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Les Chansonniers.

Tome
2,Série 1 / des troubadours
et des trouvères. Publiés en
fac-similé et transcrits en
notation [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


. Les Chansonniers. Tome 2,Série 1 / des troubadours et des
trouvères. Publiés en fac-similé et transcrits en notation moderne
par Jean Beck, professeur à l'Université de Pennsylvanie et au
Curtis Institute of music, à Philadelphie. T. 1. Reproduction
phototypique du chansonnier Cangé, Paris, Bibliothèque
nationale, Ms. français, no 846. T. 2. Transcription des chansons
du chansonnier Cangé. Notes et Commentaires. 1927.
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J
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TOMESECOND
TRANSCRIPTION
po,.,. 1""

LIBRAIRIE ANCIENNE THE UNIVERSITY OF


HONORÉ CHAMPION PENNSYLVANIA PRESS
5, QUAI MALAQUAIS, 5 3438, WALNUT STREET, 3438
PARIS (VIe) 1927 PHILADELPHIA, (PENNA.)
CORPVS CANTILENARVM
MEDII AEVI

Ce Chansonnier Cangé
Manuscrit français N° 846
Je la BibliothèqueNationale Je Paris

TOME SECOND

Œranscription des d)ansons, notes


et commentaires
CET OUVRAGE A ÉTÉ
TIRÉ A 500 EXEMPLAIRES
NUMÉROTÉS DE 1 A 500,

No-
DONT 25 HORS COMMERCE
CORPVS Cantilenarvm MEDII AEVI

PREMIÈRE SÉRIE

Les
*
Chansonniers

Troubadours des

des
Trouvères
et

TOME SECOND

TRANSCRIPTION DES CHANSONS


DU

Chansonnier Cangé
NOTES ET COMMENTAIRES

LIBRAIRIE ANCIENNE THE UNIVERSITY OF


HONORÉ CHAMPION PENNSYLVANIA PRESS
5, QUAI MALAQUAIS, 5 3438, WALNUT STREET, 3438
PARIS (VIe) 1937 PHILADELPHIA, (PENNA.)
LA MÉTHODE DE TRANSCRIPTION
DES CHANSONS CONTENUES DANS
CET OUVRAGEÉTANT SA PROPRIÉTÉ
LITTÉRAIRE, L'AUTEUR SE RÉSERVE
LES DROITS DE REPRODUCTION ET
D'ARRANGEMENT, CONFORMÉMENT
A LA LOI. ——————
———————— ,—
COPYRIGHT 1927,
J. B. BECK, Bryn M.wr. Pa., U S.A.
HOMMAGE RESPECTUEUX

Madame Mary-Louise Curtis Bok.


FONDATRICE ET PRÉSIDENTE

DU

CURTIS INiSTITUTE OF MUSIC


A PHILADELPHIE
DONT LA GÉNÉROSITÉ A PERMIS
LA PUBLICATION DE CET OUVRAGE

Jean BECK
LA MÉTHODE PROJETÉE
POUR

L'ÉDITION DUCORPUS CANTILENARUM MEDIIAEVI

lES textes poétiques des Chansons en langue latine, aussi bien que de
celles en langue vulgaire, du Moyen Age, sont aujourd'hui presque tous
accessibles en éditions imprimées, les poésies latines dans les cinquante-
quatre volumes des Analecta Hymnica Medii Aevi, et les chansons en
langue vulgaire dans des monographies critiques et dans des recueils collec-
tifs. Mais il n'existe encore aucun recueil des textes complets, littéraires
et musicaux, de toute cette littérature.
En Angleterre, la PLAIN-SONG SOCIETY a fait un début louable et il n'est point
douteux que, s'il eût été donné à PIERRE AUBRY de réaliser ses projets, cette lacune
aurait été remplie ou serait, du moins, en voie de l'être. Ce qui manque surtout, c'est
une méthode. Pour étayer et justifier celle adoptée pour l'édition des livres de Plain-
chant, les savants Bénédictins de Solesmes eurent recours à leur splendide Paléographie
Musicale qui peut, à juste titre être considérée comme le fondement de la musicologie
médiévale, encore que les problèmes de critique musicale pure l'y emportent de beaucoup
sur la critique philologique des textes. La question de fond, la méthode à suivre dans
l'édition des documents lyriques du Moyen Age, où les paroles et la musique ne forment
qu'un, reste, jusqu'à ce jour, à l'état d'un problème à résoudre.
Et pourtant, puisque depuis près d'un siècle, des romanistes de toutes les écoles s'y
sont exercés et que chacune des éditions donna lieu, en son temps, à des critiques
autorisées, ne devrait-on pas s'attendre à tomber enfin d'accord sur un principe viable?
La génération de la fin du dernier siècle, riche en romanistes distingués, avait élaboré le
système, calqué sur la philologie classique, des éditions dites critiques, qui consistait,
comme on sait, à rétablir la langue et l'orthographe présumées du poète dont on voulait
reconstruire les œuvres dans leur forme originale. On s'aperçut bientôt que, faute de
connaissances suffisantes de l'état de la langue, à une certaine date et dans une certaine
localité, et à cause des divergences souvent inconciliables entre plusieurs versions de la
chanson dans des sources différentes, ce procédé risquait de produire des restau-
même arbitraires,
rations préjugés des éditeurs pn-
où les préférences, pour ne pas dire les
maient les faits acquis.
Si du moins, on était renseigné sur
les temps et les lieux où vécurent les auteurs,
connaissait la chronologie de leurs œuvres, si l'on savait quel dialecte ils par-
si l'on
quel idiome ils écrivaient, si, enfin nous étions informés sur la langue
laient et en
les dialectes modernes, grâce a
des XIIe au XIVe siècles comme nous le sommes, sur
linguistique! La critique la plus désastreuse à l'adresse de la première école
l'Atlas
le sable mouvant
d'éditeurs est que le bel édifice linguistique qu'ils ont érigé repose sur
de copies plus ou moins dignes de confiance, et non pas sur
l'examen immédiat des
documents originaux
Que Ion se
Il est aisé de se rendre compte des résultats obtenus par cette école.
fortune d'être
rapporte à des cas comme le suivant, où la même chanson a eu la bonne
successivement éditée par quatre, cinq ou six éditeurs, dont chacun pouvait mettre
à
profit les résultats obtenus par ses prédécesseurs. Si une édition critique est censée
reproduire la forme originale d'une chanson, on devrait, logiquement, s'attendre à
constater une concordance parfaite dans les résultats. En est-il ainsi? Ces éditions
critiques, comparées entre elles, présentent autant de variantes qu'en présentent, entre
eux, les manuscrits du XIIIe siècle qu'elles s'étaient
proposé de corriger. Et je ne parle
point d'éditions surannées, comme celles faites il y a 75 ou 50 ans: qu'on se limite à
celles parues depuis 1900, avec l'adjonction d'un volumineux appareil de variantes. Ce
qui est désolant c'est que, dans bien des cas, les restaurations des critiques diffèrent,
entre elles, autant que les leçons de bons manuscrits, comme le 844 (M), notre 846 (0)
ou même le grand Chansonnier de la Bibliothèque Vaticane (a).
Loin de nous l'intention de contester l'utilité de ces travaux :la méthode était
fautive, mais la connaissance de la langue, nécessaire pour l'intelligence des textes, en a
profité, sans aucun doute. Par ci par là, des éditeurs moins dogmatiques ont tâché de
modifier le système, dit de LACHMANN. Au lieu de reconstruire la langue présumée de
chaque auteur et de rapiécer les poèmes au moyen des variantes qu'on considérait
comme les plus authentiques, on se rattacha à la langue et aux graphies d'un certain
manuscrit qu'on enrichit, en choisissant dans l'ensemble des recueils, classés par familles,

:
des leçons qui semblent donner un idiome plus correct et un sens meilleur. Mais là
encore ne risque-t-on pas de surcharger l'original, en y accumulant la somme totale de
ce qu'il semble y avoir de meilleur dans l'ensemble des manuscrits?
Reste la méthode la plus réservée et la plus délicate, malgré son apparence facile,
établie par Mr. JOSEPH BÉDIER, dans l'Introduction de son édition du Lai de l'Ombre, et
mise en pratique par lui-même dans ses dernières éditions. Contrairement à la routine
acquise, cette méthode respecte la tradition manuscrite, en n'admettant que le strict
minimum de corrections nécessaires et justifiables aux endroits manifestement corrompus.
Qu'est-ce donc qui importe davantage, pour l'intelligence et l'appréciation esthétique
d'une œuvre, une uniformité artificielle de graphies dialectales, ou bien la présentation du
travail intellectuel d'un copiste, dont on suivra la logique et la sensibilité, ou même les
manies qui causèrent et expliqueront les variantes ?
C'est à cette dernière méthode que nous a conduit, depuis longtemps, l'étude
immédiate de la tradition manuscrite, de la musique plus
encore que des paroles, et
c'est à elle que nous nous rallions. Une image composite, obtenue
par la superposition de
;
plusieurs versions, ne saurait tenir lieu d'un original perdu les variantes sont souvent si
contradictoires, d'un manuscrit à l'autre, même d'un groupe extérieurement apparenté
que, si l'on voulait les utiliser pour en faire un texte critique, on produirait des monstres
qui n'auraient plus rien de commun avec aucune des versions manuscrites.
Or, de même que, pour le texte, chaque scribe, intelligent ou non, a son système
séméiographique, que les habitudes de sa langue journalière se reflètent dans l'ortho-
graphe, et sa sensibilité dans les modifications de substance qu'il apporte au texte qu'il
transcrit, de même, dans la notation musicale, les dispositions et l'éducation musicales
du copiste de la musique s'insinuent dans les transcriptions qu'il fait. Nous avons un
grand nombre de chansons conservées dans dix versions, des monodies aussi bien que des
pièces de déchant. Je n'ai pas encore, à ce jour, réussi à en trouver une seule dont la
notation demeure parfaitement identique à travers les copies.
Il s'agirait donc, avant tout, de déterminer, dans chaque cas, la cause de ces
variantes et de pénétrer, à travers elles, le sens musical du notateur, manifesté par les
graphies systématiques. Mais, ne sachant jamais, ou peu s'en faut, sur quel modèle il a
fait sa copie, ni même, s'il n'a pas écrit la musique d'après l'ouïe ou de mémoire, nous
nous trouvons en face d'un dilemme. Désespérant de le résoudre jamais, nous nous

moins de ce que pouvaient être les sources, que, de ce que nous avons sous les yeux le
travail conscient d'une intelligence en action
:
résignons, si peu glorieux que soit le procédé, à éviter la difficulté, en nous préoccupant

Ajoutons que, ce qui est sûrement acquis, aujourd'hui, concernant la musique du


Moyen Age, se réduit à peu près à ce qui était acquis, pour les paroles, il y a cent ans,
aux époques de RAYNOUARD et de DIEZ, et l'on comprendra qu'il ne saurait, pour longtemps,
être question de synthèses telles que les exigeraient des éditions critiques. Il n'existe
encore aucune ébauche valide sur la musique pratique, les gammes et tonalités, sur la
nature et les accords des instruments de musique, et nos connaissances de l'Harmonie au
Moyen Age ne font que commencer à se préciser. La seule chose où il y ait du progrès à
enregistrer, c'est le rétablissement du rythme et c'est ce point capital que nous éluci-
derons dans le présent volume, dans une étude sur la Versification et la Rythmique du
Moyen Age.
Le plan même de l'ouvrage en détermine la méthode. Au lieu d'anticiper sur ce que
nous apprendront les volumes à suivre, en introduisant des références qui ne seraient
accessibles au lecteur que dans le cours des années, nous essaierons de pénétrer le
mécanisme intellectuel du scribe et du notateur d'un manuscrit donné. Si nous réussissons
à classer les variantes, nous saurons mieux distinguer ce qui trahit sa propre activité et
ce qu'il aura lui-même reçu et admis de ses sources. Nous mettrons à profit les connais-
sances linguistiques acquises par les éditeurs de textes du Moyen Age, tout en les sub-
ordonnant à l'autorité du manuscrit dont nous respectons l'individualité. Au lieu d'atteler
ces connaissances au service d'une création nouvelle, nous les appliquerons à l'intelligence
des documents tels qu'ils sont.
Les copistes du Moyen Age nous montrent la voie à suivre. Nous les voyons sans
cesse préoccupés d'assimiler à leur propre langue les dialectes divers, dans lesquels
étaient rédigées les chansons d'un Trouvère normand, picard, lorrain ou autre, ou même
d'un Troubadour gascon ou limousin. Si la phonétique du langage diffère, nécessairement,
d'un pays à l'autre et même de génération en génération, il n'est pas bien prouvé que le
mécanisme de la pensée humaine, exprimée dans la parole, ait subi des modifications
tempsoù furent composées
analogues et l'on doit admettre qu'étant plus rapprochés du
saurions le prétendre après
les chansons, et plus familiers avec leur idiome que nous ne
des originaux que ne
sept siècles, leurs versions se rattachent plus fidèlement au sens
connaître la
sauraient le faire des constructions savantes. Et, même s'il fallait renoncer à
version originale des chansons, mieux vaut, semble-t-il, se baser sur un document
homogène qui garantit l'état de la tradition, à cinquante ou cent ans de son origine, que
de se fier à des restaurations arbitraires. Si, après plus d'un siècle d'efforts honnêtes et
soutenus, parfois même passionnés, d'une vingtaine de romanistes de tout premier ordre,
les résultats acquis et mis en pratique dans les éditions «critiques » se contrecarrent
mutuellement, il est tout indiqué de sortir de l'ornière et de chercher une autre voie.
Tous les éditeurs qui ont eu l'occasion d'étudier de plus près le chansonnier CANGÉ,
ont été frappés par le fait qu'il présente des leçons qui diffèrent de l'ensemble des
chansonniers plus souvent qu'aucun d'eux individuellement, et ils ont été amenés à en
conclure que ces variantes doivent provenir d'une ou de plusieurs sources perdues
qu'on ne saurait démontrer que si ces sources se retrouvaient un jour. De deux choses
; ce

:
l'une ou bien ces variantes, propres au Ms. CANGÉ, remontent à des sources perdues, ou
bien, ce qui est moins difficile à démontrer et tout aussi probable, ces variantes uniques
ne sont autre chose que les variantes, les modifications apportées à ces sources, par le
copiste en personne de notre manuscrit.
Pour l'étude du texte musical, la méthode sera exactement pareille. Les variantes de
graphie et d'interprétation que présente le Ms. CANGÉ par rapport aux autres, et qui lui
sont particulières, ne seront pas mises au compte d'une source inconnue, s'il se trouve
qu'elles sont homogènes. Quand nous aurons démontré, en temps voulu, que notre scribe
travaille ses transcriptions au fur et à mesure qu'il copie, nous serons en droit d'en
conclure que les chansons du chansonnier CANGÉ sont, en effet, les chansons du Ms.
CANGÉ, que ses variantes sont l'œuvre du copiste et qu'elles ne remontent point à des
originaux hypothétiques.
Si nous nous rappelons que le ms. Cangé est le seul chansonnier complet qui
s'efforce de transcrire les anciennes notations carrées systématiquement en notations
proportionnelles, en faisant la distinction des longues et des brèves (ce qui est une tâche
bien compliquée, surtout quand il est difficile de constater si le copiste savait ou ne
savait pas par cœur les chansons qu'il transcrivait), ces hésitations, ces différences de
longues et de brèves d'une version à l'autre peuvent représenter l'effort du copiste de
donner des transcriptions rythmiques des chansons qu'il trouvait notées sans indication
de mesure dans ses sources et dont il ignorait lui-même la mesure originale. S'il les
avait sues par cœur, il n'y aurait eu aucune difficulté à marquer le rythme, ni, d'autre
part, aucune justification pour les différences de notation. De ce fait on ne saurait
prouver que ces transcriptions représentent la forme rythmique originale des Chansons,
d'autant plus que nous aurons l'occasion de constater dans le chapitre sur la Versification
(PP- 35 ss.) qu'une même mélodie se rencontre en des rythmes variés. Force nous est,
surtout après ce que nous avons observé concernant la mobilité de l'accent tonique dans
le système isochrone du vers français, de prendre, sous toute réserve, les chansons des
divers chansonniers, telles que nous les trouvons, et de les traiter comme autant d'inter-
prétations ou de réalisations des originaux à jamais perdus.
Au début du douzième siècle les symboles de l'écriture musicale étaient encore des
Neumes, placés parfois, mais pas toujours, entre des lignes ou des portées tracées à la
pointe sèche ou en couleurs. On ne connait, dans toute la tradition des Troubadours et
des Trouvères qu'un nombre insignifiant d'exemples notés en Neumes, alors que ceux du
Déchant religieux sont assez nombreux.
Le gros des Chansons latines et françaises du Moyen Age sont écrites en notation

:
carrée sur des portées de deux à huit lignes, dans les formes particulières à chaque
région notes aquitaines, touraines, messines, normandes, allemandes etc. 1), et une
petite partie nous a été conservée en notation mesurée, inventée et développée, d'après
les travaux les plus récents, à Paris même, aux temps des organistes de Notre-Dame,
PÉROTIN et LÉONIN.
Bien entendu, chaque fois qu'un copiste était chargé de transcrire des chansons d'un

:
recueil plus ancien ou provenant d'une région étrangère, il ne suffisait pas de copier
machinalement les notes telles qu'elles figuraient dans les sources les contemporains
n'auraient su les lire. Les copistes de musique devaient, par conséquent, être versés dans
la technique musicale ancienne et contemporaine et être à même de transcrire en l'idiome
musical de leur jour et de leur pays les anciennes notations diverses, inintelligibles aux
profanes.
Le problème était bien plus simple pour les copistes du texte poétique. Les diffi-
cultés qu'ils pouvaient rencontrer se réduisent à la résolution des abréviations, au
déchiffrement de lettres mal tracées et à la correction des fautes de copie, bourdons et
omissions inévitables. S'il le voulait, libre à lui de reproduire exactement ce qui se
trouvait dans le texte qu'il copiait, il n'était pas obligé de transcrire une écriture
surannée en une autre, d'actualité.
Puisque, d'après nos connaissances présentes, il ne semble pas que nous possédions
un seul document olographe pour l'ensemble des Chansons des Troubadours et des
Trouvères et que, d'autre part, les conditions de transmission de la musique diffèrent
essentiellement de celles du texte poétique et que, enfin, il semble inadmissible de

;
séparer les mélodies des paroles, la seule méthode qui convienne à l'étude de ces
Chansons est celle que nous avons adoptée considérer les divers recueils comme autant
d'individualités en nous limitant aux émendations justifiées par des copies meilleures ou
par le bonsens critique.
La publication intégrale et simultanée des facsinjilés des manuscrits et de leurs
transcriptions permettant à tous les intéressés de contrôler celles-ci, il ne reste plus qu'à
nous prononcer sur la façon dont nous les avons exécutées. Après avoir transcrit et
établi le texte, paroles et musique, d'après le manuscrit, j'ai collationné chacune des
transcriptions avec les autres manuscrits et enregistré les variantes, partout où la leçon
du 846 paraissait douteuse. Cette révision faite, je comparai les leçons nouvelles avec les
éditions imprimées, dont la liste se trouve dans la bibliographie, tome Ier, pp. XXX. J'ai
laissé intacte l'orthographe, même pour la déclinaison et lorsqu'elle gêne la rime pour
l'œil, jugeant que la valeur phonétique des symboles employés par le scribe ressortira
mieux, même à travers l'inconstance, qu'elle ne le ferait si j'assujettissais l'orthographe
à une uniformité stéréotypique.
Puisque la ponctuation a pour but de faciliter l'intelligence du texte, en indiquant les
coupes de la pensée et celles du souffle, et que, d'autre part, ces coupes de la pensée se
retrouvent aussi dans la formation des phrases musicales, j'ai tenté de réunir, dans mon

1. On trouvera un exposé très utile de ces différentes écoles de notation dans le Manuel de Mr.
JOHANNES WOLF, Handbuch der Notationskunde, Leipzig, 1913. PP 101-133 et 214 ss.
texte, les indications offertes par ces deux moyens complémentaires. L'ordre des mots
n'étant pas le même dans la prose et dans la poésie, où les exigences du Nombre et de
la Rime amènent constamment des inversions, des suspensions et des parenthèses, je me
suis peut-être écarté de l'usage reçu, en faisant un emploi plus large de la fin de

:
période et du point et virgule. En effet, un fait d'une importance capitale pour la
syntaxe se dégage de l'étude musicale c'est que, dans la chanson, même les propositions
introduites par des conjonctions de subordination, finales, causales ou concessives,
conservent leur caractère originel de coordination et demandent, par conséquent, une
ponctuation qui sépare les deux pensées. En bien des cas, les copules ne sont que des
chevilles pour remplir le nombre nécessaire de syllabes du vers, et je n'ai pas hésité à
terminer la clause précédente par une fin de période, lorsqu'elle marquait une fin de
pensée.
Pour l'emploi du point d'interrogation et d'exclamation, j'ai adopté celui-ci dans les
questions rhétoriques, dont l'essence d'affirmation ou de négation emphatiques se révèle
dans le mouvement descendant du chant, alors que, dans l'interrogation directe, la voix
monte.
Quant aux élisions, j'ai aussi maintenu l'usage du manuscrit et conservé les voyelles
finales et initiales. Un assez grand nombre de cas nous apprend, en effet, que l'élision
n'est pas toujours pratiquée dans la chanson, mais que, au contraire, les deux voyelles se
chantent en se partageant la durée de la syllabe unique dont elles remplissent le temps.
Afin d'obvier à l'ennui causé au lecteur, lorsqu'il est obligé de lire les paroles et de
reconnaître la forme de la première strophe sous le texte musical, j'ai adopté le principe
d'imprimer la première strophe autant que possible conformément à la structure de la
mélodie et des vers, en mettant dans une ligne une unité de pensée, ou une unité
musicale. Dans les couplets suivants j'ai essayé de mieux faire ressortir le jeu des
a
rimes, en alignant les vers à droite, surtout dans les vers brisés. Ce procédé exactement
doublé les frais de composition, mais j'espère que les avantages qu'il offre aux lecteurs,
justifieront la dépense.
Une bibliographie complète étant projetée pour faire suite au Corpus, je n'indiquerai
que les éditions les plus récentes. Le Manuel bibliographique de G. RAYNAUD, mis à jour
par l'excellent complément de Mr. ALFRED JEANROY, fournira, quand il le faudra, les
références indispensables, et les Tables de concordance du tome premier (pp. XXIII-
XXXIII) complétées par la TABLE ANALYTIQUE DES FORMES, ci dessous, pp. 77-83,
faciliteront aux travailleurs la tâche d'identifier les chansons sans perte de temps,
soit d'après le numéro d'ordre qu'elles occupent dans notre ms. CANGÉ, ou d'après
numéros de la Bibliographie de RAYNAUD, -
l
SCRIBE LE
DU CHANSONNIER CANGÉ
ET SON TRAVAIL

UISQUE nous avons adopté le plan d'éditer individuellement les chansonniers


des Troubadours et des Trouvères, et de traiter les œuvres qu'ils contiennent,
non pas avec l'intention de les restaurer à une forme d'archetype uniformisé,
mais telles que les sentaient ou comprenaient ceux qui les ont écrites, notre
première tâche sera de nous rendre compte de la personnalité intellectuelle
et artistique, du goût et des aptitudes, de la langue et de l'orthographe
du copiste du Ms. CANGÉ. En conservant les graphies disparates, celles-ci nous permettront,
plus tard, d'identifier les sources communes des différentes versions d'une même chanson.
Nous nous permettons de corriger son texte, en ayant recours à des récensions diffé-
rentes et aux éditions critiques, seulement lorsque nous sommes en présence d'anomalies
linguistiques ou prosodiques, causées par des négligences — connaît-on une copie manuscrite
parfaite? — ou par des modifications voulues du copiste, qui portent atteinte au sens,
à la correction grammaticale ou au schéma de la strophe.
Dans l'étude ou dans la reproduction d'un portail gothique ou de peintures du
même temps, oserait-on uniformiser les traits du visage, la coupe des cheveux, le mou-
vement des cils, du nez, des mains et des doigts d'après un modèle parfait? Pourquoi
alors oblitérer les nuances de graphie qui, pour nous, ont la même valeur que les
nuances d'exécution d'un même sujet sous le ciseau de plusieurs artistes ou artisans?
C'est peut-être affaire de goût, mais nous ne pouvons nous empêcher de préférer la
lecture d'un texte original à celle du plus savant texte critique uniformisé, bien plus
facile à lire, il est vrai, mais infiniment moins vivant, moins vrai que le travail vécu
d'un scribe-artiste du temps. Si les manuscrits étaient datés et signés, on aurait peut-
être raison d'en préférer le plus ancien, encore que l'ancienneté n'en garantirait nullement
la qualité supérieure. Et même, lorsqu'un ou plusieurs groupes ou familles de récensions
vont à l'encontre d'une autre, isolée, la supériorité numérique ne prouve aucunement que
sa leçon soit plus rapprochée de l'original. Comme nous l'avons déjà indiqué précédemment,
ce sont là les considérations qui nous ont guidé dans l'adoption de notre méthode,
pour l'édition du texte poétique aussi bien que pour la transcription de la musique.
Une première question se pose : comment le compilateur du Ms. CANGÉ a-t-il
procédé pour compiler, classifier et transcrire les 351 pièces de son recueil?
Nous savons déjà que le compilateur du Ms. CANGÉ a tiré ses matériaux de plu-
sieurs sources et qu'il les a rangés dans un certain ordre alphabétique et hiérarchique.
Mais il reste encore à déterminer d'après quel principe il les place les unes après les
autres à l'intérieur de chaque série alphabétique. D'après quelles distinctions pouvait-il
les ranger? Lorsque plusieurs chansons du même auteur se suivent, il aurait pu continuer
le classement alphabétique en détail; il est manifeste qu'il ne l'a point fait. Il pouvait
les assembler dans l'ordre des schémas des strophes, il ne l'a point fait. Il pouvait les
réunir en groupes à rythme ou à mesure égales des mélodies ou à tonalités égales, ou à rimes
communes, ou à Incipit mélodiques apparentés ou, enfin, à images ou
sujets communs.
Si l'on jette un coup d'œil sur la table des rimes, à la fin de ce tome, on est
frappé par le fait qu'on y recontre des suites de rimes identiques dans plusieurs chansons
consécutives. Dans les quatre premières chansons nous trouvons la rime ant aindre-
;ie,
;;
;dans
endre, dans no 3, 4, 5 ier, ière et iers dans 2, 3, 4, 5 on(t), dans 1, 2, 3 ir et
is, dans 2,3, ; oie, 4, ;
;
5 ent et or, dans 8 et ; dans 11,
; ie, dans
9 ; au et aus,
; et dans
12
dans 12, 13 ; 4
aine, dans
14 et 15 ence-ance, dans 17, 18 19, 20 er or,
23 et 24, etc., etc. Ne prenons pas les rimes communes et si nombreuses qu'elles se
rencontrent fatalement en séries consécutives. Est-ce le hasard qui a juxtaposé les
chansons 291, 292, 293 et 295, avec la suite de rimes en ai? oie, dans 146, 147? aine
dans 268 et 269? ance, dans 88—89, 82—83, 115—116, 164—165, 250—251, 317—318,
325—326? la rime ée, dans 55—56, 58—59, 83—84—85, 173—174, 244—245, 275—276,
295—296, 307—308—309, 329—330, 341—342, quand cette rime ne revient que 53 fois en
tout? ou la rime oie qui fait les séries 48—49, 8i—82—83—84, 112—113—114, 186-187,
207—208? ou la rime ois qui ne figure en tout que 5 fois, dont 108—109? ou la rime
bien sonore en or qui forme les suites 8—9, 23—24—25—26, 41—42, 122—123, 223—224,
234—235, 260—261—262 ou, enfin, l'une des sonorités les plus fortes en rime, ure, qui
revient en tout 21 fois dans le manuscrit et qui forme les suites 114—115, 190, 192—193?
Tout en laissant leur part aux rencontres fortuites, on ne peut s'empêcher de voir
dans ces séries de rimes l'effet de la volonté ou du moins du discernement, et il est
manifeste que c'est par la force subconsciente des sonorités de la rime que le copiste a
rangé les chansons à l'intérieur des séries alphabétiques. Mais alors, ne doit-on pas
admettre qu'il savait ces chansons par cœur, pour que l'oreille pût ainsi diriger son
choix? Ou bien analysait-il les schémas des chansons, comme on a coutume de le faire
dans les dissertations? Il est plus difficile d'accepter cette alternative-ci, bien qu'il n'y
ait aucun doute que les poètes-compositeurs du Moyen Age n'aient pratiqué le schéma
les feuilles de garde de plusieurs manuscrits en fournissent la preuve matérielle.
;
Nous considérons comme acquis le fait qu'il existe un rapport intime entre la suite
des chansons de notre manuscrit et la sonorité des rimes.
Mais il y a d'autres faits à relever. Les chansons pieuses sont groupées ensemble de
no 88 à 93. Les chansons à refrains, de 278 à 283 et de 295 à 299. La chanson anonyme
qui vient après les «désirs pantagruéliques» de Pistoleta (no 310) et que Mr. BÉDIER
serait tenté d'attribuer au bon vivant COLIN MUSET (n° 311) traite exactement du même
sujet que celle qui la précède. Hasard de rencontre? Peut-être, mais, peut-être aussi que
non. Il y a quelques exemples où les Incipit mélodiques de deux chansons consécutives
ou rapprochées se ressemblent, comme dans les nos 131 et 133, 163—164 et 230—231,
mais ces cas peu nombreux ne suffisent pas pour en tirer
une conclusion solide. Les
sont anonymes ;
deux chansons 105 et 107 débutent par un thème curieusement apparenté. Les deux
Mr. BÉDIER attribue la satire contre les nourrices (n° 107) à COLIN
MUSET. La musique ne corrobore pas cette attribution, puisque le rythme et le contour
mélodique contrastent fortement avec le style de COLIN dans les chansons dont l'attri-
bution est assurée.
Les éditeurs des chansons anonymes de notre manuscrit ont justement remarqué
que quelques-unes sont de provenance artésienne, angevine ou wallone et que d'autres
sont certainement d'origine bourguignonne, le pays où notre manuscrit a été exécuté.
Avant d'étudier ce dernier point, arrêtons-nous un moment au contenu du recueil et
demandons-nous pourquoi certains Trouvères y sont représentés avec plus ou moins
de chansons, et aussi pourquoi certains autres font complètement défaut. Parmi ceux-ci
on est frappé par l'absence de noms tels que ANDRIEU CONTREDIT, CHARDON DE CROI-
SILLES, JEAN BODEL, GAUTIER DE COINCY, GILLE LE VINIER, GRIEVILER, JAQUE DE
CAMBRAI, JEHAN ACART. RICHART DE SEMILLI et surtout JEHAN BRETEL, qui figure dans
go jeux partis.
Serait-ce que le compilateur de notre recueil aurait entrepris son travail avant que
les œuvres du notable Artois, mort en 1272, ne fussent devenues publiques? Ou bien
l'a-t-il éliminé parce qu'il avait composé surtout des Jeux partis?
Si c'était la qualité musicale des chansons qui en aurait déterminé la place et le
choix, pourquoi l'un des maîtres musiciens de son temps, RICHART DE FOURNIVAL, qui
nous a laissé de belles compositions polyphoniques, n'est-il représenté dans notre recueil
que par une seule pièce, alors que les autres chansonniers en ont conservé une vingtaine?
D'autre part GAUTIER D'EPINAL, PERRIN D'ANGICOURT, HUGUE DE BERZÉ et GILLEBERT
DE BERNEVILLE sont plutôt favorisés, proportionnellement, dans notre recueil, sans parler
des poètes anciens, CONON DE BÉTHUNE, GACE BRÛLÉ, le CHATELAIN DE COUCY et, en
première ligne, le ROI DE NAVARRE dont le nombre des chansons admises dans la
collec-
tion dépasse celui de tous les autres manuscrits et qui occupent la place d'honneur en
tête des séries alphabétiques. Une chose est patente et c'est que notre manuscrit ren-
ferme une anthologie aristocratique de la Chanson courtoise et que les genres secon-
daires, bourgeois ou commun, en ont été soigneusement écartés.
L'atiécé dont se sert le copiste du Ms. CANGÉ appartient à la famille des écritures
dites gothiques de la fin du treizième ou du début du quatorzième siècle. Le texte est
écrit tout au long avec un emploi modéré d'abréviations. Dans les premiers couplets
notés, elles sont plus rares que dans les suivants, parce que le copiste devait laisser toute
la place nécessaire pour la notation musicale. Au folio 101 VO il espace même les syl-
labes aventu - - re, et 132 rO, sur desdui - - re, et 69, dans la sixième portée de la colonne
;
b, sur sou - -frir ou bien il connaissait l'air, ou bien il copiait soigneusement d'après un
bon original noté.
Le signe d'abréviation le plus commun est le petit trait au dessus de la lettre,
valant n ou m selon le caractère dental ou labial de la consonne suivante.
L'abréviation carolingienne pour et ne se rencontre pas, mais le 7 tironien est d'un
emploi courant. Pour gagner de l'espace, quand il s'approche de la fin d'une ligne, il se
sert volontiers du signe 1, est, par ex. au fol. 120 vo, ligne 10 d'en bas, aux folios
53b, 57b, 69c, 230b. L'abréviation pour etcetera se trouve aux folios 53c, et 98d.
:
Le sigle 9 remplit des fonctions diverses con, com, c'on — qu'on, et
aussi cun, folio
trois façons différentes dans trois lignes consécutives, au
lia, chasgse; le qu'on s'écritdudefolio
bas de la deuxième colonne 25 Vo: 9, (lue-
mais aussi
Le p barré représente la préposition per ou par, résolue généralement per,
par, fol. 93 d et 48 c
:
lignes consécutives, il écrit uerf uof me fui, trois s longues dans la ligne suivante :
Dans les sibilantes nous rencontrons (f) longue, s ronde et z. Au folio 34, dans trois
: por
écrit, juste au dessus uoz debonaires diz, avec z. Encore
uos, avec s ronde, après avoir
:
plus curieux est la succession de formes différentes au folio 114 d ligne 17. li uoz
Irans cuerf, avec z, s ronde et f longue. Au folio 97 d, ligne 23, il écrit uous, au lieu
de uos, pour remplir la justification de la ligne. Au folio 70 b, ligne 7 d'en bas, il écrit
uof uof of, avec trois f longues qui prennent moins de place que les s rondes. La
distinction entre la torme de ces lettres semble se réduire à des préoccupations ma-
térielles, sans impliquer des nuances phonétiques.
Il en est de même quant à u voyelle et u consonne. En général il écrit v au
commencement du mot, que ce soit une consonne ou une voyelle, mais il n'est pas
conséquent. Nous trouvons vuil, vuet, vne, à côté de uuil, uuet, une, vient et uient, vuille
et uuille, et même pov (fol. 65 c, 13 du bas) pour pou.
La lettre x alterne avec us: malx et maus, foux et fols, beaus et beax, à côté de
belx (45 b, 1.4) et engresx, dans la première ligne de la même colonne.
C et t à la fin d'une syllabe nasale ou post-dentale sont confondus ou, du moins,
mélangés, sans discrétion apparente. Dans les doublets 183—195 et 272-288, l'une des
versions écrit nettement c, l'autre t. La forme dialectale donc est plus fréquente que la

quelques-uns :
forme régulière dont. Les exemples sont si nombreux et si sûrs qu'il suffirad'en indiquer
donc aux folios 40 c, ligne 5 du bas, folio 85, ligne 4 du bas, folio 98 a,
ligne 10, donc, et, dans la même ligne de la colonne b, dont. A-t-il trouvé cette distinc-
tion dans ses copies, ou bien les chansons anonymes proviennent-elles d'une source
différente?
L'insouciance semble être la règle lorsqu'il s'agit de couper des mots à la fin de la
ligne. Ainsi nous trouvons ef-froi, sof-jrir et sof-jrance, à côté de ef-froie (fol. 124 a, 1.9)
c,
et def-fendre (fol. 110 1.8).
Les problèmes d'orthographe, de phonétique et de syntaxe que soulève l'étude du
travail de notre copiste sont autrement compliqués. S'il est manifeste qu'en transcrivant
les chansons li a introduit de nombreuses formes particulières au dialecte bourguignon, il
n'en est pas moins vrai que les disparates sont si nombreuses que la conclusion s'impose
qu'il a dû faire sa copie d'après un nombre considérable de manuscrits de prove-
nances différentes, même pour les chansons appartenant au même trouvère.
Commençons par les formes dont l'assimilation d'un dialecte étranger, picard ou
central, au dialecte bourguignon, présente les meilleurs criteria. Prenons le radical dign
dans les formes toniques. Nous trouvons desdaigne et desdoigne, dans la même chanson
de GACE BRULÉ, nos 269, v. 13 et 24. A moins de considérer la forme en oi comme
subjonctif d'un composé c dédonner », il est difficile d'expliquer la graphie différente de la
même forme, dans la même chanson du même auteur.
Dans les deux chansons anonymes nos 52 et 207, il écrit une fois doigne, l'autre fois
daigne (v. 21), et dans la chanson du CHATELAIN DE COUCY, no 151, v. 47, deingne. A
côté des formes ensaigne (Anon. 285, v. 30, et GACE 269, v. 27) nous trouvons enseingne
dans une autre anonyme, 52, v. 14 et une autre de GACE, 268, v. 51 et enseigne, dans
MAH. LE JUIF, 247 v. 6.
Dans un groupe apparenté, les graphies sont tout aussi disparates. Il écrit destreigne
et destraigne dans une chanson anonyme (285, v. 6), et GACE (95, v. 22, et 268, v. 32),
alors que dans deux autres (anon. 52, v. 19, et GACE, 95 v. 30) il épelle destreingne et
destreigne. Et, dans la chanson de MAH. LE JUIF, la même forme s'écrit destroigne
(247, v. 15), dans la forme bourguignonne. Les nuances de graphies pleingne et plaingne
ou plaigne, preingne et praigne ou praigne, offrent moins d'intérêt que celles du groupe
veingne ou viengne. Ici, la multiplicité des formes semble indiquer clairement que les
sources, où il puisait, étaient elles-mêmes de provenances dialectales différentes. En effet,

:
cette forme unique se métamorphose sous la plume de notre scribe, en cinq graphies
différentes eigne, eingne, iegne, (v)aigne (175 c, v. 21) et oingne (GACE, 149, v. 2, et 4). La
graphie eingne l'emporte sur les autres, 26 fois, contre 3 viegne-tiegne, et 4 voignetoigne.
La rime preigne se rencontre 13 fois, contre deux graphies praigne, dans la chanson
anonyme 285, vers 22 et 37, et une fois chez GACE, 268, v. 40.

: ;
La même graphie eigne sert aussi à représenter le phonème aine, dans la chanson
anonyme 52, v. 40 lointeingne dans une autre chanson anonyme, par contre, nous
lisons lointainne (69, v. 3), comme dans trois chansons, de GACE (6, v. 30), GILL. DE

épelle dans sa transcription :


BERNEVILLE (226 v. 9) et CHATELAIN DE COUCY (195, v. 36). Semblablement, notre scribe
hauteigne et hautainne, fonteinne et fontaine, demoinne, et
demainne, estrainge (9, v. 12), à côté de estraingne et trois fois estroinne (An. 106, v. 17,
GACE, 6, v. 28 et G. DE SOIGNIES, 279 52). La graphie bourguignonne revient encore
dans la chanson de celui-ci, au vers 51, ramoinne, contre ramainne (An. 106, v. 48). Le
verbe simple est toujours écrit moinne (8 fois), comme aussi le nom poinne (12 fois). Les
infinitifs de la troisième conjugaison en endre sont uniformément écrits endre, mais ceux
du groupe ingere montrent des disparates. Ataindre, 12 fois, contre 6 fois ateindre,
chez les mêmes auteurs.
A côté de 14 graphies remaindre, dont 3 de GACE, il y en a une (116, v. 9)
remeindre. L'adjectif moindre s'écrit mendre dans Anon. 320, v. 43.
Il n'est pas rare de trouver la même forme phonétique représentée de 2, 3, 4 et
même 5 façons différentes dans la même chanson, surtout chez GACE. Dans le n° 6 nous

représentant un son unique


oindre, etc.
;
trouvons aine, ainne, aigne et oinne, dans 52: aigne, eigne, eingne, oigne et oinne,
chez le ROI DE NAVARRE (87) aindre,eindre endre et

Le symbole oi pouvant représenter, dans le dialecte bourguignon, des phonèmes de


dérivation hétérogène et écrits i, ei, ai, en d'autres dialectes, nous ne sommes pas
surpris de rencontrer toutes ces graphies dans une même chanson. Que l'on examine les
rimes des chansons 52, avec aigne, eigne, eingne, oigne et oinne, cinq représentations
;
différentes du même son ou la chanson de GACE (n° 269) où les graphies aingne,aigne,
eigne, eingne, et iegne, oigne et oingne s'entrecoupent en deux rimes.
A l'intérieur du vers, les formes ploin, toing, moindre, voincre, ensoignier, ensoignie,
ensoignié, soirement, voille et voillier côtoient les graphies ordinaires ei et ie.

:
Dans les strophes 3 et 4 de la chanson du ROI DE NAVARRE (nO 87), quatre graphies
disparates pour la même rime plaindre, ateindre, destroindre et rendre
Le suffixe ance apparaît sous les formes ance, anche, ence dans le no 17, de BLONDEL
DE NESLES, même avec une rime impure en ente.

:
Le symbole ai, représentant e ouvert, s'écrit aussi souvent e, dans mais et mes,
jamais et james. La nasale ain alterne avec en, dans le même couplet ainçois (82, v. 5),
contre ençois, dans le vers 18.
Les dérivés de ilia - icla présentent des graphies bourguignonnes à côté d'autres dans
la même proportion que ceux de inia - ania que nous avons examinés plus haut. Mer-
voille se trouve 5 fois, esseille, chez GACE (63, v. 21) contre trois essaille et deux
assaille. Consoille et desconsoille, 9 fois, sans disparates. Pareille (GACE, 63, v. 23) contre
aparoille dans la même pièce et trois fois ailleurs. Alia paraît uniformément comme
aille. Ela comme oile (162, v. 1).
Les rimes en eille-oille sont pures, de son et de graphie, dans les nos 33 (CUVELIER),
63 (GACE) et 162 (PERRIN). Mais dans les autres chansons, nous rencontrons la graphie
aille et, dans le groupe ueille, les graphies uille alternent avec elles, tout comme dans la
forme masculine ueil, uil, uel (R. DE N., 349).
Restent encore à relever quelques picardismes qui se sont faufilés dans sa copie :
nonmer;
noumer, dans le lay anonyme nO 299, v. 16,
quelques graphies du nom œil qui revient sous des formes diverses :
qu'on pourrait, à la rigueur aussi lire
dans le
doublet no 272-288, le troisième vers de la deuxième strophe écrit eulz dans la première
rédaction, et la forme picarde, huil, dans l'autre. Ces deux récensions ne semblent donc
pas provenir d'une source unique. La graphie huil pour l'oblique singulier et le cas sujet
pluriel est la plus commune, et l'oblique pluriel se rencontre comme eulz, ieulz hieuz.et
0 et ou, dans toie et toute, jor et jour, amor et amour alternent en proportions
égales.

: :
La représentation graphique des phonèmes al, als, aus semble avoir causé de l'em-
barras à notre linguiste il est forcé de recourir à des moyens pénibles al, el, iau, aul,
au, aus, aux, ax; voici la gamme des symboles requis pour les figurer: dans les rimes
al et als: mal (12, v. 16), max (324, v. 5); jornal (42, v. 119);jornaux (95, v. 16);

; ; ;; ;
;; ;
leal (12, v. 14) loiaus (324, v. 3) entre aus (324, v. 16) avec aux (ibid. v. 6) faus
;
(ibid. v. 15) faux, 93, v. 10) naturaus (234, v. 23) naturaux (93, v. 12) communaus
;
(324, i2) ; !
Esperitaul (93, v. 2) esmax (324, v. 26) biau (12, v. 6) et, enfin, vaut
(12, 18). Quatre graphies différentes dans la chanson de l'Espinois Et, dans les nos 91
et 310, son embarras est tout aussi grand, lorsqu'il s'agit, dans le dernier, de transcrire en
son propre idiôme les drôleries de PISTOLETA, tirées d'une source provençale, avec les
pseudo-rimes rox-moutons, poisson-ions. La même burlesquerie de rimes se retrouve
dans la chanson qui vient immédiatement après, dans le même ton, une parodie appa-
rente, qui pourrait bien ne pas être de COLIN MUSET, malgré le ton bon-vivant, et la
boutade finale, mais tout aussi bien du crû de notre copiste.
La rime os osus se marque, dans la chanson de CONON DE BÉTHUNE (n° 220) os, ous
et oux; la forme féminine: ouse et euse dans la chanson de croisade du même (n° 224).
La rime us s'écrit us, eus et eux, dans la chanson 255 d'ADAN DE LA HALE,,
us et uns, avec n parasitique, si fréquente dans l'Est, dans la chanson de BLONDEL
(nO 196) et dans une autre du
ROI DE NAVARRE (175).
Dans les formes contractées de l'article, la vocalisation de l semble être la règle;
comme aussi dans les cas analogues: sou (43, v. 25), nau, pour nel (302, v. 16) à côté
de fel (246, v. 14).
Les consonnes finales lui importent moins que le son vocalique de la rime. Cette
constatation s'impose lorsqu'on relève la confusion inextricable des rimes nasales conso-
nantiques ou entravées. Il suffira de jeter un coup d'œil rapide sur la table des rimes
et des graphies en ant et en ent, écrites pêle-mêle ant, ans, anz, ent, ens, enz ou sur
celles en on, avec les diparates ons et om, sur ont, avec les graphies onc et unt, et même
les finales or, ors, our-eur et ors-ous, pour trouver la confirmation de ce fait. 302,
v. 25 il écrit loint pour loing, pour plaire à l'œil.
Dans un cas, pourtant, le conflit entre la correction grammaticale dans l'emploi
de s comme signe distinctif de flexion et le désir d'avoir une rime correcte à l'œil,
semble lui avoir fait subponctuer, après coup, l's du cas sujet dolors; mais c'est une
exception, et encore il n'est pas certain que ce soit lui qui y a mis le point.
Les « graphies lorraines» soulèvent un problème de critique embarrasant : sont-elles
de lui, ou les ignorait-il? Lorsqu'il lisait ai dans une copie de provenance lorraine, se
rendait-il compte qu'il pouvait l'interpréter comme a aussi bien que comme ai? S'il ne le
faisait pas, il risquait nécessairement d'altérer la personne du verbe. Et c'est pré-
cisément là un des traits saillants du procédé de notre scribe. Nous le releverons ci-
dessous. Pour le moment constatons les graphies ai, pour a, (323, 28, du ROI DE
NAVARRE) et 349, v. 38, du même; n° 126, v. 12, anonyme, et 167, v. 16. En d'autres
cas, assez nombreux, il écrit est pour ait, et pour ai, dirai pour dire (nO 250, v. 1) dont
vos dirai le non, au lieu de dont n'os dire le non, où il est impossible de dire s'il a mal
lu, ou s'il a changé le texte à dessin, comme aussi dans la leçon du no 92, du ROI DE
NAVARRE, où il écrit que bien i ai pensey, contre les leçons des autres manuscrits
qui bien i a pensé. La chanson pieuse du même ROI DE NAVARRE (nO 202, v. 20) donne
:
la graphie lorraine et bourguignonne typique maingier. Dans une variante comme mer-
voille ai, contre mervoille est, on pourrait aussi supposer une erreur de dictée, de même que
là où il confond est et ait, la confusion ne s'expliquant point par une méprise de lecture.
Quelques cas chevauchent sur la phonétique et sur la syntaxe. Une douzaine de fois,

scribe remplace que par qui et qu'il par qui. Exemples : no 146,50 :
par conséquent assez souvent pour ne pas en chercher la cause dans un lapsus, notre
qui port, pour qu'il
port; qui te chant, qui n'ait duel (238, v. 26), qui n'en ament (233, v. 36). Cette substi-
tution du pronom relatif à la conjonction s'expliquerait par l'analogie phonétique, la
chute de 1 finale produisant l'identité de son des deux formes et causant une modifi-
cation réciproque de fonction entre les deux qui et qu'i(l). Le même phénomène entraî-
nerait et expliquerait aussi la confusion de qui et de que, pronom sujet, contre pronom
régime, d'une part, et contre la conjonction que, dans la fonction causale qui se cache
;
:
cette interprétation modifierait le sens dans des cas comme :
derrière le pronom relatif. N° 24, v. 4 que si me justice, dans le sens relatif-causal
186, v. 30 Qui por mal
qu'il sent, contre la leçon que de notre scribe. Dans d'autres cas il est manifeste qu'il
confond la forme masculine sujet avec le régime et avec la forme neutre, peut-être
toujours sous l'influence d'un sentiment de causalité qu'il rattache à la conjonction,
et à cause de la parenté des sons é et i.
Quand on voit avec quelle liberté il traite les conjonctions en général — les apparats
critiques des éditeurs regorgent de leçons uniques de notre manuscrit contre tous les
autres — com Plus, pour quant plus (144, v. 25), car sanz (54 v. 29), que son vouloir
(234, v. 36) que je ne cuit (3 v. 27). 175 v. 19 il écrit, contre les autres recensions que
devant li. Pourquoi cette abondance de que-quia, si ce n'est qu'elle est motivée par la
mentalité, la disposition raisonnante du scribe?
La sonorité de i et de é a dû être fortement apparentée dans le sentiment phoné-
tique du scribe. Les graphies disparates des rimes en é, er, ez et i (voyez la table) le
:
me lait durer, et dans le dernier vers
de la même chanson :
prouvent indubitablement. A l'intérieur de la ligne il écrit, dans la chanson 69, v. 8 ne
ne mi lait durer. Un éditeur
qui écrirait systématiquement m'i pour les graphies mi fauterait au moins dans la
moitié des cas. N° 331, v. 26, notre ms. donne me, contre la graphie m'i de l'édition
critique.
Une particularité syntactique de notre scribe semble se cacher derrière l'emploi du
subjonctif sans conjonction après les verbes exprimant un état d'âme. Cette coordination
primitive expliquerait les leçons no 31, 16 paor ai ne m'ocie, où une ponctuation entre les

conserver la leçon : :
ne quier achoison trover
beaucoup plus puissante que l'infinitif anodin.
D'autre face mariage !
deux motifs illustrerait le fond de la pensée. Dans la chanson 68 v. 31 nous aurions pu
qui serait même

L'activité du scribe se manifeste dans un grand nombre de cas, où la personne du


verbe, dans la rédaction CANGÉ est en contradiction patente avec la totalité des autres
récensions. Et ce sont toujours des changements de personne dans la conjugaison qui
intéressent le scribe et qui en font non pas un spectateur, mais un partenaire
:
Énumérons quelques cas 92, v. 3 que bien i ai pansey, contre la leçon de la
: ;
même chanson, au vers 24 il change la modalité du temps :
majorité des mss. qui bien i a. Il nous fait croire que c'est lui qui y a pensé dans la
si ne sai ou je sui des
autres leçons, contre si ne soi ou je lui. Dans fa même chanson, il ne craint pas de
commettre un contresens manifeste en changeant, dans le vers 29, si huil en mi huil.

dire ma chanson, est bien plus vivant que la version de la majorité :


Dans n° 236, v. 8, il transforme le a moi, en a toi tance. N° 4, v. 9, son lors vuil
une chanson. Dans

chanson avec son ami lointain, en transformant la leçon des autres sources
la forme active et participante, comme s'il en était, en esprit
:
la chanson de croisade no 68, il prend part au refrain de l'amante, communiquant par sa

: crieront, en
Dex, quand crierons
entrée. Dans la chanson 300, v. 26, il modifie le sens du vers en écrivant ne s'en devroit
blasmer, dans le sens, que c'est son affaire à lui.
En dehors de ces cas, bien spécifiques, qui prouvent l'intérêt que prenait le scribe

rapprochant l'action ou en la rendant plus vivante :


à sa tache, il y en a d'autres, plus délicats, où il change la modalité des verbes, en
:
36, v. 18 nuns n'iert: n'est. 55,
v. 25: en sot: en set; 92, v. 39: n'en porroit: n'en puet. La leçon du 846 dans la
:
chanson no 61, v. 2 Mais par esfort ne doit nuns chançon faire, convient mieux à
l'esthétique des Trouvères que celle des autres mss : puet il fere chançon. Le ROI

De même la variante
merciz des autres mss.
:
RICHARD pouvait dire, dans sa situation: Mais par esfort puet ilfaire chançon (nO 152, v. 3).
merci! merci! (nO 175, v. 20) est plus puissante que mil:
Notre scribe a une excellente oreille pour saisir la cadence du vers, et, négligences
ou lapsus à part, lorsqu'il introduit des leçons individuelles, le rythme y gagne. S'en-
gigne Plus, de la chanson no 304 v. 6 tombe mieux que la leçon critique Plus engigne,
dans le rythme indéniablement dactylique du vers !
: :
Il a l'oreille fine et évite l'hiatus Il rejette le double hiatus du mauvais vers et merci
i atent de la chanson no 3, v. 17 et corrige qui merci atent.

Que mie me nëust, avec l'accumulation de deux m, se transforme, sous sa plume,
en que nuire me dëust (235, 54).
:
Il a de l'esprit
:
après avoir écrit que l'une des moitiés de son cœur, partagé en

:
deux, est à la dame, il continue, de son chef si est l'autre, ce m'est vis, ce qui est
bien plus joli que les autres leçons de l'autre ne s'est sesi (No 62, v. 15). Il réfléchit

:
sur l'instant, fait un sens de la phrase, sans toujours se soucier du contexte, comme
dans le Jeu parti nO 238, v. 13, où il écrit quant Plus a, et Plus en rent, fort honnête-
ment, mais en contradiction avec la strophe qui demande, au contraire, et Plus emprent.
Il est nourri de phraséologie courtoise et se laisse aller à écrire (nO 295, v. 45),
a ma dolour rasoagier. Le vers lui sonne faux, il examine sa copie, se rend compte
de sa méprise, exponctue les premières lettres du verbe et ajoute la finale correcte
alegier.
Il est pathétique de ie voir se débattre avec des noms propres inconnus ou diffi-

:
ciles à déchiffrer. Dans la chanson n° 3, v. 36 sa source a dû être en mauvais état.
;
Il ne sait que faire des traits des deux mots narcissus sut il y renonce, et, comique
:
suprême, écrit voincuz sui. Graphiquement, c'est bien ce qu'il pouvait faire de mieux,
n'identifiant pas le nom propre. Dans tous les cas, il n'a pas écrit cette chanson-ci

;
sous la dictée d'un autre. Quant il hésite devant des leçons douteuses, la plume le
trahit une vingtaine d'instances en font preuve, on les aperçoit au premier coup d'œil
sur le manuscrit.
Au no 36, v. 50, il ne peut comprendre ce que seraient des mots «sanglants et »
plutôt que d'écrire une sottise, il laisse la place en blanc.
:
Encore une preuve qu'il travaille d'après une source écrite no 343, v. 23, il lit
quant je revif, au lieu de qu'en ire vif.
Les fautes de lecture ne sont, somme toute, pas nombreuses : Ci me, pris pour
c'une, tel uie lu celi ne (321, v. 16), avant pour amant (131, v. 31), vaint pour vaut
(349, v. 14) cuison pour toison (236, v. 5) ne sauraient défigurer le travail, d'autant
plus que le copiste s'efforce souvent à faire cadrer sa leçon dans le contexte immédiat

en quelque chose qui lui ressemble graphiquement :


Dans la chanson 349, v. l, une dolour enossée, ne lui dit rien qui vaille, et il le change
enniouse, en modifiant le verbe.
Lorsqu'il ne déchiffre pas bien ou que le sens lui échappe, il remplace le mot

pas le cri d'alarme des Croisés :


illisible par un autre qui fait sens, tant bien que mal. Apparemment il ne connaissait
« Outrée», et ainsi il écrit entrée (n°
68, refrain). Si
l'on se rapporte au facsimilé, on verra au folio 84 vo dans la ligne 10 le mot noirons
qui trahit bien l'effort particulier de la plume. Au folio 75 a, ligne 11 du bas, le mot
paule se fait remarquer par sa dimension. Dans le dernier mot de la chanson 156, au
folio 64 d, il ne semble pas reconnaître le mot fiever et écrit quelque chose qui pourrait
faire sens en sa place. Dans la chanson de croisade no 224, au folio 90 c, il trahit son
ignorance de l'histoire, quand il ne peut pas déchiffrer la ligne 44: la croiz que Turc
ont, et il écrit que tuit ont.
Dans l'envoi de la chanson 263, au vers 49, il ne sait que faire de Raoul, turc, et
en fait un rancunoz. Mais, comme il arrive toujours, une faute en entraîne une autre ;
: :
il a perdu l'équilibre de ses facultés et les mots bien simples qui suivaient dans sa
source n'ont rien dou vostre saisi, lui font voir un cauchemar de formes il faut bien
qu'il y ait quelque chose de barbare après turc et arrabi, et, se souvenant sans doute
de quelque tribu mentionnée dans une chanson
de geste ou dans le St-Nicolas de
JEAN BODEL, il en fait un: Noutreus.
!
:
Dans 236, v. 22 il ne reconnaît pas Mahom dans le juron mort
homme modéré, il n'aime pas ce juron et écrit, en sa place mout
Mahom ou bien,
m'a honi, ce qui cadre
très bien avec les données paléographiques. Il évite de copier un blasphème: no
316,

v. 34 il transforme le juron
maugré Dé, en un maugré bé, inoffensif.
?
Était-il clerc On le dirait. Dans le Jeu parti no 37, au vers 29, il change le texte

:
qui l'offusque: Et bien est droiz, qu'en clerc n'aabstinence, exactement en sens inverse,
et écrit carrément et bien est droiz, que clers ait abstinence.
La longue communauté spirituelle avec notre manuscrit m'a souvent fait surgir
l'idée que plusieurs chansons anonymes et uniques ont un air apparenté, surtout dans
la musique, par exemple les deux chansons n° 261 et 351, l'une une chanson de repentir,
l'autre l'adieu du copiste. Je ne suis pas encore en état de soumettre la preuve docu-
mentaire de cette hypothèse assez plausible et qui, si elle se laissait démontrer, nous
fournirait des données précieuses sur la personalité de notre ami copiste, poète et
musicien.

;
Les variantes que présente le ms. CANGÉ par rapport aux autres chansonniers sont
multiples les négligences de copie, les omissions et bourdons, les strophes mal placées
forment un groupe à part, fort commun, d'ailleurs, et presque inévitable. Mais il y a
l'autre groupe, celui des changements voulus et des additions. Quand nous sommes
en présence de vers supplémentaires, ou même de strophes entières qui ne se retrouvent
dans aucune autre source, il est permis de supposer que ces additions soient l'œuvre
de notre scribe, du moins jusqu'à preuve du contraire, par le témoignage de la langue.
Ainsi, les Eiivois des chansons 147, 245 et 274 donnent des vers supplémentaires, et

;
la chanson no 63 de GACE renferme un couplet qui a bien l'air d'être aprocryphe ; le
jeu des rimes sort du schéma
guignonnes, ce serait le commencement de la preuve ;
si la langue de ces additions montrait des formes bour-
mais tel n'est point le cas.
Il n'en reste pas moins vrai que notre copie, farcie de changements, atteste l'effort
du scribe de comprendre ce qu'il écrit et d'écrire des choses qu'on peut comprendre. Dans
tous les cas, il est un excellent interprète des chansons originales et son manuscrit
a transmis à la postérité la meilleure anthologie de Chansons courtoises des Trouvères.
Cette esquisse du travail, de l'orthographe, de la langue et du procédé de notre
copiste montrera, j'espère, l'intérêt qu'il peut y avoir à respecter la physionomie d'un
monument littéraire. Combien plus humain, plus pittoresque, plus instructif et plus
sincère, pour ne pas dire plus révérencieux et plus modeste et, surtout et avant tout,
plus vrai se présente un travail basé sur une réalité, combien plus qu'un autre qui,
voulant offrir aux lettrés une restauration parfaite, idéale, fait violence à la vérité,
détruit la couleur locale, oblitère le charme des traits individuels et renverse, en un
mot, les rôles de la vérité et de la fiction. L'édition uniformisée d'un texte ancien tient
du dogme et de l'hypothèse; une édition simplement diacritique, accompagnant la re-
production photographique intégrale d'un manuscrit, semble se rapprocher de la réalité
et permet à chacun de choisir une leçon meilleure, lorsque celle de l'éditeur ne lui
convient pas.
LA SÉMANTIQUE MUSICALE
DU MANUSCRIT CANGÉ

;
autres manuscrits notés du XIIIe siècle, au Plain chant les portées de:
première vue, la notation musicale du Ms. Cangé ressemble, comme celle des

quatre lignes, l) tracées à l'encre rouge les clés d'ut et de la en tête de


chaque portée, sur n'importe quelle ligne, suivant les exigences de la
mélodie qui doit, autant que possible rester à l'intérieur de son espace,
sans dépasser dans les lignes de texte au-dessus, ni en dessous des notes
carrées avec ou sans tiges, à gauche ou à droite, en haut ou en bas des groupes; :
de notes tracées en un ductus, appelées ligatures, et d'autres où les notes se rappro-
chent, sans être unies par les traits de la plume, et qu'on appelle des conjonctures.
Par ci, par là des bémols et des bécarres et, à la fin des vers ou des périodes, des traits
verticaux qui ressemblent à nos barres de mesure.
Mais, à y regarder de plus près, on remarque que cette diversité des symboles
révèle une certaine symmétrie qui ne saurait être causée par le hasard. En effet, dans
plus de la moitié des chansons la phrase musicale sur laquelle se chantent les deux
premiers vers est répétée sur les vers trois et quatre, et les notes de la première reprise
correspondent souvent, quant à la forme, à celles de la première phrase. A moins
d'admettre que cette distinction systématique des notes en longues, avec une ou deux
tiges, à gauche ou droite, en haut ou en bas, et en brèves, sans tige, a une valeur
sémantique réelle, on ne saurait comprendre la raison de ce parallélisme des notes dans
les reprises.
Par une heureuse méprise de la part du compilateur du Ms. Cangé, cinq chansons
s'y trouvent notées deux fois; nous les avons énumérées au tome premier, page XVII,
note 6. En plus, il arrive que trois Jeux partis du ROI DE NAVARRE se chantent sur les

Les voici :
airs d'autres chansons, également notées dans notre manuscrit, et de la même main.
le n° 58 Cuens, je vos part un jeu par ahaitie se chante sur l'air de la

1. Les portées ne sont pas toujours de quatre lignes (cf. Mél. d. Troub. pp. 8 et 47). Aux folios 110e,
c
115 et 116 c, a, a
130 131 et 140 il y a une portée de c lignes, apparemment parce que les lignes du texte
étaient espacées, en bas de la colonne, pour remplir la justification de la page.
chanson 277 Quant je plus sui en paoûr de ma vie, de BLONDEL DE NESLËS la chanson ;
que le Jeu parti du même :
pieuse du ROI DE NAVARRE Mauvais arbres ne puet florir, n° 202, a la même mélodie
;
Sire, loez moi a choisir, no 319 et le Jeu parti Philippe, je
vos demant, n) 238, partage la
mélodie avec la chanson nO 216 Ne me done pas talant, de
MONIOT D'ARRAS. Ces huit mélodies, écrites deux fois chacune, et de la même main,

272 = ; :
nous fourniront les premiers moyens de découvrir la valeur des
symboles musicaux.
;
Commençons par les cinq chansons identiques nO 14 = 303 183 = 195 271 = 305 ;
et 294 = 315.
288
;
La Chanson du VIDAME DE CHARTRES: A la saison dou tens qui s'aseüre (RAYNAUD
2086) revient avec la variante initiale Quant la saisons. dans la série Q. En com-
parant le texte poétique desdeux versions (voyez le facsimilé aux folios 6d et 122d, et
les transcriptions no 14 et 303 du présent tome) on constate que les variantes sont
nombreuses. Dans les strophes 2 et 3 il n'y a pas un seul vers qui soit identique dans
les deux rédactions, et dans la deuxième il y a une strophe de plus que dans la
première. Mais ce qui est étrange c'est que le contour mélodique est le même, dans les
deux versions, sauf une légère variante sur la dernière syllabe des vers 1, 3 et 6 de la

:
version b. Par contre, malgré l'identité essentielle du contour mélodique, nous relevons
un nombre assez considérable de variantes de graphie sur les syllabes 3, 5, 6, 7 et 8 du
premier vers et de sa reprise au troisième nous voyons tantôt des pliques avec le trait

:
ascendant à droite, ou avec un trait bref à gauche et un autre, plus long, à droite sur
la 6e syllabe il y a trois brèves contre une longue sur la 7e une plique simple dans la
;
;
version a contre une plique double dans b sur la 8e syllabe, une brève contre une
longue dans la version a, et une clivis dans la version b. Les vers suivants montrent les
mêmes différences de graphie, en somme pas plus importantes que les graphies ai pour e
ou our pour or ou v pour u dans le texte poétique. Comment expliquer l'identité de la
mélodie et les variantes de graphie, dans ces deux copies émanant apparemment de la
même main, alors que les variantes du texte poétique portent sur le sens plutôt que sur
les graphies extérieures?
Cette première question de méthode nous amène à étudier l'histoire de la tradition
musicale des chansons depuis le jour où elles furent composées jusqu'au moment où le
compilateur du Ms. Cangé les fit recopier dans son recueil. ta) Nous ne savons pas si les

1 a. Quant à la tradition ultérieure des chansons, les éditeurs partent généralement de l'hypothèse que
les chansons se transmettaient sur des rouleaux de parchemin, comme nous en voyons dans les miniatures de
; ; ;
notre ms. Cangé, aux folios 46 v°, lettre E 56 vO, lettre H 94 ro, lettre P 132 rO, lettre T et 140 vo,
lettre U, et qu'on ne commençait que vers le milieu du treizième siècle à les recueillir dans des chansonniers,
en les classant par auteurs, ou par genres, ou alphabétiquement. A cette hypothèse il convient d'en opposer,
au même droit, une autre, d'après laquelle un bon nombre de ces chansons auraient été transmises par voie
orale avant d'être écrites et rassemblées, plus tard, par des copistes ou
nissent des preuves en faveur de la première alternative, il en existe aussi
par des poètes. Si les Envois-four-
en faveur de l'autre, notamment
l'envoi de la Chanson à refrain n° 10, au folio 5 c, ligne d'en bas
Qui qu'ait les moz ajostez,
4 :
Gontiers les met en escrit.
L'étude de la musique nous engage de plus en plus à chercher l'explication des variantes mélodiques
dans les déformations inhérentes à la tradition orale,
car la plupart des variantes d'intervalles ne sauraient être
causées par des fautes de copie. Les fautes de clés et le mauvais placement des signes d'altérations
sont
souvent des preuves irréfutables de tradition écrite, mais d'autre part, les déformations radicales de thèmes
entiers postulent une tradition orale prolongée. Nous espérons pouvoir étudier
volume postérieur de notre Corpus. ce problème essentiel dans un
musiciens-poètes du douzième siècle composaient leurs mélodies mentalement ou s'ils
faisaient des brouillons sur des tablettes de cire ou sur des bouts de parchemin ou de
papier. Pour le treizième siècle nous avons au moins une référence positive prouvant que
la composition se faisait par écrit. L'Anonyme IV (COUSSEMAKER, Scriflores I, 328) dit
expressément : Pone in pergamena exempla. On connait l'anecdote des deux Troubadours
rivaux, enfermés dans des cellules avoisinantes pour composer une chanson qui devait
décider lequel des deux était le meilleur musicien. L'un d'eux, à court d'inspiration,
écoutait pendant que l'autre s'exerçait à composer et à répéter la sienne, et, le moment
du concours venu, il entonna fièrement la chanson de son émule déconfit. Cette anecdote
semblerait donc indiquer qu'on composait aussi sans avoir recours à l'écriture musicale.
Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons étudier ces chansons, aujourd'hui, que sur les
recueils qui nous les ont conservées et ces recueils, le nôtre en particulier, datent de
vingt à cent ans du temps où ces pièces furent créées.
Or, nous ne connaissons dans l'histoire de la séméiographie musicale aucune période
où les symboles aient changé aussi souvent, aussi rapidement et aussi radicalement, d'un
centre à l'autre, qu'au treizième siècle, après le premier développement de la musique
polyphonique.1) La paléographie musicale des documents de ce siècle-là est infiniment
plus compliquée que la paléographie ordinaire du langage écrit.
La suite des exemples que nous avons commencé à étudier confirmera, en les
illustrant, ces remarques. La Chanson L'an que rose ne fuille (RAYNAUD no 1009) du
CHATELAIN DE Couci, paraît d'abord, comme no 183, au folio 74 a, et revient, comme
nO 195, au folio 78 c, avec la variante initiale Lorsque rose., qui explique la méprise du
compilateur. La version a donne une strophe de plus que b et les variantes de texte
sont, ici encore, si nombreuses qu'on ne saurait admettre une source écrite unique pour
les deux versions (comparer le facsimilé et les transcriptions 183 et 195). Quant à la
musique, le cas est exactement le même que celui de l'exemple premier à part trois
différences de graphie (pliques) et six brèves dans la version a contre autant de longues
:
dans b, et un la pour un si sur la deuxième syllabe du vers 8, qui s'explique aisément,
les deux versions mélodiques sont parfaitement identiques. Elles peuvent bien être deux

Troisième exemple :
copies remontant à un même original écrit en Neumes français.
Raynaud no 1795, Quant l'erbe muert et voi fuille cheoir, de

au folio 123 c avec la légère variante, non initiale :


GACE BRÛLÉ, se trouve d'abord comme nO 271 au folio 110 b et revient comme nO 305,
Quant l'erbe muert, voi la fuille
cheoir. On ne saurait donc dire que le compilateur se soit mépris sur l'identité des deux
versions. Le fait que dans la deuxième version il s'arrête au deuxième couplet, alors que
la première en a quatre, plus un envoi, semblerait indiquer qu'il s'est aperçu, en copiant,
qu'il l'avait déjà écrite auparavant. Mais cette supposition est contredite par les diver-

2. Les théoriciens sont d'accord avec les données des documents. L'Anonyme IV (COUSSEMAKER,

; :
Sriptores 1, 344) relève avec un plaisir apparent, les avantages de son système de notation sur ceux de ses
prédécesseurs
equalia :
Quoniam in antiquis libris habebant puncta equivoca nimis, quia simplicia materialia fuerunt
sed solo intellçctu operabantur, dicendo intelligo istam longam, intelligo illam brevem, et nimio tempore
longo laborabant, antequam scirent bene aliquid quod nunc ex levi ab omnibus percipitur. JOHANNES DE
:
;
GROCHEO dit, en parlant des formes de notes employées de son temps, au dernier quart du treizième siècle
Istis autem figuris diversimodo significationem tribuerunt unde sciens cantare et exprimere cantum secundum
quosdam et secundum alios non est sciens. Omnium autem istorum diversitas apparebit diversos tractatus aliorum
intuenti.
copies ne remontent pas à une source écrite
gences du texte qui prouvent que les deux
unique. Le texte musical est identique dans les deux copies, graphies à part. Dans la
version b l'alternance d'une longue et de deux brèves indiquant un rythme dactylique
n'est pas aussi régulière que dans la version a. Notons que sur l'avant-dernière syllabe

:
du premier vers la version a place une Plique, contre une simple brève de la version b.
:
Quatrième exemple ici, les conditions changent. Les deux incipit Quant li rossignoz
jolis (Raynaud nO 1559) sont exactement les mêmes, au folio 110 c, no 272, et au folio
117 b, nO 288, la première fois avec 4 strophes, l'autre, avec 2. Les
variantes des paroles
excluent une source unique pour les deux copies. Variantes de graphie: estey-esté, nait-
naist, volenté-volunté, eulz-huil; variantes de formes: que je soie quis-que j'estoie quis;
liement m'a-liement ont. Les variantes musicales comprennent des substitutions de
pliques, de cadences et de groupements en nombre si grand qu'elles postulent des
sources différentes pour les deux versions.

:
Le cinquième exemple diffère essentiellement des autres. C'est la Chanson d'un
excellent musicien, PERRIN D'ANGECOURT (Raynaud no 172) Quant li beax estez repaire,
qui se trouve d'abord comme n° 294 au folio 119 c, et une deuxième fois, comme
n° 314, au folio 126 a. Les variantes du texte se réduisent à des graphies
oiseaux, se :
: oiseax-
paire-s'apaire, ausi-ainsi, Strophe 2 leaul-leal, que-cui, resorz-resors,
deux variantes de texte :
cun-con, vis-vif, grant-granz, primes-premiers, voillance-vuillance, leaul--leal, contre
:
v. 2 foilli-flori, v. 27 defaillance-difJerence. La musique est
plus semblable encore que le texte
:
à part un do pour un ré à la fin du vers 6 et au
début du vers 8, les notes sont identiques, quant au profil mélodique les différences se
réduisant à des variantes de formes usuelles, des longues contre des brèves ou des pliques.
Les déductions que nous pouvons tirer des trois Jeux partis qui se chantent sur des
mélodies empruntées à d'autres chansons se réduisent aussi à des considérations d'ordre
graphique. Les contours mélodiques y sont remarquablement identiques dans les deux
versions et les substitutions de pliques à des notes simples, ou leurs résolutions en groupe
de notes, nous sont d'un secours appréciable lorsqu'il s'agit de les transcrire en notation
moderne.
Les copistes professionnels de musique au Moyen Age avaient, chacun selon ses
dispositions et son expérience, une certaine esthétique de graphie. Ils ne se contentaient
pas de copier servilement ce qu'ils avaient sous les yeux. L'aspect artistique de leur
travail importait autant que l'exactitude de la copie. Les bons chansonniers, tels que
notre ms. CANGÉ, celui DU Roy (844) et plusieurs autres en témoignent hautement.
Même les pédants théoriciens ne dédaignent pas la pulchritudo Punctandi. 3) C'est surtout
dans le tracé des groupes de trois à quatre notes qu'on remarque un effort de leur part
de les assembler en des ligatures plaisantes à l'œil.
Les lignes du texte étant écrites d'abord, en des distances calculées et marquées au
compas, de façon à laisser exactement l'espace des portées musicales, et rien de plus, le
premier devoir du copiste de la musique était de disposer les clés de façon à ce que les
notes de la musique ne dépassassent la portée ni en haut, ni en bas. On peut remarquer
que les copistes du texte facilitent généralement la tâche au musicien, en évitant autant
que possible, l'emploi des abréviations dans les couplets destinés à recevoir la musique.

3. Par exemple l'Anonyme IV, 1. c. 337.


:
Sauf dans les manuscrits essentiellement musicaux, tels les recueils d'Organa et de
Motets, deux copistes se partageaient le travail un pour le texte, l'autre pour la musique.
Les rubriques et les lettres historiées s'exécutaient dans des ateliers à part.
En faisant la description sommaire du ms. CANGÉ dans mes Mélodies des Trou-
badours, pp. 24 et 25, je croyais reconnaître les mêmes traits dans l'écriture du texte et
de la musique. Certains faits, relevés depuis dans l'étude plus détaillée de ce document,

;
semblent prouver le contraire. 4) En effet, en plusieurs endroits le scribe du texte avait
sauté un mot ou deux qu'allait-on faire lorsqu'il fallait y adapter les notes musicales,
syllabe par syllabe?

; :
En voici quelques illustrations. Au folio 60 a, dans la dernière ligne, le scribe avait omis les trois mots
et le jour. Le notateur s'en aperçoit, forcément il trace trois lignes, y place les notes et les mots qui
manquaient. Le tracé des lettres révèle une main différente de celle qui a écrit le corps du texte. Au folio
133b, le scribe avait sauté le mot douce. Le notateur le rétablit, de sa main, et distribue les notes en
traçant une petite barre verticale pour faire tomber les notes à leur place.

;
syllabe
Notre notateur est un travailleur soigneux. Parfois une note n'était pas placée exactement sous sa
il la gratte (le procédé de la sub-ponctuation ne s'emploie point en musique), et la met au bon

;
endroit (fol. 35 vo, dernière note). Au folio 61 a, à la fin de la cinquième portée, il n'a pas prévu que la
mélodie monterait et dépasserait en haut pour ne pas collider avec le texte, il déplace la note vers la marge.
Au folio 14 v° il ne s'était pas aperçu de la césure lyrique, ce qui lui laissait une note de trop pour le second
hémistiche. Au lieu de sacrifier la note, il la réunit, en ligature, avec une autre. Pareillement, lorsque le scribe
avait omis une syllabe du texte et que le notateur n'osait, ou ne pouvait, par ses propres moyens, restituer la
syllabe qui manquait, il place la note supplémentaire en ligature, avec une autre (folio 21 v°, troisième
portée, pluie d'esté).
: :
Parfois aussi c'est lui qui fait erreur sur le décompte des syllabes au folio 33 v° il a lu j'ai mis, au
lieu de y ai mis, ce qui se comprend aisément. Mais voyant qu'il lui reste une note, il fait une ligature

;
des deux notes appartenant aux syllabes y et ai. Le même cas se retrouve au folio 89 b, dans l'avant-dernière
portée au mot abeie qu'il prend pour un mot de trois syllabes il place la note supplémentaire en ligature.
a
Au folio 50 le scribe avait détruit le nombre des syllabes du deuxième vers en écrivant soloit au lieu
de seut, qui ne lui convenait pas. Le copiste de la musique s'en tire en élidant la rime féminine du premier
vers, pour restaurer le compte des syllabes. Au folio 94 d, au contraire, le scribe avait contracté si y en si, ce
qui fait un vers raccourci. Le notateur s'en aperçoit, dès qu'il arrive à la syllabe grant. Il gratte la ligature,
ajoute la syllabe i et tâche de distribuer les notes correctement.
Ce sont autant de preuves en faveur du copiste de la musique. A comparer le
travail d'autres notateurs, on est frappé par la diligence et l'intelligence qu'il apporte à
sa tâche. Maints détails, d'apparence insignifiante, confirment ce jugement. On peut voir
sur le facsimilé que le parchemin est fortement plissé au folio 3 ; à la troisième portée de
la colonne b, ne voulant pas dépasser la portée, et ne pouvant placer sa note au bon
endroit pour ces deux raisons, il change de clé, pour une note unique, à la fin de la
!
ligne C'est d'un bout à l'autre l'effort d'un musicien méticuleux. On ne saurait se
rendre compte des difficultés que présente la transcription de Neumes ou même de notes
carrées sur portées, en notation mesurée, que si l'on s'y est exercé soi-même.
Nous avons déjà constaté, au chapitre précédent, que, malgré toute sa bonne
volonté, notre copiste n'a pas toujours réussi à retrouver et à figurer dans la notation la
mesure de certaines chansons.
Dans les Chansons n°* 88, 257 et 335, par exemple, il se trompe manifestement. Faisant ses rythmi-
sations au fur et à mesure qu'il procède, une rime intérieure prise pour une fin de vert lui fait manquer le
rythme des vers suivants. Le copiste du chansonnier de l'Arsenal, par exemple, n'est qu'un cuistre en com-
paraison du nôtre. Que l'on compare les deux rédactions de la Chanson d'une femme, relative à une croisade
(Raynaud no 21), qui se trouve dans le ms. de l'ARSENAL, page 385, dans le ms. DU ROI (844) folio 174 et

,
dans notre ms. CANGÉ, au folio 28 a. Alors que les deux autres rédactions se contentent de reproduire machi-
nalement la phrase mélodique du début dans les reprises, notre copiste au contraire, travaille la mélodie, en

4. L'encre dont s'est servi le copiste pour transcrire la musique est plus noire que celle du texte poétique.
fait un deuxième Mode, varie les pedes et fait un emploi judicieux des signes musicaux affectant l'exécution

:
artistique et phonétique, que nous avons déjà plusieurs fois eu l'occasion de mentionner et que nous étudierons
présentement les pliques.
Les musiciens d'aujourd'hui, compositeurs aussi bien que chanteurs, ignorent les
nuances phonétiques du langage. Qu'il s'agisse d'une rencontre de muette ou d'une
:
sonore avec une autre ou avec une liquide, m, n, r, l ou s, ou de la rencontre de deux
voyelles en hiatus, dont l'une devient fricative personne ne s'en soucie, et notre écriture
musicale moderne ne possède aucun signe pour les noter. Le Moyen Age avait l'oreille
infiniment plus délicate que nous autres. Ils entendaient des nuances phonétiques, là ou
nous ne voyons que des combinaisons de lettres. 4a)
La plupart des théoriciens de la musique traitent de la Plica comme étant un signe
d'articulation ou d'ornementation musicales. La définition la plus claire se trouve chez
l'ANONYME DE ST VICTOR (COUSSEMAKER, Histoire de l'Harmonie au Moyen Age, p. 267) :
Plica est nota divisionis soni in gravem et acutum, et debet formari in gutture cum
epiglotto. La plique serait, d'après lui, un signe indiquant la brisure d'une note en un son
aigu et un autre, grave, et l'on doit le produire dans le palais au moyen de l'épiglotte
(luette). Au siècle suivant, JÉRÔME DE MORAVIE s'étend longuement sur ce signe de
fioriture en parlant des notes de passage, reverberationes, qu'il définit (COUSSEMAKER,
:
Scriptores I, 81) Est autem reverberatio brevissimæ notce ante canendam notam celerrima
anticipatio, qua scilicet mediante sequens assumitur. Flores subitos non alia quam plica

Ce genre de petit trille ou de trémolo s'appelait aussi


même théoricien, on les dédaignait en France
:
longa, inter quam et immediate sequentem note brevissime ponuntur ob armonice decorem.

: nota procellaris et, d'après le


Notas procellares communiter abjiciunt
(Prædicti Gallici), unde et omnes nationes eisdem utentes voces tremulas dicuntur habere.
Le fait est que l'emploi de la plique comme signe d'une nuance d'exécution vocale
n'est rien moins que général ou qu'uniforme dans les notations du treizième siècle. Il
y avait, sans doute, dans le nombre des compositeurs et des copistes, des artistes plus ou
moins raffinés. On n'a qu'à comparer plusieurs versions de la même chanson, monodique
aussi bien que polyphonique, pour se rendre compte que là où un manuscrit porte une
plique, un autre la remplace par une note simple.
Dans le Tropaire de Burgos il se trouve plusieurs Motets notés deux fois, par deux mains différentes.
D'abord le Motet 0 Maria, maris Stella, au folio 102 vo, qui revient, au folio 124 vo, d'une main un peu plus
récente. Les notes sont remarquablement identiques, mais la distribution des pliques sur certains sons diffère
sensiblement. De même dans le Trope Verbum patris hodie qui se trouve d'abord au folio 25, à deux voix, et
puis, au folio 26 v° sous forme d'Organum, avec un accompagnement différent. Ici encore, il n'y a pas
uniformité dans l'emploi de la plique. Le Motet Ave caro splendida, écrit en partition, au folio 98 vo, revient
aux folios 123 v° et 124 vo, transposé d'un ton en bas. Le compositeur de ce motet a dû être un grand
amateur de pliques, car dans les trois copies les pliques abondent, même dans le Ténor, au bas de la page 99,
écrit en notes simples, parsemées de pliques. Sur sept notes du premier vers toutes, sauf la première et la
dernière sont pliquées. La Prose populaire Verbum bonum et suave se trouve écrite en cinquième Mode ex
omnibus longis au folio 36 vo, sans plique aucune dans la mélodie, mais avec plusieurs au déchant, qui est
généralement plus orné que la voix principale, surtout lorsque celle-ci est du cinquième Mode. La même
mélodie revient, au folio 67, sur les paroles Bene cepit et peregit, comme un des couplets de la Prose Rex
eterne maiestatis, sans aucune plique et aex omnibus longis ».

4 a. Mon attention fut attirée vers ce sujet par les travaux des R. R. Bénédictins, publiés dans la
Paléographie musicale, il y a trente ans, dans une étude sur les Neumes liquescents. Depuis lors j'ai appliqué
leurs observations à l'étude de la musique en langue vulgaire, en particulier aux chansons des Trouvères. Les
notes qui suivront font partie d'un travail à part sur les signes phonétiques au Moyen Age qui paraîtra
ultérieurement.
Nous constatons les mêmes variantes dans l'emploi des pliques si nous étudions les
reprises dans les Motets de Bamberg, comparées entre elles ou comparées aux versions

Par :
correspondantes des autres recueils de Motets. 4b)
exemple les pliques du Motet n° 57 de Bamberg : Lonc tans a que ne vi m'amie disparaissent
complètement dans la transcription conjointe, en ligatures, du Ms. de Montpellier, ce qui semblerait indiquer

:;
que la plique est un signe phonétique. Mais les pièces sans paroles qui font suite aux Motets de Bamberg
emploient la plique dans la même porportion que les Motets chantés. De deux choses l'une si les pièces sans
paroles sont des compositions instrumentales, la plique ne saurait être un signe phonétique ou, , si elle l'est,
ces pièces ne sont point instrumentales, mais vocales. Le Motet n° 43, un petit chef-d'œuvre de composition,
avec des Imitations fort ingénieuses entre les voix du Treble et du Motet, qui répètent successivement et
alternativement une même phrase, nous trouvons la plique dans la première ligne du Motet, mais pas dans sa
reprise, au troisième vers du Treble, sur le mot mourrai-je. A la fin, la même phrase revient, avec une
cadence finale variée, d'abord dans la voix principale, avec une plique sur la syllabe tonique de vivrai-je, alors
que dans l'Imitation du Treble la plique manque. Est-ce une inattention de la part du copiste, ou est-ce une
variation, une nuance d'exécution? Les groupes liquescents tels que vivrai, virgo, salve sont souvent pliqués,
sans toutefois qu'il soit possible de généraliser les faits épars. Dans une certaine copie ces formes peuvent se
trouver avec et sans pliques, et dans des copies différentes on peut découvrir des pliques là où la première
version n'en avait point et vice versa. Dans le Motet n° 97 de Bamberg les deux petits vers Dum peperit et
dum voluit, d'une part, et Dei filium et -bis condoluit de l'autre, se chantent sur les mêmes notes, sans plique
la première fois, avec plique la deuxième. Le compositeur faisait-il une distinction phonétique entre dum pe et
dum ro? On comprendrait encore qu'il distinguât de-i fi-lium et no-bis con-doluit, les voyelles nasales étant
assez susceptibles d'être pliquées.
Malgré cet emploi contradictoire, il faut admettre que la plique, même si elle ne
représentait pas la même chose pour les musiciens appartenant à des écoles différentes,
remplissait une fonction certaine dans l'acception des copistes pris individuellement
Pourquoi le notateur du Tropaire de Burgos se serait-il donné la peine de gratter la
note inférieure de la Virga au folio 15, ligne Ire du Trope Clangat hodie, et de la
remplacer par une plique, sur la première syllabe du mot nostra, si la Plique ne repré-
sentait pas autre chose qu'une Virga?

pliques, nous aurions été réduits à en deviner la signification ;


Si tous les compositeurs et tous les copistes avaient attaché une valeur uniforme aux
mais le fait que certains
copistes les résolvent et en donnent, dans leurs transcriptions, les équipollences mélo-
diques, nous est d'un secours précieux lorsqu'il s'agit de les transcrire, de notre part, en
notation moderne. La plique est un symbole de la même nature que certains signes
d'abréviation du texte, et, de même que la paléographie détermine les résolutions des
abréviations, elle nous permet de déchiffrer ces signes « passe-partout».

exemple :
Lorsque plusieurs syllabes se suivaient, dans un mot, avec peu de consonnes, par
amie, véée, aïe et que chacune d'elles eût plusieurs notes, le copiste ne pouvait
pas les écrire en ligatures, parce qu'elles prennent trop de place, et force lui était de
leur substituer un symbole abrégé. Quand le scribe du texte espace bien les syllabes du

Les résolutions mélodiques des pliques sont assez simples :


texte, le notateur dispose de toute la place voulue, et il peut écrire les ligatures complètes.
il s'agit, en général,
d'une petite fioriture, d'un glissando1) partant de la note qui la précède ou allant à celle
4 b. Dans les Conductus et Séquences à 2 voix du Tropaire de Burgos, il arrive assez souvent que la
note sur une syllabe de la voix principale est pliquée, alors que la note sur la même syllabe du déchant ne
l'est point ou vice versa. Dans ce cas, la plique est manifestement un signe musical, sans valeur phonétique
particulière.
5. Ce glissando se faisait même d'un vers à l'autre, une sorte d'enjambement phonétique pour enchaîner

une fin de période ; ;


deux phrases musicales complémentaires. Ainsi nous voyons des pliques sur la note de la rime, même devant
dans les Motets de Bamberg, fol. 29 d, ligne 8, folio 30 b, lignes 5 et7 folio 31 vO, sur
les rimes fausers et amer; folio 56 b, sur la rime chançon. Dans la chanson n° 135 du ms. Cangé une plique
finale sert à relier la fin des pedes à la cauda, d'accord avec la syntaxe du texte. Est-ce une simple coïn-
cidence si nous rencontrons les pliques fréquemment dans les passages où le poète mentionne le chant des
oiseaux?
qui la suit, en laissant la prédominance à la note principale. Nous nous sommes fidè-
lement rattaché, dans nos transcriptions, à ce que nous apprennent les graphies diverses
des manuscrits, et, afin d'en permettre le contrôle à la critique, nous avons indiqué par
le signe moderne de l'apoggiature montante ou descendante les pliques ascendantes ou
descendantes du ms. ; elles y figurent en si grand nombre, presque sur chaque page, qu'il
n'est pas nécessaire de les énumérer ici.
Il en est de la notation musicale tout comme de l'écriture du langage parlé les
mêmes symboles ne représentent point nécessairement les mêmes sons et réciproquement,
:
le même phonème peut s'exprimer graphiquement au moyen de symboles divers. La
notation musicale est, d'ailleurs, aujourd'hui comme autrefois, un guide plutôt qu'un
tyran et l'exécutant jouit d'une liberté d'interprétation considérable.
Avec les ressources limitées de la notation proportionnelle primitive était im- il
possible d'indiquer aucune nuance d'exécution telle que crescendo et decrescendo, acce-
lerando et ritardando, piano et forte8) etc. Mais le besoin avait créé, de bonne date, une
sorte de frein d'urgence pour permettre aux chanteurs de se rassembler sur l'avant-
dernière note d'une pièce, et de finir, tous ensemble, sur la dernière note. Les théoriciens
mentionnent cette mora ultimæ vocis que nous rencontrons presque régulièrement dans les

tième;
compositions polyphoniques. Dans les chansons à une voix on allongeait aussi la pénul-
les chanteurs d'alors n'étaient pas moins soucieux que ceux d'aujourd'hui de
quitter la scène sous les applaudissements de l'auditoire, provoqués par une «note de
bravour » à la fin.
Le copiste musical du chansonnier Cangé — car en dehors des deux chansons no 4
et 62, la musique semble provenir de la même main — est bien au courant de la nota-
tion proportionnelle et de la science musicale. Ce qui le prouve c'est, d'abord l'emploi
judicieux de l'opposita proprieias, le renversement des valeurs rythmiques des notes au
moyen des tiges initiales des ligatures tracées dans la direction opposée à la forme
normale, ce qui n'existait pas encore dans la notation carrée primitive. Nous ren-
controns cette opposita proprietas dans un assez grand nombre de chansons, chaque fois
qu'il est évident que le copiste transcrit une chanson qui appartient à l'ars mensurabilis
dans le petit Motet no 53, dans la chanson no 77 de RICHARD DE FOURNIVAL qui était
;
un musicien de première force, et dans plusieurs chansons anonymes ou uniques, no 27,
31, 189, 199, 309 qui, ou bien proviennent d'un recueil perdu, écrit en notation mesurée,
ou bien sont l'œuvre du copiste même.
Seul un musicien possédant une solide éducation technique pouvait se permettre le
tour de force de transposer des chansons, au fur et à mesure qu'il les copiait
précisément ce qu'a fait le copiste du chansonnier Cangé. GUI D'AREZZO (vers 1025) nous
c'est ;
apprend que ce qui se chante en la si ut, peut aussi se chanter, transposé d'une quinte
en haut ou d'une quarte en bas, en ré mi fa. Mais il est mieux, ajoute-t-il, de les
chanter dans leur notation naturelle. Puisque le Moyen Age ignorait le diapason, un
chanteur était obligé de régler l'intonation d'une chanson et surtout d'une composition

6. Quoique les signes graphiques se rapportant à l'interprétation de la musique fassent complètement


défaut dans la notation musicale antérieurement au 16e siècle, il serait erronné d'en conclure que les musiciens
détail les nuances du « Tempo» : procedendo tempore tardo, tardiori, tardissimo
mediocri, mediocriori, mediocrissimo; augmentando, decrescendo, mediando.
;
ignoraient les nuances de l'exécution artistique. L'Anonyme IV (COUSSEMAKER, Scriptores I, 361) décrit en
;
velociter, velociori, velocissitno
à plusieurs voix, 7) d'après les registres de la voix. JÉRÔME DE MORAVIE (COUSSEMAKER,
Scriptores I, 94 a) leur recommande d'entonner une chanson nec nimis basse, quod est
ululare, nec nimis alte, quod est clamare, sed mediocriter, quod est cantare, ita scilicet ut non
cantus voce, sed vox cantu ducetur. Notre copiste, lui, adapte le chant à la voix. Etait-ce
la. sienne ou celle du seigneur-chanteur sur la commande duquel il exécutait le travail?
Les théoriciens sont d'accord que les chansons profanes n'étaient point assujetties aux
règles traditionnelles des anciens modes ecclésiastiques qui gouvernaient la composition du
Plain-chant. L'Anonyme 2 (COUSSEMAKER, Scriptores I, 312 a) nous apprend que fuit
inventa falsa musica causa necessitatis et causa pulchritudinis, ut patet in cantinellis
:
coronatis. Le copiste du ms. Cangé est assez soigneux (lorsqu'il faut indiquer des alté-
rations chromatiques, à comparer son travail à celui de la moyenne des copistes de
musique au Moyen Age.8) L'étude des chansons notées deux fois dans le ms. montre que
par exemple dans la chanson n° 272, qui est identique au n° 288, il ne donne aucune
altération la première fois, alors que dans la deuxième il prescrit six bémols. Dans les
chansons nO 294 et 314, identiques, il y a 5 bémols dans la première version, et un seul,
dans l'autre. Dans la deuxième copie, no 305, de la chanson nO 271, les bémols corres-
pondent à ceux de la première, mais il y a, en plus deux bécarres qui pourraient,
d'ailleurs, être de date plus récente. Dans la version du ms. de l'Arsenal (p. 92) il y a
un si bémol à la clé en tête des portées. Dans les deux versions de la même chanson
nos 183 et 195, les bémols et les bécarres se correspondent, sauf trois. Les nos 202 et
319, bâtis sur la même mélodie, sont écrits en des clés différentes. La première commence
sur sol, la deuxième sur ut, comme dans le ms. de l'Arsenal. Dans les pedes aucun signe
d'altération n'indique la place des sensibles, mais dans la suite le copiste place les
bémols aux endroits qui les demandent.
Les deux signes d'altération chromatique employés par le copiste du ms. Cangé sont
le b quadratum ou bécarre et le b molle ou bémol. Ils ne remplissent pas la fonction
unique, comme ils le font aujourd'hui, celui-ci, d'abaisser une note, celui-là de la rétablir
à sa valeur première. L'un et l'autre peut ou bien élever ou abaisser une note, suivant
qu'elle vient d'être altérée ou non. C'est ainsi que nous y trouvons même des fa bémol
et des ut bémol (fol. 113 a et 54 c) parce que la note normale de la gamme ou du
mode venait d'être élevée, à quelques notes de distance, par un b quadratum. Celui-ci
indique l'intervalle d'un ton entier entre deux notes dont la dernière est altérée, c'est-à-
dire qu'elle ne forme pas, avec la précédente, l'intervalle normal du tétracorde. Le bémol
indique généralement la sensible ascendante, le bécarre la sensible descendante.
Ce qui pourrait induire en erreur le lecteur c'est que les signes d'altération ne se
trouvent pas toujours immédiatement devant la note à laquelle ils appartiennent
en sont souvent séparés par trois ou quatre notes, par exemple dans les nos 20,
ils ;
ligne ; 7 no 34, ligne 6 ;
n° 52, ligne 1. Ceci est causé, parfois, par la différence de
longueur des lignes entre l'original et la copie, qui produit fatalement ces anomalies.

7. Nousrencontrons la même pratique dans les différentes copies des Motets et des Tropes polyphoniques
des mss. de Bamberg, Burgos, Montpellier etc., et aussi dans le même recueil, lorsque la composition s'y
retrouve plusieurs fois, comme le Ave caro splendida, noté d'abord en sol, sans indication de la sensible, au
folio 98 vo, et en ta, avec si bémol en clé, aux folios 123 et 125. Les chanteurs devaient connaître la place des

;
demi-tons sans qu'il fût nécessaire d'indiquer toutes les altérations chromatiques causées par la transposition.
8. Il n'est pas certain que tous ces signes d'altérations remontent au travail original du scribe on peut
constater des différences dans le tracé et dans l'encre des bécarres, qui en rendent l'authenticité douteuse.
SÎ>
nos 3,
et mi>
5,
, ;
no 29 et
14,18,25,28.
sip, 57
;
Nous rencontrons le si bémol et le si bécarre dans les chansons nos
miv et
fa et siq: nD
fa, n° ;
seul: no 42 et 43 fab seul:
52
6; fa,
sity
solq et s»i| :
no 9; la# et
nos 58, 75 ; mib avec sip : nos 29, 57, avec fab no 52 et avec mi , no 99; au no 59 un
uta dont le tracé diffère des autres; un ut c
au fol 54 est annulé, à la ligne suivante,
i,
; :
39, 56, 84 ;

par un utp , deux fois de suite


Pourquoi, demandons-nous, les signes d'altération sont-ils plus nombreux dans le
Ms. Cangé que dans les autres chansonniers?9) C'est la conséquence nécessaire des
transpositions partout où transposition il y a, et dans les autres cas nous y voyons
l'activité, disons même le zèle du copiste qui les ajoute, de son propre chef, tout comme
les scribes du texte apportent des modifications aux paroles qu'ils transcrivent.
Le principe, emprunté aux mélodies grégoriennes, de répéter une ou plusieurs
phrases musicales dans un tétracorde apparenté, reste en vigueur dans les Chansons des

:
Troubadours et des Trouvères. Prenons, pour illustrer ce fait, très important, la première
chanson de notre recueil Ausi cum l'unicorne sui. On verra que les vers 3 et 7 sont
construits sur le même schéma, transposé d'une quarte. Cette disposition particulière de
la mélodie nous est d'un secours inappréciable, lorsque le notateur, pour une raison ou
pour une autre, a omis de placer les signes d'altération aux bons endroits, car elle nous
permet de reconnaître les demi-tons dans le mouvement parallèle des tétracordes, même
quand nous ne possédons aucune version transposée dans le nombre des copies de la
même chanson.

:
Si l'on examine la notation des chansons à reprises (Pedes), on est frappé par de
nombreuses inconséquences les longues et les brèves ne se correspondent pas, comme on
devrait s'y attendre. Faut-il en conclure que le débit musical variait d'une reprise à
l'autre, 10) ou bien cet échange des longae et des breves se ramène-t-il à la valeur
indéfinie, à l'origine, de ces deux formes?
9. Dans une :
brochure intitulée
La Musica andaluza medieval en las canciones de Trovadores, Troveros y Minnesinger, Fasc. 2°, 136
canciones transcritas del manuscrito num. 846 de la Biblioteca Nacional de Paris, Madrid, 1924, le savant
arabisant JULIAN RIBERA a soumis les altérations chromatiques de notre copiste à un examen détaillé. D'après
:
ses conclusions, les bémols et les bécarres du ms. Cangé n'auraient point été destinés à rétablir les inter-
valles de l'échelle modale, déplacés à la suite de la transposition des mélodies ils indiqueraient des gammes
transposées. S'appuyant sur ces prémisses, il transcrit les chansons du ms. Cangé avec deux, trois et quatre
bémols à la clé. Malheureusement les solutions que propose Mr. RIBERA, aussi ingénieuses soient-elles, sont en
contradiction avec la tradition documentaire. Son idée, de chercher les influences de la culture arabe dans la
musique du Moyen Age, est bien séduisante, encore qu'elle ne soit pas nouvelle. Mais, que vaut l'idée la plus
belle, si elle est à court de preuves historiques? Quand nous avons sous les yeux la genèse de la musique
chrétienne du Moyen Age, la tradition ininterrompue de la poésie latine rythmique et de la poésie en langue
vulgaire, du dixième au quatorzième siècle, il faudrait, pour abandonner cette évidence en faveur d'une
théorie de l'origine arabe de cet art, une documentation de première main bien plus solide que ne l'est celle
de Mr. RIBERA. Le jour où notre savant confrère sera familier avec la tradition latine et romane, ses travaux
prendront une autorité que, pour le moment, la critique ne saurait accorder aux inductions spirituelles, mais
hâtives, de ses premiers essais sur la musique médiévale. Ses théories sur l'influence des rythmes et des
tonalités arabes ignorent la poésie latine du Moyen Age. Quant aux transcriptions de Chansons de Trou-
badours et de Trouvères qu'il publie, elles n'ont guère que la valeur de jolies fantaisies comme en ferait tout
musicien enthousiaste, s'il se mettait à déchiffrer, à première vue, une composition du Moyen Age, sans tenir

136 transcriptions de Mr. RIBERA, espérant en rencontrer l'une ou l'autre qui fût d'accord avec le manuscrit
le résultat fut, hélas, négatif.
:
compte du groupement des notes sur leurs syllabes, ni de la mesure indiquée par la notation. J'ai vérifié les

en général, graphiquement identiques ;


10. Dans la notation mesurée du Tropaire de Burgos, les reprises, fort nombreuses, des Séquences sont,
rarement un scribe ou l'autre indique-t-il des pliques pour certaines
combinaisons phonétiques. Lorsque les deux couplets chantés sur le même thème sont écrits l'un au-dessous de
l'autre, il n'est pas possible de figurer dans la mélodie unique les différences phonétiques des syllabes de
chacun d'eux.
En général, le contour mélodique reste le même dans les reprises; les exceptions ne
représentent que 4 ou 5 du total. Par exemple dans le no 22, le vers 2 a : si do do, et
:
le vers 4: do do si — no 63, 1. 1: si La la, et 1. 3 do si la — nO 64, la première reprise
finit en «ouvert», c'est-à-dire sur une note qui n'est point finale, et la deuxième reprise finit
sur la tonique sol, en «clos». -. : :
n° 70, 1. a rédo ré mi fa mi, 1.3 : rémido mi fasolfamiré. —
:
n° 93, 1. 2 si do ré ré rési, et 1. 3 ré ré ré ré dosi. -.
n° 95,1.2: solla do do si si, et 1. 4: lasi do
sila sido. Le n° 137 fait aussi la distinction du «apertum et du «clausum» dans la reprise, etc.
La note carrée, simple, sans tige, est souvent tracée plus grasse que d'ordinaire,

;
lorsqu'elle tombe sur un temps fort, sur une syllabe nasale, fol. 114, ligne ire ten(tir), ou
sur une tonique. Par exemple au folio 71 c, ligne 4, sur la rime quier folio 84 c, ligne 3,
; ;
sur le temps fort me 85 b, ligne 2, temps fort de

; ;
100 c, ligne 3, temps fort et
syllabe tonique dâ (me); 104 c, ligne 7, temps fort sur l'atone (da) mé 113 c, ligne 6,
longue de deuxième Mode sur tart etc. C'est là un problème de graphologie plutôt que
de paléographie, mais il mérite d'être relevé, parce qu'il semble prouver que le copiste
sentait le rythme de la mélodie et que ce rythme, en se communiquant aux muscles,
trouve son expression graphique dans les notes grossies, là où, d'après les usages de la
notation proportionnelle, une note longue avec tige aurait été à sa place.
Les notes simples, le carré (brevis) et le même carré avec une tige descendante à
droite (longa) indiquent, en principe, mais pas toujours, une note brève ou une note
longue, soit, dans notre transcription une unité de temps (croche ou noire) ou plusieurs
unités. Les ligatures et les conjonctures ne représentent pas encore les valeurs définitives
de la notation dite franconienne, sauf dans les exemples où l'on trouve les notes avec
opposita proprietas. En comparant la notation des chansons avec pedes on peut voir des
différences de tracé et de composition de groupes de notes à valeur rythmique corres-
pondante. H)
La semibrevis isolée, un losange placé sur un angle, qui représente, dans la notation
mesurée de la fin du XIIIe siècle, la fraction d'une brève, ne se rencontre dans le
Ms. Cangé que deux fois : au folio 31 b, ligne 3e, sur les syllabes mais je, et au folio
80 c, ligne Ire sur les mots mais ele dit. Dans le premier cas il s'agit de la chanson d'un
musicien, RICHART DE FOURNIVAL, qui peut se permettre certaines libertés de versifi-

: :
cation (on en trouvera une autre, dans la chanson n° 250 si come cil, au lieu de si
com cil) c'est cette possibilité de résoudre une note en deux moitiés qui est la cause de
tant de vers avec une syllabe de trop. Les copistes du Centre ou de l'Est, transcrivant
des chansons d'origine septentrionale, donnent au pronom féminin les deux syllabes
»
d'usage, comme dans la «Vadurie citée, no 100, fol. 80 c: mais ele dit, pour mais el dit.
Dans la notation mesurée définitive, les pauses sont représentées par de petits traits
perpendiculaires, s'étendant sur une, deux ou trois lignes de la portée, selon leur valeur
de durée. A l'exception des chansons citées qui appartiennent à l'ars mensurabilis, ces
traits verticaux n'ont pas, dans la sémantique de notre manuscrit, la valeur fixe de
pauses mesurées. Nous les trouvons généralement aux fins de périodes musicales, mais
elles manquent souvent où la mesure du deuxième Mode les réclamerait. Parfois aussi,
ces petits traits ne servent pas à autre chose qu'à distribuer les notes sur leurs syllabes,
sans valeur de mesure aucune.
il. Par -.
exemple dans la chanson n° 50, folio 20a, sur les finales qui l'atent et aie talant. n° 176,
folio 71a, sur douces et vienent. -. N° 51, sur m'est dou et n'est pas. -. Le premier vers de la Chanson
nO 139 est écrit avec alternance de longues et de brèves, deuxième Mode avec anacrouse allongée; dans la
répétition il n'y a que des brèves.-. Dans le n° 9 il y a une longa sur (do)lour, et sur la syllabe corres-
pondante de la reprise (le)aul, une brevis. On pourrait ajouter une centaine de références à celles-ci.
LES PRINCIPES
DE LAVERSIFICATION LATINE ETROMANE
AUMOYEN AGE

nos connaissances sur la versification des poètes latins classiques se rédui-


1
saient à ce que nous apprennent les grammairiens et les métriciens l), nous
ignorerions tout des finesses techniques qui distinguent l'hexamètre après
Ovide des mètres pré-ovidiens. La métrique latine d'aujourd'hui doit beau-
coup plus aux travaux des philologues modernes qu'aux enseignements
immédiats des métriciens anciens.
En ce qui concerne le Moyen Age, les didacticiens sont également insuffisants pour
l'étude de la versification. On nous enseigne qu'on peut accentuer déinde et deinde,
pâlam et palam, lége et legé, et d'autres spéculations, mais sur la mesure propre du vers,
sur le rapport existant entre l'accentuation des syllabes toniques et les temps forts des
vers, jamais une règle intelligible. Les théoriciens de la musique') sont également muets
sur ce sujet, sauf un musicien anglais, WALTER ODINGTON 3), qui fait un rapprochement
i. Il n'y a guère, dans les Grammatici latini de KEIL, que quelques remarques de QUINTILIEN, M.
VICTORINUS et PRISCIEN, sur la prosodie latine. De fait, la métrique moderne ne remonte qu'à deux siècles,
et les théories proposées sont loin d'être admises universellement. Les travaux essentiels sur l'accent latin
sont: la Théorie générale de l'accentuation latine, de H. WEIL et Louis BENTLOEW, Paris et Berlin, 1855,
élaborée par F. SCHOELL, De accentu linguæ latines veterum grammaticorum testimonia, dans Acta Soc. phil.
Lipsiensis, VI (1876), et dans une vingtaine d'articles fondamentaux de MEYER (Speyer), dont les travaux sont
malheureusement restés ensevelis dans les Abhandlungen de Munich, Berlin, Gôttingen, etc. Pour l'étude de
l'Accent latin dans la langue française, l'ouvrage de G. PARIS reste toujours un précieux instrument de travail.
2. Ces traités, réunis dans les collections de GERBERT et de DE COUSSEMAKER, envisagent surtout la
musique d'Eglise, à une voix (cantus planus) et à plusieurs (discantus). Ce sont ou bien des spéculations
académiques, un mélange de mathématiques, d'anecdotes se rapportant à l'histoire de la musique, avec des
interprétations mystiques, ou bien ce ne sont que de simples manuels de solfège à l'usage des enfants de
chœur. Et comme ces auteurs étaient pour la plupart des clers, il va de soi qu'ils ne daignent pas traiter
doctement de la musique profane. Nous nous arrêterons à ceux qui font exception.
3. Son traité est imprimé dans le tome premier des Scriptores de E. DE COUSSEMAKER. Lactivité de

se rapportant à l'observation de l'accent tonique se réduisent à des généralités :


W. ODINGTON tombe dans l'époque où fut compilé notre chansonnier Cangé. Les instructions des théoriciens
requiritur bona cadentia
dictaminum cum discantu, ita quod longues figuræ longis syllabis, breves brevibus nobiliter adaptentur (Anonyme
II, ScriPt. I, 311). ODINGTON répète la même idée: Hoc et inspicatur, ut syllabes carminum apte cohœreant notis
discantus (Script. I, 248).
fort instructif entre les différentes mesures musicales, appelées modi 4), et les mètres
classiques.
Il ne reste donc qu'un moyen, pour connaître la rythmique du Moyen Age, et ce
moyen consiste à dégager les règles des œuvres mêmes, en étudiant, au moyen de statis-
tiques, le système qui en a gouverné la composition. On aurait pu s'attendre à ce que
l'étude des compositions musicales facilitât la solution du problème, mais il n'en fut rien.
Au contraire, les études musicologiques du Moyen Age dépendent, en grande partie, de la
solution du problème de la versification. Seuls les manuscrits écrits en notation mesurée
du XIIIe siècle nous seront d'un certain secours.
L'analyse rythmique des Tropes, Séquences Organa, Conductus et Motets5) écrits en

première constatation :
notation mesurée, qui indique exactement la durée des syllabes chantées, aboutit à une
il n'y a, dans la chanson latine ou française du Moyen Age
aucun rapport obligatoire entre les syllabes portant l'accent tonique des mots, d'une part,
et les temps forts de la mesure musicale, à l'intérieur du vers, de l'autre part.
Le document qui nous a rendu des services éminents dans nos recherches sur la
rythmique et la versification latines du Moyen Age, c'est un Recueil de Tropes poly-
phoniques ou Organa, Proses, Conductus, Motets et Rondeaux, d'origine espagnole. Étant
donné qu'il est inédit, on nous permettra d'en insérer ici une brève description.
Avant son acquisition par l'ORFto CATALA de Barcelone, ce manuscrit appartenait au Chapitre de la
Cathédrale de Burgos. C'est un manuscrit sur vélin, de petit format, comme la plupart des livres de chant de
son espèce. Il renferme des compositions à une, deux, trois et quatre voix, ajoutées à celles de l'Ordinaire ou
du Propre de l'Office, ou interpolées dans les chants liturgiques. Dans son état actuel, il compte 167 feuilles

:
4. Modis pedes adjicio, ut pateat qui pedes quibus modis aptandi sunt, et puis il trace un tableau com-
paratif des mètres classiques et des modes rythmiques de son temps. Aux définitions citées dans nos Mél. d.
Troub., p. 109, en note, nous en ajouterons deux, bien précises; l'une de JEAN DE GARLANDE Modus acci-
:
pitur pro quantitate longarum vel brevium notarum, et l'autre, non moins claire, du presbyter anglicus AMERUS
Modus est mensuratio temporis per longas et breves.
5. En vue du fait que la terminologie des différents genres lyriques de la poésie liturgique au Moyen Age
n'est rien moins qu'uniforme, qu'il nous soit permis de donner une brève définition des termes techniques qui
reviendront à chaque instant au cours de notre travail. Le terme « Tropus » est, à l'origine, l'équivalent du
mot amélodie ». Employé comme terme technique, il désigne les additions et interpolations de musique et de
paroles qui, depuis le Xe siècle, furent ajoutées au répertoire ancien du Chant Grégorien, surtout aux parties
riches en vocalises. A partir du moment, où la musique polyphonique fait son apparition, sous les noms des
« Discantus, Déchant ou Diaphonie », ce nouveau genre d'additions ou d'interpolations à plusieurs voix prend le
nom d'Il Organum ». Les «Séquences », appelées aussi « Proses », en France, appartiennent d'abord à la famille
monodique des Tropes, dont elles forment une subdivision bien nette. Alors que l'on donne le nom générique
de Tropes aux additions et interpolations ajoutées à des mélodies grégoriennes de toute espèce, on réserve le
»
terme Il PROSE » ou « SÉQUENCE aux compositions poétiques et musicales faites d'après ou sur les vocalises
plus longues des Alléluias. Les PROSES sont bâties en forme de couplets et se chantent alternatim, entre les
solistes et le chœur, ou entre les deux moitiés du chœur. A partir du XIIe siècle on commence à les chanter
à plusieurs voix, comme les ORGANA, la différence spécifique étant que les PROSES, construites en couplets,
suivent les règles de la prosodie rythmique, alors que les ORGANA continuent la pratique de l'ancien Plain-
chant. — Dans les « CONDUCTUS», le même texte poétique, de création récente, se chante, à plusieurs voix,
note contre note. On pouvait aussi les chanter, bien entendu, à une voix, et alors ils se rapprochent du genre
de la CHANSON. Les « MOTETS » sont des compositions essentiellement musicales. On choisissait une vocalise,
appellée clausula ou mélisme, du répertoire des TROPES musicaux et on lui adaptait des paroles, tout comme
aux Tropes anciens, c'est-à-dire qu'on coupait une phrase musicale de, disons 36 notes, en un certain nombre
de petits thèmes, suivant sa nature rythmique, et puis on plaçait une syllabe de texte sous chacune des
notes, incise par incise. L'accompagnement harmonique est fourni par un petit motif, emprunté généralement
à une syllabe ornée d'un chant liturgique bien connu auquel on donne un mouvement rythmique indé-
pendant de celui du Motet. Cette voix fondamentale qui forme l'ossature rythmique et harmonique de la
composition prend le nom de « TÉNOR ». Le Tenor n'est pas toujours le prius jactum, à en juger d'après des
dislocations rythmiques et mélodiques qui s'y rencontrent. Il existe même des Motets avec des Tenors
différents, ce qui semble indiquer qu'il est adapté au Motet, mélodiquement et rythmiquement.
paginées récemment, formant au moins quatre fascicules de provenances différentes. La majeure partie date

:
du treizième siècle, et quelques pièces furent ajoutées au quatorzième.
Son origine espagnole ne saurait faire le moindre doute le texte latin est criblé d'hispanismes fort
intéressants pour la phonétique de l'Ancien Espagnol. Les graphies montrent des substitutions de sibilants :
:
s pour x, des redoublements, l'omission des consonnes suivies de s ou de t, et, bien entendu, des bétacismes.
En voici quelques exemples — ce n'est point ici la place d'une étude phonétique complète — iunsit, nox
:
(pour nos), santi, cun (pour cum), sutilius, sustancia, scriturarum, mes (pour mens), camissia, imperatris (pour
-ix), et surtout des métathèses caractéristiques Grabielem, claritunide, begnino, arbritrari, bivat, pour vivat,
etc. Sans compter une vingtaine de notes marginales du scribe qui, peut-être, était en même temps le
;:
compositeur de certaines pièces et qui se nomme, à plusieurs reprises comme JOHANNES RODERICI il recom-
mande aux pauvres chantres de ne pas essayer de chanter ses œuvres sans les avoir bien apprises « A los qui
poco sabedes, en mi non cantedes. primos me apprendet, que ex improviso fallitur omnis homo ».
Voici une description sommaire de son contenu. Du folio i à 31 se suivent des Tropes polyphoniques ou
Organa de l'Ordinaire de la Messe, à 2 et à 3 voix, les Kyrie Rex virginum amator, Conditor Kyrie omnium,
Fons bonitatis. -. Fol. 4, le GLORIA avec son Trope Primogenitus, de la Messe votive de la Vierge, suivi du
GRADUEL Benedicta-Virgo et de 3 VERSETS alleluiatiques.

