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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE LA
RECHERCHE SCIENTIQUE
(M.E.S.R.S)
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UNIVERSITE DE PARAKOU (UP)
****************
FACULTE DES LETTRES ARTS ET SCIENCES HUMAINES (FLASH)
****************
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE –ANTHROPOLOGIE (DSA)
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OPTION : ASSISTANT DE RECHERCHE (AR)
****************
Sous la supervision du :
Réalisé par :
Dr. Raoul FOUSSENI
Zoul-Kifilou NANSOUNON
Chercheur-associé
Et
94268253
Dr. Clarisse TAMA IMOROU
61837433
Enseignante-chercheure Maître-Assistant des
universités du CAMES
Soutenu le / 07 / 12 / 2019
Sommaire
Dédicace ..................................................................................................................................... ii
Résumé ...................................................................................................................................... vi
Abstract ..................................................................................................................................... vi
Introduction ............................................................................................................................ 1
Conclusion ................................................................................................................................ 51
Annexes ................................................................................................................................ 57
i
Dédicace
A
- ma mère Rabiatou ADJOU-MOUMOUNI qui a fait de son mieux pour nous élever et
éduquer mes frères et moi.
- mon oncle Chabi Kinissi NANSOUNON et sa femme qui ont fait ce qui est de leur
pouvoir pour m’aider durant mon cursus scolaire. Ce travail est le témoignage de ma
reconnaissance pour vos multiples soutiens.
ii
Remerciement
Ce mémoire n’aurait probablement jamais été achevé sans le soutien de nombreuses
personnes.
Je tiens tout d’abord à exprimer ma reconnaissance à mes encadreurs le Dr. Raoul FOUSSENI
et le Dr. Clarisse TAMA qui, au-delà d’avoir accepté de m’encadrer, m’ont guidé, dirigé et
encouragé. La qualité de leurs enseignements et la pertinence de leurs observations, leurs
promptitudes et surtout leurs rigueurs méthodologiques ont permis d’améliorer la qualité de ce
modeste mémoire.
- mon oncle Chabi Kinissi NANSOUNON qui m’a soutenu et a participé également à
l’amélioration de la qualité de ce travail et ;
- sa femme Julienne Pelewa AMINTI qui a été une mère pour moi et qui a veillé sur moi
jusqu’ici ;
- tous les enseignants de la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (FLASH) de
l’Université de Parakou (UP) et particulièrement ceux du Département de Sociologie et
Anthropologie (DS- A), qui durant ces trois années ne se sont pas contentés de nous former,
mais aussi nous ont éduqué ;
- monsieur SABI MASSO O. Barigui, Maire de la Commune de Kérou ; monsieur Idrissou
GARBA, Secrétaire Général de la mairie de Kérou ; à mon maître de stage monsieur Karim
KONKORO S., Chef Service du Développement Locale et de la Planification, à monsieur
Koura I. Mohamed et à tout le personnel de la mairie de Kérou, qui m’ont facilité l’accès à
d’importantes informations ;
- monsieur Zakari ISSIFOU mon tuteur à Kérou, et à madame SABI SIKA Edwige ;
- tous mes amis de la 6ème promotion du (DS-A) et particulièrement les membres de notre
groupe de travail ‘’sujet sur table’’ pour leur solidarité ;
- tous mes frères et sœurs sans exception et ;
- mes amies et amis Cheribate GUEDEHOUNGUE, N’ko Barbara BAGRI, Lydivine
KOROGONE et Almoufid ZIKA;
- madame Lauriane A. D. SALIFOU BIO pour son apport dans l’amélioration de ce travail ;
- à tous ceux qui de près comme de loin ont contribués à la réussite de ce travail.
iii
Liste des sigles, acronymes et abréviations
Cf : Confère
UP : Université de Parakou
CC : conseil communal
Pr : Président (e)
iv
Liste des tableaux et figures
v
Résumé
La présente étude porte sur les « mécanismes d’implication des femmes au processus
d’élaboration du PDC3 dans la commune de Kérou ». Dans certaines communes du Bénin, les
Plans de Développement Communaux (PDC) ont souvent un caractère non inclusif. Les
femmes sont souvent sous représentées dans les instances de décision et par la même occasion
participent donc faiblement à l’élaboration des plans de développement communaux. Ainsi
cette recherche a pour but de comprendre les mécanismes qui expliquent la faible implication
des femmes à l’élaboration du PDC3 et au processus du développement dans la commune de
Kérou. L’approche méthodologique utilisé est qualitative c'est-à-dire la recherche documentaire
et les enquêtes de terrain à travers des techniques d’entretien, et d’observation. La technique
d’échantillonnage à choix raisonné et la technique de boule de neige ont été combinées pour la
collecte des données. A l’issue de l’analyse des données on retient que, pour respecter les textes
sur la décentralisation et la gouvernance locale participative, les acteurs communaux utilisent,
les mécanismes formels et informels pour impliqués les acteurs dans le processus d’élaboration
du PDC3. Les principaux acteurs impliqués sont entre autres les fonctionnaires, les PTF, les
services déconcentrés de l’Etat, le conseil communal, les représentants des organisations locales
de producteurs, des groupe d’intérêts et les confessions religieuses. Aussi il faut souligner que
pour le compte d’élaboration du PDC3 dans la commune de Kérou, 80.10% des participants
sont des hommes contre 19.90% de femmes.
Mots clés : mécanisme, acteur social, participation, genre, femmes et PDC.
Abstract
This study examines "mechanisms for involving women in the process of developing PDC3 in
the commune of Kerou." In some municipalities in Benin, The Community Development Plans
(CDPs) are often non-inclusive. Women are often under-represented in decision-making bodies
and at the same time play a weak part in the development of communal development plans.
Thus, this research aims to understand the mechanisms that explain the low involvement of
women in the development of PDC3 and the development process in the commune of Kerou.
The methodological approach used is qualitative, i.e. documentary research and field
investigations through maintenance and observation techniques. The reasoned sampling
technique and snowball technique were combined for data collection. At the end of the analysis
of the data it is remembered that, in order to respect the texts on decentralisation and
participatory local governance, the communal actors use, formal and informal mechanisms to
involve the actors in the process Development of the PDC3. The main actors involved include
civil servants, TFPs, decentralized state services, the local council, representatives of local
producer organisations, interest groups and religious denominations. It should also be noted
that on behalf of the development of the PDC3 in the commune of Kérou, 80.10% of the
participants are men compared to 19.90% of women.
Keywords: mechanism, social actor, participation, gender, women and PDC.
.
vi
INTRODUCTION
Pour pallier cette situation des populations en générale et des femmes en particulier, au
Bénin, il fut adopté à travers la conférence nationale de février 1990, le choix de la création des
collectivités locales décentralisées. L’objectif étant de promouvoir la démocratie à la base, la
bonne gouvernance et le développement durable. Cette décision a été consacrée par la
constitution du 11 décembre 1990 qui en ses articles 150-153 a posé le principe de la libre
administration des collectivités territoriales. De même, la loi N°97-029 du 15 janvier
1999portant organisation des Communes en République du Bénin, dispose en son article 84 que
«la commune élabore et adopte son plan de développement. Elle veille à son exécution en
harmonie avec les orientations nationales en vue d’assurer les meilleures conditions de vie à
l’ensemble de la population ». Cette loi montre l’importance de la population dans la réussite
d’un projet de développement.
Malgré ces dispositions, on note, que la représentativité féminine dans les
gouvernements du Bénin de 1960 à nos jours est en moyenne de 12,64% pour cinquante-trois
1
représentations en cinquante-six années d’indépendance. (Bouba, 2016). Selon Catherine,
l’Afrique subsaharienne compte en moyenne 16,8% de femmes en chambre unique ou basse
(parlement), ce taux étant légèrement plus bas que la moyenne mondiale qui est 17,0%. Ces
taux sont beaucoup plus élevés qu’au Bénin actuellement 7,2% d’autant plus que par rapport
aux pays de l’Afrique de l’Ouest, le Bénin se situe relativement loin derrière le Sénégal, le
Niger, le Burkina-Faso et le Mali où l’on retrouve respectueusement un taux de participation
féminine à l’Assemblée Nationale de 19,2%, 12,4%, 11,7% et 10,2%. (Catherine, 2007, p. 2).
Comment expliquer cette situation ? Faut-il y voir l’expression de différences
biologiques entre les sexes, ou au contraire le signe d’une contrainte sociale et
organisationnelle ?
Pour certains auteurs ce faible taux de participation des femmes aux instances de décisions peut
être lié aux différentes tensions existant entre les classes sociales ou les classes de sexe autour
de plusieurs enjeux dans la société ; à la faiblesse d’ordre juridique ; à l’accès inégale
d’éducation entre les hommes et les femmes ; aux facteurs socioculturels et institutionnels de
certains pays etc. Dans ces conditions, il est clair que les droits de la femme sont loin d’être
une réalité, et cela doit interpeller la conscience collective dans la mesure où la protection et
l’affirmation des droits des femmes constituent un facteur de développement durable. Ainsi
cette étude que nous menons est intitulée : « Analyse socio-anthropologique des mécanismes
d’implication des femmes au processus d’élaboration du PDC3 dans la commune de
Kérou ».
La présente recherche est articulée autour de deux parties organisées chacune en deux
chapitres: la première partie portant sur le cadres théoriques, pratiques et méthodologiques de
la recherche, comprend spécifiquement : la problématique, la clarification conceptuelle, la
revue de littérature, la justification, le cadre géographique de l’étude, la démarche
méthodologique, le modèle d’analyse, et les difficultés rencontrées. La deuxième partie
consacrée à la présentation des résultats, analyses et interprétation, discussion et vérification
des hypothèses décrit le profil sociologique des acteurs et les mécanismes d’implication des
acteurs dans l'élaboration et la mise en œuvre du PDC3 à Kérou.
2
3
CHAPITRE:1 CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
1.1. Problématique
Le développement d’un pays ou d’une commune nécessite la participation de tous les
acteurs locaux de la communauté sans distinction de sexe. Dans le monde et en Afrique, le
poids démographique des femmes est considérable. La population féminine est partout
supérieure à la population masculine. Par exemple en République du Bénin, selon le rapport
(d’INSAE-RGPH4, 2013), les femmes représentent plus de 51,2% de la population totale.
Malgré cela elles sont souvent sous représentées dans presque tous les domaines de prise de
décisions dans la vie politique. Et pendant longtemps, la place qu’elles occupent se trouve au
foyer. Pour remédier à cette situation des femmes dans le monde, les conventions, conférences
et accords, ont adopté des dispositions en faveur de l’élimination des discriminations faites à la
gente féminine. On peut, entre autres, citer :
Au niveau international, la charte des Nations Unies, adoptée à San Francisco en juin
19451. Ladite charte en instituant le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes, donne
le droit aux femmes de voter et d’être élues. (A. Diane, 2014, p. 20-24). Cette charte a permis
aux organisations non gouvernementales de femmes et mouvements féministes de l’époque
d’être émancipés, car la notion d’égalité des droits des hommes et des femmes était désormais
inscrite en toutes lettres dans le droit international afin que le droit des femmes ne disparaisse
pas derrière celui des hommes. Nous avons aussi la première conférence mondiale sur la femme
à Mexico en 1975. Elle est axée sur l’égalité de la femme et de l’homme, le développement et
la paix. Cette conférence a montré l’importance du rôle des femmes dans la promotion de la
paix et de développement. Nous avons, en outre, la charte Africaine des Droits de l’Homme et
des Peuples adoptée en 1981 par l’union Africaine (ex-organisation de l’Unité Africaine) et
ratifiée par le Bénin le 20 janvier 1986. A cela, on peut ajouter la conférence des Nations Unies
sur l’environnement et le développement tenue 1995, au cours de laquelle la femme fut
reconnue comme victimes des inégalités.
