS.
Employé au pluriel, le mot ‘’ Droit ’’ prend un sens différent.
Il s’agit alors de ce que la loi permet au citoyen mais toujours dans le respect des règles.
C. LE DROIT NATUREL.
Il s’agit d’un droit, c'est-à-dire de règles qui serait la pure expression de la morale et de la
justice.
D. LE DROIT POSITIF.
C’est l’ensemble des règles en vigueur dans un pays.
II. LES DIVISIONS DU DROIT POSITIF.
L’ensemble des règles qui constituent le droit positif englobe tous les domaines dans lesquels
l’homme évolue :
- ses rapports avec la société elle-même, ses rapports avec l’Etat et les gouvernants,
- ses rapports avec les autres individus.
Et sous tous les aspects :
- l’intégrité corporelle, la protection des biens et l’exercice d’une profession.
A. LE DROIT PUBLIC.
C’est l’ensemble des règles qui organisent les rapports de l’individu avec la société ou entre
différents groupes de celle-ci.
Il se compose en :
* Le droit constitutionnel :
- forme et organisation de l’Etat.
* Le droit administratif :
- rapports de l’individu avec l’Etat.
* Le droit pénal :
- rapports de l’individu avec la société.
* Le droit international :
- rapports entre les Etats.
B. LE DROIT PRIVE.
C’est l’ensemble des règles qui organisent les rapports entre les individus. Ils se composent
du droit civil (famille, propriété, etc.), du droit commercial et du droit industriel.
III. LE DROIT PENAL.
Il a pour objet de protéger la société contre les troubles qui peuvent naître du comportement des
individus qui la composent. A cet effet :
- il définit les infractions à la loi et précise les conditions de leur répression.
A. LES SECTIONS DU DROIT PENAL.
* Le Droit Pénal Général, le Droit Pénal Spécial et la Procédure Pénale.
1. Le Droit Pénal Général.
Il détermine l’infraction, les éléments pour évaluer la répression de l’auteur, la
punition, etc.
2. Le Droit Pénal Spécial.
Il fixe la liste des infractions à la loi pénale et prévoit une peine pour chacune d’elles y
compris le minimum et le maximum.
3. La Procédure Pénale.
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Elle a pour objet de fixer les conditions dans lesquelles le droit pénal est mis en
œuvre. Elle ordonne et réglemente les opérations à effectuer dans les différentes phases du
procès pénal.
4. Les différentes phases du procès pénal.
* La phase de police judiciaire qui est l’enquête.
* La phase de poursuites qui est du ressort du Procureur de la République.
* La phase d’instruction, jouée par le rôle du Juge d’instruction.
* La phase de jugement et la phase d’exécution de la peine.
IV. LES DROITS CIVILS.
C’est l’ensemble des règles qui organisent les rapports des individus entre eux. Il a donc un caractère
essentiellement privé.
A. LE DROIT CIVIL.
Il détermine les règles de la famille, de la propriété, de la succession, etc.
Il ne prévoit pas d’infractions ni de peines mais règlemente les réparations des préjudices.
B. LA PROCEDURE CIVILE.
Comme pour le droit pénal, il est nécessaire de fixer les règles permettant la mise en œuvre
de l’action civile.
C. LES LIBERTES FONDAMENTALES.
Il s’agit des libertés individuelles, de conscience, d’association et d’expression.
V. LES DROITS DE L’INDIVIDU.
A. LES DROITS PUBLICS.
Ce sont les droits qu’une société de liberté garantit aux individus :
- la liberté individuelle, la liberté de conscience et la liberté d’expression.
B. LES DROITS POLITIQUES.
Ce sont ceux que la loi reconnaît à l’individu en lui donnant la qualité de citoyen :
- l’éligibilité et le droit de vote.
C. LES DROITS CIVILS.
Ce sont ceux qui sont reconnus à l’individu dans le cadre de sa vie privée :
- la propriété et la famille, etc.

FICHE N° 2

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L’INFRACTION

I. LA DEFINITION.
C’est une violation de la loi frappée d’une peine et résultant d’un acte externe positif ou négatif,
exécutée par un auteur responsable, ayant agi hors de l’accomplissement d’un devoir ou de l’exercice d’un
droit.
A. LA VIOLATION DE LA LOI.
Il ne peut y avoir d’infraction sans une loi.
B. LA NOTION DE PEINE.
La loi doit donc ordonner ou introduire l’acte et prévoir une peine en cas de violation.
Il n’y a pas de peine sans loi, ni d’infraction sans peine.
C. L’ACTE EXTERNE.
C’est le fait, une attitude extérieure de l’homme.
D. POSITIF OU NEGATIF.
Peu importe que ce soit, faire ce qui est interdit (positif) ou ne pas faire ce qui est prescrit
(négatif), l’important est que l’acte soit contraire à la loi.
E. UN AUTEUR RESPONSABLE.
Un auteur en pleine possession de ses facultés d’une part et d’autre part, responsable
pénalement.
F. HORS L’ACCOMPLISSEMENT D’UN DEVOIR OU L’EXERCICE D’UN DROIT.
Certains cas sont prévus qui justifient un acte contraire à la loi et suppriment ainsi l’infraction
et donc la peine.
II. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION.
Une infraction n’est constituée que lorsque trois éléments constitutifs généraux sont réunis :
- l’élément légal, l’élément matériel et l’élément moral.
A. L’ELEMENT LEGAL.
Il s’agit du texte qui prévoit et réprime l’infraction. Ces textes sont :
* La loi :
Texte de base. Voté par l’assemblée nationale et promulgué par le Chef de
l’exécutif (Président de la République. Elle s’impose à tout le monde. On dit qu’elle a
une portée générale.
* Le décret :
C’est un texte réglementaire pris par le pouvoir exécutif sans approbation de
l’assemblée nationale. Il doit toujours reposer sur une loi.
* L’arrêté :
C’est aussi un texte réglementaire. Il est pris par :
- les Ministres, les Préfets et les Maires.
Il repose sur la loi, soit directement, soit indirectement par l’intermédiaire d’un
décret.
B. L’ELEMENT MATERIEL.
Il s’agit :
- d’un acte accompli et d’un commencement d’exécution.
Ses caractéristiques sont de deux sortes :
- soit la commission d’un acte commandé par la loi (positif),
- soit l’abstention d’un acte commandé par la loi (négatif).

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Il faut retenir trois catégories d’éléments matériels auxquelles correspondent trois sortes de
délits pénaux :
* Le délit de commission dont l’élément matériel est un acte positif :
- le vol.
* Le délit d’omission dont l’élément matériel est un acte négatif :
- le défaut de présentation de pièce.
* Le délit de commission par omission dont l’élément matériel est un acte négatif
ayant une conséquence nuisible par un tiers.
- l’omission de porter secours à une personne en danger.
C. L’ELEMENT MORAL.
Il s’agit de savoir si l’individu, auteur de la faute a agi :
- volontairement, en pleine conscience et en toute liberté,
- pour accomplir un devoir ou un droit,
- involontairement, par maladresse, imprudence ou négligence.
D. LES CATEGORIES D’INFRACTIONS.
* Les infractions intentionnelles,
* Les infractions non intentionnelles,
* Les infractions contraventionnelles (qui résultent de l’inobservation d’un règlement).
III. LA DIFFERENCE ENTRE LE DELIT PENAL – LE DELIT CIVIL ET LA FAUTE DISCIPLINAIRE.
A. AU NIVEAU DE LA FAUTE.
* Le délit ou faute pénale est une violation de la loi qui peut ou non causer un préjudice à un
tiers.
* La faute civile réside dans un fait qui cause un préjudice à autrui. Elle a un caractère privé.
* La faute disciplinaire est une violation des règles particulières à une profession, une fonction
ou une collectivité.
B. AU NIVEAU DE LA PEINE.
* La faute pénale, quelle que soit sa gravité est toujours sanctionnée par une peine prévue par
la loi.
* La faute civile n’est pas punie par la loi en raison de son caractère privé. Elle donnera lieu à
des réparations de préjudice.
* La faute disciplinaire peut entraîner des sanctions conformes aux règlements particuliers.

298
FICHE N° 3

LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS

I. LES GENERALITES.
Il existe quatre systèmes de classification des infractions. Nous avons celles basée sur :
- la peine, l’élément légal, l’élément matériel et l’élément moral.
Celle basée sur la peine, appelée aussi tripartite est la plus importante.
II. LA CLASSIFICATION BASEE SUR LA PEINE OU CLASSIFICATION TRIPARTITE.
A. LA CLASSIFICATION DES PEINES.
Les peines sont classées en trois catégories en fonction de leur degré de gravité :
* Les peines criminelles :
- mort et privative de liberté perpétuelle ou supérieure à 10 ans.
* Les peines correctionnelles :
- privative de liberté supérieure à 02 mois et inférieure à 10 ans,
- l’amende supérieure à 360 000 F.
* Les peines de police :
- privative de liberté inférieure ou égale à 02 mois,
- l’amende inférieure ou égale à 360 000 F.
B. LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS.
* Le crime, infraction pour laquelle l’auteur encourt une peine criminelle.
* Le délit, infraction pour laquelle l’auteur encourt une peine correctionnelle.
* La contravention, infraction pour laquelle l’auteur encourt une peine de police.
C. L’INTERET DE LA CLASSIFICATION BASEE SUR LA PEINE.
La classification tripartite est particulièrement importante car elle a des incidences sur des
points essentiels de la procédure :
* La prescription de l’action publique et de la peine est différente suivant la nature de
l’infraction.
* Le maximum ou le minimum de la peine prévue peuvent être des éléments de
classification.
* La tentative :
- toujours punissable pour le crime,
- expressément prévue pour le délit,
- jamais punissable pour les contraventions.
* La complicité :
- toujours punissable pour les crimes et les délits,
- exceptionnellement pour les contraventions.
* La règle de confusion des peines, résultant du concours d’infractions ne s’applique
pas en matière de contravention.
* La détention préventive n’est appliquée que pour les crimes et les délits.
* Le sursis s’applique essentiellement aux auteurs de délits exceptionnellement pour
crimes et contraventions.
* L’appel ne peut être exercé que contre les jugements de délits ou de contraventions.
S’il s’agit de crime, le pourvoi en cassation est le seul recours possible.
* La récidive s’applique différemment suivant les infractions.
* Le tribunal compétent est déterminé par la catégorie d’infraction :
- crimes (Assises), délits (Tribunal Correctionnel) et contraventions (Tribunal
de Simple Police).
* L’Autorité judiciaire pour tenir compte des facteurs divers, peut transformer un crime
en délit. On appelle cela la correctionnalisation.

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III. LA CLASSIFICATION BASEE SUR L’ELEMENT LEGAL.
Elle repose sur la nature du texte qui prévoit et réprime l’infraction. Elle comprend deux grandes
catégories :
* Les infractions de droit commun :
- elles sont prévues par le Code Pénal et les lois ordinaires.
* Les infractions militaires :
- elles sont prévues par le Code Pénal dans son titre IV et les lois militaires qui
peuvent le compléter. Les auteurs sont normalement justiciables des Tribunaux militaires sauf
s’il y a coaction avec des civils.
IV. LA CLASSIFICATION BASEE SUR L’ELEMENT MATERIEL.
Elle repose sur la nature de l’acte matériel de l’infraction. Elle tient compte :
* Du résultat de l’acte (délit matériel dont le résultat est nuisible), meurtre ou vol.
* Des moyens mis en œuvre (délit formel). Emploi d’un moyen défini par les lois dans un but
précis même si celui-ci n’est pas atteint, empoisonnement.
* Du nombre des actes concourant au même but, délit simple, un seul acte (vol simple) ou
délit complexe, plusieurs actes différents concourant au même but (abus de confiance).
* Du temps nécessaire à l’action :
- délit instantané (action rapide et résultat immédiat), meurtre.
- délit continu (action qui se prolonge dans le temps), recel.
- délit d’habitude (répétition de l’acte matériel), recel de malfaiteur.
Cette classification présente deux intérêts :
* En matière de flagrant délit, pour le délit continu.
* En matière de tentative, pour le délit matériel.
V. LA CLASSIFICATION BASEE SUR L’ELEMENT MORAL.
A. LE FONDEMENT.
Elle repose d’une part sur le sentiment qui est à l’origine de la faute de l’auteur et d’autre part,
sur la nature de la faute.
* Sentiment d’ordre général (délit de droit commun), passion, cupidité, vengeance.
* Si le but de l’action est politique (délit politique), aussi, le Code Pénal prévoit-il des
peines particulières, la détention politique.
B. LES AUTRES CLASSIFICATIONS.
Elle repose sur l’intention coupable :
- infractions intentionnelles et infractions non intentionnelles.

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FICHE N° 4

LA TENTATIVE

I. LES GENERALITES.
A. CE QUE LA LOI PREVOIT.
L’objet du droit pénal est de punir l’auteur d’une infraction. Ce faisant, il menace tout individu
qui serait tenté de commettre un méfait. Aussi, le Code Pénal prévoit-il expressément les différents
cas dans lesquels l’auteur de l’acte matériel de l’infraction n’atteint pas son but.
B. LES DIFFERENTS CAS.
Il en existe trois :
- l’auteur doit interrompre son acte (c’est la tentative),
- l’auteur a accompli son acte mais suite à une faute d’opération, il n’atteint pas son
but, pourtant le résultat était réalisable (délit manqué),
- l’auteur a accompli son acte mais il n’atteint pas sont but car celui-ci est impossible
(délit impossible).
Les délits manqué et impossible sont des cas assimilés à la tentative.
II. LA TENTATIVE PUNISSABLE.
A. LA DEFINITION.
La tentative est constituée lorsque trois éléments sont réunis :
- un commencement d’exécution de l’acte,
- l’acte est interrompu pour une raison indépendante de la volonté de l’auteur,
- le but recherché n’est pas atteint.
B. LE COMMENCEMENT D’EXECUTION.
Pour bien comprendre cette notion, il est nécessaire d’examiner les différentes phases de
l’acte matériel et de concrétiser par un exemple simple.
1. Les différentes phases de l’acte.
* La pensée criminelle, la conception du projet.
* Le moment de la résolution d’agir, la décision de passer à l’action.
* La préparation de l’acte, phase équivoque car elle permet d’avoir des soupçons, elle
ne permet aucune certitude.
* Le premier acte de l’infraction, lève complètement le doute sur la nature de
l’infraction et sur l’intention de l’auteur.
2. La définition du commencement d’exécution.
C’est le début d’un acte qui révèle la volonté irrévocable de son auteur de commettre
une infraction nettement déterminée.
C. L’ABSENCE DU DESISTEMENT VOLONTAIRE
1. La définition.
C’est le renoncement spontané de l’auteur à poursuivre l’exécution de son acte.
2. Les effets du désistement.
Il évite les poursuites à condition qu’il soit spontané, sans cause externe :
* Un individu commence à commettre un vol. Subitement, il prend peur sans
aucune raison et décide d’interrompre son action, il y a désistement volontaire.
* Si le même individu prend peur car il a entendu du bruit dans la pièce à côté
et qu’il interrompt son action, il n’y a pas désistement volontaire.
D. L’ABSENCE DE RESULTAT.
Il s’agit seulement des délits matériels pour lesquels l’infraction dépend du résultat.
En revanche, pour ce qui concerne les délits formels, l’infraction dépend des moyens utilisés :