;; ;;
-. :
L'OFFERTOIRE Recordare, tropé.
SANCTUS et BENEDICTUS, de la même Messe avec 5 Tropes en forme de Conductus
-. Fol.9vo,
;
Cleri cetus; Clangat cetus

8 Tropes:
Clangat hodie; Divinum misterium
Gloriosa spes reorum
paciencia: Christi miseratio. -.
Ave verum
;
Crimina tollis Regula moris Luget aperte; Mortis dira ferens Christi
Fol. 21 à 30, 14 BENEDICAMUS tropés, dont un en forme de Rondeau. Les
;
0 Jhesu salvator. —. Fol. 18, AGNUS DEI, avec une suite de

GRADUELS Omnes de Saba (Epiphanie) et Propter veritatem (Assumption), tropés à 4 et à 2 voix, avec leurs
VERSETS, terminent le premier fascicule.
Le second contient une belle collection de PROSES, à une et deux voix, surtout des Proses de la Vierge.
Sur 32 pièces de cette collection, 8 sont notées en cinquième mode rythmique (voyez plus bas), et 24 en
premier. Il n'yen a aucune, ni en deuxième, ni en troisième mode. 26 sont à une voix, et 6 à deux voix, et
toutes sont écrites en une belle notation mesurée du XIIIe siècle.
Le troisième fascicule renferme une importante collection de 61 MOTETS (fol.82 à 128) tous en latin,
sans aucune partie en langue vulgaire, appartenant à l'ancien répertoire. Ils sont souvent écrits en partition,
;
avec le Tenor au bas de la page (dans 6 pièces le Tenor manque) ; parfois les voix se partagent la page. De
ces 61 Motets, 18 sont à deux voix: Mulier misterio; Non horphanum te deseram 0 quam sancta; In omni
Omnipotens ; ; ;
fratre tuo; Ad celi sublimia; Tres sunt cause; Virgo virginum; Mulieris marcens venter; Divinarum scriturarum;
Tu claviger; 0 plangat Deo confitemini; 0 plena gracia; In veritate comperi; Clama necesses

;
vena ; ;
Syon; Homo miserabilis Ecclesie princeps.
; ; ;
A trois voix: Dum superbit Alta bovi Sicut a prophetis Gaude chorus (le Duplum manque); Veni
Mundi dolem Agmina milicie. Surrexit de tumulo Splendidus régis;Honor triumPhantis; Patrum sub
imperio; Crucifigant omnes; Ave caro; Virgo parit puerum; Ave gloriosa Mater Salvatoris; Novus miles sequitur;
0 Maria Virgo regia; Parit preter morem; Benedicite; Virgo decus; Salve Virgo virginum; Et florebit lilium;
Ave caro splendida.
A quatre voix: Belial vocatur; 0 Maria maris stella.
Du folio 129 à la fin se suivent des Tropes, Organa et Conductus divers, avec des pièces fort curieuses
pour l'histoire de la musique en Espagne: Au folio 159 vo, un Planctus sur la mort de: DOMPNA MARIA
:
GUNDISSALUI DE AGUERO(?) commençant par une longue vocalise sur: 0 monialis conscio burgenssis, Plange
filiam, Tributo dato proprio. Un autre Planctus lui fait suite, sur la mort du roi SANCHE Plange Castella

:
misera, plange pro rege Sancio, Quem terra, pontus, ethera Ploratu plangunt anxio. Casum tuum conssidera,
Patrem plangens in filio Qui etate tam tenera Concusso regni ssolio Cedes sentit et vulnera. Un troisième
Planctus suit, au folio 161 vo, sur la mort du roi ALPHONSE Rex obiit et labitur Castella gloria. Allefonsus
rapitur Ad celi gloria. Fons aret et moritur Donandi copia. Petit celestia A cuius manibus Fluxerunt (fin manque)
Au folio 155 vo, un unicum fort curieux, un exercice de solfège: Fa ta mi ta mi ut mi sol.
spernere Quia musicalia Teste philosophia Quam sancti tradidere (incomplet à la fin), sur le déchant: Est fatuum
Ut ré mi
Et huius modi cetera Voce resonante Vos virgines catinrensis (?)Moniales deaurate Ad hec
ut ré mi ut ré mi
apte que nate organizare.
me fecit.
-. :
C'est dans ce fascicule que revient le plus souvent la note Johannes Roderici

L'indépendance réciproque des accents toniques des mots et des accents de la

surprendre ;
mesure musicale que nous relevons dans les chansons du Moyen Age ne devrait pas nous
la poésie latine était, de tout temps, habituée à sacrifier l'accent tonique ou
étymologique aux exigences du mètre. Et les Modes de la musique du Moyen Age ne
sont autre chose que la survivance des mètres classiques, tout comme les différentes
formes de mesure de la musique d'aujourd'hui. La quantité ou mesure de durée des
alors que, dans les vers dactyliques à mouvement
est systématiquement sacrifié au rythme du chant.
pair --
syllabes ayant cédé la place à l'accent tonique, celui-ci profitera de ce qu'aura perdu
celle-là, surtout dans les modes impairs, trochaïquesj_w= 1d JI et iambiques.!,.. = tj cil
l'accent tonique

Laissant de côté les poésies métriques du Moyen Age, composées pour être lues
-
d'après les règles traditionnelles de la métrique quantitative, nous n'étudierons ici que les
vers faits pour être chantés, où la quantité des syllabes ne joue aucun rôle. C'est ce
qu'on a coûtume d'appeler la Poésie rythmique, ou isosyllabique. Elle se distingue de la
Poésie métrique en ce point capital que la chose la plus importante dans sa constitution,
c'est le nombre des syllabes formant un vers, et non pas, le nombre de pieds ou de
mesures à nombre de syllabes variables. Un hexamètre métrique remplira toujours six
mesures, formées de pieds dont le total des syllabes peut varier de 12 à 17. La versifi-
cation rythmique, au contraire, ne se rattache qu'au nombre total des syllabes, sans se
préoccuper ni du nombre de mesures, ni de la longueur des syllabes, ni de l'accent
tonique.
W. MEYER (Speyer) a recueilli des exemples de vers rythmiques latins remontant au
VIIIe siècle, que les auteurs appelaient simplement «Prosa a,
en vue du fait que la
quantité métrique des syllabes n'y était pas observée. Le témoignage du magister
STEPHANUS, de l'an 697, est bien explicite
Tua qui iûssa 1
:
Nequivi, ut c6ndecet Il Pângere dre 1 StylÓque contéxere Il
Recté ut valent 1 EdÍssere métrici. Il ScrÍpsi per firôsa 1 Ut oratiúnculam. Il
Que trouvons-nous dans ces dimètres? Huit petits vers dont chacun a deux accents
rythmiques et toniques, que le vers ait cinq syllabes ou qu'il en ait sept, avec un
accent paroxytonique sur le dernier mot de l'un, et un accent proparoxytonique sur le
suivant, et les deux réunis par une anacrouse. Puisque ce sont les accents toniques des
paroles qui gouvernent le rythme des vers, nous ne sommes pas encore en présence du
principe rythmique des Tropes.

sensiblement :
Les dimètres de l'anglo-saxon Aethilwaldus, antérieurs à l'an 706, en diffèrent

Aethêreus qui Ómnid 1 Mundi herús molîminâ 1 Verbî tantûm cum numiné 1
Formdsti in orîginé.
Ce ne sont point des vers iambiques, mais des Trochées rythmiques avec anacrouse,
formant de simples vers octosyllabiques, sans observation ni de la longueur des voyelles,
ni de l'accent tonique, mais déjà avec l'homophonie finale apparemment consciente. Le
poète nous apprend lui-même qu'il les a faits :
Non pedum mensura elucubratos, sed
octonis syllabis in uno quolibet versu confiositis. cursim calamo perarante caraxatos.
(W. MEYER-SPEYER, Die rythmischen Jamben des Ausfiicius, p. 214.)
On a émis de nombreuses théories pour expliquer cette révolution dans la versi-
fication, sans jamais arriver à les étayer de preuves. Quand, comment et pourquoi les
poètes se sont-ils astreints à ne compter que le nombre des syllabes dont se composent
les vers? Pour répondre à ces questions, nous analyserons quelques types de vers ryth-
miques à partir du moment, où ce système commence à se dessiner, avec la création des
Tropes. 6)
6. L'histoire des Tropes fut esquissée de façon magistrale par LÉON GAUTIER, dans son Histoire de la
Poésie liturgique au Moyen Age, Paris, 1886. Elle fut reprise, en 1901, par W. MEYER (Speyer) dans ses
Fragmenta burana, après que W. H. FRERE lui eut consacré une belle étude dans la publication du Win-
chester Tropar (Henry Bradshaw Society, VIII (1894). La majorité des textes ont été publiés dans les Analecta
Hymnica Medii Aevi, par les soins de DREVES, BLUME et surtout BANNISTER, bien entendu, hélas, à quelques
exceptions près, sans la musique.
Afin de prévenir les doutes de la part de métriciens qui ne seraient pas familiers
avec la versification rythmique, nous limiterons nos exemples à ceux que nous four-
nissent les manuscrits écrits dans une notation nettement mesurée et dont le déchiffrement
n'admet aucune part d'interprétation individuelle. Les signes que nous plaçons sur les
voyelles ou les voyelles imprimées en caractères gras reproduisent les temps forts de la
mesure musicale et ne représentent ni l'application d'une induction, ni l'élaboration d'une
hypothèse.
Il faudra bien remarquer, dès le début, qu'il importe de diviser les compositions
lyriques en deux groupes distincts. Dans le premier, l'auteur des paroles est en même
temps le compositeur de la musique ou, ce qui revient au même, le poète adapte des
paroles à une mélodie préexistante qu'il emprunte soit au répertoire traditionnel de
l'Eglise ou à une addition plus récente (Trope). Inversement, le texte poétique peut
avoir été composé par un poète non musicien et qui ne se souciait aucunement du
rythme musical que lui ferait revêtir, plus tard, un musicien. Dans ce cas, nous pourrons
parler proprement de règles de versification poétique. Or, il est établi que, dans l'évo-
lution de la poésie du Moyen Age, c'est le premier groupe qui prédomine, les Tropes
étant essentiellement des compositions musicales avec des paroles ajoutées après coup et
adaptées au rythme même des incises ou petites phrases dont se compose une mélodie.
A partir du 14e ou du 15e siècle on peut parfaitement étudier la versification d'un
poète, sans se préoccuper de la forme rythmique que pouvaient prendre ces vers sous la
plume d'un compositeur.
Quant aux Tropes et aux Séquences ou Proses, insistons sur le fait que non
seulement ils étaient, sans exception connue à ce jour, destinés à être chantés, mais
encore qu'ils furent greffés ou modelés sur des mélodies bien établies dans le répertoire
de la Liturgie.
Puisque, dans les Tropes et les Proses, il s'agissait de placer un certain nombre de
syllabes au-dessous d'une mélodie formée d'un certain nombre de notes, le poète devait,

une des mélodies qui se prêtaient le mieux à en faire des Tropes :


nécessairement, commencer par compter ces notes. Prenons, pour illustrer le procédé,
un Kyrie, ou un
Benedicamus. Le manuscrit latin 903 de la Bibliothèque Nationale donne, au folio 10, le
Trope du Benedicamus Verbumpatris qui, entre autres, 7) se retrouve au folio 25 du
Tropaire de Burgos, sous la forme que voici :

poète marquera d'abord les fins d'incises :


Avant de pouvoir placer les paroles sous chaque membre de la phrase musicale, le
puis il verra de combien de notes ou de
figures se compose chacune d'elles. Ces incises sont séparées par une pause de respi-
ration, plus ou moins longue, suivant la construction mélodique. Ainsi il saura combien
de syllabes devra compter chacun des petits vers. Les notes ou groupes de notes du
chant fondamental étant toutes de même durée, il n'aura à se préoccuper de rien d'autre
que du nombre des syllabes.
:
7. Le début de cette charmante mélodie est identique à celui du délicieux SON D'AMOURS
je vos chant que nous avons publié dans notre Musique des Troubadours, p. 107.
Volez-vos que
;
La cadence finale, la dernière note d'une phrase musicale est généralement ornée8)
et porte le poids de la tonalité elle est la partie décisive de la mélodie et, partant,
elle exerce une attraction plus forte sur le texte qui lui est adapté. Dès les premiers
essais de composition polyphonique, les théoriciens aussi bien que les compositions elles-
mêmes sont d'accord sur ce point que cette dernière note d'une incise musicale exige
une harmonie consonante ou parfaite, soit un unisson ou une octave, une quarte ou une
quinte. 9) On comprend aisément que cette addition d'une consonance10) parfaite, revenant
périodiquement à la fin de chaque incise, doublera la force d'attraction de la finale.
Dans le mécanisme de la pensée humaine, c'est bien aussi la dernière unité d'un
groupe qui en personnifie l'idée du nombre total. La note finale d'une incise, la dernière
syllabe tonique d'un vers, l'emportent toujours sur celles de l'intérieur du vers de l'une
à l'autre, ces finales sont enchaînées par un rapport harmonique, dont le retour pério-
;
dique, parfois même symétrique, comme dans les Hymnes et dans les couplets iso-
syllabiques, laissera dans l'esprit du compositeur et de l'auditeur une sensation d'homo-

dique, de sonorités apparentées :


généité qui, par analogie, se manifestera dans le vers par un retour, également pério-
l'Assonance, ou la Rime.
A partir du temps qui vit éclore les premiers Tropes et les premiers Déchants, la
Poésie rythmique et la Rime font plus de progrès, en un siècle, qu'elles n'en avaient

:
fait, depuis les vers des poètes latins, pendant quinze siècles avant l'invention des Tropes
et du Déchant serait-ce là une pure coïncidence?
Cette théorie de l'origine harmonique de la rime, nous la formulons ici, sans encore
pouvoir établir critiquement les rapports de cause à effet. Elle est basée sur l'analyse
minutieuse des textes et sur des constatations de faits et marque, à ce point de vue, un
progrès sur les hypothèses antérieures.
Si la concordance harmonique des notes finales a pu amener, par un concours de
phénomènes acoustiques et psychologiques, la concordance ou l'homophonie des syllabes
finales, une autre attraction s'est exercée sur les vers, venant du rythme original de la
mélodie, à laquelle s'adaptaient les paroles. On est frappé de constater, à partir des plus
anciens tropes, un parallélisme qui ne saurait être purement accidentel, entre le nombre
des syllabes des mots tombant sous les mêmes notes, partout où il y a répétition d'une
incise ou d'une strophe. Reprenons la mélodie de notre Trope et plaçons les syllabes du
»
texte ainsi que l'a fait le «tropator du onzième ou, au plus tard, du début du dou-
zième siècle, dans le tropaire 903, en y ajoutant le déchant du Tropaire de Burgos: fi)

8. JÉRÔME DE MORAVIE insiste sur l'utilité qu'il y a, d'orner les notes finales : Omnes syllabe, precipue
dictiones monosyllabe, sive sunt longe, sive breves, sive etiam indifférentes, terminate additiones notarum recipiunt..
ad placitum componentis. secundum. videlicet. quod exieit armonica pulchritudo. (ScriPt. 1. 87 a).

:
mineure
9. L'Anonyme IV nous apprend que chez les «occidentales » on finissait aussi sur la tierce majeure ou
Rarius per ditonum et semiditonum finitur, sicut homines occidentales jaciunt. (Script. I, 363). Je
corrige la leçon «occidentales» de Coussemaker.
10. Dans la terminologie des musiciens du Moyen Age, le mot « consonantia » »
signifie « rime aussi bien
que «consonance harmonique ».
11. C'est à contre-cœur que nous nous soumettons à l'usage, relativement moderne, et irrationnel, de
couper les rythmes par les barres de mesure. Les vrais musiciens, ceux du Moyen Age, étaient plus logiques
que nous, et leur système, qui consistait à grouper les notes en « ligatures », selon l'essence rythmique de la
mélodie, ne découpait pas les unités rythmiques entre deux « ictus », comme le font nos barres de mesure
mécaniques. Pourquoi un musicien d'aujourd'hui ne devrait-il se sentir capable de retrouver le rythme d'une
petite phrase de sept ou de dix notes, comme le faisaient ses prédécesseurs d'il y a huit siècles, sans qu'il soit
nécessaire de séparer les mouvements rythmiques, machinalement, par deux ou par trois, entre des barres de
mesure? Un chanteur ou musicien moderne, fût-il un professionnel, se sent bien petit, lorsqu'il se trouve en
face d'un manuscrit de chansons ou de déchants du treizième siècle et qu'il se rend compte des connaissances
de solfège qu'exigeait le métier de chanteur, au Moyen Age !
HJerbum pa-tris ho - di -
Pacem bo-nisom-ni-bus Nunci
e Proces - sit ex vit - gi
a-vit an-ge
- ne .Vir-tu - tes an
-lus»Re-fui-sitpas-to - ge - li - ce
-
,
ri-bus
-

Cum ca
Ve - ri
- no
so -liscla- ri-
- ro iu -
bi -
lo Be
-
tas-,De
- ne
o
-
di
di-ca-mus
- ca - mus do
gra - -
mi
ci
-
-
no
as.

Certaines notes de la mélodie primitive seront] agrémentées d'unel,ou de plusieurs


notes de passage lorsque, dans le texte, il se trouve des groupes phonétiques composés de
deux éléments, dont l'un est une liquide ou semi-voyelle. L'oreille des musiciens poètes
du Moyen Age a dû être infiniment plus sensible aux finesses du langage que ne l'est
la nôtre, car cette préoccupation même de distinguer les sons semi-vocaliques des voyelles
pures et des consonnes a amené les notateurs de la première époque, jusque vers la
Renaissance, à inventer un signe particulier, appelé piica,n) pour figurer les sons par-
ticuliers aux groupes formés par la rencontre de muta cum liquida, ou de voyelles semi-
consonantiques formant hiatus.
A l'exception de la dernière, toutes les incises de notre trope sont de 7 syllabes et,
comme elles terminent sur des notes fondamentales de la tonalité, ces assonances de la
mélodie entraîneront, dans le texte, l'homophonie de la rime. Cette attraction saute aux
yeux, si l'on examine l'ensemble des Tropes, surtout ceux inspirés de l'alleluia, avec les
incises finissant en a, communément appelées Séquences ou Proses, et ceux du Benedi-
camus et du Deo gracias. Souvent on sent un véritable enivrement musical de la part des
poètes, lorsque, tropant un Benedicamus domino, la sonorité de la vocalise sur le dernier 0
les pousse à accumuler des rimes, sur le même timbre, comme dans ce Trope emprunté
au Ms. de Burgos (folio 21) :
Benedicamus domino Cum cantico, Cum jubilo, Cum cordis et organo,
Cum psalterio, Cum triPudio, Cum celesti gaudio,
sur les incises de la mélodie (voir page suivante).
Un critique trop exclusivement épris de moderne objectera peut-être que c'est là une

;
poésie bien primitive, qu'il n'y a pas d'idée fort originale dans ce couplet, etc. Mais, il
ne s'agit pas, pour le moment, d'idées notre enquête s'adresse à une certaine forme

12. Cette particularité des liquescentes, figurées par les Pliques, sera étudiée dans le chapitre consacré à
la notation musicale.
- -di-camus do-mi
Be ne - no Cumcan -ti -
co,Curn ju-bi -lo, Cumcor -dis et or-ga - no,

Cum psal -te-ri -o, tri Cum


- pu - di -
o,Cum ce -
les -
-di
ti gau - o.

d'art dont nous recherchons l'origine. Si nous étudions notre Benedicamus, nous voyons
que ce chant d'allégresse, qui doit rendre grâces à Dieu, non pas par des paroles, mais
avec tous les moyens de l'expression musicale, la jubilation de la voix humaine et les
accents des instruments, a généralement une assez longue vocalise sur la première
syllabe du mot domino. D'après ce que nous venons d'exposer, cet 0 exercera une
attraction qui se manifestera dans les rimes consécutives en 0, tombant obstinément sur
les notes finales des petites incises musicales, dont la concordance mélodique est
renforcée par les concordances harmoniques, les octaves et quintes, qui supportent et
augmentent la sonorité et la valeur dynamique de ces finales, en un jeu monorime. Un
poème érudit n'aurait jamais produit cet effet et n'aurait pas non plus répondu au
simple but de la pieuse jubilation traditionnelle.
Si nous étudions le rapport entre les accents toniques des paroles et les temps forts
de la mesure musicale, nous releverons, sur l'ensemble des syllabes, en ne comptant pas

:
les finales de la rime qui tombent sur des temps forts, trois cas où il y a antagonisme
entre l'accent tonique et l'accent musical. Ce sont les mots PrÓcessÍt, Virtutés et RéfulsU
et, dans le deuxième exemple, le mot cordis. Donc un total de quatre mauvais accents
dans vingt mesures. Mais, dans la rythmique de la première époque, où la durée des
syllabes reste constante, où chacune d'elles forme une unité de temps, ces inégalités de
l'accent sont aplanies par l'uniformité métrique. Le poète n'avait qu'à compter ces
unités, et à y adapter les mots, en suivant instinctivement la cadence rythmique de la
vocalise. Ce ne sera que plus tard, au douzième siècle, avec les progrès de la musique
polyphonique et les complications de la rythmique modale, que l'uniformité métrique du
chant (cantus Planus) disparaîtra, pas à pas, devant les innovations des musiciens-poètes
de la Polyphonie, et des Troubadours du XIIIe siècle. 13)
C'est là un point essentiel où nos connaissances présentes diffèrent de ce que nous
écrivîmes il y a vingt ans. Ce qui pouvait à juste raison sembler invraisemblable dans

:
13. Le témoignage des théoriciens est,sur ce point, unanime. Lisons, par exemple, ce que nous apprend
l'Anonyme IV (Couss.Script. I, p. 334) Ante Perotinum
— c'est-à-dire avant le développement systématique
du déchant — tantummodo operabantur juxta relationem inferius ad superius., et satis sufficiebat temporis eis.
Et non erat mirum, quia paucis modis utebantur juxta divcrsitates ordinum supradictorum.
mon «Interprétation modale »,
premier mode trochaïque, — = d - et
JI, du deuxième, iambique, -— =
j
c'était d'admettre l'emploi exclusif de la ternarité, du
J I et du
-
troisième, dactylique — w = d. J de ne tolérer aucune mesure binaire.
N'ayant rencontré un phénomène semblable dans aucune autre forme musicale, je me
mis à étudier, sur une échelle plus vaste, les principes rythmiques de la Chanson, en
retraçant son histoire, en remontant, depuis les airs d'Opéra modernes, les chansonnettes

pays accessibles, jusque dans la musique ethnologique


des Indiens, des Nègres, Chinois et Hindous.
;
des chansonniers populaires et les chansons populaires proprement dites de tous les
Incantations et chansons rituelles

Ces études nous apprennent que la proportion des mètres ou mesures à deux éléments,
J
soit 1 J J1 ou 1 d 1 ou 1 J ej est plus grande que celle des mesures dactyliques,
et que dans les mesures à deux éléments, dont l'un est plus fort ou plus long que
l'autre, la valeur rythmique peut se figurer au moyen de la mesure à deux temps ou à

nibus longis et perfectis.


:
trois. C'est le Mode qui, au moment de l'organisation de la rythmique médiévale, pré-
dominait dans la musique monodique et que les théoriciens décrivent comme ex om-

Ce Mode fondamental, calqué sur le Spondée classique, et porté à la ternarité


d.
1d. 1 au lieu de d dl,
sans doute vers la fin du douzième siècle, convenait admi-
rablement à un système où ni la longueur des syllabes, ni l'accent tonique ne comptaient

vers comme, par exemple le Victimœ paschalis, ou le Verbum bonum


:
lire
!
plus pour rien. Combien de métriciens se sont déjà évertués à trouver la mesure d'un
On proposait de

Victimàe paschalis laudés immolant christiani, et


Vërbum bonum et sùâvë Përsonémusîlludâvô etc.
Mais, que nous enseignent les notations musicales? Ni quantité, ni accent ;
la valeur
isochrone de toutes les syllabes, chacune ayant sa durée absolue, comme l'oscillation
d'un pendule ou le débit d'un vers, lorsque nous le syllabons ou scandons pour en
compter les syllabes :
Vic-ti-mé pas-cha-Hs laù-dés ÍmmÓ-Iant chrîs-ti-à-ni, et
Vér-bûm bé-num ét sú-a-vé Pér-s6-né-mûs il-lùd à-vé,

:
l'autre une unité rythmique, ou comme disent les théoriciens :
avec le même frappé de numérotation sur chaque syllabe, dont l'une vaut autant que
intellige quod pes integer
(une unité de mesure) intellegitur in qualibet longa quinti modi (Anonyme IV, Couss.,
Script. I, 355).
Naturellement, si toutes les syllabes sont égales entre elles, dans le débit chanté,
elles formeront des groupes rythmiques, sans que les accents toniques des mots coïn-
cident nécessairement avec ce que nous appelons aujourd'hui, les temps forts de la
mesure. Ceci seul peut nous expliquer le phénomène étrange que le même vers, latin ou
roman, voire le même couplet, peut se chanter sur un rythme binaire, spondaïque,
trochaïque ou iambique, aussi bien que sur un rythme dactylique ou tribrachique, et
que des syllabes, dites féminines, peuvent se chanter à l'endroit où, dans une reprise ou

On me dispensera de donner des exemples :


dans un couplet suivant, se trouvent des accents toniques.
sur plus de dix mille chansons pro-
vençales et françaises que j'ai examinées à ce sujet, par acquit de conscience, je n'en ai
pas encore trouvé une seule, où les accents toniques ou étymologiques des mots tombent
au même endroit à travers tous les couplets. C'est, je pense, une proportion suffisante
pour nous autoriser à formuler une règle générale, lorsque, sur dix mille spécimens
analysés, il ne s'est pas rencontré une seule exception. Théoriquement, la ternarité
absolue des Mensuralistes est une merveille d'ingéniosité arithmétique et, pour la poly-
phonie primitive, une nécessité. Dans la versification classique, où le Trochée et l'Iambe
valaient trois temps chacun:1+1 ou 1+2 , alors que le Dactyle en valait quatre,
.:
+ + .: il eût été impossible de chanter une pièce, semblable aux MotetsU) du XIIIe
1
I, d.1 J. la
siècle, où le Basse (Tenor) procède, par exemple, en cinquième mode;
voix principale (Motetus) en deuxième, iambique JcJI I J
ou en troisième, dactylique:

du sixième mode :JJJIJ


!L J cd 1 d., et la voix du dessus (Triplum) papillonne autour des autres en un rythme
Ces combinaisons sont possibles, parce que la ternarité admet

parallèle d'un Trochée 1 ci J1 avec un Dactyle binaire IJJJIJ. •


toutes les équipollences arithmétiques, et que la binarité ne permet pas le mouvement

.,.,
Examinons ces équipollences de la rythmique modale ternaire, telle que l'ont
élaborée les déchanteurs. Le Spondée, ex omnibus longis et perfetis, appelé le premier
(ou le cinquième) Mode, peut correspondre à n'importe laquelle des autres formules

:
modales ou métriques, comme dit l'ANONYME anglais IV, chez DE COUSSEMAKER (ScriPt.

3++ 3d.J.
Frange quintum modum secundum aliquem modum supradictorum:

-
1, 338)
Spondée, ou cinquième Mode d.
Jd
2+1+2+1
Dactyle, ou troisième Mode +
dJdJJ
3 1 2

Trochée, ou premier Mode


Iambe, ou deuxième Mode 1+21+
- -
2 JcdJd
1-+1+1JJJJJJ
Tribraque, ou sixième Mode 1+1+1 -
WwWWW-w
Mais cette perfection théorique sent bien la spéculation des musiciens-mathématiciens,
disciples de PYTHAGORE et de BOÈCE. Et encore leur témoignage n'est point unanime.
Plusieurs d'entre eux déclarent formellement que
tantum habuit tempora, sic in metrisls), ou que
::
Longa apud priores organistas duo
Nota quod due breves valent unam

JOHANNES DE GROCHEO :
longam et quatuor semibreves valent unam longam, u) ou encore, comme témoigne
Istam vero mensuram quidam in duo œqualia dividunt, avec le
verbe au présent. La théorie de la temarité exclusive de la mesure musicale au temps
des Troubadours est invalidée par les déclarations bien nettes des musiciens et par les
documents musicaux eux-mêmes.

14. C'est làun argument sérieux contre l'hypothèse souvent émise par des historiens de la musique
ancienne, d'après laquelle les Grecs auraient pratiqué la polyphonie. Des changements de mesure tels que les
auraient amenés les combinaisons de rythmes binaires et ternaires semblent exclure la possibilité d'une exé-
cution harmonique simultanée. Il faut en arriver aux compositeurs modernes pour rencontrer de pareilles
prouesses.
15. WALTER ODINGTON, chez COUSSEMAKER, Scriptores I, 235.
16. De perfectura notarum, Ms. R. N II, n, de la Bibliothèque du Séminaire de Trèves, fol. 334-7.
C'est une bonne copie du Traité d'AMERUS, publié d'après le Ms. de Bamberg par J. KROMOLICKI (Dissertation
de Berlin, 1909). Dans la version du Ms. de Bamberg le petit traité est précédé d'un prologue, où un certain
AMERUS OU, comme il s'écrit, avec une graphie anglo-normande, AUMERUS, presbyter anglicus, clericus et
tamiliaris venerabilis patris domini Octoboni, sancti Adriani dyaconi cardinalis, in domo ejusdem anno MCCLXXI,

:
se fait connaître comme auteur (ou comme copiste?) de cet opuscule élémentaire, destiné aux enfants de
chœur. AMERUS écrit Ex consideratione istorum temporum efficiuntur sex modi motellorum, ce qui semble
indiquer que ces modes ne s'appliquent qu'aux Motets.
La perfection théorique d'un système ne prouve pas nécessairement qu'il corresponde
à la pratique et, à comparer le chant chez les diverses races de l'humanité, anciennes ou
modernes, on arrive bientôt à la certitude que le principe de la ternarité telle qu'elle est
sortie de l'école des Mensuralistes du Moyen Age, s'écroule devant la majorité écrasante
de la binarité de fait.
Si je m'étais adressé, dès le début, aux rythmes anciens des Tropes et des Ténors,
plutôt qu'aux parties plus récentes des Motets, l'étude comparée des principes rythmiques
qui en gouvernent la composition aurait pu et dû nous fournir la clef du problème.
Mais je ne connaissais pas, lors de mes premières recherches, le Tropaire de Burgos, et,
du matériel polyphonique en général, je n'avais à ma disposition que les documents
apparentés aux Chansons des Troubadours. lT) Mais maintenant que notre documentation
embrasse la tradition musicale complète, monodique et polyphonique, latine et vulgaire,
depuis les premiers Déchants jusqu'aux Motets et Rondeaux du quatorzième siècle, nous
sommes à même de fournir les faits et les preuves au lieu d'être réduit à risquer des
inductions sur les problèmes essentiels de la rythmique médiévale, et les solutions que
nous en proposons sont à l'abri des surprises, puisqu'elles sont fondées sur le consensus
des monuments pratiques et des enseignements théoriques.
Ces Tropes, Proses et Tenors anciens — certainement antérieurs aux Troubadours —
que nous enseignent-ils touchant la nature des Modes rythmiques? Que nous apprend le

Voici ce que prouvent les statistiques :


dépouillement des Tropes de Burgos et des Tenors du recueil de Bamberg?
le rythme isochrone du cinquième Mode
omnibus longis et perfectis, qui, répétons la formule, consiste en une suite de syllabes
ex :
neutres, chantées sur des notes égales en durée, ce mode qui n'avait trouvé qu'une
place insignifiante dans la transcription des Chansons des Troubadours, c'est ce cinquième
Mode qui, en fait, prédomine dans les compositions anciennes et qui forme les assises du
système rythmique au Moyen Age.

; ;
Dans 20 Organa du Tropaire de Burgos, il se retrouve 16 fois dans 55 Ténors de
Motets, 33 fois dans 32 Proses, 8 fois et, bien entendu, il s'agit, dans tous ces cas, de
pièces entièrement rythmées dans cette mesure isochrone du cinquième Mode, et non
seulement d'emplois passagers.
Dans les Tenors des Motets de Bamberg, ce cinquième Mode :
ex omnibus longis et
Perfectis se retrouve 26 fois à travers la composition entière et, sporadiquement, en
combinaison avec d'autres formules équipollentes, 40 fois, c'est-à-dire à lui seul plus
souvent que tous les autres Modes combinés.
C'est là une constatation qui annule les hypothèses émises précédemment, d'après
lesquelles les Chansons du Moyen Age n'auraient admis que la ternarité et uniquement
les Modes trochaïques, iambiques et dactyliques.
L'examen des textes cités par les théoriciens, 11) pour servir d'illustrations ou de
paradigmes dans l'exposé des Modes, nous aidera à saisir le rapport entre les accents des
mots et les temps forts des modes musicaux, tout en faisant ressortir la différence
essentielle dans la composition des vers, d'un mode à l'autre.
17. En 1910 le Chapitre de Burgos envoya à P. AUBRY une copie photographique de ce Tropaire pour
en faire identifier le contenu. AUBRY me la communiqua et j'en pris une copie complète. Quant au matériel
polyphonique utilisé pour la préparation de mes premiers travaux, on en trouvera la liste dans les références
des Mil. d. Troubadours.
18. Nous citerons le texte de ces exemples des théoriciens d'après la version du Tropaire de Burgos.
Dans les exemples du premier Mode, correspondant à l'ancien Trochée, — = 1 d J1
les vers qui se correspondent ont tous le même nombre de syllabes, et le parallélisme
-
entre les mots est évident :
Vîr-gÔ 1 dê-ciis câs-tï-
tâtIs, 1 Vîrgo 1 rêgI a
Vir-go ma-ter pi - e- tatis, Viri nesci a. (Burgos, fol. 105 VO).
Ô Mà- rÎ-â 1 ma-rïs 1 stêllâ, 1 Pie nâ gra-cï
- l é
l

Mater simul et pu- el la, Vas mun- di - ci e (ibid. 124 VO)

Vîr-gô- vî-gët 1 melïus, Dùm pêperît


Set na tu-re preli us Ius depe rit.
(ibid. 116).
Àg-mi -na mi-Ilî-ci
1 elé Celés
i
- tisi ômni a. il) â
prînula
Marti j ris vie to-ri O cur-unt obvi (ibid. 90 vo)
1 stîlla, 1ma-ris 1 stélla, 1 Rôsa 1
ma--milla,
Mél-lis
Tu stillans melle, Iesse virgu la. (ibid. 153).
Relevons d'abord le fait que ces exemples, sauf un, terminent sur un mot de trois
syllabes et que les mots d'une syllabe sont évités à la rime
deperit, omnia: obvia, primula (ms. prinula) :
regia: nescia, peperit
virgula, avec l'accent tonique sur l'anté-
: :
pénultième, ce qui produit des rimes léonines, caractéristiques dans les Motets, où
l'attraction exercée par les consonances harmoniques est en règle. On sait, en effet,
que les mélodies des Motets existaient généralement à l'état de vocalises pures, sans
paroles, avant qu'on y ajoutât un texte poétique. Ce texte poétique était adapté aux
notes des vocalises, exactement comme nous l'avons observé aux Tropes étudiés ci-dessus.
Puisqu'il s'agissait de faire correspondre de petits mots aux clausulæ, ce nouveau genre
de composition fut appelé « motetus ou « motellus » »,
diminutifs de « mot n; en français,
»
« motet ou « motot »,
en espagnol «verbeta ». La voix fondamentale, empruntée à un
» »
chant liturgique, s'appelle « ténor parcequ'elle « tient et détermine toute la construction
rythmique et harmonique. Le scribe du manuscrit de Burgos hispanise le terme latin en
».
«tenura D'après ce que nous venons de dire, on comprendra mieux les raisons qui nous
font rapprocher les Motets et les Tropes, et pourquoi nous appelons ceux-là des Tropes
polyphoniques.
:
Ce premier Mode trochaïque est le mouvement par excellence de la poésie rythmique
latine, parce que l'accentuation trochaïque ou paroxytonique convient éminemment à la

:
langue latine qui, comme on sait, ne connaît aucun accent final ou oxytoniquç. Les
formes
:
bonus b6na bônum béne, pour les mots de deux syllabes, avec les génitifs en
drum, et les formes dÓminus, a, -um, avec les datifs et ablatifs du pluriel neutre en
tbus, sont les seuls accents de la langue latine. Dans la langue française, tout au
contraire, les accents sur la dernière syllabe du mot l'emportent de beaucoup sur les
paroxytons qui ne se rencontrent qu'en des mots à finale féminine. Si donc le système
d'accentuation des deux idiomes, latin et français, est si foncièrement différent, il s'en
suit, nécessairement, que les principes qui gouvernent la construction des vers poétiques,
diffèrent également de l'une à l'autre. C'est là un problème de la plus haute importance

:
19. Les mêmes paroles se
Motet de Bamberg
Agmina 1 milici- 1 e celes-
chantent sur un rythme tribrachique (6e mode) dans le Triplum du premier

1 tis omni- 1 Il.


a
;
pour la connaissance de la versification au Moyen Age mais il faut nous contenter,
provisoirement, de constater les faits, en attendant le jour où il sera possible de lui
consacrer une étude plus approfondie.
Mentionnons, pour le moment, le fait que, sur 32 Proses du Tropaire de Burgos, les
trois quarts (24) sont rythmés en premier Mode trochaïque et que dans 52 Motets
latins du Recueil de Bamberg, plus de la moitié sont également construits en vers
trochaïques et chantés en premier Mode. Dans les Proses de Burgos, il n'y a ni deu-
xième Mode (iambique), ni troisième (dactylique), alors que dans les Motets de Bamberg,

; :
tous ces rythmes se rencontrent, dans les textes latins aussi bien que dans les textes
français, dans la proportion que voici sur 52 Motets latins, 27 sont en premier Mode, 6
en deuxième et 19 en troisième sur 48 Motets français, 31 en premier, 9 en deuxième
et 8 en troisième Mode, avec des résolutions en sixième (tribrachique) et des contrac-
tions en cinquièmes (spondaïque). 20)
Parmi les Proses du Tropaire de Burgos écrites en premier ou en cinquième Mode il
y en a plusieurs anacrousiques formant des vers à nombre de syllabes pair Maria
Virgo Virginum (folio 34vo) ; Eterni numinis Mater et filia (38 VO); Eya Mater fidelium
:
premier anacrousique :
(46 VO); en cinquième Mode anacrousique : In sapiencia Disponens omnia (52 v°)
De Christi corpore Tanta sollempnia (71 VO). Ce mode trochaïque
en ;
avec anacrouse convient moins bien à la prosodie latine qu'au vers français, et les
violations de l'accent tonique y sont nombreuses. Syllabons les premiers vers de chacune

:
de ces Proses anacrousiques, avec leurs reprises, et cette constatation nous dispensera de
tout commentaire (les caractères gras indiquent les temps forts prescrits par la notation
mesurée)
1) Ma-ri-a Vir-go vir-gi-num O-ra pro no-bis do-mi-num
Fundamen-tum ec-cle-si-e Fons ip-sa sa-pi-en-ci-e
i a) 0 virgo ple-na gra-ci-a Ma-ter De-i et fi-li-a
Trini-ta-tis pa-la-ci-um Mun-di porta re-fu-gi-um.
2) E-ter-ni nu-mi-nis Ma-ter et fi-li-a
Di-vi-ni lu-mi-nis Lu-cer-na pre-vi-a
2 a) De-cur-so sta-di-o No-stri cer-ta-mi-nis
Se-dens in so-li-o Pro-mi-sit cul-mi-nis.
E-ya Ma-ter fi-de-li-um O-ra pro no-bis fi-li-um
3)
3 a) A-ve re-gi-na glo-ri-e Splendor ce-lestis cu-ri-e
3 b) E-ya vi-te spes ve-ni-e Ma-ter mi-se-ri-cor-di-e
4) In sa-pi-en-ti-a Dis-po-nens om-ni-a E-ter-na De-i-tas
4 a) No-bis con-do-lu-it Quos di-u te-nu-it Di-ra ca-la-mi-tas.
5) De Chris-ti cor-po-re Tan-ta sol-lempni-a
Sollem-ni de-co-re To-lat E-cle-si-a
5 a) Hic est ci-ba-ri-um Ve-re re-fi-ci-ens
Pa-nis ce-les-ti-um De ce-Io ve-ni-ens.

20. Les proportions diffèrent sensiblement dans les voix du dessus, les tripla et quadrupla, pour la
plupart plus récentes que les motets, et dont la nature plus décorative entraîne, comme dans l'architecture,
des résolutions plus légères, à mesure que la construction monte dans les airs.
Tous les mots de la rime sont des proparoxytons et leurs accents toniques coïncident,

:
sans exception, avec les temps forts, alors que dans les mots qui précèdent la rime,
l'accent tonique est souvent négligé fundamentum, trinitatis, mundi, porta, nostir, etc.
Les modèles du deuxième Mode donnés par les théoriciens sont
; :
In omni fratre
;
tuo Non habeas fiduciam (J. DE MQRAVIE, Script. I, 96)
(ibidem)
Gaude chorus omnium fidelium
0 Maria, mater Dei (FRANCON, Script. I) et Ave Plena graciæ.

ces vers et ceux du premier Mode. A l'exception du premier :


A première vue on ne remarque aucune différence sensible entre la construction de

:
In omni fratre tuo, on ne
voit pas pourquoi on ne chanteraitpas tout aussi bien en premier Mode Gdude chorus
omnium fidelium?
La théorie que nous avons établie,2t), concernant les caractéristiques de ce Mode,
essentiellement roman ou français, par la distribution balancée des valeurs de durée et
d'accents, a été admise par tous les critiques avisés, iii) et il suffira de l'éclaircir un peu
mieux au moyen d'exemples nouveaux. Le fait le plus curieux, et qui n'a jamais été
signalé par les musicologues, c'est que les deux exemples donnés par les théoriciens du
Moyen Age comme types de ce Mode, sont écrits, dans le tropaire de Burgos,23) non pas
en deuxième Mode, mais en cinquième, pour les paroles, c'est-à-dire que les syllabes sont
également longues, et la distribution musicale des notes forme un troisième Mode,

:
dactylique. C'est ici un phénomène d'une importance capitale pour la rythmique médié-
vale qu'une chanson, composée à l'origine pour être chantée en un certain Mode,
subisse, sous la plume d'un musicien étranger, un remaniement rythmique différent.
On a déjà relevé des cas où un mélisme du premier Mode a été changé en deuxième, et
vice versa, mais la métamorphose du deuxième, en troisième ou cinquième, sans rien
changer au dessin mélodique propre, ouvre des perspectives toutes nouvelles sur la
rythmique du treizième siècle.
Pourquoi, nous demandons-nous, le copiste du Tropaire de Burgos a-t-il changé la
mesure de ces compositions qui, ailleurs, sont écrites en deuxième Mode parfait et qui
sont même données comme exemples caractéristiques de ce mode par les théoriciens? La
seule réponse que nous puissions proposer c'est que ce deuxième Mode ne lui convenait
pas. 21) Et pourquoi ne lui convenait-il pas? Parce qu'il ne se prêtait pas au principe
d'accentuation de son idiome aussi bien qu'il se prête à celui de la langue française.
Les connaissances philologiques sur l'accentuation poétique de l'Ancien Espagnol sont
aussi hypothétiques que celles concernant l'Ancien Provençal ou l'Ancien Français, et

21. Mél. d. Troub., p. 121-132.


22. On en trouvera d'excellents résumés dans les ouvrages suivants : A. GUESNON, «Les mélodies des
Troubadours», Le Moyen Age, 2e série, tome XII (1908) pp. 323--333. MAURICE EMMANUEL, Le Langage

:
musical, Paris, 1911, tome IER; JOHANNES WOLF, Hanbbuch der Notationskunde, Leipzig, 1913. pp. 207 s.
23. Gaude chorus, au folio 87, avec la portée de la deuxième voix laissée en blanc, noté longa brevis
brevis, c'est-à-dire, en cinquième Mode, faisant un troisième par la résolution du deuxième élément. Le Tenor
»
est noté de même, sans indication du «motet initial. Le Motet In omni fratre tuo se trouve au folio 96,
également écrit en cinquième Mode, résolu en troisième musicalement. Dans le Ténor, le copiste a indiqué les
mots de repère, pour permettre au chanteur de bien suivre le motetus. Remarquons encore que dans les deux
exemples, les Tenors ne sont pas écrits, comme d'habitude, en ligatures, mais en notes isolées, tout comme les
voix chantées avec paroles.
24. Peut être aussi le copiste du Recueil de Burgos a-t-il emprunté ses Motets à un manuscrit écrit en
nota quadrata. Il pouvait bien y voir un cinquième mode et le transcrire en notation mesurée, avec les
équipollences rythmiques d'usage.
c'est l'étude de transformations comme celle en question, qui est appelée à mettre en
lumière les différences de rythme chez les divers peuples, même lorsqu'il s'agit de textes
latins.

surprenant ;
Le fait en soi, qu'une mélodie subisse des transformations de mesure, n'a rien de
c'est même, pendant les 12e et 13e siècles un véritable «sport parmi les
compositeurs de Motets que de faire des variations rythmiques sur un thème donné, le
»
Ténor, et cela à un degré qui n'a pas été dépassé, peut-être même pas atteint, par
BACH ou par BEETHOVEN. Ce qui est capital c'est qu'il s'agit, dans les exemples de
Burgos, de chansons, et que la dislocation rythmique des airs entraîne fatalement un
déplacement des valeurs des syllabes et des accents.
Si encore ces changements de Mode ne se rencontraient que dans les Motets, on
pourrait, à la rigueur, mettre ces libertés d'exécution sur le compte de la préoccupation,
et de la nature éminemment musicale de ces compositions. Car, qu'importent les paroles,
dans un motet, où le Tenor marque la mesure, en rythme uniforme, sur des vocalises
prolongées ou, peut-être même, sur des instruments de musique — la question est loin
d'être résolue -,
,6) alors que la voix principale, le motetus, chante, en un rythme
trochaïque, iambique ou dactylique, c'est-à-dire, en chantant deux ou trois syllabes par
mesure, une chanson latine, tandis que la troisième voix, le Triplum, voltige autour d'elles,
chantant, en français, trois, quatre, cinq ou six syllabes par mesure, sur les deux syllabes
latines du Motet?") Une dislocation rythmique de plus ou de moins ne saurait nuire
sensiblement à l'intelligence des paroles qui, dans la polyphonie, servaient à obtenir des
effets d'orchestration vocale, par le jeu et la couleur des syllabes consonantes ou dis-
sonantes, bien plus qu'à exprimer des idées qu'il aurait fallu comprendre et suivre, pour
goûter le plaisir que se proposait le compositeur. Mais, dans une Chanson pure et simple,
sans accompagnement, où un seul individu chante, en solo, des paroles qui sont censées
transmettre à une autre personne, ou à un auditoire, les sentiments du Troubadour en
mal d'amour? Qu'on s'imagine, dans un concert moderne, une chanson, disons Au clair
de la lune, mon ami Pierrot, débitée de façon à ce qu'il y ait tantôt deux, tantôt trois
:
25. L'écriture des Tenors du Tropaire de Burgos semble indiquer l'exécution vocale, lorsque les notes ne

et, au folio 110 le copiste nous avertit expressément :


sont pas liées (par ex. les Tenors Agmina, fol. go vo). Brumas est mort (fol. 128), Ave caro splendida (fol. 98V0
Tenura de Mulierum, et canta sse por natura. Dans les
Tenors de plusieurs Motets il indique les points de repère, pour le chanteur, en plaçant les mots du Motet,
par ci, par là, sur les notes du Ténor. En tête du Motet 0 dulcissima il fait un joli jeu de mots, en aver-
: »
tissant les mauvais déchanteurs que sa composition ne sera point « Dulcissima s'ils ne la chantent pas bien
Le Tenor du Motet Jam Jam porte la notice quatuor vicibus « dicatur ».
;
26. Les Motets sont à l'origine, des chansons de la même nature que les Tropes primitifs, avec la seule
différence qu'ils sont accompagnés d'un Tenor et que, petit à petit, plusieurs voix furent superposées, en vue
de la production de consonances harmoniques plus riches. La diversité phonétique, causée par le débit
simultané de textes différents, est un moyen artistique pour obtenir des mélanges de timbres, comme l'union
d'instruments à vent, à cordes, à anches, dans l'orchestre moderne. Le mélange des voyelles joue le rôle de
l'instrumentation. Les thèmes musicaux originaux auxquels on adaptait les paroles s'appelaient clausulœ tout;
comme les Tropes, ils furent composés pour rehausser l'éclat de l'Office aux jours fériés. Et, tout comme les

:
vocalises primitives, sans paroles, s'adressant à Dieu, les poètes qui les munirent, à la suite, de paroles
multiples, ne se souciaient guère si les oreilles humaines distinguaient les mots ou non Dieu les entendait.
L'essence liturgique et musicale des Motets les place au même rang que les caudæ ou sequelœ ou neumata des
Kyrie, des Alleluia et des Benedicamus, la seule différence étant que ce ne sont plus de simples vocalises
monodiques, mais des compositions polyphoniques, faites selon les règles strictes de la rythmique et du
contrepoint, tout comme nos compositions symphoniques modernes. Le théoricien JÉRÔME DE MORAVIE
mentionne déjà l'impossibilité de comprendre les paroles des Motets, lorsqu'il raconte que : In magna
sapientium societate, cum cantarentur Moteti, quœsitum fuit quali lingua tales uterentur cantores, ebræa, græca, vel
latina, vel qua alia? quia non intellegebatur quid dicerent (Couss. Script. II, 432 a).
ou même quatre et cinq syllabes par mesure, ou que la première syllabe soit tantôt une
croche, tantôt une noire! On pourrait y voir l'innovation d'un compositeur, mais la
chanson propre, le débit des paroles, en pâtirait.
Notre chansonnier Cangé contient trois exemples où une seule et même mélodie se
chante sur des textes différents. Ceci n'aurait rien de curieux en soi, puisque, par
définition, dans la Chanson, un nombre ad libitum de strophes se chante sur l'air de la
première. Mais ce qui change l'aspect de la question, c'est que la mesure de la mélodie
n'est point la même dans les deux rédactions. Le Jeu parti du ROI DE NAVARRE
Phelipfe, je vos demant (n° 238, fol. 95d) rythmé en deuxième Mode, se chante, avec le
:
rythme opposé, soit en premier Mode, dans la chanson no 216: Ne me done pas talant,
de MONIOT D'ARRAS. Un second Jeu parti du ROI DE NAVARRE, no 334: Cuens, je vos

BLONDEL:
part un jeu par ahaitie, se chante aussi sur l'air d'une chanson attribuée à MONIOT, et à

:
Quant je Plus sui en paour de ma vie (nO 277).
La chanson n° 140 du Ms. Cangé Haute chose a en amour, de GILLEBERT DE
BERNEVILLE présente un cas non moins curieux. Elle s'y trouve, au folio 56, notée en
deuxième Mode. Or, les deux premiers vers de cette chanson se retrouvent, avec la
même mélodie, dans le Motet n° 70 du recueil de Bamberg, mais rythmés, en notation
mesurée, en premier Mode, ce qui produit une dislocation des valeurs de durée et des
accents. Pourquoi le compositeur du Motet s'est-il permis cette déformation, et comment
aurait-il pu se la permettre si c'était la versification seule qui détermine le Mode?
Le problème reste essentiellement le même dans le cas suivant. Le refrain de la
chanson n° 24 du Ms. Cangé est noté, comme tout le reste de la pièce, en deuxième
Mode. Les mêmes deux vers : Chascun dit que je foloi, Mais nuns nel seit mieuz de moi
forment le début d'un Motet, avec le Tenor In seculum, au folio 181 VO du Chansonnier

ligatures du Tenor indiquent un premier !


de NOAILLES (Paris, Bibl. Nat. 12615), mais ici, ce n'est plus le deuxième Mode. Les

; Peu importe que le contour mélodique soit le


même ou non ce qui nous intéresse ici, c'est le rythme.
Cette instabilité dans la rythmique des Chansons a de quoi nous déconcerter, lorsque
nous sommes en présence d'une pièce notée ex omnibus longis et perfectis et que nous
essayions de trouver la formule modale pour la transcription de la mélodie. Les chanteurs
du Moyen Age s'en embarassaient-ils moins que nous? Ou bien choisissaient-ils aveu-
glément un deuxième ou un cinquième Mode, dont chacun pouvait convenir à tous les
vers?
Notre Interprétation modale se base précisément sur l'axiome que les chansons écrites
en notation mesurée doivent nous aider à retrouver le rythme des chansons qui ne sont
»
écrites qu'en notation carrée. En disant «chansons nous entendons les chansons à une
voix aussi bien que les Motets, car plusieurs collections anciennes de Motets sont écrites
ex omnibuslongis, tout comme la majorité des Chansons monodiques, et les indications
harmoniques des Tenors sont loin de nous fournir les renseignements nécessaires pour en
fixer la mesure. A supposer, donc, que nous rencontrions l'une ou l'autre de ces Chansons
ou des Motets rythmés une fois en premier Mode, une autre fois en deuxième et une
troisième fois en notation carrée ou en cinquième Mode, pour laquelle de ces rythmi-
sations opterons-nous? Et, lorsqu'un chanteur du Moyen Age allait la chanter à vue, sur
quel critérium se basait-il pour trouver la mesure? Et enfin, nous autres à sept siècles de
distance, d'après quels indices nous déciderons-nous pour l'un ou l'autre des Modes
possibles?
formule:
Avant de connaître le Tropaire de Burgos, il me semblait impossible d'appliquer la
ex omnibus longis et perfectis du théoricien GROCHEO à autre chose qu'à la
notation, vu que les nombreuses Chansons mesurées, dans plusieurs manuscrits, prescrivent
clairement des rythmes modaux. Comment concilier ces témoignages contradictoires, d'une
part, un musicien assez bien avisé qui ne se contente pas de généralités, mais qui donne
des citations et des exemples concrets, et, d'autre part, des centaines de chansons écrites,
au même temps, non point ex omnibus longis et perfectis, mais bel et bien dans tous les
Modes principaux?.
C'est un fait acquis que les Tropes, les Proses et une partie des HymnesîT)
remontent au moins à deux siècles avant l'apparition de la première Chanson du premier
Troubadour connu. Il est également certain que la technique des Tropes et des Proses
repose sur le principe du décompte des notes et des syllabes, sans préoccupation de
l'accent, sauf à la fin des vers, ce qui correspond au cinquième mode. Enfin, les
théoriciens sont d'accord pour nous apprendre que le système des six Modes des XIIE et
XIIIE siècles n'est point emprunté de toutes pièces à la tradition, mais qu'il représente,
au contraire, une élaboration conventionnelle de l'art du déchant. Cette innovation,
agréable et propice au développement de la musique, se répandit bientôt et envahit tous
les genres musicaux, voire le Plain-chant. Si donc nous trouvons, dans un manuscrit
écrit au treizième siècle par un copiste versé dans les complications de la notation
mesurée, des Tropes et des Proses rythmés, indubitablement en cinquième Mode, ex
omnibus longis et perfectis, c'est qu'il faut bien y voir la tradition de l'ancien rythme
fondamental de la poésie du Moyen Age, basé sur la valeur isochrone des syllabes.
Jusqu'à preuve du contraire, il faudra donc admettre qu'il a pu y avoir, dans la tra-
dition des Chansons des Troubadours aussi bien que dans les Motets, plusieurs rema-
niements des rythmes originaux, et que, lorsque nous rencontrons la même chanson notée
différemment dans plusieurs manuscrits de provenance diverse, ces versions manuscrites
peuvent représenter des réalisations rythmiques différentes d'un même original. Puisque,
dans ce mode isochrone, chaque syllabe forme une unité, leur groupement rythmique
par deux ou par trois détermine le choix d'un mouvement binaire (cinquième mode), à
deux syllabes de texte par mesure, ou d'une formule ternaire, à trois syllabes de texte
par mesure (troisième ou sixième mode). Contrairement à l'opinion exprimée par un des
meilleurs connaisseurs de la musique polyphonique du Moyen Age, Mr, FRIEDRICH
LUDWIG,11) dans la Zeitschrift der internationalen Musikgesellschajt XI, p. 37 ss., et dans

27. Ce sont les Hymnes, Tropes et Proses qui se rapprochent le plus des Chansons de la Poésie lyrique
profane. Le principe de la strophe se ramène au principe fondamental de l'Antiphonie ou de la reprise d'une
phrase musicale. Dans les Tropes de l'Ordinaire, la mélodie se chante deux fois, d'abord comme vocalise, et
ensuite avec des syllabes de texte adaptées aux mêmes notes. Pour nos besoins, l'étude des Tropes et des
Proses semble mieux appropriée que celle des Hymnes parce que celles-ci sont des compositions stéréotypiques

;;
remontant beaucoup plus loin dans le passé, alors que les Proses sont les ancêtres directs des Chansons en
langue vulgaire et des Conductus latins. Les Hymnes sont les formes classiques de la Poésie liturgique les
Proses, au contraire, sont, tout comme les Chansons des Troubadours, des créations d'inspiration personnelle
celles-là expriment les sentiments collectifs de la communauté religieuse, celles-ci donnent libre cours à
l'enthousiasme créateur du poète-musicien.
28. « Der fünfte und sechste Modus kommen wesentlich nur fur die Mehrstimmigkeit in Betracht. » Bien
au contraire, les statistiques prouvent que le cinquième Mode gouverne la composition des monodies, depuis
les Tropes et les Proses, deux siècles avant le règne de la Polyphonie. Encore vers la fin du treizième siècle,
la theoria de JOHANNES DE GROCHEO nous donne le Mode ex omnibus longis et pertectis comme le Mode-type
de la Chanson monodique et le « magister » FRANCO le place en tête de la série des Modes qui, en effet,
représentent des «fractionsN, ou des résolutions du cinquième.
Mode :
son Repertorium, pp. 53 ss., les documents prouvent péremptoirement que le cinquième
ex omnibus longis et perfectis, et le sixième, à mouvement ternaire, représentent
les types fondamentaux de la rythmique primitive du Moyen Age, parce qu'ils se
conforment au principe suprême de l'isochronie et de l'équipollence que nous venons
d'étudier. Les mélodies les plus anciennes du Déchant, les Tenors des Motets, révèlent

dans la rythmique primordiale du Moyen Age ;


clairement, malgré quelques rythmisations savantes, la prédominance du cinquième Mode
la musique procédant par «Pedes tII)
unités égales, capables de se résoudre en des valeurs plus petites, avec le texte dont les
»,
syllabes se suivent dans le même mouvement balancé.
Les rythmes dactyliques, procédant par mesures de trois syllabes chacun 30), étaient
connus des poètes chrétiens de la première époque et l'Hymne IV du Peristephanon de
PRUDENCE, en l'honneur de Ste Eulalie, fournit déjà un excellent exemple
Gérmine nóbili Etilalia
:
Mórtis et indole nóbiliór.
L'auteur nous indique lui-même la mesure dactylique, à la fin de la chanson
Téxta ferám pede ddctylic6
:
Vilia, márcida, fésta tamén.

même mesure ;
Nombre d'autres Vies de Saints, ancêtres des
citons l'hymne de Sainte-Agathe M) :
Mdrtyris écce diés Agatháe
CANTUS GESTUALES 31), emploient la

Virginis emicat eximiae


Quá sibi Christus eám sociát
Ét diadéma dupléx coronát.
Ici je tiens à opposer une fin de non recevoir aux prétentions de Mr. FR. LUDWIG, réitérées par ses
obligés. Les musicologues savent bien qu'en 1906 Mr. LUDWIG se contentait encore d'écrire que les transcrip-
tions de ses devanciers «dringend der Revision bedürfen o, au moment où je soumettais déjà la solution du
problème dans ma thèse, à la Faculté de Strasbourg (voir le témoignage de G. GRÖBER, dans le compte rendu
du regretté JEAN ACHER, Revue des Langues Romanes, LIII, 208 ss).
A ma connaissance ce n'est qu'en 1924, soit dix-sept ans après la publication de mon article fonda-
mental dans la Cdcilia de Strasbourg (Juillet 1907) que M. LUDWIG s'est décidé à publier des transcriptions
modales de Chansons de Troubadours. La critique remarquera, sans difficulté, que le système de Mr. Ludwig
repose uniquement sur des analogies et des déductions tirées de la séméiographie de la notation, en appliquant
empiriquement aux chansons écrites en nota quadrata les Modes des Motets écrits en notation mesurée. Mon
;
INTERPRÉTATION MODALE est fondée sur des considérationsd'ordre philologique, notamment sur l'étude de
l'accent tonique dans les langues romanes le témoignage des théoriciens et les analogies de notation ont été,
pour moi, un moyen de contrôle plutôt qu'un point de départ. Si l'on voulait rechercher la paternité des
premières transcriptions modales, il faudrait remonter a des travaux antérieurs de 50 ans a ceux de Mr.
Ludwig. Personne ne contestera que l'établissement méthodique de VInterpretation modale des Chansons du
Moyen Age a été et restera mon ceuvre.

:
29. Dans la terminologie des théoriciens, le terme « Pes
;
» équivaut au terme moderne de «Mesure e. En
voici quelqes références Pes integer intellegitur in qualibet longa quinti modi (Anonyme IV, Script. I, 329) ;
Pes semper terminatur in penultima conjunctorum (ibid., 334)
temporum cum sua brevi ;
Tres breves pro pede et tunc una longa duorum
pausatione pro alio pede (description du sixième mode) Pes primi modi in brevi
:
terminatur, et pes secundi in longa terminatur, quod debuissemus dixisse inter supradictas. Relevons, en passant,
l'exemple fort curieux de syntaxe anglaise quod debuissemus dixisse, qui prouve bien la nationalité de l'auteur
de ce traité (Couss., ScriPt., 329 ss.).

t
valeur de chacune d'elles, savoir s'il faut les transcrire en
J
J J J j. Ce point
t d
I f Id. J
30. Dans l'étude de ces mesures à trois syllabes de texte, nous ne nous occuperons pas encore de la
J J I, ou J I ou même en
sixième mode sera traité plus loin.
31. Voir notre article sur «La Musique des Chansons de Geste », dans -les Comptes
- rendus
- des siances de
-
l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Année 1911, pp. 39—45. Remarquons, a ce sujet, que les articles
de Mr. F. GENNRICH ne figureront point dans notre bibliographie. Un certain nombre de ses transcriptions
étant identiques à celles, publiées par moi de 8 à 16 ans avant les siennes, les convenances littéraires
demandaient qu'il relevât en notes ces identités. A supposer même qu'il fût arrivé par ses propres moyens
aux mêmes transcriptions, il fallait respecter l'antériorité de fait. On me dispensera, j'espère, de tracer ici un
IItableau parallèle)).
32. Analecta Hymnica LI (1908), 156-7; voir le commentaire de BLUME ibidem.
ou celle de Saint-Grégoire le Grand 33) :
Praésulis egregie meritá
Gregorie rutil&nt titulis
Caelicolis quibus Írradiát
Térrigenás et ad ástra levát.

; ;
Dans ces décasyllabiques dactyliques les accents toniques des paroles sont, pour la
plupart, négligés par contre on est frappé par la prédominance de mots de 3 ou 4
syllabes 34) que l'on prenne une page de César, de Cicéron ou d'un prosateur chrétien,
et l'on se rendra facilement compte que ces successions de mots longs35) ne correspondent
point à la nature du langage, parlé ou écrit, mais qu'elles sont amenées par les besoins
de la mesure. Et ce sont précisément ces deux faits :
négligence outrée des accents
toniques, et prédominance de mots longs, qui caractériseront les rythmes dactyliques de
la poésie lyrique du Moyen Age. Les Motets des mensuralistes en sont pleins.

; Ce ne sont pas seulement les vers décasyllabiques qui emploient la mesure dacty-
lique 36) les Motets et Chansons nous montrent de nombreux vers de sept syllabes
rythmés d'après le même principe :
Hármonizáns canticá

Pourquoi ne pas chanter :


Nóstra psallát musicá.
Nôstra psàllat música? Uniquement parce que le rythme
de la musique prime les accents des paroles.
D'autre part il serait faux de lire tous les vers de dix syllabes en rythme dactylique;
l'analyse des Motets mesurés montre qu'un vers de dix syllabes peut remplir quatre
mesures, dans les schémas que voici

4+2+3+1
1
4+3+2+ (syllabes)
»
4+2+2+2 »
3+2+4+1 »
1+4+4+1 »

;
Le Triplum du Motet n° 24 de Bamberg présente, à lui seul, neuf résolutions
différentes de ce troisième mode mais n'oublions pas que c'est une composition récente,
de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle.

33. Analecta Hymnica LI (1908), 181-2, 12 strophes.


34. L'analyse d'un nombre de Proses latines donne, pour la proportion des syllabes des mots, les
moyennes que voici: monosyllabes 20 %, mots de deux syllabes, 50 %, mots de trois syllabes, 18 %, mots de
quatre syllabes, 10 et 2 pour les mots de plus de 4 syllabes.
35. La cadence rapide du mode dactylique demande des mots polysyllabiques. Le motet n° 3° de
Bamberg en fournit un excellent exemple ancien, cité comme spécimen du mode par les théoriciens :
Eximié pater égregié. La présence d'un de ces mots comme Eximie ou egregie est le premier indice d'un
troisième ou sixième mode, les deux d'essence dactylique. Sur les 65 mots du Motet et du Triplum, il n'y a
a 30.
que 14 monosyllabiques et 21 mots de deux syllabes, alors que ceux de 3, 4 ou 5 syllabes s'élèvent
Qu'on compare une strophe française de 65 mots, et l'on sentira immédiatement la différence radicale entre
les deux idiomes. Les mots monosyllabiques sont deux fois plus nombreux dans la poésie des Troubadours et
des Trouvères que les polysyllabes.
36. Même des vers construits d'après les règles de la métrique quantitative sont rythmés sans préoccu-
pation ni de quantité, ni d'accent tonique. Dans le Motet n° 26 du recueil de Bamberg se trouve un hexa-
mètre d'OVIDE (Ars amat. II, 13), que le compositeur n'hésite pas à rythmer
Non mïjnor est 1 vÍrltús quam quëjrêrë 1 parta túléldl.
:
Dans la pratique des Mensuralistes, les Modes s'appliquent au rythme de la musique

compositions comme :
plutôt qu'à la nature des vers. Ainsi, ils donneront, comme paradigme du 3e mode, des
Verbum caro factum est qui, quant à la prosodie, est de la simple
prose rythmée. En voici le texte, avec figuration des mesures musicales
--- -- - --
Ver bum

---
Ethà -bï - câ
-ta vItln

- fâc tûm
glô-rï-àm vidî
nô --- -
- --
-
est
-bîs

-- nî- ge--- ni-- -tI


Cü ius

A
Quâ --sï u
pa---------------- -tre
- -
- - mus

Plenum gracI â et vë - - - - ri - - - ta - - - -të


Suprë
Ergo nostra côn - - - ci - -ô

Bënëdïcàt do - (4 mesures) mi -----


-
- - mô.
- nô.

Bamberg :
Un exemple plus intéressant encore se trouve dans le treble du Motet n° 13 de
Partus fuit virginalis, dont le motetus est un ancien Trope de la Communion
de la «Missa votiva de Sancta Maria»: Beata viscera Mariae Virginis (tam salutifera
Tantique nominis) Quae portaverunt (Proprium) Aeterni Patris Filium (Qui, sumendo
carnis exilium, Mundi nephas excersit impium, Nobis parando premium Iter ad gaudium).37)
On remarquera que le texte original de la Communio se meut en cinquième Mode
parfait, ex omnibus Iongis et perfectis, deux syllabes par mesure, tout comme les plus
anciens Organa, tandis que les additions du Trope résolvent cette mesure en troisième
Mode. 38)

La rythmique du Treble nous éclairera mieux encore sur l'indépendance de l'accent


tonique, d'une part, et de la mesure musicale, de l'autre. Nous placerons les deux
textes l'un sous l'autre, une fois avec l'accentuation normale de la versification ryth-
mique, au dessus, et l'autre, avec l'accentuation imposée par la musique, en dessous, en
italiques:
Pàrtus fuit virginàlis Nôbis nécessàrius (versification rythmique)
Pârtus fuit virginalis Nôbis necessariïis (Exécution en troisième mode)l
In quo pro paréntum màlis 1Natus
Nàtus Déi filius
In quo pro pârentum mâlis Uei fîlîûs
Nés a môrte liberàvit 1 Môrtem férens ànxius
,
Nos a morte liberâvît Mortem jerens anxïiïs
Dùm nobis cunctis paràvit 1 P6ni mÓrsus impiùs
Dum nÕbs cunctis pâravit P-oetmôrs-us Ímpïús.
Que trouvons-nous? Une poésie rythmique, dont les accents toniques formeraient de

des monstruosités d'accentuation, comme :


bons vers trochaïques et qui, dans le débit musical se transforment en des dactyles, avec
necéssarius, pàrentum, anxius, pàravit ! Ce

37. Liber Gadualis, p. 103 (ou [100]). Nous soulignons le texte original ou authentique de la Communio
en italiques pour le distinguer des additions du Trope.
38. Dans les plus anciens Organa c'est la règle générale que les parties empruntées aux chants liturgiques

la rythmique modale
des mensuralistes.
;
restent en cinquième Mode, alors que les additions ou interpolations se meuvent dans les diverses mesures de
encore une preuve que le Mode ex omnibus longis et perfectis est antérieur au système
Treble est sans doute plus récent que le Motet original, et il se pourrait même qu'il fût
postérieur au Treble français L'estat du monde et la vie, contre les Jacobins et les
Frères Mineurs, qui se trouve à sa place dans la version de Montpellier.
Un autre Motet ancien, cité dans la Discantus positio vulgaris, confirme la même
observation. Il est construit en décasyllabiques, mêlés de vers courts, de 4 à 6 syllabes.
Les accents musicaux se déroulent presque machinalement en rythme dactylique, alors
que les vers se liraient en rythme trochaïque. En voici le schéma
- --nisab -
:
ci-
0 na - cï në phàn di gë ne - - ris
Curgra - Õ
do - --te
u
Mul -ti - se
-pli ci re
Dum lit - te - ram le - gis
--atu la be -- -
ris
- ris
am-plec-te - - ris
Et lit - te - rae me - du - lam de - se - - ris, etc.
Le Treble montre une rime intérieure constante, en o, sur la quatrième syllabe, et
les vers sont des décasyllabiques dactyliques, quantitatifs et sans césure:
- -cï
Côn dï - -fu
- -
Õ nâ - tu raë dë ît
fi-li
-

-
-
In o quem Vir go ge nu it
-ta-gi -
namca-ru
de-flo-ru-
Con la it
vi-ci - o so -

i-de- non do-lu-


Quam it
Et
- o
o
ne
par -- mo
tu it,etc.
Ici encore, on rélèvera la prédominance des mot longs, et la présence de l'accent
tonique sur la huitième syllabe, ou, dans les vers plus courts, sur l'antépénultième.
N'est-il pas étrange que ce Mode dactylique, si populaire dans les Motets latins et
français, et dans les Chansons françaises, ne se retrouve ni dans les Proses anciennes, ni
dans les Organa primitifs du Tropaire de Burgos, ni dans les Mélismes-motets du Ms

8 sont en troisième Mode


45 tripla latins, 18 ; ;
15139 (ancien St. Victor 813)39)? Dans les cent Motets de Bamberg, sur 48 moteti français,
;
sur les 52 moteti latins, 19 sur 55 tripla français, 12 sur
sur les 10140) tenores, trois seulement sont en troisième pur et
;
24 autres le mélangent avec le cinquième Mode, dont il représente une résolution
musicale.
Dans le Motet n° 9 du recueil de Bamberg, le texte procède dans un rythme
:
trochaïque
Aúdi, Pàter, Sàlva nÓs, Tu qui és Sàlûs et réquiés, Et réple nés Spiritû divino, Ut
gracias agàmus Dominé,
et pourtant le tout se chante en parfait mode dactylique
Audï, PAter, Sâlvâ nos, Tü quï es Sâlils et requIëS etc.
:
Sur les 22 mots polysyllabiques du Triplum et du Motet combinés il n'yen a pas
un seul où l'accent tonique du mot coïncide avec le temps fort de la mesure. Quelle
preuve de plus faut-il pour établir l'indifférence de l'accent tonique dans la Poétique du
Moyen Age?
On peut encore observer que dans les vers chantés en mesure dactylique, les poètes
semblent s'efforcer de faire tomber la césure à la quatrième syllabe, sur une fin de mot.
Ce qu'on a coutume d'appeler une césure lyrique, c'est-à-dire la quatrième syllabe sur
une voyelle atone, se trouve dans les poèmes latins aussi bien que dans les chansons en
langue vulgaire.
39. LUDWIG,Re-bertorium, p. H2.
40. Le Motet n° 92 est bâti sur deux Tenores.
Le fait que les rythmiciens du Moyen Age font si peu de cas de l'accent tonique se
comprendra plus aisément, si l'on considère que l'Art musical du Moyen Age est une
création essentiellement française. Même si les preuves historiques faisaient défaut, 41) la
rythmique du Moyen Age, basée sur l'indifférence de l'accent tonique, dans les poésies
latines aussi bien que dans les vers romans, nous forcerait à postuler ce fait. On sait que

:
l'accent français tombe beaucoup plus souvent sur un morphème secondaire, un suffixe
verbal ou nominal, que sur la syllabe du radical chant, chante, mais chanté, chanter,
chantant, chanteur, chanteuse, ou même chanterai, chanterélle, chanteriôns etc. Que l'on

germanique : singe, singer, sàngerinnen, gesungen ;


compare une série correspondante de mots, bâtis sur un même radical, dans la famille
l'accent reste immuablement sur le
radical, et c'est ce principe qui amène nécessairement l'observation rigoureuse de l'accent
tonique dans la poésie allemande, à travers son histoire. Les rythmisations que nous
venons d'étudier dans les pages précédentes sont la négation même du principe de
l'accentuation germanique, et l'incarnation du rythme roman. L'instabilité de l'accent des
langues romanes pourrait bien avair causé, par analogie, l'indifférence de l'accentuation
rythmique des chansons provençales et françaises aussi bien que des chansons latines
composées par des poètes appartenant à la famille romane.
Afin de déterminer méthodiquement les rapports entre l'accent tonique des paroles et
les accents rythmiques ou temps forts de la mélodie, nous analyserons quelques chansons
empruntées au répertoire des Motets en langue vulgaire et des Chansons des Trou-
badours et des Trouvères.
Commençons par une chanson en premier Mode (trochaïque). La notation indis-
cutablement modale prescrit un premier Mode pour la chanson no 80 folio 32 v°) : Dame,
ciz vostre fins amis, attribuée au ROI DE NAVARRE et à GACE BRÛLÉ. Comme elle est
entièrement construite en vers de huit syllabes, c'est un rythme anacrousique (voyez nos
Mél. d. Troubadours, pp. 116-120) qui lui convient. On sait qu'il est d'usage, dans la
majorité des chansons et, exceptionnellement aussi dans quelques Motets, qu'il y ait
reprise, pour la musique des vers un et deux, dans les vers trois et quatre de chaque
strophe. Les accents musicaux tombant sur les syllabes paires, on pourrait s'attendre à
voir les syllabes toniques des mots coïncider avec eux et les syllabes dépourvues d'accent
tonique tomber sur des temps faibles. Prenons les reprises des quatre couplets de notre
chanson, 41) plaçons les vers perpendiculairement les uns sous les autres, le tout en

41. La provenance française des plus anciens manuscrits polyphoniques est bien établie. L'Anonyme IV
du Corpus de DE COUSSEMAKER spécifie NOTRE-DAME DE PARIS comme berceau de l'Art du Déchant. Les
documents de provenance germanique, par contre, ne font leur apparition que lorsque la Polyphonie française
des Organa et des Motets est à son déclin.

:
42. On pourrait aussi appliquer cette méthode à l'étude des chansons adaptées à une mélodie pré-
existante, telles que les sirventès et les imitations pieuses de Chansons profanes qui existent en grand nombre.
:
Par exemple la belle canzo de BERNART DE VENTADOUR Quant vei la lauzeta mover a prêté sa mélodie à deux
autres chansons Plaine d'ire et de desconfort (RAYNAUD n° 1934) et au Débat anonyme (RAYNAUD n° 365)
Amis, quelx est li mieuz vaillanz (n° 34 de notre chansonnier) dont l'identité n'avait pas encore été signalée
:
:
jusqu'à présent. On devrait logiquement s'attendre à voir les syllabes toniques des imitations coïncider avec
celles de l'original, mais il n'en est rien, pas plus que d'un couplet à l'autre d'une même chanson. Que l'on
compare par exemple les premiers vers des chansons n° 1239 et 1240 de RAYNAUD De penser à vilainie, et
Penser ne doit vilainie: dans celle-là, l'accent tonique se trouve sur la troisième syllabe, dans celle-ci, sur la
seconde ! Que ferions-nous si, pour connaître le rythme de la chanson, nous étions réduits aux indications de
l'incipit? Le premier exemple demanderait un premier Mode, et l'autre, un second! Dans les Motets, les
mêmes substitutions de textes latins et français, sur la même mélodie, sont également nombreuses, et les
divergences des accents toniques dans les imitations également flagrantes. Seul le nombre des syllabes reste
constant dans les vers qui se correspondent, soit dans les pedes du même couplet, soit dans les vers qui se
répondent d'un couplet à l'autre, alors que le nombre des accents toniques par vers, et leur distribution à
l'intérieur de chaque incise peuvent varier ad libitum.
dessous de la phrase musicale qui leur est commune, et indiquons les syllabes toniques
par des caractères gras.

i— Da me, ciz vos tre fins a-mis Qui tout son cuer a en mis.
3-4
2
De
vos
-
a-
mer est si so pris
-
- de nuit est
Que de jor et
pris. —.
vos

8— 9 Da - me, quant de vos me so - vient, U - tel joie au cuer m'en vient


ne
i ii
o-- Qu'Amors me la - ce qui me tient. Vos - tre douz re - garz me sous - tient. —.
15—16 A - mors, ai ez -
de moi mer - ci, Que mon cuer qui n'est mi - e
- -
17-18 Fai tes joi ant et proi - ez li Que il li so - veingne de
ci,
mi.—.
22-23 On - ques nuns ne vos a - ma tant Con je fais qui touz jors en - tent
24-25 A -
vos ser vir ve - rai - e - ment. Por ce sont per - du li a - mant.—.
29—30 Da - me, mer -ci, mer - ci cent foiz Pi - tiez vos prein - gne a ceste foiz
31—32 De moi qui sui en - si des-troiz Por vos, c'or sui chauz or sui froiz.—.
Voilà vingt vers de huit syllabes, ou 160 syllabes, formées par 123 mots. La
première constatation intéressante est que plus de la moitié des mots sont des mono-
syllabes. <3) (Nous ne compterons pas les mots de la rime dans le décompte des accents,
vu que c'est une règle absolue, dans la Chanson, et générale, dans les parties anciennes
des Motets, que la rime tombe sur un temps fort et sur une syllabe tonique). Pour
étudier l'accent tonique ou étymologique, il faut nécessairement nous en tenir aux mots
polysyllabiques, puisque, dans les monosyllabes, on ne saurait proprement parler d'accent
tonique et d'atones, l'accent oratoire distinguant, à lui seul, les monosyllabes accentués
des autres. En dehors de la rime, nous ne trouvons, dans ces vingt vers, que 25 mots de
deux syllabes, i de trois et i de quatre. Dans les vers 2, 4, 23 et 32 il n'y a que des
mots d'une syllabe, donc aucun critérium pour l'accent tonique. Dans les autres vers, les

; :
accents toniques se distribuent comme suit 9 fois sur la quatrième syllabe, forte 5 fois
sur la sixième syllabe, forte trois fois sur la deuxième syllabe, forte. Par contre, les
;
:
syllabes impaires, elles aussi, nous montrent des accents toniques tombant sur des temps
faibles et formant des accentuations fausses sept fois sur la première syllabe, trois fois
sur la cinquième, et même sur la septième, la pénultième qui devrait être atone, deux
!
fois Total, pour 29 mots, 17 bons accents, où la syllabe tonique tombe sur un temps
fort, et 12 mauvais accents où il y a conflit entre l'accent étymologique et l'accent de la
mélodie.
Nous avons répété, pour notre gouverne, et possédons en portefeuille, la même
démonstration sur tous les Motets latins et français, et sur toutes les Chansons du
Ms. Cangé aussi bien que sur les Chansons provençales; bornons-nous, pour épargner le
lecteur, à relever le fait que, même dans les chansons du premier Mode trochaïque, les
accents toniques peuvent tomber sur des temps forts aussi bien que sur des temps
faibles, dans des proportions qui restent sensiblement les mêmes.
Passons, maintenant au deuxième Mode (iambique) où, comme nous l'avons démontré
dans nos Mél. d. Troubadours, pp. 121-132, les rapports entre les temps forts de la
mesure et les accents toniques sont plus libres encore, tout en amenant une certaine
43. Voir plus haut, notes 34 et 35 du même chapitre, nos remarques sur la proportion des mots courts
dans les vers latins.
égalisation du débit chanté, en tant que les syllabes toniques, lorsqu'elles tombent sur un
temps faible, reçoivent une compensation de durée dans le fait qu'elles bénéficient de la
note longue, alors que, lorsqu'elles coïncident avec le temps forts, leur dureté est
diminuée par la valeur brève de ce temps fort initial.
Prenons la «Chanson emprisonnée »
de GILLEBERT DE BERNEVILLE, qui se trouve
comme nO 22, au folio 9 v° de notre recueil. Nous n'en examinerons que les reprises,
puisqu'elles nous permettent de cumuler nos observations :

1- 2 Au be - soing voit on l'a - mi Pieç - a que c'est re - cor - dé


fait A - mours pour mi Tant que j'aie un chant tro-
3— 4
13-14
15-16
S'or ne
A - mors,
Qu'au-cun
je vos cri mer
no - vel chant jo -
- ci
li
Que me
Li puis - se
- faire
do nez tel pan
a son
- vé

gré
25-26 S'or me me - tez en - bli A - mors, j'ai mon tens fi - né
27-28
37-38
Et, si me gi - o
tez de ci, Main -te
J'en sui
grant jo -
li - ve - té
Pri - son ne me puet te - nir, touz as - se - u - rez
39—40 Ne au - tres maus a - ve - nir, Quant li haus nons est nom - mez.

Procédons exactement comme nous l'avons fait avec le premier exemple. Nous avons
16 vers de sept syllabes, ou 112 syllabes, formées par 88 mots dont 13 seulement sont de
deux syllabes (en omettant les rimes), tout le reste des monosyllabes. Les vers 2, 4, 38
et 40 sont formés (sauf la rime) de monosyllabes seulement. Et, quant à la distribution
des accents toniques sur les temps forts ou faibles de la mesure, que trouvons-nous?
Neuf fois, sur douze, l'accent tonique sur un temps faible, et quatre fois seulement sur
!
un temps fort Ce serait une cacophonie, si des vers comme ceux-ci se chantaient, dans
une chanson, en premier Mode, où des syllabes féminines ou atones, sur des temps forts
et longs, déchireraient notre oreille. En deuxième Mode, au contraire, le rythme devient
« planus »,égal, par l'alternance des temps forts, mais brefs, et des temps faibles,
compensés en durée.

Bamberg :
Traitons de la même façon le Motet du « Battu et content», N° 63 du recueil de

1-2 Mal ba - tu Ion - gue - ment plou - re, Et par cous - tu - me de - mou - re
3— 4 Plus Ion - gue - ment en son plour. Mais li ba - tus, au re - tour
5— 6 A de son mais- tre pou - our, Qu'a - dès sus ne li re cour - re -
7— 8 Pour ce pas meins ne de - mour, Qui sui ba - tus plus qu'a gas
9—10 Ains a - tent, c'on mi se -
Mon mes - chief, et d'oure en ou - re,
cour-re. Si suef -
fre de jour en jour
En es - poir d'à - voir sou - las
11—12
13-14 Et di, par crieme a A - mour, Quant m'a plus ba - tu qu'un las :
15-16 A - mours, je ne me plain pas De ma dou - lour.
Voilà un Motet en forme de chanson, 15 vers de sept syllabes, dont 6 avec rime
féminine, et un petit vers de quatre syllabes, le tout remplissant 64 mesures, avec
115 syllabes formant 87 mots. Ici encore nous ne comptons (en dehors des rimes) que
12 mots de deux syllabes et 3 de trois syllabes. Les vers 7 et 13 sont monosyllabiques.
Sur les 12 mots de deux syllabes et les 3 de trois syllabes, 9 ont l'accent tonique sur
un temps faible et 6 seulement sur un temps fort. Le mot batu qui revient quatre fois,
: : :
est accentué deux fois batu et deux fois bdtus, le mot longuement se chante les deux
fois avec l'accent sur l'atone Ion /guément Conclusion En deuxième Mode, les accents
toniques des mots pollysyllabiques tombent de préférence, mais pas toujours, sur les
temps faibles, où ils trouvent une compensation dans la durée double. Il se trouve, en
effet, bien des cas, dans la poésie latine aussi bien que dans les vers des Troubadours et
des Trouvères, où le deuxième Mode représente uniquement une nuance rythmique de
la musique et où le texte aurait tout aussi bien pu être construit en rythme
trochaïque. U)
Il arrive parfois qu'il est difficile de décider s'il faut lire une chanson en premier
mode avec anacrouse, ou en deuxième mode, même lorsque la musique est écrite en
notation mesurée. Par exemple le Conductus à trois voix Deus in adjutorium, mentionné
par l'Anonyme II (CÜUSSEMAKER, Script. II) et conservé en entier dans les recueils de
Montpellier et de Bamberg, en notation proportionnelle, a été transcrit par COUSSE-
MACKER et par AUBRY en deuxième mode. Ces transcriptions produisent les accentuations
que voici :
Deus in adjutorium Intende laborantium
Ad doloris remedium Festina in auxilium!

Ces accentuations abominables à l'intérieur des incises, on pourrait, à la rigueur, les


mettre sur le compte du deuxième mode, mais les accents finaux, à la rime sont
manifestement contraires à la rythmique du Moyen Age. Il faut transcrire cette pièce en
premier Mode anacrousique, ce qui produira des accentuations normales pour un texte
latin composé par un musicien-poète français, et chanter :
Deus in adjutorium Intende laborancium etc.
Ad doloris remediiim Festina in auxiliúm.

En étudiant les chansons latines rythmées en troisième Mode nous avons constaté
que le mouvement dactylique d'une mélodie ne correspond point au rythme des accents
toniques, et que les violations de celui-ci sont plus nombreuses encore que dans les
modes trochaïque et iambique. L'absence de mots proparoxytons, la prédominance des
oxytons et des mots monosyllabiques dans le langage français et provençal amènent,

44.
;
Par exemple le Motet n° 83 de Bamberg (fol. 53), où dans tout le triplum français de 52 mesures, il
n'y a qu'un seul mauvais accent, chanter, et dans le motetus latin, les accents sont tous bons et, néanmoins
les deux voix se meuvent, musicalement, en deuxième Mode. Par contre, dans le Motet français n° 82,
rythmé en premier Mode, il y a neuf mauvais accents, comme si c'était un deuxième Mode, et dans le Motet
n° 78, avec son Treble, en premier Mode, quatorze mauvais accents dans 57 mesures 1 Dans tous ces cas,
c'est manifestement la rythmique musicale qui prime — disons même qui opprime —
l'accentuation
des paroles.
nécessairement, dans la versification française, des conditions essentiellement différentes
de la prosodie latine.
Analysons quelques Chansons françaises et provençales, chantées en troisième Mode,
comme nous l'avons fait précédemment. Prenons d'abord le Jeu-parti entre un clerc

:
anonyme et le ROI DE NAVARRE, qui se trouve dans notre recueil, folio 14 c, n° 37, noté
en troisième Mode

1- Bons rois Thie - baut, si - re, con - soiliez moi


2
3-4 De cuer le - al, saichiez, en bo - ne foi,
: U ne da - me ai mout lonc temps a - mé- e
-
Mais ne li - -
os des co vrir mapen sé - -e
-
10-II Cuens, je vos lo et pri que toi gniez quoi, Ne di - tes pas por - quoi 6 - le vos hé - e
12-13 Mais ser - vez tant et fai - tes le por - qoi Qu'e - le sai - che ce que vos - tre cuer bé - e
120 -
Per Deu, si - re, tel con soil me do - nez Ou mamorz gist
et ma grantmes -es
-stance
21—22 Que moz co - verz et si - gne, ce sa - vez, Et tel sem - blant vie - nent de de - ce - vance
28-29 Clers, je voi bien que has - ter vos vo - lez Et bien est droiz que clers ait abs - ti - nence
30-31 Mais, s'a - moi - ez au - tant con dit a - vez, Nou di-roi - e por quanqu'il a en France
37-38 Par Deu, si - re, pou sen - tez, ce m'est vis La grant do - lour le mal et le jo - isse
34° Que nuit et jor trait fins le - ax a - mis. Ne sa - vez pas co - ment A- mors jus - tice
46—47 Clers, je voi bien que tant es - tes a - pris Que la co - rone est bien en vos ass - ise
48-49 Quant dou proi - er par es - tes si hai tiz - Ce fait li max des roins qui vos a - tise.

Voici le relevé :
24 vers décasyllabiques, ") dont 12 à rime féminine 252 syllabes
formant 191 mots, dont 35 de deux syllabes, 4 de trois syllabes (sans compter les
;
rimes), tout le reste des monosyllabes. Quant à la place des accents toniques, nous les
:
trouvons sur n'importe quelle syllabe du vers 2 fois sur la première, i fois sur la
deuxième, faible, 7 fois sur la troisième, faible, 8 fois sur la quatrième, formant coupe,
2 fois sur la cinquième, 8 fois sur la sixième, faible, 7 fois sur la septième, forte, 3 fois
sur la huitième, et même sur la pénultième, faible, formant «heurtH, avec la tonique de
la rime, 2 fois. D'autre part, si nous examinons les cas, où des syllabes atones ou fémi-
nines tombent sur des temps forts de la mélodie, aux syllabes 4e et 7e, formant césure
lyrique, nous trouvons les vers 2, 13, 19, 31 et 38, soit 5 fois sur 24, sur la 4e, et les
vers 12, 21 et 48, sur la septième syllabe. Le mot «sire» qui revient 3 fois, est rythmé
deux fois J 1 J(vers 19 et 37) et une fois J J
l'accent tonique des mots est l'esclave du rythme modal.
,
au vers premier. Conclusion :
COLIN MUSET :
Prenons maintenant, pour étudier un genre différent, l'une des chansons attribuées à
Devers Chastelvilain, n° 108, au folio 123 d de notre chansonnier, notée
clairement en troisième Mode anacrousique, et, pour élargir le champ de notre investi-

45. Ce Mode à trois syllabes de texte par mesure prédomine dans les vers décasyllabiques latins et
français. Il figure comme sixième Mode, à côté du troisième, dactylique, dans les descriptions qu'en donnent
les théoriciens. C'est surtout dans les Tripla que son emploi est fréquent, parce qu'il s'accorde, par équi-

:
pollence, à n'importe lequel des autres Modes. Mais il s'emploie aussi dans des Refrains, par exemple dans
celui-ci, du recueil de Montpellier, fol. 205V0 Jolivetés et bone Amour m'enseigne Que je soie jolis et
:
renvoisiés. Rythmiquement, abstraction faite des proportions de durée, ce sixième Mode correspond, dans les
mouvements dactyliques, à la formule isochrone ex omnibus longis et perfectis des Modes à deux syllabes par
mesure.
gation, ajoutons-y deux couplets de la chanson
le manuscrit et qui se chante sur le même air
::
De la procession qui lui fait suite dans

1- De - vers Chas - tel - vi - lain Me vient la


3 robe au main Com uns oi - tours nor rois. -
4- 6 Bon jor doint Dex de - main Le sei - gnor que tant ain, Prou - dons est et cor - tois.
-
II-13 Or vos di que Choi sues Ne me vaut mais deus oes Qui me so - loit va loir. -
14j6 - - -
Tot man ju ent ver mues Ver min et
21-23 Or m'en vois a Soil - li Piec - ai que
- es - eu - rues N'en puis mais point a -voir.
n'as - se - nai A si bo - ne mai - son.
-
24-26 Le sei- gnor de man - dai, Maintes foiz m'a don - né Ro - bes et maint bel don.
31-33 -
Per - du ai deus chas telx,Dont je sui mout en - grès, Et bien m'en doit cha - loir.
34-36 C'est Vi - gno - riz, Ri - gnez, Deus sei - gnors i a belx, Qui ne doi - gnent va - loir.
1- 3 De -
la pro - ces - si - on Au bon ab - bé Poin - çon Me con vient a chan - ter,
4- 6 Hons de re - li - gi - on Ne fist mais tel par - don Par son pa - is a - 1er.
II-13 -
De la pro ces - si - on La croiz et le bas - ton Ont char - gié Gui - e - not
-
14-16 Qui ot a com-pai-gnon Gau -te - rot
-
de Grei gnon, Ran froi et De - ni - sot.

Ces douze vers longs, formant chacun une période dactylique de six mesures avec
dix-huit syllabes, rimant sur les syllabes 6, 12 et 18, soit 216 syllabes, se composent de
153 mots, dont 18 seulement (en dehors des rimes) sont de deux syllabes, et 3 de trois
syllabes. Les accents toniques ne coïncident que 9 fois avec les temps forts de la mesure,
alors que 12 syllabes toniques tombent sur des temps faibles. Les vers 2, 4, 11, 12, 16,
21, 22, 32, 33, 1, 4, 5, 11, 12 et 14 ne sont composés, en dehors des mots de la rime,
que de monosyllabes. La conclusion que nous avons tirée des exemples précédents est
plus catégorique encore dans celui-ci.
Appliquant le même procédé à l'analyse d'un texte en langue provençale, nous
choisirons le sirventés de PISTOLETA (voir Mél. d. Troub. n° 186, et p. 132), qui, à en
juger par les nombreuses copies qui en furent faites, même dans les chansonniers des
Trouvères, a dû jouir d'une grande popularité. Nous le trouvons comme n° 310 au
folio 125 ade notre chansonnier CANGÉ, noté en troisième Mode :

1—2 Quar e-us-se je cent mile mars d'argent - -


Et au tre tant de fin or et fust rox,
3-4 Et s'e - us - se prou avoine et froment, Bues et va - ches et ber - biz et mou - tons.
joi - oux,
9—10 Et je fus-se franz et douz et plaisanz, Jo - nes et sainz tout a - dès et
Et fus - se bien a - mez de tou - tes genz Et li mieu - dres che - val - iers c'on - ques foux,
11—12
17-18 - - - -
Et j'e us se vin fort et fre mi ant, -
Ha nap do - ré,char et tartre et pois son -
En froit ce - lier ren - fres - chi de fres - ions.
19-20 Et blan-che nape et gas-tel de fro-ment
Ces douze vers décasyllabiques, ou 120 syllabes se composent de 85 mots, dont 18
de deux syllabes et 6 de trois. Les accents toniques tombent 13 fois sur des temps forts
et 12 fois sur destemps faibles. En examinant les temps forts à l'intérieur des vers,
soit sur la quatrième et la septième syllabes, nous trouvons que ces «accents lyriques»
se rencontrent 6 fois!
Après avoir suffisamment établi le fait que, dans la rythmique latine et française du
Moyen Age les temps forts de la mélodie ne coïncident point nécessairement avec les
accents toniques des vers, renforçons nos conclusions en étudiant les accentuations
différentes que peut subir un même mot lorsqu'il revient dans plusieurs vers consé-
cutifs. Empruntons quelques exemples latins au Tropaire de Burgos dont la notation
mesurée ne permet aucun doute sur l'accentuation rythmique. Au folio 33 v° nous
trouvons la Prose à deux voix: In virgulto gracie, en premier mode. La deuxième
strophe commence par le mot virgultum, en déplacant les accents en avant: Virgultum

se trouve la Prose :
ecclesia. Ce qui était atone là, devient tonique, ici, et inversement. — Au folio suivant
Maria virgo virginum, en premier Mode, avec anacrouse. Dans la
;
:
troisième strophe: Virgo peccata nescia, la valeur rythmique du mot virgo est renversée

:
Dans la troisième strophe de la Prose Te laudant agmina, au folio 12: Qui regis tua
potencia, et dans la quatrième Refove nos tua gracia. L'ablatif du pronom est traité,

;
d'abord comme tua, et ensuite comme tua, sans tenir compte ni de l'accent tonique ni
de la quantité des voyelles.
même mot est répété immédiatement
-.
L'accent latin est traité avec la même liberté, lorsque le
dans le beau Motet (nO 37:) Hômo miseràbilis,

sans s'en soucier, 41) en troisième mode


même mouvement dactylique
:
dont les vers sont construits en mouvement trochaïque, alors que la musique procède,

: Homo miserabilis, le Treble chante, sur le


Homo, luge, Fuge, fuge. — De même, dans le Motet
français n° 34, le Treble chante Oci, oci, en troisième mode, en renversant les accents. Il

Chansonnier Cangé ;
serait aisé d'ajouter des centaines d'exemples du même genre tirés directement de notre

preuves suffisantes. 47)


mais il nous semble que ceux, présentés ci-dessus, apportent des

La même mobilité de l'accent tonique que nous venons de relever dans les vers
latins et français se rencontre, bien naturellement, aussi dans la poésie provençale. Le
«vers» de BERNARD DE VENTADOUR Ab joi mou lo vers el comens répète les mots ab joi
au vers suivant qui a le même nombre de syllabes, mais, la copule et précédant le
ab joi, les accents rythmiques se trouvent déplacés. Au premier vers ils tombent sur la
préposition, au second sur le nom.
Qu'il s'agisse d'un Trope du IXe siècle, d'une Prose du Xe, d'un Organum du XIe,
d'un Conductus latin ou d'une Chanson du Troubadour ou d'un ancien Motet latin du
46. Le cas contraire, où des vers latins construits en dactyles rythmiques se chantent en premier Mode,
trochaïque, se trouve dans le Treble du Motet n° 6 du recueil de Bamberg. Ce sont les vers
Salve, regina, Sùmma divina, O Katherina, qui se chantent : :
Salve, regina, Summa divina, 0 Katherina ! Les infractions contre l'accent tonique sont particulièrement

:
désagréables à l'oreille dans les mots longs, latins ou français. La chanson n° 70 de notre recueil commence
par le mot Comencemenz. Sur les notes correspondantes de la reprise se trouve le mot Remembrance. En
;
troisième ou sixième mode il faudrait chanter: Comencemenz et Remembrance, et, en premier ou deuxième:
Comencemenz et Remembrance, l'un aussi dur que l'autre à moins qu'on ne chante en cinquième anacrousique,
en donnant à chaque syllabe la même durée et la même intensité d'accent.
47. Le sixième vers de la chanson nO 253 du Ms. Cangé se chante, en premier Mode anacrousique:

:
Mi vousist conforter. Le même mot vousist revient, dans la seconde strophe, déplacé d'un degré, ce qui en
renverse la valeur tonique
:
Ne me vousist fauser. Il n'est pas rare de rencontrer le même mot deux, trois et
même plus de fois dans la même chanson avec des traitements d'accent variables vanter, et vanter, vantcit et
vantoit, chanter et chanter, chanterai, chanterai et chanterai. Relevons, en passant, le fait que l'accentuation
chanterai se rencontre si souvent qu'on serait tenté d'en conclure que les chanteurs du treizième siècle se
rendaient compte de la composition originale du futur formé par l'infinitif et l'auxiliaire avoir, et qu'on
pouvait encore prononcer chantér ai. En voici quelques références: Motets de Bamberg: n° 39 s'amerai, no 51
s'en chanterai; n° 54, s'amerons nous; nO 67, ou chanterai. On en trouvera de nombreux exemples dans les
Chansons du Ms. Cangé.
une seule règle est observée, presque sans exception :
XIIe, ou, enfin, d'un genre quelconque de Chanson en langue vulgaire du XIIIe siècle,
c'est que la syllabe tonique de la
rime48) doit tomber sur un temps fort. Les rares infractions à cette règle absolue49)
peuvent s'expliquer par des négligences de la part des copistes, lorsqu'ils transcrivaient en
notation mesurée des pièces qui, dans les manuscrits qu'ils copiaient, étaient notées en
neumes ou en notes carrées. On pourrait aussi admettre que, parmi les miliers de poètes-
musiciens, il y en ait eu qui se préoccupaient de la musique plus que des paroles, sur-
tout dans les Trebles des Motets, où les combinaisons harmoniques et la vivacité du
rythme priment la correction prosodique, pour les raisons que nous avons signalées
plus haut.
Lorsque le vers se termine par une syllabe féminine ou atone, celle-ci doit se
contenter de partager la durée totale qui revient, de droit, à la rime masculine. Dans
un premier Mode, par exemple, la durée de la syllabe finale, masculine, étant de deux
temps, si la rime est féminine et que le vers suivant commence par une anacrouse, il y
aura trois syllabes dans cette mesure, dont chacune vaudra un temps :
Cels mal di - e Qui par en 1 vi - e Nous gaitent50)
ou: Ma - me -
lettes A si du - retes, Poi - ganns et 1 pe -
ti -
tetes.

Les notations mesurées du Tropaire de Burgos, des recuils de Motets et des Chan-
sonniers prouvent péremptoirement qu'en principe un Mode rythmique adopté au début
d'une chanson persiste à travers le couplet, du moins aussi longtemps que le permet la
nature des vers. M) Dans les Proses, cette isorythmie rigide peut s'expliquer par le fait
qu'elles se chantaient en chœur et que des changements de Mode à l'intérieur des vers

latins les mauvais accents à la fin des vers paraissent plus nombreux que dans les
48. Dans les Motets
Chansons en langue vulgaire. Les poètes-compositeurs de l'Ecole française, appliquant à la langue latine le

fournit un exemple particulièrement outré: :


principe oxytonique de la langue française, placent les syllabes finales des mots sur les temps forts, qu'elles
soient étymologiquement toniques ou atones dominus, saeculi, regina etc. Le Motet n° 96 de Bamberg en

Angelo nuntiante, Virgo es post et ante.

; :
Dans les vers français des Motets nous rencontrons des accentuations finales telles que mélodie (n° 38) ;
vermeillete (n° 81) nonnete (no 49) ; amie et mie (no 47). Mais c'est l'exception, et, dans les Chansons pro-
prement dites, le placement d'une syllabe féminine sur le dernier temps fort d'une incise n'est possible que
dans un cinquième mode, lorsque, comme dans la Chanson n° 261 du Ms. Cangé, des vers à rime féminine
peuvent se chanter sur les notes d'un vers masculin qui compte une syllabe de plus.

du Ms. de Bamberg :
49. Les infractions à cette règle générale se recontrent moins d'une fois pour mille vers, dans des vers
courts, à rimes intérieures, et surtout en deuxième mode, comme dans le Motet n° 57, d'origine assez récente,
Lonc tans a que ne vi m'amie, où plusieurs syllabes toniques, en rime, tombent sur des
temps faibles. Mais la double quantité du deuxième élément du Mode iambique adoucit cette irrégularité. Il
est intéressant de relever le fait que les vers à rimes féminines sont rythmés moins souvent en deuxième
Mode, qu'en premier.
50. C'est le Treble Quantflourist la violete du Motet Non orphanum te deseram (no 67, folio 42 v°).
51. S'il est vrai que le nombre de syllabes dont se compose un vers détermine, en une certaine mesure,
le Mode rythmique à adopter, il ne faudrait pas y chercher un critérium absolu. Dans les Trebles des Motets,
par exemple, nous rencontrons une vingtaine de cas où le texte poétique forme une strophe régulière du genre
lyrique, parfois même avec des reprises (Pedes). Mais la subjugation de l'accent tonique au Mode de la mélodie
y est si radicale que, dans un couplet de six vers heptasyllabiques (n° 11), il se trouve quatre rythmisations
différentes. D'autre part, le Motet Brumans a un Treble Homo luge (n° 37) tout construit en troisième mode

!
régulier, et la strophe se compose de vers de 3, 4, 6, 7 et 10 syllabes. Le Treble du Motet n° 43, en
premier Mode, est formé par 15 vers de 2, 3, 4, 5, 7, 8, 10 et 11 syllabes Et ce ne sont pas seulement les
Trebles qui montrent des schémas aussi variés, on peut les trouver dans les Motets mêmes, par exemple, au
n° 57, dont la strophe se compose de vers de 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9 syllabes en deuxième Mode.
auraient amené des complications d'exécution. Dans toutes les Proses mesurées du Ms. de
Burgos, le Mode adopté pour une laisse se poursuit sans modification aucune jusqu'à la
fin de sa reprise, sans se soucier si les accents des mots à l'intérieur des incises corres-
pondent aux temps forts ou non. Mais il en est autrement dans la Chanson, qui est
essentiellement un solo, et où le chanteur a toute latitude d'adapter l'accentuation du
texte à celui de la mélodie. Déjà dans les anciens Organa, destinés, eux aussi, à être
chantés par des solistes, le changement de mode se pratiquait régulièrement,M) alors que
dans les Motets on se tenait plutôt à l'uniformité des Modes, sans doute à cause des
difficultés rythmiques qu'offrait leur exécution.
Dans la majorité des Chansons du Ms. Cangé, écrites en notation mesurée, le Mode
adopté dès la première mesure se poursuit, à travers la pièce entière, dans une rigidité
rythmique absolue qui ne se soucie point si les accents toniques coïncident ou ne
coïncident pas avec les temps forts de la mélodie, tout comme dans les Conductus et
Motets anciens, et dans les Tropes et Proses mesurés de Burgos. Mais, dans un nombre
assez considérable de Chansons dont la notation ne révèle pas les formes caractéristiques
de l'écriture proportionnelle et que, par conséquent, nous transcrivons en cinquième ou
sixième mode, en les traitant d'après la formule ex omnibus longis et perfectis, de
GROCHEO, il arrive que le copiste indique, sporadiquement, des différences de durée ou
d'accent, en plaçant des notes longues sur certaines syllabes. Dans les refrains du
Renart le Nouviel, écrits en notation proportionnelle par le copiste du Ms. 25566 de la
Bibliothèque Nationale (que nous avons transcrits dans nos Mél. d. Troubadours, pp.
115-127) le notateur passe sporadiquement d'un premier Mode à un deuxième, pour
éviter une accentuation fautive. Il en est de même dans quelques exemples de chansons
intercalées dans le Roman de Fauvel (M. 146 de la Bibliothèque Nationale, publié par
P. AUBRY).
Or, ces manuscrits étant de date plus récente que la majorité des recueils de
Chansons et de pièces polyphoniques anciennes, deux questions importantes se posent ici:
à quelle époque les compositeurs ou les copistes s'avisèrent-ils de rompre la rigidité des
formules modales en faveur de l'accent tonique des paroles? Et quel fut le rythmicien de
génie qui appliqua aux Chansons des Troubadours et des Trouvères la formule du
deuxième Mode iambique, avec la brève accentuée et la longue atone, cette panacée,
tard venue, des difficultés de prosodie?
Ce sont là deux problèmes que nous n'avons pas réussi à résoudre. Et, c'est là la
raison qui nous a engagé à retracer l'histoire de la Versification Romane et de la
Rythmique du Moyen Age, basée d'une part sur l'analyse des vers et, de l'autre, surles
déductions analogiques que nous permettent de faire les documents musicaux écrits en
une notation qui indique d'une façon positive la mesure des vers chantés, des origines à
la fin du XIIIe siècle.

52. Dans les Organa du Tropaire de Burgos ces changements de Modes se rencontrent assez régulièrement.
GROCHEO dit expressément:
Les traités des théoriciens confirment, en les généralisant, les données des documents. Ainsi JOHANNES DE
In componendo Organum, modorum alternationem quam plurimum jaciunt, sed in
componendo Motellos et alia, modorum unitatem magis servant (J. WOLF, p. no). Dans les Motets des Mss. de
Bamberg et de Montpellier, cette uniformité rigide du Mode est la règle. Ce n'est qu'exceptionnellement, dans
des pièces plus récentes, que nous relevons des changements de Modes, des résolutions de valeurs longues en
syllabes brèves, et des contractions de plusieurs éléments brefs en valeurs plus longues, toujours selon les
équipollences arithmétiques du système modal des mensuralistes.
L'ESTHÉTIQUE DE LA FORME
DANS LA CHANSON DU MOYEN AGE

N ne saurait trop insister sur le fait, surtout lorsqu'il s'agit de musique du


Moyen Age, que la notation musicale n'est point un tracé graphique de la mé-
lodie, indiquant toutes les nuances mélodiques, dynamiques et rythmiques,
mais qu'elle n'est qu'un guide bien imparfait. Aujourd'hui encore, après
sept siècles de progrès et malgré tous les signes auxiliaires inventés pour
indiquer le tempo, les accidents chromatiques et les nuances d'exécution,
dix musiciens nous donneront bien autant d'interprétations différentes d'une pièce jouée
ou chantée d'après une copie unique.

avec les pulsations, le compositeur dispose de trois moyens :


Pour exprimer en musique les modalités infimes de l'âme, modalités qui changent
les registres grave et aigu
de la voix, les modalités positive et négative, majeure et mineure, des intervalles et les
contrastes rythmiques, rapide et lent. Nous ne savons pas si les combinaisons har-
moniques et instrumentales, qui rendent des services insignes dans la musique d'au-
jourd'hui, jouaient un rôle conscient dans la composition, au Moyen Age. Un artiste
d'alors pouvait éprouver les sentiments et les exprimer musicalement aussi bien qu'un
moderne, mais, pour les exprimer dans la notation, graphiquement, il ne disposait point
d'un système de séméiographie musicale qui lui permît d'indiquer à d'autres ce qu'il
sentait lui-même.
Tout comme les philosophes grecs spéculaient sur le rôle éthique de leurs tétra-
cordes, les théoriciens du Moyen Age approfondissaient les différences esthétiques entre
les Modes harmoniques (échelle tonale) et les Modes rythmiques. Le savant WALTER

MURIS (ibidem II, 311 et s.) recommande aux compositeurs :


ODINGTON oppose le Mode trochaïque à l'iambique (Couss. Scritt. I, 211). JEAN DE
ut sic temperet cantum ut
in adversis rebus deprimatur et in prosperis exaltetur. Aliter enim componendi sunt
cantus in rebus laetis et prosperis, alter in tristibus et adversis, aliter pro una gente,
aliter pro alia, aliter pro juvenibus, aliter pro senibus». Et JÉROME DE MORAVIE y ajoute
:
la recommandation (ibid. 186 b) Necessarium est cantum componenti quod scilicet ita
proprie cantum componat ut, quae verba sonant, cantus videatur exprimere, et ibi
»
cantus pausationem recipiat, ubi finalis sensus verborum facit pausationem. C'est là le
premier manifeste théorique de vérisme musical. De fait nous en trouvons l'application à
travers les compositions des Troubadours, comme on peut déjà les relever dans les plus
anciens monuments de la musique liturgique.
Souvent, lorsque la strophe est construite sur le schéma abab, avec répétition de la
phrase musicale, la première phrase se termine sur une cadence «ouverte
; » ou de tran-
sition, parce que le texte poétique n'est pas encore arrivé à une conclusion quand celle-ci

;
fin de la pensée enjambe dans un vers suivant, la musique en fera autant. Exemple :
paraîtra, la reprise finira sur une cadence «close», tonique, finale. Et, s'il arrive que la
la

;
chanson no 19 de PERRIN D'ANGICOURT
le schéma elle suit le sens.
la mélodie ne procède pas mécaniquement avec

L'allure vive du premier Mode convient aux chansons envoisies, qui réfléchissent un

;
état d'âme positif, heureux, gai, comme la plupart des Refrains, des Romances et
Pastourelles c'est le genre léger de la Chansonnette, avec une prédominance sensible de
modalités majeures. Sur les 330 mélodies du chansonnier CANGÉ, 19 seulement sont en
premier Mode pur, sur des vers à nombre impair de syllabes, et 16 en premier Mode
anacrousique, sur des vers à nombre pair de syllabes, l'octosyllabe prédominant. Coïn-
cidence curieuse, ce sont aussi les strophes de huit vers qui y sont plus fréquentes que
les autres. Le ROI DE NAVARRE figure avec six chansons dans ce Mode, GAGE BRULÉ
avec trois, alors que les Anonymes en comptent quatorze. Ce qui semble encore carac-
tériser ce Mode, c'est que les vers des strophes sont brisés, comme dans les Motets, en
unités de trois à huit syllabes et que les vers longs ne s'y rencontrent, que dans la forme
anacrousique dans des décasyllabes rythmés ex omnibus longis.