1
Nation Unies Droit de l’homme : les droits des femmes sont des droits de l’homme, New York et Genève,
2014, page 3-13.
-Cinquième anniversaire de la déclaration universelle des Droits de l’homme ,1948-1998 : Droit des
femmes : Recueil de textes normatifs internationaux préparé par Janusz Symonides et Vladimir Volodine,
UNESCO 1998.
-Extrait de l’ouvrage : La convention pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes sous la
dir. de Diane Romain, édition A. Pedone, 2014, page 20-24.
4
Au niveau national, depuis son indépendance le 1er août 1960, le Bénin, hier Dahomey,
a adopté dix textes et lois constitutionnels2. Mais seule la loi fondamentale de 1977 et la
constitution de 1990 mettent l’accent sur la femme. En effet, c’est l’article 124 de la loi
fondamentale de 26 août 1977 qui, pour la première fois, indique clairement l’égalité entre les
hommes et les femmes sur les plans politique, économique et social. En outre, La loi n°2002-
07 du 24 août 2004 portant code des personnes et de la famille stipule que, je cite « toute
personne humaine, sans distinction aucune notamment de race, de couleur, de sexe, de religion,
de langue notamment de race, de couleur, de sexe, de religion, de langue d’opinion politique
ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute
autre situation est sujet de droit, de sa naissance à son décès, le droit à la vie, à l’intégrité
physique et morale, est reconnu à l’enfant dès sa conception sous réserve des cas exceptés par
la loi ».
2
Constitution de la République du Bénin : charte africaine des Droits de l’homme et des peuples page 43-
62.
5
ensuite les Amériques (27,7 %), suivies de l’Europe sauf les pays nordiques (24,3 %), de
l’Afrique subsaharienne (23,1 %), de l’Asie (19,2 %), des États arabes (18 %) et des États du
Pacifique (13,5 %). (Erin, 2016, p.1).
D’ailleurs, en Afrique, dans le domaine de la participation aux projets de
développements, à l’occasion de l’Assemblée Général de l’ONU consacrée au genre, le comité
de liaison des ONG (composé de 700 membres) a conduit une enquête d’où il ressort qu’il n’y
a que 11% de femmes dans les services et projets des ONG, contre 89% d’hommes. (Jacquet,
cité par Kebe, 2003). Le rapport de la Banque Mondiale cité par (le réseau Ouest Africaine de
la Documentation d’Information et de la Communication, Cité par Kebe, 2003) indique qu’en
matière de taux de représentativité des genres dans les projets de développement dans certains
pays d’Afrique, qu’au Maroc, on compte 79% d’hommes contre 21% de femmes ; en Ethiopie
63% des hommes sont pris en compte dans les projets et ONG contre 37% de femmes. Au
Bénin, la représentativité féminine dans les gouvernements de 1960 à nos jours est en moyenne
de 12,64% pour cinquante-trois représentations en cinquante-six années d’indépendance.
(Bouba, 2016). Cela pose un problème d’ordre sociale du moment où les la population en
générale et les femmes en particulier représentent les bénéficiaires des actions contenues dans
les plans de développement national et communal. Par exemple, le dernier Recensement
Général de la Population et de l’Habitat (RGPH 4) de 2013, révèle que la Commune de Kérou
compte une population de 100.197 habitants dont 49.963 hommes et 50.234 femmes soit 49,86
% d’hommes contre 50,14% de femmes. (INSAE- RGPH4, 2013). Mais force est de constater
que dans le cadre de l’élaboration du PDC3 à Kérou, le Comité de pilotage comporte en son
sein uniquement deux femmes dont une seulement a participé de bout en bout et de manière
active à tous les ateliers. (PDC3 Kérou, 2018-2022, p. 67).
Cela, voudrait dire que la concertation des acteurs sur les modalités d’élaboration du
plan de développement communal n’est pas équitable ni inclusive de toutes les forces vives de
Kérou. Et par conséquent ralentit le développement de la commune dans la mesure où le respect
des critères du genre dans les PDC, la protection et l’affirmation des droits des populations et
des femmes en particulier constituent un facteur de développement durable défendu par
plusieurs lois et textes au plan communal et national.
L’élaboration du PDC est un processus participatif de la base au sommet incluant toutes les
couches sociales (hommes et femmes) dans l’expression des besoins et des attentes en vue de
leur prise en compte dans la programmation des actions (…), de même, le genre ne se réfère ni
à la femme, ni à l’homme en soi, ni au sexe. C’est une construction sociale qui renvoie à des
6
rapports sociaux, souvent inégaux, existant entre les hommes et les femmes et ceci, dans tous
les domaines (éducation, santé, accès aux ressources, participations aux instances de
décisions…) et à tous les niveaux (individuel, familial, communautaire, national et
international). (F. Akimabera, C. Alagbé & J. Gendrin-Guinebault, 2011, p. 6).
A partir de ce moment, il est constaté que les femmes participent faiblement au processus de
développement en tant qu’actrices et bénéficiaires et que leurs rapports de pouvoir avec les
hommes sont inégaux. Or l’intégration du genre dans un PDC vise à promouvoir l’égalité des
chances et des droits entre les hommes et les femmes dans la participation à la conception, à la
mise en œuvre et à l’évaluation des PDC et à leur faire bénéficier de façon équitable des fruits
découlant du développement. Mais force est de constater que dans nos communes les
mécanismes ou stratégies que font recours les acteurs municipaux pour impliquer les
populations au processus d’élaboration des PDC exclu une partie de celle-ci, qui refuse parfois
d’exploiter certaines infrastructures réalisées par la commune pour des raisons qu’elle n’a pas
été impliquée du début jusqu'à la fin aux prises de décisions de la conception de ces
infrastructures. Il se pose un problème de faible implication ou de faible participation des
acteurs dans le processus d’élaboration des PDC du aux caractères non englobant des
mécanismes implicatifs. De ce fait, il nous revient de poser la question suivante: quels sont les
mécanismes d’implication des femmes à élaboration des PDC à Kérou ?
1.2. Les objectifs et hypothèses de recherche
1.2.1. Les objectifs de recherche se distinguent à deux niveaux.
Objectif général : en se basant sur le cas précis de la commune de Kérou, cette recherche vise,
de façon globale, à comprendre les mécanismes socio-politiques qui expliquent la faible
implication des femmes à l’élaboration du PDC3 et au processus du développement à Kérou.
Les objectifs spécifiques
De façons spécifiques il est question de :
1 : Identifier le profil sociologique des acteurs clés, en général, et des femmes, en particulier,
qui participent au processus d’élaboration du PDC3 à Kérou.
2 : Décrire les mécanismes d’implication des femmes au processus d’élaboration du PDC3.
3 : Apprécier le niveau de satisfaction des femmes et d’autres acteurs par rapport aux projets et
programmes du PDC3.
1.2.2. Hypothèses de recherche
Elles se présentent comme suit:
7
Hypothèse 1 : le statut socioéconomique et le capital politique des acteurs déterminent leur
implication au processus d’élaboration du PDC3.
Hypothèse 2 : les mécanismes d’implication des femmes au processus d’élaboration du PDC3
à Kérou sont à la fois formels et informels.
Hypothèse 3 : les besoins et préoccupations des acteurs et des femmes en particulier sont en
harmonie avec les programmes et projets du PDC3.
1.3. Clarification conceptuelle
Le caractère polysémique des concepts et des mots est susceptible de créer des confusions
et malentendus entre chercheurs en sciences sociales. C'est pourquoi Durkheim disait déjà que
« toute investigation scientifique porte sur un groupe déterminé de phénomènes qui répondent
à une même définition ». « La première démarche du sociologue doit donc être de définir les
choses dont il traite, afin que l’on sache et qu’il sache bien de quoi il est question. C’est la
première et la plus indispensable de toute preuve et toute vérification. » (Durkheim, 1894, p.
32). En tenant compte de cette assertion, la clarification conceptuelle apparait comme une
commodité dans le processus de la recherche sociologique. A cet effet les concepts
suivent : « mécanismes socio-politiques », « acteur social », « participation », « genre » et
« femme » seront élucidés.
Mécanismes
Un mécanisme est un assemblage de pièces mécaniques dont certaines peuvent se déplacer
par rapport aux autres dans le but de coordonner les actions et les interactions entre les
différentes pièces. (Google.fr,3 13/10/19). Dans la présente étude on attend par mécanismes
socio-politiques, l’ensemble des dispositifs et moyens de communication établis dans la
commune de Kérou dans le but d’impliquer d’une manière ou d’une autre les populations et les
femmes au processus d’élaboration des PDC. C’est en quelque sorte les différents processus et
étapes qu’adoptent les acteurs communaux pour aller vers la population ou pour faire venir la
population à eux dans le but de les faire participer ou non au processus d’élaboration des PDC.
Acteur social
Le concept d'acteur a reçu de si nombreuses définitions qu'il faut, pour en saisir toute la
portée, le situer dans les définitions que proposent plusieurs disciplines. L'exercice ne va pas
sans péril puisque les controverses abondent sur la frêle épistémologie qui tente de cerner les
paradigmes et les visions du monde se succédant au rythme des bouleversements sociaux. En
Droit à juste titre, un acteur a nécessairement une identité juridique, c’est une personne
3
Www. Google. Fr : définition de mécanisme
8
physique, ou une personnalité morale au sens de la Loi. Un acteur a donc nécessairement la
particularité d'être justiciable. Par contre en sciences sociales et plus précisément en sociologie,
selon (Crozier et Friedberg, 1977, p. 11), l'acteur n'existe pas au-dehors du système qui définit
la liberté qui est sienne et la rationalité qu'il peut utiliser dans son action. Mais le système
n'existe que par l'acteur qui seul peut le porter et lui donner vie, et qui seul peut le changer.
L'acteur n'a que rarement des objectifs clairs et cohérents, en fait, il en change, il les adapte en
fonction de ses résultats. Il a toujours une certaine activité, même dans la passivité : son
comportement a toujours un sens, ayant un aspect offensif (améliorer sa situation) et défensif
(maintenir sa marge de liberté). Mais la stratégie n'est pas toujours consciente. Cette définition
de Crozier et de Friedberg, montre clairement l’importance de l’acteur dans un système. Par
ailleurs, seule la définition de J. Cornet (1994), prend en compte ce que c’est un « acteur
social ». Selon, cet auteur, un acteur social est une personne ou groupe de personne qui mène
une action « altruiste », non pas au sens moral du terme, mais dans le sens où cette action est
orientée, de manière intentionnelle, vers un but qui affecte « les autres », qui affecte « la société
», ou au moins une part de celle-ci, comme une communauté locale par exemple. Un acteur
social poursuit donc un but « social », de manière intentionnelle. Cette action orientée vers un
but, considéré comme un « mieux » par rapport à un « moins bien » initial suppose donc une
situation génératrice relativement insatisfaisante. Aussi bien le caractère insatisfaisant de la
situation initiale que le caractère plus satisfaisant du but de l’action sont évalués en fonction
des normes et des valeurs de l’acteur social. Un acteur social ne peut pas poursuivre par son
action ses seuls intérêts personnels. Son action doit dépasser ses seuls intérêts personnels. Une
action sociale peut évidemment défendre des intérêts, mais il s’agit alors d’intérêts collectifs,
d’un ensemble social, d’une catégorie sociale (travailleurs, entrepreneurs, femmes, enfants, …)
ou d’une communauté locale.