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* Le meurtre, délit matériel, si l’auteur d’une tentative de meurtre blesse la victime et
pris de remords, la soigne et se sauve, la tentative ne sera pas retenue. Seulement les coups
et blessures volontaires.
* L’empoisonnement, délit formel, le résultat est toujours atteint puisqu’il réside dans
le moyen (l’administration de substances toxiques).
III. LES CAS ASSIMILES.
A. LE DELIT MANQUE.
1. La définition.
C’est l’infraction qui a manqué son effet par suite de circonstances indépendantes de
la volonté de son auteur.
2. Les éléments nécessaires.
* Un acte matériel entièrement exécuté. Un but recherché non atteint.
* Un résultat recherché qui est possible. Un résultat manqué involontairement.
La similitude avec la tentative réside dan l’interruption de l’acte et l’absence de
résultat.
B. DELIT IMPOSSIBLE.
1. La définition.
C’est l’infraction qui a manqué son effet par suite de circonstances indépendantes de
la volonté de son auteur.
2. Les éléments nécessaires.
* Un acte matériel exécuté entièrement. Un but recherché non atteint.
* Un résultat recherché qui n’était pas possible. Un résultat manqué involontairement.
La différence avec le délit manqué est que le résultat était possible dans le délit
manqué et impossible dans ce dernier cas.
IV. LES REMARQUES.
A. LA RESOLUTION D’AGIR ET LES ACTES PREPARATOIRES.
Ce sont de phases de l’acte matériel qui se situent avant le commencement d’exécution. Ils
ne sont donc pas punissables dans le cadre de la tentative, mais il arrive, dans un but de prévention
que la loi en fasse :
- une infraction particulière (complot contre la sûreté de l’Etat),
- une circonstance aggravante (escalade en vue d’un vol),
- un fait de complicité (fourniture d’un moyen).
B. LE RESULTAT.
L’absence de résultat est un élément de la tentative. Si on y ajoute le désistement volontaire,
la tentative n’est pas punissable. Mais il peut arriver qu’une tentative non punissable ait des
conséquences nuisibles pour la victime.
V. LA REPRESSION DE LA TENTATIVE.
A. LE DOMAINE DE LA REPRESSION.
Seules seront concernées les tentatives d’infraction intentionnelles. De plus, la loi ne retient
que la tentative pour les infractions intentionnelles les plus graves :
- la tentative de crime est toujours punissable,
- la tentative de délit n’est punissable que lorsque la loi le prévoit expressément,
- la tentative de contravention n’est pas punissable.
B. LES FORMES DE LA REPRESSION.
La loi tient compte de la volonté de nuire. Elle prévoit donc la même sanction pour le
délinquant qui a réussi que pour celui qui a échoué dans son entreprise criminelle.
Ainsi, la tentative est-elle réprimée de la même peine que l’infraction consommée.
Toutefois, la loi prévoit un minimum et un maximum de la peine. Elle laisse donc au Juge, la
liberté d’appréciation pour des circonstances atténuantes éventuelles.
Et le plus souvent, la tentative est réprimée moins sévèrement que l’infraction elle-même.

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FICHE N° 5

LES PEINES

I. LES GENERALITES.
A. LA DEFINITION.
Une peine est une punition infligée au nom de la société, à un auteur responsable d’une
infraction pénale.
B. LE BUT.
Elle peut atteindre le délinquant de plusieurs manières :
* Dans sa personne, mort, privation de liberté.
* Dans ses biens, amende, confiscation.
* Dans son honneur, publicité, affichage.
C. LA DIFFERENCE AVEC LES MESURES DE SURETE.
La mesure de sûreté n’a pas pour but de punir un auteur d’infraction mais de protéger la
société contre un individu dangereux pour elle sans que ce soit nécessairement un délinquant.
II. LES FONCTIONS DE LA PEINE.
Elle a deux fonctions essentielles, morale et utilitaire.
A. LA FONCTION MORALE DE LA PEINE.
Elle réside dans l’esprit expiatoire. Le délinquant après avoir purgé la peine qui s’applique à
l’infraction qu’il a commise pourra reprendre sa place dans la société.
B. LA FONCTION UTILITAIRE DE LA PEINE.
Elle représente une menace. Elle peut ainsi empêcher un individu de passer à l’acte. Elle a un
caractère de prévention :
- générale à l’égard de tout individu qui serait tenté de commettre un méfait,
- spéciale à l’égard de celui qui a déjà commis une faute pour laquelle il a été puni et
qui sait qu’une deuxième faute sera très lourde de conséquence (récidive).
Elle a aussi un rôle éducatif, amendement et reclassement des condamnés.
III. LES CARACTERES DE LA PEINE.
Elle est basée sur les quatre principes essentiels, elle est légale, égale, personnelle et morale.
A. LA LEGALITE DE LA PEINE.
Il n’y a pas de peine sans loi.
B. L’EGALITE DES PEINES.
A faute égale, peine égale.
C. LA PERSONNALISATION DES PEINES.
Seul le coupable est puni.
D. LA MORALITE DES PEINES.
Elle respecte la dignité humaine.
IV. LA CLASSIFICATION DES PEINES.
On peut retenir trois types de classification des peines :
- celle fondée sur les rapports des peines entre elles ou classification juridique,
- la classification légale fondée sur les infractions,
- la classification objective fondée sur la nature ou l’objet de la peine.
A. LA CLASSIFICATION JURIDIQUE.
On distingue, les peines principales, les peines complémentaires et les mesures de sûreté.
1. Les peines principales.
303
Elles sanctionnent directement l’infraction. Elles doivent être mentionnées dans l’arrêt
ou le jugement.
Elles comportent, la mort, la privation de liberté et l’amende.
2. Les peines complémentaires.
Elles sont obligatoires ou facultatives suivants la nature de l’infraction :
* Si elles sont obligatoires (prévues par la loi comme devant s’appliquer) il
n’est pas nécessaire qu’elles soient expressément mentionnées sur l’arrêt ou le
jugement.
* Si elles sont facultatives, elles doivent figurer expressément sur l’arrêt ou le
jugement.
3. Les mesures de sûreté.
Elles doivent être expressément prononcées et mentionnées seulement, si elles sont
facultatives. Si elles sont obligatoires, la mention n’est pas indispensable sur l’arrêt ou le
jugement.
B. LA CLASSIFICATION LEGALE.
C’est la plus importante et la plus couramment utilisée car elle a servi de base au classement
des infractions. Elle comprend, les peines criminelles, correctionnelles et de police.
1. Les peines criminelles ou afflictives.
* Droit commun, mort ou emprisonnement à vie ou à temps.
* Politique, détention.
* Militaire, détention militaire.
2. Les peines correctionnelles.
* Emprisonnement supérieur à 2 mois et pouvant aller jusqu’à 20 ans pour les vols.
* Amende.
3. Les peines de police.
* Emprisonnement inférieur à deux mois.
* Amende.
C. LA CLASSIFICATION OBJECTIVE.
On distingue six catégories de peines selon leur objet :
* La peine corporelle :
- en Côte d’Ivoire, la peine de mort est la seule peine corporelle.
* Les peines privatives de liberté :
- emprisonnement ou détention,
- internement de sûreté ou dans une maison de santé.
* Les peines restrictives de liberté :
Elles diminuent la liberté du condamné sans entraîner pour lui
d’emprisonnement ou de détention, interdiction de séjour, de paraître en certains
lieux.
* Les peines privatives de certains droits :
Il s’agit d’une suspension de certains droits civils, civiques, de famille.
* Les peines pécuniaires :
Elles frappent le patrimoine du condamné (amendes, confiscation, mesures
de police).
* Les peines humiliantes. Elles atteignent le condamné dans son honneur :
- publicité des condamnations et affichage des jugements.

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FICHE N° 6

LES MESURES DE SURETE – L’INTERNEMENT DE SURETE

I. LES GENERALITES.
Il s’agit d’une mesure appliquée à un individu récidiviste réputé incorrigible. Il s’agit donc d’une mesure
visant à protéger la société contre un individu qui ne tient pas compte des condamnations qui lui ont déjà été
infligées. Cette mesure a un double caractère :
- provisoire (05 à 20 ans), utilitaire (laisse une chance au condamné).
II. LES CONDITIONS D’EXECUTION.
A. LES CARACTERISTIQUES DE LA MESURE DE SURETE.
* Mesure qui peut être infligée par le Juge en même temps que la peine principale qui
sanctionne l’infraction, elle donne lieu à un internement temporaire pouvant aller de 05 à 20 ans. Elle
est donc, facultative, complémentaire, temporaire et privative de liberté.
B. L’EXECUTION DE L’INTERNEMENT DE SURETE.
* Il est subi après l’exécution de la peine principale, dans un établissement spécialisé. Il est
individualisé et assoupli par rapport au régime des condamnés. Les internés sont astreints au travail.
La loi prévoit la possibilité de libération conditionnelle.
III. LES CAS DANS LESQUELS IL EST PRONONCE.
La loi prévoit trois cas :
A. LE CONCOURS DE CONDAMNATION.
* Selon la règle générale de la récidive, il est tenu compte des condamnations définitives. Il
n’est pas nécessaire que les peines aient été exécutées.
* Le Juge peut prononcer l’internement de sûreté si le récidiviste est un délinquant d’habitude,
c'est-à-dire, un incorrigible qui fait l’objet :
- soit de deux condamnations pour crime ayant entraîné, ou bien la peine de mort
commuée en peine privative de liberté ou bien une peine privative de liberté,
- soit d’une des deux condamnations précédentes et de deux autres condamnations à
des peines privatives de liberté supérieures à un an pour délit,
- soit de quatre condamnations pour délit à des peines privatives de liberté
supérieures à un an.
B. LE DELAI AU COURS DUQUEL LES CONDAMNATIONS DOIVENT AVOIR ETE PRONONCEES.
Ce délai est de 10 ans. Il est décompté à partir de la date de commission de l’infraction qui a
entraîné la dernière condamnation. Le temps d’exécution des peines est décompté. Seul compte le
temps de liberté du délinquant :
* Exemple, un individu a été condamné à :
- 10 ans de prison pour crime le 1er / 10 / 1970,
- 06 mois de prison pour vol le 1er / 09 / 1973,
- 01 an de prison pour recel le 1 er / 08 / 1986, l’infraction ayant été commise le
1 / 04 / 1986.
er

* Si nous remontons le temps :


- point de départ 1er / 04 / 1986 (date de la dernière infraction),
- délai de 10 ans le 1er / 04 / 1976,
- mais notre individu a déjà effectué 10 ans et 06 mois de prison.
Il faut donc les déduire, on aura donc :
- 1er / 04 / 1976 – 1er / 04 / 1966,
- 1er / 04 / 1966 – 1er / 10 / 1965.

305
En conséquence, c’est à partir du 1 er / 10 / 1965 que les condamnations seront prises
en compte pour juger si l’individu est passible de l’internement.
Dans notre exemple, il l’est, trois condamnations (un pour crime et deux pour délits).

C. LES CONDITIONS CONCERNANT LA PERSONNE DU CONDAMNE.


* Certaines catégories de personnes ne peuvent se voir infliger l’internement de sûreté. Cette
mesure ne touche pas :
- les femmes, les mineurs qui n’auront pas atteint 21 ans à l’expiration de leur peine
principale, les condamnés qui dépassent 60 ans à l’expiration de leur peine principale.
* Dans ces trois cas, il peut être remplacé par l’interdiction de séjour, une mesure d’assistance
et de surveillance.
IV. LES REGLES PARTICULIERES DE PROCEDURE.
Afin de garantir les droits de l’intéressé, la loi prévoit que lorsqu’une infraction peut entraîner la
mesure d’internement, une procédure particulière soit suivie sous peine de nullité. Il s’agit de :
- l’obligation de l’instruction (phase du procès pénal),
- l’obligation pour le prévenu d’être assisté par un avocat.
V. LES EFFETS COMBINES DE LA RECIDIVE AGGRAVATION ET DE L’INTERNEMENT DE SURETE.
Ils n’ont pas de lieux obligatoires mais leurs effets peuvent se cumuler :
* En cas de récidive aggravation, le Tribunal déterminera la peine principale aggravée. Il peut
ou non décider de l’internement de sûreté. S’il le décide, le temps d’internement sera subi à
l’expiration de la peine principale.
Cela revient à la deuxième aggravation :
* Il est des cas où l’internement s’appliquera sans que la récidive soit retenue.
La récidive ne joue que pour des infractions ou de même nature ou commises dans l’ordre  : crime –
délit mais non délit – crime. Un individu qui sera condamné deux fois pour vol et une troisième fois pour
meurtre ne se verra pas appliquer la récidive. Mais l’internement de sûreté sera applicable car l’ordre de
commission des infractions n’est pas pris en considération.
VI. LES CAUSES DE SUSPENSION DE L’EXECUTION.
Malgré son caractère temporaire, diverses causes peuvent mettre fin à l’internement de sûreté :
- la mort de l’intéressé,
- la maladie ou l’infirmité,
- la libération conditionnelle,
- l’amnistie ou la grâce,
- la prescription de la peine,
- la bonne conduite,
- le relevé par le Tribunal,
- la révision du procès.

306
FICHE N° 7

LE RESPONSABILITE PENALE

I. LES GENERALITES.
L’auteur d’une infraction encourt une peine prévue par la loi. Mais la loi prévoit des conditions :
* L’auteur doit être fautif et conscient de son acte, c’est la responsabilité personnelle.
* Chaque auteur d’infraction est un cas particulier. Il est donc nécessaire d’adapter le
châtiment, c’est la personnalisation de la peine.
II. LA RESPONSABILITE PENALE.
La loi impose deux notions, la faute et le caractère conscient de l’acte.
Les deux caractéristiques essentielles de la responsabilité pénale :
- la culpabilité (faute) et l’imputabilité (intention coupable).
A. LA CULPABILITE.
Il s’agit d’être reconnu coupable d’une faute pénale. Deux conditions sont nécessaires :
- être l’auteur de l’acte matériel de l’infraction,
- l’acte matériel est la conséquence d’une faute, intentionnelle ou non, commise par
l’auteur.
B. L’IMPUTABILITE.
Il s’agit de savoir si la faute peut être mise sans hésitation au compte de l’auteur qui devra
donc avoir agi en toute conscience, c'est-à-dire en sachant qu’il commet une faute et avoir agi
librement, c'est-à-dire n’avoir subi aucune contrainte.
C. LES CAUSES DE NON RESPONSABILITE PENALE.
Il s’agit de savoir s’il existe des cas où une faute n’est pas imputable ou n’entraîne pas de
culpabilité pour son auteur et pourquoi cela existe. Il n’y a pas de culpabilité si :
* L’acte matériel est justifié par un texte légal ou s’il a été rendu nécessaire par des
circonstances précises. Ces cas de non culpabilité sont appelés faits justificatifs. Il s’agit de :
- la légitime défense,
- l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime,
- l’état de nécessité.
Il y a culpabilité mais la faute ne peut pas être imputée à son auteur, cela signifie que l’auteur
a bien commis une faute mais qu’il n’a pas agi en toute conscience et en toute liberté. Ces cas sont
appelés cause de non imputabilité. Il s’agit de :
- la démence (la folie, le manque de conscience),
- la contrainte (le manque de liberté),
- l’erreur (la conscience trompée).
III. LE PRINCIPE DE LA RESPONSABILITE PENALE PERSONNELLE.
La responsabilité pénale est personnelle, c'est-à-dire que la peine ne peut être infligée qu’à l’auteur
d’une faute pénale qui lui est imputable. Mais que dire si plusieurs personnes ont participé ou aidé à la
commission de la faute ou si la faute est le fait d’un tiers ou encore si la faute a été commise par une société
ou une association. Il faut examiner chacun de ces cas :
- le coauteur ou le complice, la tierce personne et la personne morale.
A. LA RESPONSABILITE DU CO-AUTEUR ET DU COMPLICE.
* Le coauteur est celui qui participe pleinement à l’infraction ou celui qui prend une part
déterminante à la commission de l’infraction (deux individus qui violent la même fille).