; ;
Joie et solaz mi fait chanter (nO 165) Qui d'Amours a remembrance, Bien doit de joie
chanter (n° 287) En mai, quant li rossignolet (nO 128) et Ne rose ne flor de lis (217)
sont des exemples typiques de ce Mode. A en juger d'après le rythme de l'amusante
:
boutade n° 220 Ne lairai que je ne die, la colère semblerait appartenir aux émotions
positives. Dans les Motets, la proportion des premiers Modes est sensiblement plus
élevée que dans notre « Anthologie du Mal d'amer ». Le no 91 du recueil de Bamberg
Tous li cuers me rit de joie reflète l'allégresse de l'amoureux dans les accents joyeux du
:
rythme et de la modalité majeure.
La tristesse navrante de l'amant inexoré, jaloux ou rejeté et la lutte intime de
sentiments opposés, trouvent leur expression plastique dans les rythmes discordants du
deuxième Mode, dans l'antagonisme systématique des accents toniques et des accents
musicaux, d'une part, et dans les modalités mineures, de l'autre. Nul doute que ce soit
là la raison qui nous explique la fréquence de ce rythme dans les perpétuelles lamen-
»
Motets. Le n° 99 de Bamberg en est un bon exemple :
tations et « plorades des Chansons courtoises, à une voix aussi bien qu'en forme de
Trop longuement m'a failli
Madame d'avoir merci, où il semble bien que l'insistance du mot « longuement » soit un
effet calculé pour figurer, par l'accentuation torturée longuément, par l'image du mot, par
la longueur des syllabes nasales et par la lenteur du mouvement mélodique, la mélancolie
navrante du Trouvère, comme les Chansons de Spleen et les « Sanglots longs de VER-»
LAINE. Exactement les mêmes observations s'appliquent aux soixante mélodies en
:
deuxième Mode pur de notre recueil, qui se répartissent comme suit Anonymes 23,
ROI DE NAVARRE 8, PERRIN D'ANGICOURT 6, GILLEBERT DE BERNEVILLE 4, GACE BRULÉ
et ADAN DE LA HALE 2 et G. LE VINIER 2 ; le reste se distribue également par une, sur
des auteurs divers. Associé à d'autres, le deuxième Mode se rencontre une vingtaine de

NAVARRE;
fois, dans 4 chansons anonymes, 3 D'ADAN DE LA HALE, de GACE BRULÉ
le reste épars, par une.
et du ROI DE
;
Lons desire et longue atente Longuement m'a fait doloir (n° 190) les complaintes où
le Trouvère «chant, plor et sospir» dans sa «chançonnete jolie» (nO 137), ou la Chanson
:
anonyme n° 125 En esmai et en confort, Ne sai a droit ou a tort Chant en riant et en
termes, avec la tendre strophe :
Chanteplore sui sovant,
Sovent plor et sovent chant.
Le ROI DE NAVARRE chante (n° 113) :
Mi chant sont tuit ploin d'ire et de dolor,
Que je ne sai se je chant ou je plor
et CARAUSAU se lamente, toujours en deuxième mode, de ce que son cœur le fait
»
«chanter plorant (n° 252).
»
Remarquons que, somme toute, les Motets sont moins «éplorés que les Chansons.
Parmi les 48 Motets et les 55 Trebles français du recueil de Bamberg, 18 seulement sont
en deuxième Mode, contre 55 en premier. C'est une différence de proportions assez
sensible pour étayer notre opinion à savoir que, dans la Chanson du Moyen Age, il
existe un rapport direct entre la nature des sentiments et leur expression rythmique.
Dans les Motets et Trebles latins, par exemple, dont l'inspiration est plutôt positive, neuf
seulement sont en deuxième Mode, contre 51 en premier.

strophe à l'autre? Examinons la Chanson n° 67 de BLONDEL :


Mais, qu'arrivera-t-il quand les modalités de la sensibilté viennent à changer d'une

:
Coment que d'amors me
dueille, Bien est droiz que je en chant. Le second couplet finit par la déclaration Ce me
fait estre joiant Et en ma joie doutant. La mélodie débute en cinquième Mode, pour finir
sur les notes graves de la gamme et sur une cadence incomplète, exprimant le doute :
en ma joie doutant.
Quant au nombre de syllabes par vers des mélodies écrites en deuxième Mode ce
sont pour la plupart des vers de sept syllabes avec, par ci par là, des vers plus courts,
mais toujours à nombre impair de syllabes, sauf en quelques cas où le nombre pair exige
la combinaison du Mode anacrousique, par exemple les nos 228 et 320.
Les Modes dactyliques, le troisième et le sixième (tribrachique) se rencontrent sur-
tout dans les Chansons formées de vers décasyllabiques. Cette formule dactylique partage
la vivacité du premier et la morosité du deuxième et c'est peut-être ce qui en ex-
plique l'emploi si fréquent dans la Poésie du Moyen Age. Cent quatorze chansons en
décasyllabiques purs ou combinés avec des vers de 4, 6 ou 7 syllabes sont rythmées en
troisième ou sixième Mode purs, et, dans une dizaine d'autres, un cinquième Mode avec
ou sans anacrouse s'y joint pour des raisons de prosodie. C'est le ROI DE NAVARRE qui
vient premier, avec un total de 27 Modes dactyliques ou tribrachiques, puis viennent
20 chansons anonymes, 16 de GACE BRÛLÉ, 9 du CHATELAIN DE COUCY, 5 DE GAUTIER
D'EPINAL, 4 de PERRIN D'ANGICOURT, 3 de HUGUES DE BERZÉ et de COLIN MUSET
(douteuses), 2 de BLONDEL DE NESLES, de GILLEBERT DE BERNEVILLE et de CONON DE
BÉTHUNE, le reste dispersé parmi des auteurs divers. La nature plutôt solennelle, parfois
même prétentieuse des chansons écrites dans cette formule se révèle aussi dans l'ambitus,
dans l'extension de la mélodie. En effet, ces chansons en décasyllabiques ont géné-
ralement une étendue d'une octave ou plus, jusqu'à la treizième (octave et sixte) sauf
une vingtaine, et c'est encore le ROI DE NAVARRE qui vient en tête de la liste.
Le cinquième Mode archaïque, ex omnibus longis, s'emploie surtout dans les vers de
sept et de huit syllabes, avec ou sans anacrouse, selon le cas, et aussi dans les vers
brefs à rime féminine, lorsqu'ils sont allongés pour remplir la carrure de la phrase
musicale. Dans cette liste, les Anonymes et GACE BRULÉ viennent en tête, avec 15
pièces, puis vient le CHATELAIN DE COUCY, avec 9, le ROI DE NAVARRE avec 7, THI-
BAUT DE BLASON et MONIOT D'ARRAS avec deux et le reste se répartit entre des auteurs
divers. Ce Mode se rapproche du sixième, par sa nature solennelle, mais moins dra-
matique que celle du troisième, parce qu'il permet au chanteur d'interpréter plus librement
sa chanson, sans être l'esclave de la formule dactylique.
Le Moyen Age faisait une distinction bien nette entre l'Art pur de la Forme et les

:
humbles divertissements de la foule. Déjà dans la musique liturgique les deux genres
étaient séparés d'une part le chant artistique, orné, savant, technique, des Responsoria
et, plus tard, des Organa, si compliqués et si subtiles qu'il fallait en confier l'exécution
à des artistes-solistes rompus dans l'art de la Voix, d'autre part le Plain-chant anti-
phonal, presque syllabique et moulé dans un nombre restreint de formules classiques,

groupes, qui correspondent exactement à ceux de la musique religieuse :


presque stéréotypiques. La musique profane du Moyen Age forme, elle aussi deux
d'abord la
Chanson artistique, savante et schématique, avec des préoccupations manifestes d'esthé-

rythme et d'étendue de la mélodie :


tique formale dans la construction des vers, des rimes, des strophes, de tonalité, de
c'est la Chanson classique des Troubadours, Trou-
vères et le Motet des Déchanteurs. D'autre part la simplicité des chansonnettes, Rondes
et Refrains populaires, destinés à la récréation des masses.
Les couplets des Hymnes, des Proses et des chansons monodiques en général ne
sauraient tous prétendre au titre d'œuvres d'art au même degré que les Tropes poly-
phoniques, les Organa et les Motets, où il n'est pas rare de rencontrer des développe-
ments musicaux d'une science étonnante, avec des variations, imitations et renver-
sements rythmiques et mélodiques qui annoncent, déjà au treizième siècle, l'art des
contrepointistes du seizième et même les Inventions et Fugues des maîtres modernes.
Comme dans l'Hymne ancienne, la première strophe de la Chanson du Moyen Age
doit s'ajuster aux nuances et au sens, variables de strophe en strophe, des paroles. Si
l'on veut se rendre compte de la nature savante, technique, des mélodies des Trouba-
dours et des Trouvères, on n'aura qu'à examiner des airs comme les n08 77, 91 ou 199,
où l'on trouvera des strophes, composées d'une vingtaine de phrases mélodiques dont
pas deux ne se répètent et qui s'enchaînent parfaitement, pour former une entité ar-
tistique. Un répertoire analytique des thèmes mélodiques dont se composent les 330
chansons de notre chansonnier nous fournit la constatation presque stupéfiante que ces

!
330 mélodies se décomposent en un total de plus de 2000 (deux mille) motifs ori-
ginaux Une pareille exubérance d'invention ne saurait s'expliquer que, si l'on admet que
les Trouvères étaient musicalement instruits et bien versés dans les technicalités de la
science musicale, qu'ils ont dû faire un rigoureux apprentissage dans l'art de composer
une mélodie et que le génie s'unissait au talent.
Il est temps de faire face aux inepties répétées dans les Histoires de la Musique, que
les chansons des Troubadours aient été des chansons populaires, colportées de village en

:
village par des saltimbanques. Deux mille motifs musicaux en une collection de 330
chansons et combien de soi-disant chansons populaires faudrait-il amasser pour en
extraire deux mille thèmes?
Les contemporains des Trouvères se rendaient parfaitement compte du caractère

GROCHEO, :
strictement aristocratique de la Chanson courtoise. Un des premiers, JOHANNES DE
déclare, au treizième siècle A regibus et nobilibus solet componi et etiam
coram regibus et principibus terrée decantari, ut eorum animos ad audaciam et forti-
tudinem, magnanimitatem et liberalitatem commoveat, quae omnia faciunt ad bonum re-
gimen. Est enim cantus iste de delectabili materia et ardua, sicut de amicitia et karitate.
et ex omnibus longis et perfectis efficitur. (Ed. J. WOLF, p. 91). Et, afin de bien nous

appelle Cantus coronatus


recueil
:
montrer quel genre de chanson il a en vue, notre théoricien en cite deux exemples qu'il

: c'est d'abord la chanson qui se trouve en tête de notre


Ausi con unicome sui, du ROI DE NAVARRE, en effet dans le Mode ex omnibus
longis et perfectis, et puis, la jolie mélodie Quant li rossignoz, du CHATELAIN DE COUCY,
qui se retrouve deux fois dans notre recueil, comme nos 272 et 288, d'après deux
sources différentes.
Dans ce genre du Cantus coronatus il faut comprendre les Chansons courtoises, les
Serventois, Débats et Jeux partis et les Chansons de croisade qui figurent dans notre

LAMBERT FERRI nous apprend :


recueil au nombre de onze, et les chansons pieuses. L'envoi de la chanson n° 20, de
Oëz mon chant Que j'ai au Puy chantey. Elle est construite,

COURT envoie sa chanson (n° 339) à heritage, Le jor de may ;


en décasyllabiques, en troisième Mode et a un ambitus de neuf notes. PERRIN D'ANGI-
elle est également construite
en décasyllabiques dactyliques, avec le même ambitus que la précédente. Le ROI DE
NAVARRE termine sa chanson pieuse (nO 342) en disant
Cuit je faire encor maint Jeu parti
Et maint Sonet et mainte Renverdie.
On sait que la terminologie des genres n'est rien moins qu'uniforme au Moyen Age.
Le terme générique «Chançon » comprend les paroles, appelées dits ou mots, et la musique,
appelée son ou chant. En faisant le dépouillement de la liste complète des Chansons
de Trouvères, nous trouvons qu'un dixième du nombre total (2 300 pièces) commencent
par une image de la nature, des saisons et des oiseaux. On donne à ces chansons le
nom de »
« Reverdies ou de « Renverdies ».Or, dans notre recueil la proportion des
pièces commençant par une de ces images est beaucoup plus grande que celle du total :
;
; ;
M, 2; N, 1 P, 6, dans la série Q avec le début stéréotypique
; ; ;
:Quant.,
nous en rencontrons dans la lettre A, 10 B, 3 C, 5 E, 5 F, 2 J, 2 L, 13 ;
41, et T,
;
3, soit un total de 93, ou 38%. Cette proportion, presque quatre fois plus grande que
celle du total semble bien indiquer que le compilateur du chansonnier Cangé a favorisé
la Reverdie au détriment d'autres genres.

:
La Chanson courtoise est essentiellement un dialogue dramatique entre des sentiments
opposés Amour et Haine, Joie et Pleurs, Espoir et Crainte, les valeurs négatives
formant une majorité écrasante. La complainte n° 252, de CARASAU, le n° 42, anonyme,
à refrain, le dolent caprice de l'amoureux à outrance n° 24, et beaucoup d'autres,
témoignent d'une sensibilité musicale raffinée de la part de ces poètes-musiciens, qui
peut se mesurer à celle des meilleurs chefs-d'œuvre lyriques de tout temps.
Il ne manque pas d'intérêt de comparer l'esthétique musicale des théoriciens-clercs

déclare que la tristesse empêche le musicien d'exécuter un beau chant :


du Moyen Age à celle des Troubadours et des Trouvères. Le docte JÉROME DE MORAVIE
Praecipuum
impedimentum faciendi pulchras notas est cordis tristitia, eo quod nulla nota valet nec
valere potest. Propter V quod melancolici pulchras quidem voces habere possunt, pulchre
vero cantare non possunt (Couss., ScriPt. l, 94). C'est le thème principal des chansons
no 50, 60, 61:
Mais cil qu'Amors et talanz fait chanter,
De legier puet bone chançon trover.
GUILLAUME LE VINIER chante, dans le no 74:
Chançon envoisie Ne puet nus trover
Sanz amour jolie, De ce m'ox venter.
CUVELIER (n° 123) traite du même sujet :
La chanson anonyme (nO 125), de même :
Ennuiz et desesperance M'ont fait targier de chanter.

En esmai et en confort, Ne sai a droit ou a tort,


Chant en riant et en lermes.
C'est la substance d'un bon nombre des chansons de GACE BRULÉ et de MONIOT
D'ARRAS (n° 11) :
Amours me semont et prie que je chant,
Mais ma dolors le me desfant,
ou du ROI DE NAVARRE (n° 348).
Mes cuers plore et je en chant.
L'étendue de ces Chansons est en général celle des chants artistiques de la Musique
Grégorienne, avec de rares licences.
La tonalité, l'ambitus et les finales des Chansons courtoises sont essentiellement
basés sur la pratique traditionnelle du chant Grégorien et des anciens modes grecs,
avec la seule différence que, par ci par là, un musicien, désireux d'obtenir un effet
particulier, s'affranchira des règles strictes des modes ecclésiastiques. Nous trouvons ces
licences artistiques appelées musica falsa par les théoriciens, dans les chansons n° 6,
195 et 222; dans la première, la cadence finale est tournée en majeur, parce que l'idée
»
du mot «esfraez doit s'exprimer en musique aussi, et, dans l'intention du Trouvère,
l'intervalle inattendu y pourvoit. De même dans le nO 222 et dans quelques autres
chaque fois qu'il y a infraction apparente contre les lois de tonalité ou modalité tra-
;
ditionnelles, on peut en trouver la raison dans le sens des paroles et dans l'intention
du compositeur..
La tonalité se reconnaît d'après l'étendue et la finale. Naturellement les sentiments
du majeur et du mineur, du positif et du négatif se distinguent nettement. Tout comme
dans la musique Grégorienne, le premier Mode, ressemblant à notre ré mineur avec une
étendue moyenne allant du Do au ré, se rencontre fréquemment. Quatre-vingt dix
chansons de notre recueil l'emploient. Ce sont 26 anonymes, 14 du ROI DE NAVARRE,
19 de GACE BRÛLÉ, 4 de PERRIN D'ANGICOURT et du CHATELAIN DE COUCY, 2 de
BLONDEL, de GAUTIER D'ÉPINAL et de COLIN MUSET, HUGUE DE BERZÉ et MONIOT
D'ARFAS, le reste épars. Ce mode n'est ni majeur ni mineur, il est les deux à la fois,
admettant des tétracordes majeurs aussi bien que des mineurs, de sorte qu'il devient
parfois impossible de déterminer si la note finale d'un thème représente une cadence
tonique ou parfaite, ou une cadence imparfaite, ouverte. La présence ou la répétition
de la quinte ré-la est un critérium en faveur de apremièrealternative, celle de do-sol,
de l'autre.
De l'ancien troisième mode, finissant en mi, nous n'avons, dans notre recueil que
deux exemples : nos 137 et 237.
29 pièces ont comme finale fa, avec un ambitus moyen de l'octave Do-do, et un
caractère plutôt majeur.
La finale sol est la plus commune, elle revient 55 fois en cadence imparfaite,
formant « ouvert» de fa ou de do, et 74 fois en cadence parfaite, comme tonique d'une
gamme majeure. Ce sont encore les anonymes qui viennent en premier lieu dans la
liste de ces mélodies à caractère majeur, avec 21 pièces. Le ROI DE NAVARRE vient
second, avec 12, le CHATELAIN DE COUCy troisième, avec 8. GACE n'en a que 6, PERRIN
D'ANGICOURT, 5, ADAN DE LA HALE, et RAOUL DE SOISSONS, 2, et 19 éparses.
»
La finale la est ou bien l'«ouvert de sol majeur ou de la majeur (9 fois) ou bien
le «clos», tonique, de la gamme mineure, 21 fois.
Le do aigu comme finale paraît 21 fois, avec un caractère nettement majeur
5 anonymes et autant de chansons du ROI DE NAVARRE, 2 de GILLEBERT DE BERNE-
:
VILLE, de CONON DE BÉTHUNE et de MONIOT D'ARRAS, les autres éparses.
Six chansons finissent sur le ré aigu, avec un caractère plutôt mineur.
;
L'étude de ces finales demanderait un chapitre spécial pour le moment il faudra
;
nous limiter à enregistrer les faits essentiels. On peut distinguer trois classes de finales
1°: finales toniques ou masculines, où la note finale tombe immédiatement sur la pre-
mière note de la dernière mesure; 2°: finales féminines ou protractées, où la note finale
:
ne tombe pas sur le temps fort de la dernière mesure et, 30 finales prolongées où la
rime occupe plus d'une mesure, comme dans les rimes masculines et féminines des vers
de moins de six syllabes lorsqu'ils sont allongés pour remplir la carrure de la phrase.
Il y a des constatations extrêmement curieuses à faire sur le rapport entre la phoné-
tique des rimes et la nature des finales mélodiques et même entre les couleurs des
voyelles et les registres de la gamme. Nous y reviendrons en détail, dans un volume
ultérieur.

; :
L'ambitus des mélodies varie le minimum d'une quinte se rencontre 5 fois une
;
sixte mineure, 7 fois une sixte majeure, 7 fois une septière mineure, 32 fois une
;;
septième majeure 18 fois.
Les mélodies ayant un ambitus d'une octave, au nombre de 82, se répartissent
:
comme suit du La grave au la, chanson d'automne no 54 du ROI DE NAVARRE. —
Du Do au do, 38 fois, dont 11 anonymes, et autant du ROI DE NAVARRE, 7 de GACE
BRÛLÉ,3 de PERRIN D'ANGICOURT, 2 de CONON DE BÉTHUNE, le reste épars. — Du ré au
ré, 15 fois, 3 anonymes, 3 CHATELAIN DE COUCY, 2 ROI DE NAVARRE, 2 GACE BRÛLÉ,
les autres éparses. — Du mi au mi, la chanson anonyme no 261. — Du fa au fa, 11
:
fois
Du
2 anonymes, 3 ROI DE NAVARRE, les autres éparses. — Du sol au sol, 10 fois
la au la aigu, 4 fois (n08 116, 142, 269 et 295). — Du si au si aigu, la chanson
:
n° 43 de GAUTIER DE DARGIES.
:
L'ambitus excédant l'octave se trouve assez souvent la neuvième mineure, de mi
à fa, 13 fois, de fa à sol, 19 fois et de si à do, 6 fois. L'ambitus de neuvième majeure
se présente 84 fois: ; ;
de Do à ré, 64 fois de fa à sol, 13 fois et de sol à la, 7 fois
17 chansons ont une étendue d'une dixième mineure :
de La à do (nO 17), de Si
à ré, nos 23, 112, 153 — De Do à mip (nO 280) de ré à fa, nos 132, 269 et 345 — De
mi à sol, noe 98, 174, 187 — De fa# à la nos 49, 254, 344 (anonymes) et 61 — De

Neuf mélodies embrassent une dixième majeure :


sol à si K no 100 et du la au do aigu, no 202 du ROI DE NAVARRE.
de Do à mi, une de ré à fa# (CHA-
TELAIN DE COUCY), et les nos 87, 129, 307 56, 329 vont du fa au la aigu.
;
Dans 20 airs la voix s'étend sur une onzième mineure, octave plus quarte partant
:
au fa, 4 anonymes:
du La grave, les nos 55, 74, 102, 205 et 286 — Du Si au mi no 286 — Du Do

:;
nos 76, 78, 209, 302 du ROI DE NAVARRE, les nos 57, 84, 258
de GACE, nos 5, 166, 178, et trois épars 48, 219, 257. — La chanson anonyme no 52
;
s'étend du fa au siV aigu. L'ambitus le plus étendu, de la treizième, octave plus sixte,
se trouve dans les deux chansons anonymes nos 158 et 308.
La richesse d'invention musicale des Trouvères se révèle d'une façon évidente dans
les incipit des mélodies. Quand on considère que, sur un total de 327 chansons, en
décomptant les doubles et les imitations — il n'yen a pas deux dont les notes du
premier vers soient identiques, on est forcé de se demander comment les Trouvères ont
réussi à éviter des répétitions. Avec une moyenne de sept à huit syllabes par vers
initial, inventer, sur les maigres éléments de la gamme diatonique, 327 thèmes différents,
c'est une merveille de science. Même le profane s'en rendra compte, et le musicien
rendra justice à une pareille abondance d'imagination et de savoir faire. On sait que
les schémas des rimes et des strophes font preuve d'un effort soutenu, de la part des
Trouvères, de ne pas se répéter et d'éviter des formes employées par d'autres. Mais on
n'a pas encore relevé le fait que la même préoccupation se manifeste, à un degré plus
élevé encore, dans la forme musicale. On se demande même comment un compositeur
pouvait éluder le danger de répéter, inconsciemment, une formule employée avant lui,
s'il n'avait à sa disposition un moyen de contrôle, soit qu'il possédât des copies des
chansons de ses prédécesseurs ou confrères, soit qu'il les sût par cœur. La liste des
incipit prouvera, mieux que des paroles, le bien fondé de ces remarques. Nous énumérons
les incipit, en commençant par la note la plus grave et en montant l'échelle.
La chanson no 101 débute par le La grave.
Neuf pièces partent du Do grave et, dans ce nombre, les nos 290 et 291 se suivent.
Dix-neuf mélodies ont pour première note un ré, et les nos 62-63 et 234-235 sont
consécutifs.

Les fa sont plus nombreux :


Les thèmes de huit chansons commencent par mi.
23 pièces, dont 259-260 et 321-322, consécutifs.
Quatre pièces en sol majeur partent du fa#
Soixante incipit sur sol, dont 173-174-175, 247-248, 286-287, 306-307 et 344-345
et 346 en file.
Soixante trois motifs ont comme note initiale la, nos 11-12, 108-109, 163-164, 198-
199, 237-238 et 308-309 se suivent.
Les nos 183 et 195 débutent sur un sib et 20 pièces, sur si naturel: 113-114 et
,
332-333 se succèdent. Soixante six chansons attaquent le do: 27-28-29, 32-33, 110-111-
112, 142-143, 206-207, 231-232-233, 262-263-264, 304-305 font suite.
28 ré aigus ouvrent leurs thèmes.

;
254
Cinq chansons, enfin, prennent leur essor sur le sol aigu
deux de PERRIN D'ANGICOURT qui a dû être un ténor léger
: ;
Le mi aigu revient onze fois comme première note, comme aussi le fa aigu.
deux anonymes, 49 et
une du ROI DE
NAVARRE, dont l'ambitus de la voix va du La grave au do suraigu, soit deux octaves
plus une tierce, et la dernière, de GUILLAUME LE VINIER (nO 129).
Il serait curieux de calculer le registre des voix des Trouvères, individuellement,
d'après les ambitus de leurs chansons, mais il faudra remettre cette étude à plus tard ;
on ne saurait se prononcer sur cette question délicate avant d'avoir examiné combien
d'elles ont été transposées par l'un ou l'autre des copistes de la musique.
Dans le genre classique de la Chanson courtoise l'ambitus est plus grand que dans
le genre léger de la Chansonnette. Ce genre populaire, GROCHEO le définit assez claire-
ment dans son traité. Ce sont d'abord les Chansons de geste, ces modestes mélopées

:
répétées pendant toute une soirée pour la récréation et l'édification religieuse et patrio-
tique de la population cantus autem iste debet antiquis et civibus laborantibus minis-
trari, donec requiescunt ab opere consueto, ut, auditis miseriis et calamitatibus aliorum,
suas facilius sustineant et quilibet opus suum alacrius aggrediatur (Op. cit. p. 91).
Les cantilenae ou chansonnettes sont destinées à la jeunesse, comme passe-temps :
ne in otio sint reperti.
:
Les RONDEAUX se chantent versus occidentem, puta in Normannia, a puellis et
juvenibus, in festis et magnis conviviis, ad eorum decorationem.
Les ESTAMPIES sont plus compliquées à exécuter et protègent la jeunesse, précisé-

:
ment à cause de cette difficulté d'exécution et de l'attention soutenue qu'elles demandent,
contre les mauvaises pensées Haec autem (stantipes) facit animos juvenum et puellarum
propter sui difficultatem circa hanc stare et eos a prava cogitatione divertit. (Op.
cit., 93).
Nous avons déjà eu l'occasion de mentionner le fait, dans la description du manus-
crit Cangé, au tome premier, que le genre léger y est représenté par un nombre sen-
siblement en-dessous de la moyenne. De véritables PASTOURELLES nous n'y trouvons que
les trois numéros 27, 130 et 142 et, se rapprochant du genre, sans toutefois être de
vraies Pastourelles, les nos 13, 35, 128 et 177.- Trente-sept chansons ont des Refrains
formées par la répétition d'un mot final, d'un vers entier ou de plusieurs vers. On
remarquera que les strophes de ces chansonnettes emploient surtout des vers courts
et que les mélodies semblent plutôt pencher vers le majeur.
Le plus souvent, les Trouvères appellent leurs composition «chançon », avec des
:
qualifications telles que chançon jolie (PERRIN D'ANGICOURT, n° 19). Le même PERRIN
fait une chanson «bone de dit et de son, legiere m chanter» (nO 221). Même les refrains

341 portent le nom de «chançonnettes»


MONIOT DE PARIS compose une «Vadurie

s'annoncent comme «chançon» ou comme «motot » (nO 292). Les nos 69, 211, 295 et
THIBAUT appelle son n° 2 «chançonele» ;
avec le refrain vadu vadu vadu oa (n° 200) ;
le n° 236 s'appelle un «son». N° 278 est un «saluz » etc.
Les nos 55, 211, 225, 292, 295 et 296 ont des refrains qui varient d'une strophe
à l'autre.
L'exécution scénique des JEUX PARTIS est figurée d'une façon qui semble trancher
la question, dans une fort belle miniature du chansonnier d'ARRAS, au folio 136, qui
nous montre les deux partenaires en pleine action. Le JEU n° 58 de notre recueil
:
est bien explicite
PARTI

Dites m'en droit,


Sire, tot orendroit
Et si prenez l'un des dous maintenant,
Et j'avrai l'autre partie
Et respondrai avenant
Selonc vos diz, en chantant.
Dans le n° 318, THIBAUT riposte à son partenaire :
Guillaume, c'est grant folie, Quant ensi avez chante !
Où faut-il tracer la limite entre la Chanson artistique et la Chansonnette populaire?
On aurait tort de croire que la simplicité apparente de certaines mélodies indique une
origine ou une destination populaires. Ne sont-ce pas les motifs les plus sincères des
grands maîtres de la Musique qui sont destinés à devenir le bien commun de l'hu-
manité? L'ingénuité artistique, sans artifice, des meilleurs compositeurs n'a-t-elle pas
légué à la postérité les trésors de la chanson populaire? Est-il moins difficile de com-
poser un air simple, mais immortel, que de construire une phrase étonnante de science?
Comme une enfant caline qui va sangloter dans les bras de sa maman, l'auteur de la
Chanson 208, le Duc DE BRABANT, proteste contre les calomnies des médisants qui
l'accusent de faire des chansons sans aimer:
Ma douce dame, on ne me croit Que vos me faciez chant trover,
Ainz dient aucun orendroit Que je fais chançons sanz amer !
La mélodie est un véritable bijou musical, on dirait du MOZART, et elle n'embrasse
qu'une quarte, avec la sensible. Mais le thème si caractéristique, une imploration dans le
genre des demandes du Pater noster, est si parfaitement approprié au sens intime des
paroles !

idée revient constamment:


La Chanson est l'interprète ou le messager du Trouvère et, dans les Envois, cette

Chanson, mon compagnon prie


Que ma dame mant ou die
Qu'en son corruz gist ma mort
Et en sa pitié ma vie.
Et, le pieux moine, comment terminait-il la Prose qu'il avait composée en l'honneur de
la Vierge?
Fac ut istâ melodiâ
Veniamus rectâ via
Quo terrae voluit !
N'est-pas la même confiance en le pouvoir mystique de la chanson qui lui fait exprimer
ce vœu à la fin de sa Prose: Rex æternæ majestatis (Burgos, fol. 67)?
D'autres pièces sont plus prétentieuses, avec des ambitus extrêmes, avec des sauts
d'intervalles vraiment dramatiques, des octaves entières, et même des neuvièmes, avec
des septièmes mineures d'un caractère nettement implorant, mais moins brutal que les
neuvièmes.
Dans les Chansons d'art, la strophe mélodique présente des formes multiples
tantôt il n'y a qu'un seul thème varié, tantôt la chanson ressemble à une mosaïque de
:
motifs, sans répétition aucune, tantôt le thème initial est repris à la fin, tantôt l'ordre
des finales passe, avec les rimes, du masculin au féminin (nO 341).
Dans les chansonnettes, au contraire, l'agencement des thèmes et des rimes est plus
simple et les répétitions sont plus nombreuses, la strophe se ramenant, musicalement, à
une seule ou deux phrases, parallèlement avec le schéma des rimes, dépourvues des
technicalités de gradation, d'imitation et de variation qui caractérisent la Chanson d'art.
Par leur richesse d'invention, le développement savant des thèmes, l'expression dramatique
des sentiments divers et, surtout, par la techniquevocale, les Chansons du MoyenAge ne
le cèdent guère qu'en chromatisme aux mélodies des compositeurs classiques, nos contem-
porains compris.

nous considérons comme autant de chefs-d'œuvre de composition scénique :


Dans le répertoire dramatique du XIIe siècle nous mentionnerons deux solos que
l'un c'est le
solo que chante le JUIF VOLÉ, lorsqu'il reproche à l'image de St-Nicolas de l'avoir
trompé. Les exclamations tragiques, les ports de voix, montant, dans sa rage, jusqu'au
sommet de la mélodie, pour redescendre dans une imploration religieuse, toute l'inter-
prétation musicale de la situation nous révèle le travail d'un compositeur de première
force. L'autre solo est le monologue lyrique de RACHEL dans la scène des Innocents, un
mélange d'inspiration pieuse et de composition technique. La mère douloureuse, in-
capable d'exprimer par des paroles les tortures de son âme, les crie en des vocalises
plus puissantes que ne sont les stances poétiques, et qui, entre parenthèses, se rap-
prochent de certains refrains de Chansons de toile.
Bien que, dans les Motets, les préoccupations techniques de la composition har-
monique priment les finesses de la pensée, il s'y trouve néanmoins par ci, par là, une
pièce également belle quant à la forme et à la substance. Tout comme les théoriciens de
la musique religieuse de tous temps ne se fatiguent pas de recommander aux chanteurs le
dulcis cantus, la vox suavis ou suavisona, de même le Trouvère qui composa le Treble du
Motet n° 38 du recueil de Bamberg insiste, dans son Credo de l'esthétique musicale, sur
la voix très agréable, garnie de douceur, dont on doit chanter une requête d'amour.

De vois tres serie,


De douchour garnie
Etdebiausdisraëmplie
Chascuns doit s'amie
Requerre d'amours.
Cartuitbiaudit
Et tuit son dous
Et tuit son dous
Sont amourous.
Amours het noises et clamours,
Amie est en toute douchour
Sans retour.
Pour ce sont fait tuit istrument melodious,
Por esbaudir les cuers felons et envious,
Humilier les despitous,
Les orgueillous.
Mais j'ai trouvé
Et esprouvé
Que, sour toute melodie,
Bele vois a la seignourie
Par biau chanter.
Pour cele doit on pener
De sa vois bien acorder,
Son chant vestir et fourmer,
Pour bien user
Son de joliveté
Et de cuer chanter.
Quant à la nature artistique supérieure de ces compositions, peut-on désirer une
déclaration plus formelle que celle de JOHANNES DE GROCHEO, ce clerc homme du monde,
théologien et amateur de divertissements mondains, lorsqu'il recommande à ses lecteurs
ou auditeurs qu'il ne faut pas déprécier ces œuvres d'art devant un auditoire incapable
d'en goûter les subtilités de forme, ni le charme musical ? Cantus autem iste non debet
coram vulgaribus proPinari, eo quod eius subtilitatem non advertunt, nec in eius auditu
delectantur, sed coram litteratis illis qui subtilitatem artium sunt quoerentes!
Faut-il chercher dans cette direction l'explication du fait que dans les Histoires
de la poésie au moyen âge on fait si peu de cas de l'art raffiné, inspiré et savant à
la fois, des Motets et de la Forme des Chansons
vertunt nec in eius auditu delectantur?
? Eo quod eius subtilitatem non animad-

Les Chansons courtoises et les Motets sont, en effet, des compositions dramatiques
dont les acteurs sont les voix, et l'action, c'est le conflit des sentiments. Ce sont des
drames de formes mélodiques et rythmiques bien caractérisées. Chacune des voix peut
accuser son individualité par la structure de la strophe et par un rythme qui lui est propre,
de sorte que, par exemple, le Tenor procède en cinquième Mode, le Motet en premier,

;
second ou troisième, dans une strophe isosyllabique, et le Treble en premier, second,
troisième ou sixième, en petits vers brisés ou bien un seul Mode peut gouverner toutes
les voix, mais chacune d'elles se développe en des périodes distinctes, l'une de six me-
sures, l'autre de sept et la troisième de huit. Cette différenciation rythmique des voix
représente l'individualité symbolique de chaque partie, comme dans le Motet no 95 de
Bamberg dont le semper mobile est d'un effet dramatique saisissant, par le dialogue
savant de la construction plastique.
La substance des idées ne joue qu'un rôle secondaire ; la beauté de la Poésie ly-
rique du moyen âge réside dans l'agencement ingénieux des voix, dans le jeu des syllabes
et des vers qui tantôt procèdent parallèlement, tranquillement, tantôt l'une des parties
continue, pendant que l'autre pause, dans la succession de consonances sur les temps
forts et de dissonances de toutes sortes sur les autres temps, dans la variété des rythmes
et des tempi, en un mot, dans l'esthétique des proportions et dans le culte de la Forme Pure.
N° 1, folio ia. Chanson du roi de naoarre (Raynaud 2075)

u -
si cum l'uni - corne sui Qui s'es -
ba - hist en res - gar - dant,

Quant la pu-ce-le va mi rant, - Tant est li - e de son en -


nui.

Pas-mé-e chiet en son gi - ron, Lors l'o -


cit on en tra -
i - son.

Et moi ont mort d'au-tel sem-blant A - mors et ma da - me, pour voir:

Mon cuer ont, n'en puis point ra-voir

10
ame,
II
quant je devant vous fui 28 ui porroit soffrir IV
les trestours
Et je vous vi premièrement, Et les essauz de ces huissiers ?
Mes cuers aloit si tressaillant Onques Rolanz ne Oliviers
Qu'il vos remest, quant je m'en mui. Ne vainquirent si forz estours ;
14 Lors fui menez sans raençon
En la douce chartre en prison
Dont li piler sunt de talant
32 II vainquirent en combatant,
Mais cés vaint on humiliant
Soffrirs en est confanonniers.
;
Et li huis sunt de biau veoir En cest estour dont je vos di
Et li anel de bon espoir. N'a nul secours fors de merci.

1q
e III
la chartre a la clef Amors,
Et si i a mis trois portiers : 37
ame,
V
je ne dout mais riens plus
Fors tant que faille a vos amer.
Beau Semblant a non li premiers, Tant ai apris a endurer
Et Beautéz ces en fait seignors ; Que je sui vostres tout par us :
23 Dongier a mis a l'uis devant, 41 Et se il vos en pesoit bien,
Un ort, félon, vilain, puant Ne m'en puis je partir pour rien,
Qui mout est maus et pautoniers. Que je n'aie le remembrer
Cil troi sunt et prou et hardi, Et que mes cuers ne soit adès
Mout tost ont un amant saisi. En la prison, et de moi près.

46 ame, quant je ne sai guiler,


Merciz seroit de saison mais
De sostenir si grevous fais.
N° 2, folio 1b.
Chanson du roi de naoarte (Raynaud 1268)

Qui soit ou mont vi - vant : C'est la bela au cprs gent,

ce dont je chant. Dex m'en doint tel no ve - le


C'est - le -

Qui soit a mon ta -


lant, Que me - nu et sou - vent

Mes cuers por li sau - te - le.

12
ien
II
me porroit avancier 34
e IV
la mieudre de ce mont
Ne m'a s'amour donée,
Ma douce dame bele,
S'ele me voloit aidier Tuit li amoreus diront
A ceste chançonele. Ci a fort destinée.
16 Je n'ain nule rien tant 38 S'a ce puis ja venir
Conme li soulement Qu'aie, sanz repentir,
Et son afaitement Ma joie et mon plaisir
Qui mon cuer renouvele. De li qu'ai tant amée:
20 Amours me lace et prent 42 Lors diront, sanz mentir,
Et fait lié et joiant Qu'avrai tot mon desir
Por ce qu'a soi m'apele. Et ma queste achevée.

III
uant fine Amour me semont, 45
ele,por cui sopir,
24 Mout me plait et agrée, La blonde coronée
Que c'est la riens en cest mont Puet bien dire et jehir
Que j'ai plus desirrée. 48 Que por li, sans mentir,
Or la m'estuet servir, S'est Amours mout hastée.
28 Ne m'en puis plus tenir,
Et du tout obéir,
Plus que rien qui soit née.
S'ele me fait languir
32 Et vois jusqu'au morir,
M'ame en sera sauvée.
N° 3, folio id.Chansondu roi de naoarre (Raynaud 1521)

(gyen*viz sent mal, qui ne l'a a-pris: Ga -rir - -


l'es-tuet, ou mo-rir, oure main dre.

Et 1i miens max, las ! dont je ne m'os plaindre, 1 - cil par est sor touz ;
po - es - te - ïs

Mo - rir en ;
vuil mes, quant me vient de-vant L'es - pe - ran - ce de la grant joie a - tain - dre,

Lors me con -fort. Voi -re1 qui po-ïst tant -frir


Sof en pès? Mès ne puis, ce m'est vis.

II IV

9
ftt cil qui est d'Amors si entrepris 25 ès ore mais vuil proier en chantant,
Qu'il li estuet a sa volunté maindre, Et, se li plait, ne me sera tant fiere ;
Mout me merveils'Amours se puet tant faindre Que je ne cuit que nuns hons qui requiere
Vers moi qui sui a ma dame ententis. Merci d'amour, qu'il n'ait le cuer plorant.
13 Dès puis que vi son biau cors droit et gent 29 Et, se pitiez li chiet es piez por moi,
Et son cler vis qui trop mi set destraindre, Si dout je mout que ele ne l'anquiere.
Nou cuidai pas trover si decevant Ainsi ne sai se fais sen ou foloi,
Com il estoit ; encor m'en va il pis. Car cist esgarz n'a pas son jugement.

17
ais III
cil qui sert et qui merci atent,
Cil doit avoir joie fine et entiere.
33
e V

ma dame ne prent encor conroi


De moi, qui l'ain par si grant covoitise,
Et je qui n'os vers li faire proiere, Mout la desir et, s'ele me despise,
Tant par redout son escondissement, 36 Narcissus sui, qui noia tôt par soi.
21 J'en deüsse partir, voire, par foi! Noiez sui près, loinz est ma garison.
Mès je ne puis veoir en quel meniere. S'entendrai je touz jors a son servise,
Estre ne puet, einsi a li m'outroi, Servir doi bien por si grant guierredon.
Qu'en mon dongier n'est ele de noiant. Mout voudroie qu'ele en seüst ma foi.

41
ame, merci ! qu'aie de vos pardon !
Se je vos ain, ci a foie entreprise.
Je ne puis pas bien covrir ma raison :
Si le savrez encor, si con je croi.
N° 4, folio 2b.
Chanson du roi de ÏÏaoarre (Raynaud 1152)
relatioe a la croisade de 1239

.J'1
.&eu tans ploin de fe
D'en
- lo ni - e,
-vie
D'en - vie et de tra - i - son.
son,

De tort et de mes-pri - son,


Sanz bien et sanz cor-toi-si-e,

Fa çons tot le siegle em pi - rier,


TEtl qu[el en - tre nos ba - rons - - -

Que, je voi es - com-me-nn, i-perr Ces qui plus 1.of-frent rai-son

Lors vuil di ma chan - çon.

i - re
II IV
28 Amours a corru en proie
10 rëaumes de Surie
Nos dit et crie a haut ton, Et si m'en moinne tot pris
Se nos ne nos amendon, En l'ostel, ce m'est a vis,
!
Por Deu que n'i alons mie : Dont ja issir ne querroie,
32 S'il estoit en mon
devis.
14 N'i feriens se mal non.
Dex ainme fin cuer droiturier ; Dame, de cui Beautez fait hoir,
[Je vos faz or bien a savoir :]
De teus [genz] se vuet il aidier,
Cil essauceront son non Jade prison n'istrai vis,
Et conquerront sa maison. Ainz morrai loiaus amis.

III V
Incor ain mieuz toute voie 37
ame, moi couvient remaindre,
19
Demorer au saint pais De vos ne m'en quier partir.
Que aler, povres, chaitis, De vos amer et servir
ja
La ou solaz n'avroie. Ne me soi onques jor faindre.
41 Si me vaut bien un
morir
23 Phelippe, on doit paraidis L'amors qui [si] m'essaut sovent.
Conquerre par mesaise avoir,
Que vos n'i troveroiz ja, voir, Adès vostre merci atent,
Bon estre, ne jeu, ne ris Que biens ne me puet venir,
Que vos aviez a pris. Se n'est par vostre plaisir.

46 hançon, va me dire Lorant,


Qu'il se gart bien outréement
De grant folie envaïr,
Qu'en lui a\roit faus mentir.
N° 5, folio2e. Rcoccdicde(0ace^rulé (Raynaud1754)

Si
Eew

chante - Il
la douçour dou tens qui rëverdoi - e
Mès je ne sai dont res - jo - ïr me doi - e,

rai sanz joie et sanz proier,


Chantent oi
Quant a
- sel et
mer - ci -fail

I
flo-ris-sent ver-gier.
la ou plus la quier.

Quand ma mortvoi et faillir ri'i pot roi - - e.

Quand Amors vuet que contre .moi la croi - e.

II IV
8 ex, qu'a Amors, qui touz les suens guerroie, 22 rant pechié fait quant sonami vuet prendre,
Ces qu'ele puet grever et maistroier? Par biau semblant mostrer, tant que bien tient.
Li beau semblant qu'en ma dame veoie Por ce me fait ma dame a li entendre
il Mi ont grevé, si ne me vuet aidier. Qu'ele me fait cuidier que ce devient
En dormant va et en voillant revient.
:
Que, s'el me fust cruelx au coumencier,
;
Si sai de voir qu'a son tort mi meistroie
Mais il couvient qu'a sa volonté soie.
S'en nest l'amors que ja nul jor n'iert maindre,
Que si me fait enflamer et esprendre.

III V

15
luis qu'ainsi est qu'a li ne puis contendre, 29
I« droit l'amour partie
e ne tieng pas a
Ou vuille ou non, amer la me couvient. Dont il covient morir ou trop amer.
Qui cuide avoir grant joie por atendre, Si me covient que morant chant et rie
18 Bien doit servir. Mais cil qui faillir crient 32 Et fais semblant de ma joie panser.
Est mout destroiz, quant secours ne li vient. Amors me dit qu'ainsi doit endurer,
Mais je ne puis moi en mon cuer desfendre Mort esperant et en atendant vie.
De plus voloir qu'Amours ne puet tendre. Morir en puis, mès ne sai que j'en die.

VI
36
ame, valour, beauté et cortoisie
A tant en vos c'on n'i set q'amender.
S'avuec ces biens acuilliez felonie,
39 Par achoison de vostre ami grever,
Vostre fin cuer en feriez blasmer :
Que vostres sui, en vostre seignorie,
En vostre amor qui donra mort ou vie.
SEsi
43 cuens de Blois devroit bien mercier
Force d'amour qui li dona amie.
Amer pot il, mès il n'en morut mie.
N° 6. folio 3b.
Cl)anson de (Bace Brulé (Raynaud 437)

Mu re-no-vel de la dou-çor d'es -té - -


Que res clar cist la doix en,4afon-tainne.
Et que sont vert bois et ver - gier et pré. Et li ro - siers en mai flo - rist et grainne,

Lors chan - te - rai, que trop m'a;vra du - ré Ire et es-maiz qui m'est au cuer pro -ne.
- chain

Car fins a - mis, a tort a-choi-so -nez, Est mout so - vent de le - gier es - fia - ez.

II IV
9
loirs est qu'Amors m'a a desroi mené, 25
ouce dame, tant m'ont achoisonné
Mais molt m'est bel qu'a son talant me moinne; Faus tricheor et lor parole vainne
Car, se li plait, encor me savra gré Que lonc delai m'ont si desconforté,
I2 De mon servise et de ma longue poinne. 28 Prèsnem'ontmort. Dexlordointmaleestroinnel
Mais paour ai que ne m'ait oblié[e] Et, maugré lor, ai je mon cuer gardé
Par le corrouz de la fause gent vainne, Plain de l'amor qui ja n'en iert lointainne.
Dont li torz est coneüz et provez, Tant s'est en vos finement esmerez
Qu'a poinne sui sanz morir eschapez. Que si loiax n'iert mais quis ne trovez.

III V
*ant ai d'amours H^
17 mon fin cuer esprové, 33 ame, merci 1 Car m'outroiez, por Deu,
Que ja sanz li n'avrai joie certainne. Un douz respons de vos en la semainne !
Tant par sui touz mis a sa volunté Si atendrai par ceste seürté
20 Que nuns travauz mon desir ne refraigne. 36 Joie et merci, se granz eürs l'amaine.
Quant plus me truis pensis et esgarez, Et menbre vos que laide cruauté
Plus me recort es biens dont ele est plainne
Et vos, seignor, qui proiez et amez,
; Fait qui ocist son lige home demainne.
Dame, por Deu, d'orguil vos desfendez,
Faites ainsi, se joïr en volez. Ne trahissiez vos biens ne vos biautez.

41
tuiez,chançon, ja ne me resgardez 1
Par mon seignor Noblet vos reclamez,
Et dites li de male hore fu nez
Qui touz jors ainme et qui ja n'iert amez.
N° 7, folio 3d.
Chanson anonçme (Raynaud 1591)

amours,
1

qui a son oés m'a pris,


Me fait envoisier et chanter
21 e III
de vos amer sui sopns,
Qu'en puis je, quant j'oi tant loer
Pour vos, dame, ou j'ai mon cuer mis, Vostre grant beauté, vostre pris,
4 Dont je ne puis ne quier oster, 24 Vostre sen, vostre bel parler,
Ainz vos vuil servir et amer Vostre semblant, vostre acesmer,
De cuer loial, entier, sanz tricherie, Vostre valour et vostre cortoisie?
Que d'autre amour n'ai talant ne envie. Vosre cors gent, que mes finscuersn'oblie
8 Et Dex me doint faire et tant valoir 28 Me fait sovent sopirer et doloir,
Que vos vuilliez de moi merci avoir, Et tant vos dout et ain sanz decevoir
Car en vos est ou ma mort ou ma vie. Que mar vos vi, se de vos n'ai aïe.

II IV
II ^ame, vos m'avez si conquis ame, onques mon cuer ne vos dis,
Que je ne puis aillors penser
Et jai si lëaument empris
; 31
Et toz jors le vos cuit celer,
Et s'ai je aucune foiz empris
14 De vos servir et honorer 34 Que je vos cuidoie mostrer.
Que ja ne m'i verroiz fauser. Mès, quant j'en vuil a vos parler,
Mon cuer avez tot a vostre baillie, Li sens me faut, la parole me lie,
S'avez sor moi pooir et seignorie, Je n'ai pooir que nule rien vos die.
18 Ne jamès jor n'avrai autre voloir, 38 Si ne voi pas con le puissiez savoir,
Ainz servirai de cuer, en bon espoir, Se vostres sens ne[l] vos fait parcevoir
Vos et Amours qui s'est de moi saisie. La bone amour qui est en moi norrie
V.
jovant sui iriez et pensis,
41
Quant je ne puis a vos parler
Por felons de vostre païs
:
44 N'os venir vers vos ne aler.
Ainsi me covient endurer
Grief mal por vos, et si nou savez mie.
Mès je vuil bien que ma chançon vous die
48 Que bien poez conoistre et parcevoir
A mon semblant, quant je vos puis vëoir,
Que plus vos ain que rien qui soit en vie.

51
ouce dame, cui n'os nommer amie,
Dès que je n'ai hardement ne pooir
De vos mostrer mon mal et mon voloir,
En lieu de moi ceste chançon vos prie.
55 D'unChastelain vuilque ma chançonsdie
Huon qu'il pant d'amer et de valoir,
Et esloignier touz cés, a son pooir,
Qui sont vilain et ploin de felonie.
N" 8,folioA*. Cfjanson de OaceBrulé (Raynaud 1893)

- §§ la dou - çour de la be -le sai - son, Que toute riens resplandist en verdour,
Que sunt beau pré et vergier et boisson, Et li oi - sel chantent enson la flor:

Lors sui joianzque tuit laissent amour; Qu'ami lë-aul ne voi mès se moi non.

Se vuil amer et si vuil ceste honor.

II IV
8 tout m'ont grevé li tricheour félon, 22
-f¿r
me doint dex ma dame tant servir
Mais il ont droit, c'onques nes amai jor. Qu'ils aient duel de ma joie veoir.]
Lor deviner et lor fause achoison Bien me devroit vers li grant los tenir
il Fist ja cuidier que je fusse des lor. 25 Ma lëautez que ne puet remenoir.
Joie en perdi, si en crut ma dolor, Mès je ne puis encor apercevoir
Car ne mi soi garder de traïson ; Qu'ele des biens me vuille nunsmerir
Encor en dout felons ét traïtours. Dont j'ai soffert les maus en bon espoir.
III
15
gntre tel gent ne me sai contenir
Qui toute honour laissent a lor pooir.
29 e V
n'en puis mès, se ma dame consent
En ceste amour son home a engignier,
Tant con je maing, les me covient haïr, Car j'ai apris a amer lëaument,
18 Ou je faudrai a ma grant joie avoir.
C'est granz ennuiz que d'aus amentevoir,
32 Ne ja nul jour repentir ne m'en quier
Si me devroit a son pooir aidier
;
[Mès tant les hai que ne m'en puis tenir. Ce que je l'ain si amoreusement,
Ja lor mestier ne lairont decheoir. N'autre ne puis ne amer ne proier.

36 14i cuens jofroiz qui medoitconsoillier


Dist qu'il n'est pas amis entièrement,
Qui nule foiz pense a amour laissier.
du châtelain de Coucp

•I
N° 9, folio 4d. Chanson (Raynaud 679)
relatioe a la croisade de 1189

çffy

Et quant
vous, A-mours, plus qu'a nule au-tre gent
Quant il m'es-tuet par - tir outre - e - ment

S'ainzironsma

II
-
Est bien rai-sons que ma do-lour con
Et des - se - vrer de ma


la pert, n'est riens qui mere maigne.. Si sa-chiez bien, A-mours, cer

-jutpora-voircuer.do-lant, Ja mes par moi n'iert


le -

? - plaigne.
aul com - paigne.

-tain-ne-ment:

le-ûz vers ne lais.


IV
9
leau sire Dex, qu'en iert donc, et cornent? 25
f,e me vuet Dex pas por noiant trover
Iert tex la fins qu'il m'estuet congié praigne? Trestouz les biens qu'ai eüz en ma vie,
Oïl, par Deu, ne puet estre autrement, Ainz les me fait chierement comparer,
12 Sanz li m'estuet aler en terre estrainge. 28 S'ai grant paour ses loiers ne m'ocie.
Or ne cuit nuns que granz duelx me soffraigne, Si fera il, s'ainz Dex fist vilonie;
Quant de li n'ai confort n'alegement, Que vilains faiz, bone amor dessevrer 1
Ne de nul autre avoir joie n'atent Et je ne puis l'amor de moi oster,
Plus que de li : ne sai se c'iert ja mais. Et si m'estuet que je ma dame lais.

III V

17
ieau sire Dex, que iert du desirrer, 33
'Îe m'en vois, dame, a Deu le Creatour
Dou douz solaz et de la conpaignie, Vos lais qui soit a vos ou que je soie.
Et de l'amour que me soloit mostrer Ne sai se ja verroiz mais mon retor ;
20 Cele qui m'est et conpaigne et amie? 36 Aventure est que ja mès vos revoie.
Et, quant recort sa simple cortoisie Por Deu vos pri, quel part que li cors traie,
Et les douz moz dont suet a moi parler, Que vos pensez au cuer, voigne ou demor.
Comment me puet li cuer ou cors durer? Je si ferai, se Dex me doint honor,
Que ne me part? Certes moult est mauvais. Que je vos ai esté amis verais.

41
r VI
seront lié li faus losangeor
Cui tant pesoit des biens qu'avoir soloie.
Mès ja de ce n'iere pelerins jor
44 Que je vers aus bone volenté aie ;
S'en porrai bien tote perdre ma voie.
Que tant m'ont fait de mal litraïtor,
Se Dex voloit qu'il eüssent m'amor,
Ne me porroit chargier nul greignor fais.
N0 10, folio 5".
Ct)0n90nde~Ont~ (Raynaud 480)

r oi-seaux - -
Donc re frai gnent li bois son, --
la
M,,rroistioi -e
dou-çor des
et re-viaus A l'entrant de la sai son.
--

1 - n'en
Donc ja a - vrai le non.
Dex tant m'est li pen - sers biaus

Que de s'a-mour me flstdon1


Et li iors, touz tans no-veaus. /-,%
E%-

voi, si sui a dès Dou cors loing et dou cuer près.


Pou la -

il e II
soloie assez savoir
41 ln v
touz les lieus ou je sui
Mes corages est a li.
Por autres genz maintenir, Ligement se part d'autrui,
Mais or cuit moult pou savoir
Por si haute amour servir. Toz jors sui en sa merci.
15 Tant m'a mis en bon espoir,
45 Por quant, se li cors sont dui,
Nus ne li porroit merir. Li cuer du tot sont uni,
Nonporquant au mien pooir Ne de joie ne d'ennui
Sui dou tout a son voloir. N'avons entre nos parti.
Pou la voi. Pou [la voi.]

21
e
Vuil ma dame mout proier
III
la rien dont plus m'esmai
: 51
4 VI
nques mès ne fu soupris
De nule amour, ne destroiz,
Mais or m'ont dou tot conquis
Se je tant de sen ne ai
Qu'a li me saiche acointier Ses sens et sa bone foi.
Et je son voloir ne sai, 55 Cors a gent et cler le vis,
25 Blanches mains et longuez doiz,
Bien le me doit enseingnier,
Et je certes le ferai Douz semblant et simple ris :
Bien est faite en touz endroiz.
De bon cuer et voluntiers.
Pou [la voi.] Pou [la voi.]
VII
IV
je tant m'i puis demorer 61 ui qu'ait met les moz ajostés,
31
Con chascuns de nos voudroit, Gontiers les en escrit,
Merci li voudrai crier, Et seront li brief porté
Ne ja blasmer ne l'en doit, Ma dame au cors de respit.
65 Dex, com de bon heur fui nez
35 Car por vostre amour celer S'ele mon message lit,
Le fais plus qu'en autre endroit,
Car tant i porroie ester Ou tex soit la voluntez
Qu'ele blasmée en seroit. Qu'en cest present se délit.
Pou [la voi.] Pour Deu me lait venir si près
Que un soul jor la voie adès.
N° 11,

Pour

Que
-Si est

pour
folio 5d.

mours me se-mont

-ne

nu
que

-
le
Chanson

bien droiz que je di

j'ai

rien
[et pri

guer
- e]
- e

vi - vant
de moniot d'flrras

pi-e ;

II
il grant mestier avroit d'ahie
Qui ce sent
Que j'ai soffert tant longuement.
Encor n'en recroi je mie.
15 Ainçois atent
Et atendrai tot mon vivant
Une fause prophecie
:
Tuit dient qui merci prie
Et onques ne s'en repent,
Que merciz ne li faut mie.
;
- -se
Et si ne cui das
(Raynaud 1196)

Que je chant, Mais ma do-lors le me desfant.

mi

- - -e.
Lais-sas-se sa con paig ni
-e
-
Son ta -lant. Mès trop mefait le cuer do-lant
N° 12, folio 6".
Reoetdie attribuée a OTorice de Craon (Rayn#ud 1387)

y--e

-
Au tens no viau,
l'en - trant douv douz ter - mi - ne -
Que nait la flours en l'es - pi - ne Et cil oi -
sel

rhan -tent par mi la gau-di-ne Se - ri et - biau:


-1 -
Lors me i -
ra saut A mours fi - ne Dou tres douz mal,

Fors la ou mes cuers s'a cli - ne.


Que je ne pans a riens al -
IV
II
xx|||e li sont tuit mi consirre, 31 touz les jors de ma vie
La servirai
Ne pans riens al
Qu'a la bele qui remire Et serai en sa baillie
Mon cuer leal.
Tant con vivrai,
!
15 He las je ne li os dire
35 Ne ja de sa seignorie
Ne partirai
Mon greignor mal,
Car trop redout l'escondire,
Et, se briement ne m'ahie,
Je m'ocirai,
Ne tant ne vaut.
Beneoiz soit li ornaI i Mais gariz sui, se j'en ai
Un beau semblant en ma vie.
Qu'ele me voudra ocire.
V
III hançon, va t'en sanz demore
21
nques d'autre n'oi envie 4I
Ou douz pais
Ne ja n'avrai
Ou mes cuers ainme et aore
Et, se mes cuers fait folie, Et soirs et dis.
Ainsi morrai,
25 Car trop moing grevouse vie 45 Mais trop me cort li max sore
Dont je languis.
Des max que j'ai.
Hé las1 ele ne set mie,
!
He Diex verrai je ja l'ore
C'un tres douz ris
Mais, se le sai,
Ne sai se je li dirai : Puisse avoir de son cler vis
Qui si m'ocit et acore?
Bele, ne m'ociez mie ! »
(1

51
!!arne, valors vos honore,
m'est avis,
Ce
Et touz jors croist et moillore
Vostre bons pris.
mis
55 Toz biens a Dex en vos
Fors merci qui me demore.
N° 13, folio 6b.Chanson de (Thibaut de Blason (Raynaud 1402)

- e mours, que - por - ra de - ve - nir Li vos-très frans hons na - tu - Taus


-
Quant ce - le -
ne me lait ga rir Cui je sui fins a - mis co raus? -

Hé - las ! pour quoi fu onc teus Que li o - sai des -co - vrir

Les maus qu'el me fait sen - tir, Dont touz jors m'est plus cru - aus?

II IV
9
tlout
plus vaillant et [plus] lëaux 25
Inquerant va chascuns vassaux
Covendroit il a li servir Qui cele est por cui je sopir.
Que je ne sui, et cent itaus. A lor, qu'en tient, les deslëaus?
12 Mais je sui cil qui plus desir 28 Mais laissent moi vivre ou morir !
A faire tot son plaisir, Bien me devroit Dex haïr,
Qui plus vers li sui fëaus, S'estoie si comunaus
Et sai mieuz celer mes max Que riens deïsse entor aus
Et en gré prendre [et soffrir]. Dont maus me deüst venir.

III V

17
tlout
par li siet bien son covrir 33
inz me lairoie départir,
Et mout li siet bien li manteaus. Les membres detraire a chevaux
Avis m'est, quant je la remir, Que puissent enquerre n'ofr
20 Que soit anges esperitaus 36 Que j'ainme [nule] rien charnaul,
Que li rois celestiaus Que li mondes est si faux
A fait de ses ciels venir Que l'uns vuet l'autre trahir,
Por a moi l'ame tolir, Mais ainz savront, sanz mentir,
Qui li sui amis lëaus. De quoi servoit li Graaus.

41
Ma douce dame lëaus,
Quisemblez après dormir
La rose qui vuet florir :
Alegiez moi mes douz maus !
N° 14, folio 6d. Chanson attribuée au châtelain de Coucp (Raynaud 2086)

$ -, -,
la sai - son dou tens qui s'a-se - li - re, Que beax es - tez se ra-ferme et es - clai - re,
Et tou - te riens a sa dou - ce na - tu - re Vient et re-trait, se mout n'est de mal - ai - re :

Chan - ter m'es - tuet, que plus ne m'en puis tai - re, Pour con - for - ter ma cru - el a - ven - tu - re

Qui m'est tor -


née a grant des-con- if-tu--re.
III
8 'ain et désir cele qui n'en a cure. envers dolor n'a mestier coverture.
15
Dex 1 Je li dis qu'Amours le mç fist faire. Tant sui menez que ne m'en puis restraire
Or me het plus que nule créature, En resgarder si très bele faiture,
II Et as autres la voi si debonaire. 18 Et son gent cors, et son vis debonaire
Dex ! por quoi l'ain, quant je ne li puis plaire? Qui ce me fait que nuns ne puet desfaire.
Or ai je dit folie et desmesure, Dex ! por qu'est ce qu'ele vers moi si dure?
Qu'en bien amer ne trueve l'en droiture. A la mort sui, s'ainsi longuement dure.

IV
22
ue cruelx fait li cuers que li outroie
De moi grever, dont la voi si certainne !
Qu'en tot le mont plus ne demanderoie
25 Fors que s'amour qui a la mort me moinne.
S'ele m'ocit, trop fera que vilainne
Et, s'ainsi est que por li morir doie,
Ce est la mort dont mieuz morir voudroie.
N0 15, folio 7a. pastoureUe anonpme (Raynaud 137)

u-ne
Jo-hanne
fon tein
lain
-ne, Lez un bois ra mé,
-
Sou les
Je les - -
sa lu ey
et A - - ne i tro-vey.

Et la plus pru - chain - ne, Quant m'ot es -gar - dé, M'a lors demandey:
1

« Quelx be -
soingz vos moin -
ne? o

II IV
io ele, amours certeinnc 28 ele, Dex vous vaille
M'a lonc tens durey. A ce que panson.
A cui en demoinne, De maus ne nos chaille,
J'a[i] mon cuer doné. Mais adès servon,
14 Mais mout m'a esté 32 Car ainsi vaincron
Ceste amors vilainne. Amours sanz bataille,
Ja n'en partirai, Se poinne i meton.
Car en tel pansey Qui ataint tel don,
Fais ma quarantainne. A droit se travaille.
III V
19
Chevaliers Sanz Faille. Chevaliers, la joie,
37
Ainsi ai a non. Quant el vient d'Amors,
Mais par devinaille Granz maustraiz apaie
Nos grievent félon.
23 Por ce ne volon
Et oste dolours ;
41 Et li suens secours
Que nostre assamblaille Toute honor maistroie
Saiche se nos non. En fin cuer joious.
Que lor traïson Si volons touz jorz
Nos fins cuers n'assaille. Estre en sa menaie.
VI
46 lele, se j'avoie
Pooir aëstrous,
Enfin destruiroie
Felons et jalous ;
50 Trop sont enuious,
Ne nuns qui les croie
N'iert ja amorous.
Por Deu, penons nos
D'aler droite voie.
-
N°16,

Car

Et,

Car

12
2

e
folio 7b.

ve

se
ma

-
on ques
li
dame

puis

II
Cbanson

ai.

ü ontnostre

toutes parz sont gaitié


Amant, trop ont enemis !
Pour ce doivent estre esmaié
pris

cors s'en est par

n'en

Qu'il n'ait en lor faiz n'en lor diz


Rien dont puissent estre repris
De la gent, ne blastengié ;
[Car] li envious sont touz dis
De mesdire aparoillié.

25
con

fui
de moniot

-gié

a-mis-tië

-tiz,

saisiz

IV
fffors seroient amant lié
Et trop avroient conquis,
-Ion,
Fe

Le

Que

17

20

Se d'aus ierent desconpaignié


28 Cil qui toz jors les ont trahiz.
Certes de moi sui je touz fis
Qu'il m'eussent empirié,
S'on les vousist avoir oïz
Des maus qu'il orent endurié.
[Dont il sont tuit entoichié].
d'aras

Et guer

cuer

je
-pi

li
ai

oi
son

III

Et de vilenie repris,
ou

l:1out eüst Dex bien jugié,


Et raisons fust, ce m'est vis,
Que li félon, mal entoichié

Fussent tuit a une part mis


Et conme larron soignié,
Si qu'adés parust en lor vis
(Raynaud 1087)

Li maus dont il sont entoichié.


pa

tant s'en sont en-tre-mis!

li ai
V-

tout lais

-troi-é.
- ïs,

-sié.
N° 17, folio 7e.
Cl)Qnson de Blondet de nesles (Raynaud 620)

e - trant d'es té, que


l'en li tans co - men - ce,
- -ce. Quant j'oi ces -
oiseaus sor la flor ten tir.
jo ir tôtamonplaisir.
So-pris sui d'Amours dont
-
mes cuersba lan Dexm'endoint -
-

A - mors est la riens que je plus de - sir.

II IV
8
fl,la droit, en amours, que les biens en sente 22
llle ! je l'aim tant de cuer sanz faintise:
las
Cil qui nuns des maus n'en puet sostenir. Avra ja de moi merci bone Amor ?
Chargiez toz les m'a en ma penitence, Mout par ai ma poinne en biau lieu assise,
La bele qui bien le me puet merir. 25 Mais trop mi demore et joie et secors !

;
11
Touz les maus d'un an, par une semblance Ainz mès fins amanz en tel esperance
M'asouageroit moult a grant puissance N'atendi d'Amours la reconoissance,
Cele qui me fait parler et taisir. !
Cum a fait cist, las a si grant dolor.

15
W
III
n autre home en fust pieç'a la mort prise 29
e V
chant et respon, dame et douce amie,
Et a li panser me confort la nuit.
S'il alast ainsi con j'ai fait touz jors.
Car onques ne poi par mon beau servise Dex verrai [je] ja le jor qu'ele die :
18 Avoir biau semblant, si con j'ai d'Amours. 32 «Amis, je vos ain» ?
Nenil, voir, ce cuit !
Amors me sostient, ou j'ai esperance,
Ja en beau semblant n'avrai mès fiance.
Se j'en l'amor per, ou j'ai m'atendance, A ce que je sai qu'ele est bele et blanche
Ne m'en partirai, s'or m'avoit destruit.
;
Asseüré m'a la flors de morir.

- uns ne doit Amors servir en doutance,


36
Car a chascun rent selonc sa vaillance :
Blondel a de mort a vie conduit.
--
N° 18, folio 8"
Cbcinson de ®autiec d'Epinal (Raynaud 199)

W
- y - manz fins et ve - rais, Se li monz fust vos - tre en pais,

N'ai je po our ne dou-tan-ce Que de si bone es - pe - ran - ce


-
Ai ys.

Vos aint nuns au très ja - mès. Mais par fau - te de mer - ci


-

Mi sunt a bien près fail -


li Con - forz et bone a - ten - dan - ce.

Tost m'iert, s'il vos plaît, me - ri Ce que j'ai lonc tens ser - vi.

II IV
ouce
II Say ! losengier servais, 31 dame, ne puis mais
D'Amours soffrir les assaiz,
De vilonie criais,
Car plus ne sui en doutance
De faire ennui et pesance
As ameours de vaillance De la mort, mais a fiance ;
Finerez vos ja, mauvais? Et pour ce dou tot me tais,
16 Nenil voir, ainz iert ainsi : 36 Que forment m'a mal bailli ;
De vilain oiseau, lait cri, Et le cuer me destroint si
Et de félon, malvoillance; Vostre dure dessevrance
N'onques de vaisseau porri Que, se n'en avez merci,
Nule bone odors n'issi. Par tens iert en dous partiz.

III V

21
il
n'est ennuiz ne esmaiz, 41
usi con de fevrier mais
Quant me membre des ieuz gaiz, Et li rubiz dou balais
Et de sa douce semblance, N'a de beauté nule igance,
Que ne mete en obliance, Et pis m'est la dessevrance
Quant je plus soffre grief fais. De celi dont je m'apais.
26 Ainz riens tant ne m'abeli 46 Mais or sont trestuit peri
Con le remembrer de li Si très douz fait seignori,
Et la douce sovenance
Mais si m'en truis esbahi
; S'el ne quiert tel délivrance
Envers son leal ami,
Que le parler en obli. Dont felon soient honi.
N° 19, folio 8e.
Chanson de perrin d'f(ngicourt (Raynaud 1118)

6ig Et toute au - tre bon - tez des - cent


.Me
- mours, dont senz et cor - toi - si
fait chan - ter par sa maistri
- e
- e - •
Con - tre le douz co - men ce •• ment

D'es - tey. Bien doi jo -li - e - ment Chan-ter, car bon es - poir m'a - j - e

Qui me dit que cele iert m'a -


mi - e Cui j'ai fait de mon cuer pre sent.

II IV
9
tlout me muet de très grant folie 25
ame, onques ne vos fu gehie
Et d'outrage et de hardement, L'aspre dolours que pour vos sent.
Quant onques a nul jor envie Se Pitiez est a droit partie,
12 Me prist d'amer si hautement. 28 Je morrai en alegement.
Car je sai bien certainnement J'ai en vos mis entièrement
Qu'en li amer raison oblie. Mon cuer et mon cors et ma vie :
Si croi que j'en perdrai la vie, Merci, quant el [ert] deservie
S'Amours et Pitiez le consent. Avrai, se lëautey ne ment.

17
e III
très grant beauté est garnie,
De sens et d'onour ausiment
33
V
Paris va, chançon jolie,
Sanz faire point d'arestement !
Cele qui Amours a saisie Phelippe, chançon, di et prie
20 De moi par son conmandement. 36 Qu'il te chant envoisiement.
Or [en] puet faire son talant, Et, s'onques ama lëaument,
Car il n'est qui li contredie. Por Deu, qu'il n'en recroie mie,
Se ce vaut, ma poinne iert merie, Mais touz jors aint, que que l'en die,
Onques n'i pensai fausement. Car Amours fait valoir sa gent.
N° 20, folio 8d. Chanson de Cambert Serri (Raynaud 1110)

-mours qui m'a du tout en sa bail -


li - e Me fait chan - ter et me do ne pois san ce
De bien a - mer lë-au-mentsanzboi -di - e
-
Ce - li en cui j'ai tou-te ma fi
-
- an -ce: -
-

C'est ma da - me qui tant est bone et fran - che Qu'il n'a ou mont da - me de tel bon té.
-

Car en li a cor - toi - sie et beau - té, Sens et ho - nor, lox et pris et vail - lan - ce.

II IV
9
ertes,
Amours, la douce sovenance 'tour c'aije mis en servir m'esperance
25
Que j'ai de vos, me fait moult grant aïe, Tant con j'avrai dedanz le cors la vie
Et ce, que j'ai toz jors en remembrance Cele dont ja ne quier faire sevrance.
12 Ma douce dame et sa grant cortoisie. 28 Car de cest mont est la mieuz ensoignie
Et quant recort au cuer sa seignorie, Las! mès par moi n'iert ja a li gehie
Et son haut pris, et sa nobileté, Ma grant dolour nul jor de mon aé.
Donc ai le cuer d'amours si embrasé Car tant redout sa très grande fierté
Que mes tormenz et ma poinne en oblie. Que je n'ai tant hardement que li die.

III
17
blier vuil trestoute vilenie, ar V

paor ai qu'ele ne m'escondie


Amours, por vos mieuz servir sanz faillance.
Car lëaus cuers recroire ne doit mie,
33
Si l'ai laissié toz jors par tel dotance
S'aing mieuz soffrir ma poinne et m'ahathie
;
20 Por tristece naistre en desesperance. 36 Que plus avoir ne dolour ne grevance.
Car je sai bien, s'est tele ma creance
Mieuz vient morir pour amour en grieté
: Si servirai touz jors sanz repantance
Ma dame tant que li vanra a gré.
Que recroire par foie volenté, Quant li plaira, tost m'avra conforté
Et puis morir, sanz amours, en viltance. Et de mes maus fait avoir alegence.
,


41 ame d'Artois, contesse d'onorance,
Oëz mon chant que j'ai au pui chantey.
Et si vos proi qu'adès en lëautey
Servez Amors, c'est ce qui plus avance.
N° 21, folio 9b. Chanson de ®illebert de BerneDilIe (Raynaud 1619)

eu no-viau temps que y -vers se de-bri-se, Que rossig-nol chantent et main et soir,
De bien a - mer a mescuers fait emprise Cele a cui sui li - ges sanz de-ce-voir.

Par ma chan - çon li fe - rai a sa -


voir Ma grant joi -e et mon mortel joï - se ;

Or soit dou tout en son cortois vo -


loir.

II IV
8 ouce dame, amée sanz faintise, 22
Spaute valors, dame, s'est
en vos mise,
De cuer, de cors, de désir, de voloir, Plus en i a qu'el char David, d'avoir.
J'ai bien ma mort et porchacie et quise, Cil m'ocit bien qui devant moi vos prise,
II Se de vos n'ai qui me face valoir.
Hé, franche riens ou j'ai mis mon espoir,
Alegiez moi par vostre gentilise
!
25 Quant je de vos ne puis neant avoir.
Hé, bone Amor je fis de vos mon hoir,
Tot vos donai, quant je vos oi aprise ;
Les cruelx maus que me faites avoir ! Itel maistre devroit chascuns avoir.

15
III
Aucuns se plaint d'Amors qui le justise,
Et j'en sui liez plus que de nul avoir ; 29
e V
cele amor qui m'alume et atise
Ne me quier ja partir ne removoir.
Que j'ain ma dame adès en itel guise, En mon cuer est com aymanz assise,
18 Quant pis me fait, et pis voudroie avoir. 32 Ne nus fors Deu de l'oster n'a pooir.
Qui bien ainme, il doit bien recevoir Tot li ferai son bon et son voloir,
Les maus d'amer, car il a tel franchise
Que nuns sanz li ne puet grant joie avoir.
Ne ja par moi n'iert autrement requise
Atendanz sui et serai de l'avoir.
;
N° 22, folio gd. Chanson à refrain, de dttcbect de BerneoMe (Raynaud 1028)

Au be soinc voit
on
l'a-mi,Pieç'-aquec'est re - cor -
dé.
S'or - A - mours pour mi Tant que j'aie un chant trove,
ne fait

-Je
01
croi que ja -
mais n'is -
trai De pri - son, ainz i mor
8
- rai.
1

rp - 1P nui m'a mis ce - anz, Ele a fait ses sai - re - menz


-
Que ia-mais ne main -ge-rai, Ne par-li -rai De la pri-son,

-
S'a vrai tro vé- - e chan çon. -
III

13
II
mors, je vos cri merci, 25
or me metez en obli,
Amors, j'ai mon tens finé
Que me donez tel pansé Et, se me gitez de ci,
Qu'aucun novel chant joli Mainte grant jolivetey
Li puisse faire a son gré.
17 A ce grant besoing que
j'ai, 29 Encore pour vos ferey.
Autre ahie que vos n'ai : A cest besoing nommerey
Beatrix, bien me porpans :
Vos estes mes sauvemenz, Or est doublez touz mes sens!
N'i vaut cosins, ne parenz, faudrai,
21Ja par aus n'en garirai. 33 Hui mais au chant ne
Point ne m'esmai
garderai
Tant
Ceste prison, De la prison;
Qu'avrai trovée chançon. De legier ferai chançon.

IV
37
prison ne me puet tenir,
J'en sui touz asseürez,
Ne autres maus avenir,
Quant li hauz nons est nommez.
41 Dame d'Audenarde, pris
Me tenez en vo païs.
Mais ne sui pas esmaiez;
Vo prison ne m'est pas griez,
45 Car en lieu d'estre grevez
Sui honorez
En la prison ;
De legier ferai chançon.
N° 23,

Et

*Se

10
-

jo-

mi
folio lOb.

Dont par - tir ne

SEsas
li

-
me por - roi

- e -

dai gnoit
ment

II
a li ne me savroie
!
j
Cl)anson

mours qui mout mi guer - roi

Des maus que j'ai doloser.


de Robin du Cf)a$tel

chan - ter

es - gar - der

Mais j'ai espoir d'avoir joie,


fait reconforter.
Ce mi
14 Dame, ne vos doit peser,
Se mes cuers a vos s'outroie.
Fins cuers n'est il nuns qui doie
Son loial ami grever,
-
-
e
e,

( Por

En

28
Me fait a ce le pan

li,
Touz mes maus o

ri-ant --
de
-

IV
bli

son
-

ele est et de grant hautece


Et ploinne de grant savoir
Por ce la vuil sanz paresce
Servir sanz ja removoir
32 Et, se ce m'i puet valoir,
Conquesté avrai leesce.
N'est pas raison qu'ele mete
ser
Mais touz jors la - vuil a - mer

s'a-le-giezse-roi-e
-
(Raynaud 1722)

e - roi

-z-z r.;y-
vis cler.

;
-
;
e
f
j

Son ami en non chaloir


Ne despire, ne gaber. Qui l'aimme de fin voloir.

III V
19
ame, voz douce simplece 37 Ipant est ma dame garnie
fait un desir avoir
Me De beauté et de valor
Qui tant me destroint et blece Que mieuz ain perdre la vie
Que je sai bien, tot de voir, Que je retraie m'amor.
23 Que mort m'estuet recevoir, 41 Tant la voi de bel ator,
Se pitiez en vos n'adrece.
Neporquant ja por destrece
Plaisant et bien ensoignie
Se je n'ai de li aïe,
;
Ne lairai que main et soir Bien sai de ceste dolor
Ne vos serve a mon pooir. Ne garirai a nul jor.
N° 24, foiio ioC.
Chanson à refrain, anont)me (Raynaud 200

-yjfr—
e
Pour
pris ai
-ba
qu'en chan - tant
do
plour
lour
Plus
Que
qu'en
si
nule
me
gui
JUs-tise.
- se,
a - tre ma t

----
ICentle
Et t bien
so. .- j'ai
que
pifsfaischas
- o6 IV
cun-mours,
- d'A
jor, C'est rente
C'estparmonser as
ma
-vi -se. -
si - se, }

fo.loi, Maisnunsnelsettnieuzdemoi.
Chas -cutis
-.:;:r-
dit que je

II IV

II
tles cuers a raison et droit 31
out la pris et mout la lo,
S'en li met m'entente, (Crien) qu'el n'en soit plus fiere !
Car a chascun qui la voit Avis m'est que je doi pou,
Plait et atalante. Tant l'a mes cuers chiere.
35 Rien voi que trop haut m'encrou,
15 Nuns n'en dit bien qui ne soit,
Ne mal qu'il ne mente. Mais mout vaut proiere :
chaillou,
Gariz iert qui la tendroit Aigue perce dur
En chambre ou soz ente. Por qu'adès i fiere.
Chascuns dit. Chascuns dit.

21
a III
hautece et son vis cler
Crien ou trop se fie.
41
Fors poinne et domage.
V
îl es cuers ne me fait nul bien
Las ! el ne mi vuet amer Ja nou verrai lige mien
S'el ne s'entroblie. En tout mon aaige.
25 Trop a en moi povre per 45 « Cuers, tu foies, c'or t'en tieng ! »
A si bele amie, Or ai dit outraige.
Mais ce me fait conforter Mès ser la sor toute rien,
Qu'Amors n'eslit mie. Qu'ele est prouz et saige.
Chascuns. Chascuns.
N° 25, folio
lla.Cf)an50n de Cbevatier (Raynaud 1960)


u co-men-cier de ma novele a-mour Ferai chan-çon, que pris m'en est ta-lanz,
Si pri -e- -
raimada mecuij'a-our, Acui je sui dou tot
o - bé issanz. -

PorDeu, li pri que ne soit des-doig-nanz, Ainzdointvo-loirquedemoisoitser-vi-e:

Si en se - rai plus liez tote ma vi - e.

8 e II
ne me doit nuns tenir a folour
Se je desir estre ses bien vuillanz,
22
IV
H^t neporquant touz jors la servirai
Sanz fauseté, conme leaux amis.
Puis que beautez fait de li miraour Car mes fins cuers ne doit estre avec moi,
il Et en touz biens sont si entendement. 25 Puis que il s'est en si haut lieu assis ;
Dex, con serai renvoisiez et joianz, Ainz doit panser conment soit desserviz
Se ja nul jor envers moi s'umelie,
!
Que par son gré l'os apeler amie Ne ja por mal qu'il ait ne se repente.
;
Li très granz biens ou il a mis s'entente

III V
15
$ant
me delit en l'espoir qu'en li ai, 29
tl m'est avis, qui a droit vuet jugier,
Si doucement qu'il m'est sovent avis Que nuns ne doit de bone Amour partir,
Qu'ele m'outroit s'amour de cuer verai. Qu'en mout pou d'ore rent ele telloier,
18 Mais tost me rest cist douz espoirs failliz, 32 Que nuns n'avroit pooir dou deservir.
De paour sui iriez et mal bailliz Por ce la vuil bonement obéir,
Et dot raison, s'ele i met s'entente. Et vuil proier a ma dame honorée
Sanz estre amez, cuit morir en atente. Qu'avec beautey soit pitiez assamblée.
N° 26, folio llb.
Reoerdie anonpme (Raynaud 581)

el
el'en - trant dou temps no - vel,
Prev sunt vert et au bris -
sel - Que sai - sons vient en dou - çour,
- -
Foil lo lent, et main flour, -te

Ploin - ne de très douce ou - dour,


--Jill
Point na - tu - re sanz pin -
cel,

-Cil
1
oi-sel Chan -tentpara-mour : Et je, qu'en ce

IV
sui des lor.

II
10
uant cil fist maint bel joël 28 Je
ce doi savoir bon gré
Cui je toing a Creator, A la mal parliere gent,
Ne fist il onques tant bel Car il li ont reporté
Por faire maint ameor Que je l'ain entièrement.
Con celi qu'a tel honor 32 Bien les puet croire de tant,
14
Qu'ele prent tot a ratel, Sanz soirement, de vertey,
Sanz cembel, Car santé
Et cuer et seignor Ne joie n'atent
Qui vers li fait de l'uel tor. Fors que de li soulement.

III V
one Amor m'a si navré 37
4n suet dire en reprovier:
19
Enz ou cuer parfondement, « Ce que
eulx ne voit, cuers ne duet. )

Que jamès joie n'avrey, Je le soloie cuidier,


S'en sa merci ne me prent Mais or voi qu'estre ne puet,
Car adès doloir estuet
23 Ma dame ou cors avenant, 41
Ou Dex mist tant de beauté, Celui qu[i] ainme sanz trichier.
De bonté, Jostisier
De contenement, Trop forment me vuet
Qu'en nule autre n'en a tant. Li max qui dou cuer me muet.
N° 27,foiio 11d. Pastourelle a refrain, anonyme (Raynaud 1050)

è,Â,u douz mois de mai jo


- li Jo - er m'en a - lai. Las - se, que fe - rai?
U - ne pas to - -re
o - ï Qui cri ait: (Ca hai - - !

Se
-

j'ai per - du mon a - mi, Ja fnès n'a me rai Home de cuer gay. - »

II IV
9
uant la pastore entendi, 25
«ele, puis qu'il est ensi,
Cele part tornai.
Ele avoit le cuer marri,
Vostre ami serai ;
12 Si la conforta[i]
Et li demandai
A Robin avez failli.»
28 Tantost l'embraçai
Tel don li donai
:
Pour qu'ele disoit ensi:
Jamès n'amerai
C'onques puis ne dit ensi
Jamès.
:

l7a a
[Home de cuer gay?]
V
III

Je le vos dirai : :
pastore respondi
33 pastore ot cuer joli,
Mignotot et gay.
Mout me plot et abelit
(t
Robins a d'autrui
de mi 36 Ce que fait li ai.
20 Pris chapel de glai. Douce la trovai.
Si grant duel en ai Adonques me dit ensi:
Que, s'il me met en obli, « Je vos amerai
Jamès. Touz jors de cuer vrai.)

N° 28, folio 12a. Chanson anonpme (Raynaud 786)

§j|-mours
Si -
me done achoi - son de chan-ter Et ma do • lors achoi - son de complaindre.
me vou-drai en chantant do-Io -ser De ce qu'Amors fait ma )oi -e re mamdre -

(It
-
Las !sanz for-fait envers moisevuetfaindre
«/>,>, Ce -le ,
que j'ain s'en sui trop a-do-lez,

Car de li est touz mes pris


--
-tez.
a-mon Mais or voi bien qu'Amors a tel
--
na-ture

Que sa joi e fait tor ner a ran


- - - eu • re.
N° 29, folio12b,Chanson anonpme (Raynaud 1062)

amours qui m'a do - né, je l'en mer-ci, Tant d'es-ci-ant que por li sai chan-ter
M'a mis ou cuer un douzpanser jo -
li Dont je ne quier son voloir re - fu - ser.

Et se n'i puis trover au - tre rai-son Fors tant: que j'ai choi - si - e

et bo - ne, sanz a-voir d'autre en-vi -e,


Bele A join-tes mains pri la be - le mer -ci,

Qu'e -le ne m'obiit mi - -e!

N° 30, folio 12e. Chanson de Raoul de Soissons (Raynaud 1154)

aucune gent ont dit par felo - ni e Que je ne sai chanter fors par au-trui.
-
Il dient voir, je nes en desdi mi - e C'onques un jor si - res de moi ne fui.

Et, si vue -lent savoir a cui je sui, -


Jelordi raiparmagrantcor-toi si-e -

Qu'Amors m'a si dou tout en sa bail- li - e Que je n'ai sen, vo - len - té ne rai - son

Que je sanz li puisse faire chan - çon.


N°31, folio 12e.
Cl)anson anont)me (Raynaud 1906)

Auco-men-cier
-
de to-tes mes chan-çons Vuil je qu'A mours soit toz jors en m'a hi - e,
e
Car moi ai - dier ne puetau-tre rai - sons, Ne nuns ne puet fai re chan-çon io
- - li
-
-

--.-- -

Ne li po - vres ne se set con - for

II
-
-

ter.
-
S'il n'est so pris d'amours qui vient d'à mi-e. Car riches hons sanz a morne fait fors que mu-ser,

IV
8
ifje
nou di pas por ce qu'aie achoison 22
ibouz m'esbahis,
quant remir sa façon :
De lïement chanter par mignotie. Blonde le poil, semble
a que toz jors
rie,
Ire et esmaiz m'est touz jors de saison, Cler vis, beax braz,
les doiz grailles et
Ions,
il Poinne et tormenz sont de sa compaignie. 25 Gent cors et plain de toute
cortoisie ;
tait
En desconfort m'estuet user ma vie, N'est trop parlanz, n'adès
ne se mie.
Quant ma dame a cui je sui ne me vuet conforter Trop doucement, sanz iror, set a chascun parler
Et je ne puis, ne ne vuil autre amer. !
Las qu'en puis je s'il la m'estuet amer?

III V
(amours m'a pris et mis
en sa prison 29 è-M
ouce dame, la ou tuit li bien sont,
15
Tant durement, paor ai ne m'ocie ; Servi vos ai toz jors sanz vilenie.

18 ;
Que nuit et jor m'envoie livroison
Plains et sopirs a ce ne fail je mie.
Je n'ai vers li force ne seignorie.
32
De mesdisanz vient ce que me confont,
Toz jors par lor est ma joie esloignie.
!
Las je sui morz, se pitiez m'est faillie.
Face de moi ma dame totes ses volentez : Bele et bone, par Amor, car vuilliez resjoïr
De li servir ne serai ja lassez. Celui qui muert pour loialment servir !
N° 32 folio 13a.
Chanson anonpme (Raynaud 843)

_eucunvue -lent de-man-derSe j'ain ou se j'ai a - mi - e,


- Cil n'ont pas ser-vi-e
Por ce au'il m'oient chan-ter Et di entquejen'ain mi - e.

Amours sanz. tri - chièt Qui cui -


dier Osent de moi tel fo -
li - e

II III
.i puisse je recovrer 17
$inz ne soi mon cuer oster
9
Joie qui m'est esloignie ! De bone Amour en ma vie,
Ne ja ne m'en quier pener,
Que j'ain de cuer, sanz fauser,
Et ferai, car j'ai choisie 20 Car ce seroit vilenie.
12
Dame seignorie Ja sa conpaignie
Cui je n'os proier; Ne quier esloignier,
S'ai mestier Car plus chier
Qu'en chantant mon panser db. Ai assez qu'ele m'ocie.

N° 33, Chanson

-1
jolio b.
13 de CUDelicr (Raynaud 566)

ll-mours est u - ne mer-voil-le Dont on se doit mer - voil - lier.

Nuns ne s'en set con -soil-lier Et cil qui plus sencon-sou-le

Mnin pn set. Quant s'i est pris. J'en cui - dai a - voir a - pris

m'en. sai des-fen-dre.


Tant con nuns en puet a-pren-dre, Et si ne
II
9
'en sopir sovent et voille,
Car Amors me font voillier,
Panser et agenoillier,
12 Et, quant je plus m'agenoille
Devant la bele au cler vis,
Lors me muir, ce m'est a vis,
Car je ne sai raison rendre
Dont ele me vuille entendre.
N° 34, folio 13e. Jeu parti anonpme (Raynaud 365)

§§ - mis, quelx est li mieuz vail lanz, Ou cil qui gist to


- te la nuit
- - -

A
b.-
- vec s'a - mie a grant des -
duit -.
Et sanz fai - re touz ses ta lanz,
-

Ou cil qui tost vient tost prent Et, quant il a fait, si s'en.
et fuit

Ne bé - e pas au re me nant, Ainz queut la flor et laist le fruit?


- -

II III
9
<|^mie,
ce que mes cuers sent mis,
Vos dirai, mès ne vos ennuit
Dou faire vienent li geu tuit,
: 17 mieuz vaut li deporters
Et li veoirs et li sentirs,
Li baisiers et li acolers
Car cil qui tost vient et tost prent Et li parlers et li tenirs
13 Partir s'en puet legierement, 21 Que li tost faire et puis aler,
Car tuit li autre geu sont vuit S'au faire n'est li granz loisirs.
S'il nou fait après ou devant. Car trop douz [est] li demorers,
Dont vaut mieuz li faire, ce cuit. Et trop est griez li departirs.
N° 35, folio 13d.
Pastourelle anonyme (Raynaud 960)

II IV
donc montai sor mon cheval morel 25
a,
qt9 dit Huyns, vos dites mal, Robert!
9
Si m'en entraitout le fonz d'un vaucel. Ja n'i avrez fleüste ne frestel,
Grant assanblée Mais blanche espée,
D'anfanz ai trovée Maçue cloée,
Dejoste un ormel. 29 Blanz ganz, vert chapel;
13 Au fil Aubrée,
La reposée
Ont enqui jurée S'il moinne ponée,
Delez le pradel. En ferez cembel.

III V

f{'i a celui n'ait flaeuste ou frestel; 33


ega, dit Robins, vos dites mal, Huël!
17
Tuit en iront es voilles saint Marcel. Ou fil Aubrée a mout beau damoisel,
Robins purée S'il li agrée
Sa teste a jurée Et ele a lui bée,
Qu'il a de novel 37
Soffrez lor avel!
21 Qu'amors desvée
Pype achetée
Si sera sonée Desirre mellée,
S'il puet, a revel. Hutin et trumel.

41
uffe' colée,
Joée adentée:
Tel sont lor avel.
N° 36, folio 14=. Chanson du roi de rtaoarce (Raynaud 1440)

10
l II
uns ne doit Amors trahir,
Se n'est garçons ou ribauz ;
IV
28$j£ins chevaliers
angoissous,
Quant a perdu son hernois,
Et, s'il n'est par son plaisir,
— Ne vielle cui art li feus
Ja n'en quier donc bas ne haut, Maison, vin et bief et pois,
14 Ainz vueil qu'ele me truit baut, 32 Ne chacieres cui prent soif —
Sanz changier et sanz faillir. N'est si destroiz, n'angoissous
Se je puis aconsuïr Ne envers moi dolorous,
Le cerf qui tant puet fuir, Que je ne soie de ceus
Nuns n'iert joianz que Thiebauz. Qui aiment desor lor pois

19
i III
cers est aventurous,
Car il est blans comme nois,
37
ame,
V
por Deu vos demant:
Cuidiez vos qu'il soit pechiez
Et si a les crins andous D'ocirre son fin amant?
Plus sorz que ors espenois Oil, voir, bien le saichiez !
23 Li cers est en un desfois 41 S'il vos plait, si m'ociez,
A entrer mout perillous, Que je le vuil et creant
Car il est gardez de lous : Por acomplir vo talant
Ce sont felons envious Et, se vos m'amez vivant,
Qui trop heent les cortois Mout en seroie plus liez.

46 ame, ou nule ne se prent,


Mais que vos vuilliez itant
C'un pou i vaille pitiez !
49 Renault, Phelippe, Lorant,
Mout sont or li mot [sanglant]
Dont couvient que vos rïez.
N° 37, folio 14e. 1eu parti entre €l)ibaut de Champagne et un derc (Raynaud 1666)

ons rois Thiebaut, si re. consoilliez moi: Ú - ne dame ai mout lonc temps a - mé -e
De cuer le -
al,saichiez,enbo-ne foi. Mais ne li os des-co-vrir ma pen-sé-e,
-

Tel paour ai que ne mi soit ve -


é - e De li l'a-mors qui me destroint sovent.

Dites, si - re. qu'en font li fin a - mant? Souffrent il tuit ausi si grant do - lour.

Com il dient, dou mal qu'il ont d'à - mor?


II
io
4
uens, je vos lo et pri que toigniez quoi ; 37
ar V
Deu, sire, pou sentez, ce m'est vis
Ne dites pas por quoi ele vos hee, La grant dolour, le mal et le joïsse
Mais servez tant et faites le, porqoi Que nuit et jor trait fins leax amis.
Qu'ele saiche ce que vostre cuers bee, Ne savez pas conment Amors justise
14 Que par servir est mainte amors donee. 41 Ce que suen est et en sa conmandise !
Par moz coverz et par cointes semblanz Je sai de voir que, se le seüssiez,
Et par signes doit on venir avant, Ja dou dire ne me repreïssiez ;
Qu'ele saiche le mal et la dolor Car por ce fait Amors ami doloir
Que fins amis trait por li nuit et jor. Que de son mal regeïsse le voir.
III VI
19
ter Deu, sire, tel consoil me donez 46 lers, je voi bien que tant estes apris
Ou ma mort gist et ma granz desestance, Que la corone est bien en vos assise.
Que moz coverz et signe, ce savez, Quant dou proier par estes si haitiz,
Et tel semblant vienent de decevance Ce fait li max des roins qui vos atise ;
23 Assez trueve on qui set faire semblance 50 Itelx amours n'est pas ou cuer assise.
De bien amer, sanz grant dolour soffrir,
Mais fins amis ne puet son mal covrir
Dites li tost, quant si vos angoissiez
Ou tost l'aiez, ou vos tost la laissiez
!;
Qu'il ne die ce dont au cuer li vient Que bien puet on a voz diz parcevoir
Par l'angoisse dou mal que il sostient. Qu'aillors volez changier vostre voloir.

28 lers,
IV
je voi bien que haster vos volez!
Et bien est droiz que clers ait abstinence.
55
t ;
ar Deu, sire, j'ain de cuer sanz faintise,
Mais vos guilez Amors por ce cuidiez
Mais, s'amoiez autant con dit avez, Que je soie ausincques tost changiez
Nou diroie por quanqu'il a en France. Con vos estes, qui mis a non chaloir
32 Car quant l'on est devant li en presence, 59 Avez Amors, et ces de son pooir. —
Adonc viennent trembler et grief sopir, Clers, puis qu'ainsi avez tel guerre prise
Et li cuers faut, com doit la bouche ovrir. —
Et vos de rien mon consoil prisiez,
N'est pas amis, qui sa dame ne crient, Criez merci, mains jointes, a ses piez,
Car la cremours de la grant dolor vient. Et li dites tot quanque vos voudroiz.
N° 38,folio15b. jeu parti
entre £t)ibaut de Champagne et Baudouin (Raynaud 294)

i audoÿn, il
1

sunt dui amant 25 IV


ire, saichiez de verité :
Qui ainment de cuer, sanz trichier, Beautez a tout son non perdu,
Une pucele de jovent. Puis que valors a eslevé
4 Li quelx la doit mieuz desraignier? 28 A dame son non et creü ;
Li uns l'ainme por ses valors Car cortoisie fait loër
Et por sa cortoisie ausi ; Dame et beax acointemenz,
Li autres l'ainme par amours,
Por la grant beauté qu'est en li.
Et toz jors en bon pris monter
Ce dont beautez ne fait noiant.
:
II V
9 .ire, saichiez certeinnement 33
audoÿn, assez trueve l'en
Que celui doit tenir plus chier Vielles plus laides que nuns chiens
Qui por son bon ensoignement Qui ont cortoisie et granz sens,
12 L'ainme de leal cuer entier
Car cortoisie et granz
;
honors
36 Mais au couchier ne valent riens.
Si la fait or si bon amer,
Plaisent plus a leal ami Por ce que bel vos parlera?
Que beautez ne fresche colors La bele ne puet mal parler,
Ou il n'a pitié ne merci. Ainz est bon quanqu'ele dira.

III VI
17
audoïn, la très grant beautez 41
jire,
ce ne dirai oian
A valor et mainte vertu. Qu'a vielle soie, ne ja suens
S'ele disoit granz nicetez, Ne serai mais, si con j'entent.
20 Onques si cortois moz ne fu. 44 Blamer me volez les granz biens
Granz beautez fait cuer forsenner Que bele dame set mostrer
Plus que nule autre rien vivant
Ne nuns ne puet son cuer doner,
; Qui cortoisie et bon pris a.
Mieuz devriez celui blamer
Se la beautez n'i est avant. Qui por beauté valour laira.

49
audoyn, soul d'un resgarder
Et d'un ris, quant le me fera,
La bele que je n'os nomer
52 Vaut quanque la laide dira.
— Sire, li miens cuers remuer
;
Ne se vuet de cele qui l'a
Valors l'a fait emprisoner,
Cui Cortoisie le dona.
N° 39, jolio 15d.
Cl)an60H de Oace Brulé (Raynaud 1006)

iausm'est es tez quant re-ten-tist la bruil-le. Que li oi - sel chan-tent per le bos - cha-ge.
-
Et l'er - be vert de ro - sé - e se moil-le, Que resplandir la fait lez le ri - va - ge.

De bone a - mour vuil que mes cuers s'es - voille. Que nuns for& moi n'a vers h son co - ra - ge

Et non-pour-quant trop est de haut pa- rai - ge Ce-le cui j'ainn'est pas droiz qu'el me vuille

II IV
9
lins amanz sui, cornent qu'Amors m'acuille, 25
Hfers
bien amer je cuit riens ne mi vaille,
Car je n'ain pas con hons de mon aage. Quant pitiez est et merciz obliée
Qu'il n'est amis ne hons qui amer sueille Envers celi que si grief me travaille
12 Que plus de moi ne truit amors sauvage. 28 Que jeus et ris et joie m'est vaée.
Ha las, chaitis ! ma dame a cui s'orguille?
Vers son ami cui dolors n'assoage?
!
He, las, chaitis si dure dessevraille !
De joie part, et la dolors m'agrée,

;
Merci, Amors, s'ele garde a parage,
Donc je sui mors mais pansés qu'ele vuille !
Dont je sopir coiement a celée.
Si me rest bien, cornent qu'Amors m'essaille.

17
e III
bien amer Amors grant sen me baille;
Si me trahit, s'a ma dame n'agrée.
33
V
n mon fin cuer me vient a grant mervoille
-1
Qui de moi vient, et si me vuet ocire.
La voluntez, pri Deu, que ne me faille, Fiers est li cuers qu'en si haut lieu travaille
20 Car mout m'est bon quant ou cuer m'est entrée. 36 Donc ma dolor ne savroie pas dire.
Tuit mi panser sunt en li, ou qu'ele aille, Einsinc sui mortz, s'Amours ne mi consoille,
Ne rien fors li ne me puet estre amée Car onques n'oi par li fors poinne et ire.
De la dolor dont sopir a celée. Mais mes sire est, si ne l'os escondire :
A mort me rent, ainz que longues m'assaille. Amer m'estuet, puis qu'il s'i aparoille.

41
$ VI
mie nuit une dolors m'esvoille
Que l'endemain me toit joer et rire,
Qu'a droit consoil m'a dit dedanz l'oroille
44 Que j'ain celi pour cui muir a martire.
Si fais je voir, mès el n'est pas fëoille
Vers son ami qui de s'amour consire.
De li amer ne me doi escondire ;
Nou puis noier, mes cuers s'i aparoille.

49
&ui de Pontiaux, Gascoz ne set que dire ;
Li Dex d'Amors malement nos consoille.
N° 40, folio 16b.
Cbansonde moniot d'Rrras (Raynaud 863)

ien puet A - mors guier - re - do - ner Les max qu'e - le m'a fait sen - tir.
Maint lonc jor m'a fait en - du - rer, Main - te nuit veil - lier sanz doi - mir.

Mais ne mi so - rent tant gre - ver Que siens ne fusse sanz fau- ser.

Si m'a - vroit bien mon ser - vi - se me - ri, Se ma da - me me te - noit a a - mL

II IV
-1 ^©
ex, se ne fust la cruautez
9 n vos servir et honorer 25
Ai mis mon cuer sanz repentir. A cele malparliere gent
Rien nule ne mi puet grever, Et la très granz deslëautez,
12 S'en joie me volez tenir. 28 Je l'alasse veoir sovent ;
Mais tant redout lour fauseté !
Mais, se vos voi aillors penser,
Dont sui je mors sanz recouvrer. Douz Dex, car les desfigurez
S'en vos ne truis et pitié et merci, Des ieuz, sanz plus, que ne puissent choisir
Mort m'a mes cuers et mi huil m'ont trahi. Les fins amanz n'a l'aler n'au venir !

17
a III
dame en cui toute beautez
S'est mise ensi faitement
33
hançon,
Au bon Renault de Loon di
V
va t'en sanz demorer,

Qu'en touz les leus ou vos venez, Que ne se recroie d'amer


20 Ausi con li soloil resplant, 36 Por Deu, que je li mant et pri,
Resplandit la vostre beautez Car nuns ne puet en pris monter,
[Desour toutes autres clartez] : S'il ne sent les douz maus d'amer.
Por ce li mant que la serve toz dis,
Consentez moi, s'il vos vient a plaisir,
Joie de vos, car rien tant ne désir. Que d'Amours vient joie, solaz et ris.
N° 41, folio 16d.
Chansonduchâtelain de Couct) (Raynaud 1965)

1 III
i ien cuidai vivre sanz amours, 17
'ifU'est mervoille
se je m'ahir
Dès or, en pais, tot mon aé ; Vers Amors qui tant m'a grevé.
Mais retrait m'a a la folor Dex !cor la peüsse tenir
4 Mes cuers, dont l'avoie eschapé. 20 Un seul jor a ma volenté !
Empris ai greignor folie El comparroit sa folie,
Que li fox enfes qui crie Si me face Dex ahie ;
Pour la bele estoile avoir A morir la covendroit,
Qu'il voit haut ou ciel seoir. Se ma dame ne veinquoit.

IV

9
II
oment que m'en desespoir, 25
Ïpaï!frans cuers que tant conoit,
Bien m'a Amors guierredoné Ne baez a ma foleté !
Ce que jel'ai a mon pooir Bien sai qu'en vos amer n'ai droit,
12 Servie sanz deslëauté. 28 S'Amors ne m'i eüst doné.
Que roi me fait de folie, Mais d'esforcier fais folie,
Si se gart bien, qui s'i fie Si con fait nois que venz guie,
De si haut merite avoir ; Ki va la ou il l'empoint,
Si que toute esmie et fraint.
Mais n'en puis mon cuer movoir.

33
a V
dame, ou nuns biens ne se faint,
Merci, por franchise et por gré !
Puis qu'en vos sunt tuit mal estaint
36 Et tuit bien vif et alumé :
Conoissiez dont la folie
Me vient qui me toit la vie?
Qu'a rien n'os faire clamor
S'a vos non, de ma dolor.

41
hançon, ma bele folie
Me salue et si li prie
Que por Deu et por s'onour
44 N'ait ja l'us de traitor;
Que bien sevent li plusor
Que Judas fist son seignor.
N° 42, folio 17b. Reoerdie à refrain, anont)me (Raynaud 265)

iau m'est, quant voi ver-dir les champs, Co-men-ce-ment semble [d'es té]. -

Qui que di e qu'y - vers est frans, Je le toing a fe Ion pro vé.
- -

As 01 - se - lez ai mis mon pans : Por qu'ai mon chant re no - -ve - lé.

Sanz a - mors ai es -
té lonc temps, Or i ai mis tot mon pen - sey.

D'à - mors ai e - ü grant re - pos, Or sui en la poinne en -


trez.

On - ques a nu -
lui n'en quis lox * Par moi iert bons ou max li grez.

13
Ne sai que il m'en avendra
II
£n bon leu me sui pris d'amer,
; 37
il IV
nos ont le siegle toloit
Qui vont priant ne trois ne dous.
[Onques ne li osai mostrer Saichiez que moult grant poinne avroit
Ne nuls por moi nel dira.] li Qui une en porroit avoir, sous.
Dex !
17 S'ainsi puis longuement ester,
en avant, cornent ira?
Moult me délit a esgarder
41 Mout par i font petit d'esploit
Cil qui s'en font si mervoillous.
Malëurez est qui ces croit
Le pais ou ma dame esta. Qui tant sevent remuer leux.
D'amors. D'amors.
25
Imout li diroie volentiers
Cornent je l'aing en bone foi,
III
49
e V
ma dame soffrir voloit
Soul itant que pensasse en Ii,
Mès je ne sui pas li premiers, Ja nuns veanz ne l'en seroit
Et je m'en tendroie a gari.
Chascuns le vuet dire de soi.
29 Or est mes pansers trop legiers,
Et auques tornez a desroi ! !
53 Las por quoi le me desfendroit
Quant je ne li mant ne li pri?
Touz jors serai ses chevaliers, Moult m'a la bele en son destroit,
Mais qu'ele n'aint autrui que moi. N'ele ne set de cui je di.

61 i!
D'amors ai eu.

vilains dit en reprovier


Qu'au vespre lo on le biau jor.
Las moi ert il ça en arrier-
VI
65 Mès or m'en puis auques haitier
Et en chantant dire mon plor.
Se ma dame tient son cors chier,
D'amors.

Moult malement cheü d'amors. N'iert pas por moi, mais por s'onour.
D'amour.
N° 43, folio 17d.
Chanson de ®autier de Dargies (Raynaud 738)

'ien font A-mors lor ta lant Qui si m'ont mis En des-troit a es-ci-ant
-
Que riens ne m'a - be-list tant, Si sui pan - sis, Com es- tre loing de la gent

Dont je sui so - pris. A-donc re-mir son cler vis Mil foiz en pen - sant
u-nepartsou-tis.
si
A

Mau-gre te-Ions mes-di-sanz Qui dou douz pa - ïs M'ont faitlonc tans estre es - chis.

II IV
14
.or le pois mes enemis 40
"1 t, se je soffrepor li
[Si] sui joianz, Mal ne torment,
Quant je resgart son cler vis De rien ne m'en esbahi,
Amorous et riant. Qu'apris l'ai longuement.
18 Mon cuer a lié et pris 44 Et je, con fins amis, sui
Si finement Si desirranz,
Qu'a tout le mont sui enclins, Ma dame i avra conquis
Frans et humilianz. [Grant] blasme de la gent.
22 Dex, tant sunt li mal plaisant 48 Et diront que cruelment
Dont je sui espris, M'avera ocis.
Se, tandis con je sui vis, C'onques rien ne li forfis,
Un sou beau senblant N'a mon vivant
En avoie a mon vivant. N'en traitrai autre garant

27
SI ex,
III
forfait feroie grant,
S'avoie quis
53
a
S'avoit enquis
V
dame est si conoissanz,

Ne son fermail, ne son gan Con je la ser lëaument,


A dame de haut pris. Ja ne m'en seroit pis.
31 Mais se Dex m'avançoit tant 57 Mès felon mi vont nuisant
Qu'il fust promis, Qui ont empris
Plus en seroie joianz Mon mortel destruiement
Que d'estre en paradis. [Et ma poinne a toz dis].
35 Que rose ne flors de lis 61 Ainz seroie essarciz
A li ne se prent, Que procheinnement
Et de son afaitement Ne queïsse vengement
Porroient bien dix De cés qui m'ont quis
Vivre a honor, ce m'est vis. Par quoi de li sui faidiz.

66 ame de tant m'esjoïs


Que sai verai(e)ment
Q'ou mieuz dou mont, sanz contens,
S'est mes cuers assis,
Maugré toz mes enemis.
N° 44, foiio ISb. Chansonnette anonyme (Raynaud 1417)

Bien
Mais
cui - dai
mi douz
-
ga
so -
rir
pir
A -
Ar -
morsper fo
rier au
Ir
lan - - guir
Loing
M'ont
de li
tor - né.

Que ne truis con - tré - e Ou je ma pen - sé - e Po-ïs-seguer-pir,

Pour mo - rir.

II uant je voi vestir


Son cors et cointir
L'acesmé(e)
Qui fait obscurcir,
Autres enveillir
Entor li :
Si l'a Dex ovrée
A ligne dolée
Au monde esbahir
[Por joïr].
N° 45. folio 18b. CJ>an50n de croisade, de Conon de Bétfyune (Raynaud 1314)

ien me de - üs - se tar - gier De chan - çon faire et de moz et de chanz,>


Quant je me doi es-loig- nier De la moil - lor de tou-tes les vail lanz. -

Et si en puis fai - re voi - re ven - tan -ce Que je fais plus por Deu que nuls a - manz ;

Si en sui mout endroit l'ar - me joi - anz, Mais j'ai dou cors et pi - tié et pe - san - ce.

9
e II
ja pour nul desirrier
Ne remaindrai avecques ces tiranz
25
ui IV
les barons empiriez
Sert, sanz eür ja tant n'avra servi
Qui sont croisié a loier Qu'illor en preigne pitiez.
Por dismer clers et borjois et serjanz ; Por ce doit on Deu servir, que je di
13 Plus en croisa covoitie que creance. 29 Qu'il ne covient ne eür ne cheance,
Et, quant la croiz n'en puet estre garanz, Mais, qui mieuz sert, et mieuz li est meri.
A telx croisiéz sera Dex mout soffranz, Car pleüst Deu qu'Amors feïst ausi
Se ne s'en venge a pou de demorance. Envers touz cés qui en li ont fiance !

17
n III
se doit bien esforcier
De Deu servir, ja n'i soit li talanz,
33
ahait li bers qui est de tel semblance
Con li oiseax qui conchie son ni.
En la char veincre et plaissier Pou en i a n'ait son regne honi,
Qui de pechier est adès desirranz ; Por tant qu'il ait sor seshomespoissance.
Or ai je dit des barons ma semblance.
21 Adonc voit Dex la double penitence. 37
Ha las 1 se nuns se doit sauver dolanz, Se lor en poise de ce que je le di,
Donc doit estre li mérités mout granz, Si s'en preingnent a mon maistre d'Oisi
Car si dolanz nuns ne se part de France. Qui m'a apris a chanter dès enfance.
N° 46, folio 18d. Jeu parti (Raynaud 840)
entre le Comte de Bretagne et Bernart de laSerté

er -
nart, a vos vuil de - man -
der De dous cho - ses la plus vail - lant
Ou lar - ges - ce, c'un ain - me tant?
:
Pro - es - ce, que tant oi lo - - - er,

Si m'en di - tes vos - tre sem - blant ; Car j'ai toz jors o - ï con - ter

Sanz pro - es - ce ne puet mon - ter Nuns che-va - liers très bien a - vant

Qui d'ar - mes soit en - tre - me - tant.

II IV
10
uens de Bretaigne,
sanz fauser, 28 uens, je ne quier ja estre mu;
Largesce vaut mieuz, ce m'est vis, L'en n'est mie touz jors armez.
Car largesce, fait home amer Et bien me sui aperceü
A trestoz cés de son païs ; Que par tout vaut trop largetez ;
14 Meïsmement ses enemis 32 Ce est vertuz qui vient de Deu.
Puet l'en conquerre par doner
Et si en puet l'en acheter
; Qui ne l'a, si a tot perdu,
Et qui l'a, si a tot veincu,
L'amor au Roi de Paradis Mais qu'avuecques ait lëautez,
Et, qui l'a, mout li est bien pris. Sanz qui nuns n'est prodon clamé.

III V

19
lernart, j'ai touz iors oï dire 37
ernart de la Ferté, amis,
Que li cors gaaigne l'avoir Ne cuit [pas] sanz proesce vaille
Et, se il est a mauvais sire, Largesce, ainçois m'est avis
Quelx chose le fera valoir? Que ele semble feu de paille ;
23 Largece n'i a [nul] pooir, 41 Quant est arz, bien sai sanz faille,
Ne fisiciain ne mire. Rien ne vaut. Por ce m'est avis
Toz jors sera de l'empire, Proesce doit avoir le pris ;
Mis a honor en nonchaloir, Car qui l'a, [ja] ne fera faille
Ce poez vos savoir de voir. En nul besoing ou il aille.
N° 47, folio 19b.
Chanson de Jetjan Etats (Raynaud 180)

ffione A - mors qui son re - pai - re Fait en moi, m'a tant re - quis t
Et proi - é de chan-çon fai - re -
Qu'a chan ter me re - sui pris. 1

---1-y
1
w--

Des tra-vaus pen

il tlout
-

II
-
Si so - pris sui d'un douz res - gart

mi sorent bien atraire


-
Que

sis Et de la dou çour Qui vient de


bien doi a - voir

31
e
lë - aul

IV
a
ma part

me puet a ces afaire


- mour

Si vair huil et ses douz ris Amors grever, j'en sui fis.
Et Amors qui si set traire Car li mal et li contraire
14 Que morz sui et mal bailliz, 34 Me sunt solaz et deliz.
Se merciz Quant son vis
N'i met son esgart. Remir, moi est tart
17 Car si me point de son dart 37 De moi traire cele part.
Ou cuer, soz le piz, Quant la voi, si pris
De si grant vigor Sui pensant d'amors
Que de morir ai paor. Devant li muant colour.