Pour J. Cornet (1994), l’acteur social exerce nécessairement sa citoyenneté, au sens où
il veut agir au nom du Bien, dans et sur la Cité. On est dans une logique intentionnelle,
citoyenne, qui suppose aussi une rationalité. Cette rationalité s’exprime tant dans l’analyse de
la situation initiale que dans la définition du but recherché, mais plus encore dans la stratégie
utilisée, dans le type d’action menée, pour poursuivre ce but. Un acteur social est donc un acteur
conscient, citoyen, volontaire, rationnel, stratégique. En ce sens, on peut donc dire qu’il n’y
aurait pas de démocratie participative sans acteurs sociaux, que l’acteur social est même
constitutif d’une démocratie participative. La conception d’acteur social dans la présente étude
va dans le même sens que la définition de J. Cornet.
9
Participation
Selon le Petit Robert (1995), Participation vient du latin "Participatio" qui voudrait dire
« action de participer à quelque chose ». « La participation, c'est donner aux communautés à la
base la possibilité de décider elles- mêmes de leur développement, et ne plus les considérer
comme des exécutrices des politiques de développement conçues au niveau national. Il faut une
évolution des pouvoirs de décision vers les communautés de bases » (Franco, cité par
N’Kaloulou, 1984, p. 25). Cette définition est beaucoup plus proche de celle qui est proposée
par les textes et lois portant sur la décentralisation en parlant de la participation des citoyens à
la gestion des affaires publiques locales.
Elle est plus détaillée dans la définition que propose (Soumaré, cité par Baldé, 2001, p. 21).
Pour lui, le terme participer veut alors dire prendre part et suppose que l'on est élément dans un
processus où les éléments sont complémentaires. Pour prendre part, participer, il est essentiel
d'avoir conscience de l'objectif visé, de l'importance de cet objectif, et du rôle exact qui lui est
assigné. En outre, il faut avoir la conscience que la non-participation remettra en cause l'objectif
visé. Il faut dire qu’ici la seule chose qui est nouveau est le mot objectif, mais très important
car avant de participer ou non à une action il faut connaitre le but de cette dernière afin de lui
donner un sens concret et précis.
A l’opposé des deux premières définitions qui sont dans une dimension universelle ; en se
mettant dans une dimension transversale, Soumaré, (cité par Baldé, 2001, p.8) distingue cinq
types de participations et cinq degrés et formes de participations aux projets de développement
local participatif :
1. La participation de fait, qui tire son origine de la tradition (groupe d'âge, de métier, groupe
familial, de religion, etc.). Cette participation est non volontaire, elle est de fait. Elle renforce
les traditions ;
2. La participation volontaire ou consciente est une création du groupe par les participants eux-
mêmes et sans recours à des animateurs extérieurs. Dans ce cas, le groupe se donne lui-même
son organisation (syndicat, coopérative, partis politiques, etc.). Cette participation est
volontaire, elle satisfait des besoins nouveaux ;
3. La participation spontanée est une création du groupe par les participants eux- mêmes. Ce
type de participation se fait à l'intérieur de groupe fluide, fluctuant et sans Organisation. Les
membres sont entièrement des volontaires et aucun ne possède de fonction sociale apparente ;
10
4. La participation provoquée résulte d'une création du groupe par des animateurs extérieurs
dans le cadre des projets communautaires. Ce type de participation est provoqué et suscité. Les
membres adoptent des comportements jugés désirables ;
5. La participation imposée découle de la création du groupe par des animateurs ou des autorités.
Habituellement, les membres eux-mêmes s'imposent des normes impératives de comportement.
Cette participation est obligatoire et celle-ci est indispensable au fonctionnement du groupe.
La participation est dite provocatrice lorsque les projets s'implantent sans l'avis et la
participation des membres de la communauté, et provoquent des réactions négatives dans la
population. Il s'ensuit des tensions et des conflits. N'ayant reçu aucune observation sur les
objectifs du projet, les populations y voient une menace pour leur propre sécurité.
Dans la présente étude, la participation peut être définie comme la contribution des femmes en
particulier et de la population en générale à la construction de réponses aux besoins et aux
préoccupations de la collectivité et ou des différents groupes qui la composent. Comme une
occasion pour les femmes de donner leur avis, de faire connaître leurs conditions de vie, de
témoigner de leur expérience. C’est un outil d'amélioration de la gestion locale par l'information
et la sensibilisation des habitants, par la connaissance du contexte local, la mobilisation des
forces vives locales et l'adhésion des populations et des femmes à l'action publique.
Genre
Le concept de genre est la traduction de l'anglo-saxon "GENDER". Il a été introduit dès
le début des années 1970 dans le but d'établir une différence avec le concept sexe. Le sexe est
référé au déterminisme biologique des hommes et des femmes : c'est un fait de nature, un
caractère inné qui n'est pas susceptible au changement. Le genre met l'accent sur le caractère
social des distinctions fondées sur le sexe : c'est un fait de culture, un caractère acquis qui est
donc susceptible de changement. Le concept de genre peut être considéré comme un outil
analytique qui permet de prendre en compte à la fois les rôles, les responsabilités et les chances
des femmes et les hommes dans une société donnée, en intégrant leurs différences, leurs
complémentarités, leurs synergies et parfois leurs conflits. (Coche, cité par Kebe, 2003).
L'expression « Genre et développement » selon (Coche, 1995, p. 7) découle, à l'instar de la
formulation de « intégration des femmes au développement » d'une traduction de la langue
Anglaise. Cette approche a été inaugurée au début des années soixante-dix par Aokley dans son
ouvrage : « Gender and society » (1972), et appartient au courant politique que l'on qualifie de
« féminisme socialiste ». Toutefois, bien ce concept ait été défini il y a presque trente ans, son
utilisation et son expansion dans le domaine du développement sont relativement récentes.
11
Le terme « Gender » est utilisé afin établir une distinction avec le sens impliqué dans le concept
sexe désignant les différences entre hommes et femmes au point de vue biologique, physique
chromosomique, etc. (Coche, cité par Kebe, 2003).
Le concept « gender » désigne les différences masculin/féminin du point de vue social,
c'est à dire en soulignant la variation de statut et de rôle qu'il peut exister entre hommes et
femmes dans une société donnée. Le genre selon le (Coche, Cité par Kebe, 2003), est un concept
social. Le Genre, ou plutôt l'expression relation de genre, désigne des caractéristiques
déterminées par la société dont découlent des caractères propres, des activités et des normes.
Ce sont des caractères définis par les institutions et cadres sociaux, culturels politiques et
économiques. Des relations de genre découlent des valeurs, des attitudes, des pratiques et des
comportements. Il s'agit d'une construction sociale, culturelle, historique et psychologique
déterminant les relations hommes- femmes à l'intérieur d'un système social donné, définissant
ainsi le rôle et le statut de chacun dans les différents domaines de la vie familiale et domestique,
villageoise et sociale, économique, politique, religieuse. (Coche, cité par Kebe, 2003).
Contrairement au sexe, l'expression relation de genre implique la variabilité de ces caractères,
attitudes et comportements d'une société à l'autre, d'une époque à une autre. Les relations de
genre sont comme l'affirme (Bisilliat, cité par Coche, 1995, p.21), essentiellement dynamique,
qui renvoie aux catégories sociales et non aux catégories sexuelles.
L'approche genre permet de prendre en compte non seulement les rôles spécifiques des femmes,
mais aussi la corrélation de leurs rôles avec ceux des hommes, les rôles spécifiques des hommes
en soi et leurs corrélations avec ceux des femmes. Elle permet d'intégrer la dynamique sociale
qui existe entre eux : l'information au sujet des femmes implique aussi l'information au sujet
des hommes, et vice et versa. (Coche, cité par Kebe, 2003).
Selon UNESCO (2006), Le « genre » (issu de l’anglais gender) est un concept
sociologique, utilisé dans une acception différente de la grammaire. Il se traduit en français par
: « rapports sociaux des sexes » ou encore « rapports socialement et culturellement construits
entre femmes et hommes ». Lorsqu’on parle de genre, on parle du sexe social, construit
socialement par la socialisation, et qui induit certains comportements ou certaines attitudes. Le
genre est une notion qui fait référence à une construction politique et sociale de la différence
des sexes. Il est interactif et transversal, il opère dans toutes les sphères de la société. Autrement
dit, le genre renvoie à la classification sociale et culturelle entre masculin et féminin. Le concept
genre sous-entend que le rapport entre femmes et hommes est construit par l’ensemble du
processus de socialisation. Pour reprendre Simone de Beauvoir « on ne naît pas femme, on le
12
devient, de même on ne naît pas homme », mais on le devient par l’ensemble du processus de
socialisation familiale, scolaire, professionnelle. Le genre permet d’analyser les choses en
mettant en évidence que les rapports entre femmes et hommes sont des rapports sociaux, ils
sont le fruit d’une construction sociale, ils ne sont pas « naturels ». Ainsi, les différences
systématiques entre femmes et hommes ne sont-elles pas le produit d’un déterminisme
biologique, mais bien d’une construction sociale.
Le genre renvoie aux catégories sociales (féminin et masculin) et non aux catégories
sexuelles (hommes et femmes). Les relations de genre sont dynamiques et non pas fixes, elles
sont variables et peuvent se transformer, évoluer, s’inscrire dans le changement social. Mais le
terme de genre se réfère aux différences sociales et aux relations sociales entre les hommes et
les femmes. Celles-ci sont apprises et varient considérablement d’une société, d’une culture et
d’une époque à l’autre. En résumé, Le sexe renvoie à la distinction biologique entre mâles et
femelles, tandis que le « genre » renvoie à la distinction culturelle entre les rôles sociaux, les
attributs psychologiques et les identités des hommes et des femmes. Le premier est une donnée
invariante, le second est contingent et peut être modifié par l’action politique. Le “genre” se
réfère aux rôles et responsabilités des femmes et des hommes que construit la société au sein
d’une culture ou dans un espace donné. Ces rôles subissent l’influence des perceptions et
attentes découlant de facteurs culturels, politiques, écologiques, économiques, sociaux et
religieux, ainsi que des coutumes, des lois, de la classe sociale, de l’ethnie et de préjugés
individuels ou institutionnels. Les attitudes et les comportements des genres sont appris et
peuvent être modifiés. Notre étude s’inscrit dans le même sens.