307
* Le complice est celui qui aide à la commission de l’infraction (le troisième qui tient les bras
de la fille).
Le coauteur et le complice sont pénalement responsables de la même façon que l’auteur
principal.

B. LA RESPONSABILITE DU FAIT D’UN TIERS.


Elle n’est retenue que lorsque l’auteur d’une infraction agi au nom et à la place d’une
personne qui avait autorité sur lui (un assistant de médecin ou un préparateur en pharmacie).
C. LA RESPONSABILITE D’UNE PERSONNE MORALE.
La société en matière de fraude fiscale.
IV. LA PERSONNALISATION DE LA PEINE.
* La loi prévoit l’égalité de la peine dans le principe ‘’ à faute égale, peine égale ‘’. Mais elle laisse
aussi au Juge son pouvoir d’appréciation sur les circonstances et la personnalité de l’auteur de l’infraction.
* La loi définit des circonstances qui aggravent et des circonstances qui atténuent la faute et la peine.
* La loi permet donc au Juge, en fixant un minimum et un maximum de la peine, d’adapter celle-ci
selon le cas particulier de chaque délinquant.
V. LE CAS DE LA MINORITE PENALE.
* L’âge de la majorité pénale est de 18 ans.
* Le mineur de 16 à 18 ans bénéficie de l’excuse atténuante ou absolutoire.
* Le mineur de 10 à 13 ans ne peut faire l’objet que de mesures de protection, d’assistance, de
surveillance et d’éducation.
* Le mineur de moins de 10 ans n’est pas poursuivi.

308
FICHE N° 8

LES FAITS JUSTIFICATIFS

I. LES GENERALITES.
A. LA DEFINITION.
Il s’agit de circonstances définies par la loi qui, lorsqu’elles accompagnent l’exécution d’un
acte constituant normalement une infraction, légalisent cet acte.
B. LES CAS DANS LESQUELS ILS SONT JUSTIFIES.
Ils sont très limités. La loi n’en prévoit que trois :
- la légitime défense, l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime et
l’état de nécessité.
II. LA LEGITIME DEFENSE.
A. LA DEFINITION.
C’est le droit reconnu par la loi de se défendre ou de défendre autrui contre une agression
actuelle et injuste en utilisant les moyens de défense strictement nécessaires.
B. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS.
* Une agression injuste. Un danger actuel. Une riposte proportionnée à l’attaque.
C. LES CAS DE PRESOMPTION DE L’ETAT DE LEGITIME DEFENSE.
L’article 101 du Code pénal prévoit deux cas pour lesquels la présomption de légitime défense
sera reconnue :
- pour repousser de nuit, une tentative de vol avec escalade ou effraction dirigée
contre une maison habitée ou ses dépendances,
- pour repousser le pillage ou le vol avec violences.
Il s’agit donc d’une extension de la légitime défense à la protection des biens dans des
conditions rigoureusement définies par la loi :
* Pour l’agression nocturne contre une maison habitée ou ses dépendances, trois
conditions doivent être réunies :
- l’agression de nuit, l’escalade ou l’effraction et que l’objectif soit le vol.
* Pour le pillage ou le vol avec violences, deux conditions doivent être réunies :
- un acte portant atteinte à la propriété et un acte de violence commis sur une
personne dans le but de faciliter le vol.
III. L’ORDRE DE LA LOI ET DE L’AUTORITE LEGITIME.
A. LA DEFINITION.
* Il n’y a pas d’infraction si les faits sont ordonnés ou permis par la loi (article 102).
* Il n’y a pas d’infraction lorsque l’auteur agit sur ordre de l’autorité légitime (article 103).
B. L’ORDRE DE LA LOI.
* Il comprend ce que la loi ordonne (tout condamné à mort sera fusillé). Ce que la loi permet
et éventuellement, ce que l’usage établit (grâce à des règlements spéciaux), règlements sportifs de
boxe.
C. L’ORDRE DE L’AUTORITE LEGITIME.
C’est le commandement de l’autorité compétente pour ordonner l’exécution d’un acte
déterminé, le Juge d’instruction est l’autorité légitime qui ordonne une perquisition sur Commission
Rogatoire (hors le temps de flagrant délit).
D. LES CONDITIONS DE LA JUSTIFICATION.

309
Le principe veut que les deux conditions soient réunies :
* L’ordre de la loi, le jugement du tribunal portant décision d’incarcération.
* Le commandement de l’autorité légitime, la réquisition du Procureur de la
République prescrivant l’arrestation de l’individu.
Mais l’ordre de la loi est parfois suffisant alors que le commandement de l’autorité légitime ne
l’est généralement jamais.
1. Les cas que prévoit l’ordre de la loi.
* Les perquisitions en flagrant délit.
* Arrestation par tout citoyen de l’auteur d’un crime ou délit flagrant.
2. Le commandement de l’autorité légitime.
Le Code Pénal ne prévoit que deux cas :
- l’arrestation illégale et l’abus d’autorité contre la chose publique.
Autrement dit :
* Le fonctionnaire civil reste responsable de l’exécution d’un acte illégal
commis sur ordre d’un supérieur hiérarchique.
* Le militaire est responsable pour les actes dont le caractère illégal est
évident (au maintien de l’ordre, un chef de groupe reçoit l’ordre d’utiliser ses armes
contre les manifestants calmes, cet ordre est manifestement illégal, s’il est exécuté, le
chef de groupe assumera la responsabilité des conséquences).
IV. L’ETAT DE NECESSITE.
A. LA DEFINITION.
C’est une situation de fait imposée par les évènements et comportant pour une personne ou
des biens, un péril imminent qu’il n’est possible de repousser qu’en commettant une infraction.
B. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS.
Il est donc subordonné à la réunion de trois éléments :
- un péril imminent imposant une réaction rapide,
- un équilibre entre la gravité du péril et celle de la faute commise pour l’éviter,
- l’absence de toute faute à l’origine du péril.
V. LA CONSEQUENCE DE LA JUSTIFICATION
D’une façon générale, le fait justificatif fait disparaître l’infraction et supprime donc la responsabilité
pénale et civile.
Toutefois, il arrive que la responsabilité civile demeure si la solution appliquée a causé des dommages
pour une personne autre que le bénéficiaire.
Enfin le fait justificatif peut être reconnu à tout moment par le ministère public, par la juridiction
d’instruction, par la juridiction de jugement et par les juridictions de recours.
VI. LE CONSENTEMENT DE LA VICTIME.
Cet aspect n’est pas abordé par le Code Pénal comme pouvant être un fait justificatif :
* On peut donc en déduire à contrario que le consentement de la victime n’est jamais un fait
justificatif.
* Cette position est confortée par l’article 96 qui considère que le pardon de la victime ne
dégage pas la responsabilité pénale de l’auteur de l’infraction.

310
FICHE N° 9

LES CAUSES DE NON IMPUTABILITE

I. LA DEFINITION.
Il s’agit de circonstances personnelles à l’auteur d’une infraction, qui font que la faute dont il s’est
rendu coupable, ne peut pas lui être imputée.
II. LES CAS DE NON IMPUTABILITE.
La loi prévoit expressément deux cas :
La démence, le défaut de conscience et la contrainte, le défaut de liberté d’action.
III. LA DEMENCE.
L’état de démence consiste dans l’impossibilité de discerner le bien du mal. Le dément agit suivant
son instinct, sans mesurer la faute et sans penser aux conséquences. La démence entraîne l’irresponsabilité
pénale, qu’elle que soit sa cause (folie, déficience intellectuelle). Mais à deux conditions :
- qu’elle soit contemporaine de l’infraction et qu’elle soit totale.
A. LA DEMENCE CONTEMPORAINE DE L’INFRACTION.
L’auteur doit avoir agi en toute démence et en l’absence de lucidité totale au moment de
l’acte.
B. LA DEMENCE TOTALE.
Au moment de l’acte, l’auteur ne doit avoir joui d’aucune de ses facultés intellectuelles. Il ne
doit donc avoir eu aucune conscience de son acte.
C. LES CAS PARTICULIERS DE DISCERNEMENT DIMINUE.
* Les états voisins de la démence sont :
- la neurasthénie (état d’abattement), la dépression nerveuse,
- la kleptomanie (la manie du vol), la pyromanie (la manie du feu).
Leur effet sera celui d’une démence partielle. Il entraînera le plus souvent de
circonstances atténuantes :
* Le somnambulisme :
C’est l’état second qui se manifeste pendant le sommeil (quelqu’un qui se déplace
chez lui en dormant). C’est un état de démence intermittent. Le somnambule connaît son état.
Il lui appartient de prendre des précautions, par exemple d’éviter d’avoir un pistolet à portée
de la main. Si ces précautions sont prises, le somnambulisme fait en principe disparaître la
responsabilité pénale.
* L’ivresse. Elle peut être :
- habituelle et avoir altéré les facultés mentales ou provoqué la démence,
- accidentelle, par imprudence ou sciemment pour se donner du courage.
On ne retiendra que le cas d’ivresse habituelle, état voisin de la démence.
IV. LA CONTRAINTE.
Il s’agit d’une force à laquelle on n’a pas pu résister. L’auteur est donc coupable mais il n’a pas voulu
l’être. La responsabilité pénale disparaît donc.
A. LA CONTRAINTE PHYSIQUE.
C’est une force qui agit sur le corps de l’individu, l’empêchant de se mouvoir selon sa volonté.
Elle peut être :

311
* Externe, un individu cité à comparaître qui arrive en retard en raison d’un accident de car
dans lequel il se trouvait.
* Interne, un individu qui s’est endormi et qui rate sa station
B. LA CONTRAINTE MORALE.
C’est une force qui agit sur la volonté de l’auteur. Elle peut être :
* Externe, un individu contraint d’allumer un incendie sous la menace d’une arme.
* Interne, jalousie, haine, colère.
C. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE LA CONTRAINTE.
Pour que la contrainte soit reconnue, deux conditions doivent être réunies :
- elle doit être irrésistible et ne doit pas résulter d’une faute de la personne contrainte.
V. LES CONSEQUENCES DE LA DEMENCE ET DE LA CONTRAINTE.
* Comme le fait justificatif, la démence et la contrainte peuvent être admises à tout moment du procès.
* La démence ne sera admise qu’après examen de l’individu par un expert.
* Elles suppriment la responsabilité pénale mais laissent substituer la responsabilité pénale.
* Ce sont les causes personnelles de non responsabilité. En conséquence, les coauteurs ou
complices qui ont agi hors l’état de démence ou de contrainte, sont pleinement responsables.
VI. LES CAS PARTICULIER DE LA MINORITE PENALE ET DE L’ERREUR.
A. LA MINORITE PENALE.
* Les mineurs de 10 ans et moins ne sont pas poursuivis.
* Les mineurs de 13 ans bénéficient de l’excuse absolutoire de minorité.
* Les mineurs de 10 à 13 ans ne font l’objet que de mesures de protection, d’assistance, de
surveillance et d’éducation.
* Les mineurs de 16 à 18 ans, bénéficient de l’excuse atténuante ou absolutoire dans les
conditions prévues par le Code de Procédure Pénale.
B. L’ERREUR.
Elle ne constitue jamais une cause de non imputabilité. Elle a seulement pour conséquence :
- soit de modifier la nature de l’infraction, soit de la supprimer.
L’erreur peut revêtir deux formes :
* L’erreur de droit, elle n’a aucun effet car elle porte sur l’élément légal et ‘’nul n’est
sensé ignorer la loi‘’.
* L’erreur de fait, si elle porte sur l’élément matériel, elle n’a aucun effet (je veux tuer
Pierre et je tue Paul, quoi qu’il en soit, j’ai tué).
Si elle porte sur l’élément moral, elle peut soit modifier l’infraction en infraction non
intentionnelle (arme chargée alors qu’on la croyait vide), soit supprimer l’infraction (un individu qui se
trompe de vélo et se l’approprie, il n’y a pas vol).

312
FICHE N° 10

LES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES

I. LA DEFINITION.
Ce sont des éléments de nature à aggraver la peine encourue par un auteur d’infractions dont la
responsabilité pénale est bien établie (culpabilité+imputabilité). Elles interviennent donc au moment de
déterminer la peine.
II. LES CARACTERES DES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES.
Elles sont légales et obligatoires.
A. ELLES SONT LEGALES.
La loi les définit, prévoit leurs effets. Le Juge ne dispose donc d’aucun pouvoir d’appréciation.
B. ELLES SONT OBLIGATOIRES.
Cela signifie que lorsque le Juge admet leur existence, il doit en tenir compte pour déterminer
la peine. Mais il est souverain pour admettre ou refuser leur existence. En Cour d’Assises, c’est au
jury qu’il appartient de se prononcer sur les circonstances aggravantes.
III. LA CLASSIFICATION.
Elles sont classées de deux manières, suivant leur champ d’appréciation et suivant leur nature.
A. SUIVANT LEUR CHAMP D’APPLICATION.
Certaines s’appliquent systématiquement, on dit qu’elles sont générales. D’autres ne
s’appliquent qu’à certaines infractions déterminées, on dit qu’elles sont spéciales.
1. Les circonstances aggravantes générales.
Une seule est vraiment générale, la récidive. Une autre a un caractère relatif, il s’agit
de la qualité de fonctionnaire ou agent public (crimes ou délits commis par celui qui est chargé
de surveiller ou de réprimer l’infraction).
2. Les circonstances aggravantes spéciales.
Ce sont toutes les autres prévues par la loi :
* Aggravation de meurtre (préméditation, guet-apens, emploi de moyen de
torture, etc.).
* Aggravation de vol (nuit, port d’armes, effraction, etc.).
* L’âge de la victime, dans certains cas d’attentat à la pudeur.
B. SELON LEUR NATURE.
* Les circonstances aggravantes réelles qui tiennent aux conditions d’exécution de l’infraction.
* Les circonstances aggravantes personnelles et principales, la récidive.
* Les circonstances aggravantes mixtes, celles qui se rattachent à la personne du délinquant.
1. Les circonstances aggravantes réelles.
Le moyen d’exécution (effraction). Le lieu (maison habitée). Le temps (nuit).
Le nombre d’auteurs. L’habitude. Les conséquences du délit. La victime (âge).
La valeur des choses.
2. Les circonstances personnelles principales.
La récidive.