III V
ouce dame debonaire, 41
einz ne li osai retraire
21
De tel mort vuil estre ocis ; Con bien je li sui amis.
Tant crien et dout le mesfaire,
Por tant qu'il vos doie plaire,
24 Je ne vuil ne mieuz ne pis. 44 Ne je ne sui si hardiz
Qu'escondiz
:
Voz sougiz
Sui sanz nul resgart. Me fait si coart
27 Si m'en tenroie a musart 47 Amors, ovrez de vostre art,
Et sui fox naïs,
Se por tel hidor
Refusoie tel honor.
:
Que j'aie conquis
Merci par cest tor
Garirai de ma dolor
N° 48, foho 19e.
Chanson de <0érart de Boulogne (Raynaud 1569)

lone Amors m'a en son ser-vi-se mis, C'estbienrai-sonsqueplusjo-lizensoi-e.


Et pour ce m'est de chanter talanz pris, Qu'es -le - es - cier plus bel ne me savroi e.
-

Si pri ce - li a cui mes cuers s'ou -troi -e.- Y" - I


De ce que l'aing ne me vuil-le blas mer,
-

- Car, pour tra -


vail neporpoinneen-du-rer. N'ie - re je ja de s'a - mor de - par tiz.
-

N° 49, folio 19d. Cl)anson anont)me (Raynaud 905)

ien est ob -
li - ez chan - ters, Qu'en nul n'a so - laz ne joi - e.
Ne cuers d'o - me n'est mès clers, Je ne sai qui le des-voi- e.

Je chant, qui plo - rer de - vroi - e.


Qu'a touz tnes che anz sui pers,
- -

Et sui dou mont li nom pers, Quant j'aing ce qui me guer roi e
- - -

II IV
9
ame, li maus refusers 25
$mors est con riches hons
Ocist amanz et esfroie. Cui granz cruautez cort sore,
Encor vaut mieuz li guilers Qui n'a pitié ne raison
Qui conforte toute voie. De ce dont est au desore,
13 Que fins amis se ravoie
Par les douz plaisanz parlers
Et pis vaut desesperers
; 29 Ainçois li tarde et demore
Qu'il ait faite mesprison
Orguex, freres trahison.
;
Qu'autre chose que g'i voie Ocist amanz et açore.
III
17
esesperers est mauvais 33 ame, mes cors vos aore,
Et perillous fait entendre Et mes cuers est en prison
En Amors. Car si grief fais En vostre belle maison
Ne puet nuns doner ne vendre, Ou il n'a qui le secorre.
21 Se merciz ne vuet descendre
En li. Je dirai après
Le gros mot tel que jamais
N'iert qui oust Amors emprendre
-
N° 50, folio 20a.
Cl)an$on anont)me (Raynaud 184)

el taige a de chan ter Qui joie a ou qui l'a - tent ;


--
a - van - -
Mais je ne puis en moi tro - ver Rien donc j'en ai - e ta - lant,
- -

Fors tant sou - le


*, :
c' ment
Que je sai si bien amer Et si lëau -ment

Qu'il n'est nuns hons, voi - re - ment,


Qui m'en peüst re - sem - bler

Ne en du -rer Les maus que je sent.

II III
12
5^)'est grant mervoille a porpanser 23
ien me sorent mi huil mener
Cornent on puet longuement A ma mort cortoisement
Vivre sanz soi desesperer, Le ]or que m'oserent mostrer,
Quant on conoist et entent Par lor nice hardement,
16 C'on sert por néant. 27 Le très bel cors gent
Je ne quier ja eschiver Et le douz viaire cler
Ce que droiz desfent, Qui m'art et esprent
Mais, se li cuers ne me fent Si que je m'esloing sovant
20 Par force de desirrer, 31 Et fui, por moi saoler
Ne puis durer De sopirer
Ainsi, n'autrement. Ensus de la gent.
N°51, folio 20b. Qanson anont)me (Raynaud 1755)

Ipiau m'est dou tans d'es-té qui - doi-e,


renver Que tuit sunt vert bois et prey et bois son.
Mais n'est pas ce qui achan-term'a-voi-e, G'i sai as - sez plus jo lie - a-
-
choi son -

C'est ma da - me donc n'os nommer le non, En cui ser - vir tot mon po - oir em - ploi - e,

Et si m'o - cit en leu de guier - re - - don.

8
6%
II
tort m'ocit, car, si me doint Dex joie, 22
1 IV
n'est nuns tans qu'en pansant ne la voie,
Je n'ai panser ne désir, s'a li non, Nés en dormant remir je sa façon.
Et, quant plus set qu'a son plesir m'outroie, Sa cruautez me confont et desvoie
il Plus se poinne d'enforcier ma prison. 25 Et ne me lait cuidier ma garison.
Dex ! ja n'en quier venir a raençon, Et nonporquant jadis fu, ce dit on,
Ne vuille Dex que delivres en soie, Yvains li prouz qui conquist toute voie,
Car je n'en puis issir sanz traïson. Que, par servir, ot l'onour dou lion.

III V

15
nn ?
«Jbraison Dex !
et cornent la feroie
Vers ma dame cui j'ai fait de moi don?
29
ifbrop
est cruelx, qui son home guerroie,
Quant cuer et cors met en son abandon.
Je sui si suens que chascuns jor m'envoie, Tel cruautey trop a enviz feroie.
18 Sanz relaschier, ma droite livroison. 32 Que, si me doint Amors faire son bon,
S'ai son desir a si large foison Se j'avoie tot le sen Salemon,
Que, se d'un soul le croissoit, j'en morroie
Adonc s'avroit assevi jusqu'enson.
; En li servir trestot l'emploieroie :
Savoir, se sens porroit voincre raison.
N° 52, folio 20d.
Cl)anson anonpme (Raynaud 116)

Spien doi chan-ter. quant di re le me doi-gne Ma dame a cui je me doing h ge-ment. -


-
-
Si chan - te - rai, co ment qu'ilm'ena-vein-gne. Car re fu-ser n'os son co man-de ment. - -

-e-rai
Pri li a l'en - co - -
men -
ce ment Demachan-çonqu'a a - -
mimere teingne

-
Et, se mes cuers ain me plus hau -te-ment Qu'a moi n'a-fiert. qu'en des -pit ne lepreingne.
II IV
ouce dame, 'est droiz que nuns a haute amor ateingne
9 en despit ne vos veingne,
Se vos avez mon cuer entièrement.
25
Qui toz meschiez n'en soffre bonement
Car soffrance lëaul cuer d'ami moinne
;
Se je sui bas, et vos estes hauteigne,
Servirai vos toz jors plus humlement. A sa joie, a son avancement.
13 Vostre beautez, vostre contenement, 29 Quant par soffrir vient on outreement
Vostre valors a vos amer m'enseingne, A son voloir, n'est droiz qu'en moi remaigne,
Et, quant j'en ai si bon enseignement, Ainz soffrerai mon mal et mon torment
Mieuz vuil morir que d'amer me refraigne. Tant que de moi pitiez ma dame preingne.
V

17
nz refraindre est biendroiz que je mainteigne 33
ouce dame, de pitié vos soveingne,
Si atendrai merci seürement,
L'amor qui m'a sopris si durement.
N'est jors ne nuiz, qu'adès ne me destreingne, la doit avoir de sa compaigne
Se nuns
Si en morrai, ne puet estre autrement, Por bien amer ne servir lëaument.
21 Car point n'i voi de mon alegement. 37 S'en vos ne truis confort procheinnement
De ma dolor, ne sai ou me compleingne.
Je nou dis pas por ce que je m'en pleingne :
La mort soffrir vuil debonairement
Si m'avra mort la moillor de Borgoigne.
; Qu'Amours m'ocit si outrajousement,
Con plus i pans, plus m'est joie lointeingne.
N° 53, folio 21h. motet anont)me (Raynaud 1532\

II
9
ame, ;
je vos cri merci
Bien voi n'en puis eschaper.
A mains jointes je vos pri
Que faciez vos volentez
13 De moi, et il ert mes grez
Et me vendra a plesir.
Sanzpartir
Vos servirai mon aé.
N° 54, foiio 21c.
Chanson du roi de Tiaoarre (Raynaud 1620)

on -

-v
--,,-tre
Et

Fe - rai

A - mor,
-

chan - çon, car

qui en moi s'est mi


a

-
gré

:
se
-
le tans qui de - vi - se Y ver et plui - e d'es - tey.
la mau - viz se de - lui - se, Qui de lonc tans chan - té,

Me vient que
t 11
na
j'ai en - pan

Bien m'a droit son dart ge - té.


1

- sey

II IV
ouce dame, de franchise 25
elune rien sui en dotance :
9
Que ne m'en puis plus celer
N'ai je point en vos trové,
S'ele ne s'i est puis mise Qu'en li n'ait un pou d enfance ;
Que je ne vos esgardé. Ce me fait desconforter.
13 Trop avez vers moi fierté, 29 Car sanz moi a bon panser
Mais ce fait vostre beauté Ne l'os ele demostrer
Ou il n'a point de devise ; Se feïst qu'a sa semblance
Le poisse deviner !
Tant en i a grant planté.
III V

17
ln moi n'a pas atenance 33
îtèsque je li fis proiere
Que je puisse aillors panser Et la pris a esgarder,
Me fist Amours la lumière
Fors que la ou conoissance
Ne merci ne puis trover. Des ieuz par le cuer entrer.
37 Cist conduiz me fait grever
21 Bien sui faiz por li amer, Donc je ne me sai garder,
Car ne m'en puis saoler
Et, quant [plus] avrai cheance, N'il ne puet torner arrière ;
Plus me covendra douter. Li cuers miez voudroit crever.

qiâame, a vos m'estuet clamer


41
Et, que merci vos requier[e],
Dex mi doint merci trover.
N° 55, folio 21d. Qanson aDec des refrains (Raynaud 1596)
du roi de rtaoarre

hat:l-çn fe - rai, que ta


est
De la moil - lorqui soit en tot
le
- lanz m'en pris, mont.
De la moil - lor? Je cuit que j'ai mes-pris! S'e-le fust telx, se Dex joi - e me dont,

De moi li fust au - eu - ne pi - tiez pri - se, Qui sui toz siens et si a sa de - vi se.
-

Pi-tiez de cuer, Dex! que ne s'est as' - sis - se En-sa beau-té? Da-me, cui mer - ciproi-:

Je sent les maus d'a - mer por vos, Sen tez 5 vos P01 ?
moi

II IV
11ouce dame, sanz amors fui jadis ouce dame, s'il vos plesoit un soir
Quant je choisi vostre gente façon ; 31
M'avriez [vos] plus de joie doné[e]
Et quant je vi vostre très biau cler vis, Qu'onques Tristanz, qui en fist son pooir,
14 Si me raprist mes cuers autre raison. 34 N'en pot avoir nul jor de son aé ;
De vos amer me semont et jostise, La moie est tornée a pesance.
A vos en est, a vostre comandise. Hé, cors sanz cuer ! de vos fait grant venjance
Li cors remaint qui sent felon joïse,
18 Se n'en avez merci de vostre gré.
Cele qui m'a navré sanz deffiance
38 Et nonporquant je ne la lairai ja :
;
Li douz maus dont j'atent joie L'en doit bten bele dame amer
M'ont si grevé, morz sui s'ele mi delaie. Et s'amor garder, qui l'avra.

III V
21
out a Amors grant force et grant pooir, ame, por vos vuil aler foloiant
Qui sanz raison fait choisir a son gré.
41
Que je en ai mes maus et ma dolor ;
?
Sanz raison Dex, je ne di pas savoir ! Que par les maus ma grant joie en atent,
44 Que j'en avrai, se Deu plait, aucun jor.
24 Car a mes eux en sot mes cuers bon gré,
Qui choisirent si très bele semblance
Dont jamès jor ne ferai dessevrance ; !
Amors, merci ne soiez obliée !
S'or me failliez, c'iert trahisons doublée,
Ainz soffrerai por li grief penitence,
28 Tant que pitiez et merciz l'en prendra.
Que mes granz maus por vos si fort m'agrée
48 Ne me metez longuement en obli
;
Dirai je vos qui mon cuer emblé m'a ? Se la bele ne a de moi merci
Li doux ris et li bel huil qu'ele a. Je ne vivrai mie lonc temps ensi.
51 a granz biautez qui m'esprint et agrée,
Qui sor toutes est la plus desirrée,
M'a si lacié mon cuer en sa prison.
Dex ! je ne pans s'a li non
A moi, que ne panse ele
;donc2
N° 56, folio22e. Cl)anson du roi de naoarre (Raynaud 1476)

- hanterm'es-tuet, que
ne m'en puis te -nir, n'ai je fors qu'en-nui et pe-san-ce.
Et si
Mais tot a - dès se fait bon res- jo- ir, Qu'enfai-reduelnunsdoumont ne s'a-van-ce.

Je ne chant pas com hons qui soit a - mez, Mais com des troiz, pan - sis et es - ga - rez ;

Que je n'ai mais de bien nule es - pe - ran - ce, Ainz sui toz jors a pa - ro - le me - nez.

9
e II
vos di bien une rien sanz fauser :
Qu'en Amors a eür et grant cheance.
25
i IV
fenix quiert la buche et le sarment
En quoi il s'art et giete fors de vie.
Se je de li me peüsse sevrer, Ausi quis je ma morz et mon torment,
Mieuz me venist qu'estre sires de France. Quant je la vi, se pitiez ne m'ahie.
13 Or ai je dit com fox desesperez !
Mieuz ain morir recordant ses beautez
!
29 Dex tant me fu li veoirs savorez
Dont j'avrai puis itanz maus endurez ;
Et son grant sen et sa bele acointance Li sovenirs me fait morir d'envie
Qu'estre sires de tot le mont clamez. Et li desirs et li granz volentez.

17
e n'avrai !
bien
III
Jou
het et
sai a esciant 33
V
fftout est Amors de mervoillox pooir,
Qui bien et mal fait tant com li agrée.
Qu'Amors me ma dame m'oblie.
S'est il raisons, qui a amer entent, Moi fait ele trop longuement doloir.
Qu'il ne dout mort, ne poinne, ne folie. Raison me dit que j'en oust ma pensée ;
21 Puis que me sui a ma dame donez,
Amors le vuet et, quant il est ses grez,
Ou je morrai, ou je ravrai m'amie,
37 Mais j'ai un cuer, ainz tex ne fu trovez,
:
Touz jors me dit « Amez ! amez amez ! Il,
N'autre raison n'iert ja par lui mostrée
!:
Ou ma vie n'iert mie ma santez. Et j'amerai, n'en puis estre tornez.

41
ame, merci! qui toz les biens avez.
Toutes valors et totes granz bontez
Sunt plus en vos qu'en dame qui soit née.
Secorrez moi, qui faire le poez !
45 Chançon, Phelippe, a mon ami, correz !
Puis que il s'est dedanz la cort boutez,
Bien est s'amors en hayne tornée;
A poinne iert mais de bele dame amez.
N° 57, folio 23*. (ai piCUg du roi de naoarre (Raynaud 84)

o-men- ce rai A faire un lay De la moillour, Dont mi chant torront en plour


-
Forment m'esmai, Que trop par ai Fait de do lour, -
here, Virge savoré-e, Se vos faites demo-ré-e, De proier le haut Seignor, Bien doi

-
avoir grant paoùr.oude auble,dou fe Ion, Qui en la noire prison Nos vuet
-

mener, Dont nuns ne puet eschaper.


It j'ai forfait, douce da-me, A perdre le

cors et l'a-me, Se ne m'ai-diez. ouz Dex! aiez Mer - ci de mes viez pe - chiez'

u sera merci trové-e, S'el est de vos refusé-e, Qui tant valez ? ,ire, droiture

obli-ez, Et destendez vostre corde, Et veingne misericor-de Pornos ai dier!


-

osn'avons: de droit, mes-tier, Quant sor toz estes puis-sanz; Bien devez de

ser - janz A-voir mer - ci. eau douz sire, je vos pri, Ne nos metez en obli !

1.8
voz

Se pitiez ne veint venjance, Dont serons nos, sanz doutan -ce, Trop mal menez.
1

a-me, ploinne de bontez Vos - tre douz moz savorez Ne soient pas obli - ez ;

Proiez por nos ! gainés ne serons rescous. Se ne le sumes par vous,

-
De voir le sai. Ci laisserai. Dex nos doint sanz delai Avoir son secors ve - rai!
N° 58, e.
folio23 )CU part! entremessiretëui et (Thibaut de Champagne (Raynaud 1097)

-uens, je ;
vos part un jeu par a-hai-ti - e, Et si m'en met sor vos - tre ju - ge-ment
Dui che-va-lierainmentchascunss'amie Liunsdes deusain-me mout le - au-ment

Et li au - très gui -le mout hau - te - ment. Li quelx trait pis, se Dex vos be-ne - y - e,

Ou le-aux hons, ou cil qui triche et ment Etde-çoit? Dites m'en droit, Sire, tôtorendroit,

Et siT>re-nez l'un des dous mainte - nant, Et j'a-vrai l'au - trepar» ti - e

1
Et;jes - pon - drai a - ve - nant, Se - lonc voz diz. en chan - tant.
II IV
15
essire Guiz,molt me siet la partie, 43
tl essire Guiz, touz jors iert honorée
Mais dou moillor vos dirai mon semblant; La bone amors la ou ele est, por voir.
Que lëautez n'iert ja de moi partie, Moins trait de mal, qui toute a sa pansée
Encor la bei maintenir mon vivant. En la joie dont muevent tuit savoir.
Li desleax ne bien ne mal ne sent
20 Endormiz est en sa vil tricherie,
: La foie gent n'i puënt remenoir,
48 Ainz dit chascuns que tropatent, qui bée!
Si ne li chaut li quelx chiés voist devant, Fins amerres doit touz jors maintenir
Tort ou droit, Son cler vis
Quant il deçoit Et son douz ris,
Celui qui tot metroit Qui li est paradis,
25 Et cuer et cors en son comandement.
Dahait ait qui plus s'i fie!
Qui bien a et bien atent,
Dont atent joie honorée
Qui si fait apercevoir,
;
53 Si ne se doit pas puis de li doloir

Ja n'avra son cuer dolant. Tuit l'en doivent mal voloir

29
III
uens, je sai bien auques vostre pansée! 57
$ Gilon pri qu'il en die le voir,
Ne savez mie d'amors jusqu'a doloir. Qui a tort de la meslée
Toutes dolors sont vers celi rosée Ne qui s'en doie plus doloir,
Dame qui aime et ne puet joie avoir. Die le, por pès avoir!
Et je pri Deu qu'il vos face savoir
35 Quel mal cil sent qui ainme a recelée
A donc primes savrez vos bien, de voir,
; 61 — Sor dan Perron m'en met, a son voloir,
Qui dou vis resemble espée,
Qui nos face remenoir
Ce m'est vis,
Que mout est pris Et voir die a son pooir.
Cil qui ainme, et trait pis
40 Que li autres, qui guile et qui deçoit
Et a toute honor quitée.
Endroit moi, por nul avoir
Ne vuil avoir tel voloir
N° 59, folio 24b.
Chanson attribuée à Oace Brulé (Raynaud 1429)

- chanter me fait ce donc je crien mo


-
:
rir Lë aul a
-
-
mour et dou - ce de - sir - ré - é.
-
Si me merveil cornent puet a - ve - nir Que ma morz est la riens qu'ai plus a- mé e.

-à.
-, - - 1
Tant ai dou-çour en mon mal mainte-nir, Quant pis me fait Amors, et plus m'a - gré -e.

Dex!ver-rai ja la promesse -
a-ve - ré-e Dont fine A mours me de-voit en-ri-chir?

9
a II
promesse m'est tornée a faillir,
Qu'esperance s'en est de moi alée;
25
IV
ouce dame, por cui plain et sopir,
La plus vaillant qui soit de mere née,
S'ainsi la per, ne sai que devenir. De vos ne vuil, ne quier, ne doi partir,
Ahi !
dame, con dure destinée, Et por ce ai tote joie obliée.
13 Quant nul confort de vos ne puis oïr! 29 Tant finement vos ain et vos desir
Bien est m'amors esprise et alumée
Mout me poise quant vos dis ma pansée,
; Que ja sanz mort n'en sera mais ostée
Lagranzamours qui m'est ou cuer entrée
Quant por ce per, dont devroie joïr. Ne sai se ja la me voudra merir.

III V
It nonporquant ne s'en doit repantir, nques nen soi amer a repentir,
17
Por mal sentir, cil qui a servir bée.
33
Por ce avrai mainte poinne endurée
Que j'ai un cuer a Amor maintenir,
;
Assez vuil mieuz ceste poinne soffrir
C'un tot seul jor l'eusse entrobliée. Franc et lëaul, bele dame honorée !
21 Que si sovent recort, et a loisir, 37 Or doigne Dexqu'il vosvoingne a plaisir
Sa grant beauté, fine et fresche esmerée Que vostre amors fine me soit donée;
Qui si m'ocit coiement, a celée ; Qu'en la moillor doit bien estre trovée
La granz pitiez dont merciz doit venir.
Et jeu et chant por mon panser couvrir.

41
ar Deu! Noblet, la merciz comparée
Vaut mieuz assez et s'est plus savorée
Que dons qui est donez sanz desservir.
44 !
Par Deu Gilet, dou mont la plus loée
Envers celi est vilaine provée
Cui j'ai donney mon cuer sanz repantir.
N° 60,

10

19
on

N'en
-
-
j *-»11I
Qu'a mors

Por c'ai
folio 24d.

M'est pris ta - -

ques

$ant par
C'est
fail

:
-li
que voi fri - mer
- tre temps lanz

me

ne
de chan - ter,

II
mi sot bien grever
Ce que me detist aidier,
trop lëaulment amer
Q'aillors ne me soi vengier.
Dex la me lait oblier
15 Por estre hors de dongier.
Neporquant bien doi trover
Folie, quant je la quier
!
Ha las folors n'est ce mie


tort m'ociez, dolour,
III
Que point n'en deüsse avoir,
Mais cil qui trichent Amour
Et servent por decevoir.
De tant m'a fait Dex honor
24 Dont je li doi gré savoir:
Qu'ainz ne fu hore de jor
Que ne me feïst doloir
Ma douce dame enemie.
Ct)anson de

fait com pa

poi

a a- mi-e.

!
- -rer
en - du

;
-

!
rer
Oacc Brûlé

Les ar
Si

37

46
n'en

-
-

Ce c'on ques ne soi

A
bres et blan
e - us - se

Ce qui me fera morir


Qu'Amors n'aloit el
-

a - voir faus cuer le - gier

V
$a las! je pri a reblant
Mès qui me peüst trahir.
Mal bailli sunt li amant
42 Qu'en sa merci puet tenir.
De moi ne voi nul semblant
Cornent je m'en puisse issir,
Se pitiez ne m'en deslie.

moursvu et tot
VI

De moi grever acomplir.


Es max que m'estuet sosfrir.
A li m'outroi et cornant,
51 Que bien le me puet merir.
Hons qui ainme en repentant
Ne s'en puet au loinz joïr,
Se
-
(Raynaud 857)

choi - er
mes - tier

tn-chier,

;querant

son talant
Grant merveille est que j'ain tant,

d'ehur n'a grant ahie.


;

IV
28 ame, por le !
Creatour 54
cil
Guiot de Pontiax mant
Creez moi, car je di voir
Qu'en moi n'a tant de valour !
Que nuls ne puet trop servir.
Por Deu qu'il ne s'esmait mie
Qu'ele vos face savoir. 57 Gascos define son chant,
Sovent en sopir et plour, Qui touz jors vuet maintenir
33 Mais ne l'en doigne chaloir. Bone Amour sanz tricherie.
Mieuz me venist que douçour
Faillist, quant l'alai veoir,
Et beautez et cortoisie.
N° 61, folio 25b. Chanson de (0ace Brulé (Raynaud 1572)

SlËjhan-termeplaitquedejoie
est nor-riz, Mais per es - fort ne doitnunschan-çon fai-re,
Puis queso -laz -
est demoncuerpar-tiz, Poinne i cou vient, ainz qu'en li puist re trai-re, -

-
Mais cil qu'a mors et ta-lanzfaitchan-ter, De le - gier puet bo - ne chan-çon tro - ver, -

Ce que nuns hons ne fe - roit sanz a - mer.

8
e II
fine Amour s'est mes cuers esjoïz;
Onques n'ama cil qui s'en puet retraire.
22
IV
tles granz desirs ne doit estre periz
Par ce m'en garde raisons de mesfaire.
;

Li envious en font plaintes et criz Si l'amerai sanz proier, escondiz,


II Qu'ele ne vuet a son servise atraire. 25 Quant tant ne vail que je li doie plaire.
Mais de ma dame li doi je mercier, Dex, qui li vost tant de ses biens doner
Car nuit et jor me fait a li panser, Que je ne l'os a seiir esgarder,
Si ne me puet de riens tant honorer. Me doint joïr de si haut desirrer !

III V

15
uant je resgart son cors et j'oi ses diz 29
-» e ses valors ai en mon cuer escrit
Et voi son vis, toz li cuers m'en esclaire. Tant et de telx que je ne sai retraire.
Après en sui destroiz et esbahiz, Et, quant avient que je sui endormiz,
18 Quant je n'en puis de grant joie a chief traire 32 Solaz en ai com celui qui doit plaire.
?
Et je cornant quant n'os a li parler, Mès cruelment le m'estuet comparer
Ne n'os voloir qu'ele le daint panser, Au resvoillier, quant je ne puis trover
Tant me covient ses valors redouter ! Ce qu'en dormant m'estuet avisoner.

36
Renault, j'en sui legiers a conforter,
Car, se je muir por tel poinne endurer,
Plus vaut honors que mors ne puet grever.
N° 62, folio 25d.
Cl)anson de Œf)ibaut de Blason (Raynaud 1001)

——
Trop
çfehan
Quant

fu
-ter

- -.-
-
.-
rent cru
voi - sier suel,
et ren -
je pert ce qu'a - mer vuil,

- el
mi huil,

duil,
Or

T
m'es
Riens ne
- tuet plaindre et plo - rer;
m'i puet con-for - ter.

Quant il s'o - se - rent

Car for-ce
-

mi fait a - mer.
mos-trer.

Je plour et so - pir et

II IV

9
!pe !
dame, de vostre ami, 25
ouce dame, ce m'est vis,
Por Deu, preigne vos pitié ! Bien sai que por vos morrai.
Ne le metez en obli Plus m'a vostre amor sopris
Se de vos est esloignié. Q'oisiau qui est pris au broi.
13 Mescuersestpartizparmi, 29 Quant resgart vostre cler vis
Vostre en est l'une moitié, Que j'ain de [fin] cuer verai ;
l'autre, ce m'est vis
Si est ; Je cuit bien enragier vis,
Je sui vostres touz sougiez. Se n'avez merci de moi.

III V
ien me puis apercevoir gn ma chançon je vos pri
17
Que voir est ce que l'en dit:
33
Dame, plus ne vos demant
Ne metez pas en obli
:
Ce c'on a a son voloir
L'en le prise mout petit Moi qui vos ai amé tant.
Ce font certes enemi
21 Et, ce qu'en ne puet avoir, 37
Qu'en le tient a grant délit. Qui vos vont si delaiant.
Amors le m'a fait savoir, Dex doint qu'il soient honi
Qui m'a mis en son escrit. Ainz le soloil esconsant !
N° 63, folio 26a. Cf)anson de 0ace Brulé (Raynaud 565)

il -qui d'A - mors me con -


soil - le Que de li -
doi e par - tir,

Ne qui me res - Voil - le Ne quel sont mi grief so

--t-
set pas - pir.

Pe - tit a sen et - --
voi di e Cil qui me vuet chas •
toi er,

Ne n'a - -
vi-- ni-ce fo-li--e
- -r-

--.-.
onc ma en sa e. Si fait bien

1-
Qui s'en - tre - met dou mes - ---.-tier Dont il ne se set ai - dier.
II
II De
!
IIIa blanche et clere et vermoille, 31
IV
ovres cuers se desconsoille
vos sont tuit mi désir. Et lait de paour morir.
Car faites autel mervoille: Li viguerous s'aparoille
Droiture et raison faillir. A biau confort de garir.
Quant je vos vuil a amie, Dame, mais rien que je die
16 Droiz nou porroit outroier. 36 Ne me vaut, que je sorquier.
Se vostre grant cortoisie, Un petit de vilonnie,
De gentil douçour garnie, Enprise de felonie
Ne me doigne consoillier, Vos fait pitié desvoier ;
Mar vos oï tant prisier ! Mar vos vi, et ma mort quier.
III V
Zl ilui trop haut bée et esseille, 41
edanz troille moulteplie
Maint desconfort puet oïr! Toute preste de garir
Mès très grant Amor pareille Granz Amours fine et florie
Ce que li plait a saisir. Qui la doigneroit servir.
Sa très haute seignorie Mais l'amors qui n'est en joie
26 Fait monter et abaissier. 46 Ne puet cuers esleescier.
Douce dame, vostre ahie, Bien voi, se mors ne chastoie
Ceste qui m'a en baillie, Ma voluntez, m'enemie,
Puet bien conduire et haucier Ne puis mon biau tort laissier
Mon outrageus desirrier. Ne mon outrage changier.

51
iau Lorenz, félon, d'envie 57 Odin, cil cui Amors lie
Me firent joie esloignier. Est chëoiz en tel baillie
Mainte douce conpaignie Que nuns n'en puet deslïer,
Ont a lor tort departie, Se Pitiez n'i vient aidier.
A mentir et a trichier,
Et riens ne s'en puet vangier.
N° 64, folio 26e. Chanson arefrain du châtelain de Couct) (Raynaud 1010)

o - ment que Ion - gue de - mo - re Ai - e fai - te de chan - ter,

Or est bien rai-sons et ho - re Que me doi - e re - tor - ner.

Qu'a - mours me fait ob li - er L'en nui que lonc tans m'a mort,
- -

Et don - ne no - vel de - port. Be - le, por cui chant et de - port : Mer - ci 1

9
pertes,
II
dame mout s'onore
Qui cortois est contre tort ; 25
a IV
merciz m'est si obscure
Que je ne la puis veoir.
Que de cruël au desore Que tant desir sa faiture
N'oï dire bon confort. Et sa meniere a savoir
13 Et puis amors que je port 29 Que je cuit, au mien espoir,

III
Me fait plus que moi amer, Qu'entre biauté et merci
Et vos, por Deu, doit membrer Se sont dessamblé por mi,
Qu'en gentil cuer doit on trover Quant en vos, dame, n'ai trové
Merci. Merci.

17
n perillouse aventure
M'avez, Amors, atorné.
33
V
$:ranz pechiez est et granz poinne
D'Amors servir hautement,
Quant por vos n'a de moi cure Si con la fausse gent vainne
Cele a cui m'avez doné. Qui font semblant sanz talant.
21 Morz me sui par vostre gré, 37 Et Dex, por que lor consent?
Mès honte i avrez, por voir, Qu'il sevent si bien mentir,
Se ne la faites doloir Et je qui ain a morir,
Tant que encor [me] doint avoir
Merci.
Ne sai c'un [mot], tant la désir
[Merci.]
:
VI
41
tlout fait l'Amours que vilainne
Qui comence por faillir.
Que plus que mors est grevainne
Quant il vient au départir.
45 Mieuz ne puet ele trahir
Celui ou ele se prent ;

!!
Roi en fait, et puis, néant.
He dame quant a vos me rent :
Merci
N° 65, folio 27a.
Chanson attribuée à (5ace Brulé (Raynaud 1463)

i i
i^hançon de plains et de sopirs
Et de veillier et de plorer
17 Sas !
III
quel consoil de moi prendrai,
Qui toz sui siens sanz nul retor?
Me covient faire sanz mentir, Ne ja autrui ne servirai
Que mençonge n'i cuit trover. Fors la plus bele et la moillor
5 [Je] ne sai mais quel part aler,
N'ou remenoir, ne ou foïr,
21 Que Dex ait en tote s'onour
Tout est soz li, quanque je voi.
;
Puis que la riens que tant desir Mais bien parra que je foloi,
Ne vuet vers moi son cuer torner. Quant ne puis venir a s'amor.

II IV
9
lien
voi qu'il me covient morir, 25
€'estmerveille se je m'esmai,
Quant je ne puis merci trover Qu'assez ai ire et dolors.
La ou cuidoie, sanz faillir, Si vient ma joie a grant délai,
Tote ma joie recovrer. Qu'a poinne cuit avoir secors.
13 Quanqu'il couvient en bien amer 29 Faus losangier et tricheor,
Ai mis en li, sanz repantir, Vos m'avez mort, ne sai por quoi,
Mais n'en puis ma dolor covrir
Trop la me fait Amours mostrer.
; Quant de celi por cui morrai
Ne serai mais amez nul jor.

N° 66, folio 27b. Cfyanson anont)me (Raynaud 867)

i
1

~S ontre le froit tans d'yver qui fraint pluie, 17 III


ame, en esmai vos sert cist las et prie
Que fuille et flour voi mout descolorer, Qui envers vos ne puet merci trover.
Li plus dou mont laisse joie et oblie, Quant conquis sui, honor n'i avez mie
Et je sui cil qui ne puis oblier ! De me faire plus mal, ne de grever.
5 Touz jors ai remembrance 21 Car nule desfendance
Vers fine Amor qui m'aprent a chanter, N'a en[vers] vos fors [que] merci crier.
[Et] Vers celi cui n'os dire ma pesance Humilitez est m'espée et ma lance ;
Ne mon voloir autrement demostrer. Qu'Amors n'est prouz c'on conquiert par mesler.

II 1~
t, s'el[e] me faut, que de li n'aie ahie,
(Ir, 25^ens, pris, biautez, valour et cortoisie
9
Je sai mout bien cui je doi plus blasmer
Mon cuer, mes eux qui firent la folie
: A plus en vos que l'en n'i puet loer,
Par que mes cuers, dame, m'ocit d'envie
Et qui en si haut lieu m'ont fait baër. Et si ne prent en vos fors que panser.
13 Mais sa douce semblance, 29 Mais la bone esperance
Mi par plait tant, quant la puis resgarder ! Dont joie aten, me fait en joie ester,
Quant je la voi, s'ai plus que rois de France Qu'ele set bien que vos avez poissance,
Et, quant m'en part, cist geus torne a plorer. Quant vos plaira, de ces max restorer.
N° 67, folio 27d,
ClJanson de Blondel de nesles (Raynaud 1007)

..,.-.-
ffeo ment
1
-
que d'A mors me dueil-le,
Et que je ma do - lor vuil - le.
Bien est droiz que je en chant(
Puis qu'e - le me fait sen - blant
1

#-#-
Qu'a son ho me re - cuil - le,
-
Si dou - ce - ment de - ce - vant,
- me

-le -le;

II
vaut plus qu'e ne suil

---,+-, --,
D'ex et de bou - che ri - ant Me

Ce me fait es - tre joi - - ant Et en ma joi - e dou - tant.

Wais je crien qu'autres recuille


recuibe
11
Ce donc je vos vois batant.
Mais n'est droiz qu'autres l'acuille,
Que nuns hons ne l'ainme tant.
15 Las, Amors, puis qu'el s'orguille,
Ne quiert pas lëaul amant,
Ainz chiet en desesperant,

19 La ou vanz la va menant
Ce me fait estre pensant.
;
Autresi conme la fuille
N° 68, folio 28a. Chanson de femme, (Raynaud 21)
celatioe a la croisade de 1189, de (Buiot de Dijon

13
e II
ce sui au cuer dolante
Que cil n'est en Biauvoisis
37
e IV
ce fui je deceüe
En cui j'a mise m'entente
16 Or n'en ai ne jeu ne ris.
: Quant ne fui au comvoier.
Sa chemise qu'ot vestue
40 M'envoia por embracier.
S'il est beax, et je sui gente, La nuit, quant s'amors m'argue,
Sire, por quoi le feïs? La met avec moi couchier
19 Quant l'un a l'autre atalante, 43 Mout estroit a ma char nue
Por que nos en departiz? Por mes maus asoagier.
Dex, quant. Dex, [quant].
25
III
Coffrerai en tel estaige
Tant qou voie repasser.
49
e V
ce fui en bone entente
Quant je son homaige pris.
Il est en pelerinage, Quant l'aleinne douce vante
28 Mout aten son retorner. 52 Qui vient dou tres douz païs
Car au gré de mon lignage Ou cil est qui m'atalante,
Ne quier achoison trover
31 D'autrui faire mariage ; Volentiers i tor mon vis ;
55 Lors m'estuet que je la sente
Mout est fox qu'en vuet parler. Par desoz mon mantel gris.
Dex, [quant]. Dex, quant crieront.
N° 69, foiio 28b.
Chansonnette à refrain anonpme (Raynaud 132)

II V
ame, de grant bonté ploinne, 37
ce ne desdi je mie
10 Que ceste amors ne m'ocit,
La plus bele et la moillor,
Que ja nul jor de ma vie
Bien avroit sauvé sa poinne
Ne me soit de mal petit.
En longue atente d'amor ahie
estrainne 41 Tant m'atent en bonne
14 Cui vos en donrez Et en ce qu'ele m'aït
D'un soul baisier par amours
Ou d'acoler.
Mire amener.
Amors. Amors.

19
1 n'est III
chaitis qui ne quiere
n'avroit mestier.
Ce dont il
46 a VI
tres douce chiere amie,
Quant autre gent jeue et rit,
Las, j'ai quis en tel meniere
Et vos chaitis muert d'envie,
Qui n'a joie ne delit :
M'ire et mon grant encombrier. trahie
50 Mout m'avroit Amors
23 Se je n'ai ma dame chiere, S'ele m'ocioit ce dit,
Tot me covendra laissier
Joie et chanter. Sanz plus doner.
Amors. Amors.
VII
IV
ame, $a, chançonete, a ma dame
28 por gent losangiere 55
Ne doit bone amors changier. Iras tu en son pais,
Mais entendez ma proiere
Di li qu'estaigne la flamme
Soulement d'un douz baisier. Dou feu qu'enz ou cuer m'a mis.
59 Se ce non, envoit pour
l'ame
32 Amors proi que bien requiere, Dou chaitif cors qui fenist,
Ne par autre messaigier
Ne l'os mander. Sanz plus durer.
Amors. Amors ne mi lait.
N° 70, folio 28d.
Chansonnette attribuéeà <0autiec d'Epinal (Raynaud 590)

fo-men
- ce - menz de dou - ce sai - son be - le Que je voi re - ve - nir,

Re - mem - bran - ce d'a-mors qui me ra - pe - le, Dont je ne puis par - tir,

Et la - mau - viz qui co - mence a ten - tir, Etlidouzsondouruis-seldegra ve - -le

Que je voi es - clar - cir, Me font re - so - ve - nir De la ou tuit mi bon de - sir

Sont.et -
se ront jusqu' - au fe - nir.

II IV
4pouz
tans m'est plus amours fresche et novele, 31^S>e li ennuiz de la gent malparliere
11
Quant recort a loisir Ne me feïst doloir,
Ses heuz, son vis de joie sautele, Bien eüsse joie fine et entiere
Son aler, son venir, D'esgarder, de veoir.
15 Son biau parler et son gent contenir, 35 Mais, ce que n'os por aus rementevoir,
Son douz resgart qui vient d'une estancele Conoissiez, bele, au vis et a la chiere
Mon cuer ou cors ferir Que je n'ox mon voloir
18 Sanz garde de morir. 38 Dire por percevoir.
Et, quant je plus plain et sopir, Mais bone dame doit savoir
Plus sui joious et plus m'ahir. Conoissance et merci avoir.

21
Jjëaus Amors et et droituriere
III
fine 41
ios V
merci je, ma douce dame chiere,
M'a si a son voloir Quant vos doigniez voloir
Que ne m'en puis partir ne traire arriere Et qu'il vos plait a oïr ma proiere
Ne je n'en ai pooir. Ensi com je l'espoir.
25 N'est pas amors dont on se puet movoir, 45 Mais, se pitiez me pooit escheoir,
Ne cil amis qui en nule meniere Granz fust ma joie et poinne legiere
La bée a decevoir; Sanz point de mescheoir.
28 Dont fais je bien savoir 48 Mais mout me fait bien [paroir]
Qu'ensamble covient remenoir, Amors qu'ele vos trait a oir
Moi et Amors, par estovoir. De moi faire vostre voloir.

51
4' hançonete,
por voir,
A cele qui tant seit valoir
Te feras en Flandres savoir.
54 Phelippe, a mon pooir
Pri Amors que vos lait veoir
Ce que fins amanz doit avoir.
N°71, folio 29b.
Chanson du roi de îlaoarre (Raynaud 1880)

os-tume est
Car nu -le
bien, quant on tient un pri - son, C'on ne le vuet o - ïr ne es - cou ter
rien ne fait tant cuer fe - Ion Con grant po - oir, qui mal en vuet u - ser.
- ;

Pour ce, da - me, de moi m'es -tuet dou - ter, Car je n'i os par-1er de ra-en - çon.

N'estre os-tai -
giez, s'en be - le gui -se non. A -vec tout ce ne puis je -
es cha - per.

9
II
D 'une chose ai au cuer grant sopeçon,
Et c'est la rien qui plus mi fait douter : 17 e ma dame ne vuet amer nuilui,
Moi ne autrui, cinq cent merciz l'en rent ;
13
Que tant de genz li vont tuit d'environ.
Je sai de voir que c'est por moi grever
Adès dient : « Dame, on vos vuet guiler,
;
21
Qu'assez i a d'autres que je ne sui
Qui la prient de fax cuer baudement
Et baudise fait gaaignier sovant.
;
Ja par amors n'amera riches hons. » Mais ne sai riens, quant je devant li sui,
[Mais il mentent, li traitor félon!]
Car, qui plus a, mieuz doit amors garder. :
Tant ai de mal et de poinne et d'ennui
Quant me covient dire « A Deu vos cornant! »

IV
25
fos savez bien c'on ne conoist en lui
c'on conoist en autre plainnement.
Ce
Ma grant folie onques je ne conui,
Tant ai amé de fin cuer lëaument.
29 Mais une riens mi fait alegement :
Qu'en esperance ai un pou de refui.
Li oiselez se va ferir ou glu,
Quant il ne puet trover autre garant.
N° 72, folio 29d. Chanson anonyme (Raynaud 1901)

N° 73,folio 29d. Chanson anonpme (Raynaud 1922)

(on-forz me prie et se - mont Que je jeue et chant, Et granz es - maiz

me res - pont As - sez au - tre - ment; Car trop vie - nent de par -
font

Li mal des-troin-gnant Dont ma da me me con - - font. Et plus l'aing que

rien doumont, Ne n'en trai ga - rant Fors Deu et li sou - le - ment


II III
il uant je remir son chief blonc, 21
ien voi ja n'iert achevey
Si cler, si luisant, Ce que je plus vuil,
Son vis, sa bouche et son fronc, Si m'en truis desesperez
Tout si tres plaisant, Plus que je ne sueil.
15 Par pou li cuers ne me font 25 Tant en plour en receley
En li desirrant. Que sovant m'en moil.
Et mi fin resgart, quel sunt ! Ce m'eûst petit grevé,
18 N'os lever mon vis amont 28 Se j'eusse seürté
En li resgardant, D'un soul douz acueil
Que mes cuers n'aille faillant. De braz ou de boche ou d'ueil.
N° 74, folio 30a.
Chanson de Guillaume le Dinier (Raynaud 1143)

N°75,folio 308.
Cl)anson anonyme (Raynaud 2123)

10
$mis et druz
II

Puet lire a son talant,


19
r III
vos dirai
Cornent mes cuers l'emprent
Jel'amerai,
:

Mais il n'est nuns


Qui l'aint si lëaument ; Ne puet estre autrement
23 Et soffrerai
14 Car je l'aim plus
Qu'Aude n'ama Rolant ; A griés max mon tonnent.
Quant pis avrai,
Ainz Narcisus,
Tristanz ne Piramus Dame, plus amerai ;
A vos me rent.
N'amerent tant.
N° 76, folio 30e.
Chanson anonpme (Raynaud 398)

o-ment qu'A
A - mer me
- mors me des-troingneettra-vaut/Sï ne puis je sonvo-loirre-fu - ser. ïj
fait et mon - ter si tres haut Qu'agrantpoinne osmonpe-ril res-gar-der.

Or ne mont plus ne ne puis a - va - ter En - si mor - rai, se pi - tiez me de - faut.

-
S'A mours m'o - cit, de tel mort ne me chaut, Quefinscuers doit bo-ne fin des-sir-rer.

II IV
9^e vi ma mort en drap d'or sor blïaut 25
ouce dame, je me conforterai
Sitres bele con nuns puet deviser. En voz granz biens qui croissent a foison
Lors me livra Amors un tel essaut On doittrover en gentil çuerverai
Qu'en resgardant me veinqui sanz parler. Douce merci mieuz qu'en dire raison.
29 Je ne requier, dame, se merci non.
13 Amors me vint par mi le cuer navrer
D'un douz resgart a son arc qui ne faut. ! !
Hé las dolanz, chaitis quel paor ai
Force ne sens contre Amour rien ne vaut
?
; Qu'esperance ne me tort a delai
Et que pitiez ne perde sa saison !
Et je cornent m'en peüsse garder
III V
17ame, vers vos ja ne me garderai. 33
mors, merci, autre confort n'atent,
Pris et lïez sui en vostre prison. Que sanz merci ne puis a bien venir.
De ce sui liez qu'a tel honor morrai, Douce merciz qui de pitié descent
Que bele mors n'iert ja sanz guierredon ; Doit de deus cuers faire un seul devenir
Et doit ses biens par pitié départir,
21 Ne ma dolors n'a autre garison. 37
Dame, dès lors que je vos acointai, Et pitiez doit raison veincre sovent.
Et cuer et cors et vie et quanque j'ai Douce dame, merci, a vos me rent :
Vos ai donné et mis en abandon. Si vos vuille de pitié sovenir.

41
-It je pri Deu, s'a merci doi faillir,
Qu'il ne me lait ja vivre longuement.
Morz n'est pas malx, mais est fins de torment ;
Mais dolors est de vivre pour languir.
"ru--
N° 77,

Dont ja

18

22

26
folio 318.

(6hascuns qui

mieuz a lo -

ne
Débat

de bien a

rîffifriffffiffi[/iftriffpri
Ne ou moins non. Li uns dit et

er Dame a ba

Que que nuns i ait

par

Il
-
-
tro
à refrain

Chascuns a droite a-choi - son S'il ju - ge

ti - rai

elui puet on escuser


De mesprison
Qui egaument vuet donner
Selonc son bon.
Por ce vuil par droit mostrer
Et sanz tençon
Que jone dame a loer
A plus haut don
Qu'a la pucele panser
N'i a fors le non.
Mais dame rent guierredon,
Et pucele est tost chanjanz
Et sanz bonté.
-

mon

;
de Richard de Soucnioal

mer Cui-de a-voir non Ne set ou moins a

vu-et pro-ver, Et par rai

35

43
-

a
-

III
(Raynaud 759)

ron Que pu - ce - le, pour a - mer. Mais je di que non.

:
vei J'ai
le jeu a bon Qu'a(i) es - pro - vé.

mis mon cuer en jo

gré.
- ne da-moi -
d'a

dame blamer ne quier,


Lines'amor

Au chief dou tor


Ce qu'il i a parcenier
Et nuit et jor.
Mais qui pucele acointier
Seit de grant valour,
Je di qu'il fait le moillor.
Qui simple et coie et taisant
La puet trover,
;
-mer

son, Qu'as-sez fait

[se] - le

Com plus l'estuet covoitier,


Plus a savour.
39 Auques m'en fait esloingnier
----

48 Mout s'i doit bien acorder.


31 J'en ai mon voloir osté.
S'ai mis mon cuer Li noviaus tans
En jone dame et bele Dou tout me renovele
Dont ja ne partirai mon gré. A vaillant damoisele amer.
IV V
52
ucele fait a prisier, 69 hascuns dit d'amors son bon
Bien m'i assent, Et son talant,

56
Trop longuement ;
Mais ele me fait proier

Ne ne s'i puet nuls fier


Mais pucele a plus douz non,
Car adès rent
Miel et roses a foison,
73
Certeinnement, Qui près la sent;
Et, ce que vuet outroier, Mais dame, de tel poison
Change sovant. N'a mais néant.
60 Mès dame ainme sanz trichier 77 Por ce di, et par raison
Et bien tient covent. Que, tot ausiment
Pucele est archez a vent, Con novele flor d'ayglant
Tot adés son baisier vent
Bien l'ai provey,
; Et la prime voire rent
Plus de bonté,
65 Car sovent m'a escové. 82 A pucele sormonté.
Por ce ain je mieuz Por quoi j'ai mis
La jone dame et bele Mon cuer en la pucele
Dont ja ne partirai mon grei. Dont ja ne partirai mon gré.

VI
86 es dous jeus m'estuet fenir
Le jugement.
Bele dame a maintenir
Plait voirement.
90 Mais ce c'on n'i puet venir
Sans parlement
Me fait d'autre part tenir.
Au finement
94 Vuil a mon oés retenir
Touse de jovent.
Plus la voi, plus l'atalant,
Bien li ai mon mautalant
Tout pardoné.
99 Tel jugement ai doné
C'on doit touz jors
:
Mieuz amer la pucele -
Dont ja ne partirai mon gré.
N° 78, folio 31d.
Chanson anonpme (Raynaud 889)

hascun an voi le re-no-ve-ler Et cesprë-auxco-vrird'er-beet de flour,


tans
Et ces oiseaux jo-li-e-ment chanter; Que tou-te riens se re-trait a dou-çour,

Fors que mes cuers, qu'est touz jorsendo-lor Por la be -


le qui de moi n'a ta-lant;

J'a - tent au -
si con li Bre - tons a -
tent.

II III
8 ln bien servir et lëaument amer 15
ien me feroit de joie coroner
Me maintendrai sanz repentir nul jor. Dex, s'il voloit qu'eusse tant d'onour
Cornent qu'il soit d'en li merci trover, Que ma dame me doignast resgarder
il Je l'amerai, qu'ou monde n'a moillor. 18 D'un soul resgart qui tornast a amor.
Servie l'ai lonc tans a tel dolor ! Ensi porroit alegier ma dolor,
C'onques de li ne oi un biau semblant
Vers moi la truis plus dure qu'aymant.
; Car de li muet li douz mausqueje sent
Bien ait l'Amors qu'avoir le me consent
;!
IV
22
*out autresi com li poissons de mer
Qui sanz aigue ne se puet garantir,
Ne puet mes cuers sanz ma dame durer.
25 Ja n'aie je talant dou repentir !
En sa prison me plait vivre et languir;
Mieuz aing ainsi estre en li desirrant
Que de nule autre eüsse mon talant.

29
! bone Amors, car li faites sentir
iîfié
De toz mes maus le moindre, por itant
Qu'ele peüst conoistre mon torment!
N° 79, folio 32b.
Débat anonpme (Raynaud 1775)

1ar me con - soil - liez, Je - han, se Dex vous voi Mès, se Dex me doint ho - nor et
On me met sus qu'a com-paign je
-
D'un che - val que vos vë- is - tes que j'a
J'i
- voi
- e,
- e.
a - voi - e,

m'en-voit joi-e. On - ques ne l'i a - cuil-li. Si en est il tou-te voi - e, Con-ment qu'il en soit, sai-siz.

II III
8
ehan, vos véïstes bien que jou tenoie 15
cj;t
car me dites, Jehan de la Tornele,
En pès et que nuit et jor le chevauchoie. Li chevax n'est pas itex con on l'apele,
Or l'a par sa force pris et le me noie. N'il n'est gascons, n'espanois, ne de Castele,
il Mais je croi bien qu'ille me rende et recroie, 18 N'il n'a cure d'esperons a grant roële,
Se tu li mostres et diz [Mais d'escorgies granz copx ;]
Qu'il n'est nuns qui bien ne voie Et si n'est fointiz ne mox,
Qu'a si riche home est petitz. Ainz porte conme nacele
Qui sovant le fiert des grocs.
N° 80, folio 32e.
Chansonattribuéeauroidenaoarre (Raynaud 1516)

-
f||a me ciz vos -tre fins a--mis, Qui tout son cuer a en vos mis,

De vos a -mer est si so - pris Que de jor et de nuit est pris,

Vos man - de que sai -


chiez de voir Qu'il vos ain - me sanz de -
;
ce - voir

En vos a - mer n'a pas mes - - pris.

II IV
8 ame, quant de vos me sovient, 22
nques nuns ne vos ama tant
Une tel [joie] au cuer m'en vient Con je fais, qui touz jors entent
Qu'Amors me lace, qui me tient. A vos servir veraiement.
II Vostre douz regarz me soustient, 25 Por ce sont perdu li amant,
Qui soëf m'a le cuer emblé ; Que trop lor faites acheter
Et sovent me ra il semblé
Que de vos tote joie vient. !
Ce dont il devroient chanter.
Dex si faites pechié trop grant.

III V
15
mors, aiez de moi merci, 29
ame, !
merci merci cent foiz !
Faites joiant ;
Que mon cuer, qui n'est mie ci,
et proiez li
18 Que il li soveingne de mi.
Pitié vos preigne a ceste foiz
De moi, qui sui ensi destroiz
32 Por vos, c'or sui chauz or sui froiz,
Mais certes vos n'en ferez rien, Or chant, or plor [et] or sopir.
Que je vos ain sor tote rien Je cornant a vos mon espir,
Por ce, sou metez en obli. Ne sai se merci en avrez.
-
N° 81, folio 32d. Cfyanson CI refrain, du roi de îlaocirre (Raynaud 1467)

c ma da
me sou - ve - nir
-
Qui me fait joi-ant mo -rir, Fait A
Si la
- mors
truis
lié
vers
mon co - rai - - ge,
moi sau -vai--ge.
La be - leque tant de - - sir Fe - ra de moi son plai - - sir,

Que touz sui siens sanz fau ser.


- Nuns ne puet trop
a- -
--
che ter

.---
Les biens qu'A - mors puet do - - ner.

II
10
ele et bone, a vos servir
Vuil estre tout mon aaige ; 28 t IV
f; qui cestes granz valors
Recorderoit? Toute voie
Si sui vostres sanz faillir Est ele sor les moillors.
De bon cuer et de coraige
Car me doigniez retenir
: ! Qu'adès m'estuet que la voie
14 32 Et que sa fresche colour
Amors, par vostre plaisir
Faites li de moi membrer
Nus ne puet.
! Soit en mon cuer mire ors.
Dex ! con s'i fait biau mirer !
Nuns ne
III V
fpne costume Amors $tandre m'estuet
19 a
Qui ami forment guerroie : 37
Si m'est vis que je foloie.
ainsi,
Plaire li fait ses dolors,
; Ja n'i cuit trover merci !
Ce me semble,
23 Que nuns biens ne
por lamoie
puet d'aillors
!
Si ferai
Qu'en
voir, toute
dame
voie !
41 ma trop me fi,
Venir fors dou haut secors Ne je n'ai pas desservi
Qu'en li me doint Dex trover. Qu'ele mi doie grever.
Nuns. Nuns.
46 hançon, va t'en tost et di
A Blazon, a mon ami,
Que il te face chanter !
N° 82, folio 33a. Cl)ansortdu roi de naoarre (Raynaud 714)

-. G
ou -ce da - me, tout au - tre pan - se-ment, Quant pans a vos, o bli en mon co ra
- - ge.
Dès que vos vi des hieuzpre-mie re ment, Ainz puis A-mors ne - fut de moi sau - va - ge, - -

-
Ain çoism'a plus tra-vail -
lié que de-vant. Porce voi bien que guier-re - don [n']a - tent

Qui m'as-so - a - ge, Fors seul de vos [re]-mi - rer Des hieuz dou cuer en pen - ser.

10
II
.e je ne puis vers vos aler sovent,
Ne vos poist pas, bele, cortoise et saige ;
28 i IV
granz biautez com s'i sot acointier
Ou cortois sen qui son gent cors maistroie,
Que je me dout forment de male gent Ja li fist Dex por faire mervoillier
Qui, devinant, avront fait maint domaige. Touz cés a cui ele vuet faire joie.
14 Et, se je fais d'aillors amer semblant,
Saicliiez que c'est sanz cuer et sanz talant,
S'en soiez sage ;
:
32 Nul outraige, dame, je ne vos quier,
Fors soul itant que doignissiez cuidier
Que vostres soie ;
Et, s'il vos devoit peser, Mout me seroit granz secors
Je lairoie ençois ester. Et esperance d'amors.

III V
anz
(S
vos ne puis, dame,
d ne je ne quier, 37
EDeinz
rien ne vi en li, ne m'ait navré
19
Ne ja d'autrui Dex ne me doint mès joie ! D'un parfont cop a si tres douce lance :
Car j'ain mout mieuz estre en vostre dongier Front, boche et nez, eulz, vis bien coloré,
Que soffrir bien autre mal, se l'avoie. Mains, chief et cors et bele contenance.
23 Ha !
si bel huil riant a l'acointier
Mi firent si mon corage changier ; 41 Ma douce dame, et quant vos reverrez
Mes enemis qui si fort m'ont grevé

Blasmer et despire Amors


Or en sent mortex dolors.
:
Que je soloie Par lor poissance,
Ainz mais nuns hons ne fu vis
[Qui] tant amast ses enemis.

hançon,
46 va t'en a celi que bien sei
Et si li di por paor ai chantei
Et en dotance ;
Mais droiz est que fins amis
Soit a sa dame ententis.
N° 83,

e
v Ç;1 folio 33e. Chanson

grant joi - e me sui touz es me - iiz.


Dès que ma da- me m'a man-dé sa - luz,
-
du roi de naDarre (Raynaud 2126)

Et mon vo-loir qui mon fin cuer es - clai re


je ne me puis ne doi de chan-ter tai -re !
-

- -.
De ce pre - sent doi je

Fi ne beau - - -sie
té, cor toi
es -

et vail
tre si liez

-lan -ce,
Con de

Por ce
ce - li qui a,

iai mis tou-te


,
bien le sai - chiez,

-
m'es pe - ran-ce.
9
ame, por Deu ! ne soie deceiiz 25
v IV
uns qui ainme ne se doit esmaier
De vos amer, car ne m'en puis retraire. Se fine Amors le destroint et maistroie.
De touz amis sui li
plus esleüz, Car, qui atent si precïous loier,
Mais ne vos os descovrir mon afaire. Il n'est pas droiz que d'amer se recroie ;
13 Tant vos redot forment a corroder 29 Car, qui plus sert, plus en doit avoir gré.
C'onques vers vos n'osai puis envoier; Et je me fi tant en sa grant beauté,
Que, se de vos eüsse en atendance Qui des autres se dessoivre et devise,
Mauvais respons, morz fusse sanz dotance. Que il me plait a estre en son servise.

III V

17
nques
ne soi decevoir ne trichier, 33
-I?es
eux dou cuer, dame, ne puis veoir,
Ne ja por rien aprendre nou voudroie Car trop sunt loingz li mien huil de ma chiere,
Envers celi qui ne puet avancier. Qui tant m'ont fait por vos pansée avoir.
Faire et desfaire et doner bien et joie, Dès celui jor que je vos vi premiere,
21 Tout c'est en li et en sa volenté. 37 De vos veoir ai volunté plus grant.
Dex ! s'el savoit mon çuer et mon pensey
Je sai de voir que j'avroie conquise,
! Par ma chançon vos envoi un present
Mon cuer et moi et toute ma pansée ; :
Douce dame, ce que mes cuers plus prise. Recevez le, dame, s'il vos agrée.

41
ame, de vos sont, [tuit] mi pansement,
Et a vos sui remés a mon vivant.
Por Deu vos pri, se mes fins cuers i bée,
Ma volentez ne soit trop comparée !
N° 84, folio 34b. Qanson de croisade (Raynaud 757)
du roi de naoarre, relatioe a la croisade de 1239

ame, en-sinc est qu'il m'en co-Vienta-ler Et de-par-tir de ladou-ce


con-tré-ei
-Ou tant ai malx sof ferz et en-du-rez. Quant je vos lais, droiz est que je m'en hë-e.f
-

Dex ! por quoi fu la ter - re d'Ou-tre - mer, Qui tant a-mant a-vra fait des-se - vrer,

Donc puis ne fu Amours re-con-for - té - e, Ne n'en por - ront lor joi -e re-mem-brer ?

II IV
ijfa sanz amor ne porroie durer, eau sire Dex, versvosmesuiguenchiz;
9
Tant par i truis fermement ma pansée
Ne mes fins cuers ne m'en
;
lait retomer,
25
Tot las por vos ce que je tant amoie.
Li guierredons en doit estre floriz,
Ainz pans a li, la ou il va et bée. Quant por vos per et mon cuer et ma joie.
13 Trop ai apris durement a amer, 29 De vos servir sui toz prez et garniz ;
Por ce ne voi cornent puisse durer A vos me rent, beau Pere Jhesucriz.
Sanz joie avoir de la plus desirrée
C'onques nuns hons osast merci crier.
Si bon seignor avoir je ne porroie
Cil qui vos sert ne puet estre esbahiz.
;
III V
17
ene voi pas, quant de li fui partiz, 33
11 ien doit :
mes cuers estre liez et dolanz
Que puisse avoir bien ne solaz ne joie, Dolanz de ce que je part de ma dame
Car onques riens si ne fis a enviz Et liez de ce que je sui desirranz
Con vos lessier, se je jamès vos voie ; De servir Deu qui est mes cuers et m'ame
21 Trop par en sui dolanz et esbahiz. 37 Iceste amors est trop fine et poissanz,
Par maintes foiz m'en serai repantiz, Par la covient venir les plus saichanz ;
Quant j'onques vos aler en ceste voie C'est li rubiz, l'esmeraude et la jame
Et je recort voz debonaires diz. Qui touz garit les viez pechiez puanz.

41
ame des ciels et Roïne poissanz,
Au grant besoing me soyez secorant !
De vos amer puisseavoirdroite flamme !
Quant dame per, Dame me soit aidanz !
N° 85, folio 34d. Cbanson du roi de Hacarre (Raynaud 808)

9 e II
je peiisse oblier
Sa beauté et ses bons diz
25 ame,
IV
qui a grant paor,
Sovent l'estuet esbahir
Et son tres douz esgarder, Et panser a tel folour
Bien peüsse estre gariz ; Dont je ne me puis tenir.
13 Mais n'en puis mon cuer oster, 29 S'il est a vostre plesir,
[Tant i pens de fin corage] S'iert bien ma poinne sauvée
Espoir si fait grant folage, Que soul de la desirée
Mais moi l'estuet endurer. Me fait mon cuer esbaudir.

III V
17
hascuns dit qu'il muert d'amor, f{uns ne puet grant joie avoir,
33
Mais je n'en quier ja morir S'il ne ra des maus apris.
Mieuz ain soffrir ma dolor,
Vivre et atendre et languir
Qu'ele me puet bien merir
; Qui touz jors fait son voloir
A poinnes iert fins amis.
21 37 Por ce fait Amors doloir,
Mes maus et ma conserrée. Qu'il vuet le guierredon rendre
N'ainme pas a droit qui bée Cés qui bien sevent atendre
Qu'il en porroit avenir. Et servir a son voloir.

41
ame, de tout mon pooir
M'outroi a vos sanz contendre,
Que sanz vos ne me puet rendre
Nuns biens ne ne puet valoir.
N° 86, folio 35a.
Cl)ansondu roi de naoacre (Raynaud 275)

II IV
1.ins amis obedianz, 22
"*uanque il. vos est avis,
8
Vuil a ma dame encliner. Dame, me semble raison,
Je ne puis estre dolanz, Si m'a vostre amour sopris
oi de li parler. 25 Et vostre plaisant façon,
II Quant je Et beautez a tel foison
Tant me plait a remembrer
Que de touz max m'est garanz QuiNresprent a vostre vis
Sa beautez a recorder. Dès les piez en jusque enson.

15
III
$.mors, quant vos m'avez mis 29
e V
de vos peüsse avoir,
Dame, un pou plus beau semblant,
Lije en vostre prison,
Je ne savroie voloir
Mieuz ameroie estre ocis
18 Que j'eusse reançon. 32 Querre Deu merci si grant ;
Tex max est bien sanz raison Que de joie avroie tant
Qui me plait, quant me fait pis, Que tuit autre home, por voir,
Ne ja n'en quier garison. Seroient vers moi dolant.

36 ame, ou toz mes biens atent,


Saichiez, quant vos puis veoir,
Nuns n'a si joioux torment.
N° 87, folio 35b.
Cbanson du roi denaoarre (Raynaud 1727)

a-me,l'en dit que l'en meurt bien de joi-e. Je l'ai dou -té, mais ce fu por- ;
ne ant
Que -
je cul dai,s'en-tre voz braz es-toi- e,
Que je fus -se en-quijoi-ou-se-ment.

Si dou - ce morz fust bien a mon ta - lant, Carlado - lors d'A-morsquimeguer-roi - e

Par est si granz que de mo-nr m'es -froi - e.

8 IL
Dex me donne ice que li queroie,
Ce me retient a morir soulement.
Que raisons est, se je por li moroie,
22
dpres
•J*-.
IV.
granz amors ne puet partir ne fraindre,
Se n'est en cuer de felon losangier,
Faus, guileor, qu'a mentir et a f(r)aindre
II Qu'ele en eüst por moi son cuer dolant : 25 Font les lëaus de lor joie esloignier.

III.
Et je me doi garder a esciant Mès ma dame set bien, au mien cuidier,
De corrocier li, qu'estre ne voudroie A ses douz moz cointes si desateindre.
En Paradis, se ele n'estoit moie. Que i conoist ce qui la fait destroindre.

V.

15 ex nos promet que, qui porra ataindre


(SL~
29
je je puis tant vivre que il li chaille,
18
A Paradis,
;
qu'il porra sohaidier
Quanqu'il voudra ja puis nel'estuet plaindre,
Que il l'avra tantost, sanz delaier. 32
De mes dolors bien porroie garir.
Mais ele tient mes diz a controvaille
Et dit touz jors que je la vuil trahir.
Et, se je puis Paradis gaaignier, Et je 1'ain tant et la vuil et desir !
La avrai je ma dame sanz copx rendre, Q'ou mont n'a bien que sanz li rien ne vaille ;
Ou Dex fera la parole remaindre. Mieuz vaut la morz que trop cruouse faille.

36
ame, qui vuet son prison bien tenir,
Et il l'a pris a si dure bataille,
Doner li doit le grain après la paille.
N° 88, folio 35d.
Chanson à la Vierge, du roi de naDarre (Raynaud 1843)

-vail

,-
granttra et de pe-tit es-ploit Voi je cest siegle chargié et encom - brei,

--.--
Qui tant sunt mais plain de maltur - tey Que nuns ne panse à fai -
-
re ce qu'il doit,
-
Ainz a - vons si le Dë - auble trous - sey Qu'a lui ser - vir chascuns panse et es - saie,

Et Deu, qui ot por nos la cru - el plai - e, A - vons mais tuit ar - rie - re de - bou - tey.

Mout est har diz qui por mort, ne s'es - mai - e..

10
II
ex, qui tot puet et tot set et tot voit,
Nos averoit un entredous getey,
28
i IV
deable ont getey, por nos ravir,
Quatre emeiçons aeschiez de torment :
Se la Dame, plainne de grant bonté, Covoitise lance premièrement,
Qui est lez lui, por nos ne li prioit. Et puis Orguil, por sa granz roiz emplir ;
14 Si tres douz moz plaisant et savoré 32 Luxure va le batel traînant,
Les granz corroz dou grant Seignour rapaie. Et Felonie les governe et les nage.
Mout par est fox qui autre amor essaie, Ensi peschant s'en vienent au rivage,
Qu'a cestui n'a barat ne fausetey, Dont Dex nos gart par son comandement,
N'es autres n'a ne merci ne menaie. En cui sains fonz nos feïsmes homage.

19
a III
soriz quiert, por son cors garantir
Contre l'yver, la nois et le froment ; 37
V
es proudomes doit en tenir mout chier
La ou il sont, et servir et amer.
Et nos, chaitis, n'alons mais rien querant, Mais a poinnes en puet on nuns trover,
Quant nos morrons, ou nos puissons garir; Car il sunt mais comme li faus deniers
23 Nos ne cerchons fors Enfer le puant. 41 Que on ne puet ou trabuchet verser,
Ainz le giete on sanz coing et sanz balance.
Or esgardez c'une beste sauvage
Porvoit de loing encontre son domage
Et nos n'avons ne sen ne esciant ; ; Torz et pechiez en eus fine et [conmence.
Faus tricheor, bien vos devroit membrer
Il est avis que plain sommes de rage. Que Dex prendra de vos cruel] venjance !

46 la Dame qui toz les biens avance


T'envoi, chançon. Se te vuet escouter,
Onques ne fu nuns de moillour cheance.
N° 89, folio 36e. Chanson pieuse, duroi de fiaoanre (Raynaud 1181)

outresdouz non a la Vir-ge Ma ri -e


La pre-miereest«Emmeu, quise-ne -fi -e
- Vos es-pon
Que les ar
-drai. cinq le-très plain-ne-ment:
-mes soi-ent fors de tor-ment:

Car par lui vint ça jus en - tre la gent Et nos ge - ta de la noi. re pri - son

Dex, qui pour vos en sof - fri pas -si - on. 1-cest «M» est et sa Mere et s'aMi - e.

II IV

9
(~ vient après; droiz est que je vos die
Qu'en l'abécé est A premièrement.
25 «
4,est touz droiz geüz, de bele taille
»
Tex fu li cors, ou il n'ot qu'ensoignier,
:
Et tout premiers, qui n'est ploins de folie, De la Dame qui por nos se travaille,
Doit on dire le Salut doucement Beax, genz et drois, sanz teche et sanz pechié.
13 A la Dame qui en son beau cors gent 29 Por son douz cuer et por enfer brisier
Porta le Roi cui merci atendons. Vint Dex en li, quant ele l'enfanta.
Premiers fu A, et premiers devint hons, Beau fu et genz, et beau s'en délivra ;
Que nostre lois fut faite et estaublie. Bien fist semblant Dex que de nos li chaille.

17
III
tuis si vient R; ce n'est pas controvaille,
Qu'« erre» savons que mult fait a prisier,
33 «
» V

est de plains, bien savez sanz dotance,


Quant on dit « a», c'on se plaint durement
Et si veons chascun jor, tot sanz faille, Et nos devons plaindre sanz demorance
Quant li prestres lieve le en son mostier : A la Dame qui ne va el querant
21 C'est li cors Deu qui touz nos doit jugier, 37 Que li pechierres viegne a amendement.
Que la Dame dedanz son cors porta. Tant a douz cuer, gentil et esmerf ;
Or li prions, quant la morz nos vendra, Qui l'apele de cuer sanz fausetey
Que sa pitiez plus que droiz nos i vaille. Ja ne faudra a avoir repentance.

41 r li prions merci por sa bonté


Au douz Salut qui encomence « Ave
Maria ».Dex nos gart de mescheance l
N° 90,folio37a. Débat ou Jeu parti (Raynaud 335)
entre le roi de naoarre et une Dame

"'a-me,
Quantvos
mer - ci ne rien vos de mant
! u -
mor-rez et je(-maisc'iert - vant a - : Di -tes me
voir, se Dex vos be ne - y
Car a-près vos ne vi - vroi - e je mi
- - e,
- e -),

Que
- - van
de - ra A - mors, cele es - ba -
~x
hi- - e? Que tant a -
-
vez sen, va - lour, et j'ain tant

Que je croi bien qu'a-près vos iert fail - li - - e.

II
8 —
ar Deu Thiebaut, selonc mon esciant
! 22 —
hiebaut,
IV
!
ne devez comencier
taisiez
Amors n'iert ja por nule mort perie, Raison qui soit de touz
droiz dessevrée.
Ne je ne sai se vos m'alez guilant, Vos le dites por moi amoloier
Il Que trop maigres n'estes encore mie ! 25 Encontre vos, que tant avez guilée.
?
Quant nous morrons Dex vos doint bone vie 1
Bien croi qu'Amors domage i avra grant,
Je ne di pas, certes, que je vos hée,
Mais, se d'Amors me covenoit jugier,
Mais touz jors iert valors d'amors complie. Ele seroit servie et honorée.

III V
r5— Hame, certes ne devez pas cuidier, 29 —
ame, Dex doint que vos jugiez a droit
Mais bien savoir que trop vos ai amée. Et conoissiez les max qui me font plaindre !
De la joie m'en aing plus et toing chier, Que bien sai, quelx que li jugemenz soit,
18 Et por ce ai ma graisse recovrée : 32 Se je en muir, Amours covient a faindre,

Con vos, ma dame ;


Qu'ainz Dex ne fist riens si tres bele née
mout me fait esmaier,
Quant nos morrons, qu'Amors sera finée.
Se vos, dame, ne la faites remaindre
Dedanz son leu, arriers ou ele estoit
Qu'a vostre sen ne porroit nuns ateindre.
;
Iphiebaut, s'Amors
36 — vos fait por moi destraindre,
!
Ne vos griet pas que, se Amors n'estoit,
J'ai bien un cuer qui ne se savroit faindre.
N° 91,folio37b. Seroentoir rcligicuç du roi denaoacre (Raynaud273)

f,.DÇ-.ex est au
W
- si corn - me li pel - li - cans Qui fait son ni ou plus haut ar - bre sus :

Et li mau - vais oi - seaux, qui vient de ius, Ses oi -seil - Ions o - cist, tant est pu - anz!

Li pe -re vient des-troiz et an - gois - sox, Dou bec s'o - cist, de son sanc do - lo - rous

Vi - vre re -
fait tan - tost ses oi - seil - Ions. Dex fist au - tel, quant fu sa pas - si - ons :

De son douz sanc ra - che - ta ses an - fanz Dou de-able qui tant es- toit puis - sanz.

II IV

II ibien
3S guierredons
en est mauvais et lenz, 31
ien devriens en l'estoire veoir
Que ne droit ne pitié n'a mais nus. La bataille qui fu des dous dragons
Ainz est orguilz et baraz au desus, — Si con l'en trueve ou livre des Bretons —
14 Felonie, traïsons et bobanz. 34 Dont il covient les chasteax jus cheoir :
Mout par est ore nostre estaz perilloux Ce est cist siegles cui il covient verser,
Et, se ne fust li exemples de ceux Se Dex ne fait la bataille finer.
17 Qui tant aiment et noises et tençons, 37 Les jauz Mellin en covint fors issir
Por devener qu'estoit a avenir.
— Or est des clers qui ont
lessiez sarmons
Por guerroier et por tuer les gens — Mais Antecriz vient, ce poëz savoir,
Jamais en Deu ne fust nuns hons creanz. Es maçues qu'Anemis fait movoir.
III V
21ostres chief fait toz nos membres doloir, ,avez qui sont li vil oisel punais
Por c'est bien droiz qu'a Deu nos en plaignons
Et granz corpes ra mout sus les barons
; 41
Qui tuent Deu et ses enfançonnez
Li papelars dont li nons n'est pas nèz,
?
24 Cui il poise, quant aucuns vuet valoir ; 44 Cil ort puant, ort et vil et mauvais !
Et entre genz en font mout a blasmer Il ocient tote la simple gent
Qui tant sevent et mentir et guiler ; — Par lor faus moz —
qui sont li Deu enfant.
;
27 Le mal en font desor eus revenir
Et, qui mal quiert, malx ne li doit faillir.
; 47 Papelart font le siegle chanceler
Par saint Pere ! mal les fait encontrer !
Qui petit mal porchace a son pooir, Il ont toloit joie, solaz et pès :
Li granz ne doit an son cuer remenoir. Cil porteront en enfer le grant fès.

51 nos doint Dex li servir et amer


Et la Dame, qu'on n'i doit oblier,
Qu'il nos vuille garder a touz jors mais
De maus oiseaus qui ont venin es bès !
N° 92, folio 38a.
Cbanson du roi de naoarre (Raynaud 407)

<ip>ebone A -mour vient Se-ance et Beau-tez, Et A-mors vient de ces dous au-tre-si..
Tuit troisontun, que bien i -
ai pan-sey, Jane se ront a nul jor de-par-ti.

Par un con -
soil ont en -
samble e - stau - bli ; Li cor - re - or en sont a - vant a - lé,

De moi ont fait tout lor che -


min fer -
ré; Tant l'ont u-sey, ja n'en se-ront par-ti.

9 i
II
correor sont de nuit en clarté
Et de jor sont por la gent obscurci ;
25
e IV
n'i voi plus, mais a li me cornant,
Que touz pansers ai laissiez por cestui.
Li douz resgart et li mot savoré, Ma bele joie ou ma mort i atent,
La grant beauté et li bien que g'i vi ! Ne sai lou quel. Dès que devant li fui,
13 N'est mervoille se de ce m'esbahi.
De li a Dex li siegle enluminé
Quantnos avrons le plus beaujord'estey,
; 29 Ne mi firent lors mi huil point d'ennui,
Ainz m'en vindrent ferir si doucement
Dedanz le cors d'un amoreus talant,
Lez li seroit obscurs de plain midi. Qu'encor i est li cops que je reçui.

17
III
en amors a paour et hardement
Cil dui sont troi et dou tierz sunt li dui,
; 33
i V
copx fugranz, si nefaitqu'empirier,
Ne nuns mires ne m'en porroit saner
Et granz valors est en lor apendanz, Se cele non qui le dart fist lancier.
Ou tuit li bien ont retrait et refui. Se de sa main mi voloit adeser,
21 Pour c'est amors li hospitaus d'autrui, 37 Bien en porroit le cop mortel oster
Que nuns n'i faut selonc son avenant. A tout le fust, dont j'ai tel desirrier!

:
G'i ai failli, dame, qui valez tant,
En vostre ostel si ne soi ou je fui.
Mais la pointe n'en porroit fors saichier,
Qu'ele brisa dedanz, au cop doner.

41
ame, vers vos n'ai autre messaigier
Par cui vos os mon messaige noncier
Fors ma chançon, se la volez chanter.
N°93, folio 38e. CI)an50n pieuse du roi de ÏÏaoarre (Raynand 1475)

e chan - ter ne me puis te - nir De la tres bele Es - pe - ri - taul

Cui riens dou mont ne puet ser vir Cui ja voingne hon - te ne mal.
-

Que li Rois ce - les - ti - aux Qui en


«1^ 'u
li doi - gna ve - nir
- --
Ne por - roit mi - e sof -
frir Qui la sert, qu'il ne fust saux,

II IV
9
uant Dex tant la vost obéir 25 avid le sot premieirement
Qu'il n'estoit muaubles ne faux, Que de lui deviez issir,
Bien nos i devons donc tenir, Quant il parla si hautement
Dame, roïne naturaux! Par la bouche dou Saint Espir.
13 Cil qui vos sert est fëaux, Vos n'estes mie a florir,
Vos li savrez bien merir;
Devant vos porra venir
29

C
:
Ainz avez (la) flour si poissant
(e) est Dex qui onquesnement,
Plus clers qu'estoile jomaux. (Et) qui par tout fait son plesir.

III V
17
Hfostre beautez qui si resplant
33
e ame, ploine de grant bonté,
Fait tout le monde resclarcir. De cortoisie et de pitié,
Par vos vint Dex entre la gent Par vos est tout raluminez,
En terre, por la mort soffrir, Li monde, et neis li renoié,
21 Et a l'enemi tolir 37 Quant il seront ravoié,
Nos et giter de torment. Et croiront que Dex soit nez
Por vos avons vengement Seront sauf, bien le savez.
Et par vos devons garir. [Dame, ayez de nos pitié!]

41
ouce Dame, or vos pri jé
Merci, que me desfendez,
Que je ne soie dampnez
Ne perduz par mon pechié!
N° 94, folio 38d.
Chanson attribuée à Oace Brulé (Raynaud 1408)

i
1
ès or me vuil esjoïr
En chantant, en tel meniere
17
t III
s'aucune foiz m'ahir
Par foie gent noveliere,
Tost me covient revenir
Que ja mès ne quier issir
De rien qu'Amors me requiere. A ma pensée premiere
Que si bel m'a fait choisir 21 Donc ne querroie partir.
5
Qu'a lui ne puis mais faillir Mais tant redout lor mentir
Ou beau vivre, ou beau morir, Que sovent mi font fremir
En merci et en proiiere. De lor mal dire au darriere.

II IV

9
t
-1
puis qu'il vient a plaisir 25
uant sa grant beauté remir
:
Qui si est fine et entiere
A la debonaire fiere
Qu'ele mon chant doingne oïr, Li beau cors qu'a son loisir
Toute autre rien met arriere, Fist Dex en joie pleniere,
13 Qu'ainsi me puist biens
venir, 29 Les beax eux qui por trahir
Que je plus l'ains et desir Ne sevent clorre n'ovrir,
Que ne savroie gehir. Saichiez que d'à li venir
Com plus i pans, plus l'ai chiere. Est ma voluntez meniere.

V
§ 'el
me doigne retenir,
33
Dex ! ;
si tres joianz en iere
Mais ce me fait esbahir
!
Que n'en est pas costumiere
37 De tel guierredon merir,
N'autre ne m'en puet garir.
Por ce ne doi acuillir
Volunté fause et legiere.

41
? 'en ne se puet mieuz honir
Que de son bien repantir.
Si vuil mieuz en ce fenir,
Ne jamès partiz n'en iere.
45 Chançon, di mon Beau Desir
Qu'a li, se le doingne oïr,
N'en doit on nule aatir
D'Espaigne jusqu'en Baviere.
49 Gallandois, li douz sopir
Que la nuit fais sanz dormir
Mi font volentiers guenchir
Vilainne gent mal parliere.
N° 95, folio 39b.
Chanson a refrain, de Oace bruié (Raynaud 1498)

.(0escon-for-tcz, ploinsdc
p)escon-for-tez,ploins do-Jouretd'i-rc
de do-1om.ct d'i-re M'cs-tuet
M'cs-tuctcchan-ter, Il'aiou
qu'a¡1-1or)n'ai
han-ter,qu'ail-lors ou en
en -ten-de.

Tout le mont voi, fors moi, jo - - er etri-re, ZS'e je ne truis qui d'en -nui me des- fen-de.

Ce - le m'o -
cit cui mes cuers plus de - si - re, S'en sui i - riez, quant e -
le -
n'en a - men de.

Cha -sciitis dit qu'il ainmc ait - tre - si, Pour ce ne co - noist l'en a - mi.

II V

9
91 le
ne seit mon duel ne mon martyre, 33
til n'ainme pas qui se cuide retraire,
Por ce m'estuet que sa merci atende. Se il i vient ce que a merci veingne.
Touz faux amanz par cui ma joie empire Par Deu, seignor, de ce ne me puis taire,

:
Pri je a Deu qu'en enfer les descende.
13 J'ain! fait chascuns grant loisir ont dou dire 1
Mais po en voi qui a Amors entende.
Mieuz ain morir que pis m'en mesaveingne !
37 Car tuit li mal que j'ai me doivent plaire
Tant que ma dame en joie me maintiengne.
Tuit se ventent d'amer ensi Chascuns
Por ce ne

17 e III
moi grever est Amors costumiere,
Si me fait bien por quoi de li me plaingne.
41
onsoilliez
VI
moi, dame quou poez faire,
S'ainsi me muir, ne sai mais qui se teingne
Mais au soffrir m'est la poinne legiere, A bone amour dont touz li cuers m'esclaire.
Se ce li plait que a amer m'ensaingne. Quant je vos voi, se joie m'en aveingne,
21 Mes cuers me dit que souvent la requiere, 45 Mout me mervoil cum, frans cuer debonaire,
Mais neanz est quant el plus me destraingne. Povez panser riens dont je morir criengne.
Chascuns dit Chascuns

IV
*^ lele dame, por Deu vos pri
25 nques ne fis vers li fause proiere, 49
Car je ne sai, ne ja ne le m'apreingne ! Que [je] n'aie dou tout failli!
La moie amors n'est mie noveliere, Gascos a son chanter feni,
Qu'il n'est fors li nule ou mes cuers remaingne, Qui touz jors ainme et n'a merci.
29 Se plus n'i preng, l'angoisse en est mout chieret
Puis que li plait qu'ele ainsi me destreingne-
Chascuns
N° 96, foiio391. Chanson de Oace Brulé (Raynaud 643)

- e bien a mer grant joie a - tent, Car c'est ma greig-nor en


-
Et si sai bien cer - tein - ne-ment Qu'A-mors a tel seig-no - vi - - e,
-
ri - - e

Qu'a dou - ble guier - re - don en rent Ce - lui qui en li se fi


- - ;
e

Et cil qui d'à - mer se re - pent Ses biens tra - vail - le pour ne - ant.

II V
9
ele est de douz acointement 33
ame, de toutes la nomper,
Et de bone compaignie, Bele et bone, a droit loée,
Saige entor enniouse gent, Ne devriez pas escouter
Qui de mon cuer est saisie. Fause gent maleürée
13 Sens et beautez en li s'estent, 37 Qu'a mentir et (a) deviner
S'en ist tote felonnie, Ont mainte amor destornée,
Fors que trop me grieve souvant Qui puis ne savoit panser
Qu'el ne set mie que je sent. La ou ele deüst aler.
III VI
17
nques ne fis a esciant 41
ame, onques ne vos soi celer
Contre Amors sen ou folie, Mon desir ne ma pensée,
Ainz sui a son comandement Ainz vous aing de cuer, sanz fauser,
Et serai toute ma vie. Plus que nule autre rien née.
21 Cil remaint enniousement 45 En vos servir et honorer
De cui Amors s'est partie. Ai si m'amor atornée
Dame, si m'enseingne et apren Que ne puis, sanz merci trover,
Qu'onors est d'amer lëaument. Ne loingz garir, ne près durer.

IV
25
&ranz Amors ne me puet grever
Quant plus m'ocit, (et)
;
plus m'agrée.
49
uens de Blois, sanz ensi amer
Ne puet nuns en haut pris monter.
Si vuil mieuz morir et amer
Dou Barrois, vos doit remembrer
Qu'un soul jor l'aie obliée. Qu'amours fait les bons amander.
29 Dame, qui me poez doner
Ma grant joie (ma) desirrée,
Mais trop me fait cher comparer
Qu'ennious font ennui panser.
N° 97, folio40b. Chanson attribuée à 0ace Brute (Raynaud 361)

i e 1

la joie que desir tant


D'Amors qui m'a a soi torney
25
e IV
longue atente et bon espoir
Ne me font joie recovrer,
Ne puis lassier que je ne chant, Donc est trahie Amors por voir,
Puisque ma dame vient a gré Que touz jors la me fait panser.
En cui j'ai mis cors et pansey 29 Mais uns ris m'en doit conforter
5
A trestoute ma vie.
Mais trop me font ennui de l(e)i
Qui mainte ame a trahie
Et si sai qu'en desesperer
;
Cil cui Dex maleye. A orguil et folie.

II V
tel fais joie sanz talant, 8Me, douce dame, merci

;
9 33
Por amors, que de mon cuer hé : [De moi] qui ainz mais ne fu pris
Ce sunt li felon mefoisant D'Amors mais or m'est(a) il ensi
Dont deable font tel plantey Qu'a touz amanz m'en ahati.
13 Que trestoute lor poestey 37 De cuer vos pri [volenteïz]
Ont mis en felonie ; Qu'en vostre compaignie
Qu'ainçois sunt de mal apansey M'acuilliez, ainz qu'il me soit pis
Que l'amors soit gehie. De felonnesse vie.

III VI
17
etit puet lor guerre valoir 41
ame, mout ai petit servi
Quant ma dame voudra amer, A tel don com je vos ai quis.
Et, s'ele a talant ne voloir Mès mes cuers vers vos a plevi
De plus lëaul ami trover D'estre li plus leax amis
:
21 Qui soit dont me puis je venter
Qu'a haute honor d'amie
45 Du mont, et [si] serai touz dis
Qu'Amors ai si saisie
;
Ne porroit nuns Amor[s] trover Que nuns n'en a point, ce m'est vis,
Por nule seignorie. Tant que l'aie partie.

49
din pri et mant et devis
Que ceste chançon die
A cés qu'il verra ententis
D'amer sanz tricherie.
N° 98, folio40d. Cl)aneon de 0ace Brulé (Raynaud 719)

-ou-ce
71'-.
- da - me, grez et
A ten-du ai vos-tre

Et, s'il vos plait, de moi

Qu'il

gra

mer - ci
-Cr)---.
-
- ces vos rent.
co man-de-ment,

ai -

ne vos poist que. j'ain si hau - te - ment.


!
ez
Si chan-ter

En tel gui -
-
Quant il vos plait que je soie en-voi-siez

se vos en
- et
ai porvos, joi anz liez,

prei - gne pi - tié


l

8 e II
sai de voir que raisons me desfent
Si haute amor, se vos ne l'outroiez.
22
i1 ar
IV
Deu, dame, l'amors de vos m'esprent
Qui m'ocira. se vos ne m'en aidiez,
Mais haut et bas sont d'un conte[ne]ment, El ne fait mais qu'a son comandement
ii Puis c'on les a a son talant jugiez. 25 Se li est bel que por li m'ociez.
Suens est li bas, qui plus li est hauciez Et, s'endroit vous est voincue pitiez,
Et suens li hauz, qui s'en est abaissiez ; Moie est la perte et vostres li pechiez,
Que dou partir de vos n'i a néant.
A son voloir la monte et la descent.

15
e III
ne di pas que nuns aint bassement 29
V
line biauté plaisant et cors tres gent
Vos dona Dex, dont il soit merciez.
Puis que d'Amors est sopris et liez.
Honorer doit la joie qu'il atent Nuns ne porroit loer si finement
18 S'il estoit rois et ele ert a ses piez. 32 Vos granz valors con vos mostreriez
Mais je sui, las ! sor toz autres poiez, En touz biens faiz et en touz biens prisiez.
De hautement amer, a mort jugiez; Et, s'il vos plait, honorez n'essauciez
Mais mout muert bel qui fait tel hardement. N'iert ja a droit qui d'amors ne l'atent.

36
hantez, Renaut, qui antan amïez !
Or m'est avis que vos en retraiez.
Se dou partir estes aparoilliez,
Ja onques Dex oan ne vos ament.
40 Par Deu, Gilet, faux amanz desloiez
Qui d'Amors s'est partiz et esloigniez
Vaut assez pis c'uns autres enragiez.
Chastoiez en, vous et l'autre dolant.
N° 99, folio 41b
Cbansonde <5ace Brulé (Raynaud 1102)

- Si
mour et de lë - aul a - mi
e bone a -
que ja mais, a nul jor de ma vi - - e Me vient so
e N'ob-li - e
-
-
vant pi - tiez et re - mem - bran -ce
rai son vis ne sa sem - blan - ce.

Por ce, s'A - mors ne se puet plus sof .- frir, Qu'e- le de touz ne ta - ce son plai - sir

Etdetou - ! mais ne
tes puet a-ve-nir Que de la moie ai- e bone es -pe - ran-ce.

II V

9
4D
ornent poroie avoit bone esperance 33
m'ameroit?Icene sai jemie,
A bone Amor et a leal amie, Que fins amis doit par bone atendance
Ne a biauz yeuz, n'a la douce semblance Et par soffrir conquerre tel amie.
Que ne verrai jamès jor de ma vie? Mès je n'i puis avoir bone fiance,
13 Amer m'estuet, ne n'en puis plus soffrir, 37 Que cele est tex por cui plaing et sopir
Celi cui ja ne vanra a plaisir. Que ma dolor ne doigneroit oïr.
Siens sui, cornent qu'il m'en doie avenir, Si me vaut mieuz garder mon bon taisir
Et si n'i voi ne confort ne ahie. Que dire riens qui li tort a grevance.

III VI
ornent avrai je confort ne ahie 41c^ e vos doit pas trop torner a grevance.
17
Encontre Amour vers cui nuns n'a puissance? Se je vos aing, dame, plus que ma vie.
Amer me fait ce qui ne m'ainme mie, Que c'est la riens ou j'ai greignor fiance,
Donc ja n'avrai fors ennui et pesance. Que, par moi seul vos os nommer amie.
21 Ne ja nul jor ne l'oserai gehir, 45 Et por ce fais maint dolorous sopir,
Celi qui tant de max me fait sentir. Qu'assez vos puis et veoir et oïr.
Mais de tel mort sui jugiez a morir Mais, quant vos voi, n'i a que dou taisir.
Dont ja ne quier veoir ma delivrance. Que si sui pris que ne sai que je die.

25
e IV
ne vois pas querant tel delivrance
Par quoi amors soit de moi departie ; 49
Ipé Clemondoz! VII
que ferai je d'amie
Quant je avrai trespassée m'enfance ?
Ne ja n'en quier nul jor avoir poissance, Et ma dame qui si ert envoisie
Ainz vuil amer ce qui ne n'ainme mie.
29 N'il n'est pas droiz ; je li doie gehir. 53 :
Avra dou tout lessié l'aler en dance?
Lors dira l'en «Sofïriz, sire, soffriz ».

;
Por nul destroit que me face sentir
N'avrai confort n'i voi que dou morir,
Puis que je voi que ne m'ameroit mie.
Lors, mal a tens, me vient au repentir
Cil soffre trop qui laisse autrui joïr
De ce dont a traite la penitance.

W
57 es biaus conforz ne m'en porra garir;
De vos amer ne me porrai partir,
N'a vos parler, ne ne m'en puis taisir
Que mon mal trait en chantant ne vos die.
61 Par Deu, Huet, ne m'en puis [plus] soffrir
Qu'en Bertree est et ma morz et ma vie.
N°100, folio 41 d. CbGn$On attribuceauDidamedeChartres (Raynaud 663)

'A-moursvient
Ne

De c'ai je

Et ser -

13
lien
nuns ne

bien la ve

vi - rai sanz

II
-
-
joie et

ri - tey

- «
nul de -

doit panser qui tel amour enprent


Qu'en son cuer n'ait fausetey ne faintise.
Et j'aing touz jors plus que moi n'autre gent
Quanque je sai que ma dame ainme et prise.
Et touz jors croist en mon cuer et atise
Irw/
norsau- si-ment A cels qui sunt dou tout en son ser vi-se;
puet a-voir en-tie-re-ment Pris et va-taur, s'A-mors.
ho

fi -
- pri - se.

ne - ment Ma dame et

25
le jus-ti-se.

Pour ce la
ne

ser de fin cuer lé

: c'est la riens que


li

IV
-

je pri

iien doi servir et soffrir bonement,


Qu'Amours me fait amer a ma devise.
Sens et beautez et bon enseignement
Et tuit li bien que fine Amour eslise
29 Sunt en celi en cui ai m'amour mise
-

au - ment

;
se.

A bien amer;
La bone Amor qui m'enseigne et aprent
si sai veraiement
Par bien amer est dame a droit conquise.
: Ne partirai, se morz ne m'en desment.

;
Dex, si bel oel m'ont mis en cest torment
Dont ja n'istrai or soit en sa franchise.

III V
ieuz ameroie un tel conquerement
<^
17 33 ame, merci vos requier franchement,
Qu'Espaigne au jor que li rois l'a conquise Que nule riens ne me fait covoitise
Charlemagnes qui en fist son talant. Tant con avoir vostre amour que j'atent
Dex, se s'amor m'iert ja nul jor promise, Et atendrai jusqu'au jor dou joyse.
21 Je ne voi pas cornent, ne en quel guise 37 Si savez bien qu'ainz ne fustes sorquise
Peüsse avoir d'autre mon cuer dolant. D'amer par moi ne mon fol hardement.
Bon espoir a et bel confortement Qui son seignor prie outrageusement,
Qui tel dame ainme et est en son servise. Il doit bien perdre en sa foie blandise.

41 e vos pri pas, dame, trop baudement,


Mais mout a tart et paoreusement
Vos ai, espoir, aucune foiz requise.
N°101, folio42e.
Chanson de (gauticr d'Epinal (Raynaud 1073)

- et
^es-con-tor tez de joi- e
par - tiz Me faitchan-tervo-len-tez de-sir-rie-re,
-
Ne por joi e nechant,nepormer ciz. Qu'A-mors est trop de gre-ver cos-tu-mie-re

-Les ou - troi -
iez de cuer lë - aul a li. Je ne di pas que je m'en plai - gne si,

C'on-ques riens tant ou mont ne m'a- be - li

t
-1
wirl-v-
Mais fail - li ai a ma joi

II
-
T
e pre

neporquant s'a ma joie ai failli,


-
-
mie -
Con cist tra-vaux et la lon-gue proi- e-re

re.

28
IV
ornent porroit amors durer ainsi
;

10
Ne s'ai je pas achoison droituriere
Que j'ai Amors et ma dame servi
; Que toz jors crient cele gent malparliere?
Mès, s'encore pooit plaire celi
De volenté fine et leal entière. Qu'est de beauté miraors et lumiere,
14 Mais sanz eür ne sera ja meri Mis seroient li felon en obli
A fin amant ce qu'il a desservi
Que, se conforz ou pitié ou merci
; 32
Et moi avroit de toz mes max gari.
Hé, franche riens, se vers vos m'umeli,
Peüsse avoir en aucune meniere, Ne soiez pas si dure ne tant fiere !
Ne fusse pas en toute joie arriere. Souffrez moi tant qu'adès merci requiere.

19
Me
III
aisenmonchant et joianzetmarriz
plaing sor touz d'une gent losangiere
37
t arDeu, Garnier, beau m'est que j'ai oi
Qu'Amors ont pris mon seignor et saisi.
Qui sovant ont et autres trahi
moi Mais je nou voi destroit en tel meniere
En reconter mençonge
Qu'a espoir eüsseje joï
;
noveliere Qu(e) il n'en traie penitence legiere.
23 mon
De ce que j'ai en gré Amors servi,
Se ne fussent li felon esbahi.
Mais lor mentir et lor tres fause chiere
Met mainz amanz en pansée doubliere.
N° 102, folio 43a.
Cl)an60n anonyme (Raynaud 1769)

a-me, je ver -
roi - - e
Moût vo - len- tiers a - corn - plir Que mieuz vou-droi - e mo - rir,
Ma mort ou ma joi - - e,
Car tant doi ma vie ha - - ïr

Se fail -
lir de - voi
-
- e,
.- «0- --
Que vivre et tex max sof - frir ; Mieuz vaut morz que trop Ian - guir.

II
9
ame, trop m'esfroie
Ma dotance de faillir ;
Mais ne vos diroie
Un ennui, por moi garir.
13 Vostre volenté desir
Cent tanz que la moie.

-,-.---
Se tot ne vos sai servir,
Je vos aing sanz repentir.

N° 103, folio 438.


Chanson anonpme (Raynaud 373)

01 - rit, Qui Duit et ,¡or ren-ver dit


e-danz mon cuer naist une - te -Qui croist et 60 -

té. Et oe
En la tres bele et tres gen - te Et tres bo - ne qui vaut mieuz de beau -

gra - ce a -
e le tot pas - sey. La prist A - mors et mes cuers, le douz
plant.

Qui nuit et jour croist et fueille et es pant. Le mieuz plan - té et le plus bel de touz ;

Or vuil le Dex que li fruiz m'en soit douz !


N° 104, folio43b. Chansonanonpme (Raynaud 1400)

9
t'ain
II
de fin cuer sanz repentir,
IV j
ame, de vostre grantlbonté
25
Sanz guiler et sanz faindre.
Or en face Amors son plaisir,
Ne porroit nuls trop dire ;
Entre touz biens, tote beautez
Que ce ne puet remaindre. Vos sot nature eslire.
13 Riens ne porroit contraindre 29 Qui voit vostre douz rire
Mon cuer qu'il n'aint, fors por morir
De toute autre dolor soffrir
; Et vostre beau vis colorei,
Bien li est vis qu'il voie Dei
Le puet Amors destroindre. Qui de cuer vos remire.
III V
17
ame, un petit de seürté 33
"erci vos pri et prierai
Atent en mon martire, Touz les jors de ma vie.
Qu'entre Pitié et Lëauté Merci pri, que mestier en ai,
Font sovent joie d'ire. Qu'au desoz est, qui prie.
21 Dame douce et douz sire, 37 Douce dame enemie,
A ce m'a fine Amors mené:
Que riens fors vostre volenté
:
Mes biens, mes maus, mes quanque j'ai
Por Deu, confortez mon esmai
Mes fins cuers ne desire. Et ma douce folie.
N°105, folio43d. Débat (Raynaud 1283)
entre une femme et un cfreoalier, anonpme

-
«
i -
- ?
tes, seig - nor, que de - vroit on ju - gier D'un tra - ï - tour qui fai - soit a en - ten - ctre
Que il a - voit m'a-moursanzdes-tor bier Mais ce n'iert ja, Dex m'en puisse des fen dre - - !

Pre - nez le moi, sou me lai - tes li - er Et sor l'es - chie - le monter sanz li des - cendre !

Que nul a • voir N'en por-roi-e je pren-dre, Ainz mor - ra, voirtIl
II
io —
«^ ame, merci! confession requier.
De mes pechiez me vuil corpaubles rendre
Vers vos, dame, cui cuidoie engignier :
13 Li deables le me fist entreprendre.
Cuidiiez vos que deüsse endurer
Les maus d'amer? Nenil, mie le moindre.
16 Por vos avoir
Jel vos faisoie entendre
Por decevoir. »

III
19
uarDeu, ribauz, quant li autre savront,

Li tricheour, que tex est ma justice,
Que vos avroiz les ieuz sachiez dou front,
22 Jamès par aux n'iert tel dame requise.
De la paour li autre s'en fuiront.
Lors verra l'en les lëaus sanz faintise
25 Apertement,
Quant la lengue iert jus mise
Qui d'amors ment. »
N° 106, folio 44a.
Cl)an50n anonyme (Raynaud 1500)

-e cuer do - lant et ploin d'i - re


Non por-quanttouz jors oi di - re:
Vuil chan -ter,
Chanz de joi
co
- e
- :
ment qu'il soit
mou-voir doit.

Ne chant pas por mig - no - tie, Car on - ques jor de ma vie

N'oi joi - e d'à tein Do. lour vail •


poin -- -
- mours cer - - ne. et tra - et - ne

.M'ont fait lonc temps en - du - rer, Ne n'i puis mer -


ci tro « ver.

II IV
lIanz merci sui au martire, 31
tor s'amor sovent sopire
Qu'Amors me tient en destroit. Mes cuers et tremble sanz froit.
Sovent me mostre le mire D'amours a[i] devis le pire :
14 Qui mon mal garir porroit, 34 Dolor sanz confort, quant voit
Mais de li confort n'ahie Que dou mont la mieuz garnie
Ne me promet ne afie ; De sen et de cortoisie,
17 S'en atent pesant estroinne, 37 Et de touz biens la fonteinne
Se je n'ai merci prochainne. Vers lui tout soul est vilainne
Car en li m'estuet panser Et ne set se por grever
Nuit et jor, sanz reposer. Le fait, ou por esprover.

III V

21
janz repos cist max m'empire, 4I Hïsprovez sui tant qu'esdire
D'empirier ne se recroit. Ne me puis en nul endroit
Or sui je bien de l'empire, Vers Amors qui sanz desdire
24 Le non en retieng a droit. 44 M'a lacié au laz estroit.
Quant ma tres doucete amie Or ne sai plus que j'en die
Vers moi son cuer n'umelie Fors tant que merci li prie
27 Qui si m'a en son demainne — 47 Cil cui longue la semainne
Plus l'ain que Paris Helaine — Pansée d'amors ramainne
S'ai d'amors le cuer amer
Morir cuit por bien amer.
; Duel novel qui fait finer
Mon chant et en plor torner.
N°107, folio44e. Qanson attribuée à Colin muset (Raynaud 341)

: »-exI"domznlônt iaortnor-ri -ces et en - fant Et les da - nies qui tropsunta ché-val!

-
Maint bon hos - tel nos ont cha - ci-ez a mal Et les ma riz voin-cuz ou-tré
-
-e-ment.

Cil qui n'o - sent un tôt soul mot gron - dir, En lor hos - tel le puet on bien choi - sir

fn - .1
As - sez pu - ent fai - re co - man - de - ment. Mais c'est agas, c'on n'en fe-ra ne - ant.
II
tuis qu'il sunt si dou tout obediant,
9
Or lor ferai un mout bon assenai :
Dès or mais gart uns chascuns son ostal,
Ensiporront estre riche et menant.
13 Et si pansent de lor enfanz norrir
Et bien pansent des hostex eschuir 1
Ausi porront estre riche et poissant
Et pou lor chaut dou blasme de la gent.

17
roit a Choisuel vuil mon chemin tenir
Et a Soilli par Clermont resortir ;
Si lor ferai de mon joël present,
Que trop m'est bel de lor amendement.
N° 108,

Ne dou

il

14
11
r
;
folio 44d.

-
1

te il les dous rois.

II
vos dique Choisues
Ne me vaut mais dous oes
Qui me soloitvaloir.
Tot manjuent vermues
Vermin et escurues,
-
Chansonattribuée a Colin muset

'^e-versChas-tel-vi lain Me vient la robe au main Com unsoitours nor-rois.


-
BonjorclointDexdemain Leseig norquetant ain Prou-dons

De ci qu'en Na-var-rois N'a si bon chas-te lain

21
r
I
est et cor-tois.

- ;De-ewson chas-tel aplain


Il

III
m'en vois a Soilli
Pieç'ai que n'assenai
A si bone maison.
24 Le seignor demandai:
(Raynaud : 123)

Maintes foiz m'a donné


:
Jo. "'or-

N'en puis mais point avoir ! Robes et maint bel don.


17 Et s'ont mis lor avoir 27 Ce n'est pas en pardon
En vaiches et en bues, Se j'en sui retomez :
Et s'ont fait uns murs nues S'il n'est empeorez
Que Dex gart de cheoir ! J'en avrai guierredon.
IV
31
flerdu ai dous chastelx
Dont je sui moult engresx
Et bien m'en doit chaloir :
34 C'est Vignoriz, Rignez,
Dous seignors i a belx
Qui nedoignent valoir.
37 S'ont mis a nonchaloir
Armes et les cembelx.
Il n'ont part ou mantel,
Foi que doi saint Eloir!
N°109, folio 45b.
Chanson attribuée à Colin muset (Raynaud 1881)
1 ---

l1e II
la procession
La croiz et le baston
41
ar devers
Vint Girars
V
Duymois
li cortois,
Plus blans que flors de lis;
Ont chargié Guienot Avec lui ses Irois
Qui ot a compaignon,
15 Gauterot de Greingnon
45 Tres ci qu'en Digenois
Ranfroi et Denisot, Ont gasté le pais:
Et maintautre vallot N'i laissent, ce m'est vis,
Et maintvilain félon
Jusqu'ou val de Suzon
; Orge, froment ne pois,
Chargiez Vllxx chamois
N'ont laissié chacelot. En ont devers aus mis,
VI
ehanz de
III
Trichastel 51
ans les bues viennois
21 Dont il ont cent et trois,
A la procession ;
1 vint et bien et bel

Avec lui maint donzel


Chargiez lor accersis,
Qu'il moinnent en Ausois.
55 II nes rendront des mois,
25 Qui portent penoncel
Le conte de Chalon : Qu'il ne l'ont pas apris.
La moiche et le brandon,
N'i quiert autre joel :
Girars toma son vis
Par devers un marois
Se ne fust Vesinois,
:
Ne veincra mais cembel

31
i
A Roins ne a Loon.
IV
Loichars de Preingei
Vint devers Pelerey
Par mi Vilemurvi :
Beligney fust maumis.
VII
61 girars s'est bien garniz
De portes, de postiz,
Por fermer sa maison.
Nostre abbes l'i mandey N'i covient plaisseïz
65 Ne autre rolleïz,
35 Que destruisist Lerey
Et si nou lessest mi
Et il a tout saisi
; Se de viez marrien non.
Or li doint Dex moisson !
Jusques vers Pelerey ; D'arches est bien garniz.
Ne Fraignoy ne Poncey Fox est qu'au viel oison
Ne mist pas en obli. Enseingne le pasquiz.
VIII
71
tii filz au bon Hugon 76 Qu'i ne face tuer.
D'a ceaus pres de Noiron Nuns ne l'en doit blâmer
Seit bien terre gaster
N'i a laissié monton,
; Qui entende raison,
Car filz d'esmerillon
Geline ne chapon Doit par droit oiseler.
102
N°110, folio45d. Chanson de <0ace Brulé (Raynaud 1735)

^exsautmadameetdointho-nor et joi- e
Qui d'a-mors m'amonchantre no ve lei. - - -
Hé las ! i - riez et sanz a-mours es - toi e, Mais e
- - le m'a de mon Cor-rouz os - tey.

Le - aux A - monTS, cui j'en doi sa- voir gré, Tout mon en-nui m'ont a joi - e tor - né ;

Or me plaitchanz et fuille et flors des - tey, Qu'A-moursm'ontfait de ma grantdo-lourjoi-e. -

N° 111, folio a.
46
Cbcinson de Raoul de Soissons (Raynaud 1885)

ès
Car pris
o. -
m'a a-ban -
re mais est rai - sons De mon chant re - no - ve - 1er,
par don A-mour cui ser sanz fau - ser.

Vers li

Car ses
ne me

sers sui
-II"'-.¡
puis

et
ien - ser, A - met m'es

ses hons Et se

ëaument,
II
- rai
-tuet,

tou - te
vuille

ma
ou

vi--e
non,

9 sanz traison
L'ai servie et sanz fauser,
N'onquesn'enquis achoison
De son voloir refuser.
13 Maint mal m'i fait endurer,
Mais trop me sont bel et bon,
Qu'Amours rent grant guierredon
Cés qui l'ont de cuer servie.
N° 112,

mr
-g ouz est

C'est bo-ne

Quant le

A la sa • vo •

i?

16
e
1
folio 46b.

-.

- ---.
v
--
qui
li maus

A-mors

douz
qui m'afait chant tro

mal

reu-se

II
ne

e
joi.

plaingsovent le temps que je perdoie,


Ainçois que je comencésse a amer.
Mais doucement me confort et ravoie
Et plus me fait de bien faire pener
Li desirriers que j'ai de recovrer
Le temps que perdu avoie.
sen
-
Cf)ansond'fldan de la fjale

- -
toi
-
-

ver,

C'on ne puet trop


Qui

34

38
-
ri

me
r-
metla gent en voi e Detouz biens dire et faireet a le ver.
w ?V
riendoitoncroire'en ce-li quil'en-voi-e, Et li
de cuer ser-vir et ho-no- rer.

Ce que fai

S'en
-

fait

- che- ter
a
rene sa* voi
ru
o

n'i
-

Ne

IV
r-r-
res

Iranscuegentix outouzbiensmoùteploie,
(Raynaud 1771)

v
pan -
-

--r

de - sir-rer.

Cors signoriz por cuer faire eslever,


En vosservir nuns son temps mal n'emploie,
pooit autre bien conquester
[Que vos veoir et merci esperer.
Plus demandern'oseroie,
e-

ser

1
1

,\
S'ai grant desir que je soie Ne ja mais] nevos diroie
19 Tex en cuer a l'esprover 41 Moncuer fors quepar chanter.
Que vers bone Amor me doie Ainçois morir me lairoie
Con finsamis aquiter p Et de taerci èffamer
Parconsiirier.

-
Par bien ovrer.
':

ar : III
,:

moi, non li, tot avant trahiroie,


¡.' -. - V :,
N e por ce pis avoir je ne devroie,
<;

23 45
Se cuer avoie envers li de fauser Se 'i
je n os ne venir ne aler.
Et d'autre part faire ne li porroie, Car moins perdroit, se plus hardiz estoie ;
Car ma dame est tant douce a esgarder S'en deveroit humle pitié meller.
27 Que mauvestiez ne porroit demorer 49 Povres honteus fait mieuz a visiter
En cuer d'ome qui la voie. C'uns truanz qui quiert sa proie.
Et cornent [donc] li fauseroie, Cornent hardement avroie
30 Quant mieuz [li] doi s'onour garder? 52 De mon cuer vers li mostrer,
Por li en cui gistma joie Quant cuers et langue me loie,
Vuil je touz malx endurer Quant je doi a li parler
Sanz redouter. Por saluer?
N° 113, folio 46P. Chanson du roi de naoarte (Raynaud1397)

n!si
as
-
chan-tantvuil mado lourdes-co-vrir, Quant per- du aîce que plusde-sir-roi-e,
-
ne saiquepuis-se de'-ve nir, Que mamorzestcedontj'es-poi-re joi-e.

Si m'es - to - vra a tel do -lour lan -guir, Quantje ne puis ne ve- oir -ne o- Ir
W

Labe -le riens a cui je m'a -ten-dôi-e


II IV
8 uant m'en sovient, grief en sontlisopir, 22 ovoigne vos vers moideboneamor,
Et c'est toz jors, ne jai n'en recroir[oi]e. Que, lëautez ne vos est obliée ;
Por li m'estuet mainte gent obéir, Que je me fi tant en vostre valor
il Que je ne sai se nuns va cele voie. 25 Qu'adès m'est vis que merci ai trovée.
Mès, se nuns puet a bone amor venir Et nomporquant jemuir et nuit et jor.
Par bien amer et lëaument servir, Or vos doint Dex, por oster ma dolour,
Je sai de voir qu'encor en avrai joie. Que par vos soit m'ire reconfortée.

III V
15
gi chant sont tuit ploin d'ire et de dolor 29
I® ame, bien vuil que vos saichiezde voir
Porvos, dame, que j'ai lonc temps amée; C'onques par moi ne fu mais dame amée ;
Que je ne sai se je chant ou je plour
Ensi m'estuet soffrir ma destinée.
: Ne ja de vos ne me quier mais movoir,
18 32 Mon cuer i ai et m'entente atornée.
Mais, se Deu plait, encor verrai le jor Je n'ai mestier, dame, de decevoir,
Qu'Amors sera changié en autre tour, Que de tel mal ne me suel pas doloir.
Si vos donra vers moi moillor pansée. Ne m'esfreez, s'il vos plait, a l'entrée !

36 tthançon, va t'en, garde ne remenoir 1


Prie celi qui plus i a pooir
Que tu soies sovent par li chantée.
N° 114, folio 47Il-
CtjQtlSOn du roi de flaoarre (Raynaud 1811)

-pe-re-res
HJm nè rois n'ont nul po - oir En-vers A - mors, ce vos vuil je pro-ver.
Il -
pu-entbiendo-ner de lor a voir, Terres et fiez, et
mes-faitzpar-do-ner,

Et A - mors puet ho - me de mort gar - der Et do » ner joi - é qui du - re,

Ploin - ne de bone a - ven - tu - re.

II IV
8 $mors fait bien un home mieuz valoir 22
ame, avra ja bien, qui merci atent?
Que nuns fors li ne porroit amender. Vos savez bien de moi au parestroit
Les granz desirs done dou douz voloir, Que vostre sui, ne puet estre autrement.
il Tex que nuns hons ne puet contrepenser. 25 Je ne sai pas se ce mal me feroit ;
Sor toutes riens doit on Amors amer
En li ne faut fors mesure
; De tant d'esains faites petit esploit
Que, se je dire l'osoie,
!
:
Et ce qu'ele m'est trop dure. Trop me demore la joie.

