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Croire

SOMMAIRE

1. Dé�nitions de « croire »

2. Étymologie de « croire »

3. Phonétique de « croire »

4. Évolution historique de l’usage du mot « croire »

5. Citations contenant le mot « croire »

6. Traductions du mot « croire »

7. Synonymes de « croire »

8. Antonymes de « croire »

Définitions de « croire »
Trésor de la Langue Française informatisé
CROIRE, verbe trans.
I.− Emploi trans. dir.
A.− Croire + compl.
1. [Le compl. est un subst.]
a) [Le subst. désigne une pers.]
− Croire qqn. Attacher une valeur de vérité, ajouter foi à ce que dit une
personne; tenir quelqu'un pour sincère, pour véridique; estimer vraies ses
paroles.

“ Si nous devions croire Jean-Jacques (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 161):

“ 1. Alors, Pauline (...) lui raconta que le caissier [manchot] appuyait l'instrument [le
cor] contre un mur; et il la crut parfaitement, en trouvant ça très ingénieux. Zola, Au
Bonheur des dames,1883, p. 523.

♦ Je vous/te crois; j'te crois (fam.). Je considère que ce que vous dites/tu dis est
vrai.

“ Bernard Grandin répondit avec un accent badin de conviction sincère : − Je te crois


qu'elle est belle! (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Inutile beauté, 1890, p. 1155).

♦ Croyez-moi, crois-moi. Pour con�rmer ce que l'on dit et inviter l'interlocuteur à


se ranger à son avis.

“ Et croyez-moi, ne louez pas tant les femmes d'ici car elles ne vous louent guère
(Anouilh, Répét.,1950, II, p. 52).

− Croire + subst. + attribut du compl. : croire qqn + qualité. Prêter à quelqu'un


une qualité.

“ J'ai fait ce que j'ai pu pour qu'il me croie une garce, et, même, pour être, pour de
bon, méchante (Audiberti, Mal court,1947, III, p. 180).

“ Pauvre Simon, qu'elle avait cru poète! (Druon, Gdes fam.,t. 1, 1948, p. 182).

b) [Le subst. désigne une chose] Croire qqc. Le tenir pour véritable.

“ J'ai de la peine à croire cela (Ac.1835, 1878).

“ Dieu vous l'avait donnée, Dieu vous l'a reprise (...). − Je n'aurais jamais cru ça de lui
(A. France, P. Nozière,1899, p. 148).

− Faire croire qqc. à qqn. Persuader quelqu'un d'une chose (gén. inexacte ou
fausse).

“ Qui a pu vous faire croire une pareille sottise? (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2,
1846, p. 89).

“ On peut leur [aux intelligences médiocres] faire croire des choses di�érentes
(Mounier, Traité caract.,1946, p. 621).

− Expressions
♦ Croire quelque chose comme l'Évangile/comme parole d'Évangile/comme article
de foi. Croire quelque chose très fermement comme étant très sûr.
♦ Croire tout comme article de foi. Être très crédule.

Rem. Attesté ds Ac. 1835-1932 ainsi que ds Besch. 1845, Littré, Guérin 1892.

♦ Croyez cela et buvez de l'eau/ croyez cela et tenez-vous les pieds chauds. Ceci
est absurde et vous ne pouvez le croire sans violer les lois de la raison et du sens
commun.

Rem. Attesté ds Lar. 19e-20eainsi que ds Besch. 1845, Littré et Rob. pour la
1reexpression.

♦ J'aime mieux le croire que d'y aller voir. En parlant de quelque chose dont on
doute mais que l'on préfère croire plutôt que de le véri�er.

Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. dont Ac. 1835, 1878, ainsi
que ds Lar. 20eet Quillet 1965.

♦ Si vous ne le croyez pas, allez y voir. En parlant à quelqu'un qui doute de ce


qu'on lui a�rme.

Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. dont Ac. 1835, 1878, ainsi
que ds Lar. 20e.

− Croire + subst. + attribut du compl. Être persuadé de, que.

“ Lénine croyait cette tendance inévitable (Camus, Homme rév.,1951, p. 286).


c) En croire (en explétif). Croire sur un sujet déterminé.
− En croire qqn. Ajouter foi à ce que dit quelqu'un à propos d'une question et en
raison de la personne; s'en rapporter à quelqu'un.

“ Ce quelque chose, à en croire Valéry, serait essentiellement humain (Schae�er,


Rech. mus. concr.,1952, p. 159).

“ Ces monstres qu'éveille, si l'on en croit Goya, le sommeil de la raison (Huyghe,


Dialog. avec visible,1955, p. 332):

“ 2. Son origine [de la cathédrale de Tolède] se perd dans la nuit des temps, et, s'il
faut en croire les auteurs indigènes, elle remonterait jusqu'à l'apôtre Santiago... Gautier,
Tra los montes,Voyage en Espagne, 1843, p. 146.

♦ Croyez-m'en, si vous m'en croyez. Pour inviter quelqu'un à se ranger à un avis.

“ Si vous m'en croyez, mon enfant, vous n'en ferez rien (Audiberti, Mal court,1947, I,
p. 145).

♦ À l'en croire. Locution exprimant le doute; si l'on s'en rapporte à.