313
3. Les circonstances aggravantes mixtes.
Il y a souvent un lien entre la personnalité du délinquant et la nature de l’infraction :
- la préméditation, le fonctionnaire public, l’autorité familiale ou sociale,
- le parricide, etc.
A noter qu’une circonstance aggravante a toujours un double caractère :
* Effraction, circonstance aggravante spéciale réelle.
* Préméditation, circonstance aggravante spéciale mixte.
* La récidive, circonstance aggravante générale personnelle.
IV. LES EFFETS DES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES.
Les circonstances aggravantes produisent des effets sur la peine et sur les participants.
A. LES EFFETS SUR LA PEINE.
* L’élévation dans l’échelle des peines, mort au lieu d’emprisonnement à vie.
* Augmentation de la durée, emprisonnement à vie au lieu d’emprisonnement à temps.
* Remplacement d’une peine correctionnelle (emprisonnement inférieur à 10 ans) par une
peine criminelle (emprisonnement supérieur à 10 ans).
B. LES EFFETS VIS-A-VIS DES PARTICIPANTS.
Il faut distinguer l’auteur principal, le coauteur et le complice.
En conséquence :
* Les circonstances aggravantes personnelles ne s’appliquent qu’à l’individu qu’elles
concernent.
* Au contraire, les circonstances aggravantes réelles s’appliquent de la même
manière à tous les participants à l’infraction.

314
FICHE N° 11

LA RECIDIVE GENERALE

I. LA DEFINITION.
C’est l’état du délinquant qui après avoir été condamné définitivement pour une infraction, en commet
une nouvelle dans les conditions prévues par la loi.
II. LES ELEMENTS DE LA RECIDIVE.
Trois éléments doivent être réunis, une première condamnation devenue définitive, une nouvelle
infraction, et un rapport entre les deux faits suivant les dispositions de la loi.
A. UNE CONDAMNATION ANTERIEURE DEFINITIVE.
* Elle porte non seulement sur des crimes ou délits de droit commun mais encore sur les
infractions passibles de détention politique et militaire.
* La loi fait une différence entre celui qui a été puni à titre définitif et celui qui rechute avant
d’avoir été définitivement sanctionné :
- le premier est considéré comme n’ayant pas voulu tenir compte de la sanction
récidiviste,
- le second est considéré comme n’ayant pas encore été obligé d’en tenir compte et
est assimilé au délinquant primaire.
Est appelé définitif, un jugement qui n’est susceptible d’aucun recours. Seule la condamnation
est prise en compte, peu importe que la peine ait été ou non subie. En revanche, il n’est pas tenu
compte des condamnations effacées pour une quelconque raison (amnistie, sursis, réhabilitation).
B. UNE NOUVELLE INFRACTION.
Elle doit intervenir après les délais légaux de recours ou après l’intervention définitive de la
juridiction de recours. Il y a parfois un rapport :
- entre la peine infligée pour la première infraction et celle dont la seconde est
passible,
- entre la nature de la première infraction et la peine applicable pour la seconde.
C. LE RAPPORT ENTRE LES DEUX FAITS DOIT ETRE PREVU PAR LA LOI.
* La loi prévoit différentes combinaisons possibles entre la première peine et la deuxième
infraction.
* La loi fait aussi la différence entre le délinquant qui rechute pour la première fois et le
délinquant d’habitude. Il en résulte deux mesures :
- la récidive aggravation (elle aggrave la peine mais laisse une chance de s’amender
au délinquant),
- l’internement de sûreté (destiné à éliminer le délinquant incorrigible (5 à 20 ans
après l’accomplissement de la peine).
III. LES CAS GENERAUX DE RECIDIVE AGGRAVATION.
Trois cas essentiels sont retenus :
* La récidive criminelle, il s’agit d’un criminel déjà condamné à une peine criminelle.
* La récidive correctionnelle, il s’agit d’un délinquant déjà condamné à une peine criminelle ou
à une peine correctionnelle grave.

315
* La récidive en matière de contravention.
IV. L’INTERNEMENT DE SURETE.
Prévu par la loi pour une durée de 05 à 20 ans, il est prononcé à l’encontre des incorrigibles.
V. LES PREUVES DE LA RECIDIVE.
C’est le casier judiciaire. Ce document est une récapitulation (catalogue) des :
- dates des condamnations déjà prononcées et les natures des peines infligées.

FICHE N°12

LA RECIDIVE AGGRAVATION

I. LA DEFINITION.
Il s’agit d’une circonstance aggravante personnelle qui s’applique au récidiviste considéré comme
amendable.
II. LES FORMES DE LA RECIDIVE.
Elle se présente sous trois formes, criminelle, correctionnelle et contraventionnelle.
III. LA RECIDIVE CRIMINELLE.
A. LES CONDITIONS.
Pour qu’il y ait récidive, deux conditions sont nécessaires :
- une première peine criminelle supérieure à 05 ans de prison,
- la deuxième infraction doit être un crime.
B. LES CARACTERISTIQUES.
La récidive criminelle est générale et perpétuelle :
* Générale, elle s’applique systématiquement dès lors que les deux infractions sont
punissables d’une peine criminelle, quelle que soit leur nature.
* Perpétuelle, aucun délai n’est fixé par la loi entre la première et la deuxième
infraction.
IV. LA RECIDIVE CORRECTIONNELLE.
Le Code Pénal dans son article 126 fait la différence entre deux formes de récidive correctionnelle :
* Un délit est commis après un crime, on dit grande récidive.
* Un délit commis après un autre délit, on dit petite récidive.
A. LA GRANDE RECIDIVE.
1. La définition.
Il s’agit de l’état de celui qui commet un délit après avoir été condamné à une peine
criminelle supérieure à 05 ans de prison.
2. Les conditions.
* Une première condamnation à une peine criminelle supérieure à 05 ans de prison.
* Une deuxième infraction qui est un délit puni d’emprisonnement.
* La deuxième infraction (délit) doit être commise dans un délai de cinq ans après
l’expiration de la première peine.
B. LA PETITE RECIDIVE.
1. La définition.
Il s’agit de l’état de celui qui commet un délit après avoir été condamné à une peine
correctionnelle supérieure à un an.
2. Les conditions.
* Une première condamnation supérieure à un an d’emprisonnement.
* La deuxième infraction doit être un délit de même nature que la première.

316
* La deuxième infraction doit avoir été commise dans un délai de cinq ans après
l’expiration de la première peine.
C. LES CARACTERISTIQUES.
* Par opposition à la récidive correctionnelle qui est générale et perpétuelle, la récidive
correctionnelle est spéciale et temporaire :
- spéciale (rapport entre les infractions) et temporaire (délai de 05 ans).
* Analogie entre certains délits. En matière de récidive correctionnelle, certains délits sont de
même nature, vol, escroquerie, abus de confiance, recel, chèque sans provision, mendicité et
vagabondage.
V. LA RECIDIVE CONTRAVENTIONNELLE.
* Elle est prévue par les articles 6 alinéa 2 et 16 de la loi N° 63 – 526 du 26 / 12 / 1963. Elle comporte
trois conditions :
- une première condamnation définitive pour contravention,
- une deuxième condamnation définitive pour contravention,
- une nouvelle condamnation pour contravention dans un délai de 06 mois suivant la première
condamnation.
VI. LES EFFETS DE LA RECIDIVE.
Ils sont déterminés par la loi (Code Pénal) :
* Elévation de la peine infligée, cela peut aller jusqu’au double du maximum prévu pour une
infraction, si une peine est prévue de 02 à 05 ans, le récidiviste peut se voir infliger jusqu’à 10 ans
(articles 125, 126 du Code Pénal).
* La récidive n’exclut pas d’office les circonstances atténuantes, ces dernières sont
personnelles et laissées à l’appréciation du Juge (article 32 du Code Pénal).

317
FICHE N° 13

LES CIRCONSTANCES ATTENUANTES

I. LA DEFINITION.
Il s’agit de faits dont la nature diminue la gravité de la faute personnelle de l’auteur d’une infraction (ou
d’un participant), ce qui entraîne une diminution de la peine infligée.
II. LES CARACTERES DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES.
* Au contraire des circonstances aggravantes, elles ne sont ni légales, ni obligatoire. Elles sont
laissées à la libre appréciation du Juge.
* Elles peuvent concerner, l’exécution de l’infraction et l’individu en cause.
* Leur effet est déterminé par la loi.
* Elles sont strictement personnelles.
III. LA NATURE DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES.
* Elles ne sont pas énumérées par la loi (le Juge est seul compétent pour les reconnaître ou les
refuser).
* Ainsi, il peut arriver que certains faits constituent une circonstance atténuante pour une infraction
déterminée et non pour une autre (si la colère peut être une circonstance atténuante pour un meurtre, il est
peu vraisemblable que le Juge la retienne pour un parricide).
A. CELLES QUI CONCERNENT L’EXECUTION DE L’INFRACTION.
* Conséquences minimes (blessures faibles, préjudice peu important).
* Concours fâcheux de circonstance (une faute ayant eu des conséquences imprévisibles).
* Victime peu intéressante (un marginal, connu défavorablement).
B. CELLES QUI CONCERNENT L’AUTEUR.
Il s’agit cette fois de circonstances tout à fait personnelles :
- caractère de l’intéressé, éducation insuffisante, milieu social défavorisé,
- sentiments qui l’ont poussé (jalousie, passion, colère), insuffisance mentale.
La liste n’est pas exhaustive mais seulement indicatrice
IV. LES CARACTERISTIQUES DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES.
Elles sont judiciaires et personnelles.
A. ELLES SONT JUDICIAIRES.
Cela signifie qu’elles sont laissées à la libre appréciation de la juridiction de jugement
(tribunaux de simple police, correctionnels ou assises). Ainsi, le Juge dispose d’un grand pouvoir
d’atténuation de la peine contrairement à ce qu’il peut faire en matière d’aggravation.
B. ELLES SONT PERSONNELLES.
Cela signifie qu’elles sont accordées à un individu bien déterminé et qu’elle ne s’applique pas
automatiquement à tous les participants à l’infraction. C’est pourquoi en matière de crime, la question
sera pour chacun des participants. Elles ne peuvent être appliquées à un individu jugé par contumace
(absent à son procès). Elles peuvent se combiner avec une circonstance aggravante sauf dans les
cas où la loi les exclut (l’auteur d’un vol avec effraction peut bénéficier des circonstances atténuantes).
318
V. LES EFFETS DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES.
* L’effet général est la diminution de la peine.
* En revanche, elles sont sans effet sur la culpabilité et l’imputabilité. Cela se comprend puisqu’elles
ne peuvent concerner qu’un individu pénalement responsable d’une infraction.
* Elles sont aussi sans effet sur la qualification de l’infraction. Celle-ci dépend de ce que la loi a prévu
et non de la peine qui sera appliquée réellement.
* Le Juge, s’il bénéficie d’un pouvoir absolu de décider des circonstances atténuantes, ne peut
diminuer la peine que selon les dispositions prévues par la loi :
- il ne peut descendre en dessous du minimum prévu pour une infraction.

FICHE N° 14

LES EXCUSES

I. LA DEFINITION.
Il s’agit de circonstances prévues par la loi qui ont pour effet de diminuer ou de supprimer la peine
prévue pour l’auteur d’une infraction.
II. LES CARACTERES DES EXCUSES.
Il en existe deux sortes :
* Absolutoires, elles suppriment la peine.
* Atténuantes, elles diminuent la peine.
Elles sont :
* Légales, prévues par la loi.
* Personnelles, s’appliquent seulement à celui qui peut les invoquer.
* Sans effet sur la responsabilité pénale et civile.
III. LES EXCUSES ABSOLUTOIRES.
A. LES CARACTERES.
* Elles sont spéciales, elles ne s’appliquent qu’à certaines infractions déterminées par la loi.
* La notion de contrainte irrésistible est toujours présente.
* En fait, elles sont fondées sur des causes utilitaires dont les principales sont :
- la dénonciation d’infraction, soit avant exécution, soit avant poursuites (complot
contre la sûreté de l’Etat, évasions, etc.),
- soumission ou ralliement des rebelles n’ayant pas exercé de commandement dans
la bande armée à laquelle ils appartenaient,
- l’obéissance hiérarchique qui entraînerait un abus d’autorité ou une atteinte à la
liberté,
- la minorité pour les mineurs de 13 ans.
B. LES EFFETS.
* Si elle est reconnue, elle entraîne l’exemption de la peine principale mais la peine
complémentaire éventuellement prononcée peut subsister (interdiction de séjour).
* L’auteur est absous mais non acquitté. Ainsi, la responsabilité pénale demeure ainsi que la
responsabilité civile. L’auteur devra donc réparer les dommages qu’il aura causés.
* Seule la juridiction de jugement peut absoudre. Le jugement ou l’arrêt peut donc être attaqué
devant la Cour Suprême.
IV. LES EXCUSES ATTENUANTES.
A. LE CHAMP D’APPLICATION.
Elles sont générales, générales relatives et spéciales.
1. L’excuse atténuante générale.
Il n’existe qu’un seul cas, la minorité pénale (article 116 du Code de Procédure
Pénale).

319
2. L’excuse atténuante relative.
Il n’existe aussi qu’un seul cas, l’excuse de provocation (se rapproche de la légitime
défense). Elle s’applique à toutes les infractions intentionnelles qui portent atteinte à l’intégrité
corporelle en réponse à une provocation (la castration d’un individu en réaction d’un viol).
3. L’excuse atténuante spéciale.
La loi définit expressément les circonstances atténuantes lorsqu’elles
peuvent s’appliquer :
* L’infanticide :
- la mère pourra bénéficier de l’excuse atténuante.
* Le fait de libérer une personne que l’on a séquestrée.
B. LA NATURE DES EXCUSES ATTENUANTES.
Il faut faire une distinction entre les excuses atténuantes selon qu’elles tiennent :
- aux circonstances de l’infraction, à la personnalité de l’auteur ou aux deux.
1. Les excuses atténuantes réelles.
* Il s’agit de faits qui ont accompagnés l’infraction :
- la dénonciation de complices ou coauteurs, la libération d’un otage,
- la découverte d’un mineur enlevé.
* Elles constituent donc une prime au désistement et au repentir.
2. Les excuses atténuantes mixtes.
Elles tiennent à la fois à la personnalité du délinquant et aux circonstances qui ont
accompagné l’infraction. La plus importante est la provocation. On considère que l’infraction a
été provoquée par une faute de la victime :
- castration après un viol,
- meurtre de l’épouse et de l’amant surpris en flagrant délit d’adultère.
Cette excuse est nettement définie par la loi. Elle concerne le plus souvent une
atteinte à l’intégrité corporelle. Le parricide et le meurtre d’un époux par l’autre sans adultère
ne sont jamais excusables.
C. LES EFFETS DES EXCUSES ATTENUANTES.
L’effet essentiel est la diminution de la peine dans la mesure des dispositions prévues par la
loi. Elles laissent subsister la responsabilité pénale et civile.
V. LES CAS PARTICULIERS DES IMMUNITES.
A. LA DEFINITION.
C’est un privilège accordé par la loi en raison de certaines fonctions pour en faciliter l’exercice
ou en raison des liens familiaux qu’il est nécessaire de protéger.
B. LES EFFETS DES IMMUNITES.
Une immunité s’oppose à toutes les poursuites. Ceci est différent de l’excuse absolutoire qui
elle, ne peut être reconnue que par la juridiction de jugement.
C. LES DIFFERENTES SORTES D’IMMUNITES.
Il en existe quatre sortes :
* L’’immunité parlementaire :
Hors le cas du flagrant délit, un parlementaire ne peut être poursuivi (sauf
pour les contraventions) que si l’Assemblée Nationale lève son immunité.
* L’immunité diplomatique :
Pas de poursuites possibles contre les diplomates et leurs familles.
* L’immunité judiciaire :
Un magistrat ne peut être poursuivi pour le tort qu’il peut causer en cherchant
la vérité.
* L’immunité familiale :
Protection de la famille (il n’y a pas de vol entre époux).