III V
Amors vousist guierredoner autant 1«
15 29 e ne cuit pas qu'il onques fust nuls hon
Con ele puet, mout fust ses nons a droit. Qu'Amors tenist en point si perillous.
Mès el ne vuet, dont j'ai le cuer dolant, Tant m'i destraint que j'enper ma raison.
18 Car el me tient sanz guierredon destroit. 32 Bien sent et voi que ce n'est mie a geus
Et si sui cil, quelx que la fins en soit Que me mostroit ses semblanz amoreus.
Qui a li servir s'outroie
Empris l'ai, n'en recroiroie.
; Bien cuidai avoir amie,
Mès encor ne l'ai je mie.

36 ame, ma morz et ma vie


Est en vos, que que je die.
No115, folio47". Chanson de (Sace Brulé (Raynaud 1011)

En douz temps et en bone ho - re Vuil re - trai - re ù --ne chan - çon.


Mes -tiers est que me se co' re
-- Fau-se riens a cuer fe--Ion

En cui j'ai mis m'a - ten - dan - ce. Gar - dez, com sui en ba - lan - ce,

Qui en a - tent guier - re - don !

8
II
uant de moi est au desore
N'i a rien sé merci non.
29
il V
est bien en aventure
Qu'Amors a en son pooir.
Mais trop assez me demore, Toz me mis en sa mesure
II S'en doi avoir garison. 32 Por ma greignor joie avoir.
S'au darrëain ne m'avance, Mais tant dout ma mescheance
Donques m'a mort esperance Que je n'ai mie fiance
En guise de trahison. Que riens m'i puisse valoir.

15
e III
n'ox mais panser ne dire
Celi cui amis je sui ;
36 i VI
ennuiz qui tant me dure
M'eüst mort, au mien espoir.
Mais duelx m'ocirra et ire, Mès adès me ramesure
18 Se je l'ain avec autrui. 39 Et fait ma dolour voloir.
G'en paroll com en faillance, Car une douce semblance
Car de dure contenance, Me dit sanz apercevance
La trovai, las, quant g'i fui. Nuns mentirs por decevoir.

IV
onsoil quier de mon martire, ascos de la mesestance
22
Seignor, mais ne sai a cui.
Cornent puet sa joie eslire
43
Mande a Odion en France
Por Deu qu'il en die voir.
:
25 Qui partout voit son ennui?

Une foie acostumance :


Mais j'ai apris dès m'enfance

D'amer la ou je ne dui.
N° ,
116 folio48a. Chanson de (tSoce; Brûlé (Raynaud126)

w fn chan-tant me vuilcom -plain -


dte A ma da me et ': a A:Tmors,
r-vi» es les
*
ai sans fain *dte, Conques tro-vai secours,
n'i

Si ne ,
lor, -
estpas ho - nours De maigre-;verdes -train-dre, q

C'on -ques n'oi tant de do lours Que vouusisse a-vmer ail—tours.<;


-

II IV
line. Amors ne eele, porcui j'ain ma vie,
9
;
puet remeindre
Por mal trait mès la paours
De ce que ne puetataindre
25
Je sui vostres sanz fauser,
Et, se vos nou volezmie,
Fait esmaierles plusours. Ne m'enpuis [pas]por ce oster;
13 Dame, mais vostre valours, 29 Morir vuil ou achever.
Qui de toutes est la graindre, Mais esperancem'afie
Me fait et fera toz jors , Que cil doit merci trover
Prendre en grey maus et dolours. Qui seit servir et amer.

III V
Amours, je ne me plaing mie îîfbouz
jors l'ai en remembrance
17
Se cele me vuet grever
33
Dès que je primes lavi :
Cui j'ai en mon cuer choisie Son gent cors et sa semblance
Por servir et honorer; Et la grantbeauté de li
Ne n'enporroie lasser. 37 Qui si ont mon cuer saisi
21
Mèsd'une rien muir d'envie : Ç'onqucs n'oi duel ne pesance
Que [ne] meïsse en obli,
Que souvent n'i os aler,
Ne sanz li ne puis durer. Quant je parler en oï.

41
amours, por Deu, aidiez mi,
Que j'aie sa bien vuillance
Por pitié et por merci, , ,
Car, se g'i fail, mar la vi l
45 Biaux compains de Valeri,
D'Amors vient tote vaillance,
Et, por Deu, entendez i,
Que je le vos lo et pri,
-
N° 117, folio 4&c.
Chanson-dé fougue de îkrjé (Raynàitd2071)

19n-cor fe- rai u-ne chan-çon per


-
-
du
e. Puisqu'a per dre sunt
- a - tûr-némichant;
. -11*4 I - 7
C'on - ques ne fis chan-çon en mon vi - vant, Dont me - ri - te me soit en - cor ren - du - e.

N'on-ques,porchant, d'a-mors mteuz ne me fu, Mais par es - poir ceste a -vra. tel ver - tu

Que des au « tres me ren - dra ma droi - tu - re ; Me - trai cest chant sanz plus en a-ven r tu - ttr. f

II IV
9
ien fust raisons, puis que dame est voincue 25
^xranz dolours est
que, ce que plus agrée
Qu'ainsi con l'en la conquiert en tirant, Covient plus tart de l'autre gent veoir.
Qu'ele fust maie a perdre autresiment. Dex, je,voi tout le monde a mon voloir,
Quant on cuide avoir sa lëaul drue, Et de la riens ou mont qu'ai plus amée
13 S'a l'on dou tout en pou d'ore perdu[e] 29 M'estuet estre sauvages et eschis,
Ce dont l'en a lonc temps mal trait eti. Qui tant redout c'on conoisse a mon vis
C'est granz pechiez, quant la joie ne dure Ce que je pans de li en moncorage,
Dont l'on soffretant de max et endure. Quant je resgart son tres simple visaige.

17
e III
tout Amours ne rent autre soudée,
A tout le moins fait elemieuz valoir
33
V
cfecé fait Dex, qui consent felonnie
dont tout li monz est envious.
Celi
Cés qui ainment de cuer sanz decevoir. Et ma dame me tient por angoissous,

21
Ne ja la mort n'iert si desesperée
Que l'en ne soit en son cuer plus jolis.
Et, puis qu'amors nos atrait joie et pris,'
!
Quant je li pri merci, que ne m'ocie.
37 Hay simple de vis et biau parlanz,
D'orguillous cuer et d'amoreus semblant,
Jel teing a sen, que quou tiegne a folage, Cum. mal semble qui voit vo boche rire
Ce dont l'en est plus vaillanz par usage. Que si saichiez asprement escondire !
41
t, se je sui de vos perdre doutanz
lie
N'est mervoille; que tant estes vaillanz
Que bien poez par tot ami eslire ;
Mais je sui cil qui sor toz vos desire.
8

15
Et

'une

$el
-
N°118, folio498.

fin - si con
or cil

por ce chant, qu'a chas

-
Qu(el hons as
-
-
-
-W
Chanson

qui cue
ce que moins l'en ai - enten

chose font dames grant enfance,


Qu'adès cuident que li lor vaillent pis.
Ainz que ma dame m'eüst en sa poissance
II Estoie je vaillanz a son avis.
-

Mès, puis qu'ele ot mon cuer lacié et pris,


Li sembla il que n'oi point de vaillance,
Dès qu'ele m'ot dou tot a son devis.

III
home i a qui done a la foie
A son hoste et rent plus qu'il ne doit,
Por ce que mieuz le mete en la folie,
18 Et que de plus engignier le voudroit.
Autel fist moi ma dame en un endroit
Qu'ele me fu de bone compaignie
Tant qu'ele sot que suen quite m'avoit.
cun soit

sa - zez re - eue - vre plus

II
de fjugue de Derîê

vre sa pe - san - ce
vil-tan-ce.

a-vis

.--
--
d'à
Et son de - hait en
Me fais je liez,

22

29
$ant
-
quant plus suid'i

ai amé fine Amour et m'amie


(Raynaud 238)

tre ses e - ne

Que j'aie en raoïau-cu - ne bone es - tan-ce-,

mis.

IV

Que nuns fors Deu ma dolor ne croiroit.


N'onques ne fu si bone amor perie,
25 S'ele me dit qu'ele m'amie soit.
Maintes foiz ai pensey qu'ele m'amoit,
Mais or voi bien qu'ele ne m'ainme mie
Qu'ele se rit, quant plus me voit destroit.

il V
est bien fox qui ne chace sa proie,
Qui de l'ataindre a assez poetey.
Je vi tel jor, se chacesse la moie,
32 J'eusse tost mon voloir achevey.
Nene tieng pas celui a bien seney
Qui de sa dame respite sa grant joie
Que fame a tost son corage mué.
:
-
- mis,,
-reespris.

;
N°119, folio49e. Renoerdie anonyme (Raynaud 530)

fn maiparla ma-ti-né -e, -


Quant voi ren ver-dir -
L'herbe vert soz
Lors chant dune
T amour ce - lé - e Dont se crien rir, Qui si m'est au
mo -

la ro - sé Et ver - giers flo - rir, Ne n'en quier par


- tir Por rien
e
cuer en - tré -
-
e Que n'en puet is
- sir.

qui soit né - e. Quant plus la re-mir, -cit et plus m'a-gré-e.


Plus m'o

Tout à son plai - sir.

II
14
rant et gente et acemée,
Jel sai sanz faillir:
Vos m'avez la mort donée
Par mon fol désir.
18 Foletez si amorée
Fait bien a soffrir.
Nul autre sens ne m'agrée,
Si m'i vuil tenir.
22 J'ain mieuz a morir
De mort savorée
Que vivre et languir.
Se ma vie vos ennuie
Ja n'en quier garir.
N° 120, folio 49".
Cbanson deGugue de Bec?é (Raynaud 480)

-a-ven-tier-ture
Qui. mes •a
ai -- de
chan
san
tei,
té, ,, Si nesai--- se m'ai
Querre la doit ça
-
de-
et -
ra.
là.

S'ai un no - vel
chant tro - vé 1 Por es -sai - er s'il plai - ra

Ma dame ouen m'a mes - ley; Mais ma chan - çon li di - ra l1

La ver[i] - tey. Bien ait qui la chan - te - ra.


II IV

II ien conoist ma lëauté, 31


-1echié fist et grant vilté
!
J

Qui si grant fés me charga, Qui mesdire acostuma


Amours qui m'a asseney Et cil si ait mal dahé
A la plus bele qu'ele a. Qui lor costume tendra.
15 Trop a hautement penséy - 35 Travaillié m'ont et pené,
Mes fins cuers qui comparra Mais ja riens ne lor vaudra.
Sa hardie volentey :
Ses outrages l'ocirra.
S'il ont fait lor cruauté,
Ma granz lëautez veincra
Trop m'a grevey Lor fauseté,
Qui tel consoil me dona ! Conques plus leaux n'ama.
III V

21 tort ai mon cuer blasmey 41


ln espoir de tel bonté
De ce que si haut pensa; Mes cuers toz jors servira.
Amors li a comandey Et qui que l'en ait blamey
Cui hons il est et sera. Ja ne s'en repentira.
25 Si gart bien sa lëauté 45 Mès ce m'a mout conforté
Et ce qui promis li a. C'onques amor[s] ne garda
Et s'amours m'avoit fievey Point de raison ne beauté.
D'un don que me promist ja, C'est par qui pitié naistra
S'avroit donney D'umilité,
Le plus bel tresor qu'ele a. Par qui merciz me vendra.

51
ID ame, s'il vos vient a gré,
Ma chançon par tans orra.
Trop m'a merciz demorey.
Lors que cist mires vendra,
55 S'avrai santé.
Dame, c'iert, quant vos plaira.
N°121,folio 50b. Chanson de moniot d'êlrras (Raynaud 242)
A

En
Mais cor a si grant pois san ce A - mors, con so
-lw
loit a - voir, -
-
n'en vu-et faire mons -tran-ce,
- -
Que mis a a -- non-cha - loir

Ce fol sie gle de cui dan ce Qu'il doi loir


- - - e va -

Sanz a - mour et sanz don -


gier. Mais, qui a droit veut ju gier
-

Nuns ne puet a grant vail lan - -ce Sanz li


--.
a - dre - cier :

I-telx est ma crean ce -


II III
12
out est bele la provance 23
It puis qu'Amors tant avance
D'Amours et de son pooir. Les siens, donc sai je de voir
Cuer ou vuet faire restance Que cil fait sa mescheance
De cortoisie fait hoir, Qui de li part son espoir.
16 Joli, de douce acointance 27 De bien en mal fait muance,
De large voloir, Ce poez veoir.
Hardi de (touz) biens embracier Que guerpir si douz mestier
Fort en amour sanz changier, Ne fait nuns fors empirier.
20 Net de mesdiz et ventance
[En]si, set afaitier
: ;
31 Por c[e] ai mis m'atendance
En Amour sanz boisier
Cés qui li font ligance. Ferai ma penitance.
IV
34
ue que soit d'avoir amie,
Sanz amour vivre ne quier.
En une que j'ai choisie
Metrai cuer et desirrier.
38 Et, s'ele ne me fait mie,
Bien cuit emploier
Mon tans; qu'onors m'est (de) servir
Bele et bone en cui florir
42 Voi sens, beauté et cortoisie.
N'en porroit mentir
Nuns, de li qui bien die.
N° 122,folio 50e. Chanson anont)me (Raynaud 1972)

II IV
ame,
il nques a nul jor
volunté.
31 tant desir
Vostre douz acointement
N'oi joie a ma
Sej'ai bone amor Que tuit mi desir
1 sunt et mi pensement.
Servie sanz fauseté,
15 Bien sai de verté 35 Mesprison trop grant
S'a droit sunt si bien doné, Feroient li douz semblant
(Ce me fi)
Qu'en vos vi,
Que j'avrai merci. Se n'i truis merci.
Hé mi. Hé mi.
V

21
il III
doit bien d'amors joïr
Par droit jugement,
41
franchise et douçors
Et tuit bon ensoignement,
Qui sanz repentir Dame, sont en vos,
La sert bien et loiaument. Ce sai je certeinnement.
45 Ja por mesdisant
25 Mais on voit sovent
Que cil qui plus bonement Ne partirai mon talant,
Ont servi Ce vos di,
Faillent a merci.
Hé mi. !
De vostre merci.
Hé mi, Dex hé mi !
Mes joliz cuers m'a trahi.
N° 123, folio50d. Chanson de Cuoelier (Raynaud 214)

De

Qui
nOr-nu-iz

f-han

sor
-

tou
ai

çon

-
et des
u-ne

tro -

tes a beau
ver

-
- ran
-re-mem-bran
es pe


Por

Et
- ce
- ce

la

va -
Qui

be

lour.
-
--
M'ont fait tar
fait
me

le
-

cui
gier de chan
ra-ta-lan

j'a -
-
-

our,
ter
ter

II
9
pertes richement m'avance
Bone Amors, por mieuz chanter,
Quant dame de tel vaillance
Me fait servir et amer.
13 Si m'ox bien venter
Que j'aing dou mont la moillor
Dont je merci et graci
:
Bone Amor.
N°124,folio 51a.
Chanson anonçme (Raynaud 441)

ln
- mo -reu-se-ment chan- tey,
la dou - ce sai - son d'es - tey, Que ren - ver - dist la fueil - le,
Ai a Co-ment que je m'en dueil - le.

J'ai un fin cuer des - me - su -


ré, Qu'en bien a - mer s'or - gueil - le;

S'a son -
ou trage en lë
-,
-
-
au - tey
V" -
-
Et en fine a
r
- mour as-sam-blé.
wy Si

II IV
9
1§ requier,
-e ma dame, por Deu, 25
latent ma joie a grant dongier,
Qu'en pitié me recuille, Ploins d'esmai et d'envie;
Et, s'aucun bien m'avoit doné, Ne raisons ne me puet aidier
Qu'ele nou me retuille ; Se pitiez ne m'ahie.
13 Q'ou mont n'a honor ne bonté 29 Dame, cui j'aing sanz losengier,
Ne riens que je plus vuille Por Deu ! ne vos griet mie
Fors que vivre a sa volunté, Se de merci vos os proier*
Et que l'amasse par son gré. C'onques de rien n'oi tel mestier.

III V
17
ui biau palier, sui acointier, 33
jlien voi que ma dame ne chaut
Sa douce compaignie De rien fors dou destroindre.
-

Me feront penser et veillier Quant plus m'a conquis, plus m'asaut,


Toz les jors de ma vie, Ne n'en puis joie ataindre.
21 Et me font de mes maus cuidier 37 Tout a son voloir me travaut
Biens, et sens de folie. Et lait plorer et plaindre.
Je n'en puis garir, ne ne quier
Or pant Dex dou rasoagier !
: Je l'amerai, cornent qu'il m'aut.
!
Hé, las j'aing bien, mais pou m'i vaut

41up
jk—

ugues compains, se Dex me saut,
J'aing lëaument sanz faindre,
Si c'uns souls poinz d'amors n'i faut
Se ce n'est cil : que j'aing trop haut.
N° 125, folio 51e.
Cbanson anonpme (Raynaud 1929)

4Ën es mai et en con - fort, Ne sai a droit ou a tort Chant en


-

n ..an! et en 1er - mes. Que trop m'esloigne li ter - mes Que ceste a-

mors que je port M'avra respassé ou mort ; Failliz m'en est mes a - as - mes. 1

II IV
8 en déduisant, en deport
Me tient Amours foible et fort
22
2pé, Amors !
cum longuement
Atendrai joie ou torment,
Et m'ocit de douces armes Que vos, ne pitié n'en chaille?
il Tex dont sanz force ne charmes 25 Grant pechié fait qui travaille
N'ont desfense ne resort. Celui qui riens ne content.

Amors;
Tot voint, que riens n'en estort
n'i vaut los ne blasmes.
Home qui ne se desfent
N'est pas honors c'un l'essaille.

15
hanteplore
Sovent plor
III

et sovent
:
sui sovant
; chant
29
r V
sai bien que je ferai:
Mal et bien en gré prendrai
Que ma foie devinaille Tant que morz ou gariz soie.
18 Me croist mes maus et retaille, 32 Et savez ma plus grant joie?
Or les lesse, or les reprent. Certes je la vos dirai :
Douce dame, a vos me rent : Que jai si loingz ne serai
Qu'en remembrant ne la voie.
C'est la fins de ma bataille.

36 ist remembrers me ravoie


Et conforte en grant esmai.
Hé las ! et, quant plus n'en ai,
Ne sai que devenir doie.
-Par

II

15
8'
N° 126, folio51d.

-nz- - -
-

jljëaul
-
Par lë aul
ou cuer m'est en - tré
Crü eu se

II
cuer ai, mès petit me desfent
De la dolour qu'Amors me fait sentir
-
Cl)an50n anonpme

tir? Non, voir car je n'ai nul ta

cuer m'es -tuet vivre ou

Dolour? par foi, ainz sui morz plainnement,


Se je n'eusse espcrance ou merir
Jai n'en guerrai, ce sai veraiement.
Quelx garisons est ce que je demant?
Lëaus amanz ne puet d'Amors garir.

Ist il
III
!

nuns hons, tant soit de bone foi,


- -
e fi ne ment Le-aus a-mours, dont Dex me doint jo - ïr.
l'ai, mès grant joie en- a-
tent. Au-sicon ci] qui ne s'en puet par-tir.

- -
tant D'a voir mer

mo -

22

29
rir.

L9
- ci. se ne l'ai

IV
(Raynaud 675)

lë-au-ment.

ouce dame, que feroiz vos de moi?


Je ne vos sai losangier ne guiler.
Mon cuer avez, et je le vos outroi,
25 Qu'en moillor leu nou peüsse doner.
Ne m'ameroiz, qu'encor n'i a de quoi
Ne nou vos os requerre, ne ne doi,
Que petit vaut portel don demander.

i V
envioux qui deçoivent a tort
;

Cui j'osasse descovrir mon penser? Lëaux Amors en semblance d'ami


Tel voi le mont que tote gent mescroi
Nen sai les bons des mauvais deviser.
: Font les amanz sovant traire a la mort ;
18 32 Que tex s'en plaint c'onques mal n'en senti.
Et si vos di que le traïtour q'oi
Redout deuz tanz que celui que je voi,
Mais tant i a dont je me reconfort
Que leal cuer et bone foi vos port ;
:
Qui ne- savroit sa trahison celer. Et lëautez est voie de merci.

36 ame, j'oi cuer jone et entier et fort,


Que vos donai ligement sanz resort,
Fin cuer verai, tantost con je vos vi.
N°127,folio Chanson
52b. anonpme : (Raynaud 1464)

n
< chan tant plaing et so pir Mon en nui et ma grie tey.
Car j'aing et
-
ser et de
-
- sir De si
-
-
bo ne vo lun - -
- tev

Dame, en cui pi-tiépoint ne voi. Car, quant plus


-li -q-"
proi De cuer et

re-quir mer-ci, C'est donc que je truisen li Moins d'a -mis-tey. En -


tel tra vail

ai ves - eu mon la - é.

13
II
ais, por ma dolor covrir
Me teing en jolivetey
25
e III
ne sai que devenir,
Tant ai de mal endurey !
Et, por moins faire esjoïr Mais il n'i a que servir
Ceus qui heent ma santey. Bonement, en lëautey
17 S'ai tel foiz chantey 29 Tant qu'humilitei
Qu'en recoi, Ait en soi

21
Por mon grant ennoi,
Ploroie de cuer marri.
Entre genz ai jeu et ris 33
Pitey ;Qu'ele eüst de moi
mon cuer a saisi,
Mais de ce trop m'esbahi
[Bien] demené; Que por son gré
Ensi m'a de beau semblant M'asaut, [et] si m'a dou mien
Empruntey. Desnuey.
N°128,folio 52e.
Chanson de Colin muset laynaud 967)

1
En
Lors mai,
m'es- quant li ros -
.»7
si-
-
gno -
let Chan - tent cler ou vert bois - so - net,
tuet faireun fla - jo - let, Si le fe - rai d'un sau - ce - let.

moi - tuet d'a - mors fla


Por m'es
Qu'il jo Et cha - pe - let de flor por - ter
1er
de-por-ter, Qu'a-dès ne doiton pas mu - ser.
- -
de-duire et

9
II
IU'autrier en mai, un matinet,
;
25
a IV
damoisele au chief blondet
Me tient tout gay et cointelet.
M'esveillerent li oiselet
S'alai cuillir un saucelet, En tel joie le cuer me met
Si en ai fait un flajolet. Qu'il ne me sovient de mon det.
29 Honiz soit qui por endeter
13 Mais nuns hons n'en puet
flajoler,
S'il ne fait par tout a loer Laira bone vie a mener !
En bel despendre et en amer, Adès les voit on eschaper,
Sanz faintise et sanz guiler. A quel chief qu'il doie torner.

III V
ravier, cui je vi joliet,
S'enm'apele Colin Muset,
17
Celui donrai mon chapelet ; 33
S'ai mangié maint bon chaponnet,
Mainte haste, maint gastelet,
De bel despendre s'entremet,
En lui non a point de regret. En vergier et en praelet,
21 Et por ce li vuil je doner, 37 Et quant je puis hoste trover
Qu'il ainme bruit et hutiner Qui veut acroire et bien prester,
Et ainme de cuer sanz fauser ; Adonc me preng a sejorner
Selonc la blondete au vis cler.
Ensi le covient il ovrer.

41
'ai cure de roncin lasser,
Après mauvais seignor troter:
S'il heent bien mon demander,
Et je, cent tanz, lor refuser.
N°129, folio 53a. Chanson de OuHtaumc le Dinier (Raynaud 1911)

n-corn'est rai-sons Quema joi-e soit tou-te fail-li


ue, se dechan-çonsEs-toitmavo-len-tezdepar -ti-e, - e Ne li mienzchanzfail-liz.
J'envau-droi - e trop pis;

De fe-Ions mes -dis En se - roie -


as sail - liz. S'aing mieuzque je di-e

Chan-çon -si-e, Quefus


en-voi
- se re - -
pris Desfe Ionsparen -viIl-e.
II
13
out dout les félons,
Lor cruautey et lor vilonnie
Dont chascuns est garniz.
Cuers de Guenelon
17 Ont et haute parole polie.
De vérité mendis.
S'en sui esbahiz
De lor ennious diz;
21 Que chascuns me crie
Que toute est faillie
Ma joie a touz dis.
Mais il ment, qui que l(e) die.
N° 130, folio 53".
pastourelle à refrain, anonpme (Raynaud 469)

r-n may, quant


r, Ho - ris-sent prey Et rose est no - ve - le, Lors vi u - ne pas-to - re - le
Che-vau - choi - e lez un blé Tot u- nesen - te - le,

Qui grant joi - e de - me - noit Et chan -


:
toit Mar-gue-ren, ho - ni - e soit

Qui de bien a - mer re -


croit

II
10
arguerons a escoutey
Celi qui l'apele.
Cist chanz li vint mout a gré,
De joie en sautele.
14 Lorsvitune autre donzele
Qui chapel de flour faisoit
Et disoit:
Margueron, honie soit (etc.)
N°131, folio 53e. Cl)anson du roi de naDarre (Raynaud 324)

- 1 uil -le ne flors ne vaut riens en chan-tant Que por de - faut, sanz plus, de ri - moi - er.
Et por fai - re so -laz moi - en - ne gent Qui mau-vais moz font sou - vent es - boi - er.

Je ne chant pas por aus es - ba - noi - er, Mais por mon cuer faire un pou plus joi - ant;

C'uns ma - la - des en ga - rist bien sou - vent Par un con - fort, quant il ne puet main - gier.

9
ui II
voit venir son enemi corant
Por traire a lui granz sâietes d'acier,
52 e IV
je li di : « Dame, je vos aing tant »,
Ele dira je la vuil engignier.
Il se devroit trestorner en fuiant Ne je n'ai pas ne sen ne hardement
Et garantir, s'il pooit, de l'archier. Qu'encontre li me puisse desraisnier.
Mais, quant Amours vient plus a moi lancier 29 Cuers me faudroit, qui me devroit aidier,
13
;
Et moins la fui c'est mervoille trop granz ! Ne parole d'autrui n'i vaut noiant.
Qu'en ferai je? Consoilliez m'en avant:
Qu'ainsi reçoi son cop, voiant la gent,
Con si je iere toz sous en un vergier. Li quelx vaut mieuz, ou atendre ou lessier?

III V
4e sai de voir que ma dame ainment cent fe ne di pas que nuns aint folement,
17
Et plus :
c'est por moi corrocier.
assez
Mais je l'aing plus que nuns, tres durement ;!
33
Que li plus fox en fait mieuz a prisier.
Mais granz eürs i a mestier sovent,
Si me doint Dex son gent cors embracier Plus que n'a sens ne raisons ne plaidier.
21 [Car c'est la riens que plus avroie chier] 37 De bien amer ne puet nuns ensoignier
Et se j'en sui parjurs a esciant, Fors que li cuers qui done le talant.
L'en me devroit trahiner tot avant Qui plus ainme de fin cuer lëaument,
Et puis pendre plus haut qu'autre cloichier. Cil en seit plus et moins s'en seit aidier.

ame, merci! Vuilliez cuidier itant


41
Que je vos aing ;
soul plus ne vos demant.
Vez le forfait dont je vos vuil proier !
N°132, folio 54a.
Cl)aneon de tëace Brulé (?) (Raynaud 221)

9ine a-mour et bone es-pe-ran - ce Mi ra - moi - ne joie et chan - ter,-


Se ce, -le m'oste ire et pe-san-ce Quetant m'en a fait en du - rer. -

Mais nel me vuet guier - re -


do - ner, Por c'en ai es - mai et dou - tan - ce,

Se lë - au - tez de bien a - mer -


Et sa granz pi-tiez ne m'a van - ce.

9
a II
n'i tenisse mesestance
Qu'a ma dame m'estuet penser,
25
*ote m'amour,
IV
fine et entiere
Doing a ma dame bonement.
Se je par nule seürtance Ja por ce, s'el n'ot ma proiere,
1 cuidasse merci trover. Ne l'aimerai moins finement.
13 Mais, quant je plus m'i cuit fier, 29 Que n'est pas amours autrement,
Plus i retruis male vuillance, Puis qu'il va avant et arriere.
Si que je n'os a li parler, Les maus soffre legierement
Ainz me muir en itel soffrance. Qui ainme d'amor noveliere.

III V
17
ouce dame, en cui j'ai fiance 33
|fla!foie gent de cuer legiere
De ma grant joie recovrer, Nos abaisse joie et jovent,
Membre vos qu'en longue atendance Et fause drue noveliere
Me puet amors trop agrever. Qui cestui laisse et cestui prent.
21 Je ne me puis reconforter, 37 Pour ce va amors a neant :
Et en vos est ma délivrance.
Dame, si vos en doit membrer
Pou trueve l'en mais qui l'ait chiere ;
Si voit on avenir sovent
Selonc vostre douce semblance. Que la plus fause est la plus fiere.
N°133, folio 54b. Chanson d'f(mauré de Craon (?) (Raynaud 26)

w fiineA-morclaimmeamoi par he-ri - ta -


-vi - - e
L'ontser de ça en lor a - ai - ge Li
;
ge, Droit sanz rai - son que bien et loi-au-ment
-
bon sei gnor qu'en tin-drentli-ge-ment

Pris et; va - lour et tout en - sei - gne - ment : Si chan - te • rent et je tôt au - si - ment

Vuil que d'à mors et de chant les re - trai -e, Et dou sor - plus me met en sa me nai - e
De cuer, de
-
cors etd'o-nor et de vi - e,Coma ma douce et droi-te sei-gno -
-
ri - e.

II
Ma menaie de mon droit seignorage
Aing je et pris tant que de li soulement
Aten et croi d'avoir mon fin corage
Tot bien par joie et a droit. Qu'autrement
15 N'est nuns bien fins amis entièrement,
Sanz grant joie. Dès que touz ligement
Me rent a vos, douce dame veraie,
Et, quant n'est nuns qui, sanz bien, grant joie aie,
Fox est qu'en bien sanz cele avoir se fie
Par cui touz biens en joie monteploie.

III
dpel
21 joie avoir ne doit pas cuers volages
Qui par tout prie et par tout fause et ment.
Se tout conquiert par son faingnant corage,
Tout li desfait la mençonge et desment.
25 Que, tex con est li desirs c'on atent,
Convient qu'il soit la joie c'on en prent.
Car il n'est pas par raison qu'estre doie
Ensi conquise icele haute joie
Qui par tout vaut et a valoir ahie,
Se n'est sor touz desirree et cherie.
N°134, folio54d. Chanson anonyme (Raynaud 2058)

4Elour ne ver dour ne m'a pie- ii Ne dou-çour ne ro se de


Puis - que dou
-
pa -ïs -ù
fui ine Ou je lais - sai ce
-
que j'a - mai.
may,

Por ce me sou - si et es - mai, Riens ne mi plait que j'ai e - ii

Fors d'un pan - ser qu'en ma dame ai Qui me ra - lei - ge mon es - mai.

II IV
9
tïe dites pas que recreüz 25
l'endoit bien fine amor chérir,
Soie d'Amors, ja nou serai. Conbien que il doie coster.
Ja pour ennui que j'aie [eu] Amors fait les beaux cops ferir,
Vers bone Amor ne fauserai, Amors fait les coars joster,
13 Ainz aing et touz jors amerai, 29 Amors se fait par tout douter,
Puis qu'a amer sui esmeù. As suens puet bien lor maus merir.
Car, se j'aing bien de cuer verai, Qui hors d'amors se vuet conter
Par beau servir amez serai. En nul bon pris ne puet monter.

III V
17
ifloniz soit
cuers qui pour trahir 33
ame, dont n'os dire le non,
Fait bel semblant de bien amer. En cui tuit bien sunt amassé,
Itel cuer doit on trop haïr, De cortoisie aves renon
Tel cuer doit on mauvais clamer. Et de valour toutes passez.
21 Amors ne fait pas a blâmer, 37 Des maus d'amours, dont sui lassez,
Qu'en bone amour a tant (h)aïr. Ne puis garir, se par vos non.
Car, qui bien seit les maus d'amer, Se de moi, dame, ne pensez,
Nuns max ne li puet estre amer. Ja de cest mal ne me sanez.
-
N° 135,

Lë-
.¡oi

au
-sinc
S'ain
folio 55b.

et

-té que
Chanson

a - mor et
est que soie

fol

Qui par beau ser - vir Vient a son de

14

19

23
10
u

-
de (Sillebert de Berneoille

lë - au - tez
o - bli - ez,

-sa-ge.
sir,
A
Sunt en moi sanz ja de fail lir.
S'aing je trop mieuz a main

-pris l'ai en

Il fait mout bon

II
atpons qui ainme et vuet estre
Doit toute mauvestié haïr
Et doit estre cortois et tex
Qu'il ne se doit pas orguillir.
Cil eslieve son hontage
Qui par force et par outrage
Vuet d'amors joïr.
Bien i doit faillir
Qui la requiert par outrage.

III
Amours ne doit estre honorez
Cil qui ne vuet bons devenir,
amez

Ainz doit estre a tel fuer livrez


Que dame ne l'en doit oïr.
Mais li félon, plain d'outrage,
Sevent si bien lor langaige
Et lor moz polir
C'on ne seit choisir
Li quelx a lëaul coraige.
he-ri -ta

vas -
-
- nir

se
--te

-
(Raynaud 934)

- ge:

la - ge.
N° 136, folio 55e.
Chanson d'fludefroi le Bastard (Raynaud 223)

V'm - cciff-
- -
Ce - le
- - -
SineA mours
Dechan

Mais pa - our
ter

--.
qui bien

ai
en es pe ran ce
por es-li-gan-ce

a po - oir

et dou - tan -ce


M'a mis et don né vo

D'a me nui

Que par
- loir
Des maus que me fait a - voir

- - -sier ma gre-van-ce.

-
fe - Ions lo san
-

-giers

Ne me vuil - le
- sti
ju - sier.

II IV

io
ant me plait sa contenance 28fBone dame ne doit mie
Et son gent cors a veoir, Croire malparliere gent
Et sa tres douce semblance, Qui touz jors ont grant envie
Qu'en gré doi bien recevoir De ceus qu'ainment lëaument.
14 Ce que me fait a doloir.
!
32 Hé las tant m'ont fait dolant,
S'ai adès en remembrance Ma joie m'ont esloignie !
Que biaus servirs et soffrance Se Dex lor toloit la vie,
Fait fin ami avoier De[s] max avroie confort
Et s'onor croistre et haucier. Qu'il m'ont fait soffrir a tort.

III V

19
out est fox qui me chastie 37
fraisons m'enseingne et avise,
Et qui d'amer me reprent, Et jou sai certeinnement,
Car tant a de cortoisie Car, qui ainme sanz faintise,
Et de bon enseignement Gent guierredon en atent
23 La ou mes fins cuers s'atent, 41 Quant il ainme en lieu vaillant.
Que siens sui, que que nuns die ; Dont ai je m'amor bien mise,
Sa valor, sa seignorie, Car en tel lieu l'ai assise
Sa beautez, quant la recort : Que ne porroie cuidier
Mes maus obli que je port. Qu'aie servi sanz loier.
N° 137, folio 56a. Chansonnette anonpme (Raynaud 815)

-1ine A
mors me fait chan
-- -- -- .--
Et ce -
-
le que n'ox nom -
-
ter,
mer,
Qui me tient
Ou j'ai tou
-
en
te ma
es pe
fi - ran
- ce,
an -ce
-

Sa beau -tez mi fait dou - ter, Et pi - tiez re - con


-
for - ter.

Car A - mors m'a en -


:
sei - gnié Beau -tez n'est pas sanz pi - tié.

II IV
9lineAmors me fait servir 25
line Amors ne deüst pas
Ma dame sanz repantance Vers moi penser tricherie,
Et ce que je tant desir Car onques n'amai gas, a
Avoir la soe acointance. Mais lëaument, sanz boidie.
13 Por li chant, plor et sopir, 29 Nou fait ele ! chaitis, las !
Et bien saichiez, sanz mentir, C'onques Amors de tel qas
Que trop ai grant hardement
Quant de cuer plor, et je chant.
N'ocist home sanz merci
Ne comencera pas ci.
;
III V
17
line Amors qui me maintient 33
line
Amours, je vos envoi
Me fait mener bone vie ; Ma chançonnete jolie,
Car de ma dame me vient — Si vos pri qu'en leu de moi
Ou tant a de cortoisie Soiez vers ma douce amie.
21 La joie qui me detient.
Fox est qui Amors ne crient : 37 Pour li sui en grant esfroi
La poinne que j'en soffroi
;
Qu J
Amours por une dolor Fera blasmer bone Amors,
Cent joies rent en un jor. S'ele ne me fait secors.
N° 138,

Il
Grant
A
folio 56b.

piec' -
l'en - trant
'-
a
Chanson

(je]
que douz
dou ne
anont)me

chan - tai:
de
mois may,
Or
Carpro -mis
chan -
(Raynaud 65)

te - rai
l'ai

Et ju ré A ce - li qui m'a na -
vré, Sanz ja-mès ga - rir,
-

Au cuer, d'un ar dant de - sir Plain d'à - mour et de plai - sir.


-

II
10
longuement me tient a essai,
Et si ne sai
Se ja jor guierredon avrai.

14 Monaé
Lëaument sanz fauseté
;
Je servirai

La vuil maintenir.
Dex doint, si con je désir,
Que mi doigne retenir.

III
19
-» ame, qui tant avez cuer vrai
De voir le sai,
Car le sen et le bien que j'ai,
Tout de vos l'ai
23 Recouvré.
Bien i a Amors ovré !
Si l'en doi gracir,
Quant tel mal mi fait sentir
Dont j'espoir encor joïr.
N°139, folio56e. Chanson anonpme (Raynaud 194)

mirant piec'
!
Las je
- a que ne chan-tai mais
sous-tien d'A-mours tel fais
Et que de chan-ter n'oita lant. -
Que mer-voille est co- ment je chant.

.Car, sanz guier - re -


don n'a - ma tant Nuns hons, tant fust ses cuers ve-rais,

Cbn j'ai a - mé tôt mon vi - vant. Hé !


las de bien a - mer me vent

Et, de bien es-tre a - mez me tais. Trop mi tient A-mours por en-fant !
II
il il.ar deu ! Amours, un pou me dout
Que cil ne soit fox qui vos croit.
Estranglez est qui vos tranglout,
Yvres est cil qui trop en boit.
15 Vos estes tex, ne sai que doit.
De vos boivre sont trestuit glout,
Car la savors les en déçoit.
!
18 Las je ne
A pou que
voi nul qui s'en lout.
:
ne di tout debout
Fox est qui d'amer ne recroit.
N° 140, folio 56".
Cbcinson de (ÉSUIebert de BetneDiUe (Raynaud 1954)

II IV
îà ame, par vostre valour 34
amours enseigne et aprent
12 Son home et le met en pris.
Mes fins cuers vos enama.
Car bien sai qu'il n'a moillor
Por c'est fols qui ne s'i rent
Deça la mer, ne delà.
Et qui son cuer n'i a mis.
38 Et je, cum lëaus amis
16 Amors pas ne m'oblia,
Quant me fist choisir Amors servirai
Et si m'i tandrai.
Tot a mon plaisir.

23
III
Pour

e
valoir.

trop fera son peour


Qui d'Amors se partira.
45
Por valoir. (et cetera)
V
out est fox qui ne s'apent
;
A Amors servir toz dis
Qu'Amors tient celui joiant
Ne jamès plus vilain tour
Qui a li est ententis.
En sa vie ne fera
49 Si m'a lacié et sopris,
27 D'amor, qui la laissera. Ses prisons serai
Mais sanz repantir
Et si m'i tendrai.
S'i doit on tenir.
Por valoir. Por va[loir).
N°141, folio 57b. Qanson d'tldan de la fiale (Raynaud 149)

SU !
-
- las il n'est mais nuns qui aint Ain si con l'en de vroit a
Chas-cuns a-manz or - - -
en droit faint Et vuet jo
-
ïrsanz --
-
en du
- mer
rer.

Et por ce se doit bien



gar - der Cele c'on pri - II
e Qu'e-le a
1
tel

ne de viegne a mi - e Qui ne ser - ve fors de gui


- - - 1er.

II III
9
It, quant amanz en dongier maint, 17
(hascuns qui aviaire taint
Qu'amie se fait desirrer Ne qui tant bel set sarmoner
Et, s'il avient qu'il la sorvaint, N'ainme pas por ce, s'il se plaint
Usage en li voudra clamer. Ne s'il est larges de doner.
13 Et cele n'osera parler 21 On voit tel amie vanter
Qu'il ne le die. Qui n'ainme mie.
Hé las ! con je plaing donc amie Por ce doit dame, ainz qu'ele outrie,
Por si vilainnement user! Son ami par œuvre esprover.
N"142,loiio bi". Patoutelle du roi de naoartc (Raynaud 342)

II IV
fffers li m'en vois en riant, 37
ors li pris a demander
13
Mis l'ai a raison : Mout belement
Que mi doignast esgarder
«Bele, dites moi cornent,
Por Deu, vos avez non? » Et faire autre semblant.
17 Et ele saut maintenant 41 Ele comence a plorer
A son baston : Et dit itant :
puis esgarder,
plus avant, « Je ne vos
« Se vos venez
Ja avrez la tançon Ne sai qu'alez querant.»
Sire, fuiez vos de ci!
!
45 Vers li me trais, si li di :
21
N'ai cure de tel ami, « Ma
bele, por Deu, merci !»
Que j'ai mout plus bel choisi Ele rit, si respondi :
Qu'en clainme Robeçon. » «Vos faites paour la gent !a
III V

25
uant je la vi esfreer 49
e evant moi lors la montai
Si durement Demaintenant
Qu'el ne me doigne esgarder Et trestot droit m'en alai
Ne faire autre semblant, Lez un bois verdoiant.
29 Lors començai a penser 53 Aval les prez esgardai,
Con faitement S'oï criant
Ele me porroit amer Dous pastors par mi un bief
Et changier son talent. Qui venoient huant
33 A terre lez li m'assis. 57 Et leverent un grant cri.
Com plus regar son cler vis, Assez fis plus que ne di ;
Tant est plus mes cuers espris ;
Je la lais, si m'en fui
Qui double mon talant. N(e) oi cure de telx genz.
N° 143, folio58a. Chanson du roi de naoacre (Raynaud 1800)

-e ne puis [pas] bien metre en non cha - loir Que je ne chant, quant A - mors me ses mont;

I
Que de ce ai le greig - nor duel dou mont Que je n'ox pas des-co - vrir ma pen - sé - e,

Ce donc je voi les au - tres de - ce - voir. Tex fait sem - blant d'a-mer, qui point n'i bé - e.

Por ce chant je que ne - frain


re mon plour ; Et s'en a- tent joie a près ma do - lour

II IV
este chose me devroit bien seoir 25
ou remuer ja ne prendrai congié,
9
Qui est sanz rive, et n'i a point de font ; Nel feroie por rien qui soit vivant.
Et s'il est nuns qu'autrement m'en respont, Si i parra quant mis m'en sui en tant
Je l'en avrai bien tost raison mostrée. Que j'atendrai quex sera ma cheance,
13 Qu'après granz maus, ce dit on tot por voir, 29 Et covrerai ensinc mon cuer irié,
Est mainte foiz granz joie recovrée. Et si savrai s'Amors a conoissance,
Se ensinc est, dont n'ai je pas poour Ne s'ele seit ami guierredoner.
Que de mes maus n'aie bien le retour. Ja n'i perdrai por belement celer.

III V

17
ce retour, Dex! quant la verrai gié? 33
eler doit on, que mout vaut a ami,
Certes, dame, de vos seule l'atent. Mès ne m'en puis apercevoir de rien.
Les vos beautez et vostre fin semblant Ei miens celers mi fait plus mal que bien,
Me font avoir une bone esperance. Que jangleor qui poinnent et atisent
21 Et si ne sai se je ai foloié, 37 Vont tant parlant que tantost ont merci,
Que mout redout de vos fausesemblance. Ne le mentir une feve ne prisent.
Ensi le di, que ne m'en puis celer, Et je, ma dame, a vos me rent, pensis,
Ne ne m'en puis partir ne remuer. Humles, celanz et fins, lëaus amis.

41
uns hons n'iert ja de bien amer apris,
S'il est de cuer decevanz et faintis.
N° 144, folio 58e. Qanson du roi de naoarre (Raynaud 315)

- e ne voi mais ce - lui qui geut ne chant Ne vo - len - tiers fa - ce fes - te ne joi - e
- -
Et por ç'ai je de - mo - rey Ion gue ment Que n'ai chan-tey en - si con je so-loi-e,
;

Ne je n'a - vrai eu co - man - de - ment; Et por i - ce s'ai je dit fo - le - ment,

En ma chan çon, de ce que je vou - droi - e; Ne m'en doit on re - pan - re ma - le - ment.

9
rant pechié
II
fait qui fin amant reprent ; 25
m IV
plus me chace Amors, et moins la fui.
Il n'ainme pas, qui por diz se chastoie. Cist maus est bien a touz autres contraires,
Et la costume est tex de fins amanz : Car, qui ainme, ainz Dex ne fist celui
Plus panse en lui, et il plus se desroie. Ne faut sovent de ses maus joie faire.
13 Qui en amor a tout cuer et talant, 29 De vos amer onques ne me recrui
Il doit sosfrir bien et mal merciant. Puis cele hore, dame, que vostres fui,
Et qui ensi ne fait, il se foloie, Que mes fins cuers vos fist tant a moi plaire,
Ne ja n'avra grant joie en son vivant. Dont mau gré soi de ce que je l'en crui.

17
i III
m'aïst Dex, onques ne vi nului
Tres bien amer, qui s'en peüst retraire.
33
V
.§i sui pensis que ne sai que je quier
Fors que merci, dame, s'il vos agrée.
Et cil est fel et fox et plains d'ennui Que bien savez ja n'iert, en reprovier,
Qui autrement vuet mener son afaire. D'orguillous cuer bone chançon chantée.
21 Ha ! s'avïez esté la ou je fui, 37 Mais par pitié se doit on essaucier,
Douce dame, s'ainz rien d'amors conui, Ne ja orgueuz ne s'i doit herbergier
Vostre fins cuers, qui si pert debonaire, La ou il a d'amors tel renomée,
Avroit merci, s'onques riens l'ot d'autrui. Ainz doit le sien bien faire et avancier.

41
hançon, ;
di li que tout ce n'a mestier
Que, s'ele avoit cent foiz ma mort jurée,
Si m'estuet il remaindre en son dongier.
N° 145, folio 59a. Chanson de Roger d'andeli (?) (Raynaud 997)

a por ce, se d'à


Quant plus ai mal que
- mer me dueil, Ne
je ne sueil, Et
lais
plus
- se - rai que
me con fort - je ne chant;
en chan - tant.

Et main - tes foiz fais bel sem - blant Que je sui do - lanz et mar - riz,

..,
Si qu'a mes diz Puet l'en bien, tant.sui es - ba - hiz, Co-nois-tre par u - sai - ge

C'u -ne do-lors est mise en monco -ra-ge -


D'un pen-se ment,dontmain-tes foiz m'a-vient

Que je di ce dont a.u cuer me sou - vient.

13
e
li nul confort ne me vient
Ne d'autre nel quier ne demant.
II
37
-U trop longue atente
e
Et de ce plus
IV
me duil
qu'a mon vivant
Bien sai qu'a morir me covient Ne verrai mès, si con je sueil,
Sanz joie avoir en atendant. Son biau vis frès, cler et riant.
17 Que cil maus que j'ai portey tant
Ne puet estre sanz mort fenis.
41 !
Ha las trop me va esloignant
Mais nuns nel fait si a enviz,
!
Mais se gariz Ne ja meriz
Iere, plus seroie enrichiz N'iert nuns travaus, quant nuns deliz
21 Que nuns de mon paraige. 45 Ma dolour n'asoage.
Si me mervoil qu'en trestot mon aaige De li amer fai folie et outrage.
Entre tanz maus nuns biens ne m'en avient. ?
Dex ! por quoi l'aing Por ce qu'amer la vuil !
— Et moi cornent, quant a li n'en sovient? Je n'en puis mès : ce me firent mi huil.
III V
Stijist dfbant
25 maus et cist pensers me vient 49 ai de mal qu'encor m'en duil.
De la ou je morrai soffranz. Quant au partir li ving devant.
Mais a sosfrir le me covient Et je cuidai, si con je suil
Quant ma dame n'a nul talant
29 De moi aidier mon esciant
Se por moi ne la veint merci.
:
Merci prier, Mais en plorant
53 Ne poi dire «A deu vos cornant » :
Si me fu li parlers failliz.
Mais un respiz Puis que partiz
M'a conforté dont sui gariz. M'en fui, ne fu mes chanz oïz.
33 Tant est cortroise et saige, 57 Nene plaing mon domage
Et si set bien et conoist mon corage Ainz aing ensi [toz tans] sanz cuer volage
Qu'en delaiant me dit ce que je vuil. Et amerai et, se maus m'en avient,
Mort m'a ses sens et trahi m'ont si huil. N'est pas Amors dont adès me sovient.
dfbouz
61 esbahiz sui dou bon seignorage
Et plaing mon prou et mon damage vuil.
jamès, ce croi, ne la verront mi huil.
N° 146, folio 59e.
Cf)an50n de moniot d'irrras (?) (Raynaud 1229)

a de chan - ter en ma
Ainzainzmieuz qu'Amors m'o -ci
vi - e
- e
Ne quier mais a - voir co - ra - ge.
Por fai - - re son grant do ma - ge, -

Que ja - mès si fai - te - ment


Soit a -
-..
mé -e ne ser
1 1
-
..--f""I
vi - e.

Por ce chas - ti tou - te. gent: Moi a mort et li tra - hi - e.

II V

9
Çé las! je ai dit folie, 33
3poz tens l'avrai escondite,
Ce sai de voir, et outrage. Mais ce i voi qui m'esmaie,
Mais a mon cuer prist envie Quant cil qui plus en est quite
D'estre legier et volage. Toit toz ses biens et delaie.
! 37 Por quant ne s'i doit fier ;
13 Ha, dame, tant m'en repent
Mais cil a tart merci crie D'endroit moi soit el(e) maudite !
Qui atent tant que il pent. La joie que j'oi d'amer
Por ce ai mort desservie. Que j'oi grant, or l'ai petite.

III VI
Amor cfl grant tort l'avrai sordite
17 me covint retraire 41
Por sa fause contenance. Dou monde la plus veraie.
Poise m'en, n'en puis plus taire, Por ce m'en toing a traïte
Qu'a son tort se desavance. Et m'en met en sa menaie,
21 Mais tex est sa volentez 45 Qu'encore m'en puet grever.
Que cil qui plus li doit plaire Et Dex l'en rende merite
En est plus touz tens grevez. S'el me voloit pardoner
Por c'est tricheresse voire ! La mençonge que j'ai dite.

IV
25
erci covient qui soit maire 49
çfluens,Narcisus vuil mander
Que jostice ne clamance. Qui port ma chançon escrite
D'amer nel poi mie faire Dedanz son cuer outremer
Nene sai donc j'oi pesance. Par mi la terre d'Egypte.
29 Mout ai folement parlé 53 Renaut, qui amor avite
Et Dex m'en devroit contraire Puisse Dex grant mal doner !
Comme fol desesperé ; Por li m'en vois en Egypte.
Qu'en li n'ot ainz que refaire.
N°147, folio60a. Cl)anson de <0ace Brute (?) (Raynaud 1590)

*11
- riez [et] des -
Que] con-tre mon cuer l'ai em pris A - ,
troiz et pan - sis Chan - te - rai a - mo
pou que je ne
- reu - se
m'en re - ment.
pent.

Car, qui sa-vroit le grant tor - ment Dont la nuit et le jour me sent

Por fine a - mour - rai


ve. - e, De voir sa - vroitqu'a son grant tort m'es - sai-e.

9
eex ! II
tant m'en ont li mal sopris
S'en garrai, si ne sai coment ;
! 25
IV
nques ma dame [ne requis]
Riens outre son comandement.
Et, se je muir leax amis, Car son gent cors et son cler vis
C'est gariz honoréement ; Et sa grant valours le desfent
A son vivant m'enour atent.
13
Je l'atendrai mout bonement,
Quelque mal que j'en traie.
29 Que je n'aie fol hardement
D'amer ensi tres hautement
Ainz atendrai menaie.
;
Bone est dolors qui de grant joie apaie ! Dex, que ferai, se merciz me delaie?

III V
ln maintes menieres devis out
17
Ma joie, mais trop me vient lent.
Se j'en fusse poesteïs,
33 ai eüz enemis
i
Faux et cruelx vilainnement ;
Saichiez qu'il alast autrement.
21 Mès, quant [plus] a amer entent,
Car plus dout et ferai touz dis
Lor ennui qu'autre hardement
37 Car plus aimme decevamment
;
Amors me grieve plus forment,
Fors nul bien que j'en aie
Li traïtres qui triche et ment
Ocist plus tost sanz plaie
:
Fors soul itant qu'esperance m'apaie. Que li hardiz qui en valor s'essaie.

41 3ire,
(S
se ma vie me rent
Cele qui m'a mort longuement,
A son oés revivroie.
Cil ne vit pas, cui granz ire maistroie
Sire, por Deu, proiez li que m'en croie
;!
N° 148, folio 60e.
Chanson de <0ace Brulé (?) (Raynaud 801)

lî e, n'oi pieç -
-
a nul ta - lant de chan ter, Por ce n'i vuil me
A ces le lais qui chan-tent sanz a -mer Et qui d'a-mer ne
- trese-vent-
l'en ten - ci - on.
fors le non.

Mais par es - fors fe - rai ceste chan - çon: D'à - venture iert, sanz poine et sanz pan - ser

Et, s'e - le plait ma da - me, se la di - - e , C'on - ques chan-çons ne me fi - rent a - hi - e.

II IV
cjflelx
blasme Amors, qui la cuide loer : jovent m'estuet joïr et acoler
9
Faus tricheor qui prient sanz raison.
25
Tel dont je sai que je fais trahison ;
Chascuns se plaint de tolir et d'embler, Car je ne puis a mesure esgarder
Qu'Amours a pris lor cuer en trahison ! Ce dont il sont devineor félon.
13 Mais je vos fis, dame, ligece et don 29 En deriant pensent que nos dison,
De tout le mien, qu'ainz n'en vuil point oster. Mais ne lor vaut, bien lor savroie embler
Tout ai lessié en vostre seignorie ; Quanque je vuil, joie et honor et vie,
S'Amours veinquoit ma dame com amie..
Prenez m'avec, ou je morrai d'envie.

III V

17
$mours
me fait ma grant joie a panser, 33
lJuns ne devroit ses valors oblier,
Dex ! si ne sai se je l'avrai ou non. Ne ses beax eulx, ne sa gente façon,
Mais avis m'est que je doie trover Et, quant je plus pans a li remembrer,
Bele merci en la douce prison Si me merveil que nos tuit ne l'amons.
21 Ou j'ai laissié mon cuer sanz reançon. 37 Or ai je dit outrage et desraison !
La merci Deu, si ne m'en puet quiter Qui porroit, Dex, a tel cuer assener?

;
Ce qu'ele tient a force en sa baillie
Par mon voloir car son gré n'est ce mie.
Dont je l'aing tant, cornent que m'escondie
Qu'a toute riens m'est autre amors faillie.

Ii cuens de Blois part en ceste chançon


41
Se ilaprent lëaument a ; amer
Car d'Amors vient honors et cortoisie
Et tote riens qui a proudome ahie.
Ng 149, folio 61a.
Q)an$on de <0ace Brulé (Raynaud 171)

v I -." .--
- re d'à - mors qui en mon cuer re - pai - re Ne mi lait tant que de chan-ter me toin - gne.
Grantmer-voille est sechan-çon enpuistrai-re, Car je n'i voi l'a-choi-sondont el
voin-gne.

-Car li de - sirs et
lu
la granz vo - len -
-
tez Donc je sui si pan - sis
-
es - ga - rez
-

M'ont si me- né, ce vos os je bien di - re Qu'a poin-nes sai co-nois - tre joi - e d'i - re.

II IV
ëaul desir dont j'ai plus de cent paire
9
D'un bon espoir :
t nonporquant touz li cuers m'en esclaire
Dex doint que il aviegne
Mout par devroit a ma dame desplaire
! 25
M'ocirront voir ainz que joie me veingne
Que m'est touz jors promise por atraire.
Se ceste amors m'ocit, bien l'en coveingne. Mais je ne cuit, dame, vos en soveingne,
13 Mort m'a ses cors, li genz, li acesmez, 29 Cui Dex dona valors et trop beautez.
Et ses douz vis freschement colorez, Mais contre moi li est orgueuz meslez,
Et li beautez dont il n'est riens a dire. Si n'ai paour de tel mort contredire,
Dex, pour quoi ot tant a moi desconfire? Puis que mes cuers me vient por li ocire.

III V
17rié me font cele gent de malaire 33
Êpres
granz amors me fait folie faire,

:
Plus que nul mal que por amer sosteingne.
Mais ne lor vaut ja ne porront desfaire
Qu'Amoursne m'ait et qu'aucuernemeteingne
Si ai paour que longue la maintoingne.
Mais je ne puis mon corage retraire ;
Ensi me plait, cornent qu'il m'en avoingne.
21 Si finement me sui a li donez 37 Par tel raison sui povres asazez,
Que ja sanz mort n'en cuit estre tornez. Quant je plus vuil ce dont sui plus grevez,
Puis c'on se puet vers Amors escondire Et en l'esmai m'estuet joer et rire 1
Ne doit l'en pas a fins amis eslire? Ainz mais ne vi si decevant martire.

!
|||a
41
Toingne vos en, si vos en remembrez
Car qui d'amer oste son cuer et tire,
;
cuens de Blois, vos qui fustes amez,

Aventure iert, s'il grant honor desire.


N° 150, folio 61e.
Cljaneon de Oace Brulé (Raynaud 1414)

- eNe
ne puis pas siloing fo - îr
ne me doin-gne re - te - nir,
Que
Ne
ma da - me puisse o - bli - er,
je ne sai quel part a - 1er

En - tre mon cuer et mon de sir Et me - se - ürs et trop a* mer

poi 1er M'a mort, si nou puis mais soul - frir.


Et ce que ne li ce -

II V
Amors <§§ienestvoirsqu'Amorsmedesfent
9 se fait bon départir, 33
Mais nuns ne s'en puet consirrer Joie et solaz et jeu et ris.
Fors cil qui essaucent mentir S'ele en ce se tient longuement,
Ne de voir ne quierent parler ; N'en puis mais, se je m'esbahi.
:
13 Et si nou puent maintenir, 37 Qu'adès dient la male gent
Ja Dex nes en lait amender !
d'ennui endurer
Plus est fox, qui plus est amis.
Mais ne l'ai pas ensi apris,
Tant m'ont fait
Que n'ai mais poour de morir. Dou repentir n'i a neant !

17
III
.e je jamès doi joie avoir, 41
al VI
me font, au mien
esciant,
Amors, qu'alez vos atendant? Ma dame et Amors, qui m'ont pris.
Quant vers vos fès tot mon pooir S'ele est de douz acointement
A guise de lëaul amant, Et ele a gent cors et cler vis,
21 Vos volez faire a percevoir 45 Ce ne tient a moi de neant
Que j'en deüsse estre pensis.
Que cil sont fol qui aimment tant.
Vostre enemi en sont joiant,
!
!
Ha, Dex qu'est ce que je devis?
Ja n'ameroit nuns sagement !
Si nou deüssiez pas voloir

25
e IV
moi puis mervoilles veoir,
Qu'ainsi m'ocist a mon talant
49
amours, a vos je me dement
Qui me menastes, ce m'est vis,
Cele qui me dut dire voir Ou j'ai mon cuer en tel leu mis
De sa bele boche riant. Dont je morrai seürement.
29 Mais encor i ai bon espoir,
Si atendrai, merci priant,
Quant je n'ai contre li garant,
Ne d'Amors ne me quier movoir.
?15t, folio 62a. Chanson du d)âtelain de Couet) (Raynaud 700)

-e * -
chan-tas se vo-len - tiers li e - ment, Se je tro - vasse en mon cuer l'a - choi - son.
Mès je ne puis di- re se je ne ment, Qu'aie d'a'- mors nu - le riens se bien non.

Por ce ne puis fai - re li - e chan - çon, Qu'a - mors leme des - en - -


sein gne,

Quîvuetque J'aing et ne vuet que j'a teîh - - gnet En-si -


m'es tuet mo-rir en des - es - poir. -

Qu'e • le m'o •
cît ne ne lait joie a - voir.
- I e~

io
e II
ne doi mais Amors grant mal voloir 28
ue IV
ferai, Dex, partirai me de li,
Se la plus bele dou mont mon cuer me rent.
Conques beautez ne fist si son pooir
D'estre avec lui si esmeréement
Nenilvoir !
Ainz que s'amors me par ait tot ocis?
las, il ne puet estre ensi,
Qu'Amors me tient, et ma volontez, pris,
14 Cum ele fait en son très beau cors gent. 32 Qui a mon cuer en li por morir mis.
Que riens qui a grant beauté teingne Ne jamès tant ne mespreingne
Ne truis qu'en li n'en sa façon sosfraigne Que sanz merci ou sanz mort en reveingne !
Fors c'un petit li messiet, ce m'est vis, Qu'assez vuil mieuz morir ou douz desir
Ce que trop tient ses eulz de moi eschis. Que vivre iriez et ma vie haïr.

III V

19
uant je resgart son debonaire vis 37
èsque mes cuers ne s'en vost revenir
Et je la pris au beau respons avoir, De vos, dame, por cui il me gurpi,
N'est mervoille s'au
resgart m'esbahis Aumosne avroiz, sou doigniez retenir ;
Quant je conois ma mort et sai de voir. Car, se revient, a moi a il failli.
23 Puis que merciz ne me doigne valoir, 41 Por vostre honor et por Deu vos en pri
Ne sai ou nul confort preigne, Que de lui pitié vos preingne,
Car ses orgueuz m'ocit et li mehaigne. Qu'il n'afiert pas a vos que riens s'en plaigne.
Ha !douce riens cruelx, tant mar vos vi
Quant por ma mort nasquistes sanz merci !
C'au mont n'a voir si cruel trahison
Cum bel semblant et corage félon.

46
ame, cornent qu'il m'en preingne,
Merci Amors de ce qu'ele me deingne
Tenir a suen ; ne ja de sa prison
Ne quier issir a nul jour, se morz non.
N°152, folio 62e.
Cl)(jn$on de Ridjart Coeur de Cion (Raynaud 1891)

7
tria nuns hons
Mais par es -
pris ne di

Honte i a - vront, se por ma

e II.
-

sevent bien mi home et mi baron,


Ynglois, Normanz, Poitevin et Gascon
Que je n'ai nul si povre compaignon
ra sa rai son
fortpuet il fai-rechan-çon.

re - an -
-

-..
ai
Mout

çon Sui ça deus

25
e
-
A - droi- te - ment, se do
-
a mis, maispo

y -
-

vers
--vre
lan te ment non

pris.
VI.
-
sunt -

sevent bien Angevin et Torain,


don.
li

Cil bacheler qui or sont riche et sain,


Qu'encombrez sui loing d'aus, en autre main.
;

io Que je lessaisse, por avoir, en prison. 28 Forment m'aidessent, mais il n'en oient grain.
Je nou di mie por nule retraçon, De beles armes sont ore vuit et plain,
Car encor sui pris. Por ce que je sui pris.

13
r III.
sai je bien de voir, certeinnement
Que je ne pris ne ami ne parent,
31
mes compaignons que
VI.
j'amoie et que j'ain,
Cés de* Chaën et cés de Percherain :
Quant on me faut por or ne por argent. Di lor, chançon, qu'il ne sunt pas certain.
16 Mout m'est de moi, mès plus m'est de ma gent
Qu'après ma mort avront reprochement,
; 34 C'onques vers aus ne oi faus cuer ne vain.
S'il me guerroient, il feront que vilain,
Se longuement sui pris. Tant con je serai pris.

IV.
19 *
'est pas mervoille se j'ai le cuer dolant, 37
ontesse suer, vostre pris soverain
Quant mes sires mest ma terre en tonnent. Vos saut et gart cil a cui je m'en clain ;
S'il li membrast de nostre soirement Et por ce sui je pris !
22 Que nos feïsmes andui communément, 40 Je ne di mie a cele de Chartrain,
Je sai de voir que ja trop longuement La mere Loëys.
Ne seroie ça pris.
N; 153,j/otto'- -63;». Chanson du roi de naoarre (Raynaud 733)
ab::i à;àl

'v 1* n'os cha.n


Trop ai ser --
;
ter trop tart ne trop so - vent. Car je n'ai gré de chan - ter ne de tai re.
-
vi en par-don Ion-gue-ment Maisje cui dai en cor*tantdire - fai re et --

Que Je pe - usse a ce - li moil - 1er plal - re Qui m'o - cir - ra, s'A - mors ne li des - fent.

Tot a loi - sir. por plus a - voir tor - mcntr

II IV
8
dfàuit
mi maltrait fussent a mon talant, 22
tout mi sot bien espanre et alumer
Se ja nul jor en cuidasse a chief traire ; Au beau semblant, au commencement rire.
Mès je voi bien, servirs n'i vaut néant, Nuns ne l'orroit si doucement parler
Qu'Amors m'a si atorné mon afaire Qui de s'amour ne cuidast estre sire.
12 Qu'amer ne l'os, ne ne m'en puis retraire. 26 Par Deu ! Amors, ce vos puis je bien dire
Ensi, me tient Amors, ne sai cornent, Qu'il vos fait bon servir et honorer,
C'un pou la hé tot amoreusement. Mès un petit s'i puet on trop fier.

III V
c§£ns*
m'estuet et hair et amer *ant
15 29 me fera et languir et doloir
Cele cui ja ne chaut de mon martire. Con lui plaira, car bien en a poissance,
S'ele m'ocit, de pou se puet venter, Puis que pitiez ne me puet riens valoir
Qu'il n'i covient pas trop grant maëtire Fors que merciz et servise et soffrance,
19 De son ami engignier et ocire. 33 Et avec ce i recovient cheance.
Nuns ne se doit vers s'amie garder, Tant i covient, qui joie en vuet avoir.
S'il ne la vuet dou tout lessier ester. Par un petit que ne m'en desespoir !

VI
(amours
36 me tient, qui ne me lait movoir,
Ainz me detient autresi par semblance
Come celui qui a pretey avoir
A mal détour, sanz plaige et sanz fiance,
40 Que ne li ose escondire creance.
Ensi me tient Amors en son pooir
Qu'il me covient ce qu'ele vuet voloir.
N°154,folio 63e.
Chanson de Pertin d'Rngicourt (Raynaud 1470)

-
vI«J'ai
un jo li sou-ve- nir Qui en moi maint et re - pai - re
Ou'A-mors i a fait ve - nir Por moi com - pai - gni-e fai - re
Aser - vir Ma da-me

sanzmes
-
-ser- vir 1
Et sanz mes -
fai- ---
re. A mours, qui tant puet me - ---
nr,

--.-
Li doint vo -
-loir de men - tir
,. -
Les maus que vuil mout bien tai - re.

II IV

II *out adès quant je remir 31


icn me deiist recoillir
Son gent cors et son viaire, Et d'aucuns douzmoz refaire
Ses eulz qui, au cuer saisir, Mais, s'el ne me vuet oïr
Ont semblant si debonaire, Ne por chanter, ne por taire,
Sanz sentir, 35 S'en sopir,
15
Me done Amours de joïr Et d'amoreus cuer m'ahir,
Un examplaire. Quant el n'esclaire
Mais c'est por moi sostenir, Moi qui ne li puis guenchir,
Que je nepuis bien cheir Ainz me fait plus mal soffrir
En volunté de retraire. Qu'Alixandres ne fist Daire.

21
a III
Dex ne me doint loisir,
Trop seroie de malaire.
41
V
ame, je sui, sanz mentir,
Vostres, et sanz contrefaire.
Je voudroie mieuz vestir Riens ne me porroit nuisir
Tout mon aaige la haire Se mes chanz vos pooit plaire.
25 Que guerpir 45 Et languir
Celi qui puet convertir Vuil bien por vos et palir
(Très) tot mon contraire Tant qu'il me paire ;
plait, morir.
En joie et moi retenir, Voire, s'il vos
Et me puet plus enrichir Ne me sosfrez a perir
Que faire roi de Cesaire. Gentis cuer de bon afaire!

Maintenir
51
Lëauté sanz repentir
Ne puet desplaire
A cuer qui sert sanz trahir.
Mais li fox s'en vuet partir.
le
Luès c'un pou de mal maire.
N°155, folio64a. Cf)anson de 1eqan de maisons (Raynaud 1902)

w e1-t-I
ne cuit pas qu'en a - mors tra-hi - sons
Ainzsaïet di et mos-tre parrai-son
-
Pe - üst nor • rir qui qu'a - ve - au m'en soit.
Qu'au deu d'à-mors a-fiert bien qu'il es sait -

Les fins a - manz ; si a fait ce qu'il doit. Bon fait sof - frir le mal et la pri - son.

Dont a la fin vient l'en a -ri - son.


ga

II. III.
8
laux mesdisant qui n'avront ja pardon,
15
lî n bois, n'en plaing, n'en rue n'en maison
Qui nuit et jor angoissox et destroit Ne preng repox : tant desir et covoit
Sunt de trobler amanz, sanz achoison De moi guenchir de la gent Guenelon.
il
;
Qu'il i saichent. Tel i a me cuidoit
D'amors moillor mout est fox qui les croit.
Bien doit metre cuer et cors abandon
18 Qui ma vie ont mis en si grant destroit.
:
Il ment qui dit cuers ne duet c'ueil ne voit.
Ne la voi pas ! Dont je taing con tisons
Cil qui atent d'Amors le guierredon. Qui est estainz quant morz est li charbons.

22
n IV.
en i a donc je sai bien le non
Pierre le Riche. Icil me trahisoit.
:
Il m'apeloit ami et compaignon,
25 Le lonc de Greve par la main me menoit.
Sor toz le hé S'en champ m'en atendoit,
Jou proveroie a trahitor felon
Que il vaut pis que nul autre félon.
N°156, folio64b. Chanson de 7éf)an£racs (?) (Raynaud 823)

II IV
10
fg'Amors ne me soi garder, 28 e
ame,ausivosdoitmoncuer
Autresi rie feroit nuns. Ou nature a mis son us
Si tost qu'en moi vost ovrer Por tote beautez loer.
Et mostrer de ses vertuz Se par vos sui secouruz,
Fui luès conveincuz 32 G'iere revestuz
14
Et [so]pris au suen passage De joie. Faites m'en saige
Ou guerroient sui message Par un semblant de visuaige:
Mon cuer por embler; Si porrai errer

III
Pris fui por eus resgarder. Et mes chanz renoveler
V
emors $.morsne doit refuser:
19 ne s'i vost celer, 37
Dont esbaubiz sui et muz. Vos comanz pas ne refus.
Merci me couvient crier. Ma dame vuil présenter
Povrement sui responduz Mon chant dont sui porveüz.
De ma dame, et plus, 41 S'en gré est reçuz
23
Quant li gehis mon corage, De chanter ravrai l'usage,
Merciz mi fu si sauvage Et si le vuil d'eritage
A moi conforter De li relever
Qu'encor me fait sospirer. Dont chant par an et fin cuer
N°157, folio64d. Chanson deColart le Boutellier (Raynaud822)

a
Or
- e
voi - les sié --
le chan
ne mevuetA mors do
-
-ner
ter Et for - ju - ré tout mon vi vaut
Jor ne res-pit, ne tant ne - quant,
:

Que je ne face un no -veal chant De cuer jo-li. S'aitoutmisen sa mer-ci

Cuer et cors en tie re ment, Por a voir joie tor ment. 1


- - - - ou -

10
ovres
II
cuers n'oseroit panser
La joie dou leal amant,
28 e IV
n'avroie jamès voloir
De nule autre dame servir
Quant il a pooir d'achever. Quant tant voi de beauté paroir
Son desir entierement. En li, quant l'esgart a loisir.
:
14 Douce dame, en cui je sai tant
De biens ausi
Soient mi traval meri
32 Qu'amors fait en mon cuer venir
Si grant douceur
Que j'en obli ma dolour
Con je vos aing lëaument Et preng touz mes maus en gré
(Et) de fin cuer sanz faus talant. Por faire sa volenté.

19
e III
n'ox mie bien recorder
Sa beauté qu'ele a si tres [grant],
37
hançon, fai
V
ma dame savoir,
Se tu t'oses tant enhardir,
Mais itant en puis je parler Qu'ele ne fera pas savoir
C'un blanc cerf. Vis vermoil, riant S'ele fait son ami morir,
23 Avoit ele, de douz semblant, 41 Puis qu'ele a pooir d'amanrir
Quant je la vi. Ma grant dolor.
Si m'en a si enaspri Car jel'aing de bone amor
Amors d'amer trenchamment Sanz nul point de fauseté :
Que je morrai vraiement. Si me doint Dex estre amé !
N° 158, folio 65a.
Chanson anonçme (Raynaud 506)

- $i - mors que j'ai tant de - si - ré - e Qu'au - tre vo


e d'à - - loir m'a fait en - trb - bli - er.
M'a misau cuer u - ne dou-ce pen-sé - e Qui nuit et jor me se-mont de chan-ter.

Pcx ! tant sui liez, quant je puis re - cor - det Sa grant biau - té, de grâce en - lu « mi - née,

Et sa va- lor, ou tou - te joie est né - e.


II. III.
8
je je sui loingz de sa douce contrée 15"^ui set, merci Dex !
ou est ele alée ?
Et je ne puis sovent a li parler, Je ne la puis veoir ne esgarder.
M'amors i est que ja n'en iert sevrée, Tant est vers moi et sorde et avuglée
11 Qui fait mon cuer tenir sanz remuer
Qu'en n'aimme pas ce qu'on puet oblier.
; 18 Que ne me vuet oïr ne escouter ;
Et je ne puis sanz son confort durer.
Des eulz dou cuer l'ai sovent remirée
Nés en dormant l'ai mil foiz aorée.
Douce Merciz, morte et entrobliée
Car m'en soffrez au moins ma foie bée
: !
N°159, folio65e. Qaneon anonpme (Raynaud 656)

.^gesui es-pris dou-ce-ment D'u -ne si tres haute a -


Car,quisa-vroitou jetent,Il le - mor
ten-droit a fo-lour.
Mais je preng cuer et vi-gor D'un tres haut pan - ser Qui me vient de re-mi-rer

La tres bele, en cui bail-li-e Fine A - mors me fist do - ner Et cre an ter
- -

Fë té to te ma vi -
- au - - e.
II III
12
It, s'aucun travaul atent, 23 ^B)itres amoreusement
Poinne ou peril ou paour, Fui pris dès le premier jor
Il ne me grieve néant, Que je vi son beau cors gent,
Ainz m'en déport et sejor. Son cler vis et sa colour,
16 Car je chant por la moillour 27 Que neanz est dou retour
C'om peüst trover, Ne de l'eschaper.
Et me fait joie mener Tout adès. pans sanz lasser
19 Li biens dont ele est garnie. 30 A sa tres grant cortoisie
C'est ce qui mefaitgarder Qui a touz la fait amer
De desesperer,
Car pou vaut, qui ne s'ahie.
Et honorer
C'est la riens qui plus me lie.
;
N° 160, folio65d. Cixmson anonpme (Raynaud 253)

- Jgo liz cuers et - -


so ve nan -ce
ma vuil lan :
Et vo len -tez - io
d'a com plir
Mon pan
- ser et - - ce
Tout ce
-
mi fait res - - -
-
ïr

Et a - mer, sanz re - pen -


tir, Ce -
h ou j'ai -
a ten -
dan - ce

D'à - voir joie ou de lan -


guir; En -
si la vuil 0 - be -
ir.
--
N°161, folio 65d.
Cl)onson de (Billebert de Berneoille (Raynaud 414)

.i'ai so - vent d'A


Touzjors sui et
- mors chan
ai es
-
-
tey, En
té En
- cor en chant.
-
son co mant.
I
j
Main- te foiz m'a

té; Or m'a si bien as né Qu'a mon vi vant


fait do - lant Et des - con - for - - se - -

N'oi mais tant De joie a ma vo -len -


tei,N'a mon de - vis Con en a-mer Be - a - trix.

III
13
il II
qui sunt espoantey
Et esmaiant,
25
Sotes dames ont bontey,
Mien esciant,
Par femme sunt tost maté Mais sachiez, par vérité
Et recreant Le vos créant,
17 Or ferai plus que devant 29 Que la lune tost luisant
De joliveté, Soloil en esté
Por ce, s'on m'a marié, Passe de fine clarté,
N'ai je talant 32 N'a son semblant
20 Ne se prent,
Tant ne quant
Que ja soient mi pansey Ne a la tres grant beauté
Aillors assis Ne au douz ris
Qu'en la bele Beatrix. De la bele Beatrix.

IV
37
ele dame que j'aour,
Qui tant valez:
Jeme teing agrant seignor,
Quant mes pensers
41 Ai en vos servir tornez.
Et por vostre amor
Sui de mon cuer sanz retor
44 Desherietez.
Vos l'avez,
Si que n'ai mal ne dolour ;
Tant m'esjois
Quant j'oi nommerBeatrix.
N°162, folio66b. Chanson de pétrin d'Rngicourt (Raynaud 591)

i'l co -
vient qu'en la chan - doi -
le Ait tre -
ble su * stan - ce,

Ainz qu'e-Ie soit en vail -


lan - ce Ne qu'ele ait po - oir Qu'e-le fa-ce son de- voir.

Car il i doit par rai - son A-voir cire et le-mi-gnon Et ou chief met on le feu-

Et lors a ver - tu De fai - re l'au -


trui ser - vi - se

Tant qu'el est arse et re -


mi - se.

12
t II
je sui touz en tel guise
Et en tel semblance
23
III
es cuers qui se desconsoille
Par desesperance
Espris dou feu qu'Amors lance, Fait trop vilainne chevance.
Et me fait ardoir
16 Le cuer, et le cors doloir
Car, au dire voir :
27 Cuers qui chiet en desespoir,
Et fondre sanz garison. Par delai de guierredon,
Ce feux me vint par enson, Semble el faus champion
19 Car je men senti feru, 30 Sain et haitié recreii.
Lors que j'oi veü Mais j'ai esleü
Ce dont li monz se mervoille, A morir en la justice
Dont j'ar et sopir et voille. D'Amors qui m'art et atise.
N° 163, folio 66e.
Chanson anonyme (Raynaud 651)

We
*
if'aino
Si la
vel co-man-de-ment D'u-ne chan-çon fai - re;
-
fe-rai Ii e-ment, Car bien me doit plai - re,
Ets'ai a-van -tai-ge,

Car j'aing bele et sai - ge Par qu'A-mors m'a - prent A chan - ter so - vent
II III
lien doi amer lëaument Wnsfaux guilerres qui ment
9 17
A tel exemplaire Fait trop a mesplaire,
Dame de jone jovent, Qui par son engignement
Douce et debonaire, Fait bien son afaire,
Cui j'ai fait homage 21 Et par vain usage.
13
Et mis en ostage Hé las! quel domage,
Mon cuer ligement, Quant Amors consent
Sanz eschangement. Joie avoir tel gent!

N°164, jolio 66d.


Chansond'Hdan de la fjate (Raynaud 248)

wenal
,-.-au-tre a-mours fors de mon chant
.- --
re-te-nan-ce En En re - cor - dant
Et d'u-nedoucees-pe-ran-ce Quia-dès mevientde-vant
i

La beau-té qui m'a so - pris Et d'un douz ris a-tra-ant En un bel vi-aire as-sis Cler et ri - ant

Dont chas - cuns en res-gar-dant Doit estre es -


pris.
II
tl n'est si douce soffrance
12
Con de vivre en attendant
Donc ne puis je avoir grevance
;
De tel amour en soffrant.
16 De son semblant
Veoir est si granz deliz !
Car, s'aucuns l'aloit entant
De ces qui m'en ont repris,
20 D'amour ardant
L'ameroit, en escoutant
Ses saiges diz.
N"165, folio67a. Chanson anont)me (Raynaud 817)

:oie fait chan - nir


Par
et so
a - ten
-
-
laz mi
dre, par de - sir - - ter
rer,
Ou', mes cuers bee
Par bien a -
a a ve
mer et par ser
-
-
vir.

Qu'en -cor ai le pre -


mier de -
sir Qu'A-morsme do-na en m'en-fan-ce,

Donc je ne quier ne vuil par - tir, Ne jaDex ne m'endoint pois-san-ce! Í

9
e II
ne vuil ne ne quier partir
D'Amours ne de ma dame amer,
25
IV
en ceste loi vivre et morir
Et doloir, sanz desesperer
Ainz aing mieuz amer sanz merir Me covient, que par maux soffrir
Que de tel leu mon cuer oster. Estuet les biens a savorer.
13 Merci, bele et bone sanz per, 29 Nuns ne doit tant pechié douter
En vos est toute m'esperance. Con celui de desesperance.
Sanz vos ne puis je bien jolr, Qui plus vaut, plus doit endurer,

17 -
Qu'en vostre main gist ma cheance.

Ne joie ne me puet venir.


Ne riens ne la me puet doner
Sanz vos ne rendre ne tolir.
III
vos ne puis je bien joir, 33
Que granz maus veint on par soffrance.

ui V
plus vaut, plus doit endurer.
Or pri Deu et son saint Espir
Qu'au gré celi me doint ovrer
Qui de touz maux me puet garir.
21 Sj, fermement me fait tenir 37 Sainz et saintes, confès, martyr,
Amors en sa douce creance Priez Deu que sanz demorance
Qu'en ceste loi vivre et morir Doint voloir de moi retenir
Me covient sanz nule dotance. Celi qui m'a navré sanz lance !
N°166, folio 67b.
Chanson de 0ace Brute (?) (Raynaud 389)

-'$3
ai o - bh é poinne ettra - vaux. S'ai -
de fi ne joi - e chan - tey
Dès or ne
-
sui je mais de ceaux Qui pour ne -ant ai - ent a mé.

Bo ne ment ma a - se - u - lé Cele ou mrs ser -vi -ses est saux.

Qu'ainztri-chier -resn'en fui, ne faux; Si, tn sai moncuer mout bon gré.

9
II
Ifjle est clere come solaus,
Vermoille com rose en estey.
17
e III
Deu soit mes cuers beneoiz,
Quant il onques ce faire osa.
Les eulx a vairs, rianz et beax, Mout par fu sages et cortois,
Ploins de grant debonairetey. Quant si bone amour acointa.
13 Par que j'ai touz jors voluntey 21 Tote la moillor esgarda
De li servir conme lëaus ; C'onques veist ne cuens, ne rois.
Je l'os bien dire et il est voirs
Qu'il ne m'en puet venir nuns maus,
Qu'en li n'a point de cruauté. Que ja nuns sa per ne verra.

25
e IV
grant joie ne faudrai ja,
Je ne m'en dout ne tant ne quant.
Car, puis qu'ele me resgarda
Debonairement en riant,
29 Ne me fist ele pas dolant.
Ainz puis mes cuers ne l'oblia,
Ne ja ne se departira
De s'amour que je li créant.
N°167, folio 67d. CI)ari50n anonyme (Raynaud 285)

'o-sas-se bien ju-rer, n'a pas lonc temps. Qu'a nul jor mais ne -
fe.ïs-se chan çon:
Car j'ai es - tey tou -te ma vie en - granz D'A-mors ser - vir, n'ainz n'en 01 guier-re don.
-

Mais or me fait don. Et je l'en gra. ci. D'un sa - va. reus pan-ser. plai-sant. jo - li.

Parquoi je chant por la plus de - bo - nai * re Quisoit ou mont, tes-moing sondeur vi - - re.
ai

10 e II
ne doi pas d'Amors estre pensanz 28
Ifllors de beauté,
IV
gemme resplandissanz,
Qu'ele ait emblé mon cuer en trahison, Se ja de vos n'avoie garison
Car tant est ele a tout le mont plaisanz, Fors de veoir, s'est li desduiz si granz
Dont li recorz m'est adès en saison. Que a nul autre comparer nou doit on.
14 Car quant sa façon 32 Se j'ai le renon
Amoreuse vi, De bonté choisi,
Lors erramment li dona[i] sanz detri,
Tot de bon gré, mon fin cuer en doaire
Si fu Amors sires a l'outroi faire.
; Je servirai ;
Cornent qu'il soit de recovrer merci,
car bien doit poinne plaire
Qui cuer obscur enlumine et esclaire.

III V

19
vis me fu que ses tres douz semblanz 37dpresors de sens, gracieuse et plaisanz,
Le recreüst, et par ceste raison Cortoise a toz, noble sanz mesprison,
Sui et serai liez, joliz et chantanz. Comens se puet nuns bons qui soit vivanz
Ja ne savront li losengier félon. Contretenir d'estre en vostre prison?
23 La droite achoison, 41 Car sanz raençon
Qui me tient ensi, Li miens i cheï.
Ne ma dame, s'en chantant ne li di. Tant bel i fait c'onques puis n'en issi,
Car j'aing trop [mieuz] a garder par bon taire Ne ne fera, car je n'en dout contraire
Mon beau desduit que perdre par retraire. S'Amors consent que je vos doie plaire.

46
hançons, je te pri,
Va saluz rendre et mercier celi
Por cui je chant de fin cuer sanz retraire ;
C'onques amanz n'ot si bel examplaire.
N°168,folio68b. Chanson anonyme (Raynaud 1648)

e ne chant maisdou temps qui ren ver


Autre a - choi - son i sai
- -dist,
-be
qui m'a
-
De chant d'oi seax, en -si
-con je so
list. Qui fait mes maux en tre-mes-lerde
- loi-e
joi-e
;
;
-

C'est ma da - me cui nom - mer n'o - se - roi - e.


Por cui je muir, ne ne doig - ne sof - frir

Qu'a li soi ie. -tre


n'au ne puis ser - vir.

II IV
8
-Iou set de bien, qui ne se puet tenir 22
ucune foiz me covient en dormir,
De dire moi que d'amer me recroie. Ce m'est avis qu'avec ma dame soie.
Cil losengier, qui ne sevent servir Lors vient Amors, si m'envoie un sopir,
11 Tres fine Amour qui touz les biens envoie, 25 Quant je cuit estre en ma tres plus grant joie.
Ne sevent pas le desduit ne la joie Si m'esvoille, mès mieuz dormir voudroie.
Que bone Amours set as suens departir Car en dormant me plait a li parler,
Qui lëaument servent sanz repentir. Puis qu'en voillant ne os vers li aler.

III V
-Ior 19laing
la bele qui me fait resjoir,
15 ce, s'Amors ne me vuet riens merir, 29
N'ai je talant que departir m'en doie, Ne por morir ne m'en repentiroie.
Mais vuil touz jors en bon espoir servir Cornent qu'il soit, de li ne vuil partir.
18 La bele et bone ou mes fins cuers s'outroie. 32 Or me doint Dex que je ne li ennoie 1
Dex! que ferai? Trop plus que ne soloie Quant je la voi, si sui sopris de joie,
M'estuet por li travaillier et penser, Je ne li puis tot dire mon panser,
Et plus que moi la me covient amer. Mès m'en covient revenir sanz parler.

36 hançon, va t'en, si li di toute voie,


Se longuement me fait ce mal durer,
Ne puis faillir a moi desesperer.
?Î69, folio 68d. Chansonnette anonyme (Raynaud 1300)

1 me co-vient ren-voi-sier En cest es-tey J'ai fro-vey Mon cuer plus que je ne sueil - mo ré
Et jo-er et so-la-cierEtdé-por-ter: Mais gre-ver Me cui-dent li
mes-di-sant
ena
etdes-se-vrer
-

9
a II.
tousete es blans muteax,
Es chevox Ions,
17
Enreceley,
III.
'ele me done un baisier
Celi donrai mes joiaus Je n'avroie pas si chier
Et mes granz dons. Une cité,
Sejornons 21 J'en pri Dey.
13 !
Ensi s'en va mes avoirs a grant bandon.
Or maingons
Lors avrai quanque je quier a point mené
Bons poissons,
:
[Et bevons et] solaçons et déportons. Vins poignanz et bons rapiaux et venoisons !

N°170, folio 68d. J Cf)an$0n satirique anonpme (Raynaud 37 et 1938)

"f enetieng mie a sa - -Puisqu'il


ge Au - si ne fait nuls — Qui vuet es-tre noveaus druz,
Ho-me de grant a - a - ge, est che - - -nuz;

Et pu - ce-le rent sa - luz, Il en-tre-prent tel ra - ge Qui li terne a hon-ta-ge.


II IV
9
pertes c'est laide chose 25
out est dame blasmée
Et vilains recors, Quant ses ploiz a pris,
Quant jones cuers repose Qui puis vuet estre amée
Par dedanz viez cors. Ne monter en pris.
13 S'adonc ainme, c'est granz tors. 29 De s'amor c'est uns laiz cris,
De s'amour c'est uns descors
Et tex darriers l'enchose
; C'est uns viez respris
Qui ne rent fors fumée ;
Qui devant parler n'ose. Par darriers est huée.
III V
17
uant verdure passe 33
ames, viez reparées
Et nature faut Qui ensi aimez,
Et colors eslasse En vilaines soudées
Et veillece essaut, Vos cors deportez.
21 Li donnoiemenz pou vaut 37 Quant borsieres devenez
De char froide et de cuer chaut. Et vo tens est toz usez
Trop grant dolour amasse
Qui chiet en tel nasse.
Traëz autre marrele :
Ceste amours n'est pas bele.
N°171, folio 69b.
Chanson de pertin d'irngicourt (Raynaud 1428)

II IV

9
oz sui suens sanz repentir, 25
iq,,,ers
aus se fait bon covrir,
ja noier.
Ce ne quier je C'on n'i puet riens gaaingnier.
Dex, qui la fist a loisir, Amors fait bon porsuir,
Li doint voloir d'alegier Que l'en n'en puet empirier.
13 Les maus que me fait sentir, 29 Ne se doit pas orguillir
Et qu'ele vuille en gré prendre Qui vuet a amours ateindre,
Mon chant et moi retenir Ainz doit en gré recuillir
Por li lëaument servir. Les maux, por plus tost merir.

«f^uns
III
ne
V
uant sa grant beauté remir,
17 se doit assentir 33
A bone Amor esloingnier, Tout mi fait raleescier.
Ainz la doit on maintenir, Si tres durement sopir
Honorer et essaucier Qu'il m'estuet colour changier
21 Et toz les félons foïr
Qui mainte amor font remaindre
37 Et, quant me covient partir,
Mout en est ma joie maindre
Si ne sai que devenir,
;
Et les amanz,font trahir
Et tote joie amenrir. N'i cuit jamès revenir.
N°172,folio69 e. Chansonnette anonyme (Raynaud 1347)

il II
qui m'ont le tout tolu
Et qui m'ont lessié tot nu,
e III
Deu plait, [il] s'aviseront
Et de moi pitié avront,
Malement m'ont deceü. Et si me redreceront
Si m'en sent. Richement.
!
Hé las, hé las, hé las N'iert gas, n'iert gas, [n'iert gas,]
Voirement
De si haut si bas.
S'il :
le font
Deo gracias.
N° 173,

-IV
- M'au
D'un jeu

Quant
folio 69d.

tre nuit
par -
--
JeU

en
ti
parti, en

mon dor
en

vint
chan

de
forme de songe, du roi de Hacatre

--
vant
mant
tant.
Fui
Et

Qui me dit:
en grant dou
en grant ba

Il Que
-
-
(Raynaud 339)

tan
lan

-
vas que rant?
-
-
ce
ce.

T--.
A - mours me -

Trop as co -ra - ge mo -
--
vant : Ce te muet d'en - fan-ce«
II IV
38 f,,, 'aies si le cuerdesvé,
9 ors tressailli durement
En grant esmaiance
Dis h:«Dame,
;
se j'entent
25 — «
Mais en moi te fie!
Qui est en ma poësté
En ma grant pesance, Plus mauvais n'est mie,
13 C'est par vostrefaux semblant 29 Ainz a cent tanz plus bontey
Qui m'a mort si cruëlment. Plus valoir, plus largetey.
Partir vuil de vostre gent Tost t'avrai guierredoné :
Par vostre esloignance.» Met t[oi] en ma baillie. »

III V

17 - «
il n'avra ja son voloir
eg
A longue durée
33 - «
*ant m'avezbeausarmoné
Que ne lairai mie.
Qui por mal ne poinne avoir Que ne face vostre gré.
Change sa pensée. Mon cuer et ma vie
21 Encor t'en puez pou doloir ! 37 Met en vostre voluntey,
Malgré cés qui m'ont mesley
Mout doit avoir le cuer noir
Qui por faire son pooir A vos cui j'ai creantey
Pert sa desirrée. » A estre en ahie.

41 «
4 r vos pri merci, por ! Dey
Que cil qui tant a amey
A vos s'umilie. »
N° 174, a. Chanson de croisade du roi de naoacre

¿
folio70 (Raynaud 1469)

'v i douz pen - sers et li douz so ve - - nirs Mi fait mon cuer es pan - - re de chan - ter,

Et fine A - mors, qui ne m'i lait du - rer, Qui fait les suens en joi - e main-te - nir

-
Et met es cuers la dou -ce re-mem - bran - ce. Por c'est A mors de trop hau -te pois - san -ce,

Qui en es - mai fait ho - me res - jo - ïr. Ne pour do - lour nou lait de li par - tir.

II IV
.ens et honor ne puet nuns maintenir 25uant me covient, dame, de vos loignier,
9
S'il n'a ainçois senti les maux d'amer
N'a grant valor ne puet por riens monter,
; Onques certes plus dolanz hons ne fu
Et Dex feroit por moi, ce croi, vertu,
;
N'onques encor nel vit on avenir. Se je jamès vos pooie aprochier.
29 Que touz les max et toz les biens que j'aie
13 Por ce vos pri, d'Amors droite semblance,
C'on ne s'en doit partir por esmaiance
Ne ja de moi nou verroiz avenir,
; Ai je de vos, douce dame veraie,
Ne ja sanz vos nuns ne me puet aidier.
Que toz parfaiz vuil en Amor morir. Non fera il, que ne m'avroit mestier.

III V

17
ame, se je vos osasse proier, 33
<!ë!
dont nuns hons n'a pooir
es granz beautez
Mout me seroit, ce cuit, bien avenu. Qu'il en deïst la cinquantisme part,
Mais il n'a pas en moi tant de vertu Li ris plaisant, li amoreus regart
Que devant vos vos os bien aviser ; Me font sovent resjoïr et doloir.
21 Ice me font et m'ocit et m'esmaie. 37 Joie en atent, que mes cuers a ce bée,
Vostre beautez fet a mon cuer tel plaie Et la paors rest dedanz moi entrée.
Que de mes eulz soul ne me puis aidier Ensi m'estuet morir par estovoir,
Dou resgarder dont je ai desirrier.-
v • [En grant esmai, en joie et en voloir].

41
ame, de qui est ma granz desirrée,
Saluz vos mant d'outre la mer salée
Comme a celi ou pans et main et soir,
N'autres pansers ne me fait joie avoir.
N°175,folio 70e.
Chanson du roi de naoarre (Raynaud 360)

i ros-sig-noz chan-te tant Qu'il chiet morz de l'ar-bre jus. Si be - le mort ne vit nuns.

Tant dou - ce ne si plai - sant. Au - tre - si muir en chan - tant a hauz criz,

Que je ne puis de ma dameestre o - ïz, N'e-le de moi pi-tié a-voir ne daig-ne.

II IV
8
hascuns dit qu'il ainme tant 22
en trairai Deu a garant
C'onques si fort n'ama nuns. Et touz les sains de lasus
Ce fet fins amanz confus Que, se nuns puet amer plus,
il Que trop mentent li truant. 25 Que je n'aie amendement,
Mais dame doit conoistre a lor faus diz Ne ja de vos ne soie mais oïz,
Que de touz biens s'est li faus cuers partis, Ainz me tolez vos debonaires diz
N'il n'est pas droiz que pitiez ne l'enpreingne. Et me chaciez com beste de montaigne.
III V
XQ ifje
15 nques fierté n'ot si grant 29 ne cuit pas que serpenz
Vers Pompée Julius N'autre beste poingne plus
Que ma dame n'en ait plus Que fait Amors au desus.
18 Vers moi, qui sui desirrant. 32 Trop par sunt li cop pesant ;
Plus trait sovent que Turs ne Arabiz,
: !
Que devant li est touz mes esperiz
Et nuit et jor crie Merci merci !
Baisant ses piez, que de moi li soveingne.
N'onques encor Salemons ne Daviz
Ne se tindrent ne c'uns fox d'Alemaigne.

f-,, 'est mervoille


36 se je sui esbahiz :
Que li conforz me vient mout a enviz,
Que je dout mout que toz biens me soffraigne.
39 Dame, de vos mes cuers ne est partiz,
Si vos en rent les grez et les merciz
Que je atent qu'encor de vos me vaigne.
42 Mains durs essauz m'avra Amours bastiz !
Chançon, va tost et non pas a enviz,
Et salue nostre gent de Champaigne !
N° 176, folio 71a. Qanson du roi de nODorre (Raynaud 2032)

es dou - ces do
-
lors Et
mal plai - sant
li
,-'------'--
Et qui fait fol har-de ment.
Qui vie-nent d'a-mours Sunt douz et cui sant. -
-

A poin - nes-a - vra se - cours. J'en fis un dont la pa - ors Me tient ou cors que je sent.

9
ien
II
est granz folors
D'amer lëaument,
25
e IV
chant et deport
Por moi solacier
Qui porroit aillors Et voi en ma sort
Changier son talant. Ennuit et dongier.
!
13 Hé Dex, j'en ai apris tant 29 Si porrai bien perillier,
Qu'ainçois seroit une tors
Portée a terre de flors,
Quant ne puis venir a port
Ne je n'ai aillors resort
;
C'on m'en veïst recreant. Sans m'aligence brisier.
III V
17
SËonc respit m'ont mort
33
ame, j'ai tout mis
Et grant desirrier, Et cuer et penser
A ce qu'a son tort En vos, et assis
Me vuet corroder. Sanz ja remuer.
Moins en fera a prisier 37 Se je voloie conter
21
Se je n'ai de li confort
C'ou monde n'a rien si fort
; Vostre beauté [et] vostre pris,
J'avroie trop enemis:
Por li ne me fust legier. Por ce je n'en os parler.

41
ame, je n'i puis durer;
Que tot adès m'ira pis
:
Tant que vos direz « Amis,
Je vos vuil m'amor doner. »
N° 177, foiio7ib. Débat anonpme (Raynaud 1321)

II
Ifau-trier es -
toie en un ver gier, S'o -
hi deus da - mes con - soil - lier
Tant qu'e-les pris-trent a tan cier Et lor pa ro les a hau cier.
- - - -

A-co-tez fui,lez un ro- sier, De-soz une en-te flo - ri-e. Dist l'une a l'au-tre:

« Con -
seil quier D'un mau -
vais qui m'aimme et pri - e
Pour loi - er.
1 IW.

A me- -rai je donc che -va -


lier Co -art por 1
sa me-nan
-"-:;
-
ti -
e?»

12
II
«fIns autres me refait proier,
Frans et cortois et beaux palliera,
34
it la fause :
De mesaise et de fain morroit.
V
«Qui vos creroit,
Et quant il reva tornoier N'aing pas chevalier qui tornoit
En son pais moillor ne quier. Et erre et despent et acroit
16 Sages est et tient son cors chier, 38 Et en yver se muert de froit,
Sanz orguil et sanz folie. Quant sa creance est faillie.
Mais il n'avroit d'amors mestier Ne quier que mes druz peceoit
19 Qui tort a merchëandie. 41 Grosse lance por s'amie.
Au premier Orendroit
Li fui cruelx a l'acointier Prenez l'onor et je l'esploit :
Por le mauvais qui me prie. » Si verrons la mieuz garnie. »

23
it :
la bone « Je di par droit
Que tres bele dame amer doit
III
45
«*ais toi, pute, va bordeler
Je ne te puis plus escouter.
V
!
Bons chevaliers, s'ele aperçoit Puis que tu vuez a mal aler,
Que fins et lëaus vers li soit. Nuns ne t'en porroit destorber.
27 Et cele cui avoirs déçoit, Cornent porras tu endurer
Dame ne l'apel je mie
Garce est, puis que l'en seit et voit
: 49
En ton lit vil compaignie? »
Li voloit l'un des eulx crever.
30 Que por loier s'est honie. 52 Mais Gaces nou soffri mie
Qui la croit Au torner,
Fox est et sa folie boit, Ainz li ala des poins oster :
Quant de l'argent l'a saisie. » De tant fist il vilenie.
N°178,folio 71d.
Chanson de <5ace Brulé (Raynaud 413)

Slfi plu d'à - mors chan - té Par es -fors et des


- sor ont
Mais de ce me doit sa - voir gré C'onques ne chan-tai fain
-
loi
- te
- au -
-
ment,
ment.

Ma bo-ne foi m'en a gar - dé Et l'a-mor donc j'ai tel plan - tey

Que mer-voille est se je rien hé, Nés i - cele en - vi - ou - se gent.

II IV
9
certes, j'a[i] de fin cuer amé 25
$mors m'a par raison mostré
Ne ja n'amerai autrement. Que fins amis soffre et atent.
Bien le puet avoir esprové Car qui est en sa poësté

13
Ma dame, se garde s'en prent.
Je ne di pas que m'ait grevé
Qu'il ne soit a sa volunté,
29 Ou c'est orgueuz ;
Merci doit proier franchement,
si l'ai provey.
Mais cil amëor en estey
Car de li sont tuit mi pensé, [Qui m'ont d'amour achoisoné]
Mout me plait quanque me consent. N'aimment fors quant talanzlor prent.

17 e III
j'ai loing dou pais esté
Ou mes biens et ma joie atent,
33
V
(S 'envious l'avoient juré,
Ne me vaudroient il neant
Por ce n'ai je pas oblié La dont il se sont tant pené
Cornent on aimme lëaument. De moi nuire, a lor esciant.
21 Se li merirs m'a demoré, 37 Por qu'aient il renoié Dé,
Ce m'en a mout reconforté
Qu'en pou d'ore a l'en recovré
: Tant ont mon ennui porparlé
Qu'a poinne verrai achevé
Ce c'on desirre longuement. Le panser qui d'amors m'esprent.

41
ais en Bretaigne m'a loé
Li cuens cui j'aing tot mon aé,
Et, s'il m'a bon consoil donné,
Ce verrai je prochainnement.
N° 179, folio 72b.
Chanson anonpme (Raynaud 762)

as!
Un
- - ne joi-
por quoi m'en-tre mis d'a mer, Quant bien qui
-tit -
ne menvient
mauvaisjeu main tient
e - ?!
pe me cui-.dai jo er; Fox est

Nuns
1
ne la
%w
por-roitde -vi- ser, La do-lor qui au cuer me tient,

Las! moi le cou-vient - -rer,


en du Mout a en fai -re le -
co vient.

II IV
'Amors m'ocist sperance m'a mout grevé,
9 a mon grant tort, 25
Si ne set a dire por quoi. Ne sai cornent m'en avanra.
La nuit, quant touz li monz se dort, Mainte foiz ai jeesperé
Lors est mes cuers en grant effroi. Ce que ]a
bien ne me fera.
!
13 Ne ai ne joie ne confort, 29 Folx sui quant me sui destiné
N'i truis ne volonté ne foi ; Ne sai quelx la fin en sera.
Morir me fait de male mort Telx me puet avoir en vilté,
La riens ou plus me fi et croi. Espoir, qui encor m'amera.

III V
Amors m'a si estroit lié 33
ien deüsse le cors
~- haïr
17
Que je ne puis un mot soner, Por quoi li miens est en torment.
Si m'a mon cuer si desvoié
Or me deüsse repentir
Qu'a nul bien ne puet retorner, Tandis con li talanz m'enprent.
Se la bele n'en prent pitié. 37 Cil est bien fox, ce m'est a vis,
21
Dex, ce me fait reconforter Qui le bien voit et le mal pren,
Que j'avrai ce que m'est jugié [Qui de deus biens puet l'un choisir,
Que que il doie demorer. Se il au mieudre ne s'enprent.]

VI
4I
$a
qu'ai je dit? or men repent !
!
Dou departir ne quier parler,
Ainz vuil entendre bonement
A ma dame merci crier.
45 Morz sui, se pitiez ne l'enprent.
Dex, ce me fait reconforter,
Que lors diront tote la gent
Que je sui morz por bien amer.
N° 180, folio 72d. Henoerdie de 0QCC Brillé (Raynaud 633)

H'an que voi l'er


Lors vuil a chan - - be res-plan-dre
ter en - ten - dre,
Par
Que
les prez et ren ver
ne m'en puis plus te
- --dir.
nir.

Mes cuers me fait ce em - pren dre Qu'iert mout grief au de - ser vir.
- -

- erre - don ren - dre,


A - mer, sanz erui Ne puet mi - e cors sof - frir

A Ion - gue - ment main - te - nir Sanz con -


fort et sanz mer - ci.

II
f
a II
ne me grevast atendre
S'au loingme vousist oïr.
41
$.mors
V
a grant seignorie
Sor moi, bien le m'a mostré.
Mèspor c'est ma joie maindre Por ce nou retrai je mie
Que paor ai de faillir. Qu'a li n'aie mon pensei.
15 La fin d'amors vuil aprendre Et se ma dame m'oblie,
Que j'en sai jusqu'au morir.
Ne nuns ne me puet deffendre
45
Tant li : Merci, por Dé
cri
Qu'ele reconoisse et die
!

18 A amer ne a haïr. 48 Que j'ai lëaument amé.


Si me plait a maintenir Adonc li soit pardoné.
Amors, qu'el me plait merir. Se je moroie, por Dé.
III VI
21
ame sor toutes amée 51
lelon losengier, d'envie
De leal cuer sanz trichier, Maint home avront grevé.
Bele et blonde et honorée, Mais pou vaut lor felonie
Je ne vos sai losengier. Vers la debonaireté
25 Loing sui de vostre contrée, 55 Celi qui en sa baillie

28
Ce me fait plus esmaier.
Si est puis l'amors doublée
Dont ne vos osai proier.
Hay !
A si mon cuer atorné.
fause gent haïe,
58 Car fust de vos a mon gré !
Tant vos dout a corrocier, Ne vos seroit pardonney,
Ne ce ne m'avroit mestier. Par la foi que je doi Dey !
IV
31
'ai
fi pas la joie obliée 61 ascoz qui tant a amé
Dou douz termine premier, Amera tout son aé
Que l'amors me fu donée, Desirramment. Si pri Dey
Dame, que touz jors requier. Qu'endroit li n'i ait fausey.
35 Mais tost me refu vehée,
Quant vos plot a essaier
Cornent ire est tost montée
38 La ou a joie et dongier.
Mais ne m'en doi corrocier,
Car de servir ai mestier. 169
N°181, folio73". Chanson de Oace Brulé (Raynaud 1977)

v 'an que fi
- ne
fueille et flor, Que voi la froi
Qu'autrement ne
-
dure en
puis chan
- trer.
ter.
Lors chant a gui - se de plor, -

Mais a la gent vuil mos - trer Se ma dame a grant ho - nor

De son bon a - mi -
gre ver.

8 es II
cuers me fait grant irour 29
i V
a nuilui tort ne fera
S'ele m'i laisse morir,
Qui ne me lesse tomer,
Ainçois double chascun jor Que siens sui, si m'ocira
il Son voloir de moi lasser. 32 Quant li vendra a plesir.
N'Amours n'en doit pas mentir,
Quant loisir ai d'esgarder,
Seignor, se je fès folour, Puis qu'ele a li me dona
Bien me doit en ce tenir.
;
Mout m'en deveroit peser.

15
III
je je l'aing de fine amor, 36 e VI
Deu plait, bien me vendra
De leal Amor servir,
Nuns ne m'en devroit blasmer,
Qu'en li a tant de valor C'onques nuns n'en empira
39 S'ele li voloit merir.
18 Qu'en ne la puet trop amer.
Mès por Deu li vuil mander Ja Dex ne mi lait partir ;
Que tant m'ost de ma dolor Mais a son plaisir serai,
Que l'autre puisse porter. Que qu'il m'en doie avenir.

IV
..&'onques hons merci trova 43
tuiz de Ponteaus, au fenir
22
Je n'i doie mie faillir, Ne vos oblierai ja ;
C'onques mes rien tant n'ama Por vos doi la mort haïr.
25 Con je fais en lonc consir.
Si ne me doi repentir :
Que cil qui tant servi a
Ne doit perdre por servir.
N° 182, folio 73e. Chanson de croisade, duchâtelaindeCoucp (Raynaud 986)

Hf i no-veax temps et maiz et vi - o - le


Etmesfins cuers me faitd'unea-mo re - - - te Et ros -sig - noz me se - moig-nent d'à - mer.
-
te Sidouzpre sent,neldoitnuns re - fu - ser

Or me lait Dex en tel ho - nor mon - ter Que cele où j'ai mon cuer et mon pen - sey

Soit u - ne foiz en - tre mes braz nu - e - te, Ainz que j'aille ou - tre - mer.

9
u II
comencier fu si franche et doucete,
Je ne cuidai por li maus endurer.
25
e IV
mil sopirs que le jor doi par dete
Ne me vuet pas d'un tout soul aquiter.
Mais son cler vis et sa douce bouchete Ne Fausse Amors ne vuet que s'entremete
Et si vair huil bel et riant et cler De moi laissier dormir et reposer ;
13 M'orent ainz pris que mi soie donez. 29 S'ele m'ocit, moins avra a garder.
Mais, s'or mi vuet retenir et quiter Si ne m'en sai vengier fors au plorer,
Mieuz aing a li servir, si me promete, Car, qui Amours destruit et desherite,
Qu'a une autre achever. L'en ne set ou clamer.

17fffas !
III
por quoi l'ai de mes eulz esgardée,
La douce riens que Fause Amie a non?
Quant de moi rit et je l'ai tant plorée,
33
- V
totes joies est cele coronée
Que j'ai d'Amours. Dex, i faudrai je donc?
!
Oïl par Deu, telx est ma destinée ;
Si doucement ne fu trahiz nuls hon. Que tel destin me donent li félon.
21 Tant con fu miens, ne me fist se bien non. 37 Si sevent bien qu'il font grant mesprison,
Mais or sui siens, si m'ocist sanz raison. Car, qui ce toit dont ne puet faire don,
Et c'est por ce que de cuer l'ai amée : Il en conquiert enemis et mellée
N'i fait se
:perdre non!
N'i set autre achoison.

41 if*""*
coiement ai ma dolor
1
VI
menée
é
Qu'a mon semblant ne le coneüst on.
Se ne fussent la gent malaürée
N'eusse pas sopiré en pardon ;
45 Rendu m'eüst Amors mon guierredon.
Mais, en ce point que dui avoir mon don,
Lors fu ma mors enseignie et mostrée.
Ja n'aient il pardon !
N° 183, folio 74a.,
Cl)an50n du Châtelain de Couct) (Raynaud 1009)

'an'oi
Que que ro - se ne fuil - le Ne flour ne voi pa
chan-ter par bruil- le Oi - sel nemain ne
- roir,
soir:
Adonc flo-rist mon

cuer et mon vo -
loir De fine A - mor qui m'a en son -
po oir,

Si qu'ainz n'en poi is -


sir. Et s'il est riens qui m'en puis - se par -
tir,

Ja mès nou quier sa -


voir, ne Dex nou vuil -
le 1
-

II IV
10
est bien
droiz que m'en duille, 28 fg ar
maintes foiz m'effroie
Quant ma dolor désir ; Amors et fait pensant,
Car j'ain plus que ne sueille Et sovent me rapaie
Ce dont ne puis joïr. Et donne cuer joiant.
14 Et conois bien que n'i puis avenir
S'Amors ne veint raison, je doi faillir,
; 32 Et si me fait vivre mesleement
:
D'ire et de joie ne sai s'a talant
Ce sai je bien de voir. Que me vuille esprover?
Por Deu,, Amors, faites en nonchaloir Nenil, espoir; ainz est por moi irier,
Metre raison, tant qu'ele me recuille ! Por essaier se por mal recroiroie.

III V
19
ame, nul mal que j'aie 37
Mainte longue semainne
Ne crieng,fors alegier, Trai, quant sui loing de li,
Car sanz vos ne porroie Et pensant a grant poinne,
Vivre un soul jor entier.
23 Sanz vostre amor n'a ma viemestier, 41
Certes ce poise mi.
Je n'enpuis mais, Dex car je desir si !
Ne je ne vuil tot le siegle ennuier,
Ou aler mort vivant.
Ja Dame dex ne mi lait vivre tant
A recevoir celi donc pas n'obli
Les moz et les semblanz
Ainz m'en sovient et en suiremembrans,
;
Qu'au siegle ennui ou m'amie veraie ! Et les recort la ou plus m'est grevainne.
N°184, folio74e. Qanôon du châtelain de Couct) (Raynaud 40)

a dou -ce
voiidou ros sig notsau
M'a-dou-cit tout le cuer et ra so
- -
- - va - ge
- a - ge
Q'oi nuit et jor coin - toi - er et ten - tir
Lors ai ta-lant que chant por res-bau-dir.

Biendoichan - ter. quant il vient a plai - sir -Il


Ce que j'ai de mon cuer fait ho -ma-ge,

Bien doi. a - voir grant joie en mon co - ra - ge. S'e - le me doigne a son oés re - te - nir:

II III
hançon, va t'en por faire mon message nques
9 17 vers li n'oi faint cuer ne volage,
La ou je n'os ne parler ne tentir ; Si m'en devroit por ce bien avenir;
Que tant redout la male gent sauvage Ainz aing et ser et aor par usage
Qui devinent, ainz que puist avenir, Li, cui je n'os mon penser desçovrir.
De nos amors. Dex lor doint maleïr ! 21 Que sa beautez me fait si esbahir
13
Que tant amanz ont fait ire et domage
Por ce doit bien Guioz qu'en son aage
! Que je ne sai devant li nul lengaige,
Ne resgarder n'os son simple visaige,
Ne porroit bien eürs Amors servir. Tant en redot mes eulz a départir.
N'D185,folio 74d. Débat de Conon de Betune (Raynaud 1574)

v
si"au-trier a -
-
vint en cet au tre pa - ïs C'uns che va - liers ot u - ne dame a -
- - - mé e.
e.
Et la da me, toz jors en son bon pris, Li a s'a mor es-con-dite et ve - hé -

1«w :
- -

» 1 r
Quant vint a - près, si li a dit «A - mis, A - mé vos ai par pa - ro - le maint dis ,

Or est l'a - mours con-ne - üe et pro - vé - e. Si fe - rai mais dou tout vos - tre de - vis.»