Femmes
Selon le petit Robert (1995), le mot « femme dérive du latin "Fémina" qui voudrait dire que
la femme est un être humain appartenant au sexe féminin qui peut, lorsqu'un ovule est fécondé,
porter l'enfant jusqu'à sa naissance ». Les sexes sont déterminés à la naissance par des
caractéristiques anatomiques et physiologiques. L'homme est du sexe masculin (il est le mâle)
et la femme est du sexe féminin (elle est la femelle). La femme est plus petite, plus fine, moins
forte et résistante que l'homme. Sa voix est plus douce, ses gestes plus gracieux et empreints de
moins de brusquerie que ceux de l'homme. La femme, de par sa situation phénoménologique,
c'est-à-dire dépendant de sa nature, de sa psychologie et de son caractère propre, est différente
de l'homme. Elle est plus douce, patiente, maligne et résignée. Elle a plus souvent que l'homme,
le sens du devoir et des responsabilités. La femme a donc une existence qui lui est propre et qui
dépend de sa nature. (Sindjoun, cité par Kebe, 2003). L'antiquité considère la femme comme
13
un être différent de l'homme. Elle est inférieure et doit s'occuper du foyer, des champs et autres
activités non rémunérées. Les hommes quant à eux sont propres aux travaux relatifs à la gestion
de la cité. (Rousseau, cité par Kebe 2003). La femme est le moteur de la cellule familiale, elle
joue le triple rôle d'agent économique, d'épouse et de mère. Son travail dans la sphère
économique est indispensable à la survie de la famille. Traditionnellement, la femme à un rôle
fixe et limité : elle trouve son épanouissement dans la maternité qui en fait d’elle à la fois le
symbole et la gardienne du foyer. Dans le cadre de cette étude, la femme serait pour nous un
acteur social qui participe au processus du développement à travers ses diverses activités dans
un intérêt commun.
1.4. Revue de littérature
On ne saurait lister de manière exhaustive les multiples aspects d’une part et les différentes
disciplines engagées autour de la réflexion sur ce phénomène d’autre part. Néanmoins, après
nos lectures, on a pu au total ressortir trois types d’auteurs qui ont investi des études dans le
domaine de la participation citoyenne. Il s’agit de ceux qui ont parlé des mécanismes et moyens
qui assurent une participation citoyenne inclusive, ceux qui ont établi des mécanismes de
mesure du niveau de participation citoyenne, et en fin, ceux-là qui ont énuméré par des études
empiriques des raisons et causes de la faible insertion et participation des femmes dans les
processus décisionnels.
Ainsi, (Wiedemann et Gafsi, 2014), à l’image de mécanismes socio-politique, ont identifié trois
mécanismes indispensables pour la réussite d’une participation citoyenne inclusive. Il s’agit
entre autre de « l’information, la consultation et concertation, et enfin la codécision ». Selon
ces auteurs, ces trois outils sont nécessaires dans la mesure où, « l’information » pour eux est
un pilier fondamental de la démocratie et de toutes formes de participation citoyenne. Accéder
aux informations permet de construire un lien et un rapport de confiance entre les collectivités
locales et les citoyens. Sur cette base, les citoyens peuvent se construire une opinion concernant
les enjeux politiques de leur commune et participer aux débats. Quant à la « consultation et la
concertation », le premier permet d’associer les citoyens et les acteurs locaux à la définition
d’un projet territorial collectif et à la gestion des affaires locales. Elle se limite à informer un
14
public cible et à demander l’avis des citoyens et des acteurs concernés. La consultation peut
être utilisée pour valider ou invalider une proposition de la commune ; par contre, la
concertation inclut les citoyens et les acteurs locaux de façon plus directe et active dans les
processus de décision et d’élaboration d’un projet. Et enfin la codécision, lui permet de ressortir
les différends (conflits) entre intervenants, la prise en compte des intérêts en jeu, la définition
de solutions avantageuses pour tous et la fixation collective de critères d’évaluation des progrès
accomplis dans la réalisation des objectifs fixés d’un commun accord. On peut retenir que ces
trois outils sont un modèle qui peut vraiment faciliter l’implication des populations à la gestion
de l’affaire publique. En dehors de ces deux auteurs, il y a aussi Grand Lyon qui a développé
des idées allant dans le même sens. Comme pour donner suite aux travaux de (Wiedemann et
Gafsi, 2014) ; Zumbo-Lebrument (2017), dans son document : « les dispositifs de marketing
territorial comme vecteur de participation : une approche Arnsteinienne d’une marque de
territoire », identifie un dispositif participatif basé sur l’échelle d’Arnstein (1969) trois niveaux
de participation qui permettent d’évaluer le niveau d’implication des populations aux prises de
décisions: « Non-participation », « Coopération symbolique », « Pouvoir effectif des
citoyens ». Ces niveaux sont les plus important de la participation selon l’auteur dans la mesure
où les citoyens peuvent négocier, décider et possèdent tout le pouvoir sur la conception, la
réalisation et le financement d’une action. En dehors de Zumbo-Lebrument, d’autres auteurs
ont conçues d’autres échelles de mesure de la participation. Il s’agit de Rowe et Frewer (2000,
2004, 2005) ; Schlossberg et Shuford (2005) ; Fung (2006) et Amelot (2013) etc.
Parmi les auteurs ayant effectués des études empiriques sur le même thématique, nous pouvons
citer Pfefferkorn (2007), dans son ouvrage, « Inégalité et rapports sociaux », qui soutient que
« tout rapport social est par nature, source à la fois de cohésion et de conflits. Il unit (ou lie) les
sujets sociaux qu’il médiatise, il constitue un des éléments à partir desquels se constitue
l’architecture de la société globale », ainsi pour cet auteur les classes sociales ou les classes de
sexe sont en tension permanente autour de plusieurs enjeux dans la société. De notre point de
vue dans son développement, en résumé l’une des idées que l’auteur développe est liée au
patriarcat. Pour lui, depuis fort longtemps, d’une manière générale dans les sociétés, les rapports
sociaux ou les rapports de sexe sont conçu de façon patriarcat, c'est-à-dire de façon que le
pouvoir revient aux hommes et leur permet ainsi de dominer les femmes dans toutes les
circonstances. Les rapports sociaux, les rapports de classe ou de sexe peuvent être donc les
premières source ou contraintes qui agissent d’une manière ou d’une autre sur la participation
des femmes au développement. Pfefferkorn n’est pas le seul à partager cet avis. Marx, fait partir
15
des précurseurs soutenant cette tendance. Aujourd’hui, au 21ème siècle il n’est plus question
d’admettre que les rapports de domination entre hommes et femmes demeurent identiques au
passé, quand bien même que ce dernier existe toujours. Plusieurs choses ont changé. Les
femmes ne sont plus vues dans toutes les circonstances comme inférieures aux hommes. Grâce
aux luttes féministes et plusieurs chartes, les femmes ne sont plus comme des choses réservées
pour le foyer, mais plutôt comme des partenaires de travail et de développement. Par ailleurs
d’autres auteurs sans contredire Marx et Pfefferkorn trouvent d’autre explication à cette
situation des femmes dans nos sociétés.
Ils s’agissent de Kakai (2010), dans son document, « Analyse par genre de la participation et
de la sous-représentativité des femmes au sein des instances décisionnelles et décentralisées au
Bénin », où il abord l’aspect politique, et sociale de la participation citoyenne. Kakai, en faisant
une étude de cas sur le département Zou du Bénin, il identifie les facteurs qui expliquent la sous
représentativité des femmes au sein des instances décisionnelles. Selon lui ces facteurs peuvent
être liés à la faiblesse d’ordre juridique. Le statut juridique de la femme au Bénin a été
longtemps régi par les normes coutumières contenues dans le ‘’Coutumier du Dahomey’’ de
1931 et le droit civil de 1804. Selon cet auteur le coutumier du Dahomey n’est pas favorable à
l’émancipation des femmes, car des discours populaires, on peut entendre les propos « ‘’la
politique n’est pas l’affaire des femmes’’, ‘’il revient aux hommes de prendre les décisions et
nous exécutons » (Kakai, 2010, p. 11). Mais il faut dire que cette façon de voir les choses a déjà
évolué depuis l’adoption de la loi N°97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des
communes en République du Bénin. Cette loi montre bien l’importance de la participation
citoyenne et constitue une occasion pour les femmes et certaines couches sociales vulnérables
de participer et de prendre des décisions en exprimant leur point de vues au même titre que les
autres. Aussi dans les dispositions prises par la charte4 nationale sur la gouvernance locale et la
décentralisation, une place importante est réservé aux femmes et aux personnes vulnérables
dans l’organisation des projets et programmes de développement locale ;
Accès inégal à l’éducation. Pour lui ici la sous-représentation des femmes dans les instances
décisionnelles pourrait être liée au niveau d’instruction des femmes qui souvent partout
inférieure à celui des hommes.
4
Selon l’article 4 ce cette charte, « la discrimination, fondée sur quelque critère que ce soit, est à
combattre. Pour ce faire, les autorités locales s’engagent à réduire les inégalités entre les femmes et les
hommes en ce qui concerne l’accès aux ressources et aux avantages du développement local.
16
Obstacles liés aux schèmes mentaux et à l’ordre du symbolique. Pour Kakai, les orientations
sociales des attributs du genre traduisent également cette situation des femmes parce que selon
l’auteur, l’homme est désigné en fon par les expressions " sunu ", "sunuglégbénu ", " assuka "
; en bariba par " tonduro ". Ces appellations renvoient au caractère physique de l’homme et
traduisent sa puissance, sa virilité et même son idée de domination ; la femme est désignée par
"gnonnu" en fon ; "tonkuro" en bariba. L’être féminin renvoie à l’idée de faiblesse, de
soumission ce qui insinue la méfiance dans les rapports homme/femme.
Duverger (1955), a effectué le même travail sur les mêmes aspects, mais à un niveau plus élevé.
(Ses études se sont déroulées sur quatre pays) Pour cet auteur, ce sont les facteurs socioculturels
et institutionnels qui expliquent la faible insertion des femmes dans le système politique. En
utilisant les techniques du sondage, il démontre comment les facteurs socioculturels et
institutionnels (la culture, la gouvernance et la bureaucratie) d’un pays limitent la participation
des femmes à la vie politique.
Plus tard Simard (1984), reprend les mêmes études que Duverger (1955), sur les mêmes aspects,
mais dans une démarche comparative. A la limite de Kakai (2010), qui a soulevé les facteurs
qui expliquent la faible représentation des femmes dans les instances de décision, elle autre
relève non seulement les facteurs explicatifs de cette situation mais aussi les niveaux où les
femmes sont moins représentées. Pour elle, les femmes sont sous représentées dans les
institutions parlementaires ; dans le processus décisionnel. Et que l’un des obstacles est le mode
de scrutin, facteur technique important du système, et le système politico-administratif car elle
affirmait dans son document : «Je continue d'affirmer que d'une part la règle du candidat unique
par parti et du député unique par comté la base même du scrutin uninominal contribue
directement à favoriser le candidat sur la candidate et que d'autre part le scrutin d'équipe, sans
garantir l'augmentation des candidats élues, la facilite en levant l'hypothèque de l'obligatoire
choix entre un homme et une femme ».( Simard, 1984, p.31-32).