320
FICHE N° 15

LA COMPLICITE

I. LA DEFINITION.
Il s’agit de la situation dans laquelle se met l’individu qui en toute connaissance de cause, par dons,
promesses, menaces, instructions, fourniture d’armes ou autres moyens, a aidé ou assisté l’auteur d’une
infraction dans sa préparation ou au moment de sa commission. Ainsi, cet individu :
- a participé à titre accessoire, volontairement et sans concourir directement à l’acte matériel
de l’infraction.
Il encourt la même peine que l’auteur principal. On remarque déjà la différence avec la coaction, pas
de participation directe à l’acte matériel.
II. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE LA COMPLICITE.
Il faut que trois éléments soient réunis :
- un fait principal punissable, un acte de complicité et l’intention coupable.
A. UN FAIT PRINCIPAL PUNISSABLE.
* C’est l’élément légal :
- il ne peut pas y avoir de complicité pour un fait non punissable et non prévu par la
loi.
* Le fait punissable peut être une tentative dès lors que cette dernière est punissable.
* De même, un fait justificatif fait disparaître l’infraction
* Toutefois, il peut arriver que la complicité d’un fait non réprimé soit retenue. Ce sera le cas
lorsque l’auteur principal bénéficiera d’une cause de non imputabilité ou excuse absolutoire (démence
ou minorité).
* Enfin, en règle général, la complicité est le plus souvent absente des contraventions et
touche surtout les crimes et les délits.
B. UN ACTE DE COMPLICITE.
C’est l’élément matériel de la complicité. L’acte doit avoir été prévu par la loi et avoir été
exécuté pour faciliter la préparation ou l’exécution de l’infraction. Cela suppose trois conditions :
- un acte positif, qui doit avoir été consommé (exécuté) et qui doit être antérieur ou
concomitant à l’infraction.
C. L’INTENTION COUPABLE.
Il est nécessaire que celui qui fournit une aide sache qu’elle est destinée à l’exécution d’un
crime ou d’un délit. Il s’agit donc d’une parfaite connaissance de l’objectif visé par ceux qu’il aide.
III. LES EFFETS DE LA COMPLICITE.
* L’article 30 du Code Pénal prévoit que :
- le complice d’un crime, d’un délit ou d’une tentative punissable, encourt les mêmes peines et
les mêmes mesures de sûreté que l’auteur même de ce crime, de ce délit ou de cette tentative
punissable.

321
* Ainsi, le principe veut que tous les participants à l’infraction risquent la même sanction.
* Il peut arriver que le complice soit puni plus sévèrement car :
- la loi le prévoit (complice de l’infanticide commis par la mère),
- le complice se voit appliquer une circonstance aggravante personnelle (la récidive).
* Le complice ne bénéficiera pas d’une excuse personnelle ou des circonstances atténuantes
accordées à l’auteur (la minorité).

IV. L’INTERET DE LA DISTINCTION ENTRE LE CO-AUTEUR ET LE COMPLICE.


A. SUR LE PLAN DE LA QUALIFICATION DE L’INFRACTION.
Contrairement au complice, le coauteur peut faire modifier la qualification de l’infraction (vol) :
- un auteur et plusieurs complices (vol simple),
- deux auteurs (vol en réunion, ses complices sont aussi touchés par la circonstance
aggravante),
Parricide :
- l’auteur est le fils (il y a parricide et complicité de parricide),
- la personne est tuée par un tiers, le fils a fait le guet (il y a meurtre et complicité de
meurtre),
- le fils et un ami tuent le père (il y aura parricide pour le fils et meurtre pour l’ami).
B. SUR LE PLAN DE LA REPRESSION.
En matière de contravention, le complice n’est généralement pas punissable alors que le
coauteur l’est.
En matière de tentative punissable, le complice n’est pas punissable, le coauteur peut l’être
s’il réunit à titre personnel, les éléments de la tentative punissable.
C. SUR LE PLAN DES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES.
Les circonstances aggravantes personnelles s’appliquent uniquement à ceux qui les
réunissent, coauteur ou complice. Les circonstances aggravantes réelles s’appliquent à tous les
participants. Les circonstances aggravantes mixtes ne s’appliquent pas automatiquement entre les
coauteurs (l’avortement). La circonstance aggravante mixte d’habitude, s’appliquera éventuellement
au complice mais non au coauteur.
D. SUR LE PLAN DES EXCUSES.
La règle est la même pour les circonstances aggravantes.

322
FICHE N° 16

LE RECEL

I. LA DEFINITION.
Il s’agit de la situation de celui qui, sciemment, procure une aide à l’auteur d’un crime ou d’un délit,
postérieurement à l’accomplissement de l’infraction. On l’appelle délit de conséquence.
II. LES ELEMENTS OU CHOSES QUE L’ON RECELLE.
* Cacher des choses provenant d’un crime ou d’un délit, recel de choses.
* Cacher un cadavre résultant d’un crime ou d’un délit, recel de cadavre.
* Procurer un refuge aux auteurs d’un crime, recel de malfaiteurs.
* Cacher un enfant enlevé, recel d’enfant.
III. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU RECEL.
Quelle que soit sa forme, le recel exige toujours la réunion de trois éléments :
- une infraction principale (crime ou délit), un acte de recel et une intention coupable (fait de
connaître la provenance).
Le receleur est parfois puni comme le complice et certaines autres fois comme une infraction
particulière.
IV. LE RECEL DE CHOSES.
Il peut consister en recel de choses volées ou détournées, d’objets saisis, de documents. On peut dire
que le recel de choses est réprimé comme un acte de complicité lorsque :
- les choses proviennent d’un crime, il s’agit d’objets qui étaient saisis ou gagés,
- les choses proviennent d’un délit, il s’agit de documents pouvant faciliter la découverte d’un
crime ou d’un délit.
A. LE RECEL D’OBJETS VOLES OU DETOURNES.
Pour que l’infraction soit constituée, il suffit de détenir une chose en connaissant parfaitement
sa provenance frauduleuse. Peu importe qu’elle ait été donnée, vendue ou prêtée. L’immunité
familiale qui est retenue pour le vol, ne l’est pas pour le recel. Le recel sera réprimé de façon
différente suivant que l’infraction principale est un crime ou un délit :
- crime (même peine que l’auteur principal), délit (délit distinct, poursuites séparées).
B. LE RECEL D’OBJETS SAISIS OU GAGES AYANT ETE DETOURNES.
* Le receleur est puni comme l’auteur principal du détournement.
* L’immunité familiale ne joue pas.
C. LE RECEL DE DOCUMENTS POUVANT FACILITER LA RECHERCHE D’UN CRIME OU D’UN DELIT.
* Ce sera toujours une infraction particulière.
* Elle est réprimée différemment selon l’origine des documents :
- documents publics, de commerce ou de banque (délit aggravé),
- documents privés (délit simple).

323
V. LE RECEL DE MALFAITEURS
A. LE RECEL OCCASIONNEL.
* Il s’agit de cacher un malfaiteur qu’on sait recherché pour avoir commis un crime ou bien de
l’aider à se soustraire aux recherches, quel que soit le moyen employé.
* L’immunité familiale joue jusqu’au quatrième degré.
B. LE RECEL HABITUEL.
* Il s’agit de fournir le logement ou un lieu de réunion à des malfaiteurs qu’on sait être des
criminels.
* Le receleur sera puni comme complice et bénéficiera des excuses absolutoires s’il se fait
connaître avant un crime.

C. LE RECEL D’ASSOCIATION DE MALFAITEURS.


* Il s’agit de fournir sciemment et volontairement, le logement ou le lieu de réunion à une
association de gens dont le but est la préparation de crimes.
* Le receleur sera puni comme complice et peut bénéficier des excuses absolutoires en cas
de dénonciation avant le crime.
Dans les trois cas de recel de malfaiteurs, l’infraction principale doit être un crime.
VI. LE RECEL DE CADAVRE.
* Il s’agit de receler ou de cacher en toute connaissance de cause le cadavre d’une personne
décédée à la suite d’une infraction qui peut être :
- un meurtre ou assassinat, un infanticide, un empoisonnement,
- des coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort, un homicide involontaire,
- mort d’une patiente à la suite d’avortement.
* Le recel de cadavre est toujours puni comme un délit distinct.
VII. LE RECEL D’ENFANT.
La loi punit le recel d’enfant comme une infraction distincte mais de la même peine que l’infraction
principale. Le recel d’enfant victime d’un enlèvement est un délit puni d’emprisonnement.
VIII. LA REPRESSION DU RECEL.
A. AU POINT DE VUE DE LA PEINE.
D’une façon générale la répression du recel comme une infraction distincte a pour effet
d’appliquer une peine moins forte qu’au complice. C’est le cas pour :
- le recel de malfaiteur, le recel d’association de malfaiteurs,
- le recel de cadavre provenant d’une infraction intentionnelle.
Ainsi :
- si l’infraction principale n’est pas grave, le receleur est puni comme le complice.
- si l’infraction principale est grave, le receleur sera puni moins sévèrement que le
complice.
B. AU POINT DE VUE DES POURSUITES.
* Une infraction particulière :
Le receleur est auteur et est considéré avec sa criminalité propre (circonstance
aggravante, excuse, prescription)
*L’immunité familiale :
Elle ne joue pas pour le recel de choses.

324
FICHE N° 17

LE CONCOURS D’INFRACTIONS

I. LA DEFINITION.
Il s’agit de la situation d’un délinquant qui a commis au moins deux infractions non séparées par une
condamnation définitive.
II. LES CARACTERES DU CONCOURS D’INFRACTIONS.
Il peut s’agir d’actes séparés :
* Un vol aujourd’hui, un autre dans quatre jours et un troisième dans quinze jours :
- on parlera de concours réel d’infractions.
Il peut s’agir d’un seul acte constituant à lui seul plusieurs infractions :
* Un viol commis sur le bord de la route (viol, outrage public à la pudeur) :
- on parlera de concours idéal d’infractions.
En règle générale, le concours d’infractions entraîne la confusion des peines, c’est à dire que le
coupable n’effectuera que la peine la plus importante.
Cette règle nouvelle ne s’applique pas aux contraventions dont les peines s’additionnent.
III. LA DISTINCTION ENTRE LE CONCOURS D’INFRACTIONS ET CERTAINES SITUATIONS.
Il ne faut pas confondre le concours d’infractions avec :
- le délit continu, le délit aggravé et la récidive.
A. LE DELIT CONTINU.
* Il s’agit d’un délit qui se poursuit dans le temps, c’est-à-dire que l’élément matériel est
toujours actuel (le recel habituel de malfaiteurs).
* Au contraire le concours d’infractions exige la commission de plusieurs fautes séparées.
B. LE DELIT AGGRAVE.
C’est une forme de concours d’infractions pour laquelle la loi prévoit que l’une des infractions
est une circonstance aggravante de l’autre (une violation de domicile et un vol), il s’agira d’un vol
aggravé du fait de la violation de domicile.
C. LA RECIDIVE.
Elle se distingue du concours d’infractions par l’existence d’une condamnation définitive avant
la commission de la deuxième infraction
IV. LE CONCOURS REEL D’INFRACTIONS.
A. LA REGLE GENERALE DE REPRESSION.
Un délinquant est poursuivi pour chacune des infractions qu’il a commises, la juridiction de
jugement ne lui infligera que la peine prévue pour la faute pénale la plus sévèrement punie :
Un délinquant commet un vol et deux jours plus tard, un meurtre, il sera poursuivi et jugé pour
les deux mais n’effectuera que la peine frappant le meurtre.
B. LE CAS DE POURSUITES SEPAREES.

325
Il arrive que l’auteur de plusieurs infractions fasse l’objet de poursuites séparées pour
chacune d’elles :
* Infraction commise après une première condamnation qui n’est pas encore devenue
définitive :
- une condamnation à 06 mois avec sursis le 1 er septembre et une deuxième
condamnation pour vol commis le 03 septembre.
* On découvre après une condamnation, même définitive, l’existence d’une autre
infraction commise avant la date de cette condamnation :
- une condamnation pour vol aggravé commis le 1 er janvier et prononcée le 1er
juin, on découvre une autre infraction (viol) commise le 15 février.

* Infractions commises en des lieux différents. Elles sont poursuivies devant des
Tribunaux différents :
- un individu est condamné à ABIDJAN pour vol le 1 er octobre, il fait appel, le
06 octobre, il commet une nouvelle infraction à DALOA et il est jugé au flagrant délit.
Dans ces différents cas de poursuites séparées, le délinquant sera condamné à plusieurs
peines. Mais il pourra bénéficier de la règle de la confusion des peines.
C. LA CONFUSION DES PEINES.
Seule la peine la plus lourde est subie. Elle absorbe les autres. Il est toutefois nécessaire que
la juridiction ordonne la confusion des peines. Il y a plusieurs cas :
* La juridiction de jugement peut s’opposer à la confusion si le total des deux peines
ne dépasse pas le maximum prévu pour la faute la plus lourdement punie.
* La peine infligée pour l’infraction la plus grave correspond au maximum fixé par la
loi.
* Elle doit ordonner la confusion quand le total des peines dépasse le maximum de la
peine la plus forte encourue.
D. LE CHAMP D’APPLICATION DE LA REGLE DU CONCOURS REEL.
Le concours réel d’infraction et la confusion des peines ne s’appliquent qu’en matière de
crimes et délits. Il faut savoir que :
- certaines infractions spécialement prévues par la loi échappent au concours réel,
- la confusion ne joue que pour certaines peines.
Les infractions qui échappent au concours réel :
- rébellion de détenus, évasion de détenus avec violences et bris de prison.
Les peines pour lesquelles joue la confusion :
- les peines principales, les peines complémentaires, les mesures de sûreté.
Elle ne joue pas pour les amendes fiscales, ni pour les dommages et intérêts.
V. LE CONCOURS IDEAL D’INFRACTIONS.
Le concours idéal pose moins de problèmes que le concours réel car il est constitué d’un seul acte qui
ne constitue qu’une seule faute même s’il viole plusieurs fois la loi. Il suffit donc de déterminer l’infraction la
plus sévèrement punie. Conséquences, une seule qualification figurera au casier judiciaire du délinquant en
situation de concours idéal d’infractions. Le concours idéal n’est pas retenu lorsqu’il y a en même temps :
- unité de l’élément matériel et unité de l’élément moral.
Il ne faudra donc pas qu’il y ait plusieurs intentions coupables.
* Concours idéal retenu :
- faire un chèque falsifié et le porter à la banque. Il y a une seule intention coupable
(réaliser une escroquerie).
* Concours idéal non retenu :
- lancer une grenade pour détruire une préfecture et éliminer le Préfet. Il y a deux
intentions criminelles (détruire un édifice public, meurtre).
Nous serons plutôt dans un cas de concours réel.