9
i II
chevaliers la resgarda ou vis
Si la vit mout pale et descolorée.
; 25
ertes,
IV
dame, j'ai bien oï parler
De vostre pris, mais ce n'est ore mie !
« Dame » dit il, «bien
sui morz et trahiz Et de Troye rai je oï conter
Quant n'eüstes l'autrier ceste pensée. Qui fu ja dis de mout grant seignorie :
13 Vostre cler vis qui sembloit flor de lis 29 Or n'i puet on fors la place trover.
M'est si tornez du tot de mal en pis Ensi dame, vos lo a escuser
Qu'il m'est avis que me soiez emblée
A tart avez vers moi ce consoil pris ! »
; Que cil soient repris de l'eresie
Qui dès or mais ne vous voudront amer.»

III V
uant la dame s'oï si ramponner, « tar Deu, vassaux, mar vos vint en pensey
17
Honte en ot grant, si repondi marrie : 33
Que vos m'avez reprové mon aage.
Se j'eusse ja tout mon tens usey,
«Par Deu, vassaux, je vos sai bien gaber.
Cuidiez vos donc qu'a certes le vos die? Si sui je tant riche et de haut parage
21 Nenil !par Deu, ainz ne l'oi en penser.
Savriez vos dame de pris amer?
37 Qu'en m'ameroit a mout pou de beauté.
Ne il n'a pas encor un mois passé
Nenil, certes ! Ainz avriez envie Que li Marquis m'envoia son message.
D'un beau garçon baisier et acoler.» Et li Baviers a por m'amour ploré.
N°186, folio 75b. Ct)an$on d'Aubin de Sc5anne (Raynaud 433)

Que ren - voi-siez soi - e, QuAmours m'a mous - trey Que je la ser -
voi - e

A sa vo -len - té
II IV
10
ex, tant buer fu nez 28 ascoz en chantant
Cui Amours maistroie ; Dit que n'ainme gaire
Que, s'il est grevez, Qui, por mal qu'il sent
De legier rapaie. S'en bée a retraire.
14 Toz mi sui donez 32 Moi n'est il neant
Se morir devoie, Se ja por mal traire,
Ne n'ai enpensey Se je a mon vivant
Que partir en doie Pooie riens faire
Tot mon aé. A son talant.

III V
19
ele,
a vos m'aten, ame, por soffrir
Franche debonaire ;
Por un bel semblant
37
Ne porroie mie
Rien tant ne
; désir
Me poez atraire. Ne plus n'ai d'envie.
23 Quant vois remirant 41 J'ai cuer de servir
Vostre cler viaire Vos cui pas n'oblie.
Joie en ai si grant Je n'en quier partir,
Que ne mi puis taire : Ainz voudrai ma vie
Por ce chant. En ice fenir.
N°187, folio 75e. Chanson de Perrin d'Hngicourt (Raynaud 1692)

i jo -lis maiz ne la flors qui blan


Ne me fait pas chanter ne me ner - - choi-e Ne chanz d'oi-seaux ne prez ne verzbo - cha ge
-
joi -e Tout ce me fait for ce de seig-no ra -ge - -

Et ma da - me, cui j'ai fait lige ho - ma - ge, Cui j'aing de cuer sanz nu - le fau - se - tey,

De cui je toing si grant jo - li - ve - tey Que sanz en - nui en u - se - rai ma vi - e,

Et s'en di - rai mainte chan - çon jo -


li - - e

II
io
ëaus Amors que toz les biens envoie 28
!
iflé
IV
mesdisant, amer ne vos savroie.
Me fait tenir un mervoillous usage
Qu'ele m'ocit, et si chant tote voie.
: Dex vos envoit un mal qu'en claimme rage
Se ç'avenoit, que par raison diroie :
!

Quant plus me duil, plus ai joli corage, La fausetez parroit enz ou visage
14 Puis que por li aing et vuil mon domage. 32 Dou mesdisant et de l'amant volage.
Bien l'en deüst prendre aucune pité. Si seroient bien et mal esprové,
Hé las ! je l'ai par ma maleürtey. Selonc le droit d'Amors guierredoné.
Je sai de voir qu'autrement n'est ce mie
Ma mescheance a pitié endormie.
: Lors si avroit li vilains vilenie
Et li lëaus amis lëaul amie.

III
19 e ma dame son prisonier guerroie,
Mout puet petit prisier son vasselage.
37
jflé, franche
V
riens, simple, gentis et coie
Cui hons je sui liges en héritage :
Car, por morir, vers li ne penseroie Quant fine Amors consent que je vos voie,
Deslëauté, vilenie n'outrage. Ja tout le jor ne doterai malage.
23 Bien me devroit torner a avantage 41 Douce dame, vos estes bien si sage
Ce que vers li ne pans fors lëauté.
Si m'envoit Dex garison ne santé
Qu'assez poez savoir ma volenté
En vos servir ai si mis mon pensey
;
Prochainnement, ainz que cist maux m'ocie
C'onques vers li ne pensai tricherie.
; Que nuit et jor i pans et estuidie.
Se ce n'est sens, c'est ce riche folie !
'-
N°188, folio 76a.
Cl)an50n de Cambert Serri (Raynaud 604)

- HSt -
<r-»
tresoouz temps ne la saisons no Qui fait les bois ver - dir et bo ton ner
- -

-
- le.
Ne flor de lis ne vergier ne pra -- ve
e • le
- -
Ne li douz sons des oiseaux qu'oichan ter -

- mour et ma dame ho
ww
Ne me font pas mon chant fe. ter. Mais fine no - ré - e.

m
no • ve - A -

fa
En cui j'ai mis cuer et cors et pen - sé - e Por li ser - vir lë-au - ment sanz fau - ser

9
e II
ce li cuers m'esjoït et sautele
C'onques osai en si haut leu panser ; 25
iD
IV
ex, qu'ai je dit! Se je rois oucuens fusse
Li plus vaillanz de la crestienté,
Car ma dame s'est tant plaisanz et bele Ne cuit je pas que conquester peüsse
C'on ne porroit ou mont trover sa per. Le guierredon que j'ai tant desirré.
13 Dex, quant je puis a loisir remirer !
29 Hé las cornent le verrai conquesté
Son cors bien fait, ploin de grant renommée, Quant je vers li n'ai pooir ne vaillance?
Dont m'est ou cuer si grant joie doublée S'en cuit morir, tele en est ma fiance,
Qu'il m'en estuet mon grant duel oblier. Se je ne truis en li humilitey.

III
1741) la fait pâlir mon vis et ma maisele ouce dame de grant nobilité,
C'onques ne poi en li merci trover
Mais j'ai espoir qu'encor ami m'apele,
; 33
Li cuers qui miens fu jadis sanz dotance
;
Avez saisi dou cors vos fais fiance,
Cist douz espoirs me fait reconforter. Car cors sanz cuer n'averoit poesté.
21 Et non porquant ne me vuil desperer
Por tristece que j'en aie endurée,
Ainz vuil servir tant qu'avrai recovrée
La haute amor dont je doi amender.
N° 189, folio 76a.
Chanson à refrain, anonyme (Raynaud 452)

w
Si -7
jo-liz temps d'es - tey Que je voi re - ve - nir De ma da me que de sir - -
Et Amors. qui don -ncy M'a ledouz so - ve - nir

Mi fontjoi -e -ner me Etdirea -mo-rou-se-ment: Je lessent, Dex, Je lessent

Les maus d'a - mer, dou - ce - ment.

II IV

10
pleins
de joliveté 28 uns hons ne puet durer
En espoir d'amanrir Sanz amors, bien le sai.
Ma tres douce grietey Por ce vuil endurer
Dont je ne quier garir, Les gries max que je trai,
14 Tant aing si douz mal
soffrir 32 Et touz jors, tant con vivrai,
Servirai sanz fauser
Que ne puis oblier
Que ne die hautement : Ma dame por cui je chant :
Je les sent, Dex. Jeles.
III V
$rop entir les me covient
19 me soi mal garder
Quant premiers l'acointai,
37
Les joliz maux d'amer ;
Mais l'amors qui me tient
Quant, por li resgarder
Me prist li maus que j'ai. Fera trop a blasmer,
Se celi que n'ox nommer
23 Douz Dex, se je s'amor ai, 41
Encor porrai chanter
Et dire envoisiement : Ne saisist et retient
Si qu'ele die en chantant
sent.
:
Jeles. Je les
N°190, folio77a. Cl)anson anonpme (Raynaud 746)

'ons sirs et longue a - ten


de - - te Lon-gue-ment m'a fait do loir.
-
Lonc temps ai mi se m'en - ten - te En a - mer sanz de - ce -
voir.

Or m'a mis
-- .,
a non -
cha -
loir A-mours qui tant m'a -
ço
ta -
lan
-te
-
r
i

Que, quant pis mi fait a voir, Plus sui siens sanz re voir.
- - mo -

II IV
9
fest droiz que nuns les biens sente 25 ex doint que d'autrui n'ait cure,
D'Amors ne de son pooir S'ainsi est que mi desdaint.
Qui, por mal ne por tormente
Qu'il en ait, s'en puet movoir.
13 Por ce n'ai cuer ne voloir 29 De ce mes cuers se complaint.
Que je d'amer me repente, Tant est tendre creature,
Ainz vuil touz jors recevoir Ne soffreroit un sol plaint
Son plesir en bon espoir. Dou mal qui en mon cuer maint.
III V
17
ien me toit envoiseüre 33
ler vis, simple esgardeüre,
Cele qui pas ne se faint Bien fait, sanz ennioux taint,
De faire ennui et laidure Gent cors et bele faiture,
A l'ome ou mont qui plus l'aint. Plus gent c'on ne l'eüst paint :
21 Hé ! cun pou ele plaint
las 37 Vostre cortoisie vaint
Les maux que por li endure ! Touz ceus que bone aventure
Soffre Dex que li ensoint
Amors cornent mi destraint.
Soffre tant qu'a vos les maint
Nuns n'i va que ne s'en saint.
;
N° 191, folio 77b.
Chanson demartin le Béguin (Raynaud 1172)

Le - aus
Mi
de -
sé - e jo - h
sirs et pen
-
fait chan-ter, ne por-quantn'estcemi
-
- - c Et fine Amours, qui dou tout m'a sai
-
e Pour nul de - duit de que j'ai e jo- - si.
- hi.

Ainz chant, sanz plus, en es - poir de mer - ci, Que j'aten - drai jusquau chief de ma vi - - e

Et, s'ainz la mort a -


voi - e de - ser - vie -
Joi - e d'a mours, plus jo - liz en se -
roi - e

Et plus so - vent et mieuz en chante - roi - e.

II III
Ifle, dame droit loée enseignie, lille,
10 a et 19 bone Amors ! Que n'avez vos envie
Saige et vaillanz, cortoise et bone ausi : De guerroier ma dame ausi con mi
Con fins amis et desirranz d'amie Tant qu'ele eüst coneü sa maistrie?
Por Deu vos pri ne metez en obli S'avroit, espoir, pitié de son ami.
14 Ce que touz jors si doucement vos pri 23 Je ne di pas, Amors, qu'il soit ensi.
De lëaul cuer sanz point de vilenie.
Ja vostre honors n'en seroit amendrie Trop se tendroit ma dame a mal paie,
Se je en vos aucun confort trovoie ; Se per sohait a tel honor venoie ;
Quelx que il fust, en bon gré le prendroie. Mieuz aing servir tant que j'avoir la doie.
N° 192, folio 77d. Chanson anonLJme (Raynaud 2094)

Et mer
i très douz maux que j en
Or ait hui bone

Qui de moi

-
ciz
a ven

ne
- mer

veint droi

9
-

n'a

-
eu

tu

ifje li doing
-
-
du
tu

- re,
-
-

re.

sanz parteüre
Mon cuer qui a li s'atent
Car de plus bone apresure
Ne porroit on nulement
13 Aprendre le bien qui dure,
-
re
re

II
Me
Cele

Se

Por
pi

li
fait chan - ter
a

mor
cui

tiez ne

;
-
rai
li
-.
- e - ment.
mes cuers s'a - tent,

la

dou - ce
sor - prent

- ment.

Qui vuet amer lëaument.


Il quiert sa desconfiture,
Qui le vuet faire autrement.

N° 193, folio 77d. Chanson de Perrin d'Hngicourt (Raynaud 2118)

-ors -
que je voi le bois - son en ver - du re.
- -re. - Le bois foil
- et la pré e flo
lu
Carl'a-choi-sonsque j'enai -est jo
-ri --.-
e.
Ai dechan-tervo-len té que j'en du -
- li-- e.

Tout au - tre -
si Com oi - sel lais - sent lor cri Et lor chant por la froi - du - :
re

S'ai je lon-gue - ment lan - gui En pa-our d'a voir fail - - li A la grant bone a-ven - tu - re.

U}
Dont A- mors me ras - se - ii - re.
N° 194, folio 78a.
Cfxmson d'fllart de Cl)ans (Raynaud 1635)

Le-aus A-mors, puis qu'en fincuer s'est mi


Car la do-jours qui fin a-mant jus - ti
-
-
se.
se Sem
N'en doit ja - mès
-
-
par
bledou-çour, quant
tir ne re-mo
on la puet a
-
voir,
voir.
-

Knnsbiens d'a-mors ne puet oe-tit va - loir, Ainzsont tuitgrant, quant on lesaimmeetpri-se;

Ce doit fins cuers et en - tendre et sa -


voir.

II IV
8 iJelx puet dire que la morz li est prise 22
uns ne porroit de lor jangler desfendre,
Por bien amer, qui ne dit mie voir. Tant les het Dex, ne s'en vuelent oster.
Mais faus amant le font par fause guise ; Ne plus c'on voit le vent quant il est graindre
Malvais loier lor en doint Dex avoir ! Puet on savoir lor cuer ne lor penser.
12 Qui en porroit morir en bon espoir, 26 Nuns ne se puet de lor aguet garder
S'arme seroit sanz poinne et sanz joyse. Fors que de tant que mieuz se sevent plaindre
Por ce m'en lo quant plus mi fait doloir. Que ne font cil qui se muirent d'amer.

III V
15 «
elainglëaumentsanztrichier, sanzconfendre ouce dame, quant ma morz vos vuet plaire,
Ce dient cil qui en vuelent trichier. 30 Ainz ne morut nuns hons tant bonement.
La merci Deu, ce me font a aprendre Or est bien droiz que la granz amors paire
Dont fine amours puet plus atendrier. Dont je vos aing de cuer entièrement.
19 S'il savoient qu'il m'ont fait empirirer,
Lor fausetez en seroit, espoir, maindre.
33 Et cil qui dit que m'amez, il se ment
Ce poise moi, ire en ai et contraire.
;
!
Non seroit, voir qui droit voudroit jugier. Pleüst a Deu qu'il fussent voir disant !
N° 195, folio 78e.
Cbansondu d)âtelain de Couct) (Raynaud 1009)
(Dorionte du no 183)

Kors fui! Ne flor ne roir. donc flo - rist mes cuers a


que ro - se ne - le voi pa - A -
Et n'oichan-ter en bruiJ le Oi - sel n'aumainn'au soir:

son -
vo loir De fine A mor qui l'a en son po oir. Dont ja ne quiert is - sir.

Et s'il est riens qui l'en de -üst par - tir Ja Dex nou doint sa voir ne je nou vuil -le
II III
io
fêien est droiz
que me duille, 19
ar
mainte foiz m'effroie
Quant ma dolor désir ; S'amor et fait pensant,
Plus aing que je ne sueille Et adès me ravoie
Ce donc ne puis joïr. Et donne cuer joiant.
14 Et bien conois que n'i puis avenir ; 23 Ensi me fait vivre mesleement
:
D'ire et de joie (mais) ne sai s'a talant
S'Amours ne voint raison, g'i doi faillir,
Ce sai je bien de voir. Que me vuille essaier?
Por Deu, Amors, faites en nonchaloir Ou se le fait de gré por moi irier,
Metre raison, tant qu'ele me recuille. Por esprover se por mal recroiroie?

IV
28
ainte longue semainne
Trai, quant sui loing de li
Et, faillant a grant poinne,
Sovent les en maudi.
!
32 Que tant durent, las Et je desir si
A recevoir celi dont pas n'obli
Les moz ne les semblanz
Ainz mi confort quant en sui remembranz,
;
Si me délit quant est de moi lointainne.
N° 196, folio 79a.
Chanson de Blondel de îlesles (Raynaud 1545)

p-
V'a-moursdonc
w

A
Si

li
fais

Que bien me puis ven

sont

12
mi
sui es
con hons so

pen -

II
-pris Me
-

jjfïemembrance dou vis


Qu'il a vermoil et cler
A mon cuer a ce mis
Que ne l'en puis oster.
16 Et, se j'ai les maus quis,
Bien les doi endurer.
ser Et
se-mont dechan-ter; Et s'ai je tant con-quis
pris Qui ne puet en - du

ter Que j'ai piec' -

se-ront a touz
a

34
- rer.

a-pris Le-au-ment

dis;Ja
IV
ex,pourquoim'ocirroit?
Car ainz ne li menti,
Se ja joianzen soit
a a-mer.

nes en quieros-ter.

Li cuers donc je la pri.


38 Je l'aing tant et covoit
Et cuit por voir de li
Or ai je trop mespris
Ainz les doi mieuz amer.
: Que chacuns qui la voit
41 La doie amer ausi.
19
Comment que j'os conter, !
Que fox di Non feroit 1
N'i a rien, ce m'est vis, Nuns avoir ne porroit
Fors que merci crier. Cuer qui l'amast ensi.

23

III
ons travauxsanz esploit
M'eüst mort et trahi,
45 t V
lus bele ne vit nuns
Ne de cors ne de vis.
Mès mes cuers atendoit Nature ne mist plus
Ce por qu'il a servi. De beauté en nul pris.
27 Se por li l'ai destroit, 49 Por li maintendrai l'us
De bon gré l'en merci, D'Eneas et Paris,
Et sai bien que j'ai droit, Tristan et Pyramus,
30 Qu'ainz si bele ne vi. 52 Qui amerent jadis.
Entre mon cuer et li Or serai ses amis.
Avons fait si adroit Or pri Deu de lasus
Qu'ainz de rien n'i failli. Qu'a lor fin soie pris.
N"197, folio 79b. CI)an60n d'Adan de la fiale (Raynaud 1186)

Soi jo - liz maux que je sent ne doit mi e Que de chan ter


Car j'ainde cuer. s'ai pcn-sécen-voi
-
-e -si
Et vo len
-
me puis -se plus te - nir.
-
-té de Ion-gue-ment sor-frlr,

Ne ja de moi n'iert ma da - me pro - ï - e Car a -


mer voil - les re - mir

Co - ment nuls a cuer d'o. ïr Que sa da - me l'es-con-di--e


II
fox est qui trop en son cuidier
9 se fie;
C'on voit aucun sus l'espoir d'enrichir
Emprendre tant qu'il après en mendie.
Tout ce me fait de li proier cremir.
13 S'aing mieuz assez user tote ma vie
En un joli sovenir
Que par trop taillant désir
Perdre ce donc j'ai envie.
N° 198, folio 79°.
Chanson anonyme (Raynaud 1445)

v
e
Qui
brun temps voi
me font le
res-
cuer
clar
fre
-
-
cir
mir
Et s'oi les oi-
Et dou - ce-ment

selx chan
re - mem
-
-
ter
brer

-
Ce que je n'ox es pe -rer.
La ou Dex me doint
Queriensoumont ne de-sirFors
jo -
ïr De bien a - mer
a-com-plir.

IV

10
al II
ai, jenoupuis covrir,
eschaper,
28 3f 'ore qu'Amors me mostra
Tote beauté a sohait,
Et si n'en vuil
Que fins cuers ne puet garir, Mes fins cuers ne se garda
Mais il en doit amender. De son debonaire agait.
Douce dame, a vos servir 32 En resgardant le navra
14
Et honorer D'un douz atrait ;
Etamer [et deservir] Cist douz resgarz l'ocirra,
Irai quérir Se merci n'a
Le mire a mes maux saner. De moi qui riens n'ai meffait.

III V

19
ist mires m'alegera 37
uant je resgart et remir
De touz mes max, se li plait. Son gent cors et son vis cler
Qu'en son poing tient et tendra Ne je ne m'os enhardir
Ma santé et mon dehait. D'un soul mot a li parler,
23 Dex ! quel aumosne fera 41 Lors m'estuet maint grief sopir
Se bien me fait ! A estrangler.
Tot ausi me demanra, Por Deu, doingne son ami
Com li praira, Tant de lesir
Que je li quit guerre et plait. Qu'a li s'osast confesser.

46 sfljonforz ne mi lait morir


Ne mais durer,
Quant je cuit estre a loisir
De mal soffrir,
Et je me truis au rentrer.
N° 199, folio 80a. Qanson ou motet anonpme (Raynaud 1877)

agi douz chanz de l'oiseil Ion Que j'ai o i M'esmuet de fai


- - - re chan - çon.

Mais trop me truis es ba - -hi, Que moins gay ne moins jo


- li Ne me vi,

-
Puis que j'en tcn - di Rai - son. Si n'i sai au
-
treachoi - son
1
Fors que

hors sui de pri


- son, Deu mer - !
ci Car j'ai A-mors de-guer -
pi Qui ne

m'ont fait se mal non Jusque ci, N'encor n'en à nuns jo - i, As - sez

le set on, Qui plus n'en ait mal sen - ti, Se Dex ne l'en a ga n
-
-

Par metre A - mors en ob - li, Ou s'il n'a - ma en tra - hi - son.


N° 200, folio 80b.
"Dadurie" de moniot de Paris (Raynaud 475)

II IV
ouce amie, je requier
13

e ne sai que devenir
Quant ne puis je avenir
A cele que tant désir,
37
;
Vostre amour plus ne vous quier
Mon cuer avez tot entier,
Touz mes cuers i bée ! Douce creature,
17 Languir [m'estuet], ce m'est vis ; 41 Cors et avoir ausiment,
Sa bouchete, son cler vis, Ci a bel eschangement,
Ses douz resgarz, ses douz ris Bien doit aler malement
M'ont la mort donnée. Qui de tel n'a cure.
Vadu va. Vadu.
III V

25
ele cui je n'os nommer, 49
ouce amiete plaisanz,
Se j'estroie outre la mer, Je ne puis estre taisanz,
Si voudroie je amer Ainz sui je por vos faisanz
La vostre faiture. Ceste vadurie.
29 Je sui vostres sanz mentir, 53 Je sui mout por vos bleciez,
Je ne m'en puis departir Se vos morir mi laissiez,
Et si m'avez fait sentir Vostre aime, bien le saichiez,
Mainte poinne dure. Seroit mal baillie.
Vadu va. Vadu vadu.
N°201, folio 80d.
Chanson du roi de ïïaoarce (Raynaud 741)

w i grant de
tffl'
- sir et tuit mi grief tor -ment Vien-ent de la ou sont tuit mi pen - sei
Grant pa - our ai por ce quetou - te gent Qui ont ve - ù son gent cors a - ce - mé

Sont si vers li de bo • ne vo - ;
lun - té Nés Dex l'ain - me. jou sai a es - ci - auto

Grant merveille ai quant il s'en, sof-fre tant.

II
8
'ant esbahiz m'obli en mervoillant 22
ui IV
la voudroit sovent amentevoir,
Ou Dex a pris si estrange beauté. Ja n'avroit mal ne l'esteûst garir.
Quant il la mist çajus entre la gent, Car ele fait tretoz les max valoir
ii Mout nos en fist grant debonaireté. 25 Cui ele vuet belement acoillir.
De li a tout le mont enluminé, Dex, tant mi fait grief mal le departir !
Et de li sont trestuit li bien si grant ; Amors, merci ! faites li a savoir :
Nuns ne la voit, ne vos en die autant. Cuers qui n'aimme ne puet grant joie avoir.

III V

15
one aventure aviegne fol espoir 29
joveingne
vos, dame, dou douz acueil
Qui mainz amanz fait vivre et resjoïr. Qui ja fu faiz par si grant desirrier,
Desperance fait languir et doloir, Que n'orent pas tant de pooir mi huil
18 Et mes fox cuers me fait cuidier garir ! 32 Que droit vers vos les osasse lancier,
S'il fust saiges, il me feïst morir. Ne ma bouche ne vos osoit proier :
Por ce fait bon de la folie avoir, Ne poi dire, dame, ce que je vuil ;
Qu'en trop grant sen puet il bien mescheoir. Tant fui coarz, chaitis, qu'encor m'en duil.

36 ame, se je vos puis plus aresnier


mout mieuz que je ne sueil,
Si parlerai
S'Amours me lait qui trop me moinne orguil.
39 Chançon, va t'en droit a Raoul noncier
Qu'il serve Amors et face bel acueil
Et chant sovent com oiselet en bruil.
N°202, folio81b. Cl)an50n pieuse du roi de Haoarce (Raynaud 1410)

au
Et -
vais ar - bres ne pu-et no - rir.
honsqui n'ain-me. sanz men - tir.
Ainz se - che touz et va cros
Ne por - te fruit,ainz va mo
-
lant
rant.
;
-
8

Flor et fruit de coin


- -
te sen? -
blant ite
Por cil en cui naist a - mors.

En ce fruit a tant de va -
lor Que nuns nou por-roit es -
li
-
gier,

Or vos ai de vi sé son non.


- -
II IV
12
ece fruit ne puet nuns sentir 34
iien cuit dou fruit ne gouterai
Se Dex ne le fait proprement. Que j'ai coilli ; ainçois m'avient
Qui a amer et Dé servir Si con a l'enfant, bien le sai,
Donne cuer et cors et talant, Qui en la branche [se sostient]
16 Cil queut dou fruit premièrement, 38 Et entor l'arbre va et vient
Et Dex l'en fait riche secors. Ne ja amont ne montera.
Par le fruit fu li premiers plors Ensi mes cuers folement va.
19 Quant Eve fist Adan pechier. 41 Tant par est granz mes desirriers
Mais qui dou bon fruit vuet maingier, Que je en toing mes granz maux chiers.
Deu aint et sa mere et son non
Si qeudra dou fruit de saison.
: Si sui afinez con li ors
Vers li qui est toz mes trésors.
III V
23 peigner, de l'arbre dit vos ai 45
ex, se je pooie coillir
De Nature, de qu'amors vient. Dou fruit meür de vos amer
Du fruit maür conté vos ai Si con vos m'avez fait sentir
Que cil queut qui a Deu se tient. L'amor d'aval, et comparer,
49 Lors me porroie saoler
27 Mais dou fruit vert me resovient
Qui ja en moi ne meurera : Et venir a repentement.
Par vostre douz comandement
C'est li fruiz en qu'Adam pécha.
30 De ce fruit est plains mes vergiers
Dès que ma dame vi premiers
; 52 Me donez amer la moillor,
Ce est la preciouse flor
Oi de s'amour plain cuer et cors, Par cui vos venistes çajus
Ne ja nul jor n'en istra fors. Dont li deables est confus.
56 ere Deu, par vostre douçour
Dou bon fruit me donez savor !
Que de l'autre ai je senti plus
190 C'onques encor n'en senti nuns.
N° 203, folio81d. Chanson du d>atelain de Coucl) (Raynaud1536)

Mout ment es-ba - hiz, Que je n'o - sai chançon a faire em pren-dre.
ai es - té longue
Car de ma joi - e es - toi
-
- e depar - tiz. Or .me re - fait A - mors en li en - -
ten -dre;

C'une beau - tez m'est ve - nu - e de - vant Que me se - mont et pri - e que je chant -

Et je sui si siens qui - tes li - ge -ment - -gier


Que tut me puet et en gai -
et ven dre.

II IV

9
ar tantes foiz ai esté essailliz 25
iamès mi huil ne fussent asseviz
Que je n'ai mais pooir de moi desfendre, De resgarder sa douce face tendre,
Ne je ne sui si forz ne si hardiz Ses blanches mains, ses doiz Ions et traitiz
Que vers Amors osasse point contendre. Qui fait amor enflamer et esprendre,
13 Puis que de moi vuet faire son talant, 29 Ne si beaus braz, ne si gent cors vaillant,
Sofïrir m'estuet si debonairement Ne son blanc col, son chief blonc et luisant,
Que, se jamès contre li me denent, Toute beautez que sor autre resplant,
Face en bon droit, que bien le me puet rendre. Et la boche qui tant beau ris sot rendre.

III V

17
j'onques
granz biens dut estre desserviz 33
ilamès nuns chanz par moi ne fust oïz,
Por mal avoir, bien doi merci atendre. Por tant peüst mes cuers de dolor fendre.
Car j'en sui si meuz et afoibliz Mais or serai de grant joie esbaudiz,
Qu'amor en puet li plus saiges aprendre. Por ce qu'Amors le vuet a son oes prendre.
21 Si vos en trai la plus bele a garant 37 Qu'ele voit bien et conoist et entent
De cui jamès nuns vos lise ne chant. Qu'il n'en est plus qui si aint lëaument
Mais ne sai pas encor certainnement Et, s'illi plait, por Deu, si face tant
Quel guierredon ele me voudra rendre. Qu'en ma dame face pitié descendre !
N° 204, folio 82b.
Cljaneon du châtelain de Couct) (Raynaud 671)

er-ci - -
cia-manz de mon fol er re ment Fe-rai la fin de mes chan-çons o ïr.
-
Car tra-hi m'a et mort, mien es-ci - ant, Mes jo-lizcuerscui je doi tant ha - ïr.

Tel mal m'a -tre


fait por le dit d'au !
gent Tuit sont par - -
ti de moi joi-ouxta lant

Et, quant joi - e me faut, bien est rai - sons Qu'a-vecma -


joi-efail-lent mes chan çons.

II IV
9
ien sai qu'il est lieux et poinz et raisons 25j'ainz
nuns amanz ot de mesfait pardon,
Qu'a touz les biens dou mont doie faillir.
Car porquis l'ai, et moie est la saisons,
Donc mi devroit par droit bon los tenir
Car je forfis en bone entencion
;
Et, qui mal quiert, il doit bien mal soffrir. Et bien cuidai que me deüst merir.
13 Dex doint que morz m'en soit mes guierredons 29 Mais ma dame ne quiert se mon mal non.
Ainz que de moi soient lié li félon. Por ce si hé moi et ma garison ;
Mais por mentir vivrai et por veoir Et, quant mi mal li sont bel et plaisanz,
Ma bele perde et por plus mal avoir ! Por ce me hé et sui mes mal vuillanz.

17 III V
gs fins amanz prie qu'il dient voir
;
pou me sert qui me vuet conforter
D'autrui amer mieuz le vaudroit taisir.
Car en mon cuer ne porroie trover
33
Li quelx doit mieuz par droit d'amors joïr
Ou cil qui ainme de cuer a son pooir
:
Que je de li partisse mon désir. Et ne s'i set mie tres bien covrir,
21 Se ce me fait que me vuille grever, 37 Ou cil qui prie sanz cuer por decevoir
Puis que s'amor m'a faite comparer, Et bien s'i set garder par son savoir.
Tot li pardoing a mon definement Dites, amanz, qui vaut mieuz par raison,
Et, se mes cuers li faut, m'amour li rent. Lëaus folie ou sage trahison?
N°205, folio 82d.
Qaneon du Châtelain de Coucl) (Raynaud 209)

-
JJJout m'est be - le la dou-cecom-men-cen-ce Douno-vel temps a l'en - trant de pas-cour.
Que bois et preysunt de mainte sem-blan-ce Vert et ver moilco-vert d'erbe- de flor. et

Et je sui, las, de ça en tel ba - lan - ce Qu'a mains join - tes a - our

Ma be

Si que

11 a
Ir
- le

-
mort ou ma

so vent chant la

II
ou
hau

de mon cuer n'istra mais la semblance


- te
-

e
-
de (fin) cuer plour, Car Ionsres-pizm'es-maie et mes che an
w
ri - chour, Ne sai le quel, s'en ai joie ou pa - our.

IV
cuidiez pas, dame, que je recroie
-
- - -ce.

31
Dont me conquist as moz ploins de douçour De vos amer, s'Amors nel me deffent.
Cele cui j'ai toz jors en remembrance Car fine Amors tient mon cuer et maistroie
Si que mes cuers ne sert d'autre labour. Qui tout me done a vos entièrement,
15 Ha, franche riens en cui j'ai ma fiance, 35 Si que il n'est conforz qui de moi voingne.
Merci, por vostre honor 1 Par qui m'avient sovent
Car, s'en vos truis le semblant menteour, Que je m'obli pensant envers la gent.
18 Vos m'avrez mort a loi de trahitour
S'en vaudra mout noaus
;
vostre valour,
38 En tel delit ai mis mon pensement
De vos, dame, a qui Amours me rent ;
Se m'ociez ensi par decevance. Car, s'a vos n'est, ja parler n'en querroie,

III V

21
as con m'a mort de debonaire lance
! 41
!
iKEé
franche riens, puis qu'en vostremenaie
Quant si me fait morir a tel dolour ! Me sui touz mis, trop me secorrez len !
De ses beaux eulz me vint sanz deffiance Car nuns dons n'est cortois qui trop delaie ;
Ferir ou cuer que n'i ot autre estor. Si s'en esmaie icil qui s'i atent.
25 Mais volentiers en preïsse venjance, 45 C'uns petiz biens vaut mieuz, se Dex me voie,
Par Deu, le creatour, Q'on fait cortoisement,
Tel que mil foiz la peüsse le jor Que cent greignor, fait enniousement.
28 Ferir au cuer ensinc d'autel savor; 48 Car, qui le suen donne retraianment,
Ne ja certes n'en feïsse clamor, Son gré en pert, et si coste ausiment
Se j'eusse d'ensinc vengier poissance. Con a celui qui bonement outroie.

51
hançon va t'en la ou mes cuers t'envoie ;
La troveras, ne l'os dire autrement,
Cors sanz merci, graille et gras, blanc et gent
Et vis riant et grant beauté veraie.
N° 206, folio 83e.
Chanson anonpme (Raynaud 2065)

v "fïout longue
_,., Et
-
ment a-vrai dolour a - hue. Mais h en
ce que j'ai lonc temps esté en mue.
Quenunsso
-- nuiz m'en a
laz ne me
- vra plus gre - vé
-
ve noit a gré.

Mais, se Deu plaît, en -cor a- vrai san -


-
té: C'u-ne dou çours m'est au cuerdescen du - -e

Qu. m'a don -


né no- ve -
le vo -
len -
té Par quoi mi mal sunt de mort o -
bli - é

N° 207, folio 83').


Chanson anonpme (Raynaud 420)

V',M,'out té a joi Mais une amours


m'a de - mo - ré Que j'ai - e chan - - e
Au douz temps des-tey Au - tre - si corn je so-loi - e.

me
guer -roi-e Et tient es • ga ré, Ou j'ai (mis tout) mon pen - sey

En quel - que leu que je soi - e.


III
ovent ai
99 (T-*ovent
II
ploré
al pore 17
ès qu'ildroiz
est ensi,
Dou talant que j'en avoie, N'est pas que je m'en plaingne ;
Et plus desirré Je n'ai pas menti
Qu'entre ses deuz bras n'estoie.
qu'ele ne me daingne.
13 Si vuil bien qu'ele m'en croie, 21
Et si sui gariz
Que j'ai mon aé
Lëaument amé, D'estre son ami,
Que nule rien n'en disoie. Se li plait qu'o li remaigne.
IV
25
ame, mon talant
Vos dirai sanz decevance.
Par un beau semblant
M'avrez gité de pesance,
29 Qu'ainz empereres de France
N'ot joie si grant.
Hé ! las, por que chant?
Mort m'en a la remembrance.
N° 208, folio 84a.

par

l2il
16
Ainz di

-emffl-
Mais ce ne me puet gre

cui

-
je sui.
-ent

font La l'ai sen


-
au

II
qui de bien amer recroit
Et qui en puet son cuer oster
Ne doit mie faire par droit
i
Chanson

Et vostie a

Bon chant, ne beaux diz controver.


cun

ti

S'a merci puis recovrer


-

-
or

eEt
du duc de Brabant

ver, Car je ne chant por nui

mors m'en se

fe -rai

23
mont

tote ma vi
-

--
(Raynaud 1839 et 1846)

en-droit Que je faischançonssanz a

lui

e.

III
ovent me covientdesirrer
Quant plus sui liez entre la gent,
Que je soie seus por penser
La ou sunt tuit mi pensement.
!
27 Hé bele et blonde au cors gent,
-merl

Fors por vos, à

Qui me maint ou cuer

Ja mais jor n'avrai ennui.


Se ce non, j'ai tot perdu,
D'une chose ai grant désir
Que vos peüsse tolir
:
19 Car riens ne pris en ce mont 30 Ou embler un douz baisier
Fors vos cui mes amours sont, Par si que, se corroder
Ne d'autre amie Vos en cuidoie,
Ne me prist onques envie. Volentiers le vos rendroie.
N° 209, folio 84b. Chanson anont)me (Raynaud 1910)

out - be lit
m'a -
chanz des oi - seil - Ions Et la ver - dours et es - tez qui re - pai - re.
li
Et porquant
non ce n'est pas l'a-choi - sons Dont mes fins cuers se muet a chançon fai - re.

-
D'A mours me vient l'es -pe - rance que j'ai. Cui li - ge - ment fui et sui et se - rai;

Qu'en la moil-lourdou mont me fait en - ten-dre Et cuer et cors a li don - ner et ren - dre.

II IV
9
ens et beautez, valours et hauz renons 25
*uit mi désir, toute m'entencions,
Sunt en ma dame et a toz la font plaire. Tuit mi panser, ma joie et mi contraire
Ma dame est telx qu'Erodes et Noirons
;; Vienent de li, certes, qu'il est raisons
C'uns de ses biens vaudrait d'autres mil paire.
;
Fussent o li cortois et debonaire
13 Ma dame set conforter en esmai 29 Dame et Amors, por Deu 1 que devanrai?
Ma dame set dou faus faire verai ; Vivrai j'ensi? Se Deu plait, non ferai !
Ma dame set touz biens faire et aprendre, Vos volez tant mon guierredon contendre
Toute bontey puet on a li comprendre. Que mes morirs devancira l'atendre.

III V
iflé cornent me vendra guierredons?
17 eau sire Dex ! quant vendra la saisons 33 las I
Que je li os par droit mes max retraire? Qui le porroit de si haut si bas traire?
Se li ne plait qu'entende mes chançons, Nuns fors qu'Amours qui donne les beax dons,
Autres proiers me sembleroit mesfaire. Qui par pitié set bien orgueil desfaire.
21 Je n'os parler de li, s'en chanterai, 37 A celi pri merci et prierai,
Et en chantant fine Amor prierai Car j'ai veü et, se Deu plait, verrai
Qu'ele, por Deu, le laz li vuille tendre Qu'Amors font bien le haut ou bas descendre
Dont ele sot mon cuer lacier et prendre. Et font planter cuer en autre et reprendre.

41
ouce dame, sanz plus, tant vos dirai:
Quant vos m'avroiz tochié a droit essai,
Se vos trovez en m'amor que reprendra,
J'outroi qu'Amors le me puisse chier vendre.
N°210,folio 84d. Chansond'Hdan de la ftale (Raynaud2025)
,
-

a dou
C'uns anz
-cemesamble
dame -
et A mours Me font tant a - mer ma
uns sous jors Et ma sof-france est jo
-
vi
li
: -
e
e.

Mais si bien ne m'a -last mi -e Es max c'on me fait sen -


tir,

Se li -
es poir de jo - ïr Ne me te-nist con-pain - gni - e.

II
9
ist espoirs est mes retors, 25
ui IV
ne mueroit colors
Car adès mes cuers s'i fie De veoir la seignorie,
Si que je ne pens aillors. Les resgars ploins de douçours
Par quoi je li senefie
C'on me salue tel fye
Dont vos estes si garnie !
13 29 Que toz en morrai d'envie,
Sus le point dou sovenir S'Amors par son douz plaisir
Que de dire n'ai loisir Ne fait tant qu'aiezdésir
Es genz : Dex vos benaie ! Que vos devenez m'amie.

III V
17
ame, blanche comme flors, 33 or
"f
ce que toute valors
Tendre de curien, delie, S'est dedanz vos herbergïe
La mieudre entre les moillors, Ai je mis tout a estrox
Example de cortoisie : Mon cuer en vostre baillie.
21 Dex a si tres grant partie 37 Avoirs en trésorerie
Mis des biens en vos fumir
C'une autre se doit tenir
Ne fait riens fors que gésir
Mès, qui a droit departir
;
Dou menor a bien païe. Le set, touz jors monteplie.
1----11
..ij
N° 211,

Ht, Dexl

13
foiio 85b.

a da-me me fait chan-ter


la

m'imain
co-ment

uant
Chansonnette à refrain,

II
De jo - li co - ra - ge
Je la vuil a droit nom-mer Bele et bone et

Quant pre miers la vi, Mais ce m'a tra - hi

Donc ie sui en si grant es - mai

1 1
-ten-drai,
je cuit a li parler,
Lors per mon lenguage,
Ne je n'ox bien resgarder
Son simple visage.
17 Onques mais tel rage
Nuns hons ne senti.
Douce riens, merci
20 Trop me faites endurer.
!
Non porquant je ne vivroie
Un soul jor sanz bien amer.
Que

Qu'A

24

31
sa -

Que. mer

près sui

-mors
anonpmc

;
ge.

-ci

de

ne mi lais

hançonnete,

Di si mon affaire
Je li

III

Ou mes cuers repaire

28 S'ele ami vuet faire


De moi [et] son dru,
Bien m'avra rendu
Ce
:

qu'ai touz jors desirré:


Je n'ai mie agas
Si lonc tens amé.
(Raynaud 816)

fis ho -

t~

n'i puis tro ver.

-sent du

là t'envoi

A cele en cui toz biens voi


;
-
-

des - es - pe - rer.
ma-ge

rer.

D'Amors vient toute ma joie. etc. Ses tres douz resgarz


M'a mon cuer emblé.
N° 212,

10

19
ulshons

e
Por

Dame
folio

ce

De la ou j'ai tou

A di
~J
re voir
85

-
e.

ne puet a - mi re con for


m'estuet soventplaindreetplo

III
II
ne puis pas sovent a li parler
-

te ma re - mem

Dame, mer

Ne remirer les beaux eulz de son vis.

14 Hé
Ce poise moi que je n'i puis aler,
Car adès est mes cuers la ententis.
!
"W

bele riens, douce sanz conoissance,


Car me metez en moillor attendance
De joie avoir

e ne sai tant vers li merci crier


Qu'ele ne cuit que je soie faintiz
Que tante gent se sont pris a guiler
Qu'a poinne iert ja coneüz fins amis.
23 Ice m'ocit, ice me desavance,
Ice me toit ma joie et ma fiance

Darne.
-
-
Chanson à refrain, du

- -

ci,do-nez
C.,

Et fait doloir.

hançon,
--

bran - ce.

;
ter Se

moi es
Por

-
-
pe

28

32

37

41
li

-
ce

--
ran

Dame
- le

$
roi de Haocirre

rer, Quenunscon-forz ne mevient,


non ou il

IV

Mais ja, dame, n'en savra mon penser

V
a

mer ai so - vent es - mai

- ce
-*.d
De joie a -
(Raynaud 884)

son cuer mis.


ce

voir!

ucuns i a qui me suelent blâmer,


Quant je ne di a cui je sui amis.

Nuns qui soit nez, fors vos, cui je le di


Coardement, paoreus. Sanz doutance
Vos peüstes lors bien (veoir) a ma semblance
Mon cuer savoir.

mors, de vos me vuil dou tôtclamer,


m'est vis.

Car en vos est trestouz li larrecins.


Trop savez bien le cuer d'un home embler,
Mais dou rendre n'est il termes ne fins,
Ainz le tenez esmaiant en balance.
Amors, en vos ai fait ma remembrance

Dame
De mon voloir.
an - ce.

46 va t'en a Nantuel, sanz faillance!


Phelippe di que, s'il ne fust de France,
Trop puet valoir.
Dante.
N°213, folio 86a. Chanson de 0Qcc Brulé (Raynaud 653)

'fj^ 'est
pas a soi -
qui am me co-ral - ment Ne cil a-misqu'a-mours ne
puetdes-trom-dre.
Et saichiez bien, qui vers li se def - -
fent Neporroitpas a grant ho nor a - tein-dre.

Li - gue-rousne
vi s'i pu-ent des - fen -
dre ! Mais,quiplus vaut, plus tost s'i lais-se pren-dre.

Car d'a-mors sont tuit li bien a de - vi - se. Ne ja sanz li n'iertgrant - e - qui


joi con - se.

9
ex qui II
en moi fist plus qu'en autres cent
Amors venir et naistre et croistre et maindre
25 e IV
touz li monz savoit ce que je sent,
Nes li felon devroient ma mort plaindre ;
M'en doint joïr ensi veraiement Qu'en morant vif si con amors consent
Con je n'ai cuer ne volenté d'ateindre [Et] ne me puet trop grever ne destraindre.
13 Vers ma dame cui n'os faire a entendre. 29 Tel gré m'en sai c'onques osai emprendre
Mieuz vuil mon cors de bele mort sorprendre
Qu'ele soit ja par moi nul jor requise ;
Qu'ele seit bien qu'est pitiez et franchise.
Li guierredons ;
Si haute amor, qu'en moi ne doit descendre
ne ja n'en iert requise
Cele ou douçors et beautez est assise.

III V
17
1aux et felons voi costumierement 33
ie n'ai mestier de desconfortement,
Qui se poinnent d'abaissier et d'estaindre N'a male gent ne se fait bon complaindre.
Joie et honor sanz lor amendement. Mais cil qui ainme, si voit, seit et entent
Mais granz amors ne puet por eux remaindre. Que granz amors n'est pas legiere a faindie,
Mal m'ont il fait, mais ja por ce n'iert maindre 37 Puis qu'el se vuet par mi fin cuer estendre.
21
Ma volentez de servir et d'ataindre.
Si servirai, mais ne sai en quel guise
A sa vertu ne porroit nuns contendre
Et ele s'est dedenz le mien esprise;
;
Voingne si haut de si bas par servise. La merci Deu, qu'a soi gré me jostise 1

|f&oute
41 autre riens ocist home et debrise
Fors soul amors, quant ele est a droit prise.
Chantez, Renaut, qui amez sanz faintise,
Car laissié l'ont li dui de Saint Denise.
No-214e folio 86c.
Chanson de (0ace Brulé (Raynaud 787)

- e me
-
sont pas a - choi - son de chan - ter Prey ne ver
Quant ma da me le plait a co-man- der. N'en puis a
- voir plus a- ve-nant
-
gier, plais-se
ne
rai-
- :
ïz
son.
bois
-
son

Por ce m'est bon que sa va - lor re - trai - e. Sa cor - toi - sie et sa beau - té ve • rai - e.

Donc Dex li vot si grant plan-té do • ner Qu'il l'en es - tuet les au • très o - bli • er.

II IV
9
t non porquant mout dout l'entreprison
zir,
25
f|| iens et beautez sont en li compaignon ;
Qu'a mon cuer ai faite, de li amer. Sens et valors les i fist assambler.
Tout de voir sai qu'ambedui en morron
Mais je ne puis si bele mort douter.
; Et cil qui voit son cors et sa façon
Quant plus a sen, plus li covient penser.
13 Decevanment autres senz me desvoie
Tres granz amors qui m'enseingne tel voie
29 Quant ainz la vi bien soi que j'en morroie
[Plus m'ociroit quant je] plus la verroie
;
Qu'a mon voloir moi et mon cuer tendron
Mais, par mon chief, ja n'en retorneron.
; Mi grant desir par si bele achoison
Donc ja n'avrai sanz nule reançon.

17
a III
ne porrai ma grant joie achever;
Morir m'estuet en lieu de guierredon.
33
*ouz
V
jors cuidai ceste dolor celer
Que nou seüst la bele o le douz non.
SDëf trait mal qui en cuide eschaper, N'el nou savra. Qui li doit donc conter,
Beaus conforz est d'atendre garison. Quant nuns n'en sent l'angoisse se je non?
21 Mais sanz espoir me tormente et esmaie 37 Dit ai que fox !
Ja nuns hons qui la voie
Iceste amors qui m'ocit et apaie. Se nices n'est qui bien ne saiche et voie
Merci me fait en ma dame penser Que j'aing cele que tant m'oëz loer,
Tel que raisons n'oseroit creanter. A ce qu'ele est bone et bele sanz per.

41
lins amorous, touz jors di et diroie :
Nuns n'est amis qui contre amor guerroie
Puis qu'ele vuet dedanz son cuer entrer
Qu'a sa vertu nuns ne puet contrester.
;
N°215,folio 87b.
Chanson de fougue de Bet5é (Raynaud 1821)

Ig,,4
uns hons ne seit d'a.mi qu'ilpuet va loir De cî a-doncqu'il l'a
dou tout per du.
Mais, quant il voit le da mage a pa- - -
-roir, Adonc dit il. «Hé las1con mar 1
-
lui?»

En -
-1 -
cor ne m'a ma da - -
me con ne - ü. Quant g'iere morz, lors por ra - bien sa - voir

Que pert da - me qui pert son lë - aul dru

II IV
8
4 nques de li n'acompli mon voloir, 22
ÍR
or quoi me fist onques au comencier
Mais ne m'a pas por tot ce recreu
Ainz ferai mieuz por s'amor mon pooir
; Semblant d'amors, quant or m'odt ensi?
Cil cui je l'oi chascun jor tant prisier
il Qu'ainz mais ne fis, se tot m'a deceü. 25 Ne jugent pas le felon cuer de li.
Onques n'oï parler d'ome veincu Large d'avoir et tenant de merci,
Que grant honor peüst après avoir : Por quel forfait me fait el repairier
Por ce vuil mieuz morir desoz l'escu. La donc j'oi près mon corage parti?

III V

15
orir vuil je quant d'amors la requier, 29
diant ai chacié, bien deüsse achever.
Puis qu'ele m'a deus foiz ou trois menti. Mais ensi m'est destiné et promis
Ne promesse ne m'i puet mès aidier, Que ja nuns biens ne me vendra d'amer,
18 Ne dès or mais n'i vaillent riens chasti. 32 Puis que je sui de li veoir eschis,
Mout sui doutanz qu'ele n'ait autre ami. Ne je ne puis droite achoison trover
Bien vousisse, por issir de dongier, Por quoi je puisse aler en son païs,
Estre sanz eulz, quant je premiers lavi. Ne son gent cors veoir ne esgarder.

VI
36S 'ele vousist que j'osasse parler
De ma dolor aucun de mes amis
Qui me peüst aucun confort doner,
39 Bien peüsse garir, ce m'est avis.
Ahi ! plesanz, ne vos puis oblier !
Por vos morrai, ja n'en avrai merci
Ce qui n'i est, n'i puet on pas trover.
;
N°216, folio87e. Cbansonde moniot d'Httas (Raynaud 739)

- fie
Mais
me
a -
don-nede
mors
pas ta
cui des - cent
-
lant De
Uns no
chan --
ter li
veaux con-forz que
mois de may,
j'ai,

Quant ce - le, qui -


Ion gue - ment- M'a te - nu en grant es -
mai,

Re -çoit mon ser -vise et prent, Et je plus ne li quier mi - e.

9
situer et
II
cors entièrement
En son servise metrai.
17
e III
sai por quoi ne cornent
M'avint, quant si haut pensai ;
Beau m'est, s'ele me reprent Nou je pris le hardement,
Si tost con je m'efferai
Et, quant je a esciant
; Car en moi chose nen ai
Qui d'amer si hautement
13 21
Ses comanz trespasserai, Me deiist metre en essai
Ja puis n'aie alegement Fors amors tant soulement
Des max dont je quier aïe. Qui sor moi a seignorie.
v
N°217, folio 87d.
Chanson du roi de naoarte (?) (Raynaud 1562)

*
e ro-se ne flors de lis Ne des oi - seaux li chant Nedouzmays ne a -
vriz

Ne rossignoz joliz Ne mi fait si joiant Ne pensis Com haute Amor si - gno -


riz.

Que d'amor Vienentmichant et —1 -


mi plor, Ne d'autre labor Ne sert mes cuers a nul jor.
-

12
i II
bonement m'a conquis
Ma dame en esgardant
34
iele, quant
IV
je dou pais
Serai tornez (en) plorant,
Pri(ez) vo franc cuer gentis
Que, tant com (je) soie vis,
Ne serai fors qu'amis. Que de vous soie fis
16 Morir en atendant 38 D'un «A Deu vos cornant,
[Ce m'est vis] Douz amis.»
Me sera honors et pris ; Lors avrai tot a devis
(Ne) la moillor.
19 Qu'en amor 41
N'a nule si haute honor Ne facent losengeor
A fin ameor Faillir au retor,
Com por li soffrir dolor. Ja tant n'i aient des lor.
III
23
ame d'onor et de pris 45
lm on seignor
Con seroit (bien) avenant De Bar, qui pris et valor
Qu'en vostre simple vis, Maintient chascun jor,
De grant beauté espris, Doigne Dex joie et honour !
27 Trovasse un douz semblant.
Et un (douz) ris
Qui [fust] semblant a mercis.
30 Mais d'amors
N'ai je riens, fors que j'aor
Des dames la flor
[Et] de beauté miraor.
N° 218,

Qui de

13
Ne

-
son
folio 88b.

eant plus que droiz puet es


Cl)an50n

cuer ne fait a
-

A -

Lors puet va -loir, quant A - mors le mais

Se il vos
II
ele et bone, bien est leus et saisons,
plait que de moi preingniez cure.
Que servi ai lonc temps sanz guierredon
D'un cuer si fin et d'une amor si pure
Qu'a mon pooir n'ai nule entencion
a
Fors bien servir, si met on bandon.
d'£ustcid)e de Reims

tre sanz rai - son Ne que rai


por-roit nuns se-louc m'enten - ci

mors don.

;
- on

Mais que

25
-

in

Se
sons puet es
Es-tre vail lanz
-

A -
ne co
-
-

mors destroin -

troi -e. Rois, sanz a - mors, pas es - tre ne vou

IV
ame, merci, ou je sui au finer,
Trop me hastai, quant j'apris a voler
(Raynaud 1892)

tre sanz me - su - re
tois a droi - tu

gne sa pri

Ne voloir n'ai que por fol ne m'en teingne


29 Qui me retient, mout en fait a blâmer,
Se je ne puis en vos merci trover.
Ce fu Amors qui m'a mis en tel voie
-

n'ai secours de vos que parte[m]ps veingne.


-

droi
-

son.
re.

- e!

:
;
Cuer et cors, tout et dou tout m'i outroie,
Ne recroirai qui qu'avenir m'en doie. D'Amors me plaing, s'Amors ne me ravoie.

III V

17
i'ï 'est pas amis, qui oste son penser 33
*ame et Amors, se j'ai vers vos mespris,
De bone [amor] que qu'il [li] en aveingne. Por Deu vos pri que le me pardonez !
Mon cuer n'en vuil partir ne dessevrer, N'est mervoille d'ome si entrepris,
Ainz vuil adès que toz jors m'en soveingne
;
; S'aucune foiz est desasseürez.
37 Je pans a vous nuit et jor et toz dis,
21 Ja sanz merci ne l'en voie torner
Par devers moi n'avroit il ou rentrer. N'a riens autre n'est mes cuers ententis.
!
Cors li faudrait, dame, se Dex me voie,
;
Con je di voir mais pou truis, qui m'en croie. ;
Amors me doit et vuet qu'encor li croie
Las, je ne puis mon chatel afebloie.
N° 219, folio 88d.
Chanson de Jaque de Cpsoing (?) (Raynaud 513)

ovele a -
Mi fait chanter
-
;
mors qui m'est au cuer en
c'est fo - li - e pro
-
- vé
tré -
-
e D'u - ne da
e. Qu'a moi n'a --
- -
me qui m'a lume et es prent
fiert d'a mer si haute - ment.

Si en mer -
ci A - mors qui me con - sent Que par li mete en tel 'leu ma pen sé e
- - -

Donc ma joi - e de-vroit es-tre dou - blé - - e Et la va -


Jours dou cuer que si haut tent.

II IV
9
ouce dame, haute chose honorée, 25
4 faux amanz qui vont par la contrée,
il
A cui touz biens et toute honors apent, Qui font semblant et chiere de neant
Ne cuidiez pas que je die a volée Et des dames ne quierent fors la bée,
Que je vos aing de cuer entièrement. Font as amanz maint grant ennui sovent.
13 Si me doint Dex d'amors confortement,
C'onques nul jor ne fu par moi fausée.
Mais on ne set qui ainme ne qui hée,
29 Mais je me ri et duil, ne sai cornent,
Car une amors m'a joie ramenée ;
Touz jors i pans, ne riens tant ne m'agrée ;
Car chascuns dit qu'il ainme lëaument. Mais je me duil dou panser folement.

III V
Ifbantost'com
vis la bele, la sennée
$mer m'estuet
17 33 sor toutes l'esmerée,
G'i mis mon cuer si amoreusement Car mes fox cuers s'i atise et entent.
Que ne le truis ne soir ne matinée. S'en est ma joie creüe et amontée
S'ai achoison de chanter liement, De ma dolor et de mon grief torment.
21 Car bone Amors le m'enseingne et aprent. 37 Or primes sai que cuers amorous sent ;
Si ne conois ma dure destinée, Si en avrai une dure soudée,
C'onques d'amors ne pensai a rien née
Donc je par droit eüsse aligement.
Car je voi bien la morz m'en iert donnée
De cest servise autre loier n'atent.
;
de Conon de

-
N° 220, folio 89b. Qanson Bétfrune (?) (Raynaud 1131)

'fjelai-raique je ne di- e Demes maux u-nepar - tie Con


1i-G,
roux.

Ja por vos
--ir-
Dahaiz ait cuers covoitoux

N'a-vrai mais
!
les eulz
Fause, plus vaire que pye, Quim'envoi-a en Suli

plo-roux! Fox
"-'" ..,.-
est qui en vos se fi - e.
- e

Que vos es -tes l'a-be - ie Au souf-frai-tous, Si ne vos a-me-rai mi


- e.

13
é! II
bele tres douce amie
Qui semblez rose espanie,
Aiez merci
De vostre leal ami
17 Qui de si fin cuer vos prie
Que, s'il a troite florie
Au vanredi,
N'a pas le bec si jauni
21 Que de vos ait grant envie.
S'aimme mieuz, que que nuns die,
Oisel rosti
Que la vostre compaignie.
?221, folio 89e. Chanson à refrain, de pétrin d'Rngicourt (Raynaud 1538)

e sui pas si es-ba-hiz Por yver ne por froi du-re


-
Ne por es-trangepa- is, Lointains de ma nor re - tu-re -
- Que de m'a-ven - tu - te

Ne fa - ce chan - çon Bo-ne de" dit et de son Le-giere a chan -ter.

Por re -
con-for - ter Le mal qwi me tient Qu-id'A-mors me vient.

II III
'autrier estoie
pensis 23
îfns folx guileres faintis
12
Et sanz point d'envoiseüre, N'a point de malaventure.
Quant uns douz espoirs joliz Cornent est tex hons cheriz
Me dit que je m'asseüre, Qui saute en autre pasture?
16 Que li fruiz meüre 27 Adonc ment et jure
De mon guierredon Por soi faire bon.
Et qu'Amors fera raison jamès de cele prison
19 A pitié mater 30 N'istra sanz guiler.
Et en bien muer J'ain mieuz endurer
Le mal qui etc. Le mal qui me etc.
N° 222, folio 89d. Chanson de (Bace Brulé (Raynaud 1465)

w .@ -
por quoi plaing et so pir, Seig-nor, n'en fais pas a blas-mer;
- ez
Touz jors m'estuet ma mort ser- vir, A - mors, n'en puis mon cuer os- ter.

Mais en cuer , ai d'en -


sine a - mer, Si en vuil bien les max sous -
frir

Jus - qu'a plus en puis - se mon - ter.

II IV
8 %'Amors
me fait ses max sentir, 22
uers, qu'en puis mès, se sui pensis,
Il ne m'en doit mie peser, Quant tu me charges si grief fès?
Qu'autres nou puet mie sosfrir — Ha, cors, se neant t'esbahis,
il Une [hore] sanz soi reposer. 25 Ja n'ama onques cuers mauvais.
Et je sui amis sanz mentir, Ser tant que tu m'aies conquis
Ja Dex ne m'en lait repentir, Ce que plus desirres toz dis.
Car en amant vuil bien finer. — Voire, cuers, mès la mors est près.
III V
15
$,mors, tele hore fu jadis 29
ui de Pontiaus, en fort prison
Que vos me laissiez estre en pès. Nos a mis Amors sanz confort
Mais or sui je verais amis, Vers celes qui sanz achoison
18 N'avrai rien qui m'agrée mès. 32 Nos ocirront. N'en ont-il tort?
Oïl, car lëaument amons,
Nenil!
Serai je donc de vos ocis?
trop avriez mespris,
Quant je tout, por vos servir, lès.
Ja ne nos en repentirons ;
Bon amer fait jusqu'a la mort.

36 ffiascoz define sa chançon.


Ha !
fins Pyramus, que ferons?
Vers Amors ne somes jor fort.
N° 223, folio 90a.
Chanson anonyme (Raynaud 773)

i r 1

ne puis je plus celer


Le mal d'amors que je sent.
28 e IV
tant me voloit doner,
Fait m'avroit lié et joiant.
Mès mieuz vuil tout mon vivant
Si me destroint durement
Que ne puis aillors penser. Por li griez maux endurer
5 Bien doi oblier 32 Que par son parler
Toute autre pensée Vers moi fust irée
Cele ou m'amor
Pour fine Amor
Qui s'est afermée Ai tote atornée
En moi sanz retor. Sanz faire autre ator.

II V

io
ist maux me vint d'esgarder 37
ame cui je n'os nommer,
A vos me toing en cornant.
Et si me prist en pensant. itant
Mout me grieve et (mout) me plait tant Et tant l'aing (et) plus por
Que n'en puis mon cuer oster, Que je vos ai tant amé
14 Ne n'os demander 41 Et si bien celé
Ce que plus m'agrée. C'onques a rien née
Mais par Amor(s) Ne dis m'amor.
M'iert joie donnée, Ja n'iert acusée
Se je l'ai nul jor. Par faux jangleour.

III
19
iens ne puis tant desirrer,
46 ent cors au vis cler,
N'autre joie ne demant Soyez apensée
Fors que veoir son semblant, De ceste amour,
Son douz ris, son biau parler Qu'encor soit ostée
23 Et son douz penser 50 Par vos ma dolour.
Savoir a celée ! Amauri, desver
Que ceste amors Doit bien cil qui bée
Me fust outroiée A tel amour
Sanz autrui amor. Qui li est vehée
Sanz avoir douçour.
N° 224, Qanson de croisade, deConon de13etune

*
folio 90e. (Raynaud 1125)

kQ i mi! A - mors, si du - re de - par


fust a - mé - e ne ser
- ti - e Me co- ven
Dex me ra
- dra fai
moint a
- re de la moil
li par sa dou
- lor
Qui on-ques - vi - e. - - çour

Si voi - re - ment com j'en part a do - lor. Dex!qu'ai je dit ! Ja ne m'en part je mi -e!

Se li cors va ser - vir nos - tre Seig - nor, Touz li miens cuers re-maint en sa bail - li-e.

II IV
9
or li m'en vois sopirant en Surie, 25
elor vuet avoir honte et vie enniouse?
Que nuns ne doit faillir son creator. Si voist morir liez et bauz et joianz,
Qui li faudra a cest besoing d'ahïe, Car cele morz est douce et savoreuse
Sache de voir, faudra li a greignor. Ou conquis est paradis et honors.
13 Et saichiez bien li grant et li menor 29 Ne ja de mort n'en i morra uns sous,
Que la doit on faire chevalerie, Ainz vivront tuit en vie glorieuse.
C'on en conquiert Paradis et honor Et saichiez bien qui ne fust amorous
Et pris et los et l'amor de s'amie. Mout fust la voie bele et delitouse.

III V

17
onc tens avons esté prou par oiseuse, 33
uit li clergié et li home d'aaige
Or i parra qui a certes iert preus ! Qui de biens faiz et d'aumosnes vivront
Vescu avons a honte doloreuse
Donc touz li monz est iriez et honteus.
Partiront tuit a cest pelerinage
Et les dames qui chastes se tendront
;
21 Quant a noz tens est perduz li sains leus 37 Et leauté portent cés qui iront —
Ou Dex por nos soffri mort angoisseuse, Et s'eles font par mal consoil folage,
Or ne nos doit retenir nule honors
D'aler vengier ceste perde honteuse.
Ha!tuit
Car
les quelx genz mauvaises les feront
li bon iront en cest viage.
!

41
ex est VI
assis en son haut héritage.
Or parra bien con cil le secorront
Cui il geta de la prison ombrage
Quant il fu mis en la croiz que Turc ont.
45 Certes tuit cil sont honi qui n'i vont,
S'il n'ont poverte ou veillece ou malage,
Et cil qui jone et sain et riche sont
Ne porront pas demorrer sanz hontage.
N° 225, foiio 91a. Chanson aDec des refrains, (Raynaud 672)
de pcrrin d'flngicourt

- a
xên qaluespor es
Mais
-tip. én - -
loing - ne
tie -re-ment
- ment Ne mis ma dame en
A es - té mes cuers
o - bli,
h. en

Éncor m'i ai-ent nuisi Mesdi-sant a lor po -


oir, J'ame -rai por mieuz va -
loir,

S'ilendevoi-entcre-ver! ja por mes, di - sanz Ne lai -


rai l'a - mer.
-

II IV
il e-uant primes vi son cors gent 31
e ame a cui touz biens apent,
Et les eulz qui m'ont trahi, Qui mon cuer avez saisi,
Se je ne vos voi sovent,
Si fui feruz roidement
Que dou grant cop m'esbahi N'ai je pas moins desservi ;
15 Si que tantost me rendi 35 N'onc por ce rien n'en soffri,
Ou pitiez ne set menoir. Ainz me covient plus doloir.
Reançon en vot avoir ;! Li desirs de vos veoir
38 M'art, se merci n'en avez.
18 Pris m'a, or en ait merci
La bele qui mon cuer a Dame, merci, vos m'ociez !
Me tient joli.

III V
if oli hançon, va t'en droitement
21 sanz alegement? 41
Onc tel merveille ne vi, A Mignot et si li di
Car, quant plus sui en tonnent, Que pour mon avancement
Plus me truis amenevi Deprit bone Amour por mi.
25 De li servir. Or li pri 45 Car il a touz jors servi
Qu'en gré vuille recevoir De lëaul cuer sanz movoir
Ce que de leal voloir Et por ce sai je de voir
28 M'outroi a li ligement. 48 Sa proiere m'aidera.
Ensi me confort Amors La bele m'ocit !
Con je l'aing lêaument. Qui me garira?
N° 226, folio
9ic.Chanson de <0illebert de Berneoille (Raynaud 138)

tq n-quesd'A-morsn'oinu -
Tantaing de cuersanzpen -
-
le si grief poin-ne fë
ist nul jor des-es-pe rer.
Quime -
sé-e vi-lain-ne Lariensdoumontquiplus fait a lo-er.

Bien m'est A - mors et nuit et jor pro - chain - ne, Q'ou cuer me maint, ne me ver - ra a - ver;

Car je li doing quan -que li puis do - ner: Etcueret - -e so-vrain-ne.


corsetpen sé

"E:'' II IV
llques Amors ne fu de moi lointainne
eusi vos di : qui forvoie en outrage.
9 25
Ne je de li, puis que je soi amer. En fauseté, en penser folement,
Tout a mon cuer en son lige demainne, S'il vuet en bien muer son fol usage,
Et si sai bien que ne m'en puet sevrer Voist esgarder le beau contenement
13 Longue atente, tant soit a moi grevainne. 29 Et la valor de la tres bone et saige.
Tant m'a conquis qu'el me fait aorer Ravoiez ert en bon enseignement,
Li, et la croi tant qu'el me fait sembler Con marenier a cui l'estoile aprent
Que c'est li Dex de la joie mondainne. Par mi la mer le plus seür passage.

III V
ele cui j'aing est 33uens d'Anjou, j'ai mis mon cuer en ostage
17 tant de bonté plainne
Qu'il m'est avis que la doi comparer
A l'estoile qui nomme Tremontainne
Que vers Amours n'ovrerai fausement
Touz jors serai lëaus en son homage.
;
Dont la bonté ne puet onques fauser. Hé ! fils de roi, car li faites present
21 Le marenier par mi la mer hautainne 37 De vostre cors, ja n'i avrez domage,
Fait ravoier et a droit port sigler, Et s'en croistra [vostre honor] ausiment.
Et set et voit quel part il doit aler Car il n'est nuns, se fine Amors l'enprent,
Par l'estoile dont la vertuz est sainne. Ne soit adès plus cortois son aaige.
N° 227, folio 92a.
Chanson de Cbomas Érier (Raynaud 467)

Il
w o nc
Ainz
ne so
lor ai
-
-
rent mon pen
touz jors ce
-
-
sey

Li fe - Ion en mon
Et fe - rai d'or en
vi
a
-
-
vant,
vant.

Mainte foiz m'ont fait dolant, Mais tot avroie obli-é ! Se ma dame en mon a - é

Me fai-soit un beau sem-blant, Donné m'avroit joi - e grant.

II IV
i:1ais n'en ai pas volenté, 28 fl,la mie de sen planté,
io
Il m'est bien aparisant, Qui amors va esloignant.
Quant touz jors me sont doubley Qu'ele a mout tost conforté
Li mal que j'ai porté tant. Un desconsoillié amant.
14 Mais je me vois confortant 32 Donc je me vois mervoillant
En ce que on m'a conté Cornent nuns a si osei
Le cuer qu'il fait fauseté
Que vrai amant sunt sauvé
S'il muirent en desirrant ; Vers amours n'a son cornant
Onques faux n'ot cuer vaillant.
;
Ne s'en voist nuns esmaiant. ,

III V
je merciz m'a demoré, hautement m'a assené
19
Que l'irai je demandant
37
Amors a douce plaisant ;
Fors cele qui de beauté Je li ai fait fëauté,
Va totes autres passant? Ses hons sui d'un fié tenant
23 Ele a vis frec et riant, 41 Qui, au cuer me va poignant.
Chief blonc, gent cors honoré. De grant dolor m'a fievé,
Mès ce que m'ocit de gré !
Hé las je l'ai enerré( e)
Li est trop mesavenant ; Par mes [eulz] qui porchaçant
Vivre me fait languisant. Vont ma mort a esciant.

46 9a dame de Pontiz mant,


La roïne que chantey

;
Ai, por ce que commandey
Le m'a plus ne li demant,
S'il li plait qu'oie mon chant.
N° 228, folio92b. Chanson de Destourné (Raynaud 1894)

- r se
Q'o - bli
-
-
roit mer
ey nos
-
ciz de sai - son, Da me, s'a ve nir i de voi
ont li fe - Ion Qui di - soi -- ent - ie vos a -- moi
- - e,
- e.

Jes en des - men - ti, si men -


toi ;
- e
Qu'en vos ai si m'en - ten - cion

Qu'en moi n'a mès rien qui soit moi - e.

8
II
It dame, puis que je vos don
Et cuer et cors ou que je soie,
22 il IV
autre chantent en esté
Et dient qu'amors les debrise.
Se je n'ai de vos guierredon Mais je me truis enamoré
Mar vi onques, se Dex me voie, 25 Toz jors por vos, en une guise.
II
Vostre gent cors qui me maistroie
Et destroint si en sa prison
Dame, j'ai grant folie emprise
Se vos par vostre grant bonté
;
Qu'adès cuit que morir en doie. Ne prenez en gré mon servise.

15
Ipé Dex!
D'entre faux
III
Cor fussent or sevré
cil qui sanz faintise
29
a V
douce dame a cui je sui,
Bien est raisons que je vos die :
Ont toz jors lëaument amé, N'est pas a droiz partis li jeus
18 Et li faux eüssent assise 32 De deus, quant li uns n'aimme mie.
:
En lor front une corne bise
Lors avriez tot esprové
Dame, con je vos aing et prise.
Saichiez:
Dame, de touz les biens garnie,
mon cuer n'oi onques puis
Que premiers vos oi acointie.

36 ji me destroint Amors et lie


Que por autre chanter ne puis
Fors por vos ou mes cuers se fie.
N°229, folio 92d.
Chanson de ©autier d'Epinat (Raynaud 542)

^^u-tre-cui - fait chan - ter. las, si ne sai por quoi,


a-
diers et ma fo le pen - sé e Me
Se por ce
-
non que je l'ai es-gar - dé
-
- e. Se je la vi, qu'en fiert moi ila ?

Donc a - vroi - e je Quo - quaigne tro - vé - e. S'il iere en -


si tout mien, quan que je voi !

Ce n'i ai pas. Mais mis m'a en es - froi -


Uns douz es poirs dont li chanters m'a-gré -e.
N°230, folio 93a.
Chanson de Pétrin d'Hngkourt (Raynaud 1391)

n voit so - vent en chan-tant a - men - rir Maint grant en - nui que li chanz rasso - ai - ge.
Por ce m'est pris ta - lanz dou chant for - nir. Or doint Amours par son grant seignorai - ge

Qu'ilpuistmonmal à -
ga - ri son a - trai-re. Si fe-ra il, s'il puet a ce- li plai - re

Cui hons je sui ren - danz to- te ma vi « e. U - ne chan - çon que nuns hons n'ait oï - e.

II IV
t^ uns hons ne puet bone Amour maintenir, ame, de vos ne me quier ja partir,
9
Tant soit nices, qu'Amors nou face saige
Ne nuns ne puet as biens d'Amours partir
; 25
Que qu'il m'en soit de prou ou de domage.
Pooir avez d'ocire ou de garir
Qui vers sa dame a desleal corage. Moi qui toz sui vostres en héritage.
13 Ne nuns fins cuers ne puet tant de max traire, 29 Mais bone foiz qui dedanz moi repaire
S'il se maintient vers Amors sanz mesfaire, De lëauté me done un examplaire.
Que sa poinne ne soit si emploie
Que cent joies ait por une hachie. ;
Por ce atendrai en bon espoir ahie,
Quant vos plaira s'iert ma poinne merie.

17
t-out est donc foxIIIqui a Amors servir 33
iflé mesdisant I je
V
vos doi mout haïr ;
N'a atorné son sen et son usage. Tant par estes felon et plain d'outrage !
Je fais un vou, que que soit dou joïr, Touz jors vos truis engrant de moi nuisir,
Que ja de li servir en mon aaige Et sanz raison haêz mon avantage.
21 Ne retrairai. Or doint Dex qu'il me paire ! 37 Mais ma dame est tant saige et debonaire
Se ma dame n'alige mon contraire, Que bien savra conoistre vostre afaire,
Por li morrai ; si sera si vengïe
Qu'a toz fins cuers devra estre enemie.
Si que ja n'iert vo fausetez oïe ;
Toz voz pooirs ne dout, s'ele m'ahie.
N"2319 folio93e. Ojanson anonçme (Raynaud 1224)

-ques
-
Q'A mors
mais jor
me fe -
de
ïst
ma
a -
vi
hi
-
-
-
-
e
e
N'oi
A
si
chant
grant
com
mes
-men -
-
tier
cier.
-

Las! de son don -gier Me cui -dai os - ter, Mais or m'es -tuet de-sir - rer

Sa douce a -
mis -
tié Plus c'on ques mais la moi tié.
- -

II
10
cil a granz outrecuiderie
M'a fait covoitier
Dame de tel seignorie
Cui je n'os proier,
14 Ne merci ne quier
Aillors demander.
Amours la me font amer,
S'en ai le cuer lié,
Quant si bien m'ont enseignié.
N° 232, folio 93e.
Chansond'fldan de la fiait (Raynaud 1247)

r voi je bien qu'il sou


Car plus as-pre-ment mi
- vient
tient
Bone A - mour de
Qu'ainz mais ne sen -
mi,
ti.
Ce m'a

le cuer es - jo - ï De chan-ter: En-si doit a-manz mos-trer Le mal jo - li.

9
i II
sovenirs me retient
Que j'ai de celi
17
ar d'un III
estre se maintient
Qui m'a esbaubi,
Dont cist joliz maux me vient Par quoi je croi qu'il avient
Que maint ont por li A touz les autres ausi,
13 Qui ja ne seront hardi 21 S'il veoient que je vi
De parler. l'anter,
A
A mon cuer doi comparer Comment en li esgarder
L'autrui ausi. Tot en obli.

IV
25
lins cuers qui vostres devient
N'a pas meschoisi.
Mais a nuilui n'apartient !
Nonporquant je di
29 Qu'umilitez sanz nul «si »
Fait sembler,
Quant Amors s'en vuet mesler,
Chascun oigni.
N°233, folio 93d.
Chanson anonçme (Raynaud 1803)

-n":'es ne me poi par - ce - voir Que pour bien a - mer lë - au - ment


Pe - us - se rien d'Amors a - voir Qui tor - nast a a - le - ge - ment ;
Et dès que j'oi en - ten - de - ment, Ne fui sanz pen -sé-e jo-li - e

N'on-ques n'en oi jor de ma vi - e - -


Fors que do-lour, dès l'enco men cement.

II IV
9
ue qu'Amors me face doloir, 25
j'
Amors doignast ensi voloir
Ja n'en partirai mon vivant, Con Dex fait de la sôe gent,
Mais me covient touz jors voloir Que le riche ne vuet veoir,
Que de moi face son talant. Celui qui prie fausement,
13 Je ne ser pas volagement, 29 Mais le bon povre a sa part prent,
Mais de bon cuer sanz tricherie.
De bien amer m'est pris envie
Qui [jamès] ne me faudra mon vivant.
Celui met en sa compaignie :
Qui toz jors sert sanz tricherie

Et bone Amors deüst faire ausiment.

17
III
Amors m'ont mis a nonchaloir,
Onques por ce ne m'en repent
33
t, V
se je plus n'en puis avoir,
Je me toing a paiez de tant.
Qu'adès ne face mon devoir De quoi c'on ne puet pis valoir,
D'adès servir mout bonement. Nuns n'est si bons qui n'en ament.
21 Cornent qu'il soit, a li me rent. 37 Que bone Amors (chascun) aprent
Je la sai si de bien garnie A faire tote cortoisie,
Qu'en aucun temps ne laira mie Et covient tote vilenie
Que ne pensoit de son leal amant. Haïr celui qui aimme lëaument.
N° 234, folio 94b.
Chanson du roi de naoarre (Raynaud 1865)

01 c froi-du
tour
- re ne pour y - ver fe - Ion Ne
-1
lais -
-
se - rai
-
Que,quiain -me, re-pen-tenj—

Que ne fa - ce d'a-mours u - ne chan-çon, Et si di - rai

s'en, s'il puet ! Chas-cuns le dit, maismen - tir l'en es - tuet. Qui bien aim - me, il ne

s'en puet par - tir, Tant que l'ar - me h soit dou -


cors par ti *
e.

II IV
9
our moi le di, que l'ai mis a raison ; 25
lort sont li laz et grant li covertour,
A moi tençai. Ce n'est pas gas,
Plus pren(t) consoil de si faite achoison, En qui cil est qui ainme par amors.
Plus m'en esmai ; Et qu'en diras,
13 Que li esmais de mon fin panser muet. 29 Puis que je sai et conois son semblant
Plus pans a li et plus en i apluet. Et je me toing ensi devers sa gent?
!
Dame, merci Je ne vos puis faillir
Ainçois sera mers por pluie faillie.
; M'a ele donc pris, loié ne saisi?
Oïl, certes, ja n'en iert dessaisie.

III V

17
ame, se j'ai de mes granz maus paour, 33
rg uis qu'ainsi est, j'atendrai bonement,
Ne vos poist pas, En lonc espoir,
Que bien poez alegier ma dolour. Car il n'est riens que je vousisse autant
Et tu t'en vas, Que son voloir
21 Chançon, a li, si li di en plorant 37 Faire partout sanz achoison trover,
C'une merci d'amors en sopirant Et il seüst mon cuer et mon penser,
Vaut bien cent tanz a fin lëaul ami Que por ce cuit que j'avroie merci.
Que ne porroit por riens cuidier s'amie. Dex ! quant verrai por quoi je la mercie?

uns ne porroit de cestui mal esmer


41
Fors vos, dame, con bien il puet durer
Et s'il vos plait, nou metez en obli,
;
Que nule foiz mes cuers ne vos oblie.
N° 235, folio 94d. Chanson du roi de naoarre (Raynaud 996)

le.Our ce, d'a me


dueil.
a-dès se mer ai je grant fort.
Si
Car en
-
h re - cort, Dex !ceque
i
vi * rent
-con
mi

huil:

C'est sa granz beau - té ve - rai - e. Qui en plu - sors leux m'es - sai - e.

Mais de cuer ai,


- qu'est de greig - nour po -
'-..,,-
oir.
IV,
Or me doint Dex les au -
- -
tres..vuil-a -
--
voir 1

II IV
11aintc gent ont un acuil, 31
.=-ge
je a un home doing,
Ou soit a droit ou a tort. — Aucuns de tex genz i a —
Et Amours fiert sanz déport, Demain autant me rendra
Ja n'i doutera orguil. Se ne li remet ou poing.
15 Li sages plus s'en esmaie, 35 Mout beau sen a a beau querre
Car trop set faire grant plaie. Et a doner sanz requerre.

;
Grant la me fist quant le cuer a de moi
18 En sa prison bel m'est, quant je l'i voi.
Et je, dame, crie: merci merci
38 De ce que mien deüst estre, vos pri.
! !
Mieuz l'aing en li qu'en nul autre pooir. Que n'espoir pas [a vostre douz semblant
Or l'i doint Dex garder a mon voloir ! Que ja merciz me] viengne au cuer devant.

21
ame, qui pert au besoing
Por son ami ce qu'il a,
III
4 lame, or ai dit(e) ma paour;
Mout voudroie or escouter,
V

Se cil guierredon n'en a, Se ja doigneroiz penser


Honiz en est par tesmoing. Vers moi aucune douçor,
25 Et je per, sanz reconquerre, 45 Ne riens nule qui me vaille,
Mon cuer que tenez en serre. Si que li cuers m'en tressaille
Perdu non ai, nel perdrai pas ensi, En la prison la ou vos le tenez.
28 Que por le cuer priera tant merci
Li cors vers vos, qu'a mervoilles iert granz,
48 Dex ! ;
fu ainz mès cuers si bel enchantez?
Nenil, certes mais se li cors pris fust
Se ne fraigniez vers lui vostre talant. Avec le cuer, ja ne li despleüst.

51 ame, ne puis loer voz granz beautez,


Que trop petiz me seroit uns estez.
Mais, se rien puis faire qui vos pleüst,
Ne iert si griez que nuire me deüst.
N° 236, folio 95 b.
Chanson du roi de naDarcc (Raynaud 237)

dourcon -for-ter ma pe-san-ce Fais un son. Cil. qui conquist la toi


- son,
Bons iert se il m'en a -van-ce, Car Ja-son,

N'ot pas si grief - - -ce.


pe ni tan E. e, e!

8 e II
meïsmes a moi tence,
Car raison
22
IV
tieuz aing de li l'acointance
Et le douz non
Me dit que je fais enfance, Que le rëaume de France,
Quant prison 25 Mort Mahom !
II Qui d'amer quiertachoison
Teing ou ne vaut reançon;
Si ai mestier d'aligence. Por esmai ne por doutance?
E, e, e! E, e, e!

III V

15
9 a dame a tel conoissance 29
ien ai en moi remembrance
Et compaignon ;
Et tel renon
Que je ai mis ma fiance Touz jors remir sa semblance
18 Jusqu'enson. 32 Et sa façon.
Aiez, Amors, guierredon,
Mieuz aing que d'autre amor don
Un resgart, quan me le lance. Ne soffrez ma mescheance. !
E, e, e! E, e, el

36 ame, j'ai entencion


Que vos avroiz conoissance.
E,e,e !
N"237, folio 95e. Cfjanson du roi de Haoarre (Raynaud 523)

fiour mal temps ne pour ge - lé Ne par- tirai ma pen - sé -e D'amours que j'ai,
Ne
Ne
pour -
froi de ma -ti -né-e
nule au-tre rien né-e
-e
3
por

Que trop ai - mé-e Decuer ve- rai. Valara


a ra.

II V
9
ele, blonde
colorée 25 ame, faites cortoisie
Moi plait quanque vos agrée.
Hé Dex !
car me fust donée
Plaise vos que en ma vie
Iceste parole die :
L'amors que vos ai rovée
13 Quant vos priai !
S'ele m'est véée,
29 Vos os nommer !
«Ma bele riens, douce amie
»
Onques n'oi envie
J'enmorrai ! D'autrui amer.
Valarara. Valara[ra].

III VI
17
ame, en la vostre baillie 33 nques jorneme soi plaindre,
!
[Ai] mis mon cuer et ma vie.
Por Deu ne m'ociez mie
La ou fins cuers s'umelie
!
Tant seroit ma dolor graindre
[Ne d'amer ne me sai faindre
Ne mes maus ne puis estaindre]
21 Doit on trover 37 Se je ne di
Merci et aide Que toz vuil remaindre
Por conforter. En sa merci.
Va[larara]. lara[ra].
Va

Iprop seroit fort est[r]aindre


41 a
Chançon de li;
L'amours est a f[r]aindre
Dont pans a li
Valara [ra].
N° 238, folio 95d. Jeu parti, (Raynaud 334)
entre le roi de riaoarce et Philippe de îlanteuil

irhe-lip-pe, je vos de - mant: Dui a - mi de cuer ve- rai


Ba - che - 1er no - vel et. gay.
Sont qui aimment le - au - ment,

Li uns a tout son ta - lant, Li au -tres est a l'es-sai.

1Qui doit mieuz ve - nir a - vant..


Li a - niez ou cil qui pri - - e?

II V

9 —
uens,
sachiez certainnement
Li amez est fors d'esmai,
: 33 —
theIippe, plus doit valoir
Cil qui vuet entendre a li
Et por c(e) est il plus engranz Et qui atent main et soir
De bien valoir, [bien le sai]. De sa dame avoir merci.
13 Quant plus a, et plus emprent 37 Cist pensers li fait avoir
Et plus fait bien sanz délai. Le cuer vaillant et hardi.
Ne cil ne puet valoir tant Trop fait cil mieuz son pooir
Qui quiert merci et aide. Qui a sa joie acomplie.

III VI
uens,
17 —
*f?helippe, cil qui requiert
Doit mieuz valoir par raison ; 41 - sachiez vos bien de voir
Que ci avez vos failli :
Que toute bontez afiert S'en vaut moins por joie avoir,
A atendre a si haut don. Dont sont tuit amant honi.
21 Tex s'efforce qui conquiert, 45 Se cil qui se doit doloir
Mais cil qui en est asson Vaut mieuz de leal ami,
Jamès partir ne s'en quiert, Donc faisons dames savoir
Por nul pris, d'avoir s'amie Par tot c'on nes aimme mie.

25 -uens, IV
ja li proierres n'iert
Qui n'ait duel et sopeçon,
49 —
^helippe,
je fais savoir
A Auberon, mon ami,
Qu'il nos en die le voir,
Et pensée au cuer le fiert Ou sa lengue soit honie !
Cornent il avra pardon.
29 Mais cil qui a ce qu'il quiert 53 — Cuens, a Rodrigue lou Noir
Ne pense s'a valour non
Joie son pris li conquiert
; Mant de par vos et li pri(e)
Qu'il nos en mant son voloir
Et sa dame, qui l'en prie. Qui a droit de la partie.
r-
N°239,

Trop me

Des da

10
mer

-
folio 96b.

mes grant plaint.

ire,
II
saichiez voirement
Qu'amours faut par ameors.
S'en remaint joie et baudors
Et faillent tornoiement
14 Si ont colpe[s medisant.]

19
Vielles et mauvais [mari],
N'est failli,
Par dame, c'on n'aint,
Mais ès chevaliers remaint.

III
^helippe, bien m'i acort
Qu'il remaint ès chevaliers,
Jeu parti,
entre le roi de Haoarre et Philippe de Hanteuil

'the-lip-pe, je vos de-mant Qu'est de ve


En cestpa-ïs ne ail-lors Ne faitnuns d'à

-voil du-re-ment
- - nu

Quant e

Et che -
-

va
le

-
de

lier

37

46
-
-e a-mors?
— — — — mer sem

more

helippe,
en

en font maint.
V
legierement
-

S'en partent qui paour ont.


Que les dames trop lor sont
De sauvage acointement.
41 Dame doit atraire gent
Por mieuz faire a li baer.

^ire,
VI
Que d'amer
(Raynaud 333)

si! S'ai o

Doit dame savoir


Por plus faire ami valoir.

trop hastivement
Vuelent mais par tout le mont
-blant!

- i

Mais tout ce fait li dongiers Cil qui amorous se font


Que dames moinnent tant fort. Avoir joie entièrement.
23 Quant il sont jusqu'à la mort, 50 Mais dames a lor talant
Lors lor metent achoison. Vuelent lor amis grever.
Bons respons Endurer
N'i pue[n]t trover
S'en font maint desesperer.
; Doit on lor voloir
Sanz plaindre et sanz decevoir.

IV
28 ^(gc?iire, il s'en plaignent a tort 55
helippe, ami[s] voir
Et s'en partent [de legier.] N'en sevent pas le pooir.
Plus lor plait li aaisier Sire, tout por voir,
Qu'atendre d'Amour confort. [Dames] font le mont valoir.
32 N'ainment valor ne déport,
Ains tolent et font maisons ;
N'est raisons !
Cil qui vuet amer
Se doit de tout amender
N° 240, folio 96d. Débat, (Raynaud 1111)
entre le roi de Haoacce et Philippe de nanteuit

ar Deu, si - re de Champagne et de Bri - e.


Que je voi bi - en que vos ne chantez mi - e.
Je me sui mout d'u--iiz
Ainz estes pou jo
ne rien mer
et en
- -
voil - liez
voi - siez.
:

Car me di - tes por quoi vos le lais - 1


siez -tez
Es re - vient et la sai-sons -
flo ri-e,

Que toz li monz doit es - tre bauz et liez. Et bien sa - chiez que moins en vau - dri - ez.

S'A - mors s'es - toit si tost de vos par - ti - - e.


II V
10 helippe, n'ai de chançon faire envie, 37
jire, trop est Amors et douce et chiere,
Que d'Amors sui partiz et esloingniez. Et trop m'en plait li servirs et li nons.
Je l'ai lonc tens honorée et servie, Servirai la, sanz moi retraire arriere,

14
N'onques par li ne fui jor avanciez
Si ne vuil plus de li estre chargiez.
; 41
D'uevre et de cuer et de faire chançons.
Quant li plaira, s'en avrai guierredon,
Par tot la voi et remese et faillie, Que je la sai leal et droituriere.
Mout est ses nons et ses pris abassiez. S'ele tot est blasmée des félons,
Dou tout m'en part, et vos si feriez, Des desloiaus qui quierent achoisons,
Se ne volez demorer en folie. Et mout m'est bel, quant il la truent fiere.
III VI
19
jire, a grant tort m'avez Amour blasmée, 46 helippe, Amors est fause et trop legiere.
Et dou partir fol consoil me donez. Encor direz que voire est ma raisons.
S'Amor avez mal servi et guilée,
Por ce n'est pas ses nons deshonorez
23 Que d'Amors vient toute honors et bontez.
; Quant vos savrez conoistre sa meniere,
Ne tendroiz pas les partiz a bricons.
50 Trop conois bien Amors et ses façons :
Qui bien la sert, en faiz et en pensée, A rencontrer vos iert de bele chiere,
Ne puet faillir ne remaigne honorez
Que sanz Amors n'est nuns a droit loëz,
; Puis troverez guiles et trahisons,
Et, en la fin, n'en vaut neant li dons :
Et cil puet bien pou valoir qui n'i bée. Trop le covient conquerre a grant proiere.

28 thelippe, IV
Amors est chose forsennée, 55
jire, dazait qui croira voz sarmons !
Ne nuns ne doit suigre ses volentez. A fine Amor m'outroi, qui me semont,
Tant la conois tricheresse provée Et maintendrai ma meniere pleniere.
Que je pri[s] pou li et ses fausetez ; 58 Phelippe, encor venra autre saisons.
32 Ainz me sui si de li servir lassez Ainçois qu'aiez conquis les bons respons,
Que j'en hé ceus par cui ele est loée. <
Me direz vos q'Amors n'est pas entiere.
Por ce vos pri que jamès n'en chantez,
Que vos seriez toz jors par li guilez,
Si con je sui, qui ainz n'en oi soudée.
N° 241,folio97e. Chanson du d)âtelain de COUCl) (Raynaud 1872)

1e -
ar quel for fait et par quel mes - pri - son M'a - vez, A - mors, si de vos es - loig nié,
-
Quant de vos n'ai confort ne ga ri - son Et si ne truis qui de moi ait pi
-
• tié?

A tort m'a - vez si sanz mer - ci lais - sié ! C'on - ques de vos ne me vint, se mal non.

N'en -cor, A - mors, ne vos ai re - pro - chié Mon ser- VI - se, mais o - re m'en plaing gié

Et di que mort -
m'a vez. sanz a - choi - son.

10
II
1ien deüssiez, dame, garder raison
En moi grever, qu'ai servi et proié
28
e
Se je vos aing
IV
cuidiez pas, dame ce soit folors,
et dout et ser et pri.
Tant longuement en bone entencion, Tant ai servi, vostre en-sera l'onors,
N'onques un jor ne me feïstes lié. Quant vous m'avrez mon servise meri.
14 Malement ai mon servise emploié, 32 De vos proier me dout et fais hardi,
Se par merci ne voing a guierredon. Qu'en amors a hardemenz et paors.
Merci !
Amors, trop m'avez travaillié
Ne me laissie(z) ensi desconsoillié,
! Ne tout ne çoil ne a mon cuer nou di,
Et, se je rien pour paor i obli,
Que ma dame ne me giet de prison. Voinque pitiez, douce dame, et Amors 1

19
t III
vos, dame, cui droiz mostre et valors
Que vos avez vostre lëaul ami,
:
37
e ns V
amis destroiz et angoissous
Doit joie avoir por servir lëaument,
Dont doi je bien par droit estre joious :
Alegiez moi mes maus et mes dolors
Que je sui [cil] qui mieuz avra servi. Que je sui cil qui plus en a torment ;
41 Que tant vos aing et vos pri bonement,
23 De vos aten guierredon et merci,
Ne ma joie ne puet venir d'aillors. Ne por autre ne puis estre amorous ;
Et se g'i fail, morz sui et mar vos vi.
Dit ai que fox ! Ainz me toing a gari.
Et mes chançons fais por vos soulement,
N'onques nul jor ne chantai fausement
Si me lait Dex, dame, joïr de vous !
:
Mais trop vient len, dame, vostre secors.
N° 242, folio 98a.
Chanson anont)me (Raynaud 477)

i our
1

faire l'autrui volenté 8 e II


chant a guise d'esgaré
Qui ne set qu'i se va querant ;
Chanterai, si n'en ai talant.
Si n'ai pas en Amor trové Car jen'ainpasd'amors,ainzhé
4 Joie ne solaz donc je chant ; II ;
La fause que j'amoie tant
Ne ja cil ne m'en saichent gré Mais por descovrir mon pansey
Qui m'ont a lor voloir blasmé, Que j'ai plus dedanz enceley
Li menteour felon taisant. M'estuet faire joious talant.

III
15
ln nuisement m'i a grevé
Fause Amours, male et decevanz ;
Qui longuement m'a si pené
18 Que, se j'amase un pou avant,
Mort m'eüst a sa volenté.
Si feïst de moi cruauté,
Quant vers li n'ai ma joie grant.
.-
N°243, folio 98b. Chanson de 0ace Brulé (Raynaud 187)

Qu'ason ta -
- lantmestuet
i)¡an - sis d'A mors vuil re trai
-
-
-- - -/ -
re Co ment. li miens cuers - me moin ne;
fai re Ce dontj'aien - nui et pcin ne.
-
.----
Trop me fait ma do lor plai re, Si toing A vi lain
- - - mour a - - ne

Qui m'o - cit en son ser -


vi - se, Quant toz sui a sa
- rv
de -
w
vi - se. ,

9
a II
dolor me covient taire
Et servir Amor certeinne,
33
on cuer ai V
en sa baillie
Mal fera, se ne m'avance.
;
Car toz mes pensers repaire Ne ja por riens que nuns die
A estre li suens demoinne. N'avrai aillors esperance,
13 Se cele m'est debonaire 37 Ainz serai toute ma vie
Que de touz bons sens est ploinne, En ceste longue atendance.
Tel joie avroie conquise Car estre vuil a sa guise
Qui ja n'iert par moi requise. Tant qu'Amors l'avra emprise.
III VI
17
mors deçoit et empire 41
ee li ne partirai mie
La fause gent noveliere. Por ennui ne por pesance.
Por ce sui en grant martire, Et cil qui plus me chastie
Que suens sui a sa meniere. Ne voit pas ma délivrance.
On ne porroit pas bien dire
21
Si grant dolor en proiere
Com est dedanz mon cuer mis(e)
45 Qu'Amors a grant seignorie,
Soul de membrer sa semblance
Et por ce sui a sa guise,
;
De li amer sanz faintise. Si m'en est joie promise.

IV
25
ma volentez trait et tire clin, lonc tens l'avra quise
49
La ou l'on la tient moins chiere. Gascoz qui tant l'ainme et prise.
Mès ne m'en sai escondire
De riens qu'Amors me requiere.
29 Je cuit qu'el me vuet ocire
D'esperance mençongiere,
Mais, a servir l'ai emprise
Sou ferai jusqu'au juïse.
:
N° 244, folio 98e.
Chanson à refrain, anonpme (Raynaud 522)

i our
1

mal temps ne por gelée 28 a IV


par moi n'iert obliée,
Mais je ne sai, s'ele i sent.
Ne lairai que je ne chant.
Car ensi vois ma pensée Por ce que tant l'ai amée
S'ele aint mon avancement.
4 Et mon mal reconfortant.
De la bele cui j'aing tant 32 Et s'ele fait autre amant,
Me vient si granz desirréel Ja n'avrai longue durée,
Quant plus l'aloing, plus la vuil. S'ele me torne a orgueil.
8 Je l'aing plus que je ne sueil -
Je l'aing..
Mès pou la voi, si m'en duil.

10
uant
II
primes l'oi esgardée 37
e V
m'ocit qu'en sa contrée
N'os aler a son talant
Tant la vi bele et plaisant
Que jel'ai des lors amée Por la gent malaürée
Et amerai mon vivant. Qui toz jors vont devinant.
14 Ma mort pris en resgardant, 41 Loing de li remain pensant,
Se s'amors ne m'est donnée. S'en trai dure consirrée,
Dex, mar la virent mi huil ! Que sovent mes eulz en mueil.
Je.
Je l'aing plus etcetera.
III
ainte douce remembrée 46 ele et bone, de vos chant
19
Fais de li en sopirant. j
Et pans en vos a ornée
Li pensers tant m'en agrée Et la nuit quant me despoil.
Que toz m'en vois obliant. Je l'aing.
23 Qu'Amors me remet devant
Sa grant biauté esmerée 51 Bochart, ce me fait pensant
Et son amorous acueil. Que n'est pas dou mal grevée
Je l'aing. Dont je sopir a Nantueil.
N° 245, folio 99a.
Cbansonde Cacc Brulé (?) (Raynaud 549)

1 IV
i our verdure ne pour prée, 25
out m'a Amours atornée
Ne por fuille ne por flour Douce poinne et beau labor.
Nule chançon ne m'agrée, Car ja por rien qui soit née
Se ne muet de fin amour.
Mais li faignant proieour
N'oblierai ceste honor:
5 29 D'amer toute la moillor
Dont ja dame n'iert amée Qui soit par les bons loée.
Ne chantent fors qu'en pascour
Lors se plaignent sanz dolour.
; Mais de ce sui en errour,
C'onques n'amai sanz paour.

II V
9
ame toing a esgarée 33
Ipant s'est Amours afermée
Qui croit faus druz menteour, An mon cuer a bon sej or
Car joie a corte durée Que j'ai plus haute pensée
Qui avient par tel folour. Que tuit li autre ameour.
13 Et joie a povre savor 37 Mais li faux enquereour
Qui en tel leu est gastée, Font huevre malaûrée,
S'en li a tant de vigour Engin de mainte color,
Que hée sa deshonor. Por torner joie a tristor.

III
17
ause drue abandonnée 41
ame, cele part ne tor,
Veut les nos et puis les lor, Que ma mors ne soit doublée
Ne ja s'amors n'iert emblée Et mi desconfort greignor,
Que ne la saichent plusour. Dont je morrai sanz retor,
21 Mais a dame de valour, Se par vos ne sont menour.
Bele et bone et acemée,
Qui ne croit losengëour,
Doit l'en panser nuit et jor.
N° 246, folio99e. Qanson de Œuillaume de Diés maisons (Raynaud 2105)

Iui -e ne venz. ge-lé e ne froi -du


-re Ne me por roit re te
nir de chan - ter-

-
-
Que je ne pans a nu-lecre-a- tu -re Tantcon je
-
fais a
- -
le - aument a- mer

N'onques blas -
- - tJ1 -il-
mer ne m'en soi a droi - tu - re. Car, qui ain - me de fin cuer sanz fau
r

Ne-*-
ser.

11 ne s'en doit plain -dre --e.


mi

8
il II
ne dit pas ne raison ne mesure
[Qui dit] qu'Amours face maus endurer.
15
ui III
bien amende de borie amor entiere,
Je ne di pas qu'il s'en doie doloir,
Car onques n'oi tant de bone aventure Si con je fais ma douce dame chiere,
II Com quant je puis a ma dame penser 18 Et servirai toz jors en bon espoir.'
Et remembrer sa tres douce faiture. Sanz decevoir sui siens en tel meniere
Et, quant mi huil l'osent bien esgarder,
Jel toing a grant seignorie.
Que jamès plus ne li ferai savoir
Tant dout que ne m'escondie.
;
IV
tQ
22 nques ne vi Amours cruel ne fiere
A nul ami qui aint en bon espoir
fausamanz
;
Mais se traient tost arriere,
25 Quant on ne fait maintenant lor voloir.
Mais d'un veoir et d'une bele chiere
Sui plus joianz, quant je la puis avoir,
Qu'autres ne seroit d'amie.
N° 247, folio 99d. Gjaneon de Mabieu le juif (Raynaud 782)

JP ar grant fran -chi -se me covient chan -- ter. Se vuil a - voir la rien que plus de sir.
Mais je ne' sai ou je puis-se tro ver Bons moz ne chant, que cil qui crient mo- -
rir

Ne puet son cuer a grant joie a - tor - ner. Et nonporquant fine Amour le m'en - séi - gne

-
D'a mer ce li cui la ma -le -
mort prei gne, Qui ne vie vuet mes maus guierre-do ner.

i
- -

II VI
faux amant qui se ventent d'amer 1eax sire
9
Font les lëaus de male mort morir
Et les dames en font mout a blasmer
; 41 Dex, que me vaut esloignier,
Puis qu'envers li ne truis desfension?
Amée l'ai de leal cuer entier.
Qui aimment cés qui prient por trahir. N'onques nul mal n'i pensai, se bien non
13 Por ce morrai, c'onques ne soi fauser
Ne puis muer, mon domage ne plaigne.
; !
45 Por ce morrai, c'onques ne soi trichier.
tant mar vi vostre bele semblance
Douce dame, froiz glaives vos destroigne
Trop me faites de parfont sopirer.
! Las
Et vos beaux eulz qui m'ont navré sanz lance.
Maies broches les vos puissent saichier !

III
17ouce dame, cui j'aour et souploi 49
It VII
nonporquant je ne m'en quier movoir
Et servirai en trestout mon aé, De vos amer, s'en devoie morir,
Sor tote rien a vos servir m'outroi, Que mieuz vos vuil servir en bone espoir
Se mes servises vos i venoit a gré. Que de totes celes dou mont joïr.
21 Mais cist travaux m'iert adès, bien le voi
Quant plus vos ser, et je plus vost ruis fiere.
; 53 Que Dex vos fist si faite a mon voloir
C'onques ne vi si tres bele rien née.
Mieuz fussiez vos levée en froide biere. Male aventure et male destinée
Que longuement en gabessiez de moi. Et maus blasmes vos face moins valoir !
25 r IV
ai jo dit come fox estreloi ;
Ja li mesfaiz ne m'en soit pardonez,
Quant maudite ai celi cui plus doi foi!
57 rahi m'avez,
VIII
douce dame, por quoi?
Ja n'ai je riens envers vos desservi.
Por vostre amor ai je guerpi ma loi
Servirai la de bone volenté, Et croi en Deu, maugré toz mes amis,
29 Et, se li plait que me retoigne a soi, 61 Et si faites de moi touz voz bofoiz.
Amerai la come ma dame chiere, Trahi m'avez, douce dame honorée
Ou, se ce non, la passions la fiere, [Trahi m'avez, vos soiez traînée.]
S'en brief terme ne prent de moi conroi ! Si voz porroiz mieuz amender vers moi 1

V
33
once dame, bien me devez aidier olt, s'autrement n'en repuis joie avoir,
65
Soul por itant que mesdisant felon Dex vos face si vielle et si ridée
Se sont venté que par lor losengier Que touz li monz fors moi touz soux vos hée ;
!
Feront partir deus amanz sanz raison.
37 Las qu'en puis je qu'en moi n'a se mal non?
Tolu m'avez et joie et alejance.
Savoir se ja me porroiz escheoir !

Mais veillece qui d'autrui prent vengence


Vostre gent cors si me puist justisier !
N°248, folio 100e.
Ct)aneon de îz\)an de Brienne (Raynaud 1345)

et an-sis d'a-mors, do-lanz


« et cor - rou - ciez tuet chan - ter, que ma da - me m'en pri - e
M es -
On-ques mais jor ne fui si es - mai - ez, Grant pa - our ai que ne soit ja m'a - mi - e.

S'est il bien droiz que por li chant et ri - e. Hé -


las ! do - lanz. ja - mès ne serai liez,

Se ja pi - tiez ne veint sa sei - gno - ri - e.

II III
8
-t ar Deu, Amours, se vers li ne m'aidiez, 15 d-', ouce dame, nuns ne vos aimme tant
Je me plaindrai de vos tote ma vie. Com je touz sous, si en morrai d'envie.
Se j'onques fis riens que vos vousissiez, Ont foiz le jor vos resgart en pensant
ii Li guierredons soit tex qu'ele me die : 18 Et pri merci que ne m'ociez mie.
« Amis, bien sai que ne me haez mie: » Je n'ai pooir qu'autrement le vos die,
Lors seroie joianz et envoisiez Et, s'il vos plait a savoir mon talant,
Et a plusors de bone compaignie. Resgardez moi, si conoistroiz ma vie.
N° 249, foiio 100e.
Qaneon de (0autier d'Epinai (Raynaud 1208)

tuis qu'en
rt--
moi a re-co - vré sei-gno - ri - e A-mors, dont bien me cui - doi - e par - tir.

Dex la me doint si bo - ne - ment ser - vir Que de moi soit bo - ne chan-çons o • i - e.

Que fe - rai, Dex, et co - ment iert ser - vi - e? Que je ne sai, se Dex m'en doint jo - ïr,

Plus bele a - mer. ne moil - lor o- be -


ir

II
8
flout devroit bien, par droite cortoisie, 22
$ IV
mours le vuet, pitiez est esveillie.
Lëaux Amors et faire et establir Or covendra et savoir et oïr
Qu'ele vousist ses biens a droit partir, Le gent respons et le tres douz plaisir
II Que fins amis assenast a amie. 25 Que ma dame me fera, et l'ahie.
Mais quant plus est de lëaul cuer servie, Mais n'ai encor la volenté sentie.
Si fait l'un vivre et l'autre fait morir, Por Deu, Amors, car li faites sentir,
Et a poinnes s'entremet dou merir. Ou cors faudra a tel fais soutenir !

III V
15

e ne di pasqu'en bone amor se fie 29$11é !franche riens, ploinne de cortoisie
Et, qui la set et atendre et servir, Qui si savez chascun jor embellir
Qu'il peüst pas a guierredon faillir
Mais folx s'i croit et sages s'umelie.
; ;
En touz bons faiz quant je plus vos remir,
18 32 Vostre solaz et vostre cortoisie,
De pitié dout ne se soit endormie. Cum avroit cuers sa volenté complie
Qu'Amours vousist desoremais soffrir S'ueil peüssent lor voloir acomplir
Que je peüsse a ma joie venir ! De vos veoir bonement a loisir !

36
arrois, Amors, qui les fors afoiblie,
Droiz est qu'ele vos ait a son plesir ;
Bien savez li et guerre maintenir.
39 Phelippe amis, se d'amis et d'amie
Voloit Amours le plus lëaul choisir,
Bien li devroit de Guion sovenir.
N°250, folio101b.Chanson de Ricl)art de Sournloal (Raynaud805)

uis qu'il m'es-tuet de ma do-lour chan - ter, Et en chan - tant di - re ma mes-es - tan-ce,

L'en ne doit pas a mon chant de man - der S'il i a en -


voi - se - u - re.

Ainz chant se - lonc l'a - ven - tu - re, Si co-me cil qui ne puet mer-ci tro - ver

l(S
Et qui en soi n'a mais point de fi
- an - ce.

II IV
8 com Equo, qui sert dde recorder 22 dp uit li maçon qui sevent bien
ovrer
Ce qu'autres dit, et par sa sorcuidance Et trestuit cil qui sevent nigromance
Ne la doigna Narcisus esgarder, I porroient trestout lor tens user
II Ainz secha tote d'ardure 25 En oevre et en portraiture
Fors la voix qui encor dure
Ausi perdrai tout fors merci crier
: Ainz qu'il feïssent figure
Qui de beauté la peüst resembler
Et secherai de duel et de pesance. De cuer, de cors, de sen et de vaillance.

III V
15
ouœ dame, qui me poez doner 29
mais Amors, qui Narcisus fist mirer
Sor toute riens de mes maus alegence, Et qui d'Equo vost prendre la venjance
Si me laissiez morir por bien amer, S'en leu de moi li feïst autre amer
18 Vostre en iert la mesprisure. 32 Tel qui de li n'eüst cure,
Merci, franche creature ! Mis eüst en sa droiture
A la mort sui, je n'en puis eschaper, Le grant orguil qui la fist reveler,
Se lëautez ou pitiez ne m'avance. Et s'en venist plus tost a repentance.

VI
36
flf
as, qu'ai je dit ! Qui porroit endurer?
Tant a son cuer d'orguil et de bobance
Qui li osast soi ne s'amour véer
!
39 Tant fust d'estrange nature !
Qu'au siegle n'a creature
Qui de beauté puist a li estriver,
Que sa bontez ne traissist en beance.
N'a251,foiio 101d.
Qanson de Jel>an le Cuoelier (Raynaud 2108)

- our la moil - lox c'onques formast na tu re Chant en es - poir d'avoir a - le - ge - ment.


Ainz Dex ne fist si be le cre - -a -tu - -
-re, Tou - teva-lors en
li croit et to prent: -

Ce me se - mont de chan - ter -


li e - ment. Que tant la sai bele et vaillant et sa - ge.

Si voi - re - ment com l'aing de fin co - ra - ge Soi - ent par li a - le - gié mi tor - ment!
II IV
9
aisen si est que raisons et droiture 25
uant
- plus me voi guerroier et destraindre
Dient que j'ai esploitié folement, Des maus d'amors qui ne m'ont pas guerpi,
En tant que j'ai trop haut mise ma cure. Etquantmieuzain, ma pensée est plus graindre.
Mais, ce qu'Amors me comande et aprent, Donc je vos ser, dame, sachiez de fi,
13
Ne porroie refuser sanz outrage.
29 Si m'a vers vos fine Amor enhardi
Douce dame, ne l'aiez en viltance !
;
Qui bien la sert, mieuz en vaut son aaige
Por ce fait bon devenir de sa gent.
: Cuer bien apris herbergiez en vaillance
Ne m'ociez 1 je ne l'ai deservi.
;
III
or ce la ser. Nuns hons ne s'en doit faindre 33
on V
cuer avez, tres bone dame chiere,
18 D'Amour servir, car touz biens vient de li. Puis qu'Amors l'a mis en vostre dongier.
Ma joie puet esforcier et estaindre. Je ne l'en doi partir, ne traire arriere ;
Si doucement c'onques ne le senti Mieuz ain morir que l'en voie esloignier,
21 Embla mon cuer, et ma dame en saisi 37 Car uns espoirs me dit et fait cuidier
Qui bien me puet alegier ma grevance. Qu'encor avrai recovrer a la joie
Et, se li plait que muire en atendance,
Si l'aing je tant qu'il me plait bien ainsi.
La ou par droit avenir ne devroie
Or m'i puist Dex et fine Amour aidier.
:
N° 252, Cf)anson de Carasau

el,
folio 102b. (Raynaud 2068)

- uis que j'ai chan


Ja ne m'iert l'a
- çon me - u
mours to - lu -
——
e
e
Por la tres moil - lor dou mont,
Que tant ai au cuer par font -

6
-

As - sez plus qu'au - tre gent n'ont Car, se ma poinne est per *
du - é,
-

-t
cil sont: N'iert ja l'a-mors des-cre
Sai - chent bien tuit qui - u - e.

II IV
9
ex, cornent seroit creüe 25
lafine beautez entiere
Ceste amors qui me confont, Dont Damedex dona tant
Quant ja ne sera seüe A cele que plus ai chiere
Se par mort ne la despont? Tient mon cuer tres fin amant.
13 Mi huil et Amors me font 29 Tout adès vif en dormant,
Dont ma mort ai conneüe, Et mes cuers m'est si trichiere
Ce dout espoir me defont Qu'il me fait chanter plorant,
D'esperance qui m'argue. Tant a diverse meniere.

17
e III
n'ainpas d'amour
Car adès me va croissant
doubliere, 33
V
fffas, je n'os faire proiere,
Se ne la fais en chantant,
La moie, et si m'est si fiere Car trop seroit outragiere.
Que por el ne plour ne chant. quant
Si ne sai cornent ne
21 Mais je me confort de tant 37 Puisse avoir un beau semblant.
Qu'Amours m'est bien droituriere Quant voi ma dame en la chiere,
Por faire les siens joianz, A poinnes en resgardant
Mais po en est costumiere. En puis mes eulz traire arriere.
N"253, folio 102d.
Chanson de (0Obin de Reims (Raynaud 1768)

our le tens qui ver- doi-e M'estuetchan-ter, Por mon cuer metre en joi- e Et con-for-ter.
-
Por rien ne miten droi-eDe bien a-mer. Se je -
da me tro-voi-e Quisanzgui-ler

II 1
Mi vou-sist con
• • »
for - ter. Plus jo - liz en se - roi - e Ne a mon gré De li ne par-ti - roi - e.

II IV
13
9out seroit bone vie 37
elx cuide avoir amie
De bien amer, A son plesir,
Qui avroit bele amie Qu'ele ne l'ainme mie
Por deporter, Por li servir.
17 Sanz orguil, sanz envie 41 Cil est folx qui s'i fie,
Et sanz venter, N'en quier mentir,
Ne ja n'eüst envie Ne conoist sa folie
D'autrui amer, Jusqu'au morir.
21 Ne ne vousist fauser, 45 Car por un soul fol ris
Mais con leal amie Li folx chaitis qui prie
Celui amer Est si sopris,
Qui de fin cuer la prie. Miez voudroit mort que vie!