De façon générale, ces auteurs ont abordé le volet social et politique de la participation, et ont
ressorti concrètement les outils, et facteurs qui expliquent la faible participation des femmes
aux prises de décisions au niveau local, national, et international. Mais ils n’ont pas évoqué
comment est prise en compte la participation de cette minorité de femmes dans les différents
projets et programmes de développement, et aussi, la catégorie des femmes qui tendent souvent
à participer au processus d’élaboration des plans de développement communaux.
17
Dans la présente étude il s’agira de ressortir dans une démarche d’interaction (compréhensive)
d’une part, les mécanismes ou stratégies comme l’ont fait (Wiedemann et Gafsi, 2014) par
lesquels les femmes participent aux processus d’élaboration du PDC3 à Kérou, afin de déduire
la nature et l’efficacité de celle-ci, et d’autre part voir si le contenu des projets et programmes
du PDC3 à Kérou reflète les différents besoins et préoccupations des femmes dans sa globalité.
Chaque sujet de recherche scientifique a un motif précis, et selon M. Beaud (2006), « il n’y a
pas de thème de recherche bon ou mauvais dans l’absolu, vous jugerez qu’ils sont bons ou
mauvais par rapport à plusieurs critères » l’un de ces critères c’est les raisons qui nous ont
poussé à choisir ce sujet de recherche.
18
CHAPITRE 2: CADRE DE L’ETUDE ET DEMARCHE METHODOLOGIQUE
2.1. Cadre de l’étude
Comprise entre 10° 15’ et 11°09’ de latitude Nord et 1°43’ et 2°17’ de longitude Est, la
Commune couvre une superficie totale de 3781Km² et compte quatre (04) arrondissements que
sont : Kérou, Brignamaro, Kaobagou et Firou ; quarante-trois (43) villages et quartiers de ville.
La Commune reçoit du côté ouest, une portion de la partie terminale de la chaîne de l’Atacora.
La grande partie de la Commune est située dans une pénéplaine qui s’étire dans la ligne de
partage des eaux entre les bassins du Niger au Nord et celui de l’Atlantique au Sud.
19
Figure 1: découpage administratif de Kérou
20
Tableau 1 : Répartition en 2013 de la population par sexe et par arrondissement
Sur le plan historique, le premier habitant de Kpably est un Gourmantché, installé près
d’une colline vers l’Ouest. Il s’appelait Gbably. Il a été rejoint par deux bariba (OrouYéré et sa
Sœur Gnon Yako) venus de Wenou Kpaglinou. Gnon Yako se marie à Gbably. WorouYéré
après le mariage de Yako et Gbably est venu s’installer à wenou (actuel Kérou Wiroubansou)
avec les fils de Gnon Yako auprès de son grand frère qui auparavant, s’était installé à Gbeboro
(Karigourou). Ils se sont partagé la chefferie par la suite. Ils étaient des chasseurs. Le grand
frère est devenu chef de terre et OrouYéré chef des chasseurs (Danmassounon). Il eût après ces
premiers chefs, trois chefferies par la suite. Ce sont : le chef de guerre, le chef de terre, et le
chef des chasseurs. Quand OrouYéré a quitté Wenou (Kérou Wiroubansou), il s’est installé au
21
sud de la rivière qui traverse la ville de Kérou, d’où la création de Kpably qui, plus tard, est
devenue Kéroussou (domaine des raphias) qu’on appellera par la suite Kérou. Kérou serait la
résultante de la cohabitation de trois dynasties à savoir : la dynastie des Bariba dénommée
"Sounon-boké", celle des Wassangari, dénommée "Faroumosso" et la dynastie des
Gourmantché dénommée "Yankpangou". La dynastie des Gourmantchés fut la première à
s’installer dans l’actuel quartier "karigourou" de Kérou-centre vers 1700. Elle fut rejointe après
par les Bariba venus de Wénousson et qui s’installèrent dans l’actuel quartier "Sinagourou" de
Kérou centre. Plus tard, ces deux dynasties furent rejointes par celle des Wassangari
"Faroumosso" venue de Nikki et qui s’installa d’abord à Kongourou puis à Yakrigorou.
Quelques années après leur arrivée, les Wassangari imposèrent leur hégémonie à toute la région
suite à de violents combats où ils réussissent à repousser les Gourmantchés vers l’autre côté de
la montagne de l’actuel Firou. Ainsi, naquit le royaume de Kérou. Le nom "Kérou" singulier
du nom Batonu « Kéroussou » signifie « les feuilles de raphias ». L’actuelle localité qui porte
le nom Kérou est la seule région où existait le raphia, composée principalement de Bariba,
Gourmantché, de Dendi et de Peulh. (PDC3 Kérou 2018-2022, p. 25)
Le sociologue se trouve souvent au cours d’une recherche soit dans une démarche
explicative, visant à établir les facteurs et les variables qui conditionnent un phénomène social,
ou bien dans une démarche compréhensive centrée sur la mise au jour des significations que les
acteurs confèrent à leurs pratiques. (Campenhoudt, Chaumont et Franssen, 2005, p. 17). Ainsi,
la présente étude est de type compréhensif et descriptif à la fois ; elle est basée sur l’approche
qualitative, c'est-à-dire la combinaison des techniques comme l’entretien, l’observation et la
recherche documentaire. La nature des données collectées est majoritairement qualitative. C’est
la raison pour laquelle nous jugeons utile l’approche (qualitative) pour la présente étude.
Recherche documentaire
22
(participation, genre et équité, gouvernance locale et décentralisation, PDC et ceux de culture
générale etc.)
Bibliothèque
départementale du Ouvrages généraux Informations concernant le sujet de
Borgou d’ordre sociologique. recherche ; culture générale
Et le
Centre CAEB
L’entretien est une situation de communication orale, l’un est l’enquêteur et l’autre
l’enquêté (plus rarement un groupe). Cette technique a servi à collecter des informations auprès
des membres du comité de pilotage sur les mécanismes de participation des femmes au
processus, les différentes étapes du processus d’élaboration du PDC3 à Kérou, sur l’étape où
l’implication de la population notamment des femmes est indispensable au processus. Au
niveau des femmes et groupement de femmes, elle a permis de collecter des informations sur
leurs besoins et préoccupations, et sur leurs profils sociologiques. (Pour le profil sociologique,
il s’agit des femmes ayant participées à analyse diagnostique du processus d’élaboration du
PDC3 à Kérou). Au niveau des autorités et élus locaux elle nous a permis d’avoir la perception
23
de ces derniers sur la participation des femmes au processus, et également d’appréhender leurs
états de connaissances sur les besoins et préoccupations des femmes de la commune. Cette
collecte de données a été possible grâce à un guide d’entretien qui est outil adéquat de cette
recherche.
Observation
L’observation est le point de départ de toute recherche dit-on, elle permet de recueillir des
informations sur les comportements non-verbaux des sujets. Elle permet d’appréhender une
réalité vécue, plutôt que d’en obtenir un écho éventuellement déformé à travers des
représentations que les gens s’en forgent. Dans la présente étude nous avons fait usage de
l’observation directe pour recueillir des informations relatives aux interactions qui existent
entre des acteurs ; sur les points forts et faibles de la commune, aux différentes activités menées
par les femmes de la commune de Kérou. La grille d’observation a servi d’outil pour le recueil
des données.
Cette étude a pour cible les élus locaux et techniciens de la mairie, les femmes ayant
participé au processus d’élaboration du PDC3, les producteurs agricoles ayant participé au
processus d’élaboration du PDC3, les femmes leaders, les femmes ménagères et les services
déconcentrés de l’Etat. On s’est entretenu avec ces différentes catégories d’acteurs par la
technique d’échantillonnage à choix raisonné combinée à la méthode de boule de neige qui
permet à la fin de chaque entretien, d’être orienté vers une autre personne ressource. Cependant,
l’indisponibilité et l’absence de certains acteurs n’a pas permis d’atteindre les prévisions. Cela
explique pourquoi certaines catégories d’acteurs ne sont pas représentatives dans la présente
étude. Ainsi, au départ, nous avons commencé les entretiens avec vingt-cinq (25) femmes et
vingt-deux (22) hommes qui ont pris part au processus d’élaboration du PDC3. Mais avec le
temps l’échantillon s’est agrandit. Ainsi, au total, on a réalisé 90 entretiens. La collecte des
données auprès des enquêtés a été possible grâce à la technique d’enquête par entretien, la
recherche documentaire et les techniques d’observations. Nous avons choisi ces techniques
parce qu’elles conviennent à de petit échantillon, et à des enquêtes rapides. Il est important de
notifier que les entretiens ont été arrêtés dès que nous avons atteint le seuil de saturation c'est-
à-dire lorsque les enquêtés ont commencé par tenir les mêmes propos. Le tableau ci-dessous
indique le nombre exact d’entretien réalisé par catégorie d’acteur.
24
Tableau 3: Répartition de l’échantillon selon les cibles au terme de la recherche
Femmes leaders 5
Femmes ménagères 20
Services déconcentrés de l’Etat 3
Total 90
Source : enquête de terrain, juin 2019
Comme modèle d’analyse pour cette étude se rapportant aux acteurs de la commune de
Kérou, nous avons opté pour la théorie de l’acteur et le système de Crozier M. et Friedberg E.
(1977). Selon ces auteurs, pour comprendre les dynamiques, le plus déterminant n’est pas le
système formel (organigramme, Circuits officiels de communication,) mais les acteurs (groupes
d’acteurs) qui chacun, ont leurs enjeux, leurs objectifs qu’ils visent ; Les acteurs sont
intelligents. Cela signifie que les dysfonctionnements ne sont pas le fruit de l’irrationalité des
acteurs mais au contraire, de leur rationalité. En effet le PDC, avec le contexte de
décentralisation, fait appel à un certain nombre d’acteur. Ces derniers travaillent dans une forme
d’organisation sociale régie par des normes, des pratiques, et des interactions, formant ainsi ce
que Crozier et Friedberg nomment « le système ». "L'acteur n'existe pas au-dehors du système
qui définit la liberté qui est sienne et la rationalité qu'il peut utiliser dans son action. Mais le
système n'existe que par l'acteur qui seul peut le porter et lui donner vie, et qui seul peut le
changer" (Crozier et Friedberg, 1977 p.11). L'action collective, organisée, est un construit
social. Les effets pervers ou inattendus sont dus au décalage voire l'opposition qu'il y a entre
les intuitions des acteurs et l'effet d'ensemble de leurs comportements dans le temps. L'effet du
système peut être que les résultats de l'action collective sont contraires aux volontés des acteurs.
Dans cette dynamique, l’analyse des incertitudes qui génèrent quelques fois le recours à des
25
normes pratique5 peut permettre de comprendre le comportement des acteurs et ses enjeux pour
l’atteinte des objectifs de la commune.
Difficultés rencontrées
La réalisation et les recherches empiriques de ce mémoire nous ont permis de nous rendre
compte qu’aucune étape de la recherche n’est sans contrainte ou difficulté. Nous ne citons ici
que celles qui nous ont plus marqué. Il s’agit de :
Pour contourner ces difficultés, nous avons dû traduire ces documents sur Google translate,
continué la recherche dans les centres de documentations qualifiés, demandé l’aide des
personnes ressources et enfin nous avons négocié à plusieurs reprises au près des enquêtés afin
de pouvoir les interviewer.