326
FICHE N° 18

L’EXECUTION DES PEINES

I. LA DEFINITION.
Il s’agit, la condamnation étant devenue définitive, de faire exécuter la peine dans les conditions
prévues par la loi. La condamnation définitive suppose :
- l’expiration des délais de recours, la prise de position de la juridiction de recours,
- la décision de refus de grâce prononcée.
II. LES AUTORITES HABILITEES A POURSUIVRE L’EXECUTION DES PEINES.
* L’exécution des peines est poursuivie par le Ministère Public :
- le Procureur de la République pour les peines de police et les peines correctionnelles,
- le Procureur Général ou le Procureur de la République pour les peines criminelles (cela
dépend du siège de la Cour qui les a prononcées),
- le Procureur de la République pour les peines pécuniaires (pour ce faire il requiert le
percepteur ou l’agent du trésor compétent).
* L’exécution de la peine privative de liberté est surveillée par le magistrat désigné à cet effet :
- le Juge d’application des peines qui peut intervenir pour modifier le régime d’un détenu qui le
mériterait.
III. LA PEINE DE MORT.
A. LE MOTIF.
* Abolie dans certains pays, elle est conservée en Côte d’Ivoire au moins en droit.
* En réalité, elle est rarement appliquée car elle est rarement prononcée et si elle l’est, elle fait
souvent l’objet de la grâce présidentielle.
* Cette situation est donc un compromis entre les soucis humanitaires des adversaires de la
peine de mort et le désir de ses partisans de conserver un ultime moyen d’intimidation.
B. L’EXECUTION.
* Le condamné à mort est fusillé.
* L’exécution ne peut pas avoir lieu un dimanche, ni un jour férié, ni un jour de fête nationale.
* L’exécution n’est pas publique. Elle est exécutée dans l’enceinte de l’établissement
pénitentiaire.
* La loi prévoit les autorités autorisées à assister à l’exécution :
- le Président de la cour, le Ministère Public, le greffier de la cour ou du tribunal,
- l’avocat du condamné, le ministre du culte pratiqué par le condamné,
- les forces de l’ordre, le médecin requis par le Procureur.
* L’exécution est consignée sur procès-verbal fait par le greffier, signé par les autorités
judiciaires.
* Aucune publicité autre que l’affichage du procès-verbal pendant 24 heures à la porte de la
prison n’est faite avant ou après l’exécution.
* Le cadavre peut être remis à la famille.

327
* Une femme enceinte ne peut être exécutée qu’après avoir accouché.
* Pendant la détention qui précède l’exécution, les condamnés ne sont pas astreints au
travail.
IV. LES PEINES PRIVATIVES DE LIBERTE.
A. LES DIFFERENTES SORTES DE PEINES.
* L’emprisonnement à vie.
* L’internement de sûreté.
* La détention (politique ou militaire).
* L’emprisonnement.

B. LES LIEUX DE LEUR EXECUTION.


* Les peines de longue durée (emprisonnement supérieur à un an), camps pénaux.
* Les peines correctionnelles (jusqu’à un an), les maisons d’arrêt et de correction.
* Les peines de police, les maisons d’arrêt et de correction qui reçoivent aussi les détenus
préventifs.
* L’internement de sûreté, établissements spécialisés (quartier spécial d’une prison).
C. LE MODE D’EXECUTION DES PEINES.
* La durée de la peine compte à partir du jour ou le condamné est détenu en vertu d’une
condamnation définitive.
* S’il y a eu détention préventive, celle-ci est déduite de la peine.
* Tous les condamnés pour crime et délit de droit commun ainsi que les internés de sûreté
sont astreints au travail et au port du costume pénal.
* Les condamnés politiques sont dispensés de toutes tâches et ne sont pas astreints au travail
ni au port du costume pénal.
* Les prévenus et condamnés à des peines de police peuvent travailler s’ils le désirent et ne
sont pas astreints au port du costume pénal.
* Une partie du salaire provenant du travail du détenu reste à l’Etat (frais d’entretien), l’autre
lui revient sous forme de pécule touché à la sortie de prison.
V. LES PEINES PRIVATIVES DE DROIT.
A. LES DROITS QUI PEUVENT ETRE TOUCHES.
* Etre nommé aux fonctions de Juré, d’assesseur, d’expert ainsi qu’aux emplois de
l’administration et d’autres fonctions publiques.
* Obtenir une autorisation de port d’armes.
* Exercer une charge tutélaire, porter des décorations, exercer des fonctions se rapportant à
l’enseignement, à l’éducation ou à la garde d’enfants.
Cette privation décidée par le Juge peut porter sur l’ensemble ou une partie seulement des
droits. Il s’agit en fait :
- d’une peine complémentaire obligatoire pour une condamnation pour crime,
- facultative pour un délit sauf si la loi la prévoit expressément.
B. LES CONDITIONS D’EXECUTION.
* Elles sont mises en application :
- dès que la décision est devenue définitive ou bien,
- lorsque les formalités prévues par la loi ont été accomplies s’il s’agit d’une
condamnation par contumace.
* Leur délai d’application :
- crimes, 10 ans, délits, 05 ans.
* Le point de départ du délai :
- le jour de la libération (normale ou suite à une grâce),
- le jour de l’expiration de la peine privative de liberté ou de l’internement de sûreté à
purger.

328
* La diminution du délai :
- sur décision motivée, le Juge peut relever le condamné pour tout ou partie de la
privation de droit,
- il peut aussi réduire jusqu’à un an le délai d’application.
VI. LA DESTITUTION MILITAIRE ET LA PERTE DU GRADE.
A. LA DESTITUTION MILITAIRE.
1. La classification.
C’est une peine complémentaire perpétuelle.

2. Les conséquences.
Elle entraine :
- l’exclusion des Forces Armées,
- la perte du grade et du droit de porter l’uniforme,
- l’incapacité d’acquérir de nouveaux grades militaires,
- la déchéance du droit de porter des décorations.
3. Le caractère.
En cas de condamnation pour crime, elle est :
- obligatoire si la peine prononcée est la mort ou la peine privative de liberté
supérieure à cinq ans,
- facultative si la peine est inférieure ou égale à cinq ans.
4. La mise en application.
Elle s’applique de plein droit :
- soit à compter du jour où la décision est devenue définitive,
- soit lorsque les formalités prévues pour une condamnation par contumace
ont été accomplies.
B. LA PERTE DU GRADE.
* Obligatoire en cas de condamnation à plus de 4 mois de peine privative de liberté contre un
Officier ou un Sous-officier pour les motifs suivants :
- corruption, banqueroute, vol, escroquerie, abus de confiance ou recel,
- provocation aux armées et délit par voie de presse,
- peine privative de liberté même inférieure à 4 mois qui s’accompagne d’une
interdiction de séjour ou d’une privative de droits prévus à l’article 66 du Code Pénal.
* Elle s’applique dans les mêmes conditions que la destitution militaire.
VII. LES PEINES PECUNIAIRES ET HUMILIANTES.
Ce sont les amendes, la confiscation et la publicité des jugements.
A. L’AMENDE.
* Peine la plus courante poursuivie par les Agents du Trésor sur réquisition du Procureur de la
république.
* Est récupérée par contrainte par corps, saisies, hypothèques, confiscation du pécule, etc.
B. LA CONFISCATION.
Elle est générale et spéciale :
* Générale en cas d’atteinte à la sûreté de l’Etat. L’ensemble de biens personnels du
condamné sont alors confisqués. Les droits de l’épouse et des héritiers sont toutefois
préservés.
* Spéciale lorsqu’elle est limitée au corps du délit. Il s’agit alors de confisquer le
moyen du délit (armes, gibier, etc.).
La fermeture d’établissement peut être assimilée à une peine pécuniaire dans la mesure où
elle touche le patrimoine du condamné et le prive d’une source de revenu.

329
C. LA PUBLICITE DES JUGEMENTS.
* Peut être ordonnée dans certains cas prévus par la loi.
* Se fait par affichage ou voie de presse.
* Est réalisée au frais du condamné.

FICHE N° 19

LE SURSIS

I. LA DEFINITION.
Il s’agit d’une mesure de suspension de la peine :
- si le condamné ne rechute pas pendant le temps de sursis, la condamnation est effacée,
- si au contraire, le condamné rechute, la condamnation devient définitive et la peine devient
exécutoire.
II. L’OBJET DU SURSIS.
L’objet essentiel de cette mesure de sursis est donc de favoriser l’amendement du condamné et de
faciliter son reclassement dans la société. En effet :
- s’il se conduit bien il est récompensé,
- s’il se conduit mal, il aura une peine plus sévère car la nouvelle s’ajoutera à la première.
III. LES CONDITIONS D’OCTROI DU SURSIS.
Deux conditions doivent être réunies :
- un délinquant primaire, une peine correctionnelle ou de police.
A. LE DELINQUANT PRIMAIRE.
C’est celui qui n’a pas subi de condamnation antérieure définitive, pour un crime ou un délit de
droit commun. Ainsi, les condamnations suivantes ne font pas obstacle à l’octroi du sursis :
- la condamnation pour infraction politique ou militaire, sauf si elle est prévue par un
texte ordinaire,
- une condamnation à l’amende,
- une condamnation à l’emprisonnement contraventionnel,
- une condamnation non définitive,
- une condamnation effacée.
B. UNE PEINE CORRECTIONNELLE A L’EMPRISONNEMENT OU A L’AMENDE.
* La peine doit être correctionnelle même si elle est prononcée par une juridiction criminelle.
Dans ce cas, elle ne peut pas être afflictive (travaux forcés).
* Les peines qui peuvent faire l’objet du sursis sont :
- l’emprisonnement ou l’amende, l’emprisonnement et l’amende.
* Le sursis peut être accordé aussi en matière de contravention.
* Le sursis est une mesure bienveillante. Il n’est jamais obligatoire.
IV. LES EFFETS DU SURSIS.
Le sursis suspend l’exécution de la peine pendant un délai de cinq ans à compter du jour où la
condamnation est devenue définitive. Si pendant ce délai, le condamné n’a été l’objet d’aucune poursuite pour
crime ou délit, la condamnation est effacée. Si au contraire, le condamné rechute (crime ou délit), le sursis est
révoqué. La peine est effectuée et la deuxième s’ajoute.
De plus, la récidive peut intervenir dans les conditions prévues par la loi.

330
Le sursis n’est applicable qu’à la peine principale, mais à l’expiration du délai de cinq ans, si la
condamnation est effacée, les peines complémentaires éventuelles cessent aussi.
Le condamné bénéficiant du sursis n’est soumis à aucune mesure de surveillance. Il se surveille lui-
même. La condamnation avec sursis figurera dans certaines conditions au casier judiciaire de l’intéressé :
- toujours au bulletin N° 1, au bulletin N° 2 pendant le délai de 5 ans,
- jamais au bulletin N° 3 sauf si le délinquant rechute pendant le délai de 5 ans.

FICHE N° 20

LA LIBERATION CONDITIONNELLE

I. LA DEFINITION.
Il s’agit d’une mesure de suspension de l’exécution de la peine.
Comme le sursis, c’est une mesure de bienveillance facultative.
II. LES CONDITIONS DE LA LIBERATION CONDITIONNELLE
A la différence du sursis, elle ne peut être prise :
- qu’après exécution d’une partie de la peine,
- que pour les peines privatives de liberté même pour les peines perpétuelles,
- elle n’efface jamais la condamnation,
- le libéré conditionnel est soumis à des mesures de surveillance.
III. L’OBJET DE LA LIBERATION CONDITIONNELLE.
Elle a pour but de faciliter l’amendement et la réinsertion sociale du condamné. Mais les moyens sont
différents :
* Au lieu de promettre une récompense au condamné s’il se conduit bien, on lui accorde cette
récompense s’il s’est bien conduit pendant l’exécution d’une partie de sa peine.
* On le menace d’accomplir la partie de la peine qui lui a été remise s’il rechute. Une nouvelle
condamnation s’ajouterait alors.
Elle est différente du sursis car elle s’applique à des individus qui ont commis une faute trop grave
pour pouvoir bénéficier de ce même sursis ou qui ne sont pas des délinquants primaires.
IV. LES CONDITIONS D’OCTROI DE LA LIBERATION CONDITIONNELLE.
Il faut que trois conditions soient réunies :
- avoir exécuté une partie de sa peine, s’être bien conduit,
- présenter de bonnes chances de réinsertion.
A. AVOIR EXECUTE UNE PARTIE DE SA PEINE.
* La durée nécessaire est appelée « la durée d’épreuve ».
* Cette durée d’épreuve varie suivant la gravité de la condamnation et selon que le condamné
est ou non récidiviste.
Durée d’épreuve
Peine infligée
Non récidiviste récidiviste
Moins de 6 mois 3 mois Non prévu
Moins de 9 mois Ne concerne que le récidiviste 6 mois
Peine temporaire supérieure à 9
La moitié Les deux tiers
mois
Peine perpétuelle sauf 15 ans 15 ans

331
internement de sûreté
Internement de sûreté suite à une Durée prévue pour la peine principale
peine correctionnelle plus 4 ans
Internement de sûreté suite à une Durée prévue pour la peine principale
peine criminelle plus 6 ans
B. AVOIR DONNE DES PREUVES SUFFISANTES DE BONNE CONDUITE.
* Pendant la durée d’épreuve, le condamné doit s’être bien conduit.
* Son attitude doit permettre de penser qu’il a retenu la leçon et qu’il veut revenir dans le droit
chemin.
* En principe, il doit s’être acquitté des frais de justice et des peines pécuniaires ainsi que des
dommages et intérêts auxquels il a été condamné.
C. PRESENTER DES GAGES SERIEUX DE REINSERTION SOCIALES.
* Le condamné doit justifier de ses moyens d’exécutions après sa libération (emploi, famille,
etc.).
* En principe, il doit travailler ou être régulièrement hébergé par une personne honnête.
V. LA PROCEDURE D’OCTROI DE LA LIBERATION CONDITIONNELLE.
A. LES AUTORITES HABILITEES A DECIDER DE LA LIBERATION CONDITIONNELLE.
*C’est le Ministre de la justice sur avis du Ministre de l’intérieur.
* Le dossier est constitué par le Directeur de l’établissement pénitentiaire qui émet un avis
ainsi que :
- le Juge d’application des peines,
- le Procureur de la République ou le Procureur Général,
- le Préfet du département ou l’intéressé compte résider.
B. LES DECISIONS PRISES.
Il y a trois possibilités :
* Une décision d’admission :
- il s’agira d’un arrêt de libération conditionnelle.
* Une décision d’ajournement :
- cela implique un complément d’information (enquête sociale, expertise
psychologique).
* Une décision de rejet :
- toute nouvelle proposition ne peut intervenir avant un délai d’un an.
III. LES EFFETS DE LA LIBERATION CONDITIONNELLE.
A. LES EFFETS IMMEDIATS.
* L’arrêté de libération conditionnelle fixe les modalités d’exécution et notamment :
- la nature et la durée des mesures de surveillance,
- les conditions particulières éventuelles auxquelles la libération conditionnelle est
subordonnée.
* La libération conditionnelle suspend l’exécution de la peine principale.
* Elle est sans effet sur les peines complémentaires et mesures de sûreté.
* Toutefois, la privation de certains droits liés à l’exécution de la peine principale cesse.
* Les délais pour la récidive commencent aussi à courir.
1. La nature et la durée éventuelle des mesures de surveillance et d’assistance.
a)- La nature.
* Ces mesures s’apparentent à l’interdiction de séjour.
* Le libéré est doté d’un carnet d’identité sur lequel est mentionné l’arrêté de
libération conditionnelle.
* Il est astreint à résider au lieu où il a justifié de moyens d’existence.
* S’il veut changer de lieu de résidence, il doit en demander l’autorisation au
Juge d’application des peines.

332
* Il doit en outre se soumettre à des contrôles à domicile, des pointages à la
Gendarmerie ou au Commissariat aux dates et heures prévues et à toutes les
convocations susceptibles lui être adressés.
* En contrepartie, il bénéficie des mesures d’assistance (aide sociale,
morale).
b)- La durée.
Elle est fixée aussi par l’arrêté de libération conditionnelle :
* S’il s’agit d’une peine temporaire, elle est au moins égale au reste
de la peine restant à subir. Il est aussi possible d’y ajouter un an.
* S’il s’agit d’une peine perpétuelle, y compris l’internement de sûreté,
le délai peut varier entre 05 et 10 ans.