25
line
III
amor et entiere
Doit on loer,
49
i V
dex d'amors nos prie
Et fait proier :
Et la gent malparliere Chacuns bone Amor lie
Sor touz blasmer. Sanz deslier,
29 Li hons qui est trichierres 53 Qu'il ne recroie mie
Ne puet durer, Por losengier.
Ne femme losangiere Car cil qui ainme et prie
Qui vuet guiler, De cuer entier,
33 Qui ainme por doner
D'amors est noveliere.
: 57 Dex l'en ainme et tient chier.
Amer, que que nuns die,
Cil est guilez C'est bon mestier
Qui plus l'ainme et tient chiere. Qui a lëaul amie.
N° 254, folio 103a.
Cai anonpme (Raynaud 1931)

iR uis qu'en chan-tant co-vient


que me de-port De la' do - lor etdou mal que je port
-
D'A mors qui m'a na-vré a son grant tort. Maispro-mis m'aque tost
a vraicon-fort - :

Si sof
L'a-mor a
-
fre - rai. Se - rai
-
en a - ten - dan - ce; Se g'i mor-rai. Ou a vrai A - le - jan-ce.
vrai. Se Deuplait, a -
la blan che, Car de cuer vrai Ser-vi rai Sanzfail-lan-ce. --
Mais mes - di - sant se sont en - tra - has - ti,
De moi gre - ver se sont bien as - sen - ti;
Mais, se Deu plait, il se — — — — — — — ront des men - - ti.

-
Car A mors voit et set mon fin co -ra-ge, De li tieng je tout mon droit he - ri ta-ge.
Mout a lonc temps que je li fis ho-ma-ge, N'enpar-ti - rai nul jor de mon a-
-
-
a ge.

Si sui so - pris Et 'es - pris Dou gent cors a la be - le, Car ce m'est vis De son vis
Quant la res - gart, A-doncm'art d'A-mors une es-tan - ce - le. Moi fiert d'un dart D'autre part

La dou - çors mi ra - pe
- -le. - le.
Pourlimedueil Quantnel'enprentpi tiez; Par - son orgueil
-
Par de soz la me me Di -
re-vosvuilQue bien vos enguei-tiez: Plusprental'ueil

Sui en - si tra - vail - liez. Par son res-gart fui je la mis, Quant je de - ving h siens a - mis..
Que li fau-cons as piez. Por cequ'eleestde si haut pris Fui jeplustost de s'a mour pris. -

Dame, or vos pri en la fin de mon lay,


-
ne fa ciezne a clerc ne a
S'en ai - :
nan -ce
a-coin-tan-ce.
ez so - ve -
- -
Se cor rez
Que lay Fors qu'a moi Car vostre a-

moi. da - me. pru - chein - ne - ment, Co-ment qu'il soit, dou tot a vos me rent
mors m'a mis en grief tor — — — ment.
N° 255, folio 104a.
Chansondfldan de la fiate (Raynaud 1661)

uisque je -- -se
sui de l'a-mo reu loy, Biendoi A mours - en - -
chan-tant es sau cier.
En-cor i a rai
moillour son por-quoi Je doi chan-ter -
d'a-mo-rous de sier-rier.

Car sanz me - na - cier Sui au cuer traiz et fe - ruz D'uns eulz vairs, secs et a - guz.

Ri - anz por mieuz as - se - neri A ce ne puet con - très - ter Hau -bers ne es -
cuz.

il
e II
ne sui pas de tel cop en effroi
Ne je n'en quier jamès assoagier ; 31
IV
4est la raisons por quoi je ne recroi
De li amer ne de merci proier.
Car, se li maux amenuisoit en moi, Quant sa bouche m'en chace et je la voi,
Il covendroit l'amour amenuisier. En departant me covient repairier
Et, au droit jugier, 35 Jusqu'à l'ennuier.
15
Amors art si con li feux : Et, lors que je sui venus,
:
Ele me dit «Levez sus » !
Car de pres le sent on plus
18 C'on ne fait de l'eschiver
Et, qui ne se vuet brûler,
; 38 Ainz que je puisse parler
N'il ne me loist escuser.
Si se traie ensus. Tant sui esperduz !

21
e III
je vuil donc amer a droit, je doi,
Ce qui me fait embraser, aprochier,
41
iflé! V
flours dou mont, on mes travaus emploi,
Amoreuse por cuer raleescier,
Mais que je gart envers ma dame foy, Bele dame, saige, de maintien coi,
;
Si con je fais si me vuille ele aidier.
La crien corrocier ;
Examples bons et beaus por chastier
Assez de chacier
:!
25 45
Mes onques ne fu(i) si mus Me poëz ! je sui veincuz
Ses cuers vers moi, ne repus, Et dou tout a vos renduz
28 Tant m'oysse refuser 48 Por tel raençon donner
Que par son douz resgarder Con vos voudroiz demander
Ne me semblast jeus. Plus avant que nus.
-
N°256,

-.uis

Or mi -
folio 104e.

lait Dex si ser

Que ne me lait che - oir

9
-

en

13
G)an$on anont)me

que li maux qu'A-mours me fait sen - tir Est si pie - sanz qu'il m'en es-tuet chan-ter.
Bien doi a - voir vo - len - té et de - sir D'avoir les biens que me fait es - pe - rer.

vir et

des - pe

je mon désir
o -

-
vrer Vers ma dame ou tant a de vaillan - ce,

II
acomplir,
i pooie
Nuns n'en devroit vilainnement parler.
Car je l'aing tant, mieuz voudroie morir
Que deshonor peüsse en li trover.
Car j'ai un cuer c'onques ne sot fauser.
Ne fins amis ne doit avoir beance
A nule riens ou s'amie ait viltance
Car on met trop a honor conquester.
;
--.-l -

ran - ce Et que m'en doint mon de - sir a


(Raynaud 1457)

-
- che ver.

N° 257, folio 104d.


Cf)anson de TTlartin le Béguin (Raynaud 185)

ipourde-mo -rerenA-moursanz re-trai-re, M'ou-troi dou tout a son co man de ment; - - - -


Car mes cuers est a la plus de - bo - nai - re Qui soit ou mont, se fine A-mours ne ment.

Ve - rai - e - ment Sai bien qu'en li a-mer ne puis mes- fai - re, -
Car,s'ku-tre ment mieuz ne

mi de-voit - - il
fai-re Fors qu'es-gar-derdesesieulzdou ce ment, Sim'iert bienme-ri,ethau-te-ment.
N°*258, folio 105a.
Chanson du roi de naoarre O) (Raynaud 106)

Et
- ne d'à
-,)Poin
-
-

*
mors

bone A - mers, que j'en pri.

10

14
II
et li mal que j'en
-

Ne faitau - si con

êaus Amors, de mes maus que ferai?


Consoilliez moi, je sui de vos sopris.
Celerai je ma dame ou li dirai
Que por li sui en poinne, et m'i a mis?
Li celers mi guerroie,
Et, se je li disoie,
trai
en chan tant ro-ver, cequ'aillzn'o sai, Ce

De tel don con de joi - e. Mais ce n'iert ja que doi - e


Mi

28

32
font
-le
- ter
chan -

A-voir tel bien de

je sui suens, soit moi - e.

ès
- -
a mo rous et jo - liz
cui j'aing,quene fusse es-con-diz

li.

IV
Se,

Ainz puis ne fui de li amer faintis.


1/7
par pi

lors que vi ma dame et m'i donai,

Ne ja ne vuille Amors qu'en nul delai


Mete le douz penser qu'en li ai pris.
Mieuz penser ne savroie
Et plus je ne porroie
- tié,

Tost diroit : « Fu de ci! » Amors mettre en obli.


Et il n'est rien que je redoute si ;
Si me tairai, que je ne li ennoie. ;
Si me covient en espoir de merci
Vivre et menoir pour rien ne recroiroie.

III V

19
lors qu'en chantant ensi me déduirai, 37
$ucune gent m'ont demandé que j'ai
En atendant ce qu'Amors m'a promis Que si porte pesme color ou vis?

23
Merci avoir que ne deservirai
Tot mon vivant, ne moillor qui l'ont quis.
Et se je requeroie
Si ai menti ;
Et je lor ai respondu : « Je ne sai ».
c'est d'estre fins amis.
41 Ensi mes cuers lor noie.
Ma dame et g'i falloie, Et por quoi lor diroie?
Si com autre ont failli, Quant ma dame nou di
Jamais desduit en espoir si joli Qui m'a navré et tost m'avroit gari,
N'avroit en moi, si aing mieuz qu'ainsi soie. Se en voloit son fin cuer metre en voie.
N° 259, folio 105e.
Cl)anson anonpmê (Raynaud 1317)

eprA
mi font
ioin-tes - -
et voil lier
mainssop ploi - er
Granz a-mors, et
Le douz pa - ïs
nuit
ou
et
j'a -jor
our

Madame ou ma mortpro chain - -ne, SeDex partens ne m a-main-ne:

j'ai pa - our Sigrantque jou vuil a poin-ne.


Un se - cors dont

II IV
9out m'a mis $ssez ai donc je me duil
en douz cuidier
9
Uns saluz ploins de douçour.
25
Et bien de quoi resjoïr ;
S'ele m'a nommé: « Tres chier» Mais, quant j'ai son douz acuil,
Et », n'ai je s'amor?
ami Pou me chaut de maus soffrir.
13 Oïl ! qu'ele est si vainne
«
certainne 29 En s'amorouse semblance
Refrain m'ire et ma doutance.
Que ja de parole
Ne me feïst tant d'onor ; J'ain sanz faindre et sanz partir :
Donc est ce ma joie plainne. Ic'est toute m'esperance.

III V

17
ex, verront donc ja mi huil 33
ou partir est il neanz,
Ma tres grant joie acomplir? N'i vaut maus ne desconfors.
Je n'os cuidier, tant le vuil, Ce fu mes comencemenz,
Que ce peüst avenir. C'ert ma fins, c'ert mes resors.
21 !
Las trop sui en grief !
Trop crien terme et mescheance
balance
!
37 C'est ma grevance et m'ahie,
C'est ma droite seignorie.
Deu pri, se g'i doi faillir, Suens soit li droiz et li torz,
Que ma morz soit ma venjance. Que je n'en partirai mie.

41
hançon, mon compaignon prie
Que ma dame mant ou die
Qu'en son corrouz gist ma mort
Et en sa pitié ma vie.
N°260, folio 105d. Cf)anson anonçme (Raynaud 1057)

vkOUTlongue a,-ten-te de mer-ci Ne doit nuns lais-sier bonc A rnour, -


Car plus puet rendre en' un seul jor A
- mors t de bien et de joi - e,

Que nu -le riens qu'ou sie - gle voi - e.


Por ce vuil, ou que je soi - e,

Es - tre suens sanz par - tir de li, Car, sanz li, jor ne vi - vroi - e.

'a-
N°261,folio Chanson de repentir,
106a. anonyme (Raynaud 390)

if* troint for - tu - ne. Mes cuers, cui pro - e - ce faut,


o - vre veil - le - ce m'a - saut, Si m'es -
Se j'aifait bon-té, que vaut? Je n'en truisneis u -ne. Nul de ma vi -e ne chaut
"'h.. -.
Des - croit com - me lu - ne. Douz Dex, mon grant pe - chié Dont je me sai char gié
Qu'est obs - cure et bru - ne.

La - ve de ta grant pi -
tié Qu'est a touz com - mu - ne.

II III
13
hesu Criz, ploins de vertuz, 25ex, qui sez ma conscience
Poissanz, soffranz et fors, Et de diz et de faiz,
Soies moi verais escuz Bien conois que dès m'enfance
Contre les granz esforz Me sui [trop] vers toi meffaiz.
17 Des assauz que m'ont renduz 29 Se ne fust ta grant soffrance,
Deables et la mors. De moi fust rouz li plaiz.
De legier serai veincuz, Done moi tel repentance
Que miens en est li tors.
21 Se je sui au desoz,
Que soie a toi atraiz
Trestorne la folour
;
N'est pas diz li mauz moz
Reçoi moi, Sires de touz,
! 33
Mon cuer, le traïtour,
Que je sopir et, par plour,
Tu sous es mes conforz. Face vers toi sa pais!
N° 262, folio 106b.
Chanson d'Adan de la fjale (Raynaud 2128)

tJ,pourquoi -- plaint d'A-morsnuns?


1
Mais A mors *, de- üst plain-dre,
e-
se -
Car rent as sez plus
le C'on ne puet par sens a -
tain - dre
-

Ne par bel ser -vir Or vuet onsanz des ser - -vir - -


Re co vrerjoie et a-mi-e

Et,qui ne l'a, lorsqu'il pri -e, -dit d'A-mors Et


Si mes de cele ou on-ques jor

Ne -
tro vafors cor -toi - si - e.

12
a II
qui sera loiaus druz,
Cornent c'on le puist destraindre,
23
e III
cés qui sont au desus
D'Amors voit on plus remaindre
N'iert de servir recreüz, Et metre le mestier jus
Ainz iert adès en lui graindre Que de cés qu'Amors font taindre
16 Fors jusqu'a morir. 27 Et assez soffrir.
Et ne l'osera jehir Chascuns chace son desir
Et, s'il avient qu'il le die, Qui a besoigne d'ahie.
Et sa dame l'escondie, Por ce doit estre saisie
20 Cuer avra moillor 31 Dame de s'onor,
D'endurer puis la dolour, Car, qui fait dou ser seignor,
Et mieuz li plaira la vie. Ses enemis moulteplie.
N° 263, folio 106d.
Chanson du roi de naoarre (Raynaud 2095)

vui plus aim


Qu'A-mors est de tel na- tu-re
- me, plus en - du - re, Plus a mes-tier
Que son a-mi
de con - fort4
moinne a mort.

Puis en a joie et de - port, S'il est de bone a-ven - tu - re. Mais je n'en puis

point a - voir, Ainz m'a mis a non cha - loir Ce - le qui n'a de moi eu - re.

II IV
10
nques riens ne fu si dure 28 Aucune foiz l'ai sentie
D'aymant, en mon recort, En dormant tout a loisir,
Des sopirs et de l'ardure Et, quant pechiez et envie
Et des lermes que je port. Me resvoilloit, et tenir
14 Sui navrez par le plus fort La cuidoie a mon plesir,
Et mis a desconfiture,
32
Et ele n'i estoit mie ;
Et je n'ai vers li pooir, Lors ploroie durement,
Ainz rit, quant me voit doloir ! Et bien vousisse en dormant
Ci faut pitiez et mesure. Avoir li tote ma vie.

in V
19
uis que pitiez m'est faillie 37
ï&
a granz joie est tormentiere
Je m'en deüsse partir. Si grant que nou puis conter.
Mes sens m'en semont et prie, En voillant ne voi meniere
Mès mes cuers nou vuet soffrir, De mes dolors conforter.
23 Ainz me het por li servir ; 41 Bien me deüst trestorner
:
!
Tant aimme sa seignorie

:
Dame, une rien vos demant
Que vos jugiez qui se rent,
; Amors ce devant darriere
Li dormirs fust en obli
Et j'eusse en veillant li ;
Se il a mort deservie? Lors seroit ma joie entiere.

46 Akuant li vuil crier merci


Lors ai tel paour de li
Que n'os dire ma proiere.
Raoul, Turc et Arabi
N'ont riens dou vostre saisi ;
Revenez par tens arriere !
N° 264, folio 1078.
Cf)anson du roi de naoarre (Raynaud 306)

uant fine A-mors me pri - e que je chant, Chan-ter m'es-tuet, car je nou puis lais- sier,
Car -
si sui touz en son coman-de ment Qu'enmoi n'a
mès des-fen-se ne don-eier.

Se la be - le, cui je n'os mais proi - er. N'en a mer - ci et pi - -


tié ne l'en prent,

Mo-rir m'es - tuet a-mo - rous en chan - tant.

II IV
8
ffi orir
en puis, quant s'Amors li consent ; 22
uant si me sui afinez finement
Car sanz Amors ne mi puet riens aidier. En fine Amor, qu'autre desduit n'en quier
Et quant de li vienent tuit mi torment, — Ne fins amis ne doit vivre autrement,
ii Bien mi devroit ma dolour alegier. 25 Mais qu'il n'en puist partir ne esloignier —
Por ce li pri qu'ele vuille essaier Se bien amer m'i puet avoir mestier,
S'ele a pooir vers celi cui j'aing tant, J'avrai joie de vostre beau cors gent,
Par proiere ne par comandement. Bele et bone, de douz acointement.

15
dL.
dfbuit mi
III
desir et tuit mi
Vienent d'Amors. Onques ne soi trichier,
fin talant 29 e V
Dex me doint ce que je li demant,
Ou mont n'a rien qui tant face a prisier
Ainz sai amer si amoreusement, Comme cele, de cui ma chançon chant,
18 Douce dame, cui ja ne quier changier. 32 De grant valor et de bon pris entier.
Dès icel or que vos soi acointier Plus seit valor que ne set sohaidier.
Vos donai si cuer et cors et talant Or mi doint Dex amer et servir tant
Que rien fors vos ne me feroit joiant. Qu'aie merci, car merci vois querant.

36
1 eau douz amis, bien me puis effichier
Que j'aing dou mont toute la mieuz vaillant,
La plus cortoise et la mieuz avenant.
39 Chançon, va t'en, garde ne te targier !
Et di Noblot que cuers qui se repent
Ne sent mie ce que li miens cuers sent.
N° 265, folio 107c. Cf)anson du Didame de Qartree (Raynaud 14)

- uantfoil
-
lis-sent li bos -
chai - ge, Que pré sont vert
---.
et flo -
ru

Que cil oi -
seil - Ion sau - va - ge Chan - tent au douz tems se n.
-

!
Las et je plaing mon do - ma - ge. Quant plus jue et chant et ri.

Moins ai joie en mon co - rai - ge. En - si me muir por ce -


li

Qui n'en vuet a -


voir mer -
ci; Si ne m'en toing mie a sa - ge

II IV
^ar tout conois mon damage out ai pitié en vos quise
II
Qui me vient, ce sai de fi,
Q'Amors a tel seignorage
31
N'onques ne li poi veoir
N'en celi ne l'avez mise
;
Q'ille m'estuet faire ensi. Qui tot seit et doit valoir.
15 Se mis i ai mon aage, 35 Bien avez ma mort emprise
Ne sai se ja m'iert meri Quant je plus m'en desespoir.
La bele, la prouz, la sage Puis fu en vostre franchise
18 Por cui j'ai solaz guerpi ; 38 Si sai bien qu'a estovoir
Dont fine Amors m'a trahi M'estuet morir ou savoir
Qui me met en son homage. Que joie m'en soit promise.

III V
21
mors, en vostre servise 41
ame, voir, toz i morroie
M'avez mis en non chaloir. Quant je ne vos os proier,
Si savez qu'en nule guise S'en chantant ne vos disoie
Ne m'en porroie movoir. Ce dont j'ai greignor mestier.
25 Por ce m'estuet a devise 45 Bele, a cui mes cuers s'outroie,
Quanque vous volez voloir. Tuit mi celey desierrier
Mis sui en vostre franchise
28 Lëaument, en bon espoir,
Si ne puis apercevoir
Sont de vos, ou que je soie.
48 Soulement tant vos requier
Que me feïssiez cuidier
:
Que pitiez vos en soit prise. S'a vostre amour avanroie.

51
aint felon et losengier
Avront fait maint destorbier
A cés cui Amours maistroie.
N° 266, folio 108a.
Cf)anson anonyme (Raynaud 1486)

-fi'- je
uant voi le douz temps ve nir. Que faut noif et ge lé - e,
Et j'oi les oi-seil -
Ions ten
-
-
tir Ou bois sor la ra
-
-
mé - e
18

Lors me fait ma da me sen tir Un mal dont je ne puis ga -


rir,
- -

Ne ja n'en a vrai mé - e -tre qu'il livoigne


En a plai - sir

Qu'el m'ait joi - e


do -
né - e.

II III
10
æa ! Dex, c'or mi faites morir, 19
Igouce dame, or vos vuil proier
Quant n'ai ce qui m'agrée. Que de rien que je die
!
Morz, preng moi plus nou puis soffrir,
Ne l'ai je esgardée.
Ne vos doigniez ja corrocier,
Mais tenez a folie.
Encor vuil je qu'a son plaisir Par biau semblant, sanz outroier
14
Mi face ma dame languir,
23
Me poëz ma vie esloignier :
Se ma mort a jurée. Si ne m'ocirez mie.
Morz sui, s'ainsi mi vuet tenir N'avez honor de guerroier
Que longuement me hée. Ce dont estes saisie.
N° 267, folio 108°. Chanson à refrain, de 0ace Bruié (Raynaud 772)

uant voi la flour bou - te - ner, Qu'es - clar - cis - sent ri - Vai - ger
Et j'oi l'a - lo - - e chan - ter Dou tens qui ras - so - - a - - ge :

Las! ne me puis con -for -


ter, Qu'A-mors vuet mon do -
lai ge.

A ce -
le me fait pan- ser Qui me tient a ou -
tra-ge.

Ha! fins a -
mis, Mor-rai, ce m'estW vis. la voir n'en par -ti-rai w vis,

Trop m'a so - pris.

13
¿a mort
pris en esgarder
II
37 cest IV
ma graindre paor 1
Son cors et son visaige. Que ma dame ont assise
Ne me poi amesurer, Losangier et menteour
Trop en crui mon coraige. Et gent de male guise.
17 Mais, por Deu, de li amer 41 Mais pou dout losengeor:
Nou me toigne a folage, S'el s'en est entremise,
Qu'a s'amour faire oblier Tost les avroit mis en tour

21 Ha !
Seroient fol li saige.
si m'a pris
Siens serai toz dis.
! 45 Ha ! m'avra
Et moi hors de joïse.
Ainz
por quoi dis?
ocis.
javoir. Javoir.
25 e
n'ai pooir contre Amor
Puis qu'en moi se fu mise,
III
49
uillot,
Et
V
le Conte me di —
si le me salue —
Car ma joie et ma dolor Qu'il l'aint et serve en merci,
Est toute a sa devise. Ou sa poinne a perdue.
29 Ja sanz li n'avrai nul jor 53 Qu'Amors n'a mès nul ami
Ce que plus me jostise. Se ses cuers s'en remue,
Qui que me toigne a folor, Fors moi qu'a son oés choisi,

33 Ha
Ce
!dont
Je ferai son servise.
Dex (je) mar quis
(je) muir pensis !
!
Quant ma dame oi veùe.
57 Ha si bien fis
Quant mon cuer i mis !
Ja voir. VI
ja voir.
uillot,
61 beax amis, di li
S'iert ma joie creüe —
- 69 Ha ! en son vis
Conu un douz ris.
Javoir.
Qu'il m'est, puis que je nou vi,
Tel honor avenue 73
ma ! enemis
65 Qu'en mon lit, ou m'endormi, A en son pais
Est ma dame venue. Gascoz, qui est fors amis,
Bien met pitiez en obli Et iert toz dis.
Qui tel dormant remue. Javoir.
N° 268, folio I09a.
Chanson de Ç5ace Brute (?) (Raynaud 1638)

pliant je voi la noif re mi - se - Qui les ois -seil - Ions -


des troint,
Que -
la gla ce fraint et bri - se La ou Ii so - loil l'a - taint,

Lors ai co -ra - ge que chant, Quant ce -le le me de-vi-se

Qui de moi fait son ta -


;
lant N'ai po - oir que je m'en fai - gne.

II V
fff'amors est de foie guise
9 33
ame, en la vostre baillie
Que por grant poinne remaint. Mon cuer et mon cors outroi.
Cele qui s'est en moi mise Por Deu, ne m'ociez mie,
Ne cuit pas que ce m'ensaint. Prenez en hastif conroi.
13 Si oi je dolor mout grant,
Mais je l'ai de loing aprise,
37 Je nou di mie por moi
Mès ce seroit felonie,
;
Si soffrerai en avant Qu'a vostre home devez foi.
Tant qu'amors faille et remaigne. Por Deu, pitié vos en praigne !
III VI
17one Amour, fine et veraie 41
loux est, qui d'amors chastie,
Servirai tot mon aé. Car bien seit chascuns de soi :
N'est droiz que je m'en retraie, Orgueuz contre seignorie
Quant touz jors i ai pensé. Ne vaut riens, ne fox desroiz.
21 Tant sui a sa volenté 45 Por ce l'aing en bone foi,
Que sa joie me delaie. Ma dame qui m'iert amie,
Mieuz vuil je morir por li Se li plait ; que je mieuz croi
Que je ja d'amer me plaigne. Qu'atendue de Bretaigne.
IV
25
ule riens ne m'en esmaie 49
din, s'ele ne m'ahie,
Fors son sen et sa beauté. Puis que je tant l'aing et croi,
Que s'Amors ne la ressaie, Voirs est qu'a morir m'enseingne.
Ja n'en croirai la verté,
29 Cornent ele m'a grevé,
[Mès tant que les biens en aie
Les maux prendrai en bon gré].
S'il li plait, si m'en destraigne !
N° 269, folio 109b.
Chanson de (SdCe Brulé (Raynaud 1779)

uantflors et glaiz et ver dure s'es - loingne. Que cil oi - sel n'osent un mot so - ner,
-
Por la froidour chacuns doute et re - soingne Jusqu'au beau temps que il sue-lent chan-ter.

Je chante - rai, que ne puis o - bli - er La bone a - mour dont Dex joi - é me doi - gne,

Que de li sont et vien - nent mi pan - ser.

II V
8
oment qu'Amors joie me guierredoingne, 29
ien est raisons que longue atentecreingne,
Trop le me fait atendre et desirrer, Que c'est la riens que plus m'avra grevé.
Com a celui qui delaie et porloingne Mais costume, quelque biens en aveingne,
Et qu'ele vuet a son talant grever. Envers Amors n'avroit nuns poësté.
12 Je ne di pas que l'en puist trop amer, 33 Por ce vos pri, douce dame, por Dé,
Ne qu'ele ja de mon cuer se desdoingne Que de mes maux vos remembre et soveingne ;
Qu'ele a trové tel qui ne set fauser. Que sanz merci ne puent estre osté.

III VI
15
los amerai, dame, cornent qu'il preingne, 36
en vous n'a rien, dame,
qui n'i coviegne,
Si finement, et Dex m'en doint pooir Tant avez sen et valour et beauté.
Ne ja Amors n'iert telx qu'ele se faigne Por ce vos pri que vostres cuers reteingne,
De moi aidier, s'ele m'i puet valoir. Selonc vos diz, granz debonairetez.
19 Tant me covient vostre plaisir voloir 40 Assez vos aing plus que rien n'ai amé,
Qu'assez aing mieuz que li merirs remaingne Ne ja sanz vos grant joie ne me veingne 1
Qu'aie de vos joie par decevoir. S'el me venoit, ne l'en savroie gré.

IV
22
ou prie nuns que li cuers ne se faigne 43
lins amorox, en vos sont mi pansé.
Plus que li diz, ce seit on bien de voir. Gardez qu'amors et joie vos mainteigne
Si me mervoil que ma dame desdaigne Plus que les dous qui tant ont demoré.
Son bon ami, si ne puet autre avoir.
26 Assez aing mieuz morir en tel espoir,
Que j'ai un cuer qu'ainsi amer m'ensaigne:
Dame, merci, quant ne puet remenoir.
N°270, folio 109d.
Cl)an60n de Oace Brulé (Raynaud 2099)

- uant noif du -
Re maint
et gief et froi
Que fuille et flour et vet
-
-
- re
du - re Vient o
o
la -
le temps fe - Ion,
be - le sai çqji,

Lors chant sanz en -


voi - se - ü - re Dont ai si droite a - choi - son,

Que j'aing d'a-mours qui trop -re


du Sanzgré et sanz guier-re - don.

II V
^§ïout fu de cruel nature, ame, maint trichiere prie,
9
Qui Amors fist sanz raison
Qu'en li ai mise ma cure
; 33
Mais je vos aing finement.
Ja por avoir autre ahie
Et tote m'entencion. Ne vivroie longuement.
13 Mais lëautez et droiture 37 Car la vostre compaignie
Ne mi font se nuire non. Me plait ensi doucement
Bien est fox qui s'asehure Que jan'en
iert departie
En li ne en son douz non. M'amour, au mien esciant.

III VI
17
oment que joïr en doie, 41
ue que losengier vos dient
Lonc tens m'a Amors grevé. Douce dame, a vos me rent.
Si ne sai, se Dex me voie, S'en moi cuident tricherie
Se j'ai plus que nuns amé. Vers vos, n'en i a néant,
21 Chacuns jure et se desloie 45 Ainz serai toute ma vie
Qu'Amors l'ont trop mal mené. En vostre comandement.
Mais por rien n'en mentiroie, Fins amis vers douce amie
Que que m'en ait destiné. Doit estre, cui Amors rent.

IV
25
-'itant ma dame m'outroie; 49
tfe créez losengerie
Si l'en savroie bon gré, De la felonnesse gent.
S'a son plesir [estoit moie,] Mal m'ont fait, Dex les maudie !
Par la foi que [je] doi Dé, Que jou sai a esciant.
29 Ja si grant joie [n'avroie]
D'autre amor en mon aé.
N'au mien tort nou laisseroie
A faire sa volenté.
N"271 =305, folio nob. Cf)art50nde<£5ace Brulé (Raynaud 1795)

-uant l'er-be muert, et voi fuil - le che-oir Que li venz fait jus des arbres des - cendre,
Dont il co - vient les douz chanz re - me-noir Des oi - se - lez quine puent en - tendrej;

Adonc m'es - tuet a A - mour mon cuer ren dre, - Mais per pe-chié cuidai aillors en - ten - dre.

II IV
ant a Amors grant force et grant pooir $mer m'estuet,
car je nou puis laissier,
7
Que contre li ne se puet nuns desfendre
Fors envious qui ne doignent voloir ;
19
Ne ja raison ne droiz ne me desfende
Qu'Amors me puet de grant joie avancier
;
10 Que hontes est de lor servise prendre. 22 Plus que vertuz qui en ces mont s'estende.
Et, qui de li ne vuet sa joie emprendre, Et, se li plait que sa valour me vende,
Sache de voir que sa joie en iert maindre. Perduz m'i sui, ne sai qu'a moi mi rende.

III V
ien puis amer ma dame sanz proier, ant fait Amors sovent rire et morir
L-
13
Mais ce n'est pas Amors qu'a moi apende
Qu'il n'est pas droiz, ne dire ne le quier,
; 25
Que je ne sai de mon mal trait que dire.
Quant plus i pans, plus m'estuet esbahir,
16 Que de si haut si bas por moi descende, 28 Et plus et plus mi double le martire.
Se granz pitiez quitoute rien amende Mais de legier veinquisse joie et ire,
Ne vaint raison et li, tant que m'entende. Et beau semblant fussent sanz escondire.

31
i'aingla moillour que valours saiche eslire,
Bien ait mes cuers qui tele la desirre !
33 [Certes meschins qui por amors empire]
N'a en li droit, por neant en sopire.
N°272,folio 110e.
Cl)ari60ndu châtelain de Coucp (?) (Raynaud 1559)

ièant li ros -
si - gnoz jo - liz
Chan - te sor la flour d'es - tey,

Que nait la rose et li lis Et la -


ro sée ou vert prey :
Ploins de bo- ne vo -lun - té Chan -te- rai con fins a -
mis.

Mais de tant sui es -


ba -
hiz Que j'ai si tres haut pen - sey

Qu'a poin nes iert a - com -


pliz Li ser - virs donc j'ai - e gré.
-

II III
il ïement m'a entrepris lulz, ce est moins que neanz,
Ce que tant m'avra grevé
Mes folx eulz volunteïz
: 21
Je ne vos puis mal voloir.
Car, quant je bien me porpans
Qui sovent ont resgardé Com ele est bele a veoir,
15 La ou je n'osai penser 25 Sovent mi faites doloir
Ne dire que soie quis. De ce que trop vos truis lenz.
Eulz, por vos sui je trahiz ! Mais li rassoagemenz
18 Voirs est, mal avez ovré, 28 Des biens que je suil avoir
Mais or en aiez merci, Me fait doubler mes talanz
Et si vos soit pardonné ! De servir a mon pooir.

IV
31
|B eneoiz soit telx hardemenz
Ou je pris si bon espoir,
Car ses cuers et ses porpens
Me porroit encor valoir,
35 Et ce doi je bien voloir
Que siens soie bonement.
Voire, s'ele a de sen tant
38 Qu'ele puist apercevoir,
Encore verrai le tens
De ma tres grant joie avoir.
N° 273, foiio 111a. Henoerdie a refrain, de <0ace Brule (Raynaud 1757)

1 IV
i uant li temps renverdoie 31 out ai chier comparée
Contre le tens pascour,
M'est vis que (je) chanter doie
Après ma grant dolour,
Ceste amour, lonc tens a,
De ma dame honorée
Se vuet, si m'ocira.
;
5 Donc tant avoir soloie 35 Et, s'il ne li agrée,
Por servir fine Amor. Ne sai que ce sera.
Mais, se ma dame avoie, Or croi qu'ele est desvée,
8 Mout avroie richour : 38 Se de moi merci n'a.
Que mes cuers ne vuet nule avoir
Fors li cui n'en doigne chaloir.
Que mes etc.
II V
II rant poinne a et grant ire <1n atente d'ahie
En amor maintenir,
Plus que ne vos puis dire,
41
Avrai lont tens amé
Si m'a en sa baillie
; ",

Qui tant la vuet servir. LeaFAmor trové.


15 Por ce muir a martire, 45 Et qui ensi se fie
Que ne m'en puis partir. Tost l'a guierredoné.
Foux est qui ce desirre Por moi nou di je mie,
18 Dont il cuide morir. 48 D'autrui l'ai esprové.
Que mes etc. Que mes etc.
III
as petit me solace din,[ce]
21 !
Ce dont j'ai bon mestier
De faillir me menace
; 51 sachiez bien de voir
Que nule autre ne vuil avoir.

Quant je plus la requier.


25 Ne por mal que me face
Ne vuil mon cuer changier.
Pechié fait, s'el por chace
28 M'ire et mon encombrier.
Que mes etc.
N°274, folio IIIe.
Chanson de (0QCC Brute (Raynaud 1198)

~i 1 J1frfJflffr
1 fi 1
1 1 1 1
~.-. MtfrH^
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ef 0. 1 .77. i:t'n
- 11 im
~u - - -.
Ne ja ne quier que nés un mot en di - e, Caronques nes a-mai Ne ja nes a-me-rai.

Qui les aimme, bien sai Qu'il fait cruel fo-li-e, Qu'ennious sunt de lai-de fe Ion ai - - -e.

9
e II
fine Amor sai qu'est preste
De guierredon, de confort et d'ahie
et garnie 25
la haute honor que de vos ai
Et
IV

li bons pris, dame, m'ocit d'envie.


oïe

Vers fin ami qui l'a de cuer servie. Fine beautez, sens ploins de cortoisie
Por ce la servirai Dont tant en vos trovai
13 Tant comme je vivrai, 29 Quant veoir vos alai
Ou par son don savrai C'onques puis n'obliai
Qu'est grant joie d'amie, Ma volenté hardie,
Ou sanz ice n'avrai (ja) cointable vie. Le grant desir que fins amis oblie.

III V
17
line Amors est de tel force estaublie ame, merci tres grant amor m'oblie
!
33
Que sor toz biens moinne droite maistrie. Qui m'est au cuer racinée et florie.
Ja fins amis n'iert tex qu'il m'en desdie. Ne n'ai voloir que de rien l'escondie.
Et jeli otroi(er)ai Ainz (li) dis que l'atendrai
21 Que siens sui et serai ; 37 0 lesmaux que j(e) en ai
En li me fierai Tant que l'eure verrai
Et en sa seignorie Venue et acomplie
Qui des biens set et des biens est norrie. Que de vos iert en moi a droit partie.

41
arne, ensi soffrerai
Tant com vivre porrai,
Ne ja voir ne croirai
Que vos soiez trahie
45 Par faus amanz qu'Amors n'a en baillie ;
Que l'endemain seriez esbahie.
--
N°275,folio

.êuant

Mer - voille

Dou mon

il

15
-

lien
voi
112a.

est com puis du

de la mieuz a

II
Ctxinôon

le temps bel et
Chant por moi") rey- con-for

set que n'en puis passer,


Por ce crien qu'ele me hée.
Mais n'en fait pas a blasmer,
Que tex est ma destinée
Je sui faiz por li amer,
Ja Dex ne m'en doint fauser,
Nés s'ele a ma mort jurée.

Le pais et la contrée
Ou je n'ox sovent aler
18 Por la gent mal aürée.
III
gout me plait a esgarder

Mais si nou savront garder,


S'el me vuet joie doner,
:
-

mé - e.
-
cler
ter,

rer,
de <0ace Brute

Ainz que soit noif


Que trop ai joie

Qu'a - dès

29

36
amours,
bée a

V
ne ge
o - bli

moi gre

bien doit remembrer,


S'il est a aise, qui bée.
Quant mieuz cuit merci trover,
32 Plus est ma poinne doublée.
Ce me fait mout trespenser
Que n'os mais a li parler
De rien qui ne li agrée.

ien
VI
me peüst amender
Sauf ce qu'ele fust grevée.
Mais por Deu li vuil mander,
39 Quant je n'ai merci trovée,
Q'autre ne vuille encontrer
Car mout li devroit peser
(Raynaud 8a8)

-lé - e,.
- é - e.

- ver

;
Que bien ne lor soit emblée. S'est de faus amanz gabée.

IV
22
euant oi en parole entrer 43
i;1 achançon vuil definer.
Chascun de sa desirrée Gui, ne vos puis oblier,
Et les mençonges conter Por vos ai la mort blâmée.
25 Dont il ont maint essamblée,
Ce me fait m'ire doubler.
Si m'en estuet sopirer,
Quant chacuns son trichier née.
N°276, folio 112b.
Cl)an50tldu d)a-telain de Coucp (Raynaud 1982)

i
1
uant voi venir le beau tens et la flour, 17
ame,merci 1 III
se je sui fins amis,
Ke l'erbe vert s'espant aval la prée, N'esprovez pas vers moi vostre venjance !
Lors me souvient de ma douce dolour ;
Que vostres sui et serai a touz dis
Et dou douz leu ou mes cuers tent et bée. Je nou lairai pour mal ne pour grevance.
5 S'ai tant de joie et s'ai tant de douçour 21 Se par vos sui de bien amer espris,
Que ja movoir n'en querroie nul jour. ;
Douce dame, ne m'en doit estre pis
Et, quant je sui plus loing de sa contrée, Et, se por vos trai ire ne pesance,
Tant est plus près mes cuers et ma pensée. Ja n'en charrai en mauvaise esperance.

II IV
9
iu mont n'a riens dont je soie en tristour, 25
eau sire Dex, cornent porroie avoir
Quant me sovient et quant je la sai née. Un ceste amour que tant avrai requise?
Et si cuit bien que je fais grant folour, Ja ne deüst ne soffrir, ne voloir
Ke mainte foiz la truis vers moi irée. La bele rien qui tant est bien aprise.
13 Mais beaux semblanz me remet en vigour
S'emploierai mout bien ma grant amor
; 29 Puis qu'ele m'ot dou tout en son pooir,
Que me feïst si longuement doloir?
Dont je l'ai tant dedanz mon cuer amée, S'ele seüst com s'amors me jostise,
Se lëautez m'i lait avoir durée. Ja ne fausist pitiez ne l'en fust prise.
N° 277, folio

15

23

29
uant je

S'e
Lors

le

Et. se je

(ors mer ?
ci

Cornent qu'aie es

Ne ferez enemi.
112d.

sui par mes

II

Nule chose dont doie estre esmaiez.


19 Mon cuer avez, pieça n'en fu aidiez,
Ainz m'a lessié por vostre seignorie.

Mais je vos pri que merci en aiez.


Et se vos aviez l'envie
Que g'i ai ! Me destroigniez
Mar vi beautez sanz pitiez

§§
III
-Chanson deBlondel de

plus suien pa our de ma vi


me se-mont ma vo - len - tez et pri

m'o cist, suens en iert li

eulz tra

i -

mours, mar vi cés qui vos ont trahie,


Quant vos sor moi vostre duel en vengiez.
Si n'ai je pas envers vos deservie

Et, s'il vos plait, cruelment m'essaiez,


Ce vos di
Car ja de mi
!

;!
grant esfort ai la dolour veincue
Qui me cuida(i) de ceste honor torner.
Si ne cuit pas qu'ele en soit recreüe,
pe

vail

Puis que par moi sui de joie esloi

té riez, Douce -
-
e
e

chiez.

43

51

57
Trop a va

liez 1 Donc la vi,

ment sui en
nesles

Et je moins doi par rai - son es - tre


Et fine A - mour que je soie en - voi

- lour por fai

Me lait de li joïr,
IV
-
(Raynaud 1227)

Qu'en doi je li Deman - der

gniez, Je ne m'en doi plaindre mi - e

- gi - gniez.

'Jf^enil,parDeu! ançoism'iertcher vendue.


Je n'en cuit pas sanz morir eschaper.
Joie oi de li, mais or m'est retolue.
Rien n'i ai mis qu'ele n'en vuille oster
47 Fors volenté qu'ele n'en puet giter,
Dont l'amors est en mon cuer descendue
Que je retoing por mon cuer desirrer.
Etdésir
Qu'a son plaisir,
Car autrement ne la quier engignier.
Si me soit joie rendue,
Et puisse amour recovrer,
Con je di voir sanz fauser.

oment que soit ma joie


V

Ainz de vivre ne fui jor ennuiez.


Mès or voi bien que la morz me desfie.
defenie,
-
liez.
siez.

re vi - le - ni - e

Que chascun jor ne la face engignier Mout par ai bien mes travauz emploiez,
33 Ma douce dame, et por moi esprover, 61 Qu'a mon voloir ai esté angoissiez.
Par cui g'i ai toute joie perdue, S'en sunt cil liez qui de moi ont envie.
Si que je n'ai de coi autrui amer Et, se par aus sui de rien empiriez,
Ne servir. Je lor pri
37 Ne deservir 65 Et si lor di
Ne puis por mal soffrir, Qu'il prient Deu por mi.
Que ma poinne vuille [guierredoner] Car je sui de si granz mesfaiz chargiez
Que je ai por li eue. Que m'ame en sera perie.
Ne sai se merci trover
Porroit en son cuer aver.
Bien voi qu'a (la) mort sui jugiez
Dex, preigne vos en pit[i]ez !
:
N° 278, folio 113e. Chanson à refrain, de (Bontier de Soignies (Raynaud 2115)

uant li temps torne a ver -


du - re Au co - men ce - ment d'es té.
- -

JMout ont cil bone a ven - tu re Qui aim-ment et sont a


- - - mé.

Mais j'aing, las, en tel me - su - re Qu'a tart a - vrai re cou vré


- -

Que la -
fran che cre - a - tu-re Ne seit pas ma vo -len -
té.

D'a - mour n'ai au - tre des -


duit Fors son - gier et pen - ser la nuit.
II V
II
&J$ant
est prouz et haute chose errant honor li a donée
41
La bele dont je vos di, Damedex par tout le mont,
Que nuns querre ne li ose Quant tuit cil de sa contrée
Ne parler d'amour a li. (S'en) poinnent et proesce en font.
15 Au lis, à la flour de rose 45 Mais ainz n'en fu aparlée,
M'en desdui et m'en obli, Ja si hardi ne seront:
Car mes cuers point ne repose A toz est si redoutée,
Si ne os crier merci. Ja semblant ne l'en feront.
D'amor n'ai D'amor

21
III
«, out ai longuement
Ceste volenté d'amors.
coverte 51
e VI
sui, las, en longue atente,
C'onques s'amor ne li quis.
Mais, se par nule desserte Toz jors i metrai m'entente
M'en peüst venir secors, Et servirai ses amis.
25 Ne plaindroie pas la perte 55 Sor tote rien m'atalante
De l'atente de deus jors, Ses genz cors et ses clers vis.
Car l'ire que j'ai sofferte Mais ce m'ocit et tormente
M'aligeroit ma dolour. Que sui loing de son païs.
D'amor D'amor

IV
ex, con est de joie sire,
ander li VII
vuil mon servise
31
Qui sovent la puetveoir
Et cil plus qui li puet dire
! 61
Et saluz par mon escrit
Et prier par sa franchise
Partie de son voloir. Que la joie ne m'oblit.
35 Mais je ne puis pas eslire
Chacuns face son pooir.
; 65 Mais aucun preu en eslise
Cui ele d'amour affit,
Mieuz vuil estre en cest martire C'on ne puet en nule guise
Que d'une autre joie avoir. Avoir joie sanz délit.
D'amor D'amor
nsi m'esloigne Amors et luit,
En po de terme m'avra destruit.
N° 279, folio114a. CfyartSOn à refrain, de (Bontier de Soignies (Raynaud 396)

f¿uant oi ten - tir et bas et haut Le ros si - gnol par - mi le gaut,


-

Je l'es-cout, las, mes moi qu'en chaut ? Car la joi - e de cuer me faut.

Chas - cun jor ai no -


vel as - saut D'A mors, ne sai se rien me vaut.
-

Orant - lour
do est et grief poin - ne Trait l'en d'a - mour loin - tain - ne.

9
e II
plaindroie mon grant ennui,
Dolanz, mais je ne sai a cui.
33
e V
quier pas deslëaul amor,
Mais compaignie sanz folour,
Onques la bele ne conui Son bel parler et sa douçour,
Ne ses privez onques ne fui. Et l'un por l'autre face honour.
13 Ce que j'en sai, c'est par autrui. 37 Qui d'amoursquiert plus grant loisour
Si m'a conquis, que ses hons sui. Touz jors empire au chief dou tor.
Grant. Grant.
17 III
on fox ai dit, si m'en repent
Trop en paroi certeinnement,
; 41
Iprop
VI
vuet avoir d'Amors conquis
Qui plus en quiert honor et pris
Car ainz n'oi son acointement, Et en desduit et joie et pris
Si vuil quele m'aint lëaument! Et plus cortois et mieuz apris.
21 Mais on devine plus sovent 45 Assez conquiert, ce m'est avis,
Ce dont l'en a greignor talant. Qui bons devient pour estre amis.
Grant. Grant.

25
e IV
quier plus — et faire nou doi—
Ma dame a cui dou tot m'outroi,
49
ontiers
VII
mout trait grief poinne
De ceste amor lointainne ;
Mais qu'en li truisse bone foi Damedex m'i ramoinne
Ne autres n'i soit mieuz de moi. Douçour et bone estroinne
29 Et, se je tant i sai et croi, 53 De perdre amor vilainne
Jamès n'en puis avoir trop poi. Et touz cés qui s'en poinnent.
Grant. Grant.
VIII
C* inz tel mervoille mais n'oï,
57
Quant de ce muir c'onques ne vi.
Et, s'ele n'a de moi merci,
N'a soing d'amie ne d'ami.
61 Tant par desir l'amor de li
Que toutes autres en obli.
[Grant dolour est et grief poinne
Trait l'en d'amour lointainne.]
N0 280, folio 114e.
Cl)0n50n anonprne (Raynaud 568)

9 fluant -
naist flors blanche et ver - moil -le, Que li ar - bre sunt ra - mé
Et li douz tens s'a - pa - roil - le De ve - nir a sa clar - té,

De moi me vient a mer


-
-voil .,.-
-
le Co-ment j'ai tor -
né Mon cuer la ou

il tres -sail-le; Trop par a il haut mon -


té. lia, las !je li pri mer -ci,
Se g'i fait, mal m'a-vra bail - li.

II IV
II cene puis je pas dire 31
yest
bien estrange meniere
Que li miens cuers soit a moi, De ce con plus amera
Ainz est mes mestre et mes sire, Qu'il s'en covient traire arriere.
Ce qu'il panse, a force outroi ; Dex, con fort chose ci a !
Car cil qui plus l'avra chiere
15 N'en sai autre mieuz eslire, 35
Bien conois et voi Plus (en sus) s'en retraira.
Qu'amer m'estuet a martire Ce fait la gent losengiere
La ou je ne doi. Que ja Dex n'avra !
Ha, las, etc. Ha, las.
III V

21
iffant ai celé mon corage
Que je nou puis soffrir mès.
Espoir si avrai damage,
41
ouce
[dame], simple et coie,
Merci vos proi soul itant :
Se li voz frans cuers outroie
,
Mieuz me venist estre en pès. Ce que li quier et demant,
25 Mais granz amors semble rage,
Ja nuls fins mauvais
Ne sera en son aage,
45 Que de vos neanz ne soie
Que j'iere devant
Car, se je ice perdoie,
;
Qu'en poise li fais. Morz seroie avant.
Ha, las. Ha, las.
No281,toiio 114d. Henoerdie à refrain, (Raynaud 1450)
du d)âtclain de CoucQ (?)

uant voi es té-et -


le tens re
ve - nir -
Que bois et pré co-men cent ren ver dir,-
a-me, bienmendoitso-ve - nir.
-
Se j'ai Moutdoi ha - ïr ceus qui - me fontguer pir
4 -
-

La be le riens cui j'aing tant et de - sir. DexJ si bel huil, si bel huil, si bel huil
-

Me font a - mer cent ianz plus que ne suil.

8
il II
qui d'amer n'orent onques talant
Ne sevent pas l'angoisse que je sent
Que je sui cil, par le mien esciant,
;
Qu'Amors fist ja plus lié et plus joiant.
!
12 Ha, las, chaitis con or le me revent 1
Dex, tant la vuil, tant la vuil, tant la vuil!
Por son solaz et por son !
bel acuil
N°282, folio 115a. Cbanson Q refrain,deBlondeldeTIesles(1) (Raynaud 1297)

Qu'en tot le montplus de ri-chour ne quier; Car tuit li bon qui sont se-roi-ent moin-dre

Que (de) li mien voir. Ne je ne puis, s'el ne me vuet a - dre.


• ten
Grant joie a- voir.

10
Hfas,
II
je ne puis mon fin cuer chastoier
Ne vers celi ne puis d'Amors deffendre
28
e IV
ne pris pas toute la rien dou mont,
Se ma dame ne plait par sa franchise
Qui toz les max dou mont m'a fait chargier ; Que son ami, celui qu'ele confont,
Ne nuns fors moi ne se porroit deffendre. Vousist un pou merir son biau servise.
14 Si cruelment mi puet [ele] essaier 32 Lors avroie (je) plus que tuit cil qui sont,
Qu'après la mort m'estuet les biens atendre Car la douçours m'en est ou cors entrée
De s'amour voir. Si bonement.
Ne je ne puis. S'ele m'aît.
III V

19
tceste
amors qui si grief me respont 37
'te ne me poi onques amesurer
De mon voloir m'a si pris sanz faintise D'amer celi a cui mes cuers s'apuie,
Que je en aing totes celes qui sunt ;
Que ja par moi n'en iert une requise.
Ne vers autre ne voudroie penser ;
Car c'est la riens a cui mes cuers s'estuie.
23 Las, je ne sai que cist autre amant font, 41 Si m'aït Dex, je ne la quier fauser,
Car j'aing adès cesti par tel devise Ainz l'amerai cornent qu'el me destruie.
Si lëaument, Que j'en atent
S'ele m'art, que ne sai en quel guise Par la merci, se de moi ne s'en fuie:
L'en s'en repent. Je n'aing rien tant.
N° 283, folio c. Chanson a refrain, de Robert de Reims (?)
115 (Raynaud 1655)

-ui bien vuet A - mors des


Le plus me - su - rauble en
-
cri - vre,
y - vre
A mors est et male et
-
Et le plus sage en - bri
bo - ne
co - ne
;
- - ;

Les em
A -
pri - so
-
mors fait mo
- nez de
rir et
-
li -
vi
vre,
vre,
-
Les de li-vrez em pri - so
A - mors toit et A-mors do
- - ne
ne
;
- - -

Et Iole et sage est A • mors, VI • e et morz, joie et do -


lors

II IV
emors va par aventure ovent rit et sovent plore
II
L'uns i pert, l'autre i gaaingne
:
; 31
Qui bien i met son corage ;
15
Par outrage et par mesure
En sauve l'en et mahaigne
Eürs et mesaventure
; 35
Biens et max li corrent sore,
Son prou quiert et son domage
Et se joie l'en demore,
;
Sont adès en sa compaigne.
Por c'est raisons et droiture
N'en doit haïr son corage
Que li biens d'une seule hore
;
Que chascuns s'en lot et plaigne. Les maus d'un an assoage.
Et foie. Et foie.

21
III
$mors est large et avere,
Por que le voir en retraie ;
41
a V
Chievre dit sanz faintise
D'Amors, a la definaille
A mors est douce et amere Que tel con il la devise
A celui qui bien l'essaie ; La trueve chascuns sanz faille ;
Amors est marrastre et mere, 45 Et cil cui Amors jostise
25
Qu'ele bat et si rapaie
Et cil qui plus la compere
; Et qui por li se travaille
Ne porroit en nule guise
C'est cil qui moins s'en esmaie. Coillir le grain sanz la paille.
Et foie. Et foie.
N° 284, folio 116a.
Henoerdie anonyme (Raynaud 1453)

v ê.uantvoi ren-ver-dir Ver-giers au douz mois de mai, Ha, las, et je que fe - rai?
De joiees-bau-dir Chas-cuncon -tre
le tensgay:

Quant ne me puis es -
jo - ïr De rien que voie a - ve -
nir. Tel mal trai

De la grant do -
lor que j'ai.

II III
lien me soi trahir
uns ne puet guenchir
10
Quant je de li m'acointai
Ou bel acoillir
; 19
A l'Amour, [ne cler] ne lai;
Et, se por li muir
Estrangement me fiai. Comme fins amis verai,
14 Quant si franche la trovai, 23 Avis m'est que je serai
Ne cuidai mès mal sentir, Devant Deu si com martyr.
Mais or me fait si languir Ne porquant, sanz repentir
Que bien sai Servirai
Que d'autre amor ne morrai. Ne je ne m'en retrairai.
N°285,foiio ii6b. Chanson anonçme (Raynaud 2056)

*uant
Que
li -
ois seil
cil bois - se
-
-
Ion -
me
net sont
nu Chan
dru Pour
-tent
le
par legaut foil
douz tens qu'est ve
-
lu.
- nu,

M'es - tuet que me plain.gne.Quantsimedes.train. gne

La be - le qui m'a to - lu Son so -


laz et sa ver- tu.

9
e II
sai qui m'i a neü,
Mais a tort sui mescreüz.
25
IV
far moi n'iert il ja seü;
S'en ont il maint plait tenu
Mieuz voudroie estre perduz Et mout m'ont sore corru,
Que par moi fust avenu Et mainte foiz ai veü
13 Et que la gaaigne 29 Que chascuns m'aplaigne
A estre estraingne. Et agrée et ensaigne.
Tant i a dou tens perdu Or ont au devant tendu,
Con li contens sont tenu. Li renoié mescreii.

III V
ui qu'en ait le tort eü, ame,
17
Dame, je me claing veincu
Que j'ai bien aperceü
; 33
Ce que
ne me soit tolu
j'ai tant atendu
Por haut cri, ne por faus hu
Que mi mal m'en sont venu. Que [bien] avez conneü.
21 Mes cuers vos remaigne, 37 Cornent qu'il en praigne,
Pitié vos en praigne ; N'i avrez compaigne,
Que maint home ont deçeü Ne ja ne serai meüz
Losengier, et confondu. Dou point ou me sui tenuz.
N°286,

Ft nlaine et

12

16

20
foiio 116e.

-r- -r-i,-#--w--r
Re-pen-tir

tes
so

» -
Nem'enpor-roie

II
Cljanôon

4e uant je voi es-té ve - nir 0 sa ver - dour.


Et la ro-se es-pa-nir Au point dou jour

- pir. Que li

cuers ne se puet partir


De la moillour,
Et por ce m'estuet guerpir
Toute autre amor
Ceste double chascun jour.
Quant plus la remir,
Cele ou beauté et valour
Voi croistre et florir,
;
-.-

Li partirs
De li me fait irour
Et volentiers i retor.
de

trèsdouz maux d'a

a nul jour,

34

38

42
-
£l)ibaut de Blason

mors

Quej'aing sanz cuer tri -

$mors,
IV
(Raynaud 1477)

A-don-ques me dueil et plour

Ne mi lait ga

che

vous m'avez donné


-

-our.

Force et pooir
D'estre a vostre volenté,
Jou sai de voir
Ne ja ne m'en quier movoir
Jor de mon aé.
Que j'aing mieuz un bon espoir
De la ou je bé,
Qu'estre amez
Aillors, n'autre amor avoir
Qui eïst tot mon voloir.
rir.

III V

23
tetomer me fait sovent
Ou douz païs.
45
f^hançon, tu m'iras a li
Faire savoir
Li tres douz maux que je sent Dou douz mal qu'ai enduré
Et ses clers vis Main et soir.
A mon cuer lacié et pris, S'el s'en vuet apercevoir,
27
Qu'il ne s'en desfent ; 49
Prie l'en, por Dé ;
Que je ne porroie avoir
C'onques tant n'ama Paris
Amoreusement. Grant joie sanz li.
Bel cors gent, 53 Sa beauté
31
Mains jointes, con fins amis Et son sen m'i fait valoir,
Sui toz a vostre devis. Car je l'aing sanz decevoir.

56 $orpinois, sanz decevoir,


Quant j'ai tot pensé
Sanz pressé,
Ou il m'estuet remenoir :
60 Tant desir mon Bel veoir.
N° 287, folio ii7a. Ct)an60tldeRobert de memberoles (?) (Raynaud 244)

-flui d'A - re-mem bran Bien doit de joi e chan - ter.


G'i ai
mors a
si bone a-ten -dan-ce
- - ce
Que je ne puis
-
o -bli - er

Le gent cors et le vis cler Et sa sim -pie con -te- nan -ce
Qui m'a -prent a bien a - mer De le - al cuer sanz fau -ser.
II III
Ak uant jeresgart sa semblance, out a douce penitence
9
Lors covient l'amor dobler
Ou je n'ai point de fiance
17
En si douz maux endurer
Qu'a sa simple contenance
;
Que merci doie trover
Ainz muir por
;
trop desirrer
Et a son cortois parler
Me sot si mon cuer embler
13 21
Ce dont je n'avrai poissance. Que, se pitiez ne m'avance,
Mes douz maus m'estuet loer ; Suen, sanz rendre et sanz quiter,
Trop me plait, mais jou comper. Me prist tout sanz recovrer.
N° 288=272, folio 117b. CI)an50n du djâtelain de Coucl) (1) (Raynaud 1559)

f¿uallt li ros-si-gnoz jo -
liz
lis
Chan
Et
-tela sor
-
ro sée
la flor d'es
vert
- té,
pré.
Que naist la et
rose Ai ou

Mais de tant sui es - ba -


hiz Que j'ai si tres haut pan - sé

Qu'a poin nes iert a - corn -


pliz Li ser -
virs dont j'ai e gré.
-
II
iffement ont entrepris Dire que j'estoie quis.
il
Ce qui tant m'avra grevé
Mi fol huil volunteïf
: Eulz, par vos sui je trahiz
18 Voirs est, mal avez ovré ; !

Qui sovent ont esgardé Mais or en aiez merci


15 La ou je n'ai mie osé Et si vos soit pardonné.

N°289,/o/to117e. Cl)anson anonpme (Raynaud 895 et 1420)

flui orvou-droitle-al a-manttro-ver,


Maisbiense doit be-le da-megar der - Sivoingne
Que-le
ane moi porchoi
maintpor
-sir!
tra-hir

Ou'e -le fe - roit que foie et que vi - lain- ne. S'enpor -roit tost mal o -
ir,

An -sicon fist la fau -se Cha - pe -


lain - ne Cui touz li monz doit ha - ïr.

II
9
4 r i a mout de celes et de ces
Par cui je sui mout laidiz,
13 Et de l'anel qui fu mis en traîne,
Mais a bon droit i fu mis ;
Por ce que fis coverture des eulz
Et dient tuit j'ai mespris
; Que par l'anel fu faite la saisine
Par que je sui entrepris.
N°290, folio117d. Chanson de <0autier d'Epinal (Raynaud 1784)

uant voi ver et froi-du.. x-pa roir. Qu'ain-si des-troint oi-se - lez froiz et bi-
Lors mecui
y
-daidechan-terre-me
- -
- noir; -
Mais fine A mourme se-monret a - ti
se.
- se.

Qu'A-mors me fait a estre a sa de - vi • se Et me -


don ne tel cuer et tel vo • loir
Que ja-maia Dex ne me lait autre a • voir Que h a - mer et fai - -
re son ser vi - se.

II IV
9
ornent qu'Amors m'a mis en desespoir, 25lien voi qu'Amors n'a envers li pooir
Une rien m'a fait savoir et aprise : Quant ma dolor n'alige n'apetise.
Que fins amanz ne doit onques movoir Si me covient esgarder et veoir
De bone amor, puis qu'ensi l'a emprise. Tant que pitiez s'en sera entremise,
13 Ou il atende, ou il ensi fenisse ! 29 Car autrement n'iert ele ja conquise.
Qu'atendance puet plus un jor valoir Si atendrai merci en bon espoir
Qu'ele ne fait touz les autres doloir. Et se je plus n'en recuidoie avoir,
Por c'est bien droiz que toz tens l'obéisse. N'en repuis je partir en nule guise.

17
III
It, se portant sui mis en non chaloir, 33
e V
li me sui donnez sanz decevoir ;
Mal ait beautez loing de pité assise 1 Mais, ce qu'en a, c'est ce que l'on moins prise,
Qu'en tel orguil fait son dur cuer seoir
Celi ou n'a menaie ne franchise.
Dex, s'Amors n'a ne pitié ne justise
!
Bien le me fait ma dame apercevoir.
Ha, Dex, cornent Ja n'a ele pas mise
S'amour en moi que ensi me jostise?
21 37
De faire la a son pooir menoir? Si a ! Comment? D'un douz resgarz, por voir,
Nenil ! qu'ele l'eüst or fait doloir Fist par mes eulz en li mon cuer cheoir
Tant que pitiez ou merciz l'en fust prise. L'amour qui si me destroint et debrise !

41
ouce dame, qui honor et franchise
Herberjastes en vostre douz menoir,
Outroiez moi, selonc vostre voloir
Joie qu'Amors m'avra toz jors promise.
45 Mon bon seignor de Bar, en ma reprise
Dites, chançon, que de tot son pooir
Maintiegne Amor. Ensi porra valoir
Plus que nuns hom, s'il est en son servise.
?291, folio 118b. Chanson à refrain, depétrin d'flngicourt (Raynaud 438)

uant voi en la fin d'es - tey La fuil - le)che - oir Lors ai de chanter vo -
loir
Et la grant jo - li - ve - té D'oiseaux re-menoir, c -

- -
-Greignour que je ne so -
w
loi - e, Car ce -
le a cui je m'ou-troi - e Li-ge - ment,

M'en a faitcomandement, Si chan -te -


rai: Et,quantmadame plai-ra, Joie a-vrai.
II IV
13
uer qui n'aimme ou n'a amé 37
ame, en droite lëauté
Ne puet riens valoir. Et sanz decevoir
Pour ce j'ai le mien donné En vo debonaireté
Sanz jamès movoir. Met tot mon pooir.
17 Et si sai bien tout de voir Car me doignez recevoir,
Que par haut penser foloie.
41
Dame en cui touz biens ondoie !
Cornent qu'avenir m'en doie, Vo granz beautez me guerroie
Lëaument Si griefment,
21 A Amours servir me rent 45 Se je n'ai esligement,
Tant con vivrai. Por vos morrai.
Et, quant. Dame.
III V
25 ant me plait sa granz beauté 49
esdisant, vo mauvaistiez
A rementevoir M'a mout fait doloir,
Que j'ai tot autre pensé Et s'ai mainte foiz douté
Mis en nonchaloir. Vostre apercevoir.
Las, et si ne puis savoir Maus feus les puist toz ardoir
29
Se mon pensey bien emploie
Car por rien ne li diroie
; 53
Si voir com je le voudro
Et bone Amour cui j'en proie,
e!
Que je sent, Vengiez m'en !
33 Fors qu'en chant si faitement 57 Donez chascun un torment
Li gehirai. Tel com je ai !
Et, quant. Et, quant.
N° 292, folio 1!8d.Cf)Qn60n à refrain,de pcrrin d'angkourt (Raynaud 1390)

uant
Qui
je
fait
voi
ces
l'er
-
oi
-
be ama
seax tai
-
-
tir
sir
Et le fe Ion-
Et lais-sier jo -
tens
li -
en
ve
-
-
trer
tey,

Por ce n'ai je pas os - té Mon cuer de le


-
alde - sir, Mais por mon us main - te - nir

A cest mo-tot me re -
clain. Je sui jo-liz, por ce que j'aing.

II III
i
io 'aing lëaument sanz trahir, 19
os m'ociez sanz raison,
Sanz foindre et sanz fauseté Dame, sanz humilité!
Cele qui me fait languir Ne pert pas a vo façon
Sanz avoir de moi pité. Qu'en vo cuer ait cruauté,
14 Et bien set de verité 23 Mais grant debonaireté.
Que je sui siens sanz guenchir. Por ce sui je en sopeçon.
Mais en espoir de merci

!
Li iert cist motoz chantez
Dame, merci vos m'ociez !
: Simple vis et cuer felon
M'ont mis en grant desconfort.
Sa beautez m'a mort.

IV
28 m'asanz point d'achoison
j'ai atorné
Cele en cui
Mon sen et m'entencion
Por faire sa volenté.
33 S'or le daignoit prendre en gré
Por tout autre guierredon,
Mis m'avroit hors de friçon,
Si diroie sanz esmai
Bone amours que j'ai
:
Me tient gay.
N° 293, folio 1198.
Chanson de Pecrin d'flngicourt (Raynaud 460)

^ uant -
voi le fe-lon tens fi ney Qu'en-trez su - mes ou mois de may,
Que -
ren ver-dis-sent bois et pré Et -
oi seau sunt jo - li et gay,

Lors chan-te - rai. Mais, se ma chan-çons n'a - gré - e A cele en cui ma pen - sé - e

Et tout mon es-poir mis ai Sans plus chan-ter, a - me -


rai.

II IV

10
uns cuersn'iert ja ploinsde bonté- 28 *. ame, a cui Amors m'a donné
Pieç'a(i) que primes l'esprovai — Par les eulz dont vos acointai,
Devant qu'Amors i ait ovré. Car doingniez recevoir a gré
En li sui et fui et serai, Ce qu'adès servie vos ai
14 Ja n'en istrai, 32 Et servirai !
Car telx est ma destinée. Ne ja n'en sera ostée
Mais, se li max a durée Ma volentez, mais doublée,
Que je por ma dame trai, Quant plus por vos soffrerai.
Et vivre et chanter lairai. Mais trop sunt grief vostre essai !
III V

19
'J 'ai touz jors puis a li pensey 31
ame, en cui tuit bien sont planté
Que premièrement l'esgardai Je sui d'une chose en esmai :
Si fui sopris de sa beauté Se mesdisant sont escouté —
Que lëauté li creantai. Que par raison hé et harrai —
23 Si li tendrai, 41 Par ce perdrai.
Ne ja ne iert par moi fausée. Que ma vie a sauvée
Esperance qui donnée
Quant ele avra esprovée
Ma pensée et mon cuer vrai, Me fu quant vos acointai ;
Se li plait, merci avrai. Se je la per, je morrai.

46 a sanz délai,
Chançon, et sanz demorée
Droit en Brabant, car voée
Es au duc. Là te donrai ;
Mieuz emploier ne te sai.
N° 294=314, folio 119e. Ct)an50n de Perrin d'flngicourt (Raynaud 172)

fQuant li beax es tez re Qu'arbrë sont foib- Las, il ne m'est


-
Que chascuns oi - seax se
-
pai
pai - - re,
re, Por le tens jo - Ii,
Ii,

pas ain si, Ainz muir de ma lan - ce, Car cele ou tant a vail -
lan - ce,
- -

Des be les la flors, Croit les men - te - ors, Si me tor - ne a mesche - an - ce.
-

II
il âpé ! mesdisant de malaire, 31
IV
tout me sot tres bien atraire
Tuit lëaul ami Et bien m'a saisi
Doivent haïr vostre afaire ; La granz beautez qui l'esclaire,
Vos m'avez nuisi ! Quant primes la vi.
Lëaus Amors que j'en pri 35 Puis en ai maint mal senti
15
M'en face venjance ! Et mainte grevance,
N'onques por ce n'oi voillance
Par vos sui en desesperance
18 Sanz estre resors, 38 De penser aillors.
Se lëaus Amors Maugré traïtours
Et bone foiz ne m'avance. Vif en lëaul esperance.

III V

21
nques
ne vi si contraire 41
hançon,va t'en sanzretraire
Ne si mal parti Ne sej orner ci,
Cum son cuer et son viaire ; A la saige debonaire,
De part moi li di
Ce m'a mal bailli.
25 Vis a de pitié garni 45 Que tuit mi chant sunt por li.
Et d'umiliance. Lors sanz arestance
Li cuers fait la défaillance, Au conte d'Anjou t'avance,
28 Car tote douçours 48 Di li que touz jors
1 est a rebours. Hée jangleors :
Pris sui par tel decevance. Je li charge en penitence.
N°295, folio 120a. Chansonnette aoec des refrains, (Raynaud 979)
anont)me

uant la flor de l'es-pi-ne - te Voi blan-choi-er com-me lis A-don-ques mi sui es - liz
Et ren-ver-dir celeher-be - te Et touz ces au-très de-liz.

A faire u - ne chan -çon - ne • te, -rai


Si di con fins a-mis: En sim-ple, plai-sant bru-ne-te

Ai loI mon cuer mis.

10
*^ uis
Mis en li et mon pansé,
II
que g'i ai mon corage 28
t IV
aour ai que dessevrée
Ne soit la bele de mi !
Et que fait li ai homage, Por la moie demorée,
Et mon cuer vers li torné, Qu'ele ait fait novel ami.
14 Bien doi de sa grant beauté 32 Mais je tieng tant bien de li,
Faire chançon sanz outrage. Tant est et sage et sennée
Si di par sa volenté : Que nuns n'en ait acoilli.
«J'aing la bele, la blonde, la sage, «Ma lëaux pansée
Tot mon cuer li ai donné.» Tient mon cuer joli.»

III V
19
out m'est tart que je la voie 37
amès nul jor de ma vie
Por la bonté qu'en li sai. Ne quier de li esloignier
Ses cuers est de douçour voie, N'avoir autre compaignie
Et je vers li mespris ai. Ne estre en autrui dongier
23 La merciz l'en prierai. 41 Fors ou sien que j'ai tant chier,
Paor ai que failli n'aie, Sanz mal et sanz vilenie,
Et neporquant chanterai
1
:
«Hé, Dex donez moi de mes fins amors joie
Bien l'os a touz denoncier.
«Nuns n'i a pooir fors ma douce amie,
Ausi veraiement con grant mestier en ai. A ma dolour alegier.»
N° 296, folio 120b. Chansonnette aoec des refrains, (Raynaud 548)
anont)me

uant flo rist la pré - e, Que li douz temps doit ve nir. A-donc chant so-pris
-
-
Qu'oi-seaux par ra - raé e Fontes-cou - ter lor douz- cri,

De fine A-mour ou j'ai mis ma pen - sé - e - -


Dont ja ne me quier des se vrer :
« Li très douz chanz des - seit
ot -
lons Mi fait en bone A• mor pen - ser. si

II IV
10
ia de ma pensée 28 finement amée,
Ne me quier jour départir. Bien faite a devis,
Tant ai desirrée De granz biens pueplée
Joie, que n'i doi faillir. Est cele por cui languis.
14 En chantant sopir 32 Come fins amis
Et vuil proier a ma dame honorée. Vos servirai, douce dame honorée,
Ensi dire li doi : Ja n'avrai autre entencion.
«En ma dame servir «A cui les donrai je donc,
Aimis mon cuer et moi. » Mes amoretes, s'a vos non?»

III
19
ilondeet acemée, 37
en faisant un ris
Simple de cors et de vis, Oi chanter cui j'ai m'amor donée
De grant sen meublée Ceste chançonnete :
Est cele por cui languis. « Nuns ne doit les beax
bois passer;
23 Mais mout ai mespris Sanz sa compaignete. »
Quant ne li osai gehir ma pensée.
En chantant li di :
«Grant joie a mes cuers,
Quant je pans a li. »
N° 297, folio 120d. Chanson aDec des refrains, (Raynaud 536)
de Jaque de Cpsoing

w
fluant
Por
la sai sons est pas
-
la moil - lor qui soit
-
né e-
sé - e D'es -té,
Chançon
que
fai -
y
re
- vers
me
re
co
- vient.
-
vient.

Qu'a li ser - vir me re - tient A - mors et lë - aux pan -


sé - e,

Si qu'a -
dès m'en re - so -
vient Sanz vo -
loir que j'en re - trai - e.

De la ou mes cuers se tient Me vient ma jot - e.

II IV
II oie ne riens ne m'agrée 31
oinne tout a sa vuillance,
Fors tant qu'Amours me sostient ; Car mout bien mi set mener,
S'ai ma volenté doublée En tel lieu avoir beance
A faire quanqu'il covient Qui mon cuer fait sopirer.
15 Au cuer d'ami qui maintient 35 Amours me fait assener
Lëaus Amors bien gardée. A la plus bele de France,
Mais li miens pas ne se tient Si l'en doi mout mercier
18 Qu'il ne la serve toz jors. 38 Et di sanz favele :
«Cil doit bien merci trover «Se j'ai amé, j'ai choisi
Qui lêaument sert Amours. » D'amors la plus bele.»

III V
21
mours et bone esperance 41
iele et blonde et savorée,
Me fait a celi penser Cortoise et de bel maintien,
Ou je n'ai point de fiance De tout bien enluminée,
Que merci puisse trover. •En li ne faut nule rien.
25 En son douz viaire cler 45 Amors m'a fait mout de bien
Ne truis nule asseürance. Quant en li mis ma pansée
S'aing mieuz tot a endurer Bien me puet tenir pour sien
28 Que perdre ma poinne. 48 A faire sa volenté.
«D'Amors vient li maus « J'ai a ma
[dame] donney
Qui ensi me moinne. » Cuer et cors et quanque j'ai.»
N° 298, folio 121a.Chansonnette àrefrain, anonpme (Raynaud 1980)

uantvoiblan-choi -er baudour D'estey


la flour sor le rain, A-donc por ce - le cui j'aing
Qoi-seil-lon sont en Au soir etaumain,

- et '-"
Ma-saut bone A mor Qui me se-montnuit
-144
jor Dechan-ter. Si chan-te -rai,
Ja por je-Ions non lai rai.
-

II IV
10
Ipelainne, qui
por Paris 28 ulsnepuetgranthardement
Ot tant de torment, Fornir sanz folor.
N'ot onques, ce m'est avis, Amors pert a esciant,
De beauté autant Que par foie error
14 Con cele ou mes cuers s'atent. 32 Pensai a si haute honor
Tant est de haut pris Dont la mort atent.
Que ne doi estre repris Mais por mon aligement
De chanter. Vuilchanter.
Si chanterai, Si chanterai,
Ja por félons nou lairai. Japor.
III V
19
ien voi que ne puis garir 37 la [bele] que j'aing tant
Ne vis eschaper, Chançon, je t'envoi,
Quant je ne puis avenir Si li di que je li mant
La ou mi panser Et por Deu li proi
23 Sunt et seront sanz fauser 41 Qu'ele por l'amor de moi,
Jusques au fenir. S'il li plait, te chant !
Mais, por mon cuer esbaudir, Car por li tout mon [vivant]
Vuil chanter. Vuil chanter.
Si chanterai, Si chanterai,
ja por. etc. Ja por félons nel lairai.
N° 299, folio 121*.
(ai anonpme (Raynaud 1868)

,&ui por roit un guier re - don A - voir de lonc tens a - mer,


- -

Bien de - vroit s'en - ci - on


Metre en A - mors ho
- ten - no - rer.

Dex ! cil qui aimme en par - don


Ne s'i set pas con - sir - rer,

Ainzlan-guistplus qu'au -tres hom (s) Quant il ne puet a-che-ver.

tais da - me de grant vail - lan - ce Ne de -


vroit pas o - bli - er

Ce - lui qui n'a sos - te - nan - ce Fors que s'a - mor de - sir - rër.

w
Pis me fait que darz ne lan - ce, Bien le vos puis af - fi - er,

Uns res - garz, quant le me lan - ce Ce - le cui je n'os non - mer.

'a - me, de beau -té la nom -per, Mi mal me sontdouz sanz a-mer.
N° 300,folio121d. Cl)an50n anonçme (Raynaud 579)

§)uant par dou çour dou temps no


- vel. Se res jo ïs sent oi seil - Ion,
Que pré sont vert et au - bris -
-
sel Fontnorsde
- -
di
-
- ver - se
-
fa - :
çon

D'un douz de -
sir ai tel fri - çon Qu'en tremblant fait su - er ma pel.

sont d'A pel, Mais nuns nou set se li sien non.


1
- tel - mors li ra -

9
9laing
II
mieuz tel mal que nul joël
Ne que l'onor au roi Charlon,
25
e IV
ce que j'aing ma dame si
Nuns hom ne m'en devroit blâmer ;
Si pri celui qui Daniel Car Dex mist tant de biens en li
Sauva en la fosse au lion Que nuns nes porroit aasmer.
13 Que ja n'en aie garison, 29 Maint grief mal m'a fait endurer,
Se ma dame doit estre bel. Or doint Dex qu'il me soit meri !
Si m'avra mort d'un tel flaël Car je ne puis sanz sa merci
Qu'ainz de si douz ne morut hon. Ne loing garir, ne près durer.

17
III
pertes, buer avroie servi,
Se cele mi doignoit amer
33 e V
ma dame vient a plaisir,
Bien puet par raison esgarder
Qui sor toutes a deservi C'on doit bien a vraie tenir
Que chacuns la doie honorer. L'amour c'on ne puet oblier.
21 Bele et blonde, bone sanz per 37 Et puis qu'Amours puet esprover
Est ele plus que je ne di ; Que je sui siens sanz repentir,
Si en lo mon cuer et merci Certes ne doi mie faillir
Quant en tel lieu osa penser. A ce que me fait desirrer.
N°301,folio 122b.
Cl)an50n anonpme (Raynaud 1262)

w-*uant. voi le tens


en froi-du re chan-gier. L'er-be ma - tir et jus dou cieldes - cen - dre
etgre-sil, n'i
-
Noif et lesdouz-chanzbais-sier Des oi-seil-lonsqui pu-entcon- ten dre: -

Si est de moi qui ne me puis des - fen - dre En-contre A - mors qui me fait cele a - mer

En cui mer-ciz ne se lais - se tro - ver.


II
't'ene doi pas de ma dame esloingnier
8
Mon servise, j'en feroie a reprendre
Car, qui d'Amors ne puet soffrir dongier
;
Ne doit mie de sa grant joie prendre.
12 Or vuil mon cuer tot a ma dame rendre,
Qu'ele me puet tel guierredon doner
Qu'il n'est nuns hom qui le peüst penser.

N° 302, folio 122e. Chanson anonyme (Raynaud 439)

•^uant voi fuille et flor d'es - te Et le douz tens re - ve nir, Qui m'a
-
Lors ai je grant vo - len - té De bone A - mor main-te -
nir

pris et a-res - té, Lonc tens a, por li ser -


vir, Las! et si n'en puis jo -
ïr!
II IV
8 essez pou de fermeté 22
Rature m'a conforté,
Puet uns cors sanz cuer tenir, Qui si la pipa et point,
Car la vie et la santé Mais la grant enfermeté
II Doit au cors dou cuer venir. 25 Me vient de ce que trop loint
S'un pou de joliveté Avrai si grief fais porté.
Ne m'aidast a sostenir, N'encor mes cuers ne s'en foint,
Dou tot deüsse fenir. Car sa beautez m'art et oint.
III V
15
out redout sa grant beauté 29
hançon, va t'en, si li di
Que veillece nau sormoint. Qu'ele a ma vie et ma mort.
Par itele cruauté Ce poise moi, quant je vif
18 Covient que li tens nos moint
Amors fera lëauté,
! 32 Sanz avoir de li confort.
S'ele n'a de moi merci,
S'ele tant l'enchauce et point Trop mieuz m'ameroie mort
Que la puisse panre a point. Que vivre en tel desconfort.
N° 303, folio 122d. Chanson du Châtelain de C0UC9(?) (Raynaud 2086)

-- --.--
.*uantlasai-sonsdoudouztens s'a-se -re, Que beaux es - tez se re-ferme et es - clai-re,
- ü
Que toute riens a sa droi-te na -tu-re - -
Vient et re-traitée trop n'est de ma lai re.

Lors chan-te - rai, car plus ne m'en puis tai - re, Por con-for - ter ma cru-el - ---
a-ven tu - re

Qui si me torneagrant. des-con-fi - tu - re;


II IV
emors,
8 'aing et desir ce qui de moi n'a cure.
! por quoitruis 22 Amors, je me muir sanz droiture !
Las l'aing, quant je ne li puis plaire? Certes ma mort vos deüst bien desplaire.
Vers moi la cruel et
si si dure, En vos servir ai mis tote ma cure
II Et autrui la voi si debonaire ! Et mes pensers donc j'ai plus de cent paire.
! poraiquoije dit ? Amors
Las
Or
vers
l'aing le me font faire.
folie sanz droiture ;
25
S'or vos devoit li miens servises plaire,
Si en seroit ma joie plus seùre.
En bien amer ne puet avoir mesure. On dit li fruiz n'est prouz qui ne maure.

III V
15
ln ma dolour n'a mestier coverture. 29
techié fera
ses cuers, s'il li outroie
Si sui sopris que je ne sai que faire. Moi a haïr, donc si la voi certeinne !
Mar acointai sa tres douce faiture Car autre rien querre ne li voudroie
18 Por si gries max et por tel dolour traire ! 32 Fors que s'amour qui a la mort me moinne.
Car ce me fait que nuns ne puet desfaire S'ele m'ocit, trop fera que vileinne,
Fors ses genz cors dont vers moi est si dure. Et, s'ainsi est que por li morir doie,
A la mort sui, se sa guerre me dure. Ce est la morz dont mieuz morir voudroie.
N° 304, folio 123b.
Qanôon du roi de naoarre (Raynaud 2026)

IIi seit por quoi A-mors a non - mors, A Qui ne grie - ve fors les siens sou-le-ment?

Qui le sa - vra. s'en di - e son ta - tant ! Que je ne sai. se Dex me doint se - cors !

A-mors sem - ble de - a - ble qui mais -


tri - e ; S'en-gi-gne plus -lui
ce qu'en li se fi - e.

Et -
poi se m'en. se j'ai - e ja mer - ci, Plus que por moi, cent mi - le tanz por li.

Quant on la puet res - ter de fe - Ion - ni - e.


II III
'Îe sui touz siens et s'en sent les dolors, emors m'a fait tantes foiz corroder
10
Et me poise de son mal durement,
Et en son bien cuit mon avancement.
19
Q'en mon corrouz n'a mès point de pooir ;
Car de seignors vient granz biens a plusors
14 Et cil sert bien son seignor qui chastie,
; Ainz sui plus siens, quant plus me desespoir,
Ausi con cil qui delez le foier
A cui poise, quant il fait vilenie.
Mais Amors n'a cure de nul chasti,
23 Gist malades, qui ne se puet desfendre
Et menace la gent par mi a fendre
Ensi di je ce por moi desenfler,
:
Car ele a tant et veü et oï
Que ne li chaut de rien que l'en li die.
Qu'il fait grant bien, quant on ose parler
Mieuz en puet on l'assaut d'Amors atendre.
;
N°305, folio e.
123
Chanson de tëace Brulé (Raynaud 1795)

-
^)uantl'er bemuert,voi la fuil leche-oir li --
Que venz fait jus des ar-bresdes cen-dre.
A -donc co-vient -
lesdouzchanzre-me-noir - -
Des oi sel Ions qui n'i pu-ent con ten-dre;

Adonc m'es - tuet a A - mors mon cuer rendre, Mais par pe - chié cuidai aillors en - ten - dre.
II
7
out a Amors grant force et grant pooir,
Quant envers li ne se puet nuns deffendre
Fors qu'ennious de qui ne puet chaloir.
10 Vilenie est de lor servise prendre
Et, qui d'Amors ne vuet sa joie atendre,
!
Saichiez por voir, sa valors en est maindre.
N° 306, folio123d.Chanson anonyme (Raynaud 1690)

r uant voi ren - ver - dir l'ar -


broi - e, Que li tens d'es -
UJ2J
tey re - 1::I::à •
vient,
D'une a - mor, qui me mais- troi- e Et engrant do - lor me tient.^

Vo - len - tiers me com


-
plain -
droi - e,
Quant il me so - vient Que je

ne por -
roi e Mu er ce ques - tre co - vient.

9
i II
covient qu'en Amors croie,
Qu'ele me garde et maintient.
25
mors
IV
ne quiert haut parage
Ne richece ne fiertez,
Nonporquant sovent s'esfroie Mais se donne en fin corage
Fins cuers qui tel fais soutient. Et i met totes bontez.
13 Trop me desconforteroie, 29 Ses douz espirs, par usaige,
Mais mout me retient De grace donnez,
Mes duelx et ma joie Donte le sauvage,
Qu'en li va et de li vient. Atempre les destemprez.

III V
17
iele et bone, simple et sage, 33 mors veint par sa poissance
Dame qui mon cuer avez, Toute riens, bien le savez.
Ne me tenez a folage. Cuens ne dus ne rois de France
Ce que trop haut sui montez. Ne nuns, tant soit haut levez,
21 Se mi dui droit seignorage, 37 N'est en si bone cheance
Amors et Beautez, Ne tant honorez
M'en font faire outrage, Com cil, sanz dotance,
Por Deu, moi le pardonez ! Qui bien aimme et est amez.

4I -»ouce Amors, douce esperance,


Douce volentez
En vostre
:
creance
Croi que je serai sauvez.
N° 307, folio 124b.
Cbcinson de Sauoage de Bétl>une(?) (Raynaud 550)

9
'w

Il/l
uant voi
Que

Car une a
pa

- mors du
$hi 1 Amors, con es
roir la feuille en la ra-mé-e, Que li douz tens no-veaus est res-clar ciz.
-
li oi - sel et soir et ma-ti - né - e Chantent si cler par ces vergiers flo - riz,

Trop vo-len - tiers pen-sasse


b-

II
a lor douz criz.

re - ment me tra

desmesurée !
Moi qui te ser, vuez ocire touz dis
- vail - le;
Mais je sui .si

Si

17 e
d'au-tre chose es
aA

III
— —
- ba
- lA

n'ai re - pos nuit ne jor ne m'as - sail

tant ai je Amors bien esprovée


-
-

- hiz.

Que, quant je cuit mieuz estre d'amors fis,


le.

De moi grever es trop acostumée, Dont me revient une estrange pensée


Mais uns espoirs est dedanz mon cuer mis : Par quoi je sui matez et desconfiz.
13 Que ja d'Amors n'avrai joie ne ris, 21 N'est mervoille se je sui esbahiz,
Se je ne l'ai par beau servir conquis. Car mon penser ai en si haut leu mis
Car, qui d'amors a bone definaille Qu'au guierredon dout mout que je ne faille ;
Bien doit soffrir la dure començaille. Mais fins amis serai, cornent qu'il aille.

25
e IV
grant beauté est certes acemée
Cele por cui mes cuers est si sopris.
Dex a en li valor mise et plantée,
Sen et raison, cortoisie et beax diz.
29 Se de s'amor estoie bien saisiz,
De touz mes maux seroie bien gariz.
Las ! ne mi vaut sohaiz ne devinaillc !
Granz mestiers est que sa merciz mi vaille.
N° 308, folio 124d. Cbcinson anonpme (Raynaud 1487)

-fluant voi le no - vel tens ve -


nir Au co - men - ce ment de pas - cor,
-
Que comencent a ren - ver -
dir Li pré mes -
ley d'erbe et de flour,

Et j'oi chan ter par grant dou çour Le ros - si -


gnol en la ra -
mé - e,
- -

Lors me des - troint, mais trop m'a - gré - e Uns tres douz maux qui me fait so - ve - nir

De la ou sont mi sa - vo - rous de sir.


-

---
N° 309, folio 124d.
Chanson anonçme (Raynaud 505)

^§)uant la sai-sons de-sir ré Est en tré - -e, -vers n'a Qu'y oir,
ro-sé-e Sor l'er-be
po
Et jevoi par la vert pré
-
-e
- e
La pa -roir:
-

Lors sent main -%d


et soir Un mal qui m'a - gré - e, Qu'en a - pe -
le de - sir - rer,

Si plai - sant a en -
du - rer, Qui me fait chan - ter.

II
12
ouce dame, a droit loée,
Desirrée,
Plainne de savoir,
De vos atent la soudée
16 Honorée
Qu'amis doit avoir
Oui sanz decevoir
"-' A sa dame amée.
20 Ce me fait vivre et durer.
Je n'en sai mon per,
Bien m'en puis venter.
N°310,folio 125a.
Siroentoie de pietoleta (Raynaud 641)

<P) uar e üs se je cent mil(e) mars d'ar - gent Et au - tre tant de fin or, et fust rox,
Et
-
s'e
-
- -
üs - se prou a voine et fro ment. Bues et va
N
- -
- ches et ber-biz et moutons.

Et chas - cun jor mil li - vres a des - pen - dre. Et fort chas - tel que nuns ne peüst prendre,

Tel que nuns hons ne le, pe - üst for - -


çar Et s'e-üst port d'ai gue douceetde mar1

9
Ît II
je fusse frans et douz et plaisanz, 17
^p)t j'eusse
III
vin fort et fremiant,
Jones et sains tout adès et joioux, Hanap doré, char et tartre et poisson,
Et fusse bien amez de toutes genz Et blanche nape et gastel de froment
Et li mieudres chevaliers c'onques foux, En froit celier renfreschi de fres ions,
13 Que nuns vers moi ne se peüst desfendre, 21 Et s'eüsse jone garcete et tendre,
Et puis donar quanque chascuns vuet prendre, A gras crepon ou trovasse que prendre,
Et puisse far a tot le mont son grat Qui bien peüst respondre as cops donar
Et, quant moi siet, en Paradis entrar ; Et nule foiz n'en peüsse lassar

No311 9toiio 1258.


Chansonnette de Colin muset(1) (Raynaud 893)

-fluant je voy y
Se je po -
ver re
-
oie os - te
- tor
tro
-
-
ner,
ver
Lors me vou
Lar - ge, qui
- droi - e se jor
ne vousist con
- -- ner
ter,

Qu'e - ust porc et buef et mou - ton, Mas -


larz, fai - sanz et ve - noi - son,

Gras - ses ge -
li - nés et

9
cha

t - pons Et bons fro - ma - ges en gla

la dame fust autresi


II

Cortoise come li mariz,


Et touz jors fëist mon plesir,
- on

Nuit et jor jusqu'au mi partir,


Et li hostes n'en fust jalous,
13
Ainz nos lessast sovent touz sous
Ne seroie pas enviox
:
De chevauchier toz [jors] boüs
Après mauvais prince angoissoux.
N°312, folio 125d. Chanson de (bace Brûlé(?) (Raynaud 1332)

<|)ui sert de fau se proi e re, Bien est rai - sons qu'a mal aut,
- - -
Car de pen -
sé - e do -
blie-re Ne puet nuns mon
- ter en haut

Por ce ne me chaut D'amor no - ve -


lie - ;
re Une en ai, fi
- ne et en -
tiere,

Qui touz jors m'as - saut, Si ne m'en puis traire ar - ne - re.

N°313,folio 125d. Ct)an$On de (0UiOt de Brunoi (Raynaud 454)

-uant
Que
li
li
no - veax tens d'es
bois sont bo - te
-

né,
Se
part de
", Que naist la
froi -
du - re,
-
du re:
Lors bone Amors
- ver -

m'asegu - re Et jo-live-té De chant faire, et comandé M'ont que die haute-ment:

IlHé! dame et Amors, j'a - tent Bo - ne - ment Confort des maux Que le sent.»

II
12
ien m'avroit Amors doné
Grant bone aventure,
Se ma dame au cors senné
Doingnoit avoir cure
16 De moi qui sanz fainteüre
Et sanz fauseté
Li ai tot mon cuer donnei.
Plus diroie lïement :
!
«Hé dame et Amors, etc. »
N°314, folio 126a.
Chanson de Pertin d'flngicourt (Raynaud 172)

v uant li -
beax es tez re - pai-re, Qu'ar-bre sont flo - ri,
Las, il ne m'est
Que cha-cuns oi-seaux s'a - pai-re Por le tens jo -
li,

pas au - si,
Ainz muir de ma -
lan - ce, Car cele ou tant a vail -
lan ce,
-

Des be - les la flors, Croit les men - te - ours, Si me torne a mes-che - an - ce.

II III
II
jlpé ! mesdisant de malaire, 21
nques ne vi si contraire
Tuit leal ami Ne si mal parti
Doivent haïr vostre afaire ; Con son cuer et son viaire ;
Vos m'avez nuisi ! Ce m'a mal bailli.
Lëaus Amors cui j'en pri 25 Vis a de pitié garni
15
M'en face venjance ! Et d'umiliance
Li cuers fait la differance,
Par vos sui en desperance
18 Sanz estre resors, 28 Car toute douçours
Se lëaus Amors 1 est a rebours.
Et bone foiz ne m'avance. Pris sui par tel decevance.

IV
31
tout me sot tres bien atraire
Et bien me saisi
La grant beauté qui l'esclaire,
Quant premiers la vi.
35 Puis en ai maint mal senti
Et mainte grevance,
N'onques por ce n'oi vuillance
38 De penser aillors.
Malgré traïtors
Vif en leal esperance.
N°315, folio 126e. Jeu parti entre Baudoin et le roi de naoarre (Raynaud 943)

'RoisThiebaut-,-sirc-,-rn
Qhali-tant res-pon-nez: Jo - ne da me, tres bele et a - - tave-lant,
nant
Sor tou - u\ - :
te rien de fin cuer a me - rez Mais n'en pror-roiz a - voir vostre -

-r-
S'a vos - tre col ge - SII ne la por - tez Chies un au - tre qui de li est a - mez,

Ou se ce lui ne li fai tes ve - nir En vostre hos tel por a vec li ge -


sir.
- - - -

II IV
auduin, voir, mauvais jeu me partez ! audoyn, cil a bien d'amors menti
9 25
Mais, por avoir ma dame a son talant, Qui sa dame vuet laissier a nuilui.
La porterai, puis que il est ses grez, S'en me devoit detranchier tot par mi,
Entre mes braz, baisant et acolant. Ne la puis je guerpir, dès que siens sui,
13 Ja ne croirai que soit sa volontey, 29 Ainz me plait tant l'atente de merci
S'on me juroit cent foiz saint Barnabé. Que li vilain ennioux en obli
Après ce bien, que me vuille trahir ! Que je mout hé, foi que je doi Saint Pou.
Fins amis doit ou atendre ou morir. Mais tot le mont ne pris sanz li un clou.

III V

17
tar Deu ! sire, trop avez meschoisi, 33
ertes, sire, onques de cuer n'ama
Qui s'amie vuet chies autrui laissier ;
Quant vos de li volez saisir celui
Cui ele tient por son leal ami.
Ne la verrez jamès jour sanz ennui
Et qui de ce a droit jugier voudra :
Je doi servir ce qu'ele aimme et tient chier
21 Puis que celui [vos] en avrez saisi. 37 Tot m'ennuit il ce qu'ele en fera,
Trop a le cuer mauvais et endormi Mieuz vuil soffrir que, ce qu'ele amera,
Qui s'amie porte autrui a son col. Qu'en mon hostel en face son voloir,
J'aing mieuz soffrir, c'on me tenist por fol. Qu'il fust saisiz et j'amesse en espoir.

VI
audoyn, voir, ja chiés moi n'entrera
41
Mes enemis por ma dame baillier,
Mais ma dame la ou il li plaira
Vuil je porter et servir sanz dongier,
Ne ja por riens mes cuers n'en retraira.
45
:;
S'ele me dit «Beax amis, je vois la »
C'est fointise je nou cuit pas de voir,
Qu'ele le dit por moi faire doloir.
N° 316, folio 127a.
Censon du roi de naoacce (Raynaud 1878)

fïo-bert, ve-ez de Per-ron,


Com il a lecuer fe-lon,

Qui a si cle -
-
re fa çon Que l'en s'i por -
- !
roit mi rer

II IV
Hje, Dex, con ci faut raison ! out par avrez le cuer noir
Quant vos en savroiz le voir;
19
7
Veez dou vis de fuiron ! N'avroiz force ne pooir
Gente de tote façon,
io Or vos en vuille mener ! 22 De li veoir ne sentir.
Et saichiez, si bel avoir
Robert, ne vaut un bouton
Qu'ainsi l'en laira aler. Doit on près de li tenir.

III V
'S ire, vos
doit on blasmer 25
Robert, je vuil mieuz morir,
13
Qu'ainsi l'en lessiez mener. S'il li venoit a plesir,
Ce que tant poëz amer Que l'en laissasse partir
16 Et ou avez tel pooir 28 Por trestoute ma conté.
N'en devez laissier mener, !
Hé las qui porroit gesir
Por terre ne por avoir. Une nuit lez son costé !

"Si ire, Dex vos doint joïr


31
De ce qu'avez desirré !
Robert, je me crien morir,
Quant il l'ont fait, maugré bé.
N°317,folio

h.
127b. Chanson de croisade du roi de nODorre, (Raynaud 6)
relatioe a la croisade de 1239

re;
elgno!', sa - chiez qui or ne s'en i - ra E En ce - le terre ou Dex
D l'
ffu morz et vis
Et, qui la croiz d'Ou-tre-mcr ne pren - dra. A poin - nes mais i - ra en pa - ra -dis.

Qui a en soi pi - tié ne re - mem - bran - ce, Au -


haut Sei - gnor doit quer - re sa ven - jan ce

Et de - li - vrer sa terre et son pa - îs

II IV
8
$uit li mauvais demorront par deçà, 22 ex se laissa por nos en croiz pener
Qui n'aimment Deu, bien ne honor ne pris. Et nos dira au jor ou tuit venront :
:
Et chascuns dit « Ma femme que fera? qui ma croiz m'aidastes a porter,
« Vos
ii Je ne lairoie a nul fuer mes amis. »
Cil sont cheoit en trop foie atendance,
25 Vos en iroiz la ou mi ange sunt
La me verroiz et ma Mere Marie.
;
Qu'il n'est amis fors que cil, sanz dotance, Et vos par cui je n'oi onques ahie
Qui por nos fu en la vraie croiz mis. Descendrez tuit en Enfer le parfont.»

15
r III
s'en iront cil vaillant bacheler
Qui aimment Deu et l'onour de cest mont,
29
hacuns
V
cuide demorer toz haitiez
Et que jamès ne doie mal avoir.
Ensinc le[s] tient Enemis et pechiez
Qui sagement vuelent a Deu aler,
18 Et li morvous, li cendrox demorront
Avugle sont, de ce ne dout je mie.
; 32 Que il n'ont sen, hardement ne pooir.
Biau sire Dex, ostez lor tel pansée,
Qui un secours ne fait Deu en sa vie, Et nos metez en la vostre contrée
Et pour si pou pert la gloire dou mont ? Si saintement que vos puissons veoir !
36
ouce Dame, roïne coronée,
Proiez por nos, Virge bien eürée,
Et puis après ne nos puet mescheoir.
N°318, folio 127d. Jeu parti (Raynaud 1185)
entre 0ulllaume et le roi de Haoarre

.i-re, ne me ce -
mi-e Liquelxvosiert plus a gré:
lez Nu anulezsoncos-tey,
STil avient que vostre a-mi - e Vos ait plei-ne-ment mandé

-
Par nuit, que n'an ver roiz mi - e, Ou de jor vos bait et rieEn un beau pré,

-
Et en braz,mais ne di mi-e Qu'il i ait de plus par-lé?
II V
il uïllaume, c'est grant folie _li5ire,
por rien ne voudroie
Quant ensi avez chanté.
Li bergiers d'une abbaïe
41
Que nuns m'eüst a ce mis
Quant celi cui j'ameroie
;
Eüst assez mieuz parlé, Et qui tout m'avroit conquis
15 Quant j'avrai lez mon costé 45 Puis veoir en mi le vis
Mon cuer, ma dame, m'amie, Et baisier a si grant joie
Quant l'avrai toute ma vie Et embracier toute voie
18 Desirré,
Lors vos quit la druerie
48 A mon devis :
Saichiez, si l'autre prenoie,
Et le parlement dou pré. Ne seroie pas amis.
III VI
21
jire, je di qu'en s'enfance 51
Guillaume, se Dex me voie,
Doit on aprendre d'amors. Folie avez entrepris.
Mais mout faites mal semblance Que, se nue la tenoie,
Que vos sentez les dolors. N'en prendroie paradis?
25 Pou prisiez esté ne flors, 55 Ja por esgarder son vis
Gent cors ne douce acointance, A paiez ne me tendroie,
Beax resgarz ne contenance S'autre chose, n'en avoie.
28 Ne colors.
En vos n'a point d'astenance
Ce deüst prendre un priors.
; 58 J'ai mieuz pris,
Qu'au partir, se vos convoie,
N'en porteroiz c'un faus ris.
IV
Guillaume, qui 61 ire, Amors m'a si sopris
31 ce comance Que siens sui, ou que je soie.
Bien le demoinne folors,
Et mout a pou conoissance Et sor Gilon m'en metroie
Qui n'en va au lit le cors. A son devis,
35 Que [de]soz beax covretors
65 Li quelx va plus droite voie
Prent on cele seürtance Ne li quelx maintient le pis.
Dont l'on s'oste de doutance 67 Guillaume, fox et pensis
38 Et de freors. 1 remaindroiz tote voie,
Tant comme soie en balance Et cil qui ensi donoie
N'iert ja mes cuers sanz paor. Est mout chaitis.
71 Bien vuil que Gilon en croie,
Et sor Jehan m'en sui mis.
N°319,folio 128b. Jeu parti (Raynaud 1393)
entre Raoul de Soissons et le roi de naoarre

jOu
- re, lo --ez moi a choi
so-vent s'a - mi - e sen
-
-
sir D'un
tir, Bai -
jeu
sier,
: Li quelx doit mieuz va
a - co - 1er, sanz ve
-
-
loir,
oir,

Sanz par -ler et sanz plus a -


voir, A touz jors mais, de ses a - mours,

Ou par -1er et- 1


ve -
oir touz jors Sanz sen -
tir et sanz a -
to •
chier.

Se l'un en - vient
co a lais-sier, Di - tes li quelx est moins joi - anz,

Et dou quel la joie est plus granz.


II IV
12
Iflaoul, je
vos di sanz mentir 34
aoul, dou resgart m'est avis
Que il ne puet nul bien avoir Qu'il doit plus ami conforter
Emprendre ce dont il morir Qu'estre de nuit lez li pensis.
Couvient ami par estovoir. La ou l'en ne puet alumer,
16 Mais, quant il ne puet remenoir, 38 Veoir, oïr, joie mener,
Ou veoir a plus de secors L'en n'i doit avoir fors que plors,
Et ou parler qui est d'amors. Et, s'ele met sa main aillors,
Si bel ris et si solacier Quant vos cuidera embracier,
20 Feront ma dolour alegier, 42 Se la potence puet baillier,
Que je ne vuil estre semblanz Plus avra dueil, je vos affi,
Mere Mellin, ne ses paranz. Que de mon gros ventre farsi.
III V
ois, vos resemblez
23
.ire, vos avez mout bien pris 45 le gaingnon
De vostre amie resgarder, Qui se venge en abaiant.
Que voz ventres gros et farsiz Pour ce avez mors en mon baston
Ne pooit soffrir l'adeser. De quoi je m'aloie apuant.
27 Et por ce amez vos le parler, 49 Mais pris avez a loi d'enfant,
Que vos solaz n'est prouz aillors. Car il n'est si granz tenebrors,
Ensin va de[s] faux plaideours Se je tenoie le douz cors
Dont li semblant sont mençongier. De ma douce dame ambracié,
31 Mais d'acoler et de baisier 53 Que ja me peûst ennuier,
Fait bone dame a son ami Et si me puis mieuz délivrer
Cuer large, lëaul et hardi. De mon bordon que vos d'enfler.
VI
56jglaoul, j'aing mieuz votre tençon Veoir et oïr, qu'estre aillors,
A laissiertout cortoisement Rire, parler et solacier
Que dire mal, dont li felon 64 Douz moz qui font cuer gaçoillier,
Riroient et vilainne gent, Et resjoïr et saoler —
60 Et nos en seriens dolant. Que en tenebres tastoner.
Mais mout vaudroit mieuz en amours 297
OL320, folio 128d.
Cl)an50n de (0QCC Brulé (Raynaud 1501)

S)0 pris dA
- -
Se m'en pe
-
-
mors et ploms d'i
üs - se escon -
di
• re
re, De
M'es - tuet par es
tot le lais
fort chan
- sasse es
-

ter.
ter

Ce me toit jo - er et ri - re, Que la me co -


vient pen- ser

Ou l'en plus vuet mon mar -


tire, N'achoi-son n'i puis tro ver Fors bien a-mer. -
10
ai II
mainte foiz oï dire : 37
Hl'Amors ne me puis desfendre,
Face de moi son plesir.
V

Faux cuers fait desesperer.


Li esmai et li consirre Legierement me puet rendre
Doivent la joie amener. Ce qu'el m'a fait deservir.
14 Que leax amis desirre, 41 Bien l'ai apris a atendre,
En ce me doi conforter. Ne doi perdre por soffrir.
Bien me puet ma dame ocirre, Las !
por ce n'est mie mendre
Ja ne m'i verra fauser :
finer.
M'angoisse dont je sopir
Sanz repentir.
C'est sanz

III VI
oucementmestuetdest[r]aindre, 46 ame, moins en voi entendre
19
Quant cele me dit « Amis
Dès or mais puet bien remaindre
: A trichier et a mentir,
Mais onques n'i soi aprendre ;
Ce que vos m'avez requis. » Si puisse de vos joïr !
23 Qu'amors est legiere a faindre, 50 A ce vos en poez prendre
Puis qu'el change en dous païs. Que lëaul sont mi sopir ; vendre
La ou autres puisse ataindre Si est granz pechiez de
Ne sera ja mes cuers mis ; Joie que l'en puet merir
A tel désir.
Si l'ai empris.

28 f IV
e ne me sai de li plaindre, 55
î^ ascoz dit qu'amours emprendre
Ne doit nus sanz maintenir
Ne ne doi, ce m'est avis.
Trop seroit fors a destraindre Jusqu'au morir.
Mes cuers, puis qu'il l'a empris.
32 De tant est ma dolors graindre,
Que je l'ai de loing apris
A desamer ou a faindre.
Deceü m'a ses douz ris
Et ses clers vis.
N°321, folio129b. Cl)an50n de 0dCe Brulé (Raynaud 1867)

- anz a
Puisque tou - ten - te de guier
-te s'en-ten-ci - re -
-
don
on
M
A
ou - troi a ma da
si -né
tor a
- me ser
moi ha
-
-
VIT,
ïr

Qu'e -
le m'o -
cit a des - rai - son. ja Dex mais ne m'en doint jo - ïr

De rien, fors que de tot mo rir, Qu'au trement ne me puet fail lir
- -
-

L'i - re dont el seit l'a - choi - son.

II
errant mestier a de guierredon
nc por eux ne me quier garder
V
10
Qui ainz ne fina de servir ; 37
Que plus n'aie amé et proié —
Et g'i ai si m'entencion
Qu'il me covient mout bien haïr.
Tout sanz trichier et sanz fauser
L'amour qui tel soing m'a lessié.
-
14 Por ce si toing a desraison 41 Se les dous parz de li amer
De proier touz jors sanz joïr. Ne me toit, bien est sanz pitié.
Moins aing tel vie que morir, Ou viax doint ma dame congié
Que a ce ne puis je faillir ; Dou felon panser retorner
Qu'ele a por ma mort comencié.
Si en ai leal achoison.
III VI
19
out tieng a cruel la prison 46 1ien deüst ma dame garder
Dont fins amis ne puet issir. A ce que j'ai cinq anz proié.
Por ce, se mon cuer ai félon, Se je la vousisse fauser,
Qui son mal quist pour moi trahir, Pieça que l'eusse laissié.
23 Or n'i voi autre reançon 50 Mais tant la vuil de cuer amer,
Fors que d'atendre et de servir Que ja dou cors n'avra pitié.
Les max dont nuns ne puet garir Espoir si l'ai fait sanz congié,
Fors ou trichier et ou mentir. Mais griés sera a retorner
Mais n'i morrai se lëaus non. Amors, puis qu'ele a comencié.

28 ;È|ex ! IV
tant me plait ceste prison
Que ja voir n'en queïsse issir.
55
'i puet ma chançon definer
D'Amors qui si m'a essaié.
Mais si losengeor felon Le conte Joffroi ai proié
Qui se poinnent de moi trahir Que n'ait envie de fauser ;
32 Ne vuelent panre reançon, — Mort seriens par son pechié.
Lor cuers ne le porroit soffrir, —
Ensi ne le puis je garir,
Quant au trichier ou au morir
Ne panroie se ma mort non.
N° 322, folio 129d.
Ct)at1S0n anonpme (Raynaud 5)

-'one
Je
i - re d'à - mors en -
sein - gna A nul de
vra Quel consoil
-
hai - tié de chan
el en puet do
- ter.
sui cil par cui on sa - - ner

Car i-tex est ma vi - e ; Et vos qui m'o - ez -


de men - ter,

Ne vos re - trai - ez mi e Por ce, de bien a - mer:

Qu'ele a bien po -
oir de me - rir Toz les maux qu'e - le fait sen - tir.

II III
il oz les max que Dex commanda 21
It por ce, dame, vos demant
Et que Dex porroit endurer Quelx est la vostre volentez :
Avrai je retrait, ma dame, ha, Volez vos que j'atende tant
Por vos que ne puis oblier. Que losengier soient passé?
15 D'autre amor n'ai envie, 25 Volentiers le feroie,
Iceste [amors] est sanz finer, Mais li monz en est si pueplez
N'en repentirai mie, Que trop grevez seroie
18 Neis se je muir [d'amer]. 28 Ainz que fuissent passé
Si doing je m'ame a vos servir, Cele [tant] envieuse gent
Quant li cors nou porra soffrir. Que li plus dou monde s'i prent.
N° 323, folio 130a.
Ct)anson de Bestourné (Raynaud 1629)

ji - re Dex, en to - te gui - se M'avra Amors de - me -


né, Ainz ne m'i

tro - va las - sé
N'esloignié de son ser-vise, Ne ja pornul autre a -
fai - re

Rien ne me por
1
- -
roit tant plai - re Que j'e -
üsse au - tre pan -

Fors qu'a ma dame et a Dé.

9 -. II
Dex, ele a si prise
Grant valour et grant beauté !
To(s)t est en li assemblé
Par pitié et par franchise
Et s'est si tres debonaire
;
13
Que nuns ne porroit retraire
La grant debonaireté
De li, fors moi et fors Dé.
N° 324,

-e En
folio 130b.

par for
la
-ce .de
moil-lour des

De bien qui ne me soit max.


Cf)art50n

Par lor douz co - man - de - ment


Me - ïs - sent en lor po - oir,
mer-ci
loi aus,
-
de (Bautier d'Epinal

-
Ne des cent A
Ja ne m'en ver
A J

Un pe-tit d'es-for-ce-ment
-
-
J 1-
mors

Mais, se pi - tiez a - vec aux,


rai
JM

Lors porroi - e — — — — joie a - voir


-
(Raynaud 1059)

-
co - raux
sai si

II
II
eau Dex, que ne fu ensi
L'amors fine communaus
2 le III
vos remirer ensi,
C'est m'uevre chascun jornal ;
Que haut et bas fust igaus ! Et la colors naturaus
Mais ce qu'ennors est en li De la face que je vi
25 C'est fins rubiz et cristaux.
15
Dex !
Tiennent a honte li faus.
qui les orroit entr'aus
Conter et dire sovent
Li sorciz semblent esmax
En or assis finement,
18 Lor faus adevinement 28 [Par devin comandement]
De faire mençonge voir Et li huil me font por voir
Por fins amanz decevoir ! L'estoile jornal paroir.

31
los estes li superlaux
Royne d'entendement,
D'onour, de pris, de jovent !
Vos a bien Dex trait a hoir,
Qui abat felon pooir.
N° 325, folio 130c. Cl)an60n de Robert du Cbastel (Raynaud 1789)

e j'ai chan - té sanz guierredon a voir


Mon chant lais - sier, ainz doi en bon es - poir
- Tout mon vivant, por ce ne doi je mi
A - mors ser-vir, car lamieuz ensei - gni - e
- e

--.- - V
Qui Soit ou mont, de sen, de cor -toi - si - e,
Me fait Amors si de fin cuer a - mer
in

Que tuit mi mal me sont douz sanz a - mer.

8
l II
doucement me fait Amors doloir
Qu'il m'est avis cil ment par tricherie
22
es IV
maux d'amors me lo fors de raison,
Car c'est li max qui plus m'a fait grevance.
Qui dit qu'Amors li fait mort recevoir : Sovent me dit que ne doit guierredon
II Car bone amors est parmenauble vie. 25 Pas recevoir de si haute vaillance ;
Qui bien aimme, il ne li grieve mie Mais lëauté, ou je ai ma fiance,
S'il a travail de veillier, de penser
C'est fins desduiz, d'amie desirer.
: Fait tant por moi que je ne puis cuidier
Qu'aie servi si lonc tens sanz loier.

15
e III
la desir si de leal voloir
Qu'ensi m'envoit sa douce compaignie.
28
V
It, puis que j'ai si tres bele achoison
D'amer cele qui sor touz a poissance
Dex ! con je l'aing de cuer sanz decevoir, De moi donner confort et garison,
18 Sanz trahison, sanz point de vilenie ! 31 Je doi soffrir et metre en sa voillance
N'est pas amanz qui trop quiert a s'amie Mon guierredon ; car j'aing mieuz par soffrance
Ne toz ses biens vuet a li achever ;
Nuns gentilx cuers ne s'i doit plus fier.
Et par son gré avoir mon desirrier
Qu'estre a mon bel o li por sohaidier.

36
hançon, va t'en et si di la plus franche
Qui soit ou mont, ce os bien tesmoignier,
Por s'amour chant, n'i quier el gaaingnier.
N°326, foiio 131 a. Chanson de croisade (Raynaud 1126)
du djâtelain de Coucp (?), relatioe à la croisade de 1202

'onque nuls hons por dure de-par - ti - e Ot cuer dolant, je l'avrai par rai - son.

On - ques tor - tre qui pert son com - paig - non Ne remest jor de moi plus es - ba hi - e.
-

Cha - cuns plo - re sa terre et son pa - is, Quant il se part de ses co-raux a - mis.