5
Les comportements réels ne sont pas simplement des déviances par rapport aux normes officielles, ils relèvent
en fait d’autres normes, non dites, que l’on appellera normes pratiques. Autrement dit, les comportements, dont
on constate qu’ils ne suivent pas les normes officielles, ne sont pas simplement erratiques, non conformes,
aléatoires, ils sont réglés par d’autres normes de fait, qu’il convient de découvrir » (Olivier de Sardan, 2001
p.67).
26
27
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DES RESULTATS
1.1. Les principaux acteurs et leurs rôles dans le processus d’élaboration du PDC3 à
Kérou.
1.1.1. De l’exploitation des documents de premières mains, tels que les guide d’élaboration du
PDC 2017, l’organigramme de la mairie et les registres de présence pour le compte de la mise
en œuvre du PDC3 à Kérou, il ressort que :
28
Acteurs clés Rôles
29
Acteurs clés Rôles
Les partenaires techniques et financiers • Mettent à la disposition des experts toutes les
informations susceptibles d’être exploitées dans
• (Les consultants)
le cadre de la mission ;
• Préfecture
• S’assurent de la prise en compte des différents
• ONG
appuis qu’ils comptent apporter à la commune
• L’Etat dans les documents ;
Les femmes, les producteurs et la population en générale, font partie des acteurs de la dernière
catégorie du tableau.
30
Tableau 5: Répartition des enquêtés ayant participé au processus du PDC3 selon
l’arrondissement et niveau communal
Kaobagou 33 10 43
Brignamaro 65 11 76
1.1.2. Présentation des profils sociologiques des femmes et hommes qui participent à
l’élaboration du PDC3
Parmi les acteurs touchés par l’enquête proprement dite, du côté des femmes celles qui
ont participé au processus, on a enregistré sur 40, quinze (15) qui sont lettrées contre quatorze
(14) sur 22 du côté des hommes ; vingt-cinq (25) sur 40 des femmes sont majoritairement non
lettrées contre huit (8) sur 22 du côté des hommes. Parmi ces femmes, sept (7) sont mariées et
ont pour profession la coiffure / ménage ; six (6) sont mariées et ont pour profession présidente
31
d’association paysanne / trésorière. Deux (2) sont mariées et ont pour profession présidente des
affaires privées / présidente des personnes handicapées. Il est important de notifier que vingt-
cinq (25) sur 40 des femmes sont majoritairement mariées et pratiquent le maraichage, (elles
sont issues des associations des femmes maraichères de Kérou). Par contre du côté des
hommes, on note, trois (3) qui sont mariés et dont, un (1) occupe le poste de chef service de
développement local et de la coopération décentralisée ; un (1) est le chef service des affaires
financières et enfin un (1) occupant le statut du maire. Sept (7) autres sont aussi mariés dont
quatre (4) sont chefs d’arrondissements, un (1) est chef médecin de la commune, et deux (2)
sont des forces de l’ordre (la police républicaines). Enfin, douze (12) sont mariés et sont
essentiellement des producteurs agricoles. (Ils sont issus des associations des producteurs de
Kérou).
32
Figure 2: répartition des acteurs selon l’âge: illustration
55-60 4,10%
50-55 2,70%
45-50 4,10%
40-45 17,80%
35-40 23,30%
30-35 32,90%
25-30 8,20%
20-25 6,80%
Il ressort de cette figure que parmi les acteurs ayant participé à l’élaboration du PDC3 à
Kérou, 6.8 % ont entre 20-25 ans, 8.2% ont atteint entre 25-30 ans. Il est important de notifier
que la majorité des acteurs ayant participé au processus ont entre 30-35 avec un taux de 32.9%,
contre 23.3% de acteurs ayant entre 35-40. La catégorie des acteurs ayant entre 45-50, 50-55,
et 55-60 ont respectueusement atteint chacune un taux de 4.1%, 2.7%, et 4.1%.
33
Figure 3: Mécanisme formelle6 d’implication des acteurs au processus
Sensibilisation
(Population)
Il ressort de cette figure que le schéma normal d’implication des acteurs au processus
d’élaboration du PDC3, passe par l’étape d’information / communication grâce au canal
radiophonique, vient ensuite l’étape sensibilisation de la population qui est suivie de l’étape
invitations des acteurs impliqués, ensuite la phase d’analyse diagnostique (c’est un atelier ou
un assemblée générale des principaux acteurs impliqués au niveau arrondissement) qui se
déroule pendant deux jours dans chaque arrondissement ; enfin la phase d’analyse diagnostique
au niveau communal qui fait la synthèse des résultats des ateliers d’arrondissement, synthèse
analysée et validée par les acteurs impliqués au niveau communal au cours d’un atelier qui se
déroule en trois jours.
6
Cette stratégie formelle est basée sur un aspect sélectif des acteurs à impliquer dans le processus
d’élaboration du PDC3 à Kérou. Il s’agit des acteurs clés ci-dessus dans le tableau4
34
Figure 4: stratégies d’information des acteurs au processus
Information à
Appels et messages Information de
travers les crieurs
whatsapp bouche à oreille
publics
Il ressort de la figure 2 que les moyens informels d’implication des acteurs dans le processus
d’élaboration du PDC3 se caractérisent par trois types de communications. Il s’agit de la
communication par appel et message WhatsApp, de la communication par le biais des crieurs
publics, et enfin, la communication de bouche à oreille.
7
Article 30 de la loi 97-029 : Les séances du Conseil Communal sont publiques. Toutefois, le Conseil
Communal délibère à huit clos dans les cas suivants : (i) l’examen des dossiers disciplinaires des élus et (ii)
l’examen des questions liées à la sécurité et au maintien de l’ordre public, sur saisine de l’autorité de
tutelle.
36
1.2.2.1 Autres aspects limitant la participation des femmes au processus
Le troisième aspect est lié d’une part à la faible sensibilisation de la population sur
l’importance de leur participation au processus d’élaboration des PDC ; à la non prise compte
de certains besoins et préoccupations des populations dans le PDC précédant ; à la situation
d’analphabétisme des populations et des femmes ; à l’opposition des emplois du temps de la
mairie et de la population ; au manque de réel collaboration entre les CA et la population, etc.
et, d’autre part, à la culture Kéroise ; à la religion ; la situation matrimoniale des femmes ; et au
manque de postes radios et télévisions dans certains ménages. En effet, dans la plupart des
sociétés béninoise, l’on considère plus les femmes mariées que les femmes célibataires. Une
femme célibataire est vue comme une femme non responsable et cela va de pair avec un
l’homme célibataire. A ces deux personnalités la société ne les implique pas dans toutes affaires
pour des raisons liées à la culture qui dit qu’un homme ou une femme célibataire n’est pas
responsable et par conséquent ne peut prendre la parole devant ce qui sont mariés et
responsables. A partir de cette analyse on peut comprendre pourquoi tous les acteurs impliqués
dans le processus d’élaboration des PDC à Kérou sont mariés.
37
Figure 5: Le processus d’élaboration du PDC3 compte huit (8) étapes
• Analyse documentaire
Analyse diagnostique • Collecte sur le terrain et analyse des données
(1 à 2 mois) • Rédaction du rapport diagnostic
• Restitution et validation
• Rédaction du PDC
Adoption, approbation,
popularisation • Adoption par le Conseil Communal
• Approbation par l’autorité de tutelle
(0,5 à 1 mois)
• Popularisation et médiatisation du plan
38
Suivi • Mise en place du dispositif de suivi
(permanent) • Collecte des données de suivi
Parmi ces huit étapes, le travail d’implication de la population est initié par l’étape
« préparation », mais commence dans la sous-étape « information/sensibilisation ». Ce n’est
qu’à l’étape « analyse diagnostique » plus précisément dans la sous-étape « Collecte sur le
terrain et analyse des données » que les populations et les femmes participent effectivement
au processus. En effet, après l’étape de communication, d’information et d’invitation, toutes les
personnes informées et invitées sont réunies dans les lieux du déroulement dudit atelier dont les
détails sont contenus dans un agenda.
39
13h00- PAUSE DEJEUNER
CSAF
14h30
14h30- Restitution des travaux de groupes
17h00
17h00 Fin de la 1ère journée SDLP
Jour 2 jeudi 23 Mars 2017
Communication 2: Présentation d’une synthèse des ateliers
09h-
diagnostic d’arrondissement Consultant
10h00
Echanges / Débats en plénière / Composition des groupes
TRAVAUX DE GROUPE SUR LES SYNTHESES DU DIAGNOSTIC
Atelier 1 : Groupe de l’Economie, de la finance locale
Atelier 2 : Groupe de l’accès des populations aux services
10h00- Sociocommunautaires et de la nutrition ;
Consultant
12h30 Atelier 3 : Groupe de la Gouvernance, de l’administration locale
et du genre ;
Atelier 4 : Groupe de l’Aménagement, du changement
climatique, de l’Environnement et des ressources naturelles
12h30- PAUSE DEJEUNER
CSAF
13h30
14h30- Restitution et débats
16h30
16h30- Présentation des cartes et débats
17h30
17h30 Fin de la journée SDLP
Jour 3 vendredi 24 Mars 2017
Hiérarchisation/priorisation des forces et faiblesses les plus
08h30-
urgentes de tous secteurs confondus au niveau de la Commune. Consultant
10h30
Travaux en atelier 1, 2, 3, 4.
10h30- Plénière : Restitution des Travaux d’Atelier 1 ; 2 ; 3 ; 4 sur la
Consultant
13h00 Hiérarchisation/priorisation des forces et faiblesses
13h00-
PAUSE DEJEUNER
14h30
14h30- Elaboration de la matrice SWOT de la Commune
16h00 Travaux en atelier sur le SWOT de la Commune
16h00- Restitution en plénière
Consultant
17h00
Présentation des prochains pas dans la démarche d’élaboration
17h00 SDLP
du PDC 3
17h30 Clôture de l’atelier Maire
Source : enquête de terrain 2019
NB : la présentation de l’atelier se fait en langue locale par le maire, les agents de la mairie et
les consultants appuyant la commune dans le processus d’élaboration du PDC de la commune,
si nécessaire il y a des interprètes qui expliquent aux minorités ethniques les informations que
véhicule le message du maire et de ses collaborateurs.
D’après les renseignements de l’agenda ci-dessus la population et les femmes expriment leurs
besoins, préoccupations, avis, doléances, etc. selon le cas à chaque fois et chaque instance où
est marqué dans l’agenda (Echanges, débats et plénières).
1.2.4. Appréciation du niveau de satisfaction des femmes et autres acteurs par rapport
aux programmes et projets du PDC3.
40
Le plan de développement communal de la commune de Kérou, comprend cinq grands
programmes subdivisés chacun en de projets, et des projets à leur tour sont divisés en des
activités. Les cinq grands projets portent essentiellement et respectivement sur : (i) « Promotion
d'une culture de développement institutionnel et organisationnel des organisations de base » ;
(ii) « Programme de développement économique et des infrastructures » ; (iii) « sécurité
alimentaire et nutritionnelle » ; (iv) « Aménagement du territoire, gestion des ressources
forestières et adaptation aux changements climatiques » ; (v) « Développement
sociocommunautaire ».