2. Les conditions particulières éventuelles.


* L’arrêté peut aussi subordonner la libération à certaines conditions :
- placement dans un centre d’hébergement pour condamnés libérés,
- renoncer à certaines activités ou relation en rapport avec la dernière
infraction.
* Le condamné est libre :
- d’accepter pour être libéré, de refuser et ne pas être libéré.
B. LES EFFETS DEFINITIFS.
Deux cas possibles :
- pas de rechute ou rechute.
Le condamné arrive à échéance sans rechute :
- la libération conditionnelle devient définitive à l’échéance du délai et la peine est
considérée comme exécutée depuis la date d’octroi de la libération conditionnelle,
- les peines complémentaires, les mesures de sûreté et de surveillance cessent,
- la condamnation demeure, la peine qui sera inscrite au casier judiciaire est celle qui
a été infligée et non celle qui a été subie.
Le condamné rechute ou n’a pas respecté les mesures de surveillance :
- la libération conditionnelle peut être révoquée,
- la révocation entraîne la remise en prison pour un temps qui ne peut atteindre la
totalité de la peine qui restait à subir au moment de la libération conditionnelle,
- cette durée peut se cumuler avec toute nouvelle peine susceptible d’être infligée
pour une nouvelle infraction

333
FICHE N° 21

L’EXTINCTION DES PEINES

I. LES GENERALITES.
Le principe veut qu’un délinquant condamné à une peine définitive, ne soit quitte envers la société que
lorsqu’il a subi cette peine.
Mais il arrive que certaines circonstances ou évènements aient pour effet de faire cesser
définitivement l’exécution de la peine :
- on dit que la peine est éteinte,
- les circonstances ou évènement sont appelés ‘’causes d’extinction de la peine’’.
L’extinction de la peine peut intervenir en cours d’exécution ou avant le commencement d’exécution
de la peine.
II. LES CAUSES D’EXTINCTION DE LA PEINE.
Ce sont :
- le décès du condamné, la prescription, la grâce.
III. LE DECES DU CONDAMNE.
A. LE PRINCIPE.
L’une des caractéristiques de la peine est d’être personnelle. Le principe veut donc que la
mort du condamné éteigne la peine. Mais il faut tenir compte de l’exception en matière de peines
pécuniaires.
B. L’EXCEPTION EN MATIERE DE PEINE PECUNIAIRE.
La peine pécuniaire a pour but de frapper le condamné dans ses biens. L’exécution est
poursuivie même après sa mort. En conséquence, la succession du condamné sera amputée des
amendes, confiscation et autre réparations éventuelles.
Que peuvent donc faire les héritiers ? Ils ont trois possibilités :
- accepter la succession, ce qui les oblige à assurer le paiement intégral de toutes les
amendes et dettes du condamné, même si elles dépassent le montant de l’héritage,
- accepter la succession sous bénéfice d’inventaire, ce qui leur permet de ne payer
que l’équivalent de ce que l’héritage leur rapporte,
- refuser la succession, ce qui les soustrait à tout paiement.
IV. LA PRESCRIPTION DE LA PEINE.
A. LA DEFINITION.
Il s’agit en quelque sorte d’une renonciation à faire exécuter la peine.
En effet, la loi prévoit un délai entre la condamnation et le commencement d’exécution de la
peine. Ainsi, si un condamné parvient à ne pas commencer l’exécution de sa peine pendant ce délai, il
y aura extinction du droit à la lui faire subir.
On parle alors de prescription de la peine ; c'est-à-dire que la peine n’est plus exécutoire.

334
On remarque que la prescription ne peut s’appliquer qu’à une peine qui n’est pas
commencée. Elle se fonde sur deux notions :
- le souvenir de l’infraction s’est estompé, le châtiment n’aurait plus son caractère
utilitaire,
- l’obligation de se cacher qui a été la préoccupation de condamné constitue un
châtiment moral, cette obligation a pu contraindre le condamné à vivre honnêtement pour se
soustraire aux recherches.
B. LES DELAIS DE PRESCRIPTION.
* Les délais sont fondés sur la classification légale des peines et varient en fonction de la
gravité de ces peines.
* Les délais peuvent être suspendus ou interrompus.
* Certaines peines sont imprescriptibles.
* Ils ne doivent pas être confondus avec les délais de prescription de l’action publique.

Action publique Peine


Crimes 10 ans Criminelle 20 ans
Délits 02 ans Correctionnelle 05 ans
Contraventions 01 an Police 02 ans
* Le délai de prescription est apprécié en fonction de la peine et non de l’infraction qu’elle
réprime :
- un crime puni d’une peine correctionnelle, le délai de prescription sera de 05 ans.
* Le délai commence à courir du jour où la condamnation est devenue définitive ou du jour de
l’évasion du détenu si ce jour se situe après.
C. LA SUSPENSION OU L’INTERRUPTION DE LA PRESCRIPTION.
1. La prescription est suspendue.
Lorsqu’un évènement fait obstacle aux recherches ou à l’exécution de la peine :
* Obstacle de droit :
- une mesure de suspension de la peine (sursis).
* Obstacle de fait :
- la guerre.
2. La prescription est interrompue.
Chaque fois qu’un acte d’exécution partielle a été accompli :
- arrestation suivie d’évasion,
- paiement partiel d’une contrainte par corps,
- saisie procurant l’exécution partielle d’une peine pécuniaire.
3. Les effets de la suspension et de l’interruption.
* Suspension :
Lorsque la prescription a été suspendue, le temps de prescription écoulé
avant la suspension reste acquis :
- un individu en fuite est condamné définitivement à 03 ans de prison
le 1er / 03 / 1982, c’est une peine correctionnelle, la prescription est donc
normalement acquise le 1er / 03 / 1987, 05 ans,
- si une suspension est intervenue du 1 er / 09 au 31 / 12 / 1984, la
prescription ne sera acquise que le 1 er / 07 / 1987 (report des 04 mois, temps
écoulé précédemment reste acquis.
* Interruption :
Lorsque la prescription a été interrompue, le temps écoulé ne compte pas.
Les délais recommencent à courir :

335
- le même individu est arrêté le 1 er / 02 / 1977, c'est-à-dire, un mois
avant la prescription de sa peine, le 1 er / 08 / 1978, il s’évade, la prescription
ne sera acquise que le 1er / 08 / 1983.
D. LES PEINES PRESCRIPTIBLES ET IMPRESCRIPTIBLES.
La prescription ne concerne que les peines qui nécessitent un acte naturel de la société sur
l’individu ou sur ses biens. Les peines prescriptibles sont donc :
- la peine corporelle (peine de mort), toutes les peines privatives de liberté,
- les peines pécuniaires.
La prescription ne s’applique pas :
- aux peines privatives de droits, à l’interdiction de séjour.

V. LA GRACE.
A. LA DEFINITION.
La grâce est un privilège du Chef de l’Etat qui lui permet de modifier une sanction pénale dans
le sens de l’adoucissement.
C’est donc une mesure généreuse qui a pour effet de faire une remise totale ou partielle d’une
peine exécutoire ou qui lui substitue une peine plus douce.
On peut considérer qu’il s’agit d’un empiètement du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire.
En droit, c’est vrai mais en fait, les avantages l’emportent sur les inconvénients car :
- cela permet de corriger une sévérité excessive de la loi,
- cela permet de remédier rapidement à une erreur judiciaire.
Enfin certaines règles président à son octroi :
- des conditions sont nécessaires à sa demande,
- elle ne s’applique qu’à certaines peines, elle peut revêtir différentes formes.
B. LES CONDITIONS D’OCTROI DE LA GRACE.
Elle ne peut s’appliquer :
* Qu’à une condamnation définitive (recours épuisés).
* Qu’à une peine exécutoire :
- cette deuxième condition exclut donc les condamnations avec sursis, par
contumace ou les condamnations dont la peine a été subie ou prescrite.
Elle peut s’appliquer à une peine en cours d’exécution. Elle est accordée par le Chef de l’Etat
par décret à la suite d’un recours qui lui est adressé par l’intermédiaire du Ministère public par :
- le condamné lui-même, sa famille ou son défenseur.
Le décret de grâce a force de loi. Il s’applique à tous et n’est susceptible d’aucun recours.
C. LES PEINES AUXQUELLES LA GRACE PEUT S’APPLIQUER.
* Toutes les peines principales de droit commun et politique.
* Les peines complémentaires et mesures de sûreté.
* Le condamné perpétuel qui obtient une remise de peine peut se voir infliger une interdiction
de séjour de 05 ans.
D. LES DIFFERENTES FORMES DE LA GRACE.
Il faut considérer les bénéfices et les effets.
1. Les bénéficiaires.
La grâce peut être :
* Individuelle, elle s’applique alors au condamné nommément désigné.
* Collective, en certaines occasions (fête nationale) elle peut toucher
plusieurs catégories de condamnés qui sont mentionnés au décret.
2. Les effets.
La grâce peut être :
336
* Simple, elle n’est subordonnée à aucune obligation imposée au bénéficiaire.
* Conditionnelle, elle impose au bénéficiaire certaines obligations :
- paiement des dommages et intérêts, frais de justice,
- mesures de surveillance.
Les effets de la grâce ne portent que sur la peine. La condamnation demeure avec
tous les effets sauf en cas de grâce amnistiante.

FICHE N° 22

L’EFFACEMENT DES CONDAMNATIONS

I. LA DEFINITION.
Il s’agit de mesures qui font disparaître toute trace de condamnation.
Ainsi, le délinquant retrouve sa qualité de délinquant primaire en cas de commission d’une nouvelle
infraction.
II. LES DIFFERENTES SORTES DE MESURES.
Il existe trois mesures (l’amnistie, la grâce amnistiante, la réhabilitation.
III. L’AMNISTIE.
A. LA DEFINITION.
* L’amnistie est une mesure purement généreuse reposant sur des considérations sociales et
humaines.
* Aucun texte ne la prévoit. Seuls les effets sont prévus par l’article 108 du Code Pénal.
* Chaque mesure d’amnistie doit donc faire l’objet d’une loi particulière ou de manière très
exceptionnelle, d’un décret du pouvoir exécutif.
* L’amnistie efface le caractère délictueux des faits qui lui sont antérieurs. Contrairement à
l’un des principes généraux du droit, elle est rétroactive mais la limite de cette rétroactivité est fixée
par chaque loi d’amnistie.
B. LA JUSTIFICATION DE L’AMNISTIE.
L’amnistie trouve son origine dans le souci des gouvernants d’apaiser les passions à l’issue
de certaines périodes de troubles.
L’idée de départ est donc que certains crimes ou délits peuvent avoir été commis dans un
contexte passionnel et sans obligatoirement procéder d’une intention criminelle crapuleuse.
C. LES CARACTERES DE L’AMNISTIE
L’amnistie est réelle, générale et personnelle.
1. Réelle.
Car elle concerne des infractions dont elle considère :
- la nature, le mobile, la peine infligeable, la date de commission.
2. Générale et personnelle.
Elle ne concerne pas l’individu nommément désigné par la loi, mais des délinquants
déterminés d’après la nature et les circonstances des infractions qu’ils ont commises.
D. LE DOMAINE DE L’AMNISTIE.
Il est fixé par la loi d’amnistie. Celle-ci fixe la catégorie d’infraction et l’époque à laquelle elles
ont dû être commises pour être amnistiées. L’amnistie s’applique :
337
- aux délinquants déjà condamnés qu’ils aient ou non commencé ou terminé leur
peine,
- aux délinquants poursuivis et non encore jugés,
- à ceux qui pourraient être découverts après la promulgation de la loi,
- à ceux qui ont été graciés.
L’amnistie ne s’applique pas :
- aux récidivistes,
- aux étrangers (quand ils ont obéit à des motifs politiques blâmables).
L’amnistie est appliquée par la juridiction qui a exercé les poursuites ou prononcé la
condamnation.
E. LES DIFFERENTES FORMES DE L’AMNISTIE.
L’amnistie pure et simple, l’amnistie judiciaire et l’amnistie conditionnelle.

1. L’amnistie pure et simple.


Elle s’applique à toutes les infractions concernées par la loi d’amnistie sans distinction
entre les délits, ni les peines qui ont frappé les auteurs. Elle est assez rare.
2. L’amnistie judiciaire.
Elle tient compte de la peine. Ainsi, ne sont amnistiées que :
- les infractions déjà jugées dont les peines ne dépassent pas celles prévues
par la loi d’amnistie,
- les infractions non jugées qui sont passibles d’une peine plus forte que celle
fixée par la loi d’amnistie à condition que la peine réelle infligée ne dépasse pas celle-
ci.
Le Juge dispose donc dans ce cas du pouvoir de faire entrer ou d’exclure un
condamné des bénéfices de l’amnistie.
3. L’amnistie conditionnelle.
Elle s’apparente à celle pure et simple mais est subordonnée à certaines conditions
fixées par la loi d’amnistie, paiement des frais de justice.
F. LES EFFETS DE L’AMNISTIE.
Elle efface le caractère délictueux des faits mais les laisse subsister.
S’il s’agit d’une chose jugée, elle fait cesser la peine et efface la condamnation.
Dans les autres cas, elle fait cesser les poursuites ou empêche la mise en mouvement de
l’action publique. Elle laisse subsister l’action civile. Elle ne produit ses effets qu’à partir de la date de
sa promulgation. Ainsi, elle ne peut donner lieu à une quelconque réparation à l’égard du condamné
amnistié. L’effacement de la condamnation entraîne sa disparition du casier judiciaire, y compris du
bulletin N° 1.
IV. LA GRACE AMNITIANTE
C’est une combinaison de l’amnistie et de la grâce. Elle perd son caractère impersonnel et général.
Elle est constituée par une loi d’amnistie qui prévoit qu’elle ne sera applicable qu’aux délinquants qui
bénéficient d’un décret de grâce dans un délai déterminé. Elle est donc le résultat :
- d’un acte législatif (loi d’amnistie) et d’un acte de l’exécutif (décret de grâce).
Elle correspond donc à une forme d’amnistie individuelle. Elle permet ainsi de sélectionner les
bénéficiaires. Elle a les mêmes effets que l’amnistie.

V. LA REHABILITATION.
A. LA DEFINITION.
Il s’agit d’une mesure qui a pour effet de rendre à un individu justement condamné, la situation
qu’il avait avant la condamnation. Elle efface toutes les condamnations antérieures. Elle est différente
de l’amnistie car :

338
- elle ne peut intervenir qu’après la condamnation, l’extinction de la peine et un délai
d’épreuve et elle est sans effet sur la peine.
Elle est différente de la révision (qui a pour but de réparer une erreur judiciaire). Elle peut prendre
deux formes :
- judiciaire, légale.
B. LA REHABILITATION JUDICIAIRE
Elle n’est accordée que sur demande et à la suite d’une enquête. Elle peut être demandée
par :
- tout condamné à une peine criminelle ou correctionnelle qui a été subie, prescrite ou
graciée,
- le représentant légal du condamné frappé d’interdiction,
- le conjoint, l’ascendant ou le descendant du condamné mort depuis moins d’un an.