− En croire qqc. S'en rapporter à quelque chose.

“ Lucky, son hibou, son dernier compagnon, si je dois en croire les journaux
(Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 188).

“ Si j'en crois l'histoire (Claudel, Raviss. Scapin,1952, p. 1342).

♦ Ne pas en croire ses yeux/ses oreilles. Ne pas se �er à ce qu'ont vu les yeux, ou
entendu les oreilles, tant c'est étonnant et di�cile à croire.

“ Il obtint son e�et de surprise. Nous avions peine à en croire nos oreilles, et il nous
fallut une bonne minute pour réaliser cette extravagante aubaine (Ambrière, Gdes
vac.,1946, p. 283).

− En partic., emploi pronom. S'en croire. Avoir une haute opinion de soi-même,
de son mérite, de sa valeur. S'en croire beaucoup.

“ C'est un caractère di�cile : elle s'en croit. Il y a sa mère aussi, qui se pousse du col
(Sartre, Mort ds âme,1949, p. 78).

“ Elle est �ère. Je dirais même qu'elle s'en croit un peu (Aymé, Cléramb.,1950, IV, 7, p.
226).
2. [Le compl. est une prop.]
a) Croire + prop. complétive : croire que. Penser que, sans certitude absolue;
considérer comme probable :

“ 3. − Je crois que vous deviendrez aveugle, dit Ricarda. − Je le sais, dit Pujolhac. Vous
dites « je crois », moi, je dis « je suis sûr ». Abellio, Heureux les paci�ques,1946, p. 212.

Rem. Selon la règle commune aux verbes déclaratifs, lorsque croire est
a�rmatif, on admet la certitude, la possibilité de ce qui va suivre et le verbe
de la sub. est à l'ind. (cf. supra ex. 3); lorsque croire est négatif ou interr., on
considère le fait comme douteux, même impossible, et le verbe de la sub. est
au subj., à l'ind. fut. ou au cond. Vous croyez qu'elle accepterait? demanda-t-il
(Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 143). (cf. également infra ex. 4).

− Faire croire que.

“ Une maladresse de Chloé lui fait croire que Caracalla soupçonne la vérité (Vailland,
Drôle de jeu,1945, p. 217).

“ Elle voudrait me faire croire qu'elle est pucelle (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 150).

− Expressions
♦ Croire que c'est arrivé. Prendre quelque chose au sérieux; s'imaginer que tout
se déroulera selon les prévisions faites.

“ Il a la drôle de tête de l'homme qui croit que c'est arrivé mais qui ne sait pas au
juste comment ça va se terminer (Prévert, Paroles,1946, p. 147).

♦ Ne croyez pas. Précaution oratoire employée pour introduire une phrase et


l'atténuer :

“ 4. L'insulte est la monnaie courante, quelques très grands metteurs en scène vont
jusqu'à la gi�e. Et ne croyez pas que cela soit gratuit. Cela se sent toujours, après,
quand on écoute la pièce, si le maître a été vraiment viril. Anouilh, La Répétition,1950,
II, p. 50.

“ Ne croyez-vous pas que? Pour atténuer une question. Ne croyez-vous pas que
Monsieur l'a terrorisée en entrant? (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 3etabl., 10, p. 1639).
♦ Il faut croire que. Il est vraisemblable que.

“ Il faut croire que la tunique allemande leur seyait peu, puisqu'ils furent soupçonnés
(Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 236).

b) Croire + inf.
− Croire + inf. + compl. Avoir l'impression ou admettre que quelque chose est
certain.

“ Werbrust et Gigonnet ont cru me faire une farce (...) je vais bien rire ce soir à leurs
dépens (Balzac, Gobseck,1830, p. 410).

“ Je crois voir, la nuit, sous les meubles, un chat qui me regarde (A. France, Hist.
comique,1903, p. 2).

− Croire + inf. + inf. (pouvoir ou un autre verbe).Avec valeur d'auxiliaire et


constituant une manière d'atténuer une a�rmation.

“ Je crois devoir vous dire très simplement que je souhaite pour la France et pour
vous, mon Général, que vous sachiez et puissiez échapper au désastre (De Gaulle, Mém.
guerre,1954, p. 269):

“ 5. ... je n'étais pas seule à être exaspérée par cette habitude qu'a prise Robert de
toujours dire qu'il a « cru devoir faire » tout ce que, simplement, il a fait parce qu'il en
avait envie, ou bien, plus souvent encore, parce qu'il lui paraissait opportun d'agir ainsi.
Ces derniers temps, il perfectionne; il dit : « J'ai cru de mon devoir de... » comme s'il
n'agissait plus que mû par de hautes considérations morales. Gide, L'École des
femmes,1929, p. 1280.

3. [Le compl. est un adj.] Croire + adj. + de + inf.Croire nécessaire de, croire
utile de. Juger, estimer le bien-fondé d'une action, d'un acte, exprimé par
l'in�nitif.

“ Pour plus de sûreté, elle avait cru bon de quitter Annecy (Guéhenno, Jean-
Jacques,1948, p. 67).

B.− Absolument
1. Accepter des vérités certaines comme vérité par adhésion de l'esprit, mais
également par acte de volonté.

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