La manière et la façon dont sont organisés les programmes du PDC3, nous permet de
constater que ces derniers, portent tout d’abord sur l’intérêt général de la population, mais aussi
sur celui des femmes. Ainsi, selon les données recueillies, les besoins des populations et des
femmes en particulier se traduisent par :
41
Tableau 7: répartition des enquêtés selon le degré de satisfaction
satisfait 32 35.55%
Il ressort du tableau ci-dessus que les acteurs ayant répondu être peu satisfaits par le contenu
des programmes du PDC3 ont atteint un taux de 38.88%. Ceux qui sont satisfaits par le contenu
des programmes ont atteint un taux de 35.55% contre 25.55% de ceux qui disent qu’ils ne sont
pas satisfaits.
42
CHAPITRE : 2 : DISCUSSION ET VERIFICATION DES HYPOTHESES
2.1. Restitution des données obtenues et discussion
Après analyse des données, il ressort que les femmes qui tendent plus à participer au
processus d’élaboration des PDC dans la commune de Kérou, sont principalement les
présidentes d’association ou de groupements de femmes, parmi lesquelles on dénombre, des
femmes leaders, des analphabètes, des ménagères , des trésorières, des coiffeuses et des
maraichères ; avec pour activité le maraichage, la coiffure, le commerce et le ménage8 ; mariée
pour la plupart et âgées majoritairement de 30-40 ans, certaines sont lettrées et d’autres sont
non lettrées (analphabètes) pour la majorité. Du côté des hommes, mis à part les agents de la
mairie et les fonctionnaires, ce sont les producteurs agricoles qui prennent plus part aussi au
processus. Ces catégories des hommes et des femmes sont les plus présentes dans le processus
par le fait qu’ils, sont les plus proches de la mairie et des CA). En effet, ces catégories de
femmes et d’hommes appartiennent à l’une des organisations paysannes de bases reconnues par
la mairie et dans les arrondissements de Kérou. Ainsi, en dehors des femmes leaders, seul les
présidents ou présidentes représentant de chaque organisation paysanne, reçoit une invitation
de la part de la mairie. Les autres sont informés par la radio de la commune à travers un
communiqué bien ciblé ou par un proche. Les propos suivants prouvent ce que nous venons de
dire précédemment :
8
Parlant de ménage, il ne s’agit pas seulement des travaux domestiques que font ces femmes chez elles,
mais aussi des travaux champêtres, le commerce des céréales, de la noix de cajou et autres travaux
pouvant leur donner un revenu pour satisfaire leur besoin quotidien.
43
est de 49,8% ; et estime aussi qu’en 2018 la proportion des femmes âgées de 30-44 ans serait
de 13,37% sur un total de 57066 de femmes environ. Cette même enquête révèle que la
proportion des mariés dans le commun est de 51,9% en dessus de la moyenne. Les résultats
obtenus par le présent travail rejoignent ceux obtenus par Kakai (2010) et d’INSAE (2013).
Le second axe de cette étude est de relever les mécanismes de participation des femmes
aux processus d’élaboration du PDC3 dans la commune de Kérou. Ainsi, au terme des analyses,
il ressort que dans le souci du respect des dispositions de la loi N°97-029 du 15 janvier 1999
portant organisation des communes en République du Bénin, à savoir (élaborer et adopter son
plan de développement, veillez à son exécution en harmonie avec les orientations nationales et
assurer les meilleures conditions de vie à l’ensemble de la population) ; le conseil communal
dont l’acteur suprême est le maire et d’autres acteurs emploient deux mécanismes ou stratégies
pour impliquer les femmes en particulier et la population en général dans le processus
d’élaboration du PDC3 à Kérou. Il s’agit des stratégies formelles qui regroupe « information
/communication par la radio ; la sensibilisation de la population ; l’invitation par courriers ; et
enfin la phase analyse diagnostique ». Ce mécanisme est basé sur un aspect sélectif des acteurs
à impliquer dans le processus d’élaboration du PDC3 à Kérou. Il s’agit des acteurs clés ci-
dessus dans le tableau 4. La seconde stratégie qui est informelle regroupe « les appels et
messages WhatsApp ; l’information à travers les crieurs publics ; et l’information de bouche à
oreille ». Cette stratégie informelle n’a pas de garantie et ne motive pas les acteurs comme la
précédente stratégie. En effet, pour atteindre la population, le maire de la commune passe
l’information de la tenue des ateliers d’analyses diagnostiques dans les quatre arrondissements
par des communiqués radiophoniques diffusés matins et soirs dans toutes les langues dans le
but d’atteindre la majorité de la population y compris ceux-là qui sont dans les zones les plus
reculées de la commune. Ensuite le communiqué est adressé aux chefs d’arrondissements qui à
leur tour informe les chefs villages qui, à l’aide des crieurs publics relaient l’information en
direction de la population, et enfin, la population elle-même se mobilise pour informer les
proches. Dans ledit communiqué, il est mentionné vivement l’invitation des femmes, des
groupements de femmes, des associations paysannes et autres à prendre part à cette séance. (Cf.
les photos des dits communiqués en annexe). Les propos suivants de l’un des enquêtés
témoignent les faits cités ci-dessus.
44
Ces mécanismes ou stratégies sont indispensables pour la réussite d’implication des
populations dans le processus décisionnel, dans la mesure où la communication s’avère
importante pour l’administration communale dans la réussite de l’implication des femmes dans
le processus d’élaboration du PDC3 à Kérou, car celles-ci jouent un rôle de relais auprès des
citoyens. Ce mécanisme permet à l’administration communale à travers l’appui des CA, des
Délégués, des crieurs publics et la Radio locale, d’influencer le comportement et les mentalités
des citoyens à travers des actions de communication bien ciblées et permet d’aboutir à des
changements substantiels.
En effet, Les élus municipaux sont choisis par les citoyens pour les représenter au sein
de leur municipalité. Ils sont chargés de prendre des décisions pour le bien-être de la collectivité
et, par ce fait même, ils ont le devoir de communiquer avec leurs concitoyens de façon suivie
pour leur faire connaître les programmes, les politiques, les réalisations, les mesures
administratives prises ainsi que les services qui lui sont offerts. Cela se traduit dans les propos
d’un de nos enquêtés.
« Le maire, tout comme les autres sont les élus du peuple, donc pour ce fait
ils doivent rendre compte à la population de tous ce qui se passe dans la
commune, et aussi ils doivent garder le contact avec ceux-ci » G.I., Kérou,
juin 2019.
Selon, le (Guide réalisé par le Ministère de l’intérieur et de la décentralisation de la
Mauritanie, 2015, p. 9), « La communication est l’action de communiquer, d’établir une relation
avec autrui, de transmettre une information à quelqu’un ; elle peut être définie aussi comme
l’ensemble des techniques permettant la diffusion d’un message auprès d’une audience. Elle est
l’action pour quelqu’un ou pour une organisation d’informer et de promouvoir son activité
auprès du public, d’entretenir son image par tout procédé médiatique. Elle est considérée
comme un système complexe qui prend en compte tout ce qui se passe lorsque des individus
entrent en interaction et fait intervenir à la fois des processus cognitifs, affectifs et inconscients.
Dans cette optique, on considère que les informations transmises sont toujours multiples, que
la transmission d’informations n’est qu’une partie du processus de communication et à
différents niveaux de sens ». Pour nous, la communication dans un processus social pour le
développement est destinée à établir un dialogue véritable et permanent entre les différents
acteurs du développement, à susciter, appuyer et accompagner les initiatives prises par
consensus afin de jeter les bases d’une gestion concertée indispensable à la réussite de l’œuvre
entreprise. Son objectif est de permettre aux populations de mieux maîtriser leur
environnement, notamment l’agriculture, la santé, l’habitat et les autres facteurs dont dépend la
45
qualité de leur vie. L’invitation qui est le fait de proposer à quelqu’un de se réunir en un même
lieu pour participer à quelque chose, est une considération envers la personne invitée. Cette
stratégie adoptée par la commune vient renouer les liens que crée la communication entre les
acteurs de la société. Les résultats obtenus par cette enquête vont dans le même sens.
Par ailleurs, il importe de notifier que, les stratégies d’implication des populations dans le
processus d’élaboration du PDC3, optées par la mairie s’inscrivent dans la logique des jeux de
l’acteur de la théorie de l’acteur stratégique de Crozier et de Friedberg parce que, d’une part
ces stratégies relèvent d’une analyse stratégique qui part de l'acteur pour aller vers le système,
et d’autre part d’une analyse systémique qui part du système pour retrouver l’acteur. Ainsi en
se situant dans ce contexte, l'informel se développe comme une exception plus ou moins
tolérable au formel par rapport à la vie réelle de l'organisation qui se situe dans l'informel. Par
contre le formel est une réponse aux pressions des chantages informels. Tel est le cas des
interactions qui existent entre les acteurs de la commune de Kérou. Autrement dit, les
comportements réels ne sont pas simplement des déviances par rapport aux normes officielles,
ils relèvent en fait d’autres normes, non dites, que l’on appellera normes pratiques. C’est-à-dire
que les comportements dont on constate qu’ils ne suivent pas les normes officielles, ne sont pas
simplement erratiques, non conformes, aléatoires, ils sont réglés par d’autres normes de fait,
qu’il convient de découvrir » (Olivier de Sardan, 2001 p.67).
Pour ce qui concerne la phase « d’analyse diagnostique », c’est le point focal qui réunit la
population ou qui permet aux agents de la mairie d’aller vers ou d’inviter la population et les
femmes à participer au processus d’élaboration du PDC3. Cette phase est très capitale pour la
réussite d’un projet ou programme communautaire. En effet, c’est une démarche qui permet de
faire ce que les communes appellent le « le faire ensemble », elle permet également d’éviter
ce proverbe qui dit « tout ce que vous fait pour nous, sans nous, vous le fait contre nous ». Ainsi
pour les acteurs de la commune de Kérou, on peut définir le concept de « analyse diagnostique »
comme suit :
47
degrés de l’échelle « Manipulation » et « Thérapie » constituent le niveau de « Non-
participation ». Dans les faits, ils procèdent d’une volonté des acteurs publics, au travers de
dispositifs planifiés, d’éduquer et de guérir des citoyens y participant car ils seraient à l’origine
de problèmes sur un territoire donné. L’objectif est alors d’influencer les citoyens dans le sens
des intérêts prédéterminés des pouvoirs publics ; ne visant pas une vraie participation des
citoyens, ce premier niveau relève de la propagande et du marketing politique au travers de
dispositifs qui ne délèguent aucun pouvoir aux citoyens. Le deuxième niveau est articulé en
trois degrés. Il s’agit d’abord d’inscrire les citoyens dans des dispositifs leur permettant d’être
informés, mais sans que la possibilité ne leur soit offerte de s’exprimer en retour sur les
informations diffusées : si ce degré est nécessaire pour initier une approche participative, il
n’est en rien suffisant pour parler authentiquement de participation. Le deuxième degré est la
consultation, mode participatif qui permet d’être entendu en plus d’être informé. Néanmoins,
rien n’assure que les attentes et propositions formulées seront prises en compte par les pouvoirs
publics. Enfin, le troisième degré correspond à ce qu’Arnstein nomme la réassurance, processus
de consultation amélioré où, si les citoyens ont délibérément l’occasion d’exprimer des
suggestions et d’émettre leurs avis, seuls ceux qui ont le pouvoir peuvent juger de la validité et
de la légitimité des propositions. Ces trois degrés constituent la « Coopération symbolique
(Tokenism) ». Si la participation se limite à ces trois degrés, elle « reste avortée, sans
consistance, (…) ».