Elle est soumise à trois conditions :


* Extinction de la peine :
La cause d’extinction importe peu. Elle aura toutefois une influence sur le
délai d’épreuve.
Sauf prescription, le condamné devra s’être acquitté de tous les frais
consécutifs à la condamnation.
* Le délai d’épreuve :
Il part du jour d’extinction de la peine. Il est de 05 ans pour une peine
criminelle et de 03 ans pour une peine correctionnelle.
Il est doublé pour les récidivistes, ceux dont la peine s’est éteinte par
prescription et ceux qui ont déjà été réhabilités.
* Une bonne conduite :
Pendant toute la durée du délai d’épreuve, le condamné devra avoir une
bonne conduite. Elle suit une procédure bien définie :
- la demande est adressée au Procureur de la République qui l’instruit
et la transmet au Procureur Général avec son avis.
- le Procureur Général saisit la Chambre d’Accusation qui statue dans
un arrêt.
- un délai de 02 ans est nécessaire pour formuler une deuxième
demande en cas de rejet de la première.
C. LA REHABILITATION LEGALE.
Elle se distingue de la judiciaire car elle est acquise de plein droit à l’issue d’un délai
d’épreuve plus long. Elle est donc plus discrète. Ce délai d’épreuve commence le jour de l’extinction
de la peine :
- 05 ans (amende), 10 ans (emprisonnement de 06 mois au plus,
- 15 ans (emprisonnement de 02 ans maximum ou pour plusieurs peines dont le total
ne dépasse pas un an),
- 20 ans (peine supérieure à 02 ans ou pour plusieurs peines dont le total ne dépasse
pas 02 ans).
D. LES EFFETS DE LA REHABILITATION.
Elles sont identiques pour la réhabilitation judiciaire et légale. Ce sont :
* L’effacement des condamnations réhabilitées :
- ces condamnations ne comptent plus pour la récidive,

339
- elles ne figurent plus, ni au bulletin N° 2, ni au N° 3 du casier judiciaire, elles
continuent de figurer au N° 1 avec la mention de réhabilitation, c’est donc une
différence importante avec l’amnistie ou la grâce amnistiante,
- elle n’ouvre droit à aucune réparation,
- les incapacités et déchéances résultant de la peine principale sont levées.

FICHE N° 23

LE CASIER JUDICIAIRE

I. LA DEFINITION.
Il s’agit de disposer de moyens permettant :
- d’être certain de l’identité d’un auteur d’infraction,
- de savoir rapidement si cet individu a des antécédents judiciaires.
Ceci est important pour l’application de la récidive. Il a donc fallu :
- mettre au point un système sûr d’identification (anthropométrie et dactyloscopie),
- créer un système d’enregistrement des condamnations (casier judiciaire).
II. L’ANTHROPOMETRIE ET LA DACTYLOSCOPIE.
A. L’ANTHROPOMETRIE.
Il s’agit de relever certaines mesures et mensurations chez un individu :
- taille, longueur et largeur de la tête, écartement des pommettes, etc.
Cette méthode fut découverte en 1880 par le français BERTILLON.
B. LA DACTYLOSCOPIE.
Il s’agit d’un système d’identification fondé sur les empreintes digitales.
III. LE CASIER JUDICIAIRE.
A. L’ORIGINE DU CASIER JUDICIAIRE.
Il s’agissait à l’origine de renseigner la juridiction de jugement sur les antécédents judiciaires
d’un individu. Il a été crée en 1880 par le Procureur de VERSAILLES. Il est devenu un document
demandé ou exigé chaque fois que l’on a besoin de s’assurer de l’honorabilité d’un citoyen.
Compte tenu de la multiplication des circonstances où le casier judiciaire peut être consulté, il
a été crée des bulletins (1, 2, 3) dont le contenu est différent.
B. L’ORGANISATION ET LE FONCTIONNEMENT.
Le service de casier judiciaire existe auprès de chaque Tribunal ou section. Il est tenu par le
greffier sous la surveillance du Procureur de la République et du Procureur Général.
Il concerne toutes les personnes nées dans le ressort du Tribunal.
Il existe un service central au Ministère de la Justice. Il s’occupe des personnes nées hors du
territoire national et celles dont le lieu de naissance et l’identité sont douteux.

340
Le greffier classe les fiches et exploite le casier judiciaire en adressant aux personnes qui le
demande ainsi qu’aux Autorités, les bulletins N° 1, 2 ou 3.
1. Les fiches détenues au Casier Judiciaire.
Une fiche est établie pour :
- tout arrêt définitif ou par contumace en matière de crime,
- tout jugement définitif en matière de délit et contravention grave,
- toute décision infligeant une incapacité ou déchéance de droits,
- toute décision prononçant des mesures de protection ou de surveillance,
- tout jugement de faillite ou de règlement judiciaire.
La fiche mentionne :
- l’infraction commise, le jugement rendu et la peine infligée,
- la juridiction qui a rendu le jugement, les grâces.
- les commutations de peines, les décisions de suspension de peine.
- les arrêtés de mise en libération conditionnelle.
- les décisions de réhabilitation, etc.

2. Le classement des fiches.


Dans un délai de 15 jours suivant la condamnation définitive, le greffier du Tribunal
qui a jugé adresse à celui du lieu de naissance, les éléments nécessaires aux fiches
d’inscription. Les fiches classées :
- par année de naissance, dans chaque année, par ordre alphabétique,
- pour chaque individu par ordre chronologique des décisions.
3. Le retrait des fiches.
En cas de décès, d’amnistie ou de rectification du casier judiciaire sur décision de
justice.
4. L’exploitation du Casier Judiciaire.
Il existe trois sortes de relevés qui se distinguent par :
- l’Autorité ou la personne à laquelle elles peuvent être délivrées,
- le contenu plus ou moins complet des condamnations qui y sont
mentionnées.
a)- Le bulletin N° 1.
C’est le relevé intégral des fiches classées au casier judiciaire d’un individu. Il
établit la preuve de la récidive. Seules les condamnations amnistiées en sont exclues.
Si aucune fiche n’est inscrite, il est délivré avec la mention ‘’ NEANT ‘’.
b)- Le bulletin N° 2.
Ne mentionne que les condamnations non effacées prononcées pour crimes
ou délits y compris celles sous le coup du sursis avant l’expiration de celui-ci. Il est
délivré :
- aux Préfets et administrations, aux Autorités militaires,
- aux Autorités compétentes en cas de problèmes électoraux,
- aux Présidents des Tribunaux de commerce,
- aux administrations et personnes morales dont la liste sera
déterminée par décret.
La mention ‘’ NEANT ‘’ est portée si aucune condamnation prévue pour y
figurer ne figure pas.
c)- Le bulletin N° 3.

341
C’est un extrait expurgé qui n’est délivré qu’à la personne qu’il concerne,
jamais à un tiers. Sont mentionnées :
- les condamnations à des peines privatives de liberté pour crimes et
délits,
- les condamnations dont le sursis a été révoqué.
Il n’est pas délivré avec la mention ‘’ NEANT ‘’ mais avec une barre
transversale.
C. LA RECTIFICATION – LES SANCTIONS.
Si une erreur est constatée au casier judiciaire, la personne concernée ou le Procureur de la
République peuvent en demander la rectification au Président de la juridiction qui a rendu la décision
erronée.
Les manœuvres frauduleuses soit pour faire inscrire, soit pour faire disparaître des
informations sont sanctionnées.

FICHE N° 24

LES ETABLISSEMENTS PENITANTIAIRES

I. LES SYSTEMES D’EMPRISONNEMENT DANS LE MONDE.


Les systèmes essentiels d’emprisonnement sont :
- le régime cellulaire, en commun, auburnien et le régime progressif (irlandais).
A. LE REGIME CELLULAIRE.
Cellule de jour et de nuit. Séparation des détenus. Travail individuel.
B. LE REGIME EN COMMUN.
Groupement des détenus par catégorie de jour et de nuit. Travail en commun. Dortoir collectif.
C. LE REGIME AUBURNIEN (PRISON D’AUBURN USA).
Cellule de nuit. Isolement moral de jour. Travail en commun mais en silence.
D. LE REGIME PROGRESSIF (IRLANDAIS).
Trois phases :
- cellule de jour et de nuit mais travaux pénibles,
- cellule de nuit et travail en commun de jour,
- libération conditionnelle.
II. L’EXECUTION DES PEINES PRIVATIVES DE LIBERTE EN COTE D’IVOIRE.
Les règles sont déterminées par le Code de Procédure Pénale qui prend en considération la durée de
la peine et non sa nature. Il y a donc deux régimes :
- les peines de longue durée (supérieures à un an),
- les peines de courte durée (inférieures ou égales à un an).
Ainsi les détenus sont placés dans les établissements en fonction de leurs peines et des possibilités
d’amendement et de reclassement qu’ils ont.
III. L’ADMINISTRATION PENITENTIAIRE.
A. L’ORGANISATION.
Au Ministère de la justice, il y a une direction de l’administration pénitentiaire. Elle est
chargée :
- du service de l’application des peines, des libérations conditionnelles et des grâces,
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- de l’éducation surveillée et de l’inspection des prisons.
B. LES TYPES D’ETABLISSEMENTS PENITENTIAIRES.
1. La maison d’arrêt.
Elle est prévue pour les détentions préventives en matière criminelle et
correctionnelle. L’exécution d’une peine peut aussi se faire en maison d’arrêt. Dans ce cas, il
doit y avoir un quartier distinct et à l’intérieur de ce quartier, un endroit réservé aux femmes.
2. La maison de correction.
Elle est prévue pour l’exécution de l’emprisonnement correctionnel d’une durée
inférieure ou égale à un an.
3. Les camps pénaux.
Ils sont prévus pour l’exécution des peines criminelles et correctionnelles supérieures
à un an. Chaque établissement est dirigé par un régisseur placé sous le contrôle du Procureur
de la République. C’est la même chose pour les maisons d’arrêt et les maisons de correction.
C. LES DISPOSITIONS COMMUNES A TOUS LES ETABLISSEMENTS.
1. La réception et la détention des personnes.
* Une personne ne peut être détenue qu’en vertu :
- d’un mandat d’arrêt, d’un mandat d’amener et ordre d’incarcération,
- d’une réquisition d’incarcération après jugement de condamnation à la
prison,
- d’une réquisition d’incarcération consécutive à une contrainte par corps,
- d’un ordre d’incarcération pour étrangers recherché,
- d’un ordre d’incarcération contre un prévenu qui met en application l’article
577 du Code de Procédure Pénale.
* Nul ne peut être maintenu en détention :
- s’il fait l’objet d’un ordre de mise en liberté émanant du Magistrat compétent,
- si la détention préventive n’est pas prorogée ou s’il a exécuté sa peine.
2. Le registre d’écrou.
Il contient toutes les inscriptions d’entrée par ordre chronologique. Paraphé à chaque
page par le Procureur de la république ou le Juge de section.
D. LES COMMISSIONS DE SURVEILLANCE.
Les établissements sont visités par :
- le Juge d’application des peines, le Juge d’instruction,
- le Président de la Chambre d’Accusation, le Juge de section,
- le Procureur de la République, le Procureur Général.
Les Préfets peuvent aussi le faire. Ils dressent un procès-verbal qu’ils adressent à la
chancellerie.
IV. LES REGIMES DE DETENTION.
A. LES DISPOSITIONS COMMUNES.
L’emprisonnement est collectif sauf pour :
- les condamnés à mort, les punis de cellule,
- les isolés sur ordre de l’Autorité judiciaire, les isolés pour maladie.
Les détenus sont séparés en fonction des catégories :
- les hommes des femmes, les mineurs de moins de 18 ans des majeurs,
- les prévenus des détenus, les contraignables des condamnés à une peine de prison.
B. LES PREVENUS.
Ils sont maintenus au siège de la juridiction qui traite leur affaire. Ils conservent leurs
vêtements personnels. Ils ne sont pas astreints au travail mais peuvent le demander. Ils peuvent faire
venir de la nourriture de l’extérieur. Le régime est le même pour les contraignables et les peines de
police.
C. LES CONDAMNES.

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Ils portent le costume pénal. Ils sont astreints au travail. Ils sont placés soit :
- en division normale (nouvel arrivant), en division de discipline (évadé),
- en division d’amendement (un quart de la peine et bonne conduite).
D. L’ORIENTATION DES CONDAMNES
Les condamnés en division d’amendement peuvent bénéficier de trois mesures :
- le placement à l’extérieur, la semi liberté et la libération conditionnelle.
1. Le placement à l’extérieur.
Il s’agit d’emploi du condamné à l’extérieur de la prison et sous surveillance. La
décision est prise par le régisseur.
2. Le régime de semi liberté.
Il s’agit du placement individuel d’un détenu à l’extérieur et sous surveillance. Le
condamné doit rentrer chaque soir, les dimanches et jours fériés. Il est nécessaire que le
condamné puisse faire état d’un engagement par un employeur. Ce régime n’est accordé que
par le Ministre de la Justice. Des permissions de sortie peuvent être accordées
exceptionnellement (décès).
E. L’ORGANISATION DU TRAVAIL DANS LES ETABLISSEMENTS.
Le travail est considéré comme un moyen de se préparer à la réinsertion sociale.

1. Les modalités de travail.


Tous les détenus peuvent être employés :
- aux travaux de propreté et d’entretien,
- dans les services assurant le fonctionnement de l’établissement,
- dans les ateliers techniques.
Les détenus en division d’amendement peuvent être employés :
- sur les chantiers de l’administration pénitentiaire,
- à des travaux d’intérêt général effectués par les collectivités publiques ou
autres administrations,
- par des entreprises privées.
Ce travail est rémunéré.
2. La rémunération du travail.
Il existe deux catégories juridiques :
- la régie directe et la concession onéreuse.
* La régie directe :
- la vente par l’administration pénitentiaire de produits provenant de
ses ateliers ou de ses plantations,
- chaque participant reçoit une somme versée sur son pécule.
* La concession onéreuse :
- il s’agit d’un contrat entre le fournisseur de main d’œuvre
(administration pénitentiaire) et l’utilisateur (employeur),
- le montant des sommes dues par les employeurs est versé au
Trésor public sur un compte au nom du régisseur,
- les détenus perçoivent 50% et le reste est reversé à l’Etat.
V. LA DISCIPLINE ET LA SECURITE DES ETABLISSEMENTS PENITENTIAIRES.
A. LA DISCIPLINE.
* Les détenus doivent obéissance aux agents et fonctionnaires de la prison.
* Chaque établissement dispose d’un règlement du service intérieur.
* Le décret 69 – 189 prévoit :
- les soins médicaux, les visites, correspondances et colis,
- l’assistance spirituelle (religion), l’assistance morale et éducative, le service social,
- l’assistance à la libération.

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B. LA SECURITE.
* La sécurité intérieure incombe à l’administration pénitentiaire.
* En cas de troubles, le régisseur peut faire appel à la force publique.
* Le personnel pénitentiaire ne peut utiliser la force qu’en cas de légitime défense, de tentative
d’évasion ou de rébellion.
* Le port d’armes par les gardiens ne peut être autorisé qu’à l’intérieur de la prison ou
exceptionnellement, pour surveiller un détenu à l’extérieur.
C. LES INCIDENTS.
Tout incident grave touchant à l’ordre, à la discipline ou à la sécurité doit être porté à la
connaissance du Procureur de la république ou du Juge de section et du Préfet ou Sous-préfet.
Pour l’évasion, le régisseur avise directement la Gendarmerie ou la Police.

NOTES PERSONNELLES
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