Mais nuns par-tirs, sa - chiez, que que nuns di - e. N'est do-lo-rous que d'à - mi et d'à - mi - e.

II IV
9 .e seüsse depremiers a l'emprendre 25
çn confort voi en vostre dessevrance:
Que li congiez me tormentast ensi, Que je n'avrai a Deu que reprochier.
J'eusse mise m'ame en vostre merci, Mais, quant por li me covient vos laissier,
S'alasse a Deu graces et merciz rendre Onques ne vi si dure dessevrance.
13 De ce que ainz soffrites a nul jor 29 Car cil qui voit tel amor dessevrer
Que je fusse beanz a vostre amour. Et n'a pooir que puisse revovrer
Mais je m'en tieng apaiez a l'atendre, A assez plus de duel et de pesance
Puis que chacuns vos aimme si sanz prendre. Que n'avroit ja li rois, s'il perdoit France.

17
i III
revoier m'a mis en la folie
Donc je m'iere gardez mainte saison.
33
t V
ar Deu ! Amors, touz sui hors de balance!
Partir m'estuet de vos sanz demorer.
D'aler a li or ai quis l'achoison Tant en ai fait que ne puis plus durer

21 Vaudra bien mort ;


Dont je morrai, et se ne muir, ma vie
car cil qui a apris
A estre liez, renvoisiez et joliz
Et, s'il ne fust de remenoir viltance
37 Et reproche, j'alasse demander
A ma dame congié de retorner.
A assez pis, quant sa joie est faillie Mais ele est, voir, de si tres grant vaillance
Que s'il moroit tot a une haschie. Qu'a son ami ne doit faire faillance.
N° 327, lol'io-131-c. CI)an60n anonpme (Raynaud 2061)

e j'ai chan - té, ne m'a gai - res va


Meil-lor de moi ont main -te foizfail
- lu
- li.
; 1 Au loing a - 1er, se Deu plait, me vau
Mal da-haz ait, qui por ce se fain
-

dra.
dra

De bien a - mer , quant ma da - me plai - ra, Li guier -re - dons m'en se - ra bien ren-duz.

A li me sut jus- qu'a or - ten - duz


a -
Et a ten - drai tant con or h plai - fa.

N° 328, folio 131. Cfyartôon anonpme (Raynaud 682)

o
Et
- vent
se
m'ont
j'aing
de
-
au
- man
si
-

fi
-
la gent Se je ai par a
ne-ment Con j'enai le
- mors chan
sem-blant mos -tré - té

Et com j'ai chan té so - vent. Mais bien sai-chent vrai - e - ment

C'onques ne chan-tai, Ne ja ne fe - rai A jor de ma vi - e, Sanz a - mour jo - li - e.


N°329, folio 131 d. Chanson anonyme (Raynaud 1218)

.e - lors vient de - bo - Je - vroi e bien va


va
Car j'ai A - mor
ner
me
quime fait a
ne
grant -
vi
hi
- e.
- e.
de
Et m'est a -

vis que to
-
-
loir par
te l'a-choi
rai, son.
• son

Prei-gne d'A - mors qui que vuil - le va - loir. Et j'ai si mis tres-tot a non-cha - loir

- -
La eu sen çoudecest siegle et l'ar-du - re. Que jene quierforschan-teretdes - dui - ra

II IV
9
hanter me fait la tres grant seignorie 25
tnvos servir vuil user mon aage,
Qui d'Amors vient et de son douz renon, Douce dame, ploinne de grant valour;
Car la plus bele et la mieuz enseignie Quant je remir vostre simple visage
Qui soit ou mont me tient en sa prison. Qui est touz ploins de promesse d'amour,
13 Hé ! fine Amour, a cui tot m'abandon, 29 Mes cuers fremist de joie et de baudor.
Ja savez vos que ne fu si pris hom
;
Con je sui pris se vostre cortoisie
Ne me secourt, ma grant joie est faillie.
Puis après ce me prent une dolor
Qui ne me lait descovrir mon corage
Vers vos, dame, cui j'ai fait lige homage.

III
17 ecorrez moi par vostre grant franchise, 33
4r V
est ensi que je n'ox ma pensée
Ma douce dame cui j'aing sanz repentir. Ne ma dolour qu'en chantant descovrir
Certes, bien voi j'ai grant folie emprise, Vers ma dame, que j'ai lonc tens amée,
Se de vos n'ai que me face esjoïr. Ne ja nul jor ne m'en quier départir.
21 Hay, Amors 1
car li faites sentir 37 Car je l'aing mieuz sanz nul espoir servir
La grant dolor que me fait sostenir I Qued'autre dame avoir tout mon plesir.
Et, s'ele vuet, praigne de moi justise, S'en chanterai ce chant qui mout m'agrée
Mais que toz jors me lait en son servise.. Pour la moillour qui soit en la contrée.

41
trevoz dou Liege, mon chant je vos envoi:
Mais sachiez bien des maus que je sofiroi
Ne garirai, se cele ne m'alege
Qui plus legier me puet faire que liege.
N°330, folio132b.CI)an$On anonpme (Raynaud 524)

1 II
i or toutes riens soit Amors honorée, 8 ors et Amors sont de grant seignorie;
Car par li sont li nonsachant norri, Bien les doit on ensamble comparer,
Et li choarz lor valor recovrée, Car tot le mont ont pris en vouerie,
4 Et li preceus en sont ravigoré, il Ne nuns ne puet de lor laz eschaper.
Et li sage en sont desnaturé,
Si que dou tot reviennent en l'enfance ; Bien ait de Deu qui lor ieulz fist crever
S'Amours veïst, ne croi, que que on die,
:
Si met Amors bien et mal en balance. Que vrai amant eüssent longe vie.

N°331, folio i32c.Cf)Qnson du roi de Haocirre (Raynaud 906)

Ipoutau-tre confraintnoif et Que vient es tez. que li douz temps re-pai-re


- si y - vers. -
Se doit fraindre li faux proi-er-res sers. Et fins a - mis a-men-der son a - fai-re.
.oOL- 141

Et je dout mout qu'il ne me soit di - vers. Se il tot est es au - tres de-bo - nai - re.

Mais tant me fi la ou beau-tez re - pai - re, Qu'aÿ - manz sui, se tout n'est vers moi fers.
II IV
9
ar ! Deu Amours, ainz serai tainz et pers 25
ertes, dame, bien cuit a esciant
Et
plus destroiz que cil qui porte haire N'i doi perdre, se ne me puis desfendre.
Que ne sache de vos un autre vers De vos amer me va Amors hastant,
Que n'est ici qui tant me fait mal traire. Que je me clain voincu sanz plus cop (p)rendre.
13 Ne soyez pas com(me) li cignes (sers) qu'adès 29 Et vos tenez le baston en estant,
Bat ses cignez, quant il lor doit mieuz faire, Si faites tant c'on ne vos puist reprendre.
Quant il sont grant et il vient a son aire, Et je vos vuil avuec ce tant aprendre :
Et a premiers les a norriz et ters. Se m'ociez, n'i gaingnerez néant.

III V
17ule poinne, qui guierredon atent: 33
Invis prent nuns nul oiselet au broi,
Ce est aise, qui bien i seit entendre. Que nou mehaint ou ocit ou afole ;
Car qui adès vuet faire son talant Et Amors prent tout autretel conroi
On i puet bien mainte chose reprendre. De mout de ces que el tient a escole.
21 Tex chevauchent mout acemeement 37 Gent les atrait, si lor mostre por quoi
Qui ne sevent lor grant honour atendre.
En Amors a maint guierredon a prendre
Dont el puet bien son dru faire joiant. ?
Que vos dirai De ci ce poise moi.
:
A premiers est chacuns si liez qu'il vole.
Mout m'atrait bel mais ci me faut parole.

41hançon, va t'en cele part ou je voi


Douz cuers au moins, que que die en parole
Et se mi huil sont loing (d'aucun), ice m'afole ;
;
Mès je me fi tot adès en ma foi.
N°332, folio 133 b. Cl)an60n du roi de îlaoarre (Raynaud 1479)

Ipout
au - tre - si con l'en - te fait ve nir Li a - ro - sers de l'ai - gue qui chiet jus.
Fait boneAmorsnaistreetcroistre et -
flo
-
rir Li re-mem-brersparcos tume - et par us.

D'A-mor le - au) nlert ja nuns au de - sus, -


Ainz le co vient au de - soz main-te - nii.

Por c'est ma dou - ce do -


lour Ploin - ne de si grant pa ;
- our
Da - me si fais grant vi - gour

De chan-ter, quant de cuer plour.

II
II
leüst a Deu, por mes dolors garir,
Que fust Tysbé, car je sui Pyramus.
31
a IV
prophete dit voir, qui pas ne ment,
Car en la fin faudront li droiturier.
Mais je voi bien ce ne puct avenir
Ensi morrai, que
;
ja n'en avrai plus.
Et la fins est venue voirement,
Que cruauté vaut merci et proier,
15 Ahi ! bele, con sui por vos confus, 35 Ne servises ne puet avoir mesticr,
Quant d'un carrel me venistes ferir Ne bone Amor n'atendre longuement..
Espris d'ardant feu d'amor, Ainz a plus orgueulz pooir
18 Quant vos vi le premier jor ; 38 Et bobanz, que douz ;
voloir
Li ars ne fu pas d'abor, Ne contre Amour n'a savoir
Qui si trait par grant doucor. Qu'atendre sanz desespoir.

III V
(eeame), Se le servise Deu amesse autant ç^vgles.
21 41 sanz vos ne puis merci trover.
Et priasse de verai cuer entier Bien sai et voi que touz biens ai failli,
Con je fais vos, je sai certainnement Se vos ensi me volez eschiver
Qu'en Paradis n'eüst autelloier. Que vos de moi n'aiez quelque merci ;
25 Mais je ne puis ne servir ne proier 45 Ja n'avrez mais nul si leal ami,
Nuilui fors vos, a cui mes cuers s'atent, Ne ne porrez a nul jor recovrer.
Si ne puis apercevoir Et je [me] morrai chetis,
28 Que ja(i) joie en doi avoir, 48 Ma vie sera mais pis
Ne je ne [vos] puis veoir Loing de vostre beau cler vis,
Fors d'eulz clos et de cuer noir. Ou naist la rose et li lis.

51 ygle, j'ai toz jours apris


A estre lëaus amis ;
vaudroit mieuz
Si ne un ris
De vos, qu'autre paradis?
N° 333, folio d.
133
Chanson de pierre de molaines (?)(Raynaud715)

dfbantsaid'A-mors? c'est -
plusl'em prent Et mieuz la sert, et pis li est me ru
ci] qui
-
-
De ce sui liez que je la co nois tant. Par quoi j'en ai mon pensey de-par-ti

Et mon co • ra - ge Lon-gue- ment m'a de - ce - ü et tra - hi Par mon fo • la - ge.

Ne ja-més hons n'iert se - nez Qui bien suit ses vo - len tez.

II IV
10
c^ hi! Amors, de vostre beau semblant, 28
uant Amors a mauvaises toiches tant
De decevoir dont tot le mont chasti Par qoi cil a le peour jeu parti
Qui tant par est douz au comencement,
Tant que fins cuers avez pris et saisi
Qui aimme adès que cil qui se repent
Ses joanz cuers vaut mieuz de cuer marri.
;
14 Et son homage !
Et quant il plus vos criera merci,
32 Qu'en lonc servage
Est qui aimme. Qu'Amors est, (je) le vos di,
Plus trueve(ra) outrage. De tel usage
Por ce sui de vos tornez ; Que jamais hons qui soit nez
Si n'en doi estre blâmez. Qui aint, ne sera amez.

III
19
te saichiez bien qui a Amors s'atent 37 toutes
V
les riens c'umilitez desfent,
Que ja n'avra nul peour enemi.
Plus est cruelx, quant on moins se desfent,
Ne heit rien tant con el fait son ami ;
Et cortoisie et franchise autresi,
Faites, Amors, ce sai certeinnement
Por c'ai a vos et vos a moi failli.
;
23 Bien est sauvage !
Ha ! qui savroit les maus que j'en senti
41 Mal seignorage
Fait mal servir, por ce vos ai guerpi,
L'ire et la rage Qu'en mon domage
Ja ne seroit ses privez, Parçui, si con vos savez,
S'il n'estoit plus que desvez. Vos tres granz deslëautez.

VI
46
qe ertes,
Amors, jamès bien finement
N'amera nuns. Por ce ne m'avoi ci :
Tant vos trovai orguillouse et tirant,
Sanz guierredon, n'onques pitié ne vi.
50 Qu'autre viage
Suigrai, que vos bien le saichiez de fi,
Tot mon aâge.
Quant je vos sui eschapez,
Bien fui fins cuers coronez.
CAV
mon maistre t'en va, chançon, di li
55
Cest message :
Que mençonges et ver(i)tez
M'ont fait Amors dire assez.
8

il

15
-
N° 334,

ifbant m'a me
Que

Quece

Puis qu e

Ce que je
lem'a

echié fera,

folio 134b.

je

le
ne
-

gre

l'ot en son

II
-
né for
puis plus ce-ler

l'aing si amorousement.
Qu'en li amer ne crien mort ne domage,
Telx est l'amours qui m'enflamme et esprent.
Morir en puis, mais point ne m'en repent.
Que mon fin cuer li domai d'avantage,
Quant j'esgardai son cors premièrement;

f1ne
III
des riens qui plus me tient en ire
Ce me fait ce qu'ele fait beau semblant
Vers une gent c'on ne puet trop despire,
18 Félon, sanz foi, cruel et mesdisant.
Et quant les voi devant li ennuiant,
Lors si ne sai que faire ne que dire
Touz esbahiz m'en obli en estant.

36

43
Chanson

ce de seigno
mon co

vé trop Ion. gue


co

s'ele tient a outrage


-
man

;
de
- ra -
- ra

-
• ge
ge

VI
de <0ace Brulé

Et une a
Si chan-te

22

29

uns ne se doit de lëaul Amor faindre,


Puis qu'il i a son servise outroié.

Et, se li plait, mout m'a bien essaié.


Onques ne soi decevoir ne ataindre
Dont maint felon se seront avancié.
ëz, Gilet, lonc tens m'a travaillé
Ma leautez qui ne puet pas remaindre.
- •

ment QUI de mon cuer ne pnst onques hos

ment

e IV
(Raynaud 42)

mor qui au cuer me des


- fent.
rai, s'e - le nou me des

ta
-

ceste amor, donc je trai a martyre


Qui devant li me fait dormir veillant ,-[
Ne porroit nuns, ce cuit, mon mieuz eslire.
25 Car autresi mi revoil en dormant

De vos amer, ensi l'ai comencié.


;
Lors vient sa joie et vient a son talant.
Si angoissox me truis a l'escondire
Qu'a pou mes cuers ne part en sopirant.

H|
V
ouce dame, onques ne me soi faindre

Ma volentez en est chacun jor graindre


32 Ne contre ce n'avez de moi pitié.
Qu'Amors le m'a comandé et proié
Que fins amis doit morir en atendre
Ce qu'ai touz jors pensey et covoitié.

Ce n'est mestiers, tant ne mi set destraindre


39 Que ja vers li aie mon cuer irié.

[Si croi qu'Amors vos a mal consoillié.]


cent

:
;
ge.
ge,

f
N° 335, folio 134d.
Ctjaneon de Blondel de nesles (Raynaud 1095)

éfbant ai me
en chan - tant proi - é Que bien por -
roit mais re - -
noir,
Puis que de moi n'a pi - tié Ce - le qui set bien mon vo -
loir.

Si n'en puis a- -
voir con gié, Qu'a fine A - mor a[i] -troi -é:
ou

Tant con j'ai-e senne cuer ne -oir


po Ne lais-se -rai mon chant ne s'a-mis - tié.

II IV
9
oment qu'ele m'ait lessié 25
i§a
ne quier que nuns m'ensoint
En ire et en dolor menoir, A issir fors de prison,
Doucement m'a engignié, Ainz voil bien s'Amours m'ataint
Se ja plus n'en cuidoie avoir. Qu'envers li fais trahison,
13 Que qui m'e[n] tiegne a trichié, 29 Que ja de moi ne se claint,
Je di que bien ai emploié, Mais si, com oi me destraint,
Se ma dame fesoit de moi doloir [Me destraigne] sanz avoir garison,
Les maux qui m'ont por s'amor travaillié. Ne ja voloir ne li doint qu'ele m'aint.

III V
ouce dame, en vo(stre) cuer maint
$ mon cors ont assailli
17
Et en vo(stre) [clere] façon
33
Li mal d'Amors, si m'ont grevé
Mais ainz ne s'i desfendi
;
La joie qui me soffraint
Et li biens dont'j'atent le don, Li [fins] cuers qu'il i ont trové.
21 Que vo franchise m'^n^iint. 37 Dame, or en aiez merci !
[Et s'il en vostre cuer remaint] Se de moi ai fait vostre ami,
Que je n'aie par vos se dolor non, A l'ahie de vostre grant beauté,
Donc ne sai je qui a joie remaint. Ne m'en devez tenir por enemi.
N° 336, folio a.
135
Chanson du Vidame de Chartres(?) (Raynaud 130)

w djsant ai d'amors qu'en chantant m'estuet plaindre. C'est, ce m'èst vis, mout
Car a-dès pens que par cedoie a - taindre La ou je n'ox par
es - trange me - niercr-
1er -
d'autre proi ere. -
Et des po ours est ce la moi - e grain - dre, Que nou sachent fau - se gent nove -lie - re
Qui a - dès -
font la bone œ-vre re-main dre - Et les a-manz trai-ent auques ar rie-re -

cil dou mont la mieux a

r
De joie a Dame, mer mé Satlz de voir.
- voir. - - - e, - ce - -
II IV
12 me covient essaier et ataindre
Amors, que trop conois a costumiere,
34
eax sire !
con est morte esperance,
Dex
Et la dolors qui m'est au cuer entrée !
Qui vuet les suens plus grever et destraindre ; Et si j'en muir, mout iert povre venjance.
Ne ja mon vuil ne parust a ma chiere. Ce poise moi, qu'ele en sera blasmée.
16 Par maintes foiz me sui penez de faindre 38 N'iert pas ensi. Cornent donc? Par soffrance
D'autre semblant dont li pensers n'[en ]iere.
Qu'adès cuide esquachier et ataindre
Porroit estre ma joie recovrée
Et, se de li me vient ma délivrance
;
19 Por volenté qui toz jors [si m'en] iere 41 Touz jors serai mais fors de sa contrée
Por joie avoir. Sanz joie avoir.

23 -!
Dame.

Dex
III
toutes riens vuil avoir s'acointance.
por quoi l'ai? que ne me fu vehée?
Que ce me trait l'ire et la grant pesance
45
Dame,

out V
li avrai ceste merci requise
Dex, tant la vuil, ne cuit que je la voie
Ne je ne sai qui ensi l'a aprise
;
Que jamès n'iert de ce mien cuer ostée. A moi grever, qui en li me fioie.
! ! !
27 Ha qu'ai je dit Ainz est suens sanz faillance.
Non est par foi, puis que ne li agrée.
49 Chançon, va t'en, si li di a devise
Les max que sent et soffre-toute voie.
? ?
Ne miens ne siens dont est il en balance
30 Si ne puet pas avoir longue durée
; Mais se de moi ne li est pitiez prise,
52 Je sai de voir que longues ne vivroie
Sanz joie avoir. Sanz joie avoir.
Dame, Dame,
VI
56
einz de voloir n'oï faire justice.
Las, or comper ce que plus desirroie.
C'or voit Amors qu'a servir l'ai emprise
Et que por riens partir ne m'en porroie.
60 Dex, ja dit l'en qu'en Amor a franchise
Je cuit mais plus volentiers le savroie !
:
Que, s'ele est tex con chascuns la devise,
63 Ja voir de li, ce cuit, ne partiroie
Sanz joie avoir.
Dame,
N° 337, folio 135d.
Chanson de ŒdUtiet d'Épinal (Raynaud 728)

ouzes-for-ciezav-raichan-té so-vent Sanz a-choi-son et sanz a-mourve rai-e,


Maisorme doneAmorscuer et ta-lant Et vo-len té,quevers -
me re-trai-e. li -

Pour mal sof frir Ion


Ainz a - -
ten
-
drai bo
-
-
gue
ne
-
-
ment N'ai soing que
ment Mer - ci, se
je
ja l'a-vroi
re -
croi -
-
e
e,

Q'or goil - lous sert fo le ment, Qui n'a - tent Son bien et sa joi - e.
- - -

II III
12
einz mais, Amors, si debonairement 23
iêien doi atendre et soffrircest torment
Ne servi nuns en la vostre menaie. Por ma dame, quelque mal que j'en traie;
Mais paour ai ne m'aille delaiant Que ]a n'avra confort n'aligement
Par grant demore et par longue delaie ; Nuns [hom] qui trop se redoute et esmaie.
16 Ne ja n'i perdrai néant. 27 Et, se mon cuer desirrant
Certes, mieuz [me] morroie Son plesir n[e] outroie,
Que n'atende a mon vivant Puis qu'il n'ait riens en talant
Ou plus, se je pooie. Que plaire [ne] me doie,
20 Petit iroie prisant 31 Folx seroie. A li me rent,
Mon torment, Quitement.
S'Artu ne veoie. Ou que veut, s'i soie.
N° 338, folio 136a.
Chanson de (Bautter d'Épinal (Raynaud 1840)

i
dfbout
1
autresi com l'aymanz deçoit
L'aguillete par force de vertu
17
f e voudroie
III
joïr de rien qui soit,
Se par celi ne m'estoit avenu.
A ma dame tot le mont retenu Si con la lune a son veoir perdu,
Qui sa beauté conoist et aperçoit. Quant la clarté dou soloil ne reçoit.
5 Mais je sui cil qui sor toz la covoit, 21 Ha ! franche riens, s'a nul jor avenoit
Et si n'i truis ne merci ne raison Que eüssiez ne merci ne pardon
Dont peusse venir a garison. D'ami verai, leal, sanz trahison,

9
i
Bien ait l'amours qui por mal ne recroit !
II
com l'arbre qui encontre le froit
Se tient de flor et de [sa] fuille nu
25
Por Deu ! gardez au moins que ce seroit.

fot IV
ausiment com de l'ombre c'on voit,
Que ce n'iert ja ne senti ne tenu,

13
Ai je mon sen oblié et perdu
Vers ma dame, quant plus mestier m'avroit
Ahi ! beau Dex, s'ele viaux conoissoit
: M'a ma dame sanz plaie ou cors feru
Que je ne sai dont vient ne que ce doit,
29 Fors d'un resgart que je vi qu'ele avoit.
La grant amor, la bone entencion Mais or le truis si cruel et felon
Dont li sopir vienent a tel foison
Ja fins amis a joie ne faudroit.
: Qu'ainçois l'avroit cent mile foiz uns hom
Resgardée, qu'ele lui une foiz.

N°339, folio 136e. Chanson de Perrin d'HngiC0UCt(?) (Raynaud 1098)

Ipres haute A-mor,qui tant s'est


A faire un chant m'a pres - té - e
abais
s'a - - si
hi
-e Qu'avec mon cuer se dai -
-e; Si chan - te - rai, car por
gna herber - gier
moi en-sein-gnier

A A- mors pris en moi son he - ri - ta - ge. Et, se je chant, ce n'est pas par u - sa - ge,

Ainz vuil chan - ter por ce que ce - le J'oi - e Quipuetmonduelfai-re de - ve-nir joi - e.
II
9
emors
me fist vilainne cortoisie, 25
ame, en cui s'estIVtoute honors assegie,
Quant en tel leu volt mon cuer emploier An moi grever poez forment pechier.
Ou Dex a mis de ses biens grant partie Se fine Amor vos a de moi saisie,
Que toz li monz i avroit que prisier. Ne me devez por ce plus metre arrier.
13 Je cuidoie qu'amant fussient tuit sage; 29 Vostre hons devoing, lëaus, de fin corage,
Sage non sont 1 J'aing, et si faz folage, D'une chançon rendue a héritage
Car j'aing dame que prier n'oseroie Le jor de may. Dex doint que bien l'emploie,
Et si n'ai huil si hardi qui la voie. Car ja n'avrai voloir que je recroie.

17tele que j'aing estIIIde tel seignorie 33 !


V
Ixlé mesdisant vilaine
gent haïe !
Que sa beautez me fait outrecuidier. De moi grever vos voi aparoillier.
Quant je la voi, je ne sai que je die, Et sachiez bien c'est mout grant vilenie,
Si sui sopris que je ne l'os prier. Car je sui cil qui n'en avroit mestier.
21 Las, j'en morrai, s'ele ne m'asoage. 37 Mais la douçour qui maint en son visage
S'ele m'ocit, trop fera grant outrage. De lëauté li porte tesmoignage.
Tant sent por li de mal qui me guerroie, Por ce si ai paour qu'ele vos croie,
S'espoir n'estoit, soffrir ne la porroie. Se la durté de vos ne la mesvoie.
N° 340, folio 137a.
Chanson de Oittcbert de BerneoiUe (Raynaud 1515)

Ipant me plait a es-trea-rais, Ma da me, la -


ou je pans.
Qu'ilm'esttout a - dès a - vis Quepri-mes a
----
— merco manz; -
-
Ne ie n'ai nulsenz Qui ne soit touz mis En a mer toz dis. Et, si ne m'essent,

-
-
Qu'il soit au-tre-ment; Tant con soi-e vis, Je ne soie o iz, Se je m'en re - pent.

II IV
13
timors, mon cuer avez pris, 37
Iranccuer, parfait de valor,
Certes n'en sui pas dolanz,
Ainz en sui liez et joliz
Mais venez toutes dedenz !
; A ma dame :
En toz bien fer et entier
de moillor
Ne me porroit sovenir.
17 Vocomandemenz 41 Maint leal desir
N[e] iert ja desdiz. Font en moi sejor
S'il est trop petiz, Que ja por dolor
Li cuers, et il fent, N'ierent amenri,
21 Plus joliement 45 Car de cuer d'ami
Ne puis estre ocis. La ser et aour,
De ma mort plevis N'onques mais greignor
La pès bonement. L'amor ne senti.

III V

25
te finoie a tel honor, 49
hançon, tu t'en iras la
Quant je devroie morir Ou j'ai tout mon cuer donné.
N'avroie mie paour La dame dou mont t'avra
De si faite mort sentir. Qui plus aimme en vérité,
29 Neporquant emplir 53 Foi et lëauté,
Ne puet plus d'amors Et qui plus en a ;
Li cuers a nul jor. En sa merci m'a,
S'amors de celi Amors l'a jugié;
33 Que je cri merci 57 Et j'ai outroié
N'i vient par ce tor, Quanque li plaira,
Porroit de douçour Mais qu'il n'i ait ja
Bien rompre par mi. Pa[r]lé de congié.
t9<
No3411,jolio 137b.

$elx
Cil
nuit
ne

Mes - di - sant, par lor


Chansonnette anonpme

qui ne puet ai - dier


m'orent gai - res chier

en -
vie.
; Bien l'ai pro - vé par m'a
Qui en ont fait m'e - ne

Dex lor en -
voit en -
(Raynaud 1250)

-
-
mi
mi

com - brier
-
-
e.
e.

Car con - tre touz ne puis mi - - e.

II IV
8 ifj'el'aing, si ne li os dire! 22
erci vos cri doucement,
Ja par moi ne le savra. Douce dame debonaire.
Si croi ce sera folie, La dolor que por vos sent
il En autre leu son cuer a. 25 Nuns ne vos porroit retraire:
Neporquant aucuns dit m'a Se je muir por tel afaire
Que je per par cohardie Sanz avoir alegement,
Bone amour, mais ce n'iert ja. Il vos devroit mout desplaire.
III 1
V
15 eesaVOlt ma pensée, 29
hançonnete, tuiras
La bele blonde au cors gent, A ma dame simple et coie
Bien seroit guierredonnée Et de par moi li diras
18 La poinne que por li sent. 32 Que siens sui, ou que je soie.
Mais ele est si près gardée, !
Hé las s'ele n'est pas moie,
Si croi, par mon esciant, S'en ai tant le cuer dolant,
Avoir ma poinne gastée. Plus que dire ne porroie.
N°[342,-folio|i37d. CI)ariS0n pieuse,duroideriaoarre (Raynaud711)

4Téant ai
Se
-A
je m'en part;
- vi - es Ion - gue - ment
mors ser
les co-mant,
Que dès or mais ne m'en doit nus re - pren-dre
C'onnedoitpastozjors -
fo lieem-pren-dre.
or a Deu

Et cil est fox qui ne s'en set des - fen - dre Ne n'i co - noist son mal ne son tor
- ment.

L'en me ten - droit dès or mais por en - tant. Car cha-cuns tens doit sa sai-son a - ten - dre.

II III
9 * e ne sui pas si con cele autre gent
17mors m'a fait maint bien tresque ici,
Qui ont amé, puis i vuelent contendre, Qu'ele m'a fait amer sanz vilenie
Et dient mal par vilain mautalant. La plus tres bele et la moillor ausi,
Mais nuns ne doit seignor servise vendre, Au mien cuidier,quionques fust choisie.
Encontre lui mesdire ne mesprendre. Amors le vuet et ma dame m'en prie
13
Et, s'il s'en part, parte s'en bonement
Endroit de moi vuil je que tuit amant
! 21
Que je m'en parte, et je mout l'en merci;
Quant par le gré ma dame m'en chasti,
Aient grant bien, quant je plus n'i puis prendre. Moillor raison ai je a ma trapie.

IV
25
eutre chose ne m'a Amors meri
De tant con j'ai esté en sa baillie.
Mais bien m'a Dex par sa pitié gari
Quant delivré m'a de sa seignorie,
29 Quant eschapez li sui, sanz perdre vie.
Ainz de mes ieulz si bon estre ne vi.
Si cui[t] je faire encor maint Jeu parti
Et maint Sonet et mainte Renverdie.
t.@
33 r me gart Dex et d'Amours et d'amer
Fors de cele que l'en doit aorer,
Ou l'en ne puet faillir a grant soudée.
N"343, folio 138a.
Gf^OnSOn de (0QCC Brulé (Raynaud 826)

disant de so -laz com-me j'ai por chan ter, Da-me, m'es - tuet de-guer-pir et lais -sier ;
Quant je ne puis en vos mer tro -ci -
- -
ver, Tropco-ven - dra machan çonem-pi -rier.

Por ce le lais, que joi - e m'est fail -


li - e ; Quant en vos n'ai a - ten - te ne fi - an-ce,

Ne ja d'ail - lors ne quier a - voir a - lii - e, Tost ai per - du con-fort et es - pe - ran - ce.

9
e II
me par fet dou tout desconforter
Qu'aillors ne poi la grant amor changier
25
om
IV
hons iriez doi[t] folement parler
Cil cui Amors puet si desconsoillier
Dont je ne poi mon corage celer Con el fist moi qui ne m'i soi garder.
Vers vos, dame, cui je n'ox mais prier. Si croi ma mort, quant ma volenté quier.
13 Orgueuz a ja mainte beauté trahie ! 29 Je nel di pas, dame, par felonie,
Por vos en ai sovent ire et pesance; Mais hons destroiz est toz jors en errance.
Mais se Dex [plait, vos n'avrez ja envie] Si par vuil tant la vostre compaignie
De ce voloir que touz biens desavance. Que li desirs double ma desestance.

17 III
ame, de vos ne me sai ou clamer, 33
<H
V
ex 1 qui porroit si grant amor porter
Car sanz Amors ne me puet riens aidier. Qui toz jors croist et sanz apetisier
Por ce m'estuet plus et plus comparer Par mon fin cuer qui ne set oblier !
Voz granz valors que mar soi acointier. Ce que trop vuil, si ne m'estoit mestier.
21 Vostre beauté et vostre cortoisie, 37 Ne faz pas sen, ne je n'i voi folie ;
Donc m'ociez vos et ma mescheance Qu'a force vuet cele ou je n'ai poissance.
Ont si de moi toute joie partie Tant a sor moi Amors grant seignorie
Qu'en ire vif, don[t] n'aten alejance. Qu'ele m'estruit raison et abstenance.

ëpal
41 cuens de Blois, Amorsestmalbaillie
S'ele m'ocit. Qu'ou rëaume de France
Ne sera mais si lëaument servie,
;
Neïs par vos car je l'apris d'enfance.
N° 344, folio138d.Chanson anont)me (Raynaud 1065)

- -
£fres fine A mors, je vos re quier mer ci,
Que ma da - me meteingnea son a - mi,
- Qu'en ce jor d'ui me fai- tes tant d'o nor
Quej'aingde cuer et de cors sanz fo lour.
--

C'est la riens que plus de - sir; En - si me doint A - mors de ., h jo - If 1-

Mieuz vuil por li lan-guir to -te ma vie. Qu'a-voir - li joi-e


de par tri-che - ri - e.

II
iflé !franche riens, ne metez en obli
9
Celui qui pense en vos et nuit et jor,
Car autrement m'avroient mal bailli
Vostre resgart simple, plain de douçour
13 Qui sovent me font frémir,
Si que jamès ne cuit a tens venir
A la joie donc je morrai d'envie
Se fine Amors, dame, ne vos en prie.
N° 345, folio 139-3.
Chanson anonpme - (Raynaud 99)

vout au tre - si con dou so - loil li rai -


Tro blent tant fort a l'o - on:
Qu'o-vrir
me le
-
nepuet,ainzl'es-tuet par es-mai Clor - re ses eulzqued'o -vnr
-
n'a po
ve
- oir

Tout au - tre • si, quant je -


ma da me voi, Et cuer et cors si dou tot i cm - ploi

Que des - se - vrer ne sai le mal dou bien: S'a-doncm'es -pren, nem'en de-man-dez rien.
II V

9
roiz et raison m'aprent, et bien le sai 25
ertes,
bien sai qu'il covient endurer
Que fins amis qu'aimme sanz decevoir Les fins amanz qui aimment sanz trichier,
Doit bien joïr d'Amours sanz lonc délai, Et les dames ne font pas a blâmer
Ainz que felon s'en puissent parcevoir. S'eles vuelent lor amis essaier.
13 Et c'est la riens dont plus sovcnt m'esmai, 29 Mais qui en puet un leal recovrer,
Qu'il ne saichent la pensée que j'ai Celui doit on et cuer et cors doner.
Vers ma dame dont toz jors me sovient, Por moi le di qui ainz ne resailli
Car de li muet touz li biens qui me vient. De bien amer, dès que premiers vos vi.

III V
17
tar Deu Amors, bien vos doi honorer
! 33
ouce dame que j'aing sanz repentir,
Et touz les jors de ma vie avancier, En vos ai mis tot mon entendement.
Por ce que vos me feïstes amer Si me doint Dex de vostre amour joir
Dame plesant, ou il n'a qu'ensoignier. Con je vos aing, de cuer, entièrement.
21 En li vost Dex tant de biens essambler 37 Trop longuement m'avez fait alanguir !
Que riens n'i faut que g'i puisse trover S'il vos plesoit, tens seroit de merir
Fors que merci, dont point ne truis en li;
S'en ai le cuer et le cors moins joli.
Le guierredon qu'ai lonc tens atendu
Ou, se ce non, mar vos vi et mar fui 1
;
N"346, folio 139e.
Cbcinson de <0adifer d'Anjou (Raynaud 2054)

ant ai d'A mours a - pris et en - ten - du Que nuls fors Deu ne m'en puet plus a -pren-dre.
--
Et nonpor quant j'ai simonsen per-du Qu'au grantbe-soing je ne me saides fen-dre. -

Si me mer -
voil de ces que voi en - pren - dre Si cru - el fès et n'en sont es - per - du.

Mes il n'ont pas le mes - tier co ne - u, Si ne se-vent de lor maux gar -de pren-dre.

II IV

9
ui mal ne set, ne ne l'a conneü, 25
ouce dame, prouz et sage et vaillanz,
Ja par lui seul ne s'en porra desfendre. Qui de beauté, de sen, de cortoisie
Uns avugles qui onques n'a veü Avez passé totes dames vivanz
Fosse ne pois, tost i porroit descendre Qui ore sunt ne qui furent en vie :
13 A un piler son chief quasser et fendre. 29 A jointes mains je vos requier et prie
Por celui Deu qui nasqui dignement
Ensi est il de cés qui n'ont sentu
Les tres griés fais qu'Amors ont portendu ; Qu'aiez pitié dou plus leal amant
Qui ainz amast a nul jor de sa vie.
Trop est hardiz qui amors ose atendre.

III V
<j^n hançon, va t'en,
fai savoir toz amanz
17 Amors a tel force et tel vertu 33
Que nuns fors li ne se porroit desfendre. Que ci porroit on tel example prendre
Dex, je m'en sui si bien aperceuz
Sen et savoir m'a fait Amors aprendre.
; Par quoi jamès ne seroit mesdisanz
En nés un leu ou il sachent entendre.
21 Et, qui plus set, mieuz se doit a li rendre. 37 En autres leux voisent lor consoil prendre
Dex, je m'i sui si grant pieça renduz, Que nou sachent la malparliere gent ;
Si en merci bone Amor et salu, Que grant ennui en avroient sovent,
Quant de tel cors a doingnié le cuer prendre. Que li mauvais vuelent les bons sorprenure.
N°347, folio 139d.
Chanson cnonpmc (Raynaud 1993)

dwrop m'a
Qu'es
-
-tez re-
be -
lit, quant j'oi au point dou
- -
vient, qu'a moin nefueille et flour.
jor Le ros
Mais ce
- si
ne
- gnol qui
me fait
cri
mi - - e,
e

Chan. ter par mig - no -


ti - e. Car. se mes cuers moin - ne joie et bau - dour,

Riens n'en mer - ci fors ma dame et - mor


A

II III
8
fiche de sen, de beauté, de valour, 15
uns n'est si bons ne de si grant valor,
Jone sanz vilenie, S'est en sa conpaignie,
Gente de cors, amorouse d'atour Qu'il n'apreingne cortoisie et honor.
il Et de touz biens garnie
Itele l'ai choisie,
: 18 De ce ne dot je mie
Que nule foiz mesdie.
Et si sai bien Dex me fait tant d'onour Dex, trop sui liez quant recort sa valour
Que des bones ai eslit la moillour. Et sa beauté qu'est de fresche colour.

IV
22
ln recordant ses biens et sa beauté
;
25
Las ! userai ma vie
Qu'encor ne li ai confort demandé
Trop dout ne m'escondie.
;
Amors, par lor maistrie,
Quant je la voi, ne mi laissent parler
Au departir covient mes max doubler.
:
29 ©e
< ce ne doutez mie :
Por vos morrai, je n'en puis eschaper,
Ne plus avant ne puet nuns hons amer.
N° 348, folio 140b. CIjaneon du roi de îlaDarce (Raynaud 1002)

-
U ne chan çon en
Por - -cor vuil Fai re por moi con
-
-for - ter;
ce -
li dont je me duil Vuil mon chant re - no - ve -
1er:

Por ce ai ta lant de chan - ter, Car, quant je -ne chant, mi huil


-

Tor - nent so -
vent a plo - rer.

II IV
8 - ooàimple'-et-franche,.sanz .orguilj 22
oie et duel a cil sovent
Cuidai ma dame trover. Qui le mien mal a senti.
Mout me fu de bel acuel,
Mais ce fu por moi grever.
:
Mes cuers plore et je en chant
Ensi m'ont mi huil trahi!
11 25
Si sont en li mi panser Amors, tost avez saisi,
Que la nuit, quant je somoil, Mais mout guierredonnez lant !
Va mes cuers merci crier. Nonporquant de moi vos pri.

III
15
ln dormant et en veillant (Il
jgé! V
las, s'il ne li sovient
Est mes cuers dou tout a li, De moi, morz sui sanz faillir.
Et li prie doucement, Se savoit dont mes max vient,
18 Con a sa dame, merci. 32 Bien l'en devroit sovenir.
En sa pitié tant me fi Cist mais me fera languir,
Que, quant g'i prent durement, Se ma dame n'en sostient
De joie toz m'entrobli. Une part par son plesir.

36 hançon, di li sanz mentir


C'uns resgarz le cuer me tient
Que li vis faire au partir.
N° 349, folio 140e.
Chanson du roi de Tlaoarre (Raynaud 510)

W ne do
- -
louren - os -
sé -
e Ai de - danz mon cuer, Que je n'en puis

es tre puer Por nu - le rien qui soit né - e. C'est do -


lors d'à - mors
-

Dont n'ai con -


fort ne se - cors, Ainz croi ce que j'aing me hé - e.

II IV
8 oluntey desesperée 22
ien voi
que n'i puis ataindre
Doit on geter puer. Par nul mandement,
N'en quier, voir, parler avant,
il
Ne je ne vuil a nul fuer
Qu'ele soit en moi entrée. 25 Ne aillors ne m'en vuil plaindre
Ainz atendrai, voir,
;
Mieuz aing mes dolors
Soffrir et mes granz paors, Sa merci de dur voloir,
Que soffrir vaut consirrée. Se pitiez ne la fait faindre.

III V
'fU'ose entrer en son repaire,
ame, ainz ne m'osaicomplaindre
~|p) 29
15
A vos tant ne quant, Tant dout son corrouz.
Que vostre beautez tres granz Es sopirs et ès sangloz
18 Fait mon sen ou cors estaindre, 32 Me tieng, que ne puis plus faire ;
Si que n'ai pooir Ainz vois aorant
De vos dire mon voloir ;
jors remaindre.
Le leu et merci criant,
Com a un haut saintuaire.
Por tant puet toz

36 *enaut, cil qui sent


Mes max [et] merci atent
Trop a(i) ennui et contraire.
N° 350, folio 140d. JeU parti entre le coi de naoarce et Baudoin (Raynaud 332)

i IV
ne chose, Baudoin, vos demant: 28 ire, j'ai bien oï dire pieça
S'il avenoit a fin, leal ami Qu'umilitez fait l'amant avancier
Qui sa dame a amée longuement Et, puis qu'Amors par humilité l'a
Et proié tant qu'ele en a merci Tant avancié que rende le loier,
5 Et li mande que parler veingne a li
Tout por sa volenté faire,
32 Que il l'ait que tant aimme et tient chier :
Je di qu'il feroit folage

:
Que fera il tot avant, por li plaire,
Quant li dira «Beax amis, bien veingniez»
S'en la bouche ne la baise, car je
:
Ai oï dire, et vos bien le savez
Baisera il ou sa bouche ou ses piez ? « Qui bouche lait por piez, c'est nicetez.»

II V

10
ire, je lo que il premièrement 37
audoYn, voir, ice ne di je pas
En la bouche la baist, car je vos di Qu'en lait sa bouche por ses piez a avoir ;
Que, de baisier la boche, au cuer descent Mais baisier vuil ses piez isnelepas,
Une douçours dont sunt tuit acompli Et puis après sa bouche, a son voloir,
14 Li grant desir par qu'il s'entraimment si. 41 Et son beau cors c'on ne tient mie a noir,
Et joie qui cuer esclaire Et ses [beax] eulz et sa face,
Ne puet celer lëaus amis ne taire, Et son chief blonc qui le fin or efface.
Ainz li semble qu'il soit toz alegiez Mais vos estes bauz et desmesurez,
Quant de la bouche a sa dame baisié. Si semble bien que pou d'amour savez.

III VI
19
1audoyn, voir, je ne mentirai ja : 46 ire, bien est et recreanz et las
Qui sa dame vuet tout avant baisier Qui congié a de baisier et d'avoir
En la bouche, le cuer onques n'ama ; Le douz solaz dou cors lonc, graille et gras
Qu'ainsi baise on la fille a un bergier.
23 J'aing mieuz baisier ses piez et mercier
Que faire si grant outrage.
50 ;
Et met douçour de bouche a nonchaloir
Por piez baisier ne fait mie savoir
Ja Dex ne doint que il face
!
L'en doit cuidier que sa dame soit sage
Et sens done que granz humilitez
; Jamès chose par que il ait sa grace !
Que mil tanz est li baisiers savorez
Doit bien valoir a estre mieuz amez. De la bouche que cil des piez assez.

laudoyn, cil qui tant chace


55
Quant il ata[i]nt, bien se tient a eschace,
Quant a ses piez ne chiet toz enclinez ;
Je di qu'il est deables forsennez.
59 Sire, cil cui Amors lace
Ne puet muer, quant il n'a leu n'espace
Qu'asevir puist toutes ses volentez,
Tost n'ait les piez por la boche obliez.
N°351,foiio i4ic.Chansonnetteanonyme (Raynaud1657)

ffuiz
Si
de joi
ne sai
- e, plains d'en
-
rai son por
-
noi
quoi
Em - pren a
M'en doi -e mes1er,
chan - ter,

Fors pour es - pro - ver S'en chan -tant o-bli- e - roi -e

Un grief mal qui m'a -


fe -
bloi - e
Si qu'il m'a fait a -
li - tier..

!
Las ie n'en quier ja le - ver, Se li douz cuers n'a -ten - droi - e

De cele a cui je m'ou - troi - e, Sanz cui je ne sai du rer.


-

13
e
sai bien que je foloi
De si haut penser.
Mais je n'en puis mès, par foi!
N'en fais a blasmer.
17 Car si bel huil cler
Dont garde ne me donoie
Vindrent a moi, lez mon foie
Mon cuer prendre et emporter.
21 Las !Qu'il
je ne m'en soi garder,
me prometoient joie.
Li max que j'ai me maistroie
Si que j'en crien desvier.

= Sin =
TABLE ANALYTIQUE
-

DE LA FORME POÉTIQUE ET MUSICALE

DES CHANSONS DU MANUSCRIT CANGE

Nous avons dressé cette table sur le modèle de la Table du Tome premier.

se suivent dans le manuscrit et dans notre édition


sont citées dans le corps de l'ouvrage.
;
La première colonne, à gauche, donne les numéros d'ordre des chansons telles qu'elles
c'est le numéro sous lequel elles

A droite de l'incipit se trouve le numéro de chaque chanson d'après la Bibliographie


de G. RAYNAUD.
»
La colonne «Mode indique les Modes rythmiques des chansons.
La colonne « Vers par strophe » donne le nombre de vers dont se composent les
strophes des chansons.
La colonne «Syll» indique de combien de syllabes sont formés les vers de chaque
strophe.
»
Un x dans la colonne «Pedes signifie que, dans cette chanson, il y a reprise d'un
ou de plusieurs thèmes mélodiques.
La colonne «Ambitus » donne l'extension mélodique de la voix.

tonique ;
Les chansons marquées d'un x dans la colonne « Clos» finissent sur une cadence
celles qui ne sont pas marquées, ont une cadence « ouverte» ou imparfaite,
de transition.
La colonne « Finale» enregistre la dernière note de la mélodie.
»
Le signe x dans la colonne « Répétitions veut dire que l'un ou l'autre des thèmes
de la mélodie revient avec ou sans variations.
Le schéma des rimes s'applique à la première strophe; les caractères gras distinguent
les rimes fémines.
;
La dernière colonne donne les noms des auteurs un point d'interrogation après un
nom signifie que l'attribution est douteuse.
r
<
NOIncipit

1
2
3

10
11
12
13
14

16
17
18
19
20
21
22
Ausienml'unicome
Amourscommencier
A enviz sent
etrimeRayn.Modes
sui
4 Autans ploin de felonie
5 A la douçour
6 Au renovel
7
8
9
Amours qui.
A la douçour
A vous amours
apris

reverdoie
d'esté

A la douçor dei oiseaux


Amours me

A l'entrant

Amours qui
Aunoviau
pris
saison
gent
prie
A l'entrant doudouz termine
Amours, que porra devenir
A la saison
15Aunefonteinne
s'aseüre

A ma dame ai pris congié


comence
Aymanz fins et verais
Amours dont. cortoisie
baillie
debrise
Au besoing voit on l'ami
Amours qui
2075
1268
1521
1152

437
1591
1893
679
480
1196
1387
1402
2086
137
1087
620
199
1118
1110
1619
1028
II,
V,Va
I,
1754 V, VI
V

I, VI

VI

VI

V, Va
II, VI
V,Va
VI

II, VI
la

III
-
V8+2

II
II
V
la
III
VI
<
II 9+3
o

9
Il
8
9
7
8
9
7
8

10
10
8
7
9
8
7
10
8
78
Syll.

6,7

7,8
10

10
10

3,7,8
4,7
8
10
10
7

10
5
7, 8
10
x
-
8

7-
9-
Pedes

x
la

x 10+ x ré
x 7- xla
i
|
9+
ab
9+

x 11- x sol xababbaa


8xréx b a b abcc
— — - -ababCcdde
x 9+ x ré ababbab
x7+ xsolxaba b baac
x7— xdoxabababa + rr
abbabbaaba
ababababba
7,8 xx 6- x sol xababbaab
x7+xsolxababba
x 7- xsol
9+ x do
ababbabba
ababbaba
x 10- x ré xababaab
7xx9—xsolxaabbaccbcc
8
10
10
3,7
ë3

b cc b
abbae bea
xabbabeebb

x7-x801xababbaab
x9+xfa ababbeeb
x7+ xsolxababbab
x
x ré
«S


s5g

sol

x 6- xfa xababccddb+rrr
x10- xdoxababbaabb
t

abccc
S

xabbaccbdd
x

a
Schéma des rimes

a
b
Attributions

R.deN.
R.deN.
R. de N.
R-deN.
G.B.?
G. B.
-
G. B.
Ch. de C.
Gont.
M. d'A.
î
M.deCr.
T.deB.
Ch. de C.
-
M. d'A.
BI. deN.
G.d'Esp.
P. d'A.
L. F.
G.deBem.
G.deBern.
R. du Ch.
23
24
guerroie
A pris ai qu'enchantantplour
1722
2010
II 9
II 8+2 7,5
7

fa -
xx 6+ xré xa b a b a b a b +rr
x9+x—xdoxababbaabb
-
ababbCG Chev.
25
26
Au comencier amour
A l'entrant dou temps novel
1960
581
VI
II
7
9 3,5, 7x6
10

xababba + rr

Au douz mois de mai joli 1050 +' 7
x9-xsolxaababeddad
5,-
-
27 11 1 x 7 x t'a —
Amours me done chanter a bcc
28
29 Amours quimerci
gent.
786
1062
VJ
III
9
9 t
10,
10

ababbaacc
x 9— x
R.deS.
fa
b b d d

30
31
Aucune
Au comencier
felonie
chançons
1154
1906
VI
III
9
7 x9+xréxa
10
10
x
a bcc
x9+xrélaxabbaccdd
7—
--
x sol
b b

x7-
32 Aucun vuelent demander 843 II V 8 7
3, 5, ababbccb
Amours est Cuv.
33
34
35
Amis, quelx
Au tans d'aoust
mervoille
vaillanz
boschet
566
365
960
II
Va
III
8
8
8 4, If, 10
7
9+xréxabbabbab
8
7- x ta aa b b a b b a
--
-- -
9-+xdoxababccdd
7xx9
36 Bien me cuidoie partir 1440 II 9 xababbaaa ao! b R.deN.
37 Bons rois Thiebaut
il moi 1666
-8
III fi
8 x9+xré ababeded
10 R. de N.

7-- -ababccdd
38 Baudoyn, suntdui amant 294 R.deN.
39 Biausm'estbraille 1006 VI 8 10 abababba G. B.
40 Bientpuet
41
42
Bien
Biau m'est.
cuidai
guierredoner 863
amours 1965
champs 265
VVI
-8
Va 8+4
8 8,10 +
8
xababaacc
x
a a a
x
6

9+ xdo
sol

x b b bab+Redcd
M. d'A.
Ch.deC.
-
43
44
45
Bien lortalant
font Amors
Bien
cuidai garir
me deüsse targier
Bien
46 Bernart,a vos vuil demander
738
1417
1314
840
V,Va
I, II
Va9
VI
13
10
8
4,5,7
7,10
3,5

8
x
x
x
x
8 x do xababababbaabb
7- xsolaabaabcCaa
ababcbbc
8xré ababbaabb
8 sol C. Gaut.deD,

C.
-
de Bét.
deBr.
7 x 7+ x sol xababbccbdd J. E.
m'a.
47 Bone Amors qui son repaire II 3,5,
xIl-xré a b a b bcca
180 10
Ger.deB.
x10-xsol --
Bone Amors mis 1569 VI
ababbaab
48 8 10
49 Bien est obliez chanters 905 Va 8 7
ababbabbaab
50
51
Bel avantaige a de chanter
Biau m'est.
Bien doi chanter
784
renverdoie 1755
I,la
VI
III
11
7
4,5,7,8
10
x 9+

x 11-
fa
x7+xsolxababba
sol ababbaba
b --
8xré ababbaab
52 doigne 116 8 10
53 Bien m'ont Amors entrepris 1532 II 8 3, 7 x .-
54 Contre le tans qui devise
55 Chançon ferai.
56 Chanter m'estuet
1620
pris 1596
tenir 1476 VI
V
III 8+2
8

8
10
10
7 x
x
x
8 ré
11
8
ababbbab
xré xababcccd+
la x a b abc c b c
rr R-deN.
R.deN.
R. de N.
57 ComenceraiAfaireunlay
58 Cuens, je vos
84 la, I
III
46 4,7 lay sol xLay
11
9+ x sol ababbabcccbab b
R.deN.
R. de N.
ahaitie 1097 14 3, 4, 6, 7 x
59 Chanter me fait morir 1429 VI 9- abababba
x sol , G. B. ?
601 Contre le temps frémir 857 II
8
9
10
7 x9+xréxabx abababC
x l G. B.
----------

61

64
65
66
67
68
Incipit et rime

Chanter me plait norriz 1572


62 Chanter et renvoisiersuel
63 Cil qui d'Amors meconsome 565
1001

Coment que longue demore 1010


Rayn.

Chançon de plains et de sopirs 1463


Contre le froit tans d'yver
Cornent que
Chanterai por mon corage
69 Chanter vuil
70 Comencemenz
867
dueille 1007

certainne 132
21
Mode

bele 590 îa, II, VI


Costume est bien. prison 1880
III
V
V
V8+1

-
V

II 8+4
II 7+2
S. S
«

ê

7
8
10

8
8
10

10
Syll.

4,7,
10

6, 8, 10
7
7

t, --8x
3,7
8

7
7
8
Podes

xv
-
x

x
x

———

x v 9+
S,2
u o.
xv 9+ xsol
.; 1 :g

x10xsolx xabaabbaccbacb

sol
8xré
5

-
x ré
ababcdccdd
ababbccc+R.
ababbaab
10 9+ la xaababcbcb
bababbabb
xabababab+.cdcd
8xdaxabababc+R.c -
ababbabbbb
laxababbaab
sol
R.deN.
g

a b
Schéma des rimes

c
Attributions

G. B.
T.deB.
G. B.
Ch,deC.
G.B.?
--
Bl. de N.
G.deDij.
G. d'Esp. ?
?

71
72 Chanter vuil un son 1901
II]
1
8
1£ 4,5,
10

5,7
8
x 8
xx 9+ xré --
ababababbbbb
8xréxabababaabb
73 Conforz me prie et semont
74 Chançon envoisie
1922
1143 II
II 10
10 5, 7
t;
-
xIl xré aababaabbaa
bababaab- Guill. le Vin.
75 Costume et us
76 Cornent qu'Amors
2133
travaut 398
Va
VJ
8
8
4,
10
x

8
xil-x
sol
ababbaab
R -
abababababbbcc+
77 Chascuns qui
78 Chascun an
non 759
renoveler 889
114+3
VI 7
4, 5, 7
10 Il- 8 la
x 9+ xsolfaxababbec
aaaabab
-- Rich. de F.

79 Car me consoilliez

80
voie 1775

Dame, cisvostrefins amis


1516
1

la
II 7+2
7

7
7, 10

8
x

v +
x
x

aaaabbaR.deN.
x9—xsolxa aac+Rcc
9 x ré
?
R.deN.

baR.
ma dame souvenir 1467 b b
aabcc
81 De 7 a
82 Douce dame, pansement 714 III 9 4,7, 10 x 9+ sol a b a b R.deN.
83Degrant
84 Dame, ensine
joieesmeuz2126
aler
85 De noveau m'estuet chanter
757
808
III
III
V
8
8
8
10
10
7
x
-
x11-
11
8

x9+xré ababacca
sol
sol
xababccdd
a b a b aa
de N.
deN.
ababbab
R. R.deN.

86Detouzmax
87 Dame, l'en
88 De grant travail
89 Doutrèsdouznon
dit
plaisanz
joie
esploit
Marie
275
1727
1843
1181
VI
VI
III, VI
1 7
7
9
8
7
10
10
10
xv
x
+
x 10
fa
do
8
5
x
abbabccbc
x
R.deN.
xababbaa
R. de N.

ababbccaR.deR.N.
sol
x fa
ababbab
de N.

de N.
R.
+
abbaccddaa
90 Dame, merci demant 335 III 7 10 x 9 sol
91 Dex estausipellicans 273 III 10 10 + 9 fa x
Sxréxababbaab
R.deN.
R.deN.
92 De bone amour beautez 407 III 8 10
93 De chanter ne me puis tenir 1475 V,Va 8 7,8 xvxv 6+ sol ababbaab R.deN.
94Desormevuilesjoir a b a b aaa b G.B.?
-
95 Desconfortez
96 De bien amer.tantatent d'ire
1408
1498
643
-
VI
1
6+2
8

8
8, 10

6,8
7

8
xv

-
x9+axb
-
sol xababab + Rcc
réabba ca babaa
9

b b
cb G.B.? G. B.

G.B.
97 De la joie
98 Douce dame.amie
que désir
rent
361
719

VI
8
7 10 x ababbba
10- xsol
9- x fa ababccc
G. B.
G. B.

-
III
99 De bone amour
ababbaab
1102 10

--
8 x
ausiment la, VI 10- x sol Vid. de Ch.
x9 xréxa b a b aaa b b
100 D'amours vient 663 8 10 x
G.d'Esp.
101 Desconfortez
102 Dame, je
verroie
partiz
ante
1073
1769
VI
II
9
8 5,7
10
xIl xré xababbabb
abbaceddee -
103Dedanzmoncuer
104 Douce dame,mi grant désir
373
1400 Va
II 10
8
5,7,10
6,8
xv 9+ x ré
x 8 solx b a b baa b
a b a b abc b c
a --
105
106
Dites, seignor,
De cuer dolant
jugier
d'ire
1283
1500
III
I,V
9
10
4,6, 10
7
x 9+ x do

x
x 8 sol
x
ababccddee
doabbabbaa C.M.?
-
107 Dex, corn m'ont mort
Devers Chastelvilain
341 III
III
8 10
xxl
9+
8 x ré x aa
b bb abC.M. aa a
xaabaabbaabC.M.?
?
S.
108 123 10 6
109 De la procession
110 Dex saut ma
1881
joie 1735
III
Va
10
8
ti
10
xxl + xré
10
x 10+
- ré ababbbbR.
xababbaac deB.
aG. ?
111 Desoremais est raisons
112 Douz est li maus .voie 1885
1771 II,V
V 8
Il 4,7,10
7 x9 xsol
x 10- x ré
ababbaababbAd.delaH.
En chantant. descovrir 1397 VI 10 9+ x ré a b a b aa b R.de
R. de N.
113 7 x
Empererespooir1811 ababbcc
x9-8x
xla
114 III 7 7,10 x 7+ xsol
115
116
En douz
En chantant
temps. hore
complaindre
1011
126
V,II
V
7
8
7
7 x
laxab
8xla
ababccb
bac
ababbabb Hug.de
G. B.
Br.
G.B.
? cdd
117
118
119
Ensicon cil.
Encor ferai perdue 2071
pesance 238
En mai par la matinée 530
Va
VI
VI1
8
7
13 5,7
10
10
x
x
x
7- r,, xababbab
7xsol xabababababug*
x
xababababbabab
Hug.deBr.

J6Rr-
-
120 En aventure aichantei 408 10 4,7 x » x sol
7
t* i „JB £,=§
Pedes
N° Incipit et rime Rayn. Mode
-g
III
®
Syll.
< g. O.
Schéma des rimes Attributions

121 Encor a si grant poissance


122Endoucedolour
123 Ennuiz et desesperance
242
1972
214 II, VI
V
II8+23,5,
8
11

3,5,7
75, 7

8 xsol
abababccaca
x 7- xsol xababbbcc + R.cc
x

ababbcbc
7— x la M. d'A.
-
Cuv.
124 En la douce saison d'estey 441 la 8 6,8
x
x9+xré a b ababaa
10+xréxaab baab --
125 En esmai et en confort
126 Enz ou cuer
127 En chantant
1929
finement 675
sopir 1464
II,VI 7
VI
II, I, V 12
7
7
10
3,5,7
x 9+
x 8
la
x fa
xababaab
a ba bbc c ddbe b
x --
128 En mai rossigno(let) 967 la 8 8xx7+xdo aaaabbbb
abcabccc b bc b
C. M.
129 Encor n'est raisons 1911 II 12 5,6,9 x 10+ Guill. Vin.?
le
17+23,5,7 x 6— xsolababbcc+R.cc
sol
130 Enmay florissentprey 469
-
Fuille ne flor III ababbaab
131
132 Fine amour.
chantant 324
esperance 221 Ve
8
8
10
10
x
x
8
10-
a
c
x sol
sol ababbaba
R. de N.
G.B. î
x9+xréxababbaba
Fine amor héritage 26 VI 7+ ababbbc d d Am. de Cr.
133
134 Flour ne verdour pleü 2058 la
10
8
10
8
x

x8 xdoxababccbbc
x sol
- ?

x7- xsol ababbaacc


135 Foi et amor et lëautez 934 V, Va 9 5,7,8 G. de Bern.
Fine amours en esperance 223 V Aud. leB.
136
137 Fine amors me fait chanter 815 II
9
8
7
7 x7- mi a a aacc
aaaabbcc c
b b -
138
139
Grant pieça que ne chantai
Grant pieça chantai mais
65
194
II
II, la
93, 4,5,
10
7, 8
8
x 9+ sol
x9+xlaxababbabbab --
140
Hautechose aenamor 1954 II 7+4 3,5,7 x 6— xdo xababbcc+R.ddad G.deBerti.
141 Helas, il n'est qui aint 149 la 8 4,8 x 7+ xsol xababbccb Ad. de la H.
J'aloie l'autrier errant I, II 12 4,5, 7 8 x do ababababcccb R. de N.
142
143 Je ne puis
Je ne voi mais
non chaloir
342
1800 VI 8 10
x
xv 9+ x do
7+ x sol
abbcacd d
abaa baR. de N.
R. de N.
ne chant VI
144
145 Ja por ce se d'amer me dueil 997
Ja de chanter en ma vie
315
la, VI
II. V
8
12 4,6,10
10 x
x
x8 9+ x ré
ab
c
doababcaca d'A.
ababbcc d d e e R. d'A.
M. ?
146
147 Iriez, destroiz et pansis
Je n'oi pieça
1229
1590
chanter 801
Va
Va
8
8
8
7
8
10
x
x89-xdoré ababbbcc
ababbacc
G.B.
G.B.
îî ?

Ire d'amors. repaire


148
149 171 VI 8 10 x 8 x ré ababccdd G. B.
150Jenepuispassiloingfoïr abababba
151
152
Je chantasseliement
Ja nuns hons pris
1414

raison 1891
700
Va
III
III
8
9
6
8
10
10
x 9—

x7-x4xfa
x 10+
x fa
la xabab baa sol ababbecd
aaaaab
d G. B.
Ch. de C.
R.Rich.
Je n'ox chanter VI, la R. de N. ?
153
154
155
J'ai un joli sovenir
Je ne cuit
sovent 733
trahison(s)
1470
1902
II
VI
7
10
7
3,4,7x9+xdo
10

+
10
x 10—

x 9 a
x sol
aba aa b aa b
ababba
b P. d'A.
J. de M.
Je ne cuidai mès chanter 5,7 ababbccaa
x fa J.E.?
ababbcc b b
156 823 V 9 x 9 —
J'avoie lessié le chanter 4,7,8
x13-xré ababbaa
Va x fa C. le B.
157
158 Joied'amors
Je sui espris doucement
desirée
822
506
V,
VI
V
9
7
10
10
5,7
x 8

x10+xréxababbcc d cc d
--
159
et
160Jolizcuers sovenance
656
253 II 8 7 x 7— x doababbabb
ababbaabbacc -
161 J'ai sovent d'Amors chantey 414
162 Il covient qu'en la chandoile 591
163 J'ai novel comandement 651
II
II
II
12
11
8
5,7x79+xré
4,5,7
5, 7 -xré
x 9— xdo
abbccddeeff
ababbba a
G. de Bern.
P. d'A.
-
Je n'ai autre retenance II 9+ xré ababbcbcbbc Ad. de la H.
164
165 Joie et solaz chanter
248
817 Va
11
8
4, 7
8
x
x811- xré ababbcbc -?
166
167
168
J'ai oblié
J'osasse
Je
bien.
ne chant
poinne et travaux 389
temps 285
renverdist 1648
la
VI
VI
8
9 x9-solxababbccd
5,10
8

10x8xréababbcc
x x ré ababbaab
d G.B.

169 II me covient renvoisier
170 Je ne tieng mie a sage
1300 1 83,4,7,11xx6-xsol ababbbbb
7

ababbbaa


37 la 5,6 x 7— fa

aaab+R-cdc—
8 x —
171 II feroit trop bon morir 1428 V 8 7 x9+ la ababacaa P. d'A.
172 Je soloie estre envoisiez 1347 II 4+3 3,5,7 x 8 x sol
L'autre nuit en mon donrant
173 339 II 8 5,7 x 9- x do a b a b aaa b R. de N.
174 Li douz pensers sovenirs 1469 VI 8 10 xv 10- abbaccaa
x sol R.deN.
175 Lirossignoz chante tant 360 V,VI 7 7,10 8 x5 sol abbacc d R.deN.
176 Les douces dolors 5,7 x9+ sol ababbaab b R.deN.
2032 V 8
3,7,8 x 9- xsol xaaaaa b a b aa -
177
178
179
180
L'autrier
Las, por quoi
L'an que voi
vergier 1321
Liplusor ont d'Amors chanté 413
d'amer 762
resplandre 633
la, II
Va
V
ré11
8
8
10
8
Va 8x8solababababb
Va 8
881 xxxi 11-x
7xJe9+xréx
98+
x réabxa
ababaaab
bababb
l ababababbb
G. B.
-
G. B.
?Incipit

181
182
183
184
185
186

et

La douce voiz
L'autrier avint
Lonc temps ai e3té
rimeRayn.
Incipit et rime Mode
Rayu.

L'anquefinefueilleetflor 1977
Li noveax

sauvage 40
Mode

violete 986
L'an que rose ne fuille 1009

païs 1574
433
blanchoie 1692
s
VI
Va
Va
III
II
III
II
>go

7
8
9
8
8
9
Syll.Pedes
e Syll. pedes

7
10
6, 10
10
10
4,5
1 :Ëe

x
x
x

x
::.
s ¡:!
S -.Q

9+

x7- ré
x

x
a
¡¡.

7- xsol
9- xsol
8 xsol
x ré
5xlax
a a
x 10- xsol
g
=

CIo

ababbab
ababbbab
ababbbcc a
ababbaab
b
xa a a b a b a
b bbccd
b
a
Schéma des rimes

b
b
aa bd aC.
Attributions

G. B.
Ch.deC.
Ch. de C.
Ch. de C.
deBét.
A.deS.
P.d'A.
187
188
Li jolis maiz
Li tres douz novele 604 VI
9
8
10
10 x9+x ré ababbccb L. F.
189
190
Lijoliz temps d'estey
Lons désirs atente
452
746
la, II 7+2
II 8
6,7
7
x 7— xsol
x9+
ababbcd+R.dd
sol ababbabb --
191 Lëaus désirs et pensée jolie 1172 III 9 10 x9+ la ababbaacc M.deB.
192
193
Li tres douz
Lors que je voi
j'endure
verdure
2094
2118 VI
V 8
11 7,10
7 x 8x4 fa abababab
x9+x5sol ababccaccaa P. d'A.
-
194 Lëaus amors mise 1635 VI 7 10 x 5xfaxababbab Al. de Ch.
195 Lors que rose ne fuille 1009 Va 9 6,10 x 8 xsol xababbbcca Ch. de C.
L'amours dont suiespris la x ré xababababbab
196
197 Lijoliz maux. mie
1545
1186 VI
11
8 7,10
6 x
x
9+
8 xsol xabababb a
BI.deN.
Ad. de la H.
198
199
Le brun temps voi resclarcir
Lidouzchanzdel'oiseillon
1445
1877
V,Va
II
9
20
4,7 xx
3,4,7,8
7+
9+
x ré
sol
abababaab
abab3b3abbabba3ba --
200 Lonc temps ai usey 475 II 8+4 5,7xxx 5 sol aaa bcccb+Rdddb M. de P.
201 Migrantdésir torment 741 VI 7 10 x 9- xsol ababbaa R.deN.
202 Mauvais arbres. florir 1410 la 11 8 x10- xdo ababbccddee R.deN.
203 Mont ai esté esbahiz 1536 VI 8 10 x 8 sol a b abc c c b Ch. de C.
204 Merci clamanz errement 671 VI 8 10 x 8 xsol ababaacc Ch.deC.
Il xré xabababbbba
205
206
207
Mout m'est
Mout longuement
Mout m'a demoré
comencence
ahue
209
2065
420
Va
VI
II
10
8
8
10
10
5,7
x
-
x9 xsa] ababbabb
x 7— xsol ababbaab
Ch.deC.
-
208
209
210
Ma douce dame
Mout m'abelit
croit
oiseillons
Ma douce dame et amours
1839
1910
2025 V,
III
I

III10+2
11
8
8
4,7,8
10 xx9Il-
x
x aa
8xdo ababbccddee
réx b abcc d db
+xlax b abbcc

D.deBr.
Ad. de la H.
-
211 Ma dame me fait chanter 816
7
5,7,8 xx 9+x5sol a b a b bccada + rr -
212 Nuls hons reconforter. VI 7+2 4,10 8 xsol ababCCd+R.Cd R.deN.
8 xré xababbbcc
884 x
213 N'est pas a soi
214 Ne me sont pas
215 Nuns hons ne seit
coralment
chanter
valoir
653
787 III
Va 8
8
10
10 x9+x
x

x9+xréxababbab
ababCCaa
G. B.
G. B.
Hug.deBr.
8xré abababac
1821 VI 7 10
216Nemedonnepas talant M.d'A.
abaabaacccc
739 1 8 7 x
3,5,6,7 9-
217 Ne rose ne flors de lis
que. 1562 I 11
xIl-x la
9— solababaacc
R. de N. ?
218 Neant plus
219 Novelleamors
220Nelairaique ne je die
221 Ne sui pas si esbahiz
raison 1892
entrée 513
1131
1538
VI
VI
1
II 9+2
8
8
12
10
10
4,7
5,7
x
x
x
x ré xababbaab
8 x doaabbaabbaabaC.deBét.
8xsolababbccdd+R.ee P. d'A.
Eust.deR.
J.deCys.T
î
222 Oëz por quoi plaing et sopir 1465 Va 7 8 x9+xré ababbab G. B.
223
224
225
Or ne puis je plus celer
Oimi, amours departie
Onques poresloingnement
773
1125
672
III, V
II 8+2
9
8
5,7
10xx9+xdoxababbab
4,7 x 7- xsol ababbccd+
abbaacdcd
a rr
-- O.deBét.
P.d'A.
226 Onques d'amours poinne 138 VI 8 10 x 6+ abababba
sol G.deBern.
227 One ne sorent mon pensey 467 II, V 9 7 x10+ ré ababbaabb Th. E.
x9+ ré ababbab Best.
228
229
230
Or seroit merciz de saison
Outrecuidiez
On voit sovent
pensee
amenrir
1894
542
lia
VI
7
8
8
10 x9+x ré
8x5 sol
abababba
ababCCdd
G. d'Esp.
P. d'A.
231 Onques mais jor de ma vie
232 Or voi je bien souvient
1391
1224
II,
VI
V
8
9
10
5,7
3,5,7
x
x 8 xdo xababbccdd
x 9— xsol ababbccb - Ad. de la H.
233Onquesneparcevoir1803
1247
Va
V 8
8 8 x 9- x fa ababbccb -
froidure. ababccdeR.deR.N.
9- xré abbacCddee
234 Pour felon 1865 la, y, IV 8 4,10 x 8 x ré
deN.
II 10
V6+13,7 9- xfaababba+R-c
235 Pour ce,se d'amer me dueil 996 7,10 x
R.deN.
aaaabab+R.c
236 Pour conforter ma pesance 237 x
jtemps. II 7+1 3,4,5,7 8x5 mi R.deN.
8xré abababac
237 Pour mal gelee 523 x
e
238Phelippe, vosdemant R.deN.
239 Phelippe, je vos demant
240 Par Deu, sire
sire
334
333
Brie 1111
II
II
III
111
8
991
9
3,5
7
3, 5,10
7
x
x
x 7+
8 abbaaecdd
ababbabba

sol R.deN.
abbaac c dd R. de N.

1
et— "a
—— 5 ©
-
— - — —
? Incipit
No Incipit et rimeRayn.
rime Mode
Rayn. Mode:
es S
go Syll. Pedes 3 *1Schéma
Pedes <
M Schéma des rimes Attributions
x9
241 Par quel forfait meaprison 1872 VI 10 xdo xababbabba Ch. de C. !
242 Pour faire l'autrui volenté 477
243 Pansis d'amors vuil retraire 187 II, V
9
7 8
7
ababaab
x8 xdo abababcc G. B.
-
244
245
Pour mal gelée 522
Pour verdure ne pour prée 549 -
-7+2
8

8
7
7
- - - ababbac
- -
+R.cc
ababbabb G.B.

246 Pluie ne froidure 2105 III 7 10

x 8 x ré abababc G. de V. M.
247 Par grant chanter 782
corrouciez III
VI 8 x8
10 laxababacca
x9+xré a a a Maih. le J. î
248 Pansis 1345 7 10 b b b b J. de Br.
Puis qu'en 9+ abbaabb
7,10xv8
249 seignorie 1208 VI 7 10 sol G. d'Esp.
250 Puis qu'il chanter 805 VI 7 la abaccab Rich. de F.
251
252
Pour la moillor nature
Puis que j'ai chançon meüe
2108
2068
VI
V
8 x9+xré
10 ababbccb
x9-xsol ababbaba
J.le Cuv.
8 7 Car.
253 Pour le tens qui verdoie 1768 la xla ababababbaba Gob. de R.
3,4,6,10 Lay - x sol
12 4, 6 8

sui.
x
254 Puis qu'en chantant deport
Puis que je loy
1931 VI, III
1661 V,Va
52
5,7,10 x 9- x do
10 Lay
ababbccddc -
Ad. de la H.
255
256 Puis que li maux sentir 1457 VI
10
8 10 x 8
sol ababbccb
ababbaabb -
R.deN.?
Pour demorer retraire 4,10 leB.
257
258 Poinne d'amors trai
185
106
VI
I,
VI
9
6,10
ré a a
x 11— x fa
x 11— x fa cb b c
Cdd
M.

259 Panser mi font et voillier 1317 II, VI


9
8 7 x10+x ababccbc
solabbeccac --
260 Pour longue atente de merci
261 Povre veillece m'asaut
262 Pour quoi se nuns
1057
390
2128
V, Va
V
II
8
12
11
7,8
5,
5,7
7x8 8

- fa
x9 x
a c
xsolx b abababcc b
ababccddeed - Ad. de la H.

263
264
Qui plus aimme, plus endure 2095
Quant fine Amors chant 306
II, V
III
9
7
7
10 +
x
x
a b9
a bb
ababbaa
8 accaR.
x ré
x ré ?
de N.
R. de N.
265 Quant foillissent li boschaige 14 y 10 7xv9+ ababababba Vid. de Ch.
266
267
Quant je voi venir 1486
Quant voi la flour boutener 772 la II VI 10 +2
la 9
4,5,6,
6,
7
8x6—
+ a
aaba
x ré
sol

ababcccc - a b a b b

268 Quant je voi la noif remise 1638


x
x8- 9
xdo
x
ababcacd
b a b G. B.
G.B. î

-
V 8 7
269 Quant Hors. s'esloingne 1779 VI 7 10 x 10 sol ababbab G. B.
270 Quant noif froidure 2099 V 8 7 x8 solxabababab
ababbb
G. B.

---
271 Quant l'erbe cheoir 1795 VI 6 10 x 7+ x sol G. B.
272 Quant li rossignoz jolis 1559 V 10 7 xv 9+ xré ababbaabab Ch. de C. ?
273 Quant li temps renverdoie 1757
dame. VVII 8 +2 6,8 - - - - abababab+
abababab +R.cc
R.ce G. B.
aaabbaa
---
274 Quant bone dame prie 1198 VI 6,10 xv 9+ x la G. B.
275 Quant voi cler 838
8
x 8 xré a b a b aa b G. B.

.vie
V 7 7
babaabb
-x 9+ x sol aababbbc
276
277
278
Quant voi venir
Quant je plus
Quant li temps
flour 1982
1227
verdure 2115
-
II 8+2
8
VI 143,4,6,7,10
10

7,8 xv 8 x ré
ccbdb
abababab+R.c
bc Ch.deC.
Bl. deN.
G. de S.
279 Quantoitentir haut 396 V,Va 6+2 xv 7- x sol aaaaaa+R.bb G.deS.
280
281
Quant naist
Quant voi esté
vermoille 568
revenir 1450
II 8+2
III 5+2
7,8
5,7
10 x
x 10— xfa
a
7- xsol
abababab+R.c
b aaaa + R.b
c -
Ch. de C. ?
7- x sol
x 7+ x faabababab+R.cc
282 Quant voi resoager 1297 VI 7+2 4,10 a b a b abc + r r Bl. de N. ?
283 Qui bien vuet descrivre 1655 I, V 8+2 deR.?
Ch.
284
285
Quant voi renverdir
Quant li oiseillon menu
1453 I, II, VI
2056 I,II
9
8
3,5,
5,7
7
7 x 7- x la ababbaabb
x6+xlaxaaaa baa b
--
7 x11- xdo xababbabaabb
R.de î
T.deB.
x9-xsol ababbabb
286 Quant je voi esté venir 1477 1 Il 3,4,5,6,
287 Qui d'amors a remenbrance 244
x9+xré ababbaabab
1 8 7 M.
deC.?
xx8 xdo ababcbcb
288 Quant li rossignoz jolis 1559 V 10 7 Ch.
10
xx8 xréxa a baa
289 Qui or voudroit trover 895 la II 8 C. de Bét.
290
291
292
Quant voi
Quant voi en. aparoir 1784
d'estey 438 III V 10+2
Quant je voi l'erbe amatir 1390
VI

II V '8+1
8
3,4,5,7
10
7
x xdoxababbcCdde+R.fe
x 7- x sol
8
ababbaac + R.c
b b b G. d'Esp.
P.d'A.
P.d'A.
I,II 8 x ababbCCbb
293
294
295
Quant voi le finey 460
Quant li beax estez repaire 172
Quantlaflordel'espinete 979
II 10
II 7+2
9 4,7,
5,7x9+xré ababbccddc
x ré
x8
8

xdoxababbab+R.ab
P. d'A.
P. d'A.
--
x do xababbac+ R.dc
7
296
297
298
Quant florist la prée
Quant la saisons est passée 536
Quant voi
548 II, V 7 +25, 6, 7, 8, 10
la flour 1980 V,VI 7+3
II 8+2 7 x
9+
7- x801 xababbabc R.dc
xx
8 x5sol i e
ababbaa + R.cd
+ J. de Cys.
--
299
300
Qui porroit un guierredon
Quant par
1868
novel 579
116
1 8
3,4,5,7
8
7xxx9+
x
ré 4xab+4Xc
x9—xsolxababbaab b -
I<
N°IncipitetrimeRayn.Mode»

301
302
303
304
305
306
307
308
309
Quant voi
Quant voi
Quant
Qui seit
Quant l'erbe

Quant voi
Quant voi le novel
310 Quar eusse
311

317
318
319
320
321
322
changier
flor d'esté
s'aseüre

Quant je voi yverretorner


312 Qui sert de fause proiere

Seignor, sachiez
Sire, ne me celez mie

Sopris d'amours
Amors
cheoir
Quant voi renverdir l'arbroie
ramée
venir
Quant la saisons desirrée
d'argent
893
1332
313 Quant li noveaus tens d'esté 454
314 Quant li beax estez repaire

315 Rois Thiebaut


172

responnez 943
316 Robert, veez de Perron 1878

s'en ira

Sire, loezmoi a choisir

Sans atente de guierredon


d'ire

S'onc ire d'amors enseigna


1262
439
2086
2026

641

6
1185
1393
1501
1867
5
VI

1795 III, VI
1690
550
II
VI
III

VI
1

1487 la, Va, TI


505 II
III
la

III
1
II, V 8+2
II

III
II

la
II, lia
Va
Va
1
gi 5-----
7
7
7
9
6
8
8
9
11
8
8
9

10

8
6

7
10
11
9
9
7
]
Syll.

3,5,7
10

10
10
10
5,

-
10

+
10

5,7

10

10
3,7

7,4
6,8
8

8
7
sol
sol

8xx
7

x
x
a bb

7+x
x9+x
x
8

8
»-
Pedes
x
xIl
x

x
x
x
x
x

x
x

x
ac
abababab
x 7+
+ sol xababbbcC
ababbc aa
x 10

3,5,7x9+xré aabaabbccc
8,10 x
ababccdd
S

sol

sol
--
9- xsol

CddcR.
7

7+

13

10+

6+
8

5x
--

x ré

8
- B.
--
É5

x
x
x
x ré

doxaaaabbbb

ababccb
9+
8xré ababbaabab
x
ababbccddee
ababababb
abababbba
ababcbcbdd
x fa
xla

fa

3

sol

sol

sol

la

8xsol ababbaaba
9- xsol

sol
,
SE
g

aba
b
abababb
a
b
a

a
Schéma des rimes

b a b b a

baac+R. ccc
ababbccddc
ababaac
aaabab
b
bc

b b b b
c

C
a

c
Attributions

Ch. de C. ?
de N.
G. B.

Sauv. de

Pistoleta
C.M.î
G.B.?
G. de Brun.
P. d'A.

R. de N.
R. de N.

R. de N.
R.deN.
R.deN.
G. B.
G. B.
-
?

323 Sire Dex en tote guise 1629 I,V 8 7 9- la abbaccbb Best.


V10 7 xx abbabbccdd G.d'Esp.
324
325
Se par force de merci
Se j'ai chanté
nuls. avoir
1059
1789 V, Va 7 10
6+
x9+x sol
a b a b bcc
8 xsol xabbaccaa
ré R. du Ch.
Ch.deC. ?
326
327
S'onques
Se j'ai chanté
departie
valu
1126
2061
Va
VI
8
8
10
10 x9+x
x9+x
ababbaab
ababaacc d d

ré --
328
329
330
Sovent m'ont
Se valors vient
Sor toutes
la gent
vie
honorée
682
1218
524
V,Va
VI
10
8
7
5,8
10
10
x 10+ sol ababccd
ababbcc
d --
331
332
Tout autresi
Tout autresi
yvers 906
venir 1479
III
II, III, VI
8
10 7,10
10 x
x
9+
7- ré
xsol aababbaacbcabbaR.
b c c
de N.
R. de N.
Tantsai enprent 715 Va, VI 4,7,10 9- xsol
ababcbcdd P.deMol. ?
ababbab
333 9 x
Tant m'a mené seignorage 42 III + xré G. B.
ababaabb
334 7 10 x 10
Tant ai en chantant proié 1095 I, la, VI 8 7,8,10 x 9+ do Bl. de N.
335
336 Tant ai d'amors plaindre 130 III, Va, VI 11 4, 10 x 9+ xré abababab + R.c d c Vid. de Ch. ?
337 Touzesforciez sovent 728 I,lia,TI 11 3,6,7,10 x 8 ré a b a bacacaac G.d'Esp.
abbaacca
338 Tout autresi
Tres haute Amor
deçoit 1840
abaissie 1098 VI
8 10
10 x9 xdo -
ababccdd
G. d'Esp.
P. d'A.

a a ab
339 8
Tantmeplait aestreamis 1515 II 5,7 x 7- xsol xababbaaccaac G.deBern.
340
341 Telx nuit qui ne puet aidier 1250
Tant ai longuement 711
II
VI
12
7 7x8x
10 x 9-
fa x b
sol bb
ababbaab -
R. de N.
342 8
x9+xré ababcddc G. B.
343
344
Tant de solaz
Tres fineAmors
chanter 826
merci 1065
VI
VI
8
8
10
7,10 x 10- xsol ababccdd
ababaacc --
345
346
Tout autreai
Tant ai d'Amors
347 Trop m'abelit
rai 99
entendu 2054
jor 1993
VI
VI
III, V
8
8
7
10
10
x 10-
x9+x
6,10
sol

x

ababbaab
8xdo a b abba a Gad. d'A.
-
ababbab
348 Unechançonencor
349 Une dolour enniouse
350 Une chose
vuil
1002
510
demant 332
II
II, VI
-
7
7
9
5,7
7,10
7 x
- ———
8
8
xfa
sol abbaecaR.
ababbccdd
R.deN.
de N.
R.deN.

1
351
1
Vuiz de joie, plains d'ennoiI657 1 12 5,7 x9+ la ababbccbbccb -
-- -
TABLE DES
RIMES
DU CHANSONNIER CANGÉ
AVEC LEURS GRAPHIES DISPARATES

a 38, 42, 55, 89, 120, 140, 166, 179 181 (ai), 198, aint 41 (oint), 141, 190 (oint), 239, 268 (oint), 335
200, 202, 225, 235, 237, 273, 280, 291, 315, (oint).
317, 322, 327, 341, 350. aire 14, 47, 61, 83, 95, 144 (aires), 146 (oiies), 149,
ace 273, 350. 153, 154, 163, 167, 186, 194, 209, 211, 230, 243,
age 24 (aige), 39 (aige), 68 (aige), 81 (aige), 82 (aige), 257, 294, 303, 314, 323, 331, 341, 349, 350.
85, 88, 117 (aige), 133 (âges, aiges), 135 (aige), ais 9, 18 (aiz, ès), 49 (ès), 91 (ès, ez), 139, 261 (aiz),
145 (aige), 146, 156 (aige), 163 (aige), 170, 184, 288 (ès).
(aige), 185, 187, 211, 224, (aige), 226 (aige), 230 ait 198.
(aige), 251 (aige), 254, 265 (aige), 267 (aige), al 12 (au, aut, el), 93 (ant, aux), 107,324 (aus, aux, ax).
280, 283, 295, 306 (aige), 329, 333, 334, 339, 350
(car je). am 57, 69 (anime), 84 (amme).
ai 10, 12, 22 (ey), 25 (oi), 27 (ay), 57 (ay), 62 (oi), ance 17 (anche, ence, ente), 18, 20 (anche, ence), 37
(ence), 45 (ence), 54, 55 (ence), 56, 57, 66, 82,
75, 76, 104, 108 (é, ez, i), 125, 134 (ay), 138 (ay),
88 (ence), 89, 99, 115, 116, 118, 121, 123, 132,
140, 142 (ef), 189, 202, 209, 211, 216 (ay), 234,
136, 137, 143, 146, 153, 160, 162, 164, 165,
237, 238 (ay), 254 (ay), 258, 274, 284 (ay), 291,
173, 174, 188, 205 (ence), 207, 212, 236, 243,
292 (ay), 293 (ay), 295, 298, 328, 345 (oi).
247 (ence), 250 (ence), 251, 254 (anche), 256,
aie 88, 133, 146, 147 (oie), 174, 235, 268, 283, 297 259, 261 (ence), 276, 287 (ence), 294 (ence), 297
(oie), 337. 299, 306, 314, 317, 318, 325 (anche), 326, 330,
aigne 9 (ainge, endre), 95 (aingne, eingne, iengne) 336, 343.
175 (eingne), 207 (aingne), 268 (eingne), 283
ans 42 (amps, emps), 91 (anz, ens, enz), 340 (anz, enz).
(aingne), 285 (aingne).
ant 1 (ent), 2 (ent), 3 (ent), 4 (ent), 11 (ent), 19 (ent),
aille 15, 39, 46, 87, 89, 125, 235, 283, 307. 26 (ent), 34 (anz, ent), 36 (ent), 37 (anz, ent,
ain 108, 152, 292 (aing), 298 (aing). enz), 40 (ent), 43 (ans, anz), 46, 50 (ent), 55 (ent),
aindre 3, 4, 28, 87 (endre, eindre, oindre), 90 (eindre), 56 (ent), 58 (ent), 60, 62, 64 (ent), 67, 71 (ent),
104 (eindre, oindre), 116 (eindre), 124 (oindre), 73 (ent), 75 (ent), 77 (anz, ent), 78 (ent), 80 (ent),
171 (eindre), 194 (endre), 213 (endre, eindre, 82 (ent), 83 (ent), 86 (an.-, ent), 87 (ent), 88 (ent),
(oindre), 237, 251, 262, 320, 334 (endre), 336, 349. 89 (ent), 90, 91 (ent), 92 (anz, ent), 93 (ent),
ainne 6 (aigne, oinne), 14 (oinne), 15 (einne, oinne), 96 (en, ent), 97, 103, 107 (ent), 114 (ent), 117
64 (oinne), 69 (oinne), 106 (einne, oinne), 183 (anz, ent), 122 (ent), 125 (ent), 127, 131 (anz,
(oinne), 195 (oinne), 226 (oinne), 243 (einne, ent), 132 (ent), 139 (ent), 142 (ent, enz), 144
oinne), 259 (oinne), 279 (oinne, oinnent), 289, (anz, ent), 145 (anz), 150 (ent), 152 (ent), 153
297 (oinne), 303 (einne, oinne). (ent), 157 (ent), 161 (ent), 164, 166, 173 (ent),
ant 175 (ent, enz), 176 (ent), 183 (ent), 186 (en, ent), ende 95, 271, 282.
195 (ent), 202 (ent), 203 (ent), 207, 217, 223 endre 5 (aindre) 33, 49, 85, 105 (oindre), 180 (andre,
(ent), 227, 233 (ent), 234 (ent), 235 (anz), 238 aindre), 194 (aindre), 203, 209, 271 (aindre), 282
(anz, ent), 239 (ent), 242 (anz), 244 (ent), 248, (andre, oindre), 301, 304, 305 (aindre), 310, 320.
252 (anz), 263 (ent), 264 (ent), 281 (ent), 298, 326, 331, 342, 346.
310 (anz, ent, enz), 315, 319 (ent), 322, 331 (ent),
334, 346 (anz, ent), 348 (ent), 349 (anz, ent).
ent 8, (ant), 43 (ens) 52, 76, 105, 126 (ant), 133,
9
136 (ant), 137 (ant), 140 (ant), 146, 147, 151,
ante 241 (ente), 68 (ente), 103 (ente). 159 (ant), 163, 172, 178 (ant), 179, 189 (ant),
anz 22 (ans, ens, enz), 25 (ent), 45, 57, 84 (ant), 167 192, 194 (ant), 200, 201 (ant), 204 (ant), 205
(emps), 183 (ans), 195, 200, 204, 259 (enz), 272, (en), 208, 213, 216 (ant), 219 (ant), 225 (anz),
319, 340. 226, 241, 251, 254, 257, 270 (ant), 279 (ant),
ar 310 (at). 282 (ant), 286, 291 (en), 298 (ant), 304 (ant),
313, 322, 324, 328, 332 (ant), 333 (ant), 334,
armes 125 (asmes, esmes). 340, 341 (ant), 342 (ant), 345, 350 (ant).
art 47, 174, 254.
ente 25, 278 (ante).
as 137, 172, 211, 234, 341 (ant), 350.
asse 170. enz 272 (ans, anz, ant, ens, ent).
aus 10 (aux), 13 (aul, aux, ax, eus), 166 (aux, ax), er 1, 5, 7, 9, 10, 23, 24, 28, 29, 31, 32, 34 (ers), 38,
169 (ax), 297. 40, 42, 46, 48, 50, 54, 55, 56, 57, 61, 62, 64, 65,
66, 68, 69, 71, 74, 77, 78, 80, 81, 82, 84 (ez), 85,
aut 36 (auz), 76, 124, 170, 261, 279, 312.
86, 88, 92, 96, 97, 106, 109, 111, 112, 114, 116,
é 6 (ez), 15 (ai, ey), 20 (ey), 22 (y), 26 (ey), 38 (ez), 123 (p, ix), 126, 128, 132, 134, 137, 141, 142,
41, 42 (ey), 44 (i), 46 (eu, ez), 53 (er, ez), 54 (ey), 143, 146, 148, 150,
153, 156, 157, 158, 159, 165,
55, 64, 73 (ey, ez), 77 (ei, ey), 80, 82 (ei, ez), 168, 174, 176, 179, 181, 182 (ez, ey), 183,
177,
83 (ey), 88 (ei, ey), 89 (Ave, ey), 92 (ey, ez), 185, 188, 189,196, 198, 200, 202, 204, 208,
194,
93 (ez), 97 (ey, i), 103 (ey), 104 (ei,ez), 110(ei, 211, 212, 214, 218, 221, 222, 223 (é), 225,
215,
ey), 118 (ey), 120 (ei, ey), 122, 124 (eu, ey), 127 226, 231, 232,235, 239, 246, 247, 250, 253
234,
(ei, ey, ié), 130 (ey), 134 (ez), 138, 146 (ez), 157, (é, ez), 255, 256, 263, 267, 269, 275, 277 (ier*),
161 (ei, ey), 166 (ey), 169 (er, ey), 173 (ey), 178 282, 287, 289, 296, 297, 298, 299, 300, 301, 304,
(ey), 180 (ei, ey), 185 (ey), 186 (ey, ez), 187 (ey), 309, 311, 316, 317, 319, 320, 321, 322, 325, 326,
188 (ey), 189 (ey), 200 (ey), 201 (ei), 206, 207 330, 332, 342, 343, 348, 351 (ier*).
(ey), 211, 227 (ei, ey), 228, 242 (ey), 247 (ez),
268 (i), 269 (ez), 270, 272 (er, ey), 273, 278, 280, ere 238.
286 (ez, i), 288, 291 (ai, ey, iez), 292 (er, ey), 293 erre 235.
(ey), 295, 297 (ai, ey), 302, 313 (ei), 316, 318 ers 49, 296, 331 (ès*).
(ey), 322, 323, 328, 330 (i), 335, 340, 347 (er).
erte 278,
ece (esce,ete) 23. ès 1 (ais), 10, 222 (ais).
ée 2, 25, 35, 37, 39, 44, 55, 56, 57, 58, 59,68,83,84,
és 10 (ez), 289 (eulz).
85, 90, 96, 113, 117. 119, 143, 144, 158, 170, 173,
174, 180, 182, 185, 188, 219, 223, 229, 237, 240, et 128.
244, 245, 247, 266, 273, 275, 276, 278, 282, 293, ete 182 (ite), 295, 296.
295, 296, 297, 307, 308, 309, 317, 329, 330, 336,
341, 349.
ez 6, 22 28, 31, 37, 40 (é), 42, 56, 57, 80 (oiz), 135,
(ex), 149, 161 (ers*), 170, 218, 225, 235, 240, 292,
ées 170. 306, 315 (é, ey), 322 (é), 333, 350.
ège 329.
i 1, 10, 18 (iz), 27 (it), 29, 38, 40, 42, 43 (ins, is, ix,
eille, voy. oille. iz), 45, 53 (ir, is), 55, 57 ,62 (is), 64 (é), 79 (iz,
eingne 52 (eigne, oigne, oinne, aigne) 149 (iegne, itz), 81, 92, 95, 97, 101 (iz), 109, 116, 122, 126,
,
oingne) 151 (aigne), 218, 247 (aigne, oigne), 269 127 (is), 142, 143, 151, 157, 167, 168 ir (irs), 183,
(aigne, aingne, eigne, iegne). 191, 193, 196, 199, 207 (iz), 211, 215, 220, 225,
einne voy. ainne. 232, 234, 235, 237, 239, 241, 247 (is), 251, 254,
el 26, 35 (ert, et), 108 (elx, esx, ez), 109, 300. 258, 260, 263, 265, 267, 277, 278, 279, 280, 294,
295, 296, 297, 300, 302 (if*), 304, 311 (ir*, iz*),
èle 2, 70, 77, 130, 170, 188, 254, 297. 314, 315, 319, 324, 326, 332, 333, 335, 340, 342,
en 38 (ens, ent). 344, 345, 348, 350.
le 4,5,7,9,11,12,17,19,20,23,24,25,29,30,31, iS 185 (iz), 196, 200, 212 (i, ins*, iz), 215 (i), 217
32, 41, 56, 58 (ye), 60, 63 (oie), 66, 69, 74, 89, (iz), 218, 221 (iz), 222, 254, 258 (iz), 267, 272
90 (ye), 96, 97 (ye), 99, 104, 106, 111, 114, 116, (i, iz), 276, 278, 279, 288 (i,* if*, iz), 289 (iz,)
117, 118, 121, 124, 129, 133 (oie), 136, 141, 146, 295 (iz), 296, 298, 307 (iz), 317, 318, 319 (iz),
148, 159, 173, 177, 180, 185, 186, 187, 191, 193, 320, 326 (iz), 332, 340 (iz).
197, 208, 210 (ye), 216, 220 (ye), 224, 228, 230,
ise 3, 21, 24, 37, 54, 55, 83, 100 (yse), 105 (ice), 136,
231, 233, 234, 237, 238 (ide*), 240, 241, 243,
246, 248, 249, 253, 259, 262, 263, 266, 268, 270 162 (ice), 194 (yse), 213, 228, 243, 265, 267, 268,
(ient*), 273, 274, 277, 295, 304, 317, 318, 322, 276, 278, 282, 283, 290 (isse), 323, 329, 336 (ice).
325, 326, 328, 329, 330), 334, 339, 341 (ire*), isent 143.
342, 343, 344, 346, 347. ist 168.
ié 16,62(iez),93,137,143,179,231,261,321,335,340. it 10, 62, 69, 103, 278.
ien 1, 24 (ieng), 80, 127, 143, 297, 345 (ient*). ite 146 (ypte).
iengne voy. eingne, oingne. ivre 283 (yvre).
iens 38 (uens). iz 47, 61 (it), 84, 85, 109, 145 (is), 175 (i, is), 203.
ient 5, 37, 80, 137, 145, 179, 189, 202, 221, 232, 297, o 24.
306, 348. oi 3, 10 (oiz), 42, 126, 127, 137, 179, 211 (é)*, 229,
ier 2, 4, 5 (ié), 8, 10 (iers), 25, 26, 32, 33, 38, 42, 45, 235, 255 (oy), 268 (oiz), 279, 280, 296, 298, 329,
57, 60, 63, 68, 69, 77, 82, 83, 87, 88 (iers), 89 331, 351.
(ié), 90, 92, 105 (er*), 121, 124, 131, 136 (iers), oie 4, 5, 9 (aie), 14, 15 (aie), 48, 49, 51, 55 (aie), 81,
144, 169, 171, 174, 176, 177, 180, 183, 194, 195, 82, 83, 84, 87, 102, 110, 112, 113, 114, 118, 125,
200, 201, 202, 208, 215, 231, 247, 251, 253, 255, 133, 144, 168, 183 (aie), 186 (aie), 187, 191, 205
259, 264, 265, 266, 271, 273, 280, 282 (iers), 295, (aie, oigne), 207, 208, 211, 214 (aie), 218, 228,
301,304,315,319 (ié*), 325, 326, 332, 339 (gnier*), 251, 253, 258, 260, 265, 270, 273, 280, 291, 295
341, 343, 345, 350. (aie), 303, 306, 318, 322, 336, 337, 339, 341, 351.
iere 3, 24, 54, 69, 70, 83, 94, 95, 101, 132, 240, 243, oille 33, 39 (aille), 63 (eille), 162, 280 (ailie).
246, 247, 251, 252, 253 (ierres), 263, 312, 336. oing 235.
iers 1, 42, 202, 239 (ier). oingne 269.
iert238. oinne voy. ainne.
iez 22, 36, 45, 57, 83, 98 (ié), 172 (ier3), 200, 240, oint 302.
248, 254, 277, 317, 350 (ié). oir 1, 4, 7, 8, 10, 21, 23, 37, 41, 56, 58 (oir, oit, ir*),
in 68. 60, 64, 70, 80, 83, 85, 86, 97, 105, 108, 113, 114,
ine12,289. 115, 117, 121, 136, 140, 143, 150, 151, 153, 157,
ir 2, 4, 8, 10, 13, 17, 25, 31, 36 (it), 40, 41, 44, 56, 162, 173, 174, 183, 190, 194, 200, 201, 212, 215,
59, 60, 63, 64, 65 (irs), 70, 76, 77, 78, 80, 81, 85, 225, 233, 234, 235, 238, 239, 246, 247 (oi, oiz),
87, 91, 93, 94, 99 (iz*), 102, 104, 113, 119, 121, 263, 265, 269, 271, 273, 276, 278, 282, 286, 290,
122, 126, 127, 134, 135, 137, 138, 140, 150, 151, 291, 304, 305, 309, 315, 316, 317, 319, 324, 325,
154, 157, 160, 165 (yr), 171, 179 (is*), 180 (i*), 329, 335, 336, 345, 349, 350.
181, 183, 184, 195, 197, 198, 200, 201, 202, 204, Ois 36 (oif), 108, 109, 166 (oirs, oiz).
210, 230, 234, 247, 249, 253 (is), 256, 259, 262, oit 10, 24, 41, 42, 88, 90, 106, 114, 118, 130, 139,
266, 271, 273, 277, 281, 284 (yr), 286 (irs), 289, 177. 196.
292 (i), 296 (i*, is*), 298, 300, 302, 308, 315, 316, oiz 80 (ez).
319, 320, 321, 322, 329, 340 (ier*), 345, 348.
01 315 (on).
ire 12 (irre), 39, 46, 95 (yre), 104, 106, 115, 117, ole 331.
149, 153, 243, 271 (irre), 273 (irre), 278, 280,
320 (irre), 334 (yre). on 1, 4 (ons), 8, 10, 15, 22, 29, 30, 31 (ons), 49 (ons),
51, 55 (onc), 57, 71 (ons), 72 (om), 76, 77, 86,
irre voy. ire. 89 (ons), 108, 109 (om,) 111 (ons), 114, 115,
irs 34. 129 (ons), 134, 142 (om), 148, 151, 152, 155 (ons),
is 3, 4, 7, 10, 12, 16 (iz), 25 (iz), 33, 37 (iz), 40, 46, 162, 167, 169 (ons), 182 (onc), 199, 202, 204,
47, 48 (iz), 55, 58, 68 (iz), 69 (ist), 80, 82, 85, 86, 214, 218, 221, 222 (ons), 228, 236, 238, 239 (ons),
97 (i, iz), 109, 118, 129 (iz, 140, 142, 143, 147, 241, 247, 270, 292, 296, 299 (oms), 300, 311
150 (i), 151, 152, 161 (ix), 164 (iz), 170, 176, (ons), 316, 319, 321, 326, 329 (om). 335.
one 283. OUS 36 (eus) 42 (eux), 57, 91 (eux, oux, ox), 114 (eus),
ons 91, 204 (on), 209, 240 (on), 296 (one). 117, 241, 311 (oux, ox).
ont 2, 31, 55, 73 (one, unt), 105, 143, 172, 208, 224, ouse 224 (euse).
239, 252, 278, 282 (unt), 317 (unt). out 139.
or 8 (our, ours), 9 (our), 17 (ors, ours), 23, 24 (our, ouz 103.
ours), 26 (our), 37 (our), 41 (our, ours), 42 (ors, OX 79 (ocs, opx), 310 (on, ons, oux).
our), 47 (ors, our), 55, 57 (aour), 60 (our), 65 261 (ouz), 349 (ouz).
(ors, our), 69 (our, ours), 72 (our), 77 (ors, our), 78
oz
(our), 85 (our), 113 (our), 122 (our), 123 (our), U 1,38,46,117, 134 (uz), 162 (eu), 172, 174,211,
137, 140 (our), 143 (our), 157 (our, eur), 159 215 (ui), 285 (uz), 338, 345 (ui), 346 (uz).
(our), 161 (our), 181 (our), 202 (ors, our), 217 ue 68, 117, 206, 252, 267, 277.
(ors, our), 223 (ors, our), 224 (our), 234 (ors, u(e)il 62 (uel), 73 (uil, oil), 145 (uil), 201 (uil), 235
our), 235 (our), 245 (our), 259 (our), 260 (our), (uil), 244 (uil, oil), 254 (uil), 259, 281, 348 (uel,
262 (ors, our), 267 (our), 273 (our), 279 (our),
oil, uil).
286 (ors, our), 298 (our), 308 (our), 326 (our),
329 (our), 332 (our), 340 (ors, our), 344 (our), ueille 39 (uille, oille), 67 (uille), 124 (uille), 183 (uille),
347 (our). 195 (uille).
orde 57. uer 349.
ore 12, 49 (orre), 64, 115, 170, 283. ues 108 (oes).
ors 1 (ours), 15 (or%, ous, ours), 38 (ours), 81 (our), uet 26, 234.
82, 116 (ours), 122 (os),137, 170, 176 (ours), ui 1, 10, 30, 71 (u), 92, 115, 144, 208 (u), '228 (eus,
202, 210 (ours, ox*), 224 (ang, eus, ous), 239, uis), 279, 315.
241, 259 (ort, orz), 261 (orz), 278 (our), 283, uie 282.
294 (ours), 297 (ours), 304, 314 (ours), 318 (or),
349.
uit 17, 34.
ort 64, 125, 126, 136, 176, 179, 222, 239, 254, 263, une 261.
292, 302. ure 28, 64, 114, 115, 117, 190, 192, 200, 218, 221,
OS 4 (ox), 55 (oi), 220 (ous, oux). 246, 250, 263, 270, 278, 283, 303, 313, 329 (uire).
ose 170, 278. US 75 (uns, uz), 91, 175 (uns), 196 (uns), 202 (uns),
ot 109. 255 (eus, eux, uz), 262 (uns, uz), 332.
OU 24. usse188.
our 25, 57, 205 (or), 261, 276 (or). USt 235.
ours (ors) 319. UZ 83, 156 (uns, us), 170 (uls), 261, 327 (u, i).
TABLE DES NOMS PROPRES
(GRAPHIES DU MANUSCRIT)

ALAINNE 15,3. CASTELE 79,17. GACES 177,51, Gascoz 39,49;60,58;


ALEMAGNE 175,35.
ALIXANDRES 154,40.
CESAIRE 154,30.
CHAËN 152,32. ;
115,43; 180,16; 186,28; 222,36;
243,50 267,75 ; 320,55.
AMAURI 223,51.
ANGEVIN 152,25.
ANJOU (cuens d') 226,33 ! 294,47.
CHALON
CHAMPAIGNE 175,44 ;
(conte de) 109,26.

CHAPELAINNE 289,1 (la fausse).


GALLANDOIS 94,49.
240,1 (sire de). GARNIER101,37.
GASCON(S) 79,17; 152,8.

ARABI 175,33;
ANTECRIZ 91,39.
263,49.
CHARLON 300,10.
CHARLEMAGNES 10,19, GILET 59,44; ;
GAUTEROT DE GREINGNON 109,15.
98,40
58,57; 318,63.
334.43 J
Gilon

;
ARTOIS (dame d') 20,41.
ARTU(S)75,8 337.22.
AUBERON 238,50.
CHARTRAIN 152,40.
CHASTELAIN 7,55.
CHASTELVILAIN 108,1.
GIRARS 109,42.
GONTIERS 10,62 ; 279,49.
AUBRÉE 35,30. CHEVALIERS sanz Faille 15,19. GRAAUS (li) 13,40.
AUDE 75,13. CHIÈVRE (la) 283,41. GRAVIER 128,17.
Ausois 109,54. CHOISEUS, CHOISUEL 108,11 ; 107,17. GREVE 155,25.
AYGLES 332,41. CLEMENDOZ 99,49. GUENELON 129,16; 155,17.
CLERMONT 107,18. GUI 275,44.

BAR (seignor de) 217,46 ;


290,45.
BARROIS 249,36, (dou) 96,51.
COLIN MUSET 108,33. Guiz (messires) 58,15.
GUION 249,41.
Guioz 184,15.
DAIRE 154,40.
BAUDOYN 38 et 350. GUIENOT 109,13.
BAVIERE 94,48.

;
BAVIERS 185,40.
BEATRIX22,31 161,12.
DAVID 21,23;
DANIEL 300,11.
175.34-
DENISOT 109,16.
GUILLAUME 318,11.
GUILLOT 267,61.

BEAU DESIR * 94,45. DIGENOIS 109,45.


DUYMOIS 109,41.
HELAINNE 106,28 ; 298,10.
BIAUVOISIS 68,14.
HUEL 35,33.
BEL VEOIR * 286,60.
EGYPTE 146,52. HUET 99,61.
BELIGNEY 109,60.
HUGON 109,71.
BERNART 46,1 ; de la Ferté 46,37. ENEAS 196,50.
HUGUES COMPAINS 124,41.
BERTRÉE 99,62. EQUO 250,8.
BLAZON 81,47.
BLONDEL 17,37.
BLOIS (cuens de) 5,43 ; 96,49 ; 148,41 ;
ERODES 209,11.
ESPAIGNE 94,48
79,17.
; ; 100,18
HUON 7,56.
espanois HUYNS 35,25.

EVE 202,19. IROIS 109,44.


149,41; 343,41.
BOCHART 244,51.
BORGOIGNE 52,24. FERTÉ, Bernard de la 46,37. JASON 236,4.
BRABANT 293,48. FLANDRES 70,53. JEHAN 79,1 ; 318,72.
BRETAIGNE 178,41 ; 268,48 (cuens de) FRAIGNOY 109,39.
46,10.
;
BRETONS 78,7 91,33.
; ;
; ; ;
FRANCE 45,24 56,12 66,15 ; 115.44
212,47 236,24 297,36 306,35
î;
JHESU CRIZ 84,30; 261,13.
JOFFROI 321,57 (cuens JOFROIZ) 8,36.
JOHANNE 15,3.
BRIE (sire de) 240,1. 326,32 ; 343,42. JUDAS 41,46.
LEREY 109,35. PELEREY 109,32. SAINT BARNABÉ 315,14.
LIEGE (prevoz du) 329,41. PERCHERAIN 152,32. SAINT DENISE 213,44.
LOEYS 152,41. PERRON 58,61 ; (de) 316,1. SAINT ELOIR 108,40.
LOICHARS DE PREINGEI 109,31. PELIPPE 4,23 ; 19,35 ; 36,49 ; 56,45 ; SAINT MARCEL
35,18.
LOON 109, 30 (Renaut de) 40,34. 70,54; 212,47; 238,49; 240,10; SAINT POU 315,31.
LORANT 4,46; 36,49. 249,39. SALEMON(S) 51,33; 175,34.
PIERRE LE RICHE 155,23.
LORENZ 63,51.

MAHOM 236,25.
PYRAMUS 196,51 ; 222,37 ; 332,12.
PIRAMUS 75,15.
SARRAZIN

; ;
68,12.
SOILLI 107,18
SURIE 4,10
108,21.
224,9.
MARGUERON 130,8. POINÇON (abbé) 109,2. SULIE 220,6.
MARIE (Mere) 317,26; (Vierge) 89,1. POITEVIN 152,8. SUZON 109,19.
POMPÉE (Julius) 175,16.
MELLIN 91,37
MIGNOT 225,42.
;
MARQUIS(LI) 185,39.
(mere) 319,22. PONCEY 109,39.
PONTIZ (dame de) 227,46.
THIEBAUZ 36,18; 37,1; 90,8;
315,1.
TRICHASTEL (Jehan de) 109,21.
GUIZ DE PONTEAUS 81,43 ; DE PON-
- TORAIN 152,25.
NANTUEIL 244,53; NANTUEL 212,46. TIAUS 222,29.
TORNELE (Jehan de la) 79,15.
NARCIS(S)US 3,36; 75,14; 146,49; GUIOT DE PONTIAX 60,55.
TORPINOIS 286,56.
250,10. GUI DE PONTIAUX 39,49.
TREMONTAINNE 226,19.

NOBLET 6,42;
NAVAROIS 108,7.
59,41.
PREINGEI, LOICHARS de 109,31.
TRISTAN(Z) 55,33; 75,15; 196,51.
TROYE 185,27.
NOBLOT 264,40.
NOIRON 109,72
NORMANZ 152,8.
; -s 209,11. RAOUL 201,39; ;
RANFROI 109,16.
263,49 319,12.
RENAUT 36,49 ; 61,36 ; 98,36 ; 213,43
TURS, (C) 175,33; 224,44; 263,49.
TYSBÉ 332,12.
;

; 349,36;— DE LOON 40,34.


ODIN 63,57 97.49; 243,49; 268,49; RIGNEZ 108,34.
273,51 ; -ION 115,44. ROBEÇON 142,24.
VALERI (compains de) 116,45.
VESINOIS 109,59.
OISY (maistre d') 45,39. VIGNORIZ 108,34.
ROBERT 35,25 ; 316,1.
OLIVIERS 1,30. VILEMURVI 109,32.
ROBIN 27,19 ; 35,19.
OUTREMER 84,5.
; RODRIGUE LOU NOIR 238,53.
PARIS 19,33 ; 108,28 ; 196,50 286,29 ; ROINS 109,30.
298,10. ROLANZ 1,30 ; (-T) 75,13.
YVAINS 51,27.
YNGLOIS 152,8.
TABLE DES MATIÈRES

La méthode projetée pour l'édition du

»
1 CORPUS CANTILENARUM
MEDIIAEVI

» page [7]

II
III
IV LES PRINCIPES

V
Moyen Age.
LE SCRIBE du Chansonnier CANGÉ, et son

LA SÉMANTIQUE MUSICALE du Ms.

DE LA VERSIFICATION
CANGÉ
travail

L'ESTHÉTIQUE DE LA FORME dans la Chanson du Moyen Age.


a
Latine et Romane au

»
[13]

[23]

[35]

[65]
Enooi

J
A Paria va, chanson jolie..

ai passé mon année de congé, dit Usabbatical à préparer le n


l
manuscrit et à diriger impression de cet ouvrage. Obligé de pré.
cipiter le bon à tirer, à la veille de me rembarquer pour mon
j
poste, ai dû laisser bien des imperfections incorrigées. Les amis des
j
Trouvèresvoudront bien, espère, m'aider à ajouter au prochain
volume une liste de corrigenda qui y remidiera.

Dans tout ce
travail je nai pas ell
ravantage de pouvoir recourir
aux bona services de confrères pour la correctiondesépreuves. Mais
il m'est doux de rendre hommage au dévouement de ma femme,
MadameLouise-Jean Beck qui, pour me seconder, a sacrifié le mi-
rage d une année de vacances. Les médiévistes lui sauront gré des
Tables, en grande partie son œuvre, qui leur faciliteront les recherches,
comm,s elles ont facilitélesmiennes.

à
Terminé Guebwiller en Au"ais
le 3 septembre îpay.
Jean BECK
15. RUEDESJUIFS
STRASBOURG

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