Effectivement c’est le cas dans la commune de Kérou, car une partie de la population et
des femmes sont sensibilisées, informées et participent au processus d’élaboration du plan de
développement communal ; toutefois, elles n’ont pas le pouvoir de décider ou d’imposer leur
choix sur la réalisation des projets et programmes de développement. Parce que, dans les huit
(8) étapes du processus d’élaboration du PDC3 à Kérou, seul dans la phase d’analyse
diagnostique sont impliquées les populations. Autrement dit, même si la population expose ses
besoins et préoccupations, seuls les acteurs intervenant dans le reste des étapes du processus
d’élaboration du PDC, détiennent le pouvoir de décider de la validité et de la réalisation des
projets soumis par ces derniers. L’ensemble de ces pratiques ou mécanismes, qu’ils soient
formels ou informels au sens de Crozier permettent de maintenir l’équilibre dans le système
d’acteurs.
48
Figure 6 : Échelle de la participation citoyenne d’Arnstein (1969)
Par contre, les programmes cadrent bien avec les besoins et préoccupations des
populations et des femmes ; mais, le degré de satisfaction des acteurs par le contenu des
programmes varie. En mettant notre analyse dans les mêmes perspectives, on peut affirmer que
la catégorie des acteurs qui disent être peut satisfait et non satisfait peut s’interpréter par le fait
que le PDC3 n’a pas encore atteint son mi-parcours. En effet c’est après au moins deux ans et
demi (2.5 ans) que l’on peut effectuer une première évaluation objective du taux de réalisation
du PDC3 et par conséquent du niveau de satisfaction des populations. Cela peut être la première
explication à donner à ces réponses.
Autres choses à retenir dans cette recherche sont les limites de celle-ci, qui sont
notamment celles qu’on reproche aux méthodes qualitatives sur le plan méthodologique, (la
difficulté d’appliquer avec rigueur les techniques d’échantillonnage et des échantillons
représentatives). De plus, il faut dire que cette recherche n’a parcouru qu’une petite portion de
notre problématique portant sur les « Mécanismes socio-politiques et faible participation des
femmes au processus d’élaboration du PDC3 dans la commune de Kérou » pour plusieurs raisons.
La première est que, ce sujet de recherche à un champ d’investigation restreint, et la seconde
porte sur les difficultés rencontrées. Il s’agit de la vétusté et la traduction de certains documents,
49
la monographie de la commune qui date de 2013, l’inexistence de bibliothèque spécialisée dans
le milieu où s’est déroulée l’étude, indisponibilité de certains enquêtés, etc.
50
Conclusion
L’équilibre économique dans la commune de Kérou repose sur une stricte division des
tâches entre les sexes. La couche des femmes et des hommes à chacune sa sphère d’activités
distinctes. Ne pas prendre en compte la participation de l’une revient à mettre en cause les
réalités fondamentales de celle-ci, gage de réponses aux problèmes, besoins et préoccupations
de la société. La participation des femmes au processus d’élaboration du PDC3 à Kérou est
indispensable vue qu’elles occupent plus de la moitié de la population et ont pour activité
principale les dérivés de l’agriculture et du commerce susceptible de générer de revenus ; base
fondamentale sur lesquelles les partenaires au développement se fondent la plupart pour réaliser
des projets communautaires. Les femmes sont donc dans la commune de Kérou de potentielles
actrices qui détiennent les réalités sur les besoins et préoccupations de leur communauté
d’appartenance. Partant de ce point, il faut comprendre que le processus de participation
citoyenne permet d'améliorer la gouvernance au niveau local, au sens notamment où il améliore
la circulation de l'information et où il permet que ceux qui sont directement touchés par les
décisions publiques aient la possibilité de s'exprimer. La participation constitue ainsi un levier
de la citoyenneté. Il demeure néanmoins important que le pouvoir décisionnel continue
d'appartenir aux élus, mais il est aussi impératif que les autorités et la population comprennent
qu’à6 un moment donné, si les individus organisés cherchent via la participation à dépasser,
voire transcender la hiérarchie brute propre à leur organisation, à l'espace dans lequel ils
évoluent, cela ne renverse pas la pyramide, mais plutôt active de meilleurs allers-retours en
termes de fréquence, de quantité, de qualité et d’échange entre le sommet et la base. Dans la
commune de Kérou la participation des populations et des femmes aux processus d’élaboration
des PDC n’est pas un sujet tabou, mais il faut noter qu’elle est encore fragile en termes de
représentativité des groupes prenants. Toutes les couches ne participent pas de façon active au
processus d’élaboration des PDC dans cette commune. Les femmes qui dominent la population
dans cette commune sont majoritairement analphabètes et sont presque toutes issues des
ménages agricoles. Elles sont sources du développement des cultures maraichères dans la
commune mais, elles sont également celles-là qui participent un peu plus au processus
d’élaboration des PDC. Au niveau communal la participation des populations et des femmes en
particulier est très faible malgré les efforts menés par la commune pour une participation
inclusive de toutes les couches sociales. Cela est lié d’abord aux méthodes et moyens de
communication utilisés par la mairie pour impliquer la population et les femmes au processus,
à la faible sensibilisation de la population sur l’importance de leur participation au processus
51
d’élaboration des PDC, à la non prise compte de certains besoins et préoccupations des
populations dans le PDC précédant, à la situation d’analphabétisme des populations et des
femmes, à l’opposition des emplois du temps de la mairie et de la population, au manque de
réel collaboration entre les CA et la population, etc. et, d’autre part, à la culture Kéroise, à la
religion, la situation matrimoniale ; et le manque de postes radios et télévisions dans certains
ménages.
Autres choses à retenir dans cette recherche sont les limites de celle-ci, qui sont
notamment celles qu’on reproche aux méthodes qualitatives sur le plan méthodologique, (la
difficulté d’appliquer avec rigueur les technique d’échantillonnage et des échantillons
représentatives). Ainsi, les résultats que nous avons obtenus après analyse des données,
constituent notre modeste contribution pratique et théorique dans le domaine de la
décentralisation et de la gouvernance locale, de genre et développement rural, qui n’est pas
totalement nouvelle pour la revue de littérature, mais certes l’est dans la commune de Kérou.
Par ailleurs il serait plus intéressant si l’on mène des études empiriques de grande envergure
sur la thématique suivante : « participation des femmes à l’élaboration, à la mise en œuvre et
au suivi-évaluation des politiques publics locales, notamment le plan de développement
communal », pour mieux élucider les problèmes de genre et participation dans la ville de Kérou.
La dernière partie de ce travail consiste à vérifier si nos hypothèses émises sont confirmées ou
infirmées. Ainsi, hypothèse1 qui stipule que le statut socioéconomique et le capital politique
des acteurs déterminent leur implication au processus d’élaboration du PDC3, est vérifiée, parce
que les invitations des acteurs clés pour participer au processus d’élaboration du PDC sont
établies en fonction des organisations de base et du statut socioéconomique de certains acteurs
en particulier. Quant à l’hypothèse2 qui révèle que les mécanismes d’implication des femmes
aux processus d’élaboration du PDC3 à Kérou sont à la fois formels et informels, il importe de
souligner qu’elle s’est avérée, car tout d’abord, l’information passe par des communiqués radio,
des lettres d’invitations et ensuite, elle est relayée par les crieurs public, par WhatsApp et appel
téléphonique et en fin se fait de bouche à oreilles ; d’où l’hypothèse2 est vérifiée. Enfin, pour
l’hypothèse3 qui affirme que les besoins et préoccupations des acteurs et des femmes en
particulier sont en harmonie avec les programmes et projets du PDC3, il faut notifier qu’elle est
nuancée, puisque, les programmes et projets du PDC3 à Kérou ne sont pas apprécier
positivement pas tous. Il est important aussi de retenir que les mécanismes de participation des
populations en général à Kérou sont basés sur deux aspects : le premier est sélectif des acteurs
à impliquer dans le processus d’élaboration du PDC3 et le second n’a pas de garantie et ne
52
motive pas les acteurs comme le premier mécanisme. L’ensemble de ces aspects pour répondre
à notre question de recherche expliquent la faible implication des femmes en particulier et des
populations en général dans processus d’élaboration du PDC3 à Kérou.
53
Références Bibliographiques
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l’action municipale Tunisie », publié par GIZ, 78p ;
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la CRD de Mankoutant en République de Guinée, université de Gamal Abdel Nasser de
Conakry ;
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F, 12p ;
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PDC du département des Collines : stratégie intercommunale, plan d’actions et cadre du
dispositif de suivi, Publication UNGANA 1367, 44 p
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19. L. Catherine, (2007), Femmes et Politique au Bénin: Un défi à relever, mémoire de maitrise
en Science Politique Université du Québec à Montréal, 148p ;
20. Luc Van., Michel, Abraham, (2005), La méthode ‘analyse en groupe : application aux
phénomènes sociaux, Paris, Dunod, 224p ;
22. M. Lambert, (2007), « La participation citoyenne au niveau local: différents moyens et des
idées pour se lancer »10p ;
23. M. Rajaa, Mulayali, et O. Essouissi, (2016), « Absence de la femme dans les postes de
responsabilité, analyse des transformations vitales », 14p ;
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Gestion, 4ème édition, 65p ;
26. M. Duverger, (1955), La participation des femmes à la vie politique, Paris, Unesco, 240p ;
31. Rapport des Nation Unies, (2014), Droit de l’homme : les droits des femmes sont des droits
de l’homme, New York et Genève, 130p ;
32. Rapport du MFPMA, (2012), La place des femmes fonctionnaires aux postes de
responsabilité dans l’administration publique au Maroc », 100p ;
Webographie
https://www.cairn info.fr : représentation des femmes dans les instances de décision (02/02/19)
56
ANNEXES
Guide d’entretien
Bonjour/Bonsoir Monsieur/Madame
Age ……………………………………………………………………………………………...
Fonction………………………………………………………………………………................
Situation matrimoniale………………………………………………………..............................
Quel est votre niveau de satisfaction par rapport aux projets et programmes du PDC3 ? 1- peu
satisfait……2- satisfait………3- non satisfait…………………………………………………
- Nombre de femme
- Nombre d’homme
-Quel est votre niveau de satisfaction par rapport aux projets et programmes du PDC3 ? 1- peu
satisfait……2-satisfait………3-non satisfait…………………………………………………
-Quel est votre niveau de satisfaction par rapport aux projets et programmes du PDC3 ? 1- peu
satisfait……2- satisfait………3- non satisfait…………………………………………………
Mot de fin :
Grille d’observation
Ce à observer
58
Photo1 : prise par NANSOUNON, juin 2019
59
Photo2: prise par NANSOUNON, juin 2019
60
Table des matières
Sommaire………………………………………………………………………………………i
dédicace ...................................................................................................................................... ii
résumé ....................................................................................................................................... vi
abstract ...................................................................................................................................... vi
introduction ............................................................................................................................. 1
conclusion................................................................................................................................. 51
références bibliographiques..................................................................................................... 54
annexes ................................................................................................................................. 